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LES éTUDES DE CAS

PRODUCTION DE BOIS D’œUVRE

La forêt du Lokoundjé-Nyong, Cameroun

Basé sur le travail de Germain Yene Yene
Consultant –MMG, Cameroun

L’expérience acquise dans le processus d’élaboration du plan d’aménagement de cette concession, première de cette ampleur (125 568 ha) a permis au Cameroun d’affiner différents outils élaborés dans la perspective de la gestion durable des ressources forestières.

DESCRIPTION DE LA FORêT DE LOKOUNDJé-NYONG

La forêt du Lokoundjé-Nyong (LN),d’une superficie de 125 568 ha, s’étend sur les trois provinces du Sud, du Littoral et du centre au Cameroun. Cette forêt classée est enregistrée comme concession forestière. Il s’agit d’une forêt dense humide qui se trouve dans le district atlantique biafréen et dans une moindre mesure dans le district atlantique littoral. Elle est fortement perturbée du fait d’une importante présence humaine. Depuis l’intérieur des terres vers le littoral, la transition floristique suit l’ordre suivant: forêts biafréenes typiques à Césalpiniacées, forêts à Césalpiniacées encore abondantes, forêts à Césalpiniacées relativement rares et enfin la forêt littorale typique à Lophira alata et Sacoglottis gabonensis.

Parmi les espèces animales les plus rencontrées, les familles des Bovidae, des Cercopithecidae et des Viverridae, sont dominantes.

LE CONTEXTE CAMEROUNAIS ET LES DIFFéRENTES PARTIES PRENANTES

Dans le but de créer un cadre politique et institutionnel favorable à la gestion durable des ressources forestières, le Cameroun a engagé d’importantes réformes dans le secteur forestier depuis le début des années 90, avec la création du Ministère de l’environnement et des forêts (MINEF) en 1992, la publication du document de politique forestière en 1993 (révisé en 1995) et la promulgation d’une législation forestière en janvier 1994 (loi n° 94/01) portant régime des forêts, de la faune et de la pêche. Le Décret n° 95/531/PM du 20 août 1995 fixe les modalités d’application du régime des forêts.

La loi de 1994 préconise le maintien d’un domaine forestier permanent sur 30 pour cent du territoire national subdivisé en forêts communales et en forêts domaniales, comprenant des aires de protection et des concessions d’exploitation forestière. Ces zones sont définitivement affectées à la conservation des ressources ou à la production durable de la matière ligneuse. Cette préoccupation a abouti à la réalisation du plan de zonage du Cameroun méridional effectif depuis 1997. L’exploitation des ressources du domaine forestier permanent doit se faire sur la base d’un plan d’aménagement réalisé suivant un guide établi par le MINEF. Ce plan d’aménagement doit être approuvé par l’administration en charge des forêts.

Le MINEF est chargé de concevoir et de mettre en œuvre la politique forestière de l’Etat, ayant sous sa tutelle l’Office national de développement des forêts (ONADEF), chargé de l’exécution des tâches techniques. Depuis quelques années, des structures privées se mettent en place et réalisent des travaux d’aménagement commandités par les concessionnaires ou d’autres opérateurs économiques privés du secteur forestier.

Le massif forestier du LN est placé sous la responsabilité d’une unité technique opérationnelle (UTO), créée en 1999. Il s’agit d’une structure technique décentralisée du MINEF. Elle peut s’étendre sur plusieurs unités administratives mais elle est dirigée par un seul conservateur. L’UTO du LN relève administrativement de la délégation provinciale du sud et techniquement de la Direction des forêts. Le conservateur est appuyé sur le terrain par les chefs des postes forestiers. Le concessionnaire est chargé de l’application des mesures d’aménagement. Il participe aux œuvres sociales par le paiement de la redevance forestière annuelle et par la réalisation des activités convenues avec les populations.

Les populations locales des 31 villages riverains de la forêt du LN mettent en application les mesures d’aménagement de la zone tampon. La mise en place d’un partenariat avec les populations locales se fait à travers les comités paysans forêts (CPF) créés dans tous les villages de la zone de l’UTO lors de l’élaboration du plan d’aménagement afin de former une interface «UTO/populations/concessionnaire/et autres partenaires».

A ce jour, il n’existe aucun partenariat opérationnel dans le cadre de la mise en œuvre du plan d’aménagement du massif forestier LN. Cependant, l’application de certaines mesures d’aménagement dans la zone tampon, est appuyée grâce à des financements de la coopération canadienne à travers les projets GDFC et APEC (Appui à la protection de l’environnement au Cameroun), avec la participation technique de l’UTO. Périodiquement, des ONG (comme WWF) effectuent des visites en forêt.

L’AMéNAGEMENT DE LA FORêT DE LOKOUNDJé-NYONG

En 1992, vers la fin du projet canadien- camerounais «Appui institutionnel forestier phase 2», les parties canadienne et camerounaise ont réalisé une étude afin d’identifier un massif forestier pour un projet pilote d’aménagement forestier. Le choix s’est porté sur la forêt d’Edéa, ultérieurement appelée Lokoundjé-Nyong. Grâce à l’appui financier et technique du Canada, le projet LN fut mis en place et fut remplacé par l’UTO LN en 1999. Suite à une grande campagne d’information et de sensibilisation dans tous les villages de la zone, la forêt du LN a été classée comme forêt de production de bois d’œuvre en 1997. Le plan d’aménagement de la forêt du LN a été finalisé en 1998. Il a principalement été guidé par les normes d’inventaire biophysique d’aménagement conçues pour l’aménagement de la forêt pilote du LN à partir des cahiers des normes de l’ONADEF qui recommandent la division de la forêt en unités de compilation (UC) de 25 000 à 50 000 ha selon la superficie totale de la forêt, chacune considérée individuellement quant au plan de sondage et aux résultats d’inventaire.

L’attribution de la concession forestière de LN à la société MMG Sarl s’est fait au terme d’une procédure d’appel d’offre en 2000. Une convention provisoire d’exploitation d’une durée de trois ans assortie d’un cahier de charge, a alors été établie. La société MMG Sarl a son siège à Kribi, où elle est propriétaire d’une unité de transformation. C’est une entreprise à 100 pour cent camerounaise qui emploie plus de 250 personnes.

Un inventaire biophysique d’aménagement a été réalisé incluant l’inventaire des ressources ligneuses à un taux de sondage de 0,5 pour cent ainsi que des recherches pédologiques et un recensement des espèces fauniques. La méthode de compilation des données par UC et par strate a permis d’obtenir une table de peuplement et une table de stock globale montrant les volumes par essence retenue et par classe de diamètre.

La stratification s’est faite en fonction de la végétation, de la morphopédologie et de la densité de la population et quatre grands types d’occupation des terres ont été définis dans la concession: forêt primaire, forêt secondaire, forêt sur sols hydromorphes, cultures et jachères. Les secteurs ne se prêtant pas à la production ont été identifiés sur la base de critères écologiques, cartographiques, d’observations de terrain, des résultats d’étude et/ou des indications fournies par les populations locales. Ces secteurs (affectations) ont ensuite été cartographiés au 1/50 000e.

L’aménagement des produits forestiers ligneux dans la forêt du LN est basé sur une combinaison des principes d’aménagement par volume et par contenance. En effet, le découpage de la forêt en huit blocs d’aménagement quinquennaux et 40 assiettes de coupe s’est fait sur la base du volume à prélever par période. L’évaluation du niveau potentiel de prélèvement et les accroissements par essence, ont été estimés. Une période de rotation de 40 ans a été retenue. Des traitements sylvicoles sont proposés dans le plan d’aménagement (dégagements des tiges d’avenir, coupes d’assainissement, enrichissements, etc.). Afin de mieux connaître la dynamique forestière ou la réaction des peuplements aux différentes interventions, le plan d’aménagement préconise l’installation de parcelles permanentes de suivi pour chacun des traitements effectués. Néanmoins, les activités d’exploitation forestière se déroulent encore dans le cadre de la convention provisoire d’exploitation, et les traitements sylvicoles et les placettes permanentes ne sont pas encore mis en place. L’exploitation à faible impact se fait par la mise en œuvre des normes d’intervention en milieu forestier mis au point avec la coopération canadienne pour améliorer les pratiques de gestion forestière au Cameroun: abattage directionnel, délianage, planification du réseau routier, des pistes de débardage et des parcs à bois, etc.

Une étude socioéconomique a été également menée qui fait ressortir les modes d’utilisation de l’espace et des ressources. Les villageois sont étroitement associés à l’élaboration et l’exécution du plan d’aménagement par l’entremise des Comités paysans forêt (CPF) mis en place dans chaque village. Ce sont des intermédiaires entre l’administration forestière, le concessionnaire et les villageois. Les CPF, composés de huit membres élus par le village, s’occupent principalement de l’information, de l’animation, de la formation et de la participation du village à l’aménagement. Néanmoins, depuis la fin du projet, les CPF ne sont plus opérationnels avec la fin des appuis matériels et financiers.

Les mesures prises en matière de conservation et de protection concernent les zones sensibles ou présentant un risque de dégradation des sols. Dans ces zones, la pêche et la chasse sont permises tandis que la cueillette y est restreinte aux fruits seulement. L’exploitation forestière, la récolte du bois de service et l’agriculture y sont interdites. Il existe aussi des normes d’intervention en milieu forestier (interdiction de manipuler les carburants et lubrifiants ou d’implanter un parc à bois à moins de 60 m d’un cours d’eau, etc.).

La prise en compte de la faune dans l’aménagement se fera par la mise en place d’une affectation de protection de la faune (4,6 pour cent de la surface de la concession) dans laquelle des aménagements des habitats fauniques seront faits. Des mesures seront prises pour la chasse. Il n’existe toutefois pas de documents normatifs adaptés à l’inventaire et à l’aménagement de la faune dans une forêt de production de bois d’œuvre.

Les droits d’usage ou droits coutumiers sont reconnus aux populations riveraines en vue d’une utilisation domestique. Notons que l’exploitation illégale du bois dans la concession a pratiquement disparue. Les mesures d’aménagement et/ou de sylviculture à mettre en place pour les PFNL seront examinées plus en profondeur lors de la confection des plans quinquennaux et annuels en identifiant leurs aires de prélèvement et en les inventoriant. De plus, des mesures d’aménagement de la zone tampon devront allier les utilisations des populations avec des systèmes de production favorisant le maintien de la végétation forestière. Ainsi un plan d’aménagement des terroirs devrait être élaboré pour chacun des villages.

BILAN ET CONCLUSION

Basé dans un contexte institutionnel et légal adéquat, l’aménagement de la forêt du LN offre de bonnes garanties de réussite. Certaines pratiques observées dans le cadre des activités d’exploitation de cette concession forestière devraient être encouragées et promues comme la matérialisation des limites d’assiettes annuelles de coupe, le respect des diamètres minimums d’exploitabilité (DME), le respect des semenciers afin de maintenir la biodiversité et la valeur économique de la forêt, certaines techniques d’exploitation à faible impact et certaines mesures de protection de l’environnement pendant les activités d’exploitation. D’autres pratiques à promouvoir sont la minimisation des abandons de bois sur parc ou en forêt par l’application de techniques performantes de tronçonnage, le marquage des souches et des billes, le dégagement minimum lors de la construction des routes et pistes en forêt et l’interdiction formelle faite aux ouvriers de la société de détenir et/ou de transporter du gibier.

La mise en œuvre de l’aménagement de la forêt de LN est trop récente (deux années) pour permettre d’en tirer des leçons, d’autant plus que les traitements sylvicoles ne sont pas encore mis en œuvre. Les prescriptions d’aménagement réalisées ne connaissent pas un suivi adéquat à cause des difficultés rencontrées par l’UTO. En effet, la mise en œuvre intégrale, le suivi et le contrôle adéquats d’un aménagement de cette ampleur, nécessitent une disponibilité en moyens humains, matériels et financiers conséquents. De même, une clarification des obligations (financières et techniques en particulier) entre le concessionnaire et l’UTO devrait être faite. Le seul concessionnaire ne peut supporter toutes les charges financières inhérentes à la mise en œuvre adéquate d’un tel aménagement. De même, il est important que les populations locales soient appuyées dans l’aménagement de la zone tampon. La mise en place de partenariats viables entre des ONG, l’UTO, les populations et le concessionnaire est impérative pour réussir la mise en œuvre des mesures d’aménagement.

L’aménagement de la forêt du LN a créé beaucoup d’attentes chez les populations qu’il faut concrétiser. Il a aussi favorisé et suscité un engouement pour la mise en place de projets de forêts communautaires dans la zone tampon de la concession forestière. Actuellement, les retombées économiques dans la zone du fait de cette exploitation se limitent au 10 pour cent de la redevance forestière annuelle reversée aux villageois via les communes, le désenclavement des villages et les faibles salaires reçus. A la signature de la convention définitive, d’autres réalisations sociales sont ajoutées au cahier de charge.

BIBLIOGRAPHIE

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POULIN THERIAULT Inc/PGDFC. 1998. Plan d’aménagement du massif forestier du Lokoundjé-Nyong. ACDI-MINEF. République du Cameroun

La concession forestière Haut-Abanga, Gabon

Basé sur le travail de Nicolas Bayol
FRM/Rougier, Gabon

Cet exemple décrit une concession à grande échelle dont l’aménagement est intégré au sein de l’entreprise (cellule d’aménagement) et basé sur une connaissance détaillée de la ressource. Un ensemble de règles de gestion et d’exploitation forestière a été défini et mis en œuvre sur le terrain et un suivi rigoureux des opérations d’exploitation réalisé selon des règles fixées. Des techniques d’exploitation à faible impact environnemental sont développées ainsi que des études et recherches appliquées. Des efforts notables ont été réalisés en vue de la conservation avec 5 pour cent de la superficie de la CFAD sous protection intégrale des écosystèmes exceptionnels. La faune a également été prise en compte par un plan de gestion mis en place en 2002. La préparation du plan d’aménagement a été réalisée en concertation entre le concessionnaire, des ONG locales et internationales et la Direction en charge des forêts.

DESCRIPTION DE LA CONCESSION

La concession forestière sous aménagement durable (CFAD) du Haut-Abanga, attribuée à la société Rougier Gabon, est une forêt dense humide naturelle d’une superficie de 288 626 ha appartenant à l’Etat. Elle est située au Nord du Gabon (provinces du Woleu Ntem et de l’Estuaire). Ce massif appartient au centre régional d’endémisme guinéo-congolais et la diversité spécifique y est exceptionnelle. La CFAD du Haut-Abanga est actuellement couverte par de la forêt sur plus de 99 pour cent de sa superficie. Les formations dominantes sont des forêts denses humides secondaires plus ou moins âgées, généralement issues de défrichements agricoles. D’autres formations végétales ont été identifiées sur la CFAD telles que celles inféodées aux massifs montagneux ou aux fortes pentes. Les forêts situées sur les sommets se caractérisent par l’abondance de lianes, mousses et lichens, par la diversité en bégonias et par une plus grande abondance en espèces typiques des forêts primaires. La forêt du Haut-Abanga peut se caractériser comme une forêt à Burséracées (18 pour cent de la surface terrière), Myristicacées (15 pour cent), Césalpiniacées (15 pour cent) et Euphorbiacées (9 pour cent).

La concession semble relativement riche en grande faune, tant en diversité qu’en quantité. En particulier, les éléphants, les panthères, les céphalophes et les mandrills sont aisément observables sur la CFAD. On y rencontre également des gorilles, des chimpanzés, divers petits primates et des buffles.

LE CONTEXTE GABONAIS ET LES DIFFéRENTES PARTIES PRENANTES

Le nouveau code forestier du Gabon a été promulgué le 31 décembre 2001. Il définit un cadre réglementaire résolument orienté vers la gestion durable du patrimoine forestier, à travers la mise sous aménagement des permis forestiers. Les décrets d’application restent à rédiger pour en permettre complètement l’application. Le domaine forestier est scindé en un domaine forestier permanent de l’Etat et un domaine forestier rural, dont la jouissance est réservée aux communautés villageoises. Ce domaine forestier rural reste encore à constituer et les modalités de sa gestion devront être fixées par voie réglementaire. A travers le nouveau Code forestier, le Gabon entend également promouvoir le développement d’une industrie de transformation du bois d’œuvre. Les plans d’aménagement doivent être accompagnés d’un plan d’industrialisation qui planifie l’installation de nouvelles industries, en adéquation avec la ressource disponible. Le code forestier définit plusieurs types de permis: les concessions forestières sous aménagement durable (CFAD, d’une superficie de 50 000 à 200 000 ha), les permis forestiers associés (PFA), sur moins de 50 000 ha et les permis de gré à gré, portant sur 50 pieds. Sur le plan social, la loi prévoit que les plans d’aménagement des CFAD doivent prendre en considération les populations résidentes dans la zone d’influence de la CFAD. De plus, les titulaires des CFAD doivent verser une contribution financière pour soutenir des actions de développement d’intérêt collectif initiées par les communautés villageoises. Ce nouveau code forestier place donc les exploitants forestiers industriels au cœur de la gestion forestière de leurs concessions. Pour préparer la rédaction de leurs plans d’aménagement et acquérir les compétences nécessaires à l’exécution de ces nouvelles tâches, les exploitants forestiers bénéficient généralement de l’appui technique de bureaux d’études spécialisés dans la gestion forestière et de l’appui financier de l’Agence française de développement (AFD), sous forme de prêts.

L’administration forestière est chargée de valider l’ensemble des documents de gestion et d’aménagement, puis d’en contrôler la bonne application. Les services du Ministère de l’économie forestière plus directement impliqués sont la Direction des inventaires, des aménagements et du reboisement forestier (DIARF) et la Direction de la faune et de la chasse (DFC), ce service étant chargé de la gestion de la faune et celle des aires protégées.

La gestion de la CFAD du Haut-Abanga est confiée à une société privée, Rougier Gabon, à des fins de production de bois d’œuvre, de conservation de la biodiversité, de gestion de la faune et de protection des écosystèmes fragiles. Le bureau conseil FRM (Forêt Ressources Management, France) fournit un appui technique permanent. En plus de l’administration forestière, une collaboration étroite existe entre la Société Rougier Gabon et la Direction des forêts et les ONG impliquées dans la conservation (WWF et WCS/Wildlife Conservation Society). La CFAD est relativement enclavée. De plus, elle n’abrite aucune population autochtone depuis les années 50, les villages les plus proches étant actuellement situés à près de cinq kilomètres de la limite et sans accès direct vers la CFAD. Les sociologues, qui ont enquêté dans tous ces villages, n’ont enregistré aucune revendication relative à des droits coutumiers à l’intérieur du périmètre de la concession. La pression humaine sur les écosystèmes forestiers est ainsi généralement extrêmement limitée.

Une intégration parfaite des activités de gestion forestière au sein de l’entreprise est primordiale pour que les mesures préconisées dans le plan d’aménagement soient mises en œuvre de manière efficace. Pour cela, l’organisation interne de l’entreprise a été adaptée et une cellule d’aménagement centrale, installée à Libreville depuis 1999, est chargée de coordonner et superviser l’ensemble des activités d’aménagement et de gestion forestière. Sur le terrain, la mise en œuvre des documents d’aménagement et de gestion est assurée sur chaque CFAD par un technicien forestier gabonais, au sein d’une antenne locale d’aménagement sous la responsabilité du chef d’exploitation.

L’AMéNAGEMENT FORESTIER DE LA CFAD

La CFAD du Haut-Abanga a déjà été parcourue par une première exploitation sur 90 pour cent de sa superficie par différents entrepreneurs forestiers, entre les années 60 et aujourd’hui. Le processus d’aménagement a commencé avec une étude de faisabilité du projet d’aménagement de la CFAD en 1996, débouchant sur la signature d’une convention provisoire d’aménagement/exploitation /transformation. En 1998 et 1999, le projet a été initié, avec la préparation de normes techniques au moyen de travaux pilotes exécutés sur le terrain, et l’installation d’une cellule d’aménagement au sein de l’entreprise. Ce travail d’analyse a permis de mener à la fin de l’année 2000 une réflexion sur les orientations de l’aménagement de la CFAD et a abouti à la rédaction d’un plan d’aménagement agréé en janvier 2002. Des discussions ont été maintenues avec les WWF et WCS tout au long du processus de préparation du plan d’aménagement.

L’engagement de Rougier Gabon dans le processus d’aménagement de ses concessions forestières répond à des motivations multiples. Outre la mise en conformité avec la législation nationale et son intégration stable dans l’économie locale et nationale, la sécurisation de son patrimoine forestier, la rationalisation des activités d’exploitation forestière et l’augmentation de la productivité constituent d’autres motivations. Citons également la possibilité de financements industriels conditionnés par son engagement dans l’aménagement durable et sa possible certification. L’audit de certification a d’ailleurs eu lieu en 2002.

L’aménagement est basé sur une connaissance détaillée des ressources forestières (inventaires très poussés d’aménagement et d’exploitation) et sur une gestion intégrée au sein de l’entreprise grâce à une cellule d’aménagement centrale et une antenne locale. Un ensemble de règles de gestion et d’exploitation forestière ont été définies et mises en œuvre sur le terrain et un suivi rigoureux des opérations d’exploitation est également réalisé selon des règles fixées.

L’inventaire d’aménagement sur l’ensemble de la CFAD a visé à connaître précisément la ressource actuelle et future et donc de compter toutes les essences (300 essences) et toutes les tiges d’avenir à partir de 10 cm de diamètre, et à mieux comprendre la dynamique des écosystèmes en installant des placettes de suivi de la forêt après exploitation et en lançant des essais de régénération de l’Okoumé. Ces études sont réalisées en interne, avec l’appui de FRM, et en étroite collaboration avec les organismes de recherche internationaux et locaux. La faune a également été prise en compte dans les relevés. Grâce au travail de cartographie forestière, les données d’inventaire ont pu alors être traitées de façon stratifiée et chaque formation végétale caractérisée. Grâce au système d’informations géographiques (SIG), la répartition des différents éléments relevés a pu être étudiée.

Des cartes du potentiel en bois d’œuvre ont été dressées, mais également de la diversité végétale, de l’abondance des différentes espèces animales et végétales, de la pression sur la faune sauvage. La ressource disponible en bois d’œuvre est désormais connue avec une grande précision, et des simulations sur l’évolution des peuplements sont possibles, permettant une véritable réflexion sur les activités d’exploitation forestière et de transformation. Le document d’aménagement planifie ainsi les activités sur la CFAD pour les 25 années à venir.

A chaque série d’aménagement correspond un objectif: une série de production de bois d’œuvre, une série de production sensible, une série de conservation de la biodiversité, et deux séries de protection. Le choix de l’emplacement de la série de conservation s’est basé sur la découverte d’une zone à très forte diversité spécifique ligneuse vierge de toute exploitation. Une série de protection concerne les sommets, crêtes et hauts de versant des principaux massifs montagneux et des milieux fragiles et une autre les berges de l’Abanga particulièrement riches en grande faune. Sur les séries de conservation et de protection (environ 10 000 ha), toute exploitation et toute pénétration d’engin est interdite. Des études complémentaires pourront être conduites sur ces séries, en collaboration avec des ONG ou des chercheurs. Pour tenir compte des activités en forêt des résidents des campements, deux sous-unités ont été définies dans la série de production: le groupe agroforestier, où les défrichements agricoles et la chasse seront autorisés dans certaines conditions. Des documents de gestion spécifiques concerneront ces deux sous-unités.

Pour aménager la série de production, l’évolution des forêts actuelles a été modélisée sur la base des données d’inventaire et de dynamique forestière. Les paramètres d’aménagement, durée de rotation, diamètres minima d’exploitabilité et la liste des essences objectifs ont été fixés de manière à garantir une reconstitution satisfaisante des peuplements forestiers.

L’étape clé de la mise en œuvre du plan d’aménagement est l’inventaire d’exploitation qui autorise à la fois une planification à court terme de l’exploitation et une rationalisation des opérations d’exploitation. Il s’agit d’un inventaire «en plein» des peuplements forestiers sur les zones amenées à être exploitées. Il intervient un an avant le passage de l’exploitation. Il est couplé à une cartographie très fine des arbres inventoriés, des éléments topographiques et des contraintes d’exploitation. Une étude menée en 2000 a démontré le grand intérêt d’une bonne planification des pistes en matière de réduction des dégâts et a précisé les règles à respecter pour une bonne optimisation des réseaux.

A l’issue de l’inventaire d’exploitation, des synthèses du potentiel disponible sur les assiettes annuelles de coupe (AAC) sont éditées ainsi que des cartes d’exploitation. L’exploitation peut alors être organisée et suivie au jour le jour. Les coupes sont ensuite planifiées sur deux unités forestières d’aménagement (UFA), elles-mêmes divisées en unités forestières de gestion (UFG) assurant des possibilités de production annuelle en volume égal. La planification de l’exploitation se fait à trois niveaux (tableau suivant).

Documents

Durées

Unités

Plan d’aménagement

Durée de la rotation (25 ans)

CFAD

Plan de gestion

4 à 7 ans

UFG

Plan annuel d’opérations

1 an (ouverture possible sur 3 ans)

AAC

Le plan d’aménagement a défini des règles d’exploitation forestière, l’abattage, le débardage et débuscage, la limitation des pertes de bois, la limitation des pollutions chimiques (huiles de vidange récupérées), l’optimisation du réseau routier secondaire. La sylviculture appliquée est de type futaie irrégulière avec une rotation de 25 ans pour une bonne reconstitution de la forêt.

Des mesures de suivi et de contrôle de l’exploitation sont entreprises en interne et externe. Un système complet de suivi des produits d’exploitation depuis la grume en forêt jusqu’à sa transformation et/ou sa commercialisation, a été développé. Rougier Gabon dispose d’une usine de déroulage et de fabrication de contreplaqués. L’approvisionnement de cette usine va être diversifié de manière à mieux valoriser la ressource disponible. Dans les prochaines années, l’outil industriel sera développé avec l’installation d’une scierie locale sur le chantier du Haut-Abanga. Une analyse de la ressource disponible, orientée vers les caractéristiques technologiques de chaque essence, a été conduite pour guider les choix en matière d’industrie.

La faune a également été prise en compte par un plan de gestion mis en place en 2002. Un appui financier a été sollicité auprès du Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), Rougier Gabon étant prêt à financer la moitié du programme.

Le programme s’articule autour de trois volets: gestion rationnelle de la faune sauvage, lutte contre le braconnage, suivi et évaluation de la composante gestion/conservation de la faune du plan d’aménagement. La chasse commerciale est interdite ainsi que l’accès aux pistes à toute personne extérieure à l’entreprise. Un corps d’écogardes sera constitué. Ce programme fera partie des activités de la cellule d’aménagement de Rougier. Un Comité de gestion de la faune est prévu afin de superviser et orienter la gestion-conservation de la faune sur la CFAD. Pour le suivi et l’évaluation de la conservation de la faune, un système de suivi biologique et socioéconomique est prévu.

Dans sa dimension socioéconomique, l’aménagement prévoit une amélioration des conditions de vie dans les campements forestiers. Un effort important a dû être consenti en matière de formation du personnel. La CFAD contribue également au maintien d’emplois et d’un tissu économique en milieu rural. Rougier Gabon s’impliquera dans le développement local en contribuant à financer des projets au niveau local.

BILAN ET CONCLUSION

Il est important d’insister sur la révolution que provoque la mise sous aménagement durable à l’intérieur de l’entreprise: nouveaux savoir-faire, nouvelles méthodes de travail, nouvelles relations en interne et avec les partenaires extérieurs, etc. Dans les concessions forestières d’Afrique centrale, l’aménagement ne peut pas se faire en dehors de l’entreprise et encore moins contre l’entreprise. Car même si la forêt appartient à l’Etat, l’exploitant forestier est présent au quotidien sur le terrain, et il est donc logique de le retrouver dans un rôle de gestionnaire forestier. Lui seul est capable d’orienter les choix d’aménagement étroitement liés aux choix de production. Un projet d’aménagement d’une forêt de production inadapté à la culture d’entreprise d’un exploitant forestier aura de bonnes chances de ne pas aboutir.

Le deuxième enseignement serait à rechercher dans les formidables progrès du dialogue entre les partenaires de la gestion durable au Gabon ces dernières années. En effet, les ONG, les représentants des populations, les agents de l’administration, les exploitants forestiers et les chercheurs se rencontrent, échangent des idées et progressent ensemble dans l’intérêt de tous.

Le schéma technique adopté pour la préparation du plan d’aménagement de la CFAD du Haut-Abanga peut être répliqué dans toutes les «grandes» concessions (plus de 100 000 ha) attribuées à des entreprises qui disposent d’outils de production conséquents et avec quelques adaptations inévitables à chaque contexte. D’ailleurs, au Gabon comme au Congo, les grands concessionnaires sont déjà très largement impliqués dans l’aménagement durable de leurs permis. Au Gabon, d’ici quelques années, 5 à 7 millions d’hectares de forêts de production devraient être aménagées. Par contre, les «petits» permis attribués à des particuliers ou à des petites et moyennes entreprises (PME) disposant de structures légères, ne pourront pas respecter les mêmes normes d’aménagement. Des solutions techniques de regroupement de permis ou d’aménagements simplifiés, des adaptations réglementaires et des modes de financement restent à trouver. Ces petits concessionnaires travaillent souvent de manière informelle et à la limite de la légalité. De plus, ils n’ont pas les mêmes pressions que les grandes entreprises reconnues au niveau international. Il est alors nécessaire de créer des contraintes et des incitations nouvelles. La certification de bonne gestion offrira une prime aux bons élèves, mais elle ne concerne pour l’instant qu’un marché étroit en Europe. Les incitations nationales et internationales pourront également lever quelques barrières.

Le marché international du bois reste un élément capital, et difficilement maîtrisable, pour la réussite des projets d’aménagement. Pour pouvoir gérer durablement sa forêt, une entreprise doit avant tout assurer sa survie économique. L’industrialisation permettra d’augmenter la valeur ajoutée localement, de diversifier les productions et de réduire les risques. Ainsi, industrialisation et aménagement sont finalement deux outils complémentaires au service d’un même objectif.

Des progrès considérables ont eu lieu dans la connaissance des écosystèmes et de la ressource naturelle. L’inventaire forestier d’aménagement est l’élément clé de la planification à long terme des activités sur une concession forestière. Désormais, la ressource ligneuse disponible et le potentiel d’avenir sont connus sur l’ensemble de la CFAD. La dynamique de l’ensemble, sera connue dans plusieurs années grâce aux placettes permanentes installées. Pour cela, une collaboration avec les instituts de recherche et les autres aménagistes est primordiale. La recherche en vue d’une meilleure connaissance du fonctionnement global des écosystèmes et des interactions complexes qui existent entre ses différents constituants doit être soutenue au niveau national et international. La valorisation des produits forestiers non-bois d’œuvre (PFNBO) est un autre sujet intéressant de recherche. Ces PFNBO ont d’ailleurs été pris en compte lors des études préparatoires au plan d’aménagement. Force est de constater que ces produits sont très peu valorisés actuellement et que les connaissances traditionnelles à leur sujet se perdent.

BIBLIOGRAPHIE

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Tancre, J. 2001. Réflexion sur la mise en place des techniques d'exploitation à faible impact sur la CFAD du Haut-Abanga. Evaluation du réseau actuel de pistes de débardage et de débuscage, mise en place d'une méthodologie pour un tracé optimisé des pistes préalablement à la mise en exploitation.

La forêt de Ngotto, RCA

Basé sur le travail de Georges N’GASSE
ECOFAC-RCA

L’aménagement de la forêt de Ngotto est la première expérience pilote d’aménagement en partenariat avec un exploitant et issu de la volonté de l’Etat en Afrique centrale. Cet aménagement intégré à but de production de bois d’œuvre s’inscrit dans un programme plus global de développement rural qui comprend d’autres volets (conservation et développement rural). La mise en œuvre, en collaboration avec un exploitant forestier, d'un projet pilote d'exploitation forestière durable s’est fait sur la base d'un plan d'aménagement et d'un cahier des charges. Le plan d’aménagement validé par l’administration est concrètement mis en œuvre sur le terrain. Les besoins des populations de la zone sont pris en compte et l'activité d'exploitation est insérée dans l'économie locale. Un pré-audit de certification a eu lieu.

LA FORêT DE NGOTTO

Le permis d’exploitation et d’aménagement (PEA) n° 169 de la forêt de Ngotto est situé au Sud-Ouest de la République centrafricaine (RCA) sur une superficie de 195 000 ha. Il est à cheval sur deux préfectures la Lobaye et la Sangha-Mbaéré. Le PEA est constitué de forêt dense (60 pour cent de la surface totale), de forêt dégradée (17 pour cent), de forêt temporairement inondable, située le long des cours d’eau qui traversent la forêt, et de forêt marécageuse le long du cours d’eau Mbaéré. Il existe également des savanes en bordure du PEA, des cultures et jachères, et des mosaïques de savanes et de galeries forestières monospécifiques.

Cent-quinze espèces de mammifères typiques de la forêt peuplent cette zone (éléphants, buffles, bongos, guibs d’eau, léopards, etc.) dont huit espèces de primates. La présence de 330 espèces d’oiseaux et de 72 espèces de reptiles a été également signalée et certaines espèces endémiques ont été découvertes dans cette zone.

LE CONTEXTE CENTRAFRICAIN ET LES DIFFéRENTES PARTIES PRENANTES

Jusqu’à une période très récente, le secteur forestier, qui fait partie du secteur rural en RCA, n’a pas attiré l’attention des autorités et des bailleurs de fonds. C’est seulement depuis une dizaine d’années qu’un intérêt particulier est accordé à ce secteur. La réglementation forestière, antérieurement basée sur le Code forestier de 1962, a été modifiée par la nouvelle Loi 90.003 promulguée le 9 juin 1990 (et son décret d’application du 9 février 1991). Ce Code a pour but d’harmoniser les impératifs de rentabilisation du patrimoine forestier et ceux de la conservation grâce à l’aménagement forestier. Il définit deux types de forêt: les forêts du domaine forestier de l’Etat (réserves naturelles intégrales, parcs nationaux, réserves de faune, forêts récréatives, périmètres de protection, périmètres de reboisement, forêts de production) et les forêts du domaine forestier des collectivités et des particuliers.

Les exigences de ce nouveau code forestier obligent les titulaires d’anciens permis temporaires d’exploitation (PTE) de les transformer en PEA dans un délai maximum de cinq ans (à compter de sa promulgation). Les PEA sont alors attribués pour toute la durée de vie de la société et engagent le bénéficiaire à suivre les prescriptions du plan établi pour la zone exploitée. Il est suivi d’un cahier des charges qui réglemente certaines modalités d’exécution des travaux d’exploitation dans le cadre de l’aménagement. Soixante pour cent des grumes devront être transformées à terme sur place. A ce jour, des neuf sociétés forestières fonctionnelles dans le Sud-Ouest de la RCA (zone forestière), une seule est dotée de plans d’aménagement et de gestion. Néanmoins, trois projets ont commencé le processus: le programme ECOFAC/Forêt de Ngotto en 1992 (Conservation et utilisation rationnelle des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale), le projet d’aménagement forestier de Salo en 1994 et le projet d’appui à la réalisation des plans d’aménagement forestier (PARPAF) en 1999. La rédaction des plans d’aménagement de Salo et de Ngotto, traduit la volonté du Gouvernement de mettre en application les grandes clauses de la législation forestière en vigueur.

Le PEA 169 est géré par la Société Industrie Forestière de Batalimo (IFB) à des fins de production durable de bois d’œuvre et de conservation de la biodiversité. Les bénéficiaires sont la société IFB, l’Etat, les populations locales, y compris les Pygmées (17 villages concernés). Plusieurs parties sont impliquées dans l’aménagement, entre autres: un organisme de recherche français (CIRAD Forêt à travers le programme ECOFAC) pour l’appui méthodologique, une société privée (IFB) qui s’engage à mettre en œuvre le plan d’aménagement, le Ministère en charge des forêts et les bailleurs de fonds (OAB, Union européenne). Par le biais d’ECOFAC, l’administration possède à la fois un outil d’aide méthodologique, mais aussi un instrument de pression sur l’exploitant. Outre le PEA 169, l’aire d’intervention de la composante ECOFAC intègre également un secteur de développement durable ainsi que la réserve Mbaéré Bodingué.

Le fondement juridique de la politique de conservation en RCA est initié par le Département des eaux et forêts, chasse, pêches, de l’environnement et du tourisme. C’est l’Ordonnance 84.045 du 27 juillet 1984 qui porte protection de la faune sauvage et réglemente l’exercice de la chasse en RCA.

LA GESTION DU PEA 169 DANS LA FORêT DE NGOTTO

L’aménagement de la forêt de Ngotto est la première expérience pilote en Afrique centrale. En 1996, le PEA 169 a été octroyé à la société IFB. Les plans de gestion et d’aménagement ont été élaborés par consensus et mis en œuvre par la décision ministérielle du 10 mars 1998. Cet aménagement s’inscrit dans le programme plus global ECOFAC de développement rural (sur 800 000 ha) qui contient d’autres volets (conservation et développement rural).

L’aménagement du PEA 169 a comme objectif principal d’éviter la destruction à brève échéance dudit massif si aucune véritable gestion à long terme n’est entreprise, d’améliorer les conditions de vie des populations riveraines, et obtenir le label du bois qui en découle. Des mesures de gestion environnementale des ressources forestières sont également envisagées et les zones à forte potentialité de biodiversité seront identifiées, étudiées et pourront être affectées à une série de conservation ou de gestion spécifique. La mise en œuvre de ce projet pilote d'exploitation forestière durable se fait en collaboration avec un exploitant forestier et sur base d'un plan d'aménagement et d'un cahier des charges préalablement établis par l'administration et ECOFAC. ECOFAC fournit à l’exploitant une meilleure connaissance des ressources et l’exploitant s’engage à suivre les modalités d’exploitation durables proposées par ECOFAC.

La photointerprétation a permis de dresser une carte des formations végétales à l’aide d’un SIG. L’inventaire d’aménagement a été entrepris entre 1993 et 1995 par le CIRAD Forêt (à 1 pour cent). Les tiges de diamètre supérieur ou égal à 5 cm ont été comptées sur 25 m de part et d’autres des layons. Des relevés écologiques ont été également effectués grâce à des relevés rapides concernant la faune et la flore. Les données ont été ensuite compilées dans un rapport qui a permis d’élaborer le plan d’aménagement.

Les éléments suivants ont milité en faveur de l’élaboration du plan d’aménagement et du plan de gestion en concertation entre l’IFB, ECOFAC et le Ministère de tutelle:

Outre les travaux de stratification du PEA 169, les éléments suivants ont fait l’objet d’une décision collégiale en accord avec le concessionnaire IFB: définition de la possibilité, établissement du parcellaire et règles d’exploitation. La rotation est fixée à 30 ans. L’ensemble du PEA est divisé en 30 parcelles afin de circonscrire la superficie à parcourir pour assurer la récolte annuelle prévue. La mise en service de l’unité de transformation se fera progressivement avec une évolution des capacités proposée par le concessionnaire. L’exploitation a démarré en 1997 et le plan d’aménagement rendu exécutoire par décision ministérielle en 1998.

Le suivi de l’applicabilité du plan d’aménagement et les activités d’exploitation par la société IFB, sont réalisés par le projet ECOFAC. Certaines clauses d’exploitation sont alors évaluées par ECOFAC et l’administration, et des alternatives aux clauses inadéquates sont proposées.

Depuis 1999, 20 placeaux d’un hectare sont ouverts sur les parcelles déjà exploitées, afin d’étudier la régénération post exploitation ainsi que la phénologie des semenciers du sapelli (principale essence exploitée). Des études sociologiques complémentaires ont également été réalisées en 2000 afin de prendre en compte les besoins des populations de la zone et l'insertion de l'activité d'exploitation dans l'économie locale.

Depuis la mise en œuvre du plan d’aménagement du PEA 169, des écogardes ont pour mission de patrouiller régulièrement dans l’aire d’intervention de la composante ECOFAC. Un premier préaudit préalable à la certification de l’exploitation par la société forestière a été réalisé en 2001.

BILAN ET CONCLUSION

L’expérience de Ngotto joue incontestablement le rôle de vitrine de la politique forestière de la RCA. Cette expérience est promue par l’administration forestière et suscite l’intérêt des bailleurs de fonds. La réussite de cette expérience tient à la fois de l’apport méthodologique et financier d’ECOFAC, de l’engagement d’IFB de mettre en œuvre le plan et d’assurer l’approvisionnement durable de son site industriel et le soutien du ministère de tutelle.

Le plan d’aménagement du PEA 169 n’est pas un document figé et il est susceptible d’être amélioré si nécessaire. Aujourd’hui, les incertitudes se situent plus au niveau du montage de l’opération et de l’intégration de cette nouvelle activité au sein des entreprises, qu’au contenu technique de l’opération. En effet, il s’agit de grandes surfaces à aménager en peu de temps et le personnel local doit être identifié et formé. Les sociétés forestières ne peuvent pas forcément réaliser les gros investissements liés à l’inventaire d’aménagement. Il est alors souhaitable d’obtenir un soutien financier de la part du CAS/DFT (Compte d’affectation spéciale/Développement forestier et touristique) et une aide matérielle de la part d’autres bailleurs de fonds pour accomplir cette tache. La base vie du personnel de la société doit également faire l’objet d’une attention particulière dans le plan d’aménagement. Il faudrait aussi favoriser le renforcement des capacités humaines pour une meilleure productivité. Une proposition de structure de formation des agents de terrain des sociétés forestières vient d’être approuvée par le Département des eaux et forêts et soumise à l’Agence française de développement en avril 2002 pour financement.

En ce qui concerne le contrôle et l’encadrement des opérations sur le terrain, il est souhaitable que la structure autonome CAS/DFT prenne en compte les acquis du PARPAF pour la poursuite des travaux. En effet, le PARPAF vient de proposer des normes nationales d’aménagement des ressources ligneuses au gouvernement en novembre 2000, propositions depuis validées et entrées en vigueur.

L’exploitation ne devrait pas se concentrer uniquement sur les essences nobles. La liste des essences commercialisées doit être augmentée. Les produits secondaires forestiers devraient être intégrés dans le plan d’aménagement car ils peuvent en effet contribuer à la réduction du seuil de pauvreté des populations locales. D’autres relevés concernant la topographie, les indices de dégradation de la strate forestière supérieure seront faits et les traces de perturbation seront indiquées. Il est également nécessaire de réaliser des études d’impacts des méthodes sylvicoles et de proposer celles qui s’harmonisent avec le maintien de la diversité biologique. Les aspects pédologiques doivent être intégrés compte-tenu des innombrables chantiers artisanaux de diamant exploités dans la zone. Quant à la chasse et la cueillette, la définition du terroir spécifique à chaque hameau doit être formalisée. Ces inventaires complémentaires utiliseront le layonnage de l’inventaire forestier d’aménagement. Le plan d’aménagement ainsi révisé contribuerait alors à l’élaboration d’un code foncier.

Les aspirations de la population locale doivent être prises en compte dans la rédaction du plan d’aménagement et il est souhaitable qu’un de ses représentants participe aux réunions préalables à la mise en œuvre du plan d’aménagement. Il faut informer et éduquer les populations locales et les principaux responsables des sociétés forestières en ce qui concerne les bonnes pratiques préconisées dans la gestion durable des ressources forestières. Il est également souhaitable d’encourager l’émergence d’ONG locales afin qu’elles s’impliquent davantage dans cette philosophie. Il est nécessaire de stimuler l’échange d’expériences au niveau des gestionnaires forestiers, des institutions concernées et des ONG locales.

La mise en place d’un comité de suivi de l’applicabilité du plan d’aménagement avec un mandat bien défini est souhaitable afin de désengager progressivement l’Etat. Il est alors important de former une équipe autonome et indépendante qui assure le suivi de l’applicabilité du plan d’aménagement des concessionnaires.

D’autres contraintes persistent comme le besoin important d’informations pour toutes les parties prenantes de la forêt. Le travail d’information, d’éducation et de communication est incontestablement nécessaire et fastidieux, car il s’oriente à la fois vers l’administration, vers l’exploitant, mais aussi vers les populations locales qui ont toutes des attentes sensiblement différentes, voire parfois divergentes. La plupart des populations réagissent immédiatement à l’installation d’un exploitant forestier par des exigences financières. Les pratiques anciennes (et parfois encore d’actualité) de collusion et de petite corruption trouvent encore leur place.

Dans le court terme, il est important de parvenir à certifier les bois centrafricains issus des forêts de production. Il est également nécessaire d’encourager les «bons élèves» par des mesures incitatives et ainsi stimuler les sociétés qui déploient des efforts pour la mise en œuvre des plans d’aménagement dans leur concession forestière et celles qui évoluent vers la transformation secondaire, voir tertiaire. Un appui du gouvernement est alors nécessaire pour obtenir des garanties afin de stimuler les investissements sur le long terme dans cette filière.

BIBLIOGRAPHIE

CIRAD Forêt. 1996. Plan d’aménagement du PEA 169 de la forêt de Ngotto. Montpellier, France.

COSSOCIM. 1996. Mission d’appui au suivi du plan d’aménagement forestier du PEA 169 de la forêt de Ngotto en République centrafricaine.

La concession de Pokola-Kabo-Loundoungou, République du Congo

Basé sur le travail de Donatien N’Zala
IDR/UMNG, Congo

L’expérience d’aménagement multiusages (production de bois d’œuvre et conservation de la biodiversité) de la forêt de Pokola-Kabo-Loundoungou menée par une grande entreprise d’exploitation forestière du pays et WCS (Wildlife Conservation Society), démontre que la coopération entre plusieurs partenaires (Gouvernement, secteur privé, ONG) peut rassembler les conditions permettant la mise en œuvre d’un plan d’aménagement intégrant des mesures sociales, sylvicoles et environnementales indispensables à la certification forestière. Au Congo, il n’y a pas d’expérience appliquant un tel aménagement et le caractère d’expérience pilote donné à l’aménagement multiusages décrit ci-après est donc remarquable.

DESCRIPTION DE LA FORêT DE POKOLA-KABO-LOUNDOUNGOU

La forêt de Pokola-Kabo-Loundoungou est située au nord de la République du Congo dans les régions administratives de la Sangha et de la Likouala. Elle est constituée de trois ensembles: Pokola, Kabo et Loundoungou, attribués à la société Congolaise Industriel du Bois (CIB). Les deux premiers ensembles sont actuellement exploités tandis que le troisième (Loundoungou), intact, est gardé pour le proche avenir. Ils couvrent une superficie totale de 1 150 000 ha. Un peu plus de la moitié se trouve sur sol ferme et se prête donc à une exploitation forestière soutenue. Cette forêt jouxte le parc national de Nouabalé-Ndoki. Elle appartient à la forêt guinéo-congolaise et renferme plusieurs types de forêt: la forêt de terre ferme (sipo, sapelli, dabema, Gambeya spp., etc.), la forêt marécageuse le long des cours d’eau et dans les zones temporairement inondées (Uapaca spp., Pandanus spp., Raphia spp., etc.), la forêt à limbali (Gilbertiodendron dewevrei), la forêt secondaire dans les anciennes exploitations forestières (ilomba, ayous, parasolier, etc.), les clairières à dominance de Cypéracées, Poacées, Hydrocaritacées, Zingibéracées et Maranthacées en bordure des cours d’eau. La faune de cette forêt comprend des espèces mammaliennes, reptiliennes et ornithologiques.

LE CONTEXTE CONGOLAIS à L’EXPLOITATION FORESTIèRE ET LES DIFFéRENTES PARTIES PRENANTES

La loi n° 004/74 de janvier 1974 a été partiellement révisée en 1982 (loi n° 32/82, Code forestier). A l’époque, ce code était considéré très moderne car il stipulait l’exploitation durable des forêts, notamment par la création d’unités forestières d’aménagement (UFA) et par la détermination de volumes maximaux de coupe annuelle (VMA). Ceci avait pour objectif de garantir une activité forestière durable en incluant les notions de rotation, de régénération du potentiel et de transformation du bois sur place. Les UFA sont des circonscriptions forestières de base pour l’exécution des tâches d’aménagement, de gestion, de conservation, de régénération et de production.

A partir de 1990, le Congo s’est engagé dans la préparation de son plan d’action forestier tropical (PAFT) compte tenu des nouvelles données économiques et environnementales et de sa volonté de privatisation et de désengagement du secteur productif. Ce plan, achevé en 1997, a constitué une référence pour l’élaboration du nouveau code forestier porté par la loi n° 16/2000, dont les textes du décret d’application sont sur le point d’être parachevés. Ce nouveau code forestier prend en compte la conservation de la flore des écosystèmes forestiers. La conservation de la faune est toujours régie par la loi n° 48/83 d’avril 1983 qui fixe les périodes de chasse et réglemente cette activité, mais elle devrait dans l’avenir faire l’objet d’un texte légal spécifique. La loi n° 16/2000 prend en compte les aspects liés aux droits coutumiers sur les terres forestières.

Le cadre institutionnel de la gestion forestière au Congo est représenté par le Ministère de l’économie forestière, chargé de la pêche et des ressources halieutiques (MEFPRH). La réforme institutionnelle est encore en cours avec la création d’unités comme le Centre national des inventaires et de l’aménagement forestier (CNIAF). Une structure étatique existe déjà chargée du reboisement en forêt dense: le Service national de reboisement (SNR). L’administration forestière est représentée dans les régions par la Direction régionale de l’économie forestière chargée de l’application des directives ministérielles et de la politique forestière nationale. Les structures d’exécution demeurent encore centralisées à Brazzaville.

La concession des droits d’exploitation forestière est effectuée soit par convention de transformation industrielle, soit par convention d’aménagement et de transformation, soit par permis de coupe des bois de plantations ou par permis spéciaux. La convention de transformation industrielle, d’une durée de 15 ans renouvelable, garantit le droit de prélever sur une UFA des contingents annuels d’essences et le titulaire se doit d’assurer la transformation des grumes dans une unité industrielle dont il est le propriétaire. La convention d’aménagement et de transformation comporte les mêmes stipulations que la précédente mais l’exploitant doit exécuté les travaux sylvicoles prévus. Elle porte sur des superficies et des durées assez étendues pour permettre à son titulaire de conduire à terme les programmes d’aménagement convenus, mais ne peut excéder une période de 25 ans renouvelable indéfiniment.

L’attribution des concessions de la CIB s’est faite par contrat d’exploitation industrielle de trois UFA (Pokola, Kabo, Loundoungou). La société emploie près de 1 350 employés et produit 280 000 m3 de bois ronds, dont 61 pour cent sont transformés et 19 pour cent débités dont 16 pour cent à l’export. La CIB assure donc l’exploitation et la transformation des bois. L’administration forestière réalise le plan d’aménagement forestier et son contrôle tandis que la régénération de la forêt est confiée au SNR à travers l’Unité pilote d’aménagement, de reboisement et d’agroforesterie (UPARA). Depuis 1999, il existe un partenariat entre l’administration forestière, la CIB et WCS (Wildlife Conservation Society) dans le cadre de la gestion durable des concessions forestières du Nord Congo. Cette collaboration a trouvé le soutien de l’OIBT à travers le Projet de gestion des écosystèmes périphériques au parc (PROGEPP).

L’AMéNAGEMENT DES UNITéS FORESTIèRES D’AMéNAGEMENT

Le contexte favorable à l’émergence de ce projet d’aménagement fut la signature le 2 juin 1999 du protocole d’accord entre la CIB, le Ministère de l’économie forestière et WCS. La CIB a développé non seulement les aspects «forestiers» des plans d’aménagement de ses trois UFA, mais également les aspects sociaux et environnementaux. Cette démarche s’est concrétisée dans un premier temps par la réalisation d’une étude de faisabilité par Forêt Ressources Management (FRM, bureau d’étude français) achevée en 2000. La CIB s’est ensuite associée avec Tropical Wood Environment (TWE), afin de mener les études nécessaires à la réalisation des plans d’aménagement. WCS assiste la CIB pour toutes les activités de gestion de la faune. La durée du projet (3 ans) correspond à l’élaboration et la rédaction du plan d’aménagement.

La première étape indispensable à la conception des plans d’aménagement est la réalisation sur l’ensemble de la superficie exploitable, d’un inventaire d’aménagement afin de connaître l’état actuel de la forêt et donc d’estimer la ressource forestière et son évolution sur le moyen terme. Il est aidé et complété par la cartographie forestière qui stratifie le territoire. L’inventaire d’aménagement a été réalisé par TWE, financé par l’Agence française de développement. Sa particularité réside dans la prise en compte de la biodiversité. L’acquisition des informations relatives aux concessions s’est faite grâce à une stratification forestière à partir d’images satellitaires et de photographies aériennes, puis de travaux de terrain (layonnage, comptage des arbres, mesure des diamètres, appréciation de la qualité, réalisation de relevés complémentaires dont la biodiversité). Les produits forestiers autres que le bois et la faune, sont repérés. Une localisation des zones de prélèvement de ces produits et des zones de récolte potentielles est ensuite effectuée à l’aide du SIG. WCS est en train de mettre au point une méthode d’inventaire faunistique, de relevés des activités liées à la chasse. La saisie et le traitement des données ont ensuite permis entre autres l’élaboration des cartes de répartition de la ressource.

Le plan d’aménagement forestier prévoit les interventions techniques à réaliser. Il détermine la coupe annuelle de bois autorisée, la rotation et d’autres paramètres importants à prendre en compte comme l’accroissement annuel du diamètre, la mortalité annuelle et les dommages d’exploitation. Il prescrit un cycle de coupe approprié et un découpage de l’UFA en séries d’exploitation, elles-mêmes reparties en parcelle de coupes annuelles. L’exploitation de bois d’œuvre se fera avec des méthodes d’exploitation à faible impact (EFI). Néanmoins, il n’existe pas encore au Congo de normes définies d’intervention en milieu forestier. L’EFI est encore au stade expérimental à la CIB en attendant la rédaction du plan d’aménagement.

L’absence d’études et la nature de l’exploitation envisagée (EFI) conduisent à opter pour une sylviculture a priori moins intensive. La sylviculture appliquée consiste en l’amélioration des peuplements naturels (élimination des espèces non commerciales autour des perches de 10 à 40 cm de diamètre d’espèces commerciales). Des opérations d’enrichissement sont également effectués après les opérations d’exploitation (dépressage des layons où sont plantés les jeunes plants d’espèces commerciales). Quelques semenciers sont également maintenus.

L’aménagement de la faune dans les chantiers forestiers concerne des mesures de conservation de l’habitat, de limitation de la chasse, etc. Des mesures du même ordre sont possibles pour les PFNL. Les sites de PFNL sont localisés et délimités et l’exploitation forestière à de tels endroits sera exclue si nécessaire. Des traitements sylvicoles particuliers seront apportés aux principales espèces produisant des PFNL. L’identification de sites présentant une biodiversité élevée peut conduire à créer des séries de conservation et la mise en évidence de risques écologiques particuliers peut amener à des séries de protection. Dans les séries de production, des mesures de maintien ou de promotion de la biodiversité seront prises, comme la conservation de semenciers et le maintien de ponts aériens entre les houppiers pour les jeunes primates.

Le contrôle des UFA sur le terrain est assuré par les agents de l’administration forestière. De plus, au niveau du projet, un comité technique de concertation se réunit une fois par an pour suivre le respect du contrat établi entre les partenaires. La loi forestière stipule que tout titulaire d’un titre d’exploitation est tenu de présenter chaque année à l’administration forestière, une demande d’approbation de la coupe annuelle. Il doit y joindre les résultats de comptage reportés sur une carte devant indiquer les parcs, routes et pistes existants et ceux prévisionnels. L’administration forestière est chargée de vérifier l’exactitude des comptages et de s’assurer que les limites définies pour la coupe annuelle sont conformes.

Chaque trimestre, l’exploitant forestier est tenu de fournir à l’administration forestière, un état indiquant par essence et destination, les productions réalisées. En fin d’année, ils ont l’obligation de déposer à l’administration forestière un état récapitulatif annuel indiquant par essence et destination, le volume des productions. Toute infraction aux règles

d’exploitation constatée par l’administration forestière est sanctionnée par des amendes données aux contrevenants. Les plans d’aménagement des trois UFA Pokola, Kabo et Loundoungou, devraient être disponibles en février 2003. Les travaux d’inventaire sont actuellement avancés. Dans sa dimension socioéconomique, la CIB réalise et finance des investissements collectifs.

BILAN ET CONCLUSION

Le plan d’aménagement forestier est basé sur l’information scientifique disponible. Néanmoins, les données nécessaires à l’élaboration de plans d’aménagement pour les forêts denses humides équatoriales sont actuellement insuffisantes et l’aménagement multiusages augmente la complexité de la planification de l’aménagement forestier. Au Congo, il n’y a pas d’expérience appliquant un tel aménagement et le caractère de forêt pilote donné à cet aménagement est donc important.

Il n’existe pas encore de normes d’intervention en milieu forestier. De plus, la recherche effectuée pour connaître du fonctionnement de l’écosystème est rudimentaire. Il s’agit de pallier les faiblesses identifiées des outils de prévision qui affectent grandement la valeur prédictive du plan d’aménagement. Il apparaît alors important d’établir des parcelles permanentes d’observation. Néanmoins, par rapport aux aménagements pilotes précédents qui n’ont pas connu d’application, les aménagements actuels possèdent une meilleure connaissance du milieu et des ressources, même si l’exploitation n’est pas encore optimale.

Les innovations dans les pratiques forestières appliquées dans ces concessions sont les suivantes:

Afin d’améliorer les pratiques actuelles, il convient de diffuser les expériences en cours d’aménagement dans le pays et dans la région. Il faudrait également augmenter le rôle de la cellule d’aménagement au contrôle et suivi interne de processus. Les incitations internes sont également importantes et une «prime» à la bonne gestion pourrait encourager les entreprises optant pour l’aménagement durable de la forêt.

La gestion durable des forêts doit être profitable pour toutes les parties prenantes. Dans une forêt multiusages, le succès du plan d’aménagement repose sur la communication et la collaboration soutenue entre les parties intéressées. Des partenariats solides avec des rôles et des responsabilités clairement définis sont alors nécessaires.

Néanmoins, les entreprises manquent de compétence et de professionnalisation, notamment les cellules d’aménagement et le personnel d’encadrement est insuffisamment sensibilisé aux pratiques d’aménagement des forêts. Une industrie locale de transformation de capacité suffisante est inexistante. Il faut également signaler le laxisme de l’administration forestière dans l’application de la loi. Outre l’absence de normes nationales pour l’aménagement des forêts, les coûts de l’aménagement sont assez étendus et varient avec les entreprises. Il apparaît indispensable d’envisager l’apprentissage du personnel aux nouvelles techniques sur le terrain mais aussi au fait que l’agent du Département des forêts est appelé à se retrouver en situation de partenaire ou de facilitateur d’un processus de gestion en partenariat.

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PLANTATIONS, BOISEMENTS ET AGROFORêTS

Plantations de Magara-Gashikanwa, Province de Ngozi, Burundi

Basé sur le travail de Diomède Nyengayenge
Ministère de l’aménagement du territoire, de l’environnement et du tourisme, Burundi

Cet exemple décrit une démarche pionnière au Burundi de gestion participative de plantations forestières, dont la gestion à but de production de bois énergie et de service, est assurée par des communautés villageoises appuyées par une ONG, suivant un contrat de gestion signé avec le service forestier national. Il souligne la volonté des populations, particulièrement les femmes, de se regrouper au sein d'une association pour œuvrer ensemble aux activités d'aménagement d’une forêt, notamment grâce à une convention sur le partage des revenus issus des travaux d'entretien du boisement.

LES PLANTATIONS DE MAGARA-GASHIKANWA

Les plantations de Magara sont des boisements artificiels d’environ 60 ha, dominés par Eucalyptus grandis. Elles sont situées sur la colline Magara, dans la commune Gashikanwa (Province Ngozi) au nord du Burundi. Elles appartiennent à l’Etat et font l’objet d’une gestion participative. L’inventaire réalisé en septembre 1999 a indiqué que ces boisements étaient alors âgés de sept ans.

LE CONTEXTE BURUNDAIS ET LES DIFFéRENTES PARTIES PRENANTES

La politique forestière du Burundi des deux dernières décennies a essentiellement porté sur deux grands axes, à savoir l’autosuffisance dans l’approvisionnement en produits ligneux et la protection de l’environnement et la conservation des ressources naturelles. Dans ce contexte, le pays a voulu élargir ses plantations artificielles afin qu’elles représentent 20 pour cent du territoire national (objectif pour l’an 2000). Avec l’aide de plusieurs pays (France, Belgique, Arabie Saoudite, Koweït), et d’organisations internationales (Banque Mondiale, Fonds européen de développement, Fonds d’aide et de coopération), le Gouvernement du Burundi a lancé depuis 1978 un vaste programme de reboisement. Le taux de couverture nationale des formations artificielles est alors passé de 2 à 7 pour cent en 1993: un bilan largement positif mais de loin inférieur à l’objectif 2000. Des parcs nationaux et des réserves naturelles ont été également créés. Malheureusement, la crise sociopolitique qui sévit au Burundi depuis 1993, a remis en cause les efforts déployés jusqu’alors, avec la disparition de plus de 30 000 ha de boisements artificiels, surtout dans les provinces du Nord. Néanmoins, le Ministère en charge des forêts compte actuellement poursuivre cette politique grâce, entre autres, à la sensibilisation de la population et la responsabilisation de l’administration locale, l’implication de la population dans toutes les actions de développement du patrimoine forestier et en général l’amélioration de la gestion du patrimoine forestier.

Dans ce contexte, le programme spécial des travaux publics (PSTP) a tenté d’impliquer la population dans la gestion des boisements publics, en lui attribuant de petits blocs de plantations attenantes à de grands blocs, attenants eux-mêmes à de grands blocs publics. Cette implication se fait au travers d’une convention écrite par laquelle la population s’engage à entretenir à la fois son boisement et celui du PSTP. Malheureusement, cette approche n’a pas réussi car la population n’a pas été consultée dès le départ. De plus, le fait de ne pas devenir titulaire de la propriété foncière sur laquelle était installé le boisement, a amené la population à ne pas croire à la validité de ses droits sur ces boisements, et les messages politiques contradictoires lors de la campagne électorale sont venus aggraver la confusion.

Concernant les formations naturelles gérées par l’Institut national pour l’environnement et la conservation de la nature (INECN), la gestion consiste en la multiplication des activités génératrices de revenus autour des ces formations au profit des riverains. L’INECN a créé des zones tampons où les populations peuvent se procurer les produits nécessaires. En contrepartie, il exige à la population de participer activement à toutes les activités de protection et d’aménagement des forêts.

L’AMéNAGEMENT DES PLANTATIONS DE MAGARA

Ces plantations furent installées en 1995 sur un terrain domanial par le Ministère en charge des forêts, avec l’appui du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), sur un site où vivaient des réfugiés rwandais. L’installation du boisement visait d’une part l’approvisionnement en produits ligneux pour les réfugiés, et d’autre part, leur participation à la protection de l’environnement. Après leur départ, les activités liées à ces plantations continuèrent avec le projet «Appui à la restauration et la gestion de l’environnement».

Leur aménagement a démarré vers 1997 et leur inventaire a eu lieu en 1999. Un contrat de gestion lie les populations, le service forestier et l’administration communale. Il précise la répartition des tâches et des responsabilités des partenaires. Le Département des forêts assure l’encadrement technique des groupements qui exécutent toutes les activités sylvicoles prévues dans le contrat. La commune intervient dans la gestion, non pas en tant qu’autorité administrative mais en tant que membre associé. De la même manière, l’Etat n’agit pas dans cette association en tant que propriétaire mais également en tant qu’associé. Les populations visées furent celles réunies autour des trois groupements de pépiniéristes forestiers préexistants.

La gestion envisagée avait alors pour objet de développer et garantir la pérennité et la productivité du boisement par l’implication des populations riveraines dans toutes les activités liées à son aménagement et sa gestion. L’initiative de la gestion participative de ce boisement émane des autorités du projet «Appui à la restauration et à la gestion de l’environnement» qui, avec les services techniques forestiers, a sensibilisé l’administration locale et la population riveraine du boisement. Les services techniques forestiers ont également enseigné les techniques forestières aux groupements, réalisé l’étude socioéconomique sur l’utilisation des produits forestiers et ont délimité et subdivisé le boisement en plusieurs blocs.

Les groupements ont convenu avec l’administration locale et le Ministère en charge des forêts, du partage des charges et des recettes. Ainsi, 10, 20 et 70 pour cent des produits d’éclaircie reviennent respectivement à la commune, l’Etat et les groupements. Tous les autres produits sont partagés entre les membres des groupements qui pourront les utiliser à des fins diverses. Les techniques de carbonisation appliquées sont modernes, les artisans ont bénéficié d’une formation financée par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) et exécutée par la FAO. Les recettes perçues par les groupements sont épargnées en partie à l’Union pour la coopération et le développement (UCODE) afin de constituer un fonds qui contribuera au renouvellement de la ressource, notamment par la production de plants forestiers et/ou agroforestiers.

Un plan simple d’aménagement indique les travaux à faire chaque année jusqu’en 2003 (nature, période et durée de chaque activité) dans les trois blocs définis (pour les 3 groupements). Chaque bloc est lui-même subdivisé en quatre parcelles car la rotation adoptée est de quatre ans. Les produits attendus sont des poteaux, des perches et du bois de chauffage selon le type d’aménagement adopté. Les travaux sylvicoles concernent l’exploitation et l’enrichissement. Les premiers travaux portaient principalement sur l’enrichissement du boisement car il comprenait trop de trouées dues aux coupes anarchiques et prélèvements illicites et répétitifs. Les plants pour cet enrichissement ont été achetés par le projet «Appui à restauration et à la gestion de l’environnement» qui a fourni des intrants et la main d’œuvre pour les deux campagnes déjà écoulées. La deuxième année, les plants ont été produits et mis en place par les groupements. Trente mille plants ont été mis en place et 90 000 plants ainsi que 600 stères produits.

Les membres des groupements ont exécuté toutes les étapes de l'établissement de la pépinière. Ils ont préparé le terrain et effectué la plantation. En ce qui concerne les adventices, le plan d’aménagement prévoit des activités de sarclage et de dégagement pour préserver les espèces plantées. L’entretien des arbres consiste en l’élagage, la sélection des rejets et l’élimination des sujets mal développés. L’aménagement de pare-feu entre les parcelles et autour du boisement protège les arbres contre les incendies.

Pour l’instant, l’inspection forestière se charge de l’encadrement des groupements et fixe le calendrier sylvicole. Le Programme pour la réhabilitation du Burundi (PREBU) appuie ces groupements, en collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM), qui leur fournit des vivres en guise de salaire. Si un des membres du groupement transgresse les consignes du contrat de gestion, il s’expose à des sanctions allant jusqu’à la radiation du groupement.

BILAN ET CONCLUSION

Les acquis du projet sont la diminution des vols d’arbres sur pied, la disponibilité du bois de chauffage, le repeuplement du boisement et son entretien par les groupements, l’adhésion massive de femmes, la valorisation des espaces vides par les cultures vivrières et l’augmentation des revenus des ménages. Les populations, et particulièrement les femmes, ont la volonté de se regrouper au sein d'une association pour oeuvrer ensemble aux activités d'aménagement d’une forêt. Il est très important que toutes les parties prenantes respectent la convention, et que les comités de gestion soient transparents dans leurs rapports. Les punitions encourues en cas de non-respect de la convention revêtent alors un aspect important. Il existe cependant certaines contraintes à ce projet comme la pauvreté, l’indisponibilité suite à de nombreuses sollicitations, l’instabilité politique et institutionnelle et les insuffisances dans la législation.

Cette expérience de gestion participative est l’une des premières expériences en la matière au Burundi. L’implication d’une ONG locale dans la gestion de ces plantations en fait un exemple pour le pays. La convention sur le partage des revenus issus des travaux d'entretien du boisement est aussi un modèle à diffuser ailleurs, tout en réservant une part très motivante aux membres des groupements. Toutefois, il serait souhaitable d’échanger des expériences avec d'autres collectivités plus expérimentées. L'organisation de visites entre les associations ou les groupements des communes voisines serait alors intéressante. Il faut également que l'association prenne l'habitude d'écrire ses activités et ses résultats dans un journal lu par la population. Les médias publics doivent aussi contribuer à la diffusion de l'information.

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Et les rapports de l’inspection et du projet «Appui à la restauration et gestion de l’environnement».

Les systèmes agroforestiers à base de cacao, Cameroun

Basé sur le travail de Denis J. Sonwa
International Institute of Tropical Agriculture
Humid Forest Ecoregional Center (IITA-HFC), Cameroun

Les systèmes agroforestiers cacaoyers développés depuis des décennies, sur la base des connaissances locales, contribuent à la satisfaction des besoins des paysans et des exigences écologiques du Centre et Sud Cameroun. La complexité structurale, la durabilité écologique et socioéconomique de ces systèmes sont décrits dans cet exemple. En innovant régulièrement, ces pratiques agroforestières ont permis aux cacaoculteurs de bâtir un système aujourd’hui perçu comme durable.

LES AGROFORêTS CACAOYèRES

Cet ensemble d’agroforêts se situe en zone de forêt dense humide et appartient à l’Etat camerounais. Elles couvrent une superficie d’environ 140 000 ha dans les provinces du Centre et du Sud du Cameroun. Elles côtoient les formations forestières et leur sont semblables avec une structure complexe et une diversité spécifique importante. En plus du cacaoyer, elles sont en effet composées d’espèces fournissant des PFNL (Dacryodes edulis, Irvingia gabonensis, Elaeis guinensis, etc.), d’espèces de bois d’œuvre de haute valeur (Terminalia superba, Chlorophora excelsa, etc.), de fruitiers exotiques de consommation courante (Persea americana, Mangifera indica, Citrus spp., etc.), de plantes médicinales (Alstonia boonei par exemple), etc. La multitude d’agroforêts forment entre elles un continuum parfois entrecoupé par d’autres modes d’occupation de sol, donnant un aspect de mosaïques complexes d’écosystèmes s’imbriquant entre eux et concourant à la satisfaction des besoins multiples des populations de la zone forestière.

LE CONTEXTE ET LES DIFFéRENTES PARTIES PRENANTES

Dans un contexte de dégradation et de destruction des ressources forestières par les activités humaines, l’Etat camerounais a mis en place une législation qui tient compte de la participation des populations rurales à la gestion forestières et aux bénéfices issus de la forêt. Néanmoins, les pratiques agroforestières représentent toujours l’une des principales sources de revenus des paysans. Les lois n° 90/053 du 19 décembre 1990 (portant liberté d’association) et n° 92/006 du 14 août 1992 (relative aux associations) permettent aujourd’hui aux paysans de se retrouver au sein de nombreuses organisations paysannes (OP), telles que les groupements d’initiative commune (GIC), associations et confédérations, afin de mieux partager leurs expériences et faire face à certaines difficultés de gestion de ces agroforêts.

La récente loi forestière camerounaise de 1994 classe les forêts en forêts permanentes et forêts non permanentes sur lesquelles peuvent se pratiquer les spéculations agricoles (comme la culture du cacao). Deux ministères sont directement concernés par la gestion de agroforêts composées de cacao et d’essences forestières: le Ministère de l’agriculture (MINAGRI) pour le cacao et le Ministère de l’environnement et des forêts (MINEF) pour les essences forestières.

L’aménagement de la zone forestière repose sur le plan de zonage du Cameroun méridional et représente une des composantes de la stratégie de promotion des activités économiques en milieu rural. Elle s’articule ainsi avec la nouvelle politique agricole dans laquelle la cacaoculture tient une place non négligeable. Le gouvernement possède depuis un plan national de gestion agroforestière.

L’importance de la culture de cacao a aidé à la création de projets de développement par l’Etat dont le plus récent est la Société de développement du cacao (SODECAO en 1974) chargée du développement des plantations dont la gestion est de plus en plus déléguée au paysan. L’Etat a également mis sur pied le projet «Appui aux stratégies paysannes et à la professionnalisation de l’agriculture» (ASPA) qui couvre aussi la filière cacaoyère. Ce projet vient en appui aux lois relatives à la création et au fonctionnement des OP qui ont fortement influencé la gestion des plantations. Citons également l’ONCC (Office national du cacao et du café) qui ne s’occupe que des statistiques cacaoyères.

L’accent a longtemps été mis sur la composante cacaoyer qui était censé jouer un rôle essentiel dans l’économie des zones rurales. Cependant, la crise cacaoyère à la fin des années 90, a entraîné des perturbations importantes dans la gestion de ces plantations, illustrées par une diversification des sources de revenus de la propre initiative des planteurs. L’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), avec l’appui de l’USAID (Agence des Etats-Unis pour le développement international) et des compagnies de chocolat, a lancé le programme STCP (Sustainable Tree Crop program), dont les objectifs sont, entre autres, de maintenir (voir augmenter) la productivité des cultures pérennes (dont le cacao) sur le long terme tout en conservant la biodiversité. Le programme STCP entre dans sa deuxième année au Cameroun et il englobe 32 000 cacaoculteurs. L’IITA fournit un appui technique et financier aux paysans.

La cacaoculture est toujours une activité importante dans les deux provinces du Centre et du Sud et elle occupait 139 651 ha en 1991. Une zone de référence de 1,54 M d’hectares couvrant les deux provinces a été définie dans le cadre du programme ASB (Alternative to Slash and Burn) pour rechercher des solutions durables de gestion des ressources naturelles et extrapoler les résultats à des zones similaires du programme EPHTA (Ecoregional Program for the Humid Tropics of Africa) qui couvre 11 pays de l’Afrique centrale et de l’Ouest.

Les agroforêts sont gérées au niveau de l’exploitation individuelle et/ou familiale par les paysans. Les objectifs d’aménagement visent le marquage foncier, la constitution d’un capital épargne sur pied et la création de revenus grâce à de multiples productions. La récolte est l’étape la plus lourde en terme de main d’œuvre, alors constituée par la famille et les amis dans le cadre d’associations rurales de travail.

La baisse des prix du cacao et la loi de 1992 relative aux sociétés coopératives et aux GIC ont aujourd’hui favorisé la création de mouvements associatifs, notamment pour la commercialisation et/ou l’achat des intrants. Ainsi, 25 pour cent des cacaoculteurs du Sud Cameroun sont membres de GIC et un autre quart appartient à des associations informelles dans les villages. De nombreux GIC et associations se confédèrent actuellement pour partager leurs expériences, commercialiser leurs produits et négocier des partenariats avec des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux.

L’une de ces associations très actives au Sud-Cameroun est FORCE (Confédération des organisations rurales pour le Cameroun économique) qui couvre une superficie cacaoyère de 350 000 ha et regroupe 300 GIC et environ 20 000 planteurs. Elle organise avec les producteurs un calendrier des marchés, elle leur garantit un prix minimum de vente et facilite l’enlèvement des produits. Ce partenariat se fait avec des organes de coopération bilatérale (Coopération allemande/GTZ, USAID, etc.), avec des ONG nationales et internationales et des structures de recherche (IRAD, IITA, CIFOR4, etc.). Grâce à ce programme, 300 centres de groupage pour la vente de cacao animés par des responsables d’organisations paysannes sont fonctionnels dans les provinces du Centre et du Sud. D’autres confédérations (FUPROCAM, FEGAISEM, etc.) ont des objectifs similaires et sont également actives dans la filière cacao.

LA GESTION DES AGROFORêTS à BASE DE CACAO

Depuis l’introduction du cacaoyer à la fin du 19e siècle, les paysans ont pu faire un savant dosage des connaissances indigènes en matière de forêts et de pratiques agricoles liées à cette culture. En innovant régulièrement, ces pratiques agroforestières ont permis aux cacaoculteurs de bâtir un système aujourd’hui perçu comme durable. En effet, ces systèmes possèdent l’avantage de permettre une certaine équité au sein du ménage, un regroupement des planteurs autour des tâches agricoles, de procurer de l’argent pour la satisfaction des besoins élémentaires des paysans et de répondre aux exigences écologiques locales et mondiales.

L’aménagement des cacaoyères n’obéit pas au schéma classique des gros projets de foresterie. Il n’existe pas à proprement parlé de plan de gestion dans le sens classique du terme. Il s’agit plutôt d’une gestion mise en place par les paysans, qualifiée de patrimoniale dans le sens où les agroforêts sont léguées de père en fils. Le fils se doit de pérenniser cette richesse familiale. La multitude des espèces gérées et l’éventail des objectifs poursuivis sont des atouts justifiant l’attachement des paysans à ces écosystèmes et la flexibilité de gestion qu’ils y pratiquent.

La réalisation de l’agroforêt cacao passe par un certain nombre d’étapes. Après abattage des arbres, le planteur installe les cultures vivrières pendant trois ans. L’association avec le cacao peut se faire dès la première année. Certaines espèces végétales sont retenues dans les parcelles parfois pour procurer de l’ombrage aux cacaoyers. L’investissement est alors très faible en finance et en temps, comparé aux projets de foresterie classique. Toute la famille est impliquée dans la gestion car le cacao est géré par les hommes alors que les PFNL et les fruitiers le sont par les femmes et les enfants. Les outils utilisés sont artisanaux et ont donc un impact relativement faible sur l’environnement. Les travaux d’entretien incluent le désherbage, la récolte sanitaire et les traitements contre la pourriture brune. Un des aspects très important de la durabilité de ces écosystèmes est la possibilité de combattre le développement des pestes par l’usage d’écorces d’arbre ou par l’ajustement de la densité des arbres. Ainsi, les écorces de certaines plantes (Guibourtia tessmannii, Erythrophleum ivorense, etc.) sont utilisées dans la lutte contre la pourriture brune et limitent ainsi l’impact négatif associé à l’utilisation massive de pesticides synthétiques. La fertilisation des plantations est assurée par la chute des feuilles des cacaoyers et des arbres associés. La présence d’ombrage durant les premières années réduit les mauvaises herbes.

La régénération des cacaoyers se fait généralement par replantation sélective (remplacement d’un cacaoyer par un autre cacaoyer), replantation partielle de bloc (à la suite de perturbations comme la sécheresse) ou par recépage. L’enrichissement par des arbres en association se fait généralement par la rétention ou l’introduction de diaspores. La régénération spontanée explique parfois la propagation de certaines espèces compagnes dans les cacaoyères.

Une estimation économique montre que le système agroforestier reste financièrement rentable malgré la crise cacaoyère. De plus, le bois d’œuvre issu de ces cacaoyères contribue à la construction des cases et alimente le commerce local en bois d’œuvre. L’association de plusieurs espèces permet de minimiser le risque économique (dépendance à un seul produit) et écologique (attaque par des pestes par exemple). Les revenus issus de ces plantations sont distribués au sein des ménages et servent à résoudre les besoins élémentaires d’une multitude de paysans du Sud-Cameroun.

Les pratiques traditionnelles de «domestication de la forêt» permettent de conserver dans un même écotone (forêt/savane) les éléments caractéristiques de la forêt semicaducifoliée, mais aussi des éléments des forêts toujours vertes et des savanes intraforestières. L’introduction de nouveaux individus contribue à l’enrichissement de la diversité des microécosystèmes, mais aussi à la diversité inter et intra spécifique. Les arbres associés de la cacaoyère façonnent la structure multiétagée des agroforêts en la rendant similaire à celle des forêts, ce qui favorise la conservation de la biodiversité floristique, faunique et microbiologique. Ces systèmes constituent en outre le mode d’occupation du sol (en dehors de la forêt primaire) qui possède le plus de carbone par unité de surface, contribuant ainsi à la réduction de l’effet de serre.

BILAN ET CONCLUSION

De nombreuses pratiques d’aménagement des agroforêts cacaoyères sont aujourd’hui perçues comme durables et donc reproductibles ailleurs dans des systèmes agroforestiers à base de cultures pérennes de l’Afrique centrale (caféier, hévéa, etc.). Il s’agit par exemple des méthodes d’installation des agroforêts, leur entretien, les méthodes de régénération, etc. La capacité à accepter les innovations reste néanmoins un facteur important dans leur reproduction dans d’autres zones. La reconnaissance des pratiques paysannes et des modes de gestion pratiqués est importante. L’approche participative reste alors importante dans la définition des projets de recherche/développement en agroforesterie.

La pénurie des semences de qualité reste un handicap majeur dans le développement des systèmes agroforestiers. La multiplication de plants sains aussi bien de cacaoyers que d’arbres associés est une priorité dans le développement des plantations. La domestication des espèces d’arbre associées intégrant les préférences paysannes est aujourd’hui perçue comme l’un des moyens de lutte contre la pauvreté en Afrique centrale et de l’Ouest. De même, la valorisation des sous-produits du cacaoyer est jusqu’ici restée au stade de la recherche et l’intégration du petit élevage dans les cacaoyères n’est pas encore développée.

La certification des produits issus des systèmes agroforestiers nécessite d’être encouragée. Les bases ont commencé à être posées en 2001/2002 avec l’élaboration du PMIS (Production and Marketing Information System) sur 5 pour cent de la production nationale de cacao. Le PMIS est encore au stade embryonnaire mais a produit des résultats encourageant sur la gestion des systèmes, les capacités des associations et les prix de commercialisation. Son extension à d’autres composantes de l’agroforêt est nécessaire. De plus, la promotion de la gestion des agroforêts cacao dans l’initiative Global Compact (lancée le 26 juillet 2000 par le Secrétaire Général des Nations Unies) devrait être encouragée.

La synergie d’intérêts au sein du STCP nécessite d'être encouragée. Le renforcement des capacités des associations rurales devrait être une priorité car elles permettent d’avoir accès aux producteurs et de diffuser les innovations. Les platesformes d'échanges devraient ainsi régulièrement être organisées entre les industriels, les producteurs, etc.

Afin de mieux gérer ces systèmes, un effort devrait être mis sur (1) la prise en compte des connaissances locales et les dynamiques paysannes, (2) la sélection variétale et la multiplication des variétés de haute qualité de cacaoyers et des arbres associés, (3) la domestication et la commercialisation des PFNL, (4) la valorisation des sous-produits, (5) la promotion des productions du système pour le marché des produits biologiques et/ou certifiés, (6) le piégeage et la conservation du carbone, et (7) la promotion et le maintien des synergies dans les projets de recherche/développement du secteur de l’agroforesterie.

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AIRES PROTéGéES

Le parc national de la Kibira, Burundi

Basé sur le travail de Cyriaque Nzojibwami
PPP/INECN, Burundi

Ce parc national contient l’unique forêt de montagne du Burundi. Sa gestion fait participer les communautés villageoises grâce à un plan communautaire de conservation, gage de partenariat entre la population, l’administration et les conservateurs. De plus, la mise en place d’un nouvel organe consultatif, les «comités locaux de surveillance du parc» dans toutes les communes autour de la Kibira, semble être une solution d’implication des populations dans la gestion du parc. Cet aménagement fait partie d’une démarche d’intégration de la conservation dans la consolidation de la paix au Burundi.

LE PARC NATIONAL DE LA KIBIRA

Le parc national de la Kibira (PNK) est à cheval entre quatre provinces du Burundi, sur une superficie de 40 000 ha. Il est constitué par une forêt ombrophile de montagne composée de plusieurs strates de végétation: la formation à Entandrophragma exselsum et Parinari excelsa, la formation à Parinari excelsa var. holstii et Polyscias fulva, celle à Polyscias fulva, Macaranga neomildreadiana et à Syzygium parvifolium, la forêt secondaire à Hagenia abyssinica et à Faurea saligna, les formations d’altitude à Philippia benguelensis et Protea madiensis sur les crêtes, la formation à Arundinaria alpina (bambousaie pure), les formations des thalwegs et les formations de recolonisation des anciennes zones cultivées et pâturées. Il s’agit d’une zone riche en terme de biodiversité tant animale que végétale. Au total, 644 espèces végétales sont connues dans la forêt de la Kibira. Le parc compte environ 98 espèces de mammifères (primates, servals, civettes africaines, etc.). L’avifaune est riche et variée avec 43 familles et plus de 200 espèces d’oiseaux identifiées.

Plus des trois-quarts des eaux du plus grand barrage du pays provient de cette forêt, qui lui-même fournit plus de 50 pour cent de l’énergie hydroélectrique utilisée au Burundi. Ainsi, le parc, de par sa situation sur la crête Congo-Nil, joue un rôle fondamental dans la régulation des régimes des eaux et dans la protection des sols contre l’érosion.

LE CONTEXTE POLITIQUE BURUNDAIS ET LES DIFFéRENTES
PARTIES PRENANTES

Le code forestier promulgué en 1985 (Loi n° 1/02 du 25 mars 1985) est l’élément central des différentes lois burundaises régissant les forêts. D’autres lois sont venues le renforcer, notamment la loi n° 1/010 du 30 juin 2000 portant code de l’environnement de la République du Burundi. En 2000, le PNK a reçu son statut juridique grâce au Décret n° 100/007 du 25 janvier 2000 portant délimitation d’un parc et de quatre réserves naturelles.

La forêt de la Kibira dépend actuellement du Ministère de l’aménagement du territoire, de l’environnement et du tourisme (MATET) et de l’INECN. Son aménagement a conduit à la subdivision du parc en petites entités de gestion, soit quatre secteurs (chaque secteur correspondant à une province) et 32 sous- secteurs. Il existe un chef de parc et quatre chefs de secteurs. Chaque sous-secteur inclut un garde forestier et son aide. Dernièrement, l’INECN et le projet PPP (Projet parcs pour la paix) ont mis en place des comités de surveillance élus par les populations au niveau des collines (la plus petite entité administrative), des secteurs, des zones et des communes. Le chef du parc supervise toutes les activités du parc, les chefs des secteurs les répercutent dans leurs zones respectives et les comités de surveillance suivent de près la manière dont le parc est géré. Ainsi, l’INECN, l’administration locale, les populations et les comités locaux de surveillance, sont les principaux intervenants dans la gestion du parc. Près de 50 000 personnes des communes riveraines du parc sont impliquées de près ou de loin dans la gestion du PNK.

LA GESTION DU PNK

Avant 1933, cette forêt servait de réserve de chasse aux Rois du Burundi. Les populations riveraines respectaient la forêt à laquelle elles conféraient un pouvoir magique. Un droit d’usage portant sur le pacage du bétail et le ramassage des produits de la forêt était alors reconnu. Le caractère sacré de cette forêt, avant même la colonisation, a contribué à sa conservation. De 1933 à 1980, la Kibira a été classée Réserve forestière de la crête Congo-Nil par la tutelle belge. Ce statut fut conservé après l’indépendance du Burundi (1er juillet 1962). Seule l’exploitation des bois de valeur (Entandrophragma excelsum et Prunus africana) était alors réglementée et contrôlée. De l’indépendance à 1980, le droit d’attribuer de nouvelles terres pour les cultures dans le périmètre délimité était aboli, mais le droit d’usage concernant le pâturage était conservé.

Le projet d’aménagement de la Kibira date de 1979, avec pour objectifs la lutte contre l’érosion des pentes, la régulation des débits des rivières et l’écotourisme. Le Burundi avait alors obtenu un financement du Fonds d’aide et de coopération (FAC) et de la Caisse centrale (actuellement Caisse française de développement). En 1979, 2 000 ha ont servi à l’installation de boisements artificiels dans le parc. De 1980 à 1993, la Kibira a un statut de parc national et son aménagement est mis en place en 1982: zonage, aménagement de sentiers touristiques et pédagogiques, des campings et des abris, élaboration de plans communautaires de conservation après un diagnostic participatif et mise en place de comités locaux de surveillance à différents niveaux. Les limites du parc ont été refaites entre 1980 et 1985 et des pistes ouvertes dans le parc. A partir de 1993, la crise politique s’est transformée en conflit armé. Une partie du personnel de surveillance a abandonné son travail et certains riverains en ont profité pour couper du bois et défricher certaines zones du PNK.

Le plan de gestion du PNK est disponible depuis 1996. Il est détaillé pour les boisements artificiels qui servent de zones tampon, détaillant les différentes opérations sylvi-coles á mener jusqu’à 2023. Il informe également sur les normes de production et les types de produits forestiers à exploiter. Il définit également un parcellaire par campagne de plantation, le programme des interventions par colline et par parcelle, le programme des éclaircies et des

exploitations par année et par parcelle. Une carte de la végétation a été établie par SCETAGRI (bureau d’étude) d’après des photographies de 1984 et a permis de recenser les boisements plantés avant la création du parc. De plus, l’Université du Burundi et d’autres chercheurs ont travaillé sur la végétation du parc. Selon la spécificité et les caractéristiques de certaines zones, différentes activités ont été définies. L’activité d’exploitation se pratique sur 2 000 ha de plantation (Pinus, Cupressus, Grevillea, Eucalyptus). Néanmoins, la grande vocation du PNK est l’écotourisme car c’est l’unique forêt de montagne du Burundi. Ainsi, 25 km de sentiers touristiques ont été ouverts et aménagés sur les fortes pentes. Trois terrains de camping ont été aménagés. Les activités touristiques participent à la sensibilisation des visiteurs au sujet de la conservation de la nature. Les activités scientifiques permettent à long terme de préserver la faune et/ou la flore particulière et endémique.

Le PPP, en collaboration avec l’INECN, est en train de mettre en place un nouvel organe consultatif, les «comités locaux de surveillance», dans toutes les communes autour de la Kibira. Ces comités sont déjà fonctionnels dans deux communes. C’est la population elle-même, qui indignées par certaines pratiques de destruction de la Kibira, ont demandé de participer à la dénonciation et la saisie des produits volés dans le parc. L’INECN et le PPP ont bien accueilli cette initiative et demandé à ces populations d’élire leurs représentants depuis la colline jusqu’à la commune. La mise en place de ces comités passe d’abord par un diagnostic participatif où des animateurs rencontrent la population au niveau de la colline. La population de chaque colline élit alors un comité de 10 personnes qui vont élire à leur tour un comité de 10 personnes par secteur. Ce dernier inclue autant d’hommes que de femmes et un représentant des Batwa (population autochtone). Les représentants des différents secteurs élisent alors un comité de 10 personnes qui représentera la zone. Un plan d’action communautaire est alors élaboré en se basant sur les cinq principales contraintes identifiées par les comités de zone. Ces derniers élaborent un plan d’action communautaire de conservation (PCC) du parc au niveau de la commune. Ce PCC est un gage de partenariat entre la population, l’administration et les conservateurs. Tous les intervenants en matière de conservation se basent sur ce plan (ONG, secteur privé ou bailleurs de fonds).

Certaines activités sont autorisées au niveau du parc, sauf exagération (récolte de bois de feu et de PFNL). Toutefois, une réglementation pour l’exploitation des produits forestiers les plus utilisés semble nécessaire, comme celle du bois vif et du bambou. Il est interdit de couper les arbres dans le parc sauf autorisation du conservateur. Afin de pallier au problème des incendies occasionnés par la récolte du miel, des essais de regroupements d’apiculteurs ont été tentés de concilier à leurs besoins à ceux du parc. Depuis 1980, la chasse est interdite dans la Kibira, toutefois, le braconnage subsiste.

La naissance des groupements de type écologique autour de la Kibira est encouragée. En effet, les populations commencent à se réunir afin de demander un appui pour améliorer leurs conditions de vie. L’INECN et le PPP sensibilisent les différents services travaillant autour du parc pour qu’ils attachent une attention particulière aux populations car la préservation du parc dépend de l’amélioration de leurs conditions de vie.

En concertation avec les comités élus, un système d’alerte a été conçu et un code de conduite convenable à adopter autour de la Kibira a été réfléchi. Une personne, ou un groupe de personnes, qui aperçoit l’infraction en avise les comités de surveillance qui eux-mêmes en informent les protecteurs sur le terrain en cas d’infraction. Les protecteurs peuvent informer l’administration et les forces de l’ordre pour demander secours. L’INECN est le centre de toutes les informations et trouve les solutions aux différentes infractions. Ces décisions doivent être transmises jusqu’au niveau le plus bas: la population. Les personnes commettant des infractions paient des amendes et leurs objets sont confisqués.

BILAN ET CONCLUSION

Pour élaborer le plan d’aménagement du PNK, il faut tout d’abord une réelle volonté politique nationale, mais également internationale. En effet, la Kibira est une des rares forêts africaines qui se trouve dans une zone surpeuplée et en conflits armés. Le retour à la paix est nécessaire et la communauté internationale joue alors un rôle dans la résolution des conflits. Dans un pays aussi surpeuplé que le Burundi, la conservation passe également par une concertation et une responsabilisation de tous les intervenants.

Au niveau des bailleurs de fonds, leurs interventions ne tiennent pas toujours compte du caractère régional ou transfrontalier des ressources naturelles. En effet, le PNK est frontalier avec la forêt de Nyungwe au Rwanda. Des populations rwandaises viennent pour défricher ou chercher de l’or dans la Kibira. Ainsi, la coordination des actions et l’homogénéisation des stratégies d’intervention doivent être recherchées au niveau régional entre les différents services techniques concernés par la préservation de la biodiversité. Un service fonctionnel de coordination au niveau régional en matière de gestion des aires protégées est nécessaire.

Un système d’échange d’informations est également essentiel entre les pays. Au Burundi, un symposium forestier est organisé tous les dix ans. Un programme de perfectionnement ou d’actualisation des connaissances pour les conservateurs à tous les niveaux est nécessaire, ce qui permettrait d’harmoniser les approches entre les différents pays. Les ONG locales, quant à elles, sont récentes et démunies pour encourager ce type d’initiative.

Un plan d’aménagement doit répondre aux préoccupations écologiques, économiques et sociales des populations vivant autour du parc. Il a été prouvé que la gestion durable des ressources forestières ne se conçoit pas sans participation populaire et il n’y a pas de participation populaire sans dialogue, sans partage des informations et des expériences. L’identification des partenaires et la bonne communication reste un préalable pour préserver la biodiversité du PNK. De plus, un plan d’aménagement ne doit pas être statique, mais il doit être revu si nécessaire. Au niveau du parc, il faudrait fixer de nouvelles limites, renforcer les capacités de l’INECN pour assurer la gestion du parc et appuyer les initiatives en cours (Projet PPP). Les infrastructures pour l’écotourisme ont besoin d’être réhabilitées. L’inventaire des essences d’intérêt économique menacées de disparition et des plantes les plus utilisées dans la médecine traditionnelle, est nécessaire. Il serait également important de recenser tous les produits consommables et utilisables et appuyer le programme de domestication des essences autochtones. Il serait également souhaitable d’inventorier la faune, et d’étudier sa dynamique.

Le suivi et le contrôle doivent être réalisés par les responsables et les agents du parc avec un minimum de moyens (ce qui n’existe pas actuellement). Les autres partenaires qui pourraient faire le suivi sont les populations à travers les comités élus. La mise en place des comités locaux de surveillance du parc semble alors la meilleure solution d’implication des populations dans la gestion du parc.

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La réserve scientifique de la Caldera de Luba, Guinée équatoriale

Basé sur le travail de Paulino Bololo Ekobo
Guinée équatoriale

L’aménagement de la réserve de la Caldera de Luba aide à garantir la conservation de son exceptionnelle richesse biologique et de ses écosystèmes et habitats uniques en Guinée équatoriale. L’aménagement mis en place depuis 1995 par une ONG est décrit dans cet exemple, mettant en oeuvre un programme de conservation de la biodiversité centré sur la protection des tortues marines.

LA CALDERA DE LUBA

La réserve scientifique de la Caldera de Luba, d’une superficie de 51 000 ha, est située sur l’île de Bioko dans la Province de Bioko Sur, en Guinée équatoriale. Les principales formations végétales qui la constituent sont les forêts denses humides de basse et de moyenne altitude (jusqu’à 700 m) caractérisée par une grande diversité spécifique, les forêts de montagne (entre 700 et 2 000 m), caractérisées par une abondance de lianes et d’épiphytes, les forêts d’altitude d’Araliacées, celles d’Aricacées et les formations secondaires. Du fait de son caractère insulaire, cette réserve constitue un refuge pour de nombreuses espèces de faune terrestre et aquatique. Cette zone présente une grande densité de primates dont certaines espèces sont endémiques. Elle abrite également une des dernières populations de drill. Des tortues marines sont observables dans la zone des plages. La Caldera de Luba possède une valeur paysagère considérable, avec des cascades, des plages de sable noir, etc.

LE CONTEXTE DE LA CONSERVATION DES RESSOURCES NATURELLES EN GUINéE éQUATORIALE

Diverses lois ont été promulguées en Guinée équatoriale qui tendent à garantir la conservation des ressources forestières. Ainsi, la loi n° 8/1.988, du 31 décembre 1988 réglemente la faune forestière et les aires protégées. La loi n° 1/1.997, du 18 février 1997, porte sur l’utilisation et la gestion rationnelle des forêts. Elle définit deux domaines forestiers: les forêts de protection (système d’aires protégées) et les forêts de production destinées à la production permanente de produits forestiers. Cette même loi établit un volume maximal de production afin de garantir la durabilité des ressources. Elle a également créé l’Institut national de développement forestier (Instituto nacional de desarrollo forestal, INDEFOR) comme organe autonome en charge du développement forestier durable. Le Décret-Loi n° 6/1.990, du 22 août 1990 a créé le Comité national de protection de l’environnement (Comité nacional de protección del medio ambiente), dont la mission principale est d’appliquer les résolutions de la Conférence des Chefs d’états sur l’environnement, de la Convention des Nations Unies ainsi que d’autres conventions sur le même thème auxquelles la Guinée équatoriale a adhéré. La loi n° 4/2.000 du 22 mai 2000 porte sur les aires protégées. Elle a pour objectif la création d’un système national d’aires protégées (SNAP) au nombre de 13 (sur 586 000 ha). Cette loi distingue quatre catégories d’aires protégées (réserves scientifiques, parcs nationaux, monuments naturels, réserves naturelles). Elle crée également l’Institut national des aires protégées (Instituto nacional de areas protegidas, INAP) comme organe autonome qui s’occupe de la gestion du SNAP. Elle garantit la participation des populations locales dans la gestion des aires protégées.

Les aires protégées sont sous la tutelle du Ministère des forêts, de la pêche et de l’environnement (Ministerio de bosques, pesca y medio ambiente) qui a également la charge des ressources forestières de tout le territoire national. La Direction générale des forêts est responsable de la mise en oeuvre des politiques et des stratégies de développement forestier. Elle travaille en collaboration avec le Comité national de protection de l’environnement, les différents départements ministériels impliqués dans la gestion des ressources forestières, des institutions scientifiques nationales et internationales et des organisations bilatérales et multilatérales. Les ONG tiennent également une place non négligeable.

En 1995, un programme de conservation et d’écodéveloppement de l’aire protégée el Sur, sur l’île de Bioko, a commencé grâce à une ONG espagnole «Asociación Amigos Doñana». Un premier diagnostic de la situation des différentes aires prises en compte dans la loi 8/1988 a été réalisé par le Cabinet de planification forestière du Ministère en charge des forêts en 1996. En 1997, le projet CUREF (Conservation et utilisation rationnelle des écosystèmes forestiers de Guinée équatoriale) a révisé et complété les études antérieures avec des nouvelles informations de terrain et l’interprétation d’images de télédétection. Ainsi, une analyse détaillée a vu le jour concernant les aires considérées critiques pour la conservation de la diversité biologique, le maintien des ressources écologiques et l’approche rationnelle et durable des espèces et écosystèmes forestiers, dont la Caldera de Luba.

Néanmoins, seules deux aires du SNAP ont reçu une réelle attention en matière de protection, de conservation et de gestion. Il s’agit du parc national de Monte Alén (projet ECOFAC de protection et de conservation des écosystèmes forestiers en Afrique centrale) établi en 1996 et de la réserve de la Caldera de Luba. Cette dernière est sous la responsabilité de l’ONG «Asociación Amigos Doñana» pour les activités de conservation, d’éducation et de sensibilisation. Du fait de sa grande richesse biologique, la Caldera de Luba a fait l’objet de nombreuses études par différentes institutions, et notamment, d’un partenariat depuis 1996 entre l’Université nationale de Guinée équatoriale et l’Université d’Arcadie aux États Unis d’Amérique pour un programme de recherche sur les populations de primates.

La réserve scientifique de la Caldera de Luba affecte 7 200 personnes à l’intérieur et dans les villages limitrophes. La principale activité des populations locales est l’agriculture utilisant des méthodes traditionnelles destinées principalement pour la consommation familiale. Il existe également de plantations cacaoyères.

LA GESTION DE LA RéSERVE SCIENTIFIQUE DE LA CALDERA DE LUBA

La gestion des aires protégées est une nouvelle activité en Guinée équatoriale. Néanmoins, des études ont été réalisées dès les années 80, notamment par la coopération espagnole et l’UICN afin d’identifier les zones qui devraient être déclarées protégées, entre autres, la Caldera de Luba pour sa grande richesse biologique. Cet espace fut alors inclus dans la loi n° 8/1988 en tant qu’aire protégée. L’objectif principal de l’aménagement de la réserve de la Caldera de Luba est alors de garantir la conservation de son exceptionnelle richesse biologique et de ses écosystèmes et habitats uniques en Guinée équatoriale. En 1995, l’ONG espagnole “Amigos de Doñana” intervient avec un programme de conservation qui se centre sur la réalisation d’une série d’études sur les espèces d’intérêt biologique, notamment fauniques, la mise en oeuvre d’un programme d’écotourisme, la domestication d’animaux forestiers et l’éducation environnemental.

En 1997, l’ONG présente à l’administration un plan de gestion de l’aire pour discussion. Depuis, l’ONG a réalisé des activités dans le cadre de son programme initial et désire implanter des programmes de sensibilisation sur la conservation des tortues, construire des installations pour le développement touristique. Néanmoins, ses activités furent suspendues en 1998.

La Loi n° 4/2000 exige l’élaboration d’un plan directeur pour chaque aire protégée. Il s’agit d’un instrument technique et administratif qui détermine les activités et les mesures de protection complémentaires. Afin d’assurer la participation de la population dans la gestion des aires protégées, la loi cite la création d’un comité de gestion. Le plan provisoire de gestion de la réserve a été présenté par l’ONG “Amigos de Doñana” à l’administration en 1997, néanmoins il n’existe toujours pas de plan directeur comme l’exige la loi. Jusqu’à présent aucun plan d’aménagement n’a été mis en oeuvre en Guinée équatoriale à l’exception de celui du parc national de Monte Alén. Néanmoins, dans le cadre du projet CUREF, un plan provisoire de gestion pour chaque aire protégée a été réalisé. Il s’agit du seul document technique à disposition pour la gestion des aires protégées. Il réalise entre autres, un diagnostic de la zone (état de conservation, problèmes, niveau de connaissance). La gestion inclut les objectifs, le zonage, les infrastructures, les activités prévues, les études et la programmation. Le diagnostic de la réserve scientifique de Caldera de Luba stipule que l’état de conservation y est bon. Il détaille également toutes les activités et pratiques qui ont lieu dans cette zone

Les objectifs du plan de gestion, à part de garantir la conservation de la richesse biologique exceptionnelle de l’aire, sont, entre autres, d’interdire sur toute la côte la construction de routes d’accès à la réserve, réduire la pression des habitations dans toute la réserve, voir son éradication, favoriser la récupération des zones agricoles, délimiter en détail la zone traditionnelle assignée à la population, mettre en place des modalités d’écotourisme compatibles avec la conservation de l’aire et faciliter la collaboration avec d’éventuelles expéditions scientifiques. Un zonage a permis de définir une zone traditionnelle pour les populations, une zone spéciale pour héberger les installations touristiques, une zone ouverte (sentiers d’excursion) et une zone restreinte qui est le reste de la réserve.

Le plan prévoit l’établissement d’un accord avec l’ONG Amigos de Doñana. Les plans de gestion et leurs révisions, devront être approuvés par l’autorité en charge des aires protégées. Il donne à l’organisation une autonomie en matière de réalisation des travaux dans la réserve. Cette ONG a construit des afin de représenter la présence institutionnelle, coordonner les activités, réceptionner les visiteurs, etc. Les activités réalisées servent à localiser et éliminer les constructions de maison, réaliser des patrouilles, rétablir les circuits touristiques, établir de bonnes relations avec les populations et étudier leur participation dans l’écotourisme, promouvoir la recherche scientifique, etc. Des études visent entre autres, à connaître les informations concernant les populations locales, les lieux sacrés, etc.

BILAN ET CONCLUSION

Durant les dernières années, d’importants événements ont eu lieu en faveur de l’utilisation rationnelle, la protection et la conservation des ressources naturelles en Guinée équatoriale, telle que la Loi n° 4/2.000 qui a permis la création du système national d’aires protégées et a instauré les différentes catégories d’aires protégées. La réserve de la Caldera de Luba, en plus de celle de Monte Alén, est la seule ayant fait l’objet d’interventions et d’activités de conservation. Depuis 1995, l’ONG Amigos de Doñana a mis en oeuvre un vaste programme de conservation de la biodiversité centré sur la protection des tortues marines. Néanmoins, le manque d’une institution qui ait la responsabilité de la gestion de la réserve n’a pas permis le bon usage des infrastructures déjà créées et la bonne coordination des activités des différents groupes et institutions qui interviennent dans la zone. Il y a eu au contraire, le développement d’activités inverses aux objectifs de l’aire protégée (comme la capture de tortues).

Les multiples recherches réalisées dans la zone ont permis une meilleure connaissance de la zone, et surtout de sa grande richesse biologique. Néanmoins, toute cette information est dispersée entre les diverses institutions et elle est difficile d’accès. Toutefois, les centres et le bureau construits devraient faciliter l’accès à l’information.

Pour améliorer la situation de la réserve scientifique de la Caldera de Luba, il est nécessaire de rendre fonctionnel l’INDEFOR, responsable de la gestion des aires protégées. Il faudrait également rétablir les accords avec l’ONG Amigos de Doñana ou établir un nouvel accord avec une autre ONG qui ait l’expérience de la zone en matière de gestion et d’élaboration d’un plan directeur. Néanmoins, l’INDEFOR se réserve le droit de contrôle et de supervision des activités de l’ONG. Il faudrait également former un corps spécial de surveillance et de contrôle.

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Le sanctuaire de gorilles de Lossi, République du Congo

Basé sur le travail de Norbert Gami
APFT, Congo

Cette expérience pilote de gestion durable en partenariat de la ressource «gorille» allie la conservation et la participation de la population dans la gestion de ce sanctuaire de gorilles. L’intérêt de la pluridisciplinarité dans le développement durable d’une zone forestière d’Afrique centrale est décrit à travers cet exemple, notamment l’approche anthropologique pour l’établissement et le maintien des partenariats entre les différentes parties intéressées. Cette expérience est encore unique dans la sous-région et mérite des encouragements et adaptations dans d’autres contextes similaires.

SITUATION DU SANCTUAIRE

Le sanctuaire de gorilles de Lossi, d’une superficie de 35 000 ha, se situe dans la région administrative de la Cuvette-Ouest, District de Mbomo, au Nord-Ouest de la République du Congo. Il est localisé à la périphérie du parc national d’Odzala-Kokoua (PNOK). La végétation consiste en une mosaïque de forêts denses semicaducifoliées (7 pour cent de la surface totale), de forêts clairsemées à Marantacées sur terre ferme (66 pour cent), avec une végétation secondaire sur les sites d’anciens villages. La forêt marécageuse représente 26 pour cent de la superficie totale, les savanes arbustives 0,6 pour cent et les bosquets 0,2 pour cent.

Outre les gorilles et les chimpanzés qui ont motivé la création du sanctuaire, la zone est riche en ressources fauniques (éléphants, céphalophes, buffles, etc.). Le site de Lossi présente des conditions exceptionnelles avec une très faible pression de chasse sur les populations de gorilles et de chimpanzés, une forte densité des groupes de gorilles et des zones de forêts périodiquement inondées et d’autres marécageuses, ce qui facilite le suivi de ces groupes.

LE CONTEXTE CONGOLAIS ET LES DIFFéRENTES PARTIES PRENANTES

La création par la population du sanctuaire de gorilles de Lossi a bénéficié d’un contexte juridique favorable à ce genre d’initiative. En effet, à l’époque, le code forestier congolais (Loi n° 16-2000 du 20 novembre 2000) était en pleine révision afin de prendre en compte les aspects relatifs à la gestion participative durable des forêts. Le sanctuaire rentre dans la catégorie des réserves spéciales ayant pour but la protection des communautés caractéristiques de faune (ici Gorilla gorilla gorilla) et des biotopes indispensables à leur survie.

La forêt est officiellement gérée par le Ministère de l’économie forestière, chargé de la pêche et des ressources halieutiques, par l’intermédiaire du Conservateur du PNOK nommé par la Direction des forêts et des aires protégées (DFAP). Le conservateur du sanctuaire s’occupe des relations avec les différentes administrations et il veille à la bonne gestion de la forêt. Sur le terrain, c’est le programme ECOFAC (Programme de conservation et utilisation rationnelle des écosystèmes forestiers d’Afrique centrale), sur financement de l’Union européenne, qui appuie les recherches sur l’habituation des gorilles et l’implication des populations locales. Le programme ECOFAC, œuvre depuis 1992 dans six aires protégées d’Afrique centrale pour une gestion durable des écosystèmes. Il développe une approche participative (ou de gestion en partenariat) impliquant les différents acteurs. Le programme européen APFT (Avenir des peuples des forêts tropicales) a également contribué au processus menant à une cogestion effective du sanctuaire par l’entremise d’un anthropologue. ECOFAC assure pour l’instant le salaire des guides et pisteurs du sanctuaire et propose les aménagements du sanctuaire.

Les populations locales, en particuliers les ayants droit des terres de Lossi qui ont cédé leurs terres à la conservation, se sont constituées en une association des ayants droit traditionnels sur les terres de Lossi (AATL). Elle sera représentée au conseil d’administration afin de prendre part à toutes les décisions liées aux activités de gestion du sanctuaire. Pour le moment, l’association régule l’accès au sanctuaire pour les activités de cueillette et de pêche saisonnière, et elle est chargée de la gestion du site touristique et de l’entretien de la piste d’accès. Il n’y a pas d’ONG dynamique dans la zone avec qui l’AATL pourrait collaborer. Trois villages (Lengui-lengui, Ombo et Mouangui) sont actuellement concernés par le sanctuaire de gorilles de Lossi.

L’EXPéRIENCE DU SANCTUAIRE DE GORILLES DE LOSSI

Depuis 1992, une expérience sur l’habituation des gorilles de plaine à la présence humaine se déroule dans la forêt de Lossi. Deux groupes de gorilles ont été habitués à la présence humaine par deux primatologues, ce qui a constitué la principale motivation de la population locale pour la création d’un sanctuaire dont l’objectif premier est le tourisme de vision. La population a adressé une lettre de motivation pour le classement de cette zone forestière en sanctuaire au Ministre de l’économie forestière. ECOFAC a sollicité auprès du projet APFT, la réalisation d’une expertise anthropologique de faisabilité de ce sanctuaire. Cette étude a permis d’une part de déterminer les lignages et les familles ayant des terres sur le site et d’autre part de les structurer en associations. Elle a également aidé à finaliser les statuts et règlements intérieurs du sanctuaire et de l’association et à légitimer les accords. Cet encadrement a permis de conseiller la population pour la mise en place d’activités communautaires. L’expertise de faisabilité a révélé le besoin de la population d’exploiter de façon saisonnière certaines ressources forestières, en particulier les PFNL.

Le Décret officiel de création du sanctuaire de gorilles a été signé par le Gouvernement congolais le 10 mai 2001. Il montre clairement la volonté des autorités de mettre en place une gestion des ressources naturelles en partenariat avec les populations locales. Ce décret confirme la délimitation de l’aire protégée telle que voulue par les ayants droit des terres de Lossi, en tenant compte de leurs besoins en exploitation des ressources naturelles et des préoccupations à la fois des chercheurs primatologues, du programme ECOFAC et du Ministère en charge des forêts pour la conservation de la biodiversité du site, en particulier des gorilles (espèce intégralement protégée au Congo). L’aménagement du sanctuaire a cependant été initié dès 1994 à des fins de tourisme de vision et de récréation, avec les caractéristiques suivantes:

Cette expérience pilote se caractérise d’une part par le fait que les ayants droits ont décidé de céder les terres ancestrales pour créer ce sanctuaire et d’autre part, par leur implication dans la gestion du sanctuaire de gorilles afin de bénéficier des retombées financières générées par l’écotourisme. Ces revenus sont utilisés dans la réalisation d’actions communautaires. Le dénombrement des ayants droits qui détenaient des droits coutumiers sur les terres de Lossi a été réalisé en 1996. La délimitation de la zone a été entreprise la même année par la population, encadrée par l’anthropologue de l’APFT et bénéficiant de l’appui des chercheurs primatologues et du chef de composante ECOFAC-Congo. La technique du participatory mapping (cartographie participative)a permis aux ayants droit de délimiter la zone à classer en sanctuaire tout en se réservant une grande zone pour les activités de subsistance. Le plan directeur d’aménagement du sanctuaire a été préparé en 2000, avec pour objectifs d’évaluer les différentes ressources, d’identifier et d’évaluer l’importance et l’impact des différentes formes d’exploitation villageoise sur ces ressources, d’évaluer les contraintes de développement auxquelles sera confronté le sanctuaire et évaluer les impacts potentiels des actions d’une exploitation forestière périphérique sur les ressources du sanctuaire.

Un inventaire des ressources faunistiques et floristiques ainsi qu’un recensement des activités humaines, ont alors été entrepris. Pour la collecte et l’analyse des données d’inventaire, le «cybertracker», nouvel outil informatique, a été utilisé. Ce système utilise un ordinateur de poche, le «palm pilot», couplé à un GPS pour la collecte des données sur le terrain et un système de transfert automatique des données de l’ordinateur de poche vers la banque de données d’un ordinateur PC. Le cybertracker permet la cartographie et l’exportation des données en format Excel, soit pour effectuer un traitement statistique soit pour les représenter dans un SIG plus puissant. Ce travail a permis d’obtenir les indices d’abondance pour la faune, l’activité humaine et les arbres ayant une valeur fruitière, commerciale ou médicinale, etc. Ainsi, les zones d’activités villageoises dans le sanctuaire ont été cartographiées afin de mieux réfléchir avec les différents partenaires sur les différentes modalités de gestion.

Des propositions d’aménagement et de gestion ont été faites dans le plan d’aménagement: enregistrement des ayants droit pratiquant des activités dans le sanctuaire au bureau de l’AATL et au camp de base, refoulement ou interpellation de toute personne dans le sanctuaire avec une arme ou des marchandises illégales, établissement d’un calendrier des prélèvements et d’une rotation des zones de pêche, établissement d’un calendrier des prélèvements et d’une rotation des zones de cueillette. En matière de conservation, certaines mesures sont prévues comme la création d’une zone tampon en périphérie du sanctuaire. De plus, le sanctuaire est purgé de tout droit d’usage. Toutefois, des dérogations sont accordées aux ayants droit des terres de Lossi pour certaines utilisations qui n’ont pas d’impact négatif sur les gorilles. Aucune autorisation d’exploitation forestière, minière et agricole ne peut être attribuée dans le sanctuaire. L’AATL est chargée de la sensibilisation des autres populations et de l’auto surveillance des activités de braconnage.

L’association a construit deux cases touristiques et une salle de restauration pour les touristes. Elle est chargée de la gestion du site touristique, et les revenus générés par cette activité reviennent directement à l’AATL. La communauté villageoise au sens large entretient une partie de la piste d’accès au sanctuaire. C’est une condition pour être choisi comme membre du portage des bagages des touristes du village au sanctuaire. Cinq pisteurs locaux ont également été formés et d’eux d’entre eux exportent leur expérience au Gabon.

La surveillance du sanctuaire est une préoccupation majeure des différents partenaires. Le plan directeur d’aménagement prévoit deux équipes placées aux deux entrées principales du sanctuaire, deux ou trois équipes mobiles et un chef de volet surveillance chargé de l’organisation de la lutte antibraconnage.

L’AATL a mobilisé en 2000 les habitants des trois villages riverains au sanctuaire pour participer au transport de l’eau et à la fabrication des briques pour la construction du dispensaire. Un agent de santé a été formé avec l’appui du programme ECOFAC

BILAN ET CONCLUSION

Le modèle du sanctuaire de Lossi est intéressant car il allie conservation et participation de la population. Il a pu être mis en place grâce à une législation forestière et une volonté politique visant à encourager l’implication des populations dans la gestion durable des ressources forestières. Il faut également souligner la grande motivation des populations forestières, ainsi que le dialogue et la compréhension mutuelle entre les différentes parties intéressées. La réussite de ce programme tient également au fait que la zone du sanctuaire est située très loin des finages villageois et n’empiète pas sur les terroirs agricoles et de chasse. De plus, il existe un «produit gorille» concret aux yeux des populations et vendable sur le plan touristique, et un slogan a été inventé: «un animal vivant rapporte plus qu’un animal mort».

Le maintien de l’anthropologue sur le terrain a permis de mieux comprendre les différents conflits d’intérêt. Actuellement, l’AATL gère elle-même certains conflits. De plus, l’expertise de faisabilité anthropologique a identifié le groupe cible, c’est-à-dire les vrais propriétaires fonciers, «ayants droit» des terres sur lesquelles le sanctuaire est érigé.

Afin que la gestion forestière soit profitable à toutes les parties prenantes, l’équipe de démarrage du processus doit comprendre les principaux acteurs concernés. Le cadre de concertation doit également inclure tous les intéressés. Il faut un facilitateur qui coordonne les activités entre les différentes parties. Il doit exister un protocole d’accord de gestion définissant clairement non seulement les droits et devoirs de chaque partie, mais aussi les modalités clairement définies de la répartition des bénéfices générés par la ressource gérée en commun. Les représentants de la communauté villageoise doivent participer aux réunions de classement de l’aire protégée. Il faut amener les autorités politiques et administratives à signer et publier le décret de création de la zone mise en conservation pour la sécuriser. Cette base juridique permet ainsi aux parties prenantes de faire valoir leurs droits en justice en cas de litige avec toute exploitation illégale de la zone par une tierce personne.

Certains éléments peuvent être adaptés et appliqués dans d’autres forêts à vocation de conservation:

Néanmoins, l’AATL n’a pas encore pu prendre son autonomie et elle a toujours besoin de l’appui technique et financier du programme ECOFAC. Les échanges d’expériences entre l’AATL et les autres projets dans le pays et les associations œuvrant dans la sous-région sont rares. Il est nécessaire de mettre rapidement en place un comité de concertation et de gestion et la signature de l’accord de gestion entre l’AATL et les autres parties prenantes. Il faudrait également que les autres parties aient la volonté d’appuyer l’AATL dans son émancipation et surtout dans la recherche de financements complémentaires.

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FORêTS COMMUNAUTAIRES

La zone de Campo-Ma’an, Cameroun

Basé sur le travail de Guillaume Akogo
Campo-Ma’an, Cameroun

Cet exemple illustre les efforts réalisés pour concilier un objectif de conservation de la biodiversité avec une utilisation rationnelle et durable des ressources naturelles et le développement économique de la zone de Campo-Ma’an. Ces trois objectifs tentent d’être atteints en impliquant tous les intervenants, notamment les populations locales et les acteurs économiques de la zone (exploitants forestiers et agroindustriels). La création d’une unité technique opérationnelle permet une meilleure coordination des affectations des terres à ces fins diverses: le parc national de Campo-Ma’an, les unités forestières d’aménagement et la zone à utilisations multiples.

DESCRIPTION DE LA FORêT

L’unité technique opérationnelle (UTO) de Campo-Ma’an, d’une superficie d’environ 770 000 ha, appartient à l’Etat et se situe à l’extrême Sud-Ouest du Cameroun sur trois départements: le département de l’Océan, de la vallée du Ntem et de la Mvila. La région de Campo-Ma’an fait partie d’un des grands centres de la biodiversité africaine et possède une richesse biologique unique, avec une flore dense et diversifiée (plus de 1 500 espèces de plantes). C’est une zone de transition entre la forêt atlantique du sud et celle du nord. Elle contient beaucoup d’espèces qui atteignent soit leur limite nord, soit leur limite sud de distribution. Il existe également de nombreuses espèces endémiques (45 espèces) ou rares. La forte présence de l’azobé montre la présence de l’homme par le passé. L’UTO inclut plusieurs écosystèmes composés d’une vingtaine de différents types de végétation qui varient de la côte vers l’intérieur. La faune mammalienne de l’UTO fait partie de la faune de la forêt guinéo-congolaise de basse altitude. Quatre-vingt espèces de mammifères moyens et grands sont présentes (éléphants, buffles, gorilles, chimpanzés, panthères, pangolins géants, etc.). L’UTO héberge 18 espèces de primates et constitue un important refuge pour le gorille de plaine. Le parc national de Campo-Ma’an (PNCM) et sa zone périphérique constituent le seul endroit au Cameroun où le mandrill et son habitat bénéficient d’un statut de protection. Outre son importance écologique, cette région a de grandes potentialités économiques, culturelles et scientifiques.

LE CONTEXTE CAMEROUNAIS EN MATIèRE DE GESTION FORESTIèRE

Le cadre légal et institutionnel camerounais montre l’engagement du gouvernement en matière de conservation de la biodiversité ainsi que la signature et/ou la ratification de multiples conventions internationales bilatérales et multilatérales, arrêtés ministériels et accords de coopération. La gestion des forêts au Cameroun est réglementée par la Loi nº94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche et son Décret d’application nº95/531/PM du 23 août 1995. Le zonage du Cameroun méridional est guidé par le plan de zonage du Sud Cameroun selon le Décret Nº95/678/PM du 18 décembre 1995.

Le document «Organisation des forêts de production du Cameroun méridional, rapport général» du MINEF (Ministère de l’environnement et des forêts) en 1995, subdivise les forêts de production proposées dans le plan de zonage en UFA (unités forestières d’aménagement). La Décision n° 0108/D/MINEF/ du 9 février 1998, portant application des normes d’intervention en milieu forestier en République du Cameroun, régit les méthodes d’exploitation et les mesures à prendre pour la protection de l’environnement. L’arrêté N° 0222/A/MINEF du 23 mai 2001 fixe les procédures d’élaboration, d’approbation, de suivi et de contrôle de la mise en œuvre des plans d’aménagement des forêts de production du domaine forestier permanent.

Les parcs nationaux du Cameroun sont régis par le Décret n° 95-466-PM du 20/07/1995 fixant les modalités d’application du régime de la faune. Pour le domaine public maritime, l’Ordonnance n° 74-2 du 6 juillet 1974 définit le domaine public naturel maritime comme faisant partie du domaine privé de l’Etat. Les tortues marines (présentes dans la zone côtière de l’UTO) sont protégées par l’Arrêté n° 1954/A/MINTOUR/DFAP/SC du 16 décembre 1991.

L’UTO Campo-Ma’an est actuellement subdivisée en plusieurs affectations: le PNCM, les forêts de production (UFA) et la zone à utilisations multiples (zone tampon) dédiée aux activités villageoises, aux propriétés privées et aux plantations agroindustrielles. Le PNCM ainsi que les UFA font partie du domaine forestier permanent privé de l’état. La zone à utilisations multiples est dans le domaine non-permanent. Le caractère permanent fait référence à des terres définitivement affectées à la forêt ou à l’habitat de la faune. Chaque forêt permanente doit faire l’objet d’un plan d’aménagement. Le Cameroun a pour objectif de classer dans le domaine permanent 30 pour cent de la superficie totale du territoire national.

L’UTO de Campo-Ma’an est une structure de gestion décentralisée du MINEF qui, d’une part, procure l’assistance technique aux populations et d’autre part, a la responsabilité de l’aménagement de la forêt. Elle est chargée de superviser la création du PNCM, assurer sa gestion, développer un processus de gestion durable des ressources forestières et fauniques dans la zone tampon, développer un processus d’aménagement et de conservation de la zone côtière de l’UTO, promouvoir la participation des communautés locales à la gestion, coordonner les actions de police forestière et de chasse et faciliter les activités d’écotourisme.

Le délégué départemental du MINEF de l’Océan exerce les fonctions de Conservateur de l’UTO. Il est appuyé par le délégué départemental du MINEF de la Vallée du Ntem. Les chefs des postes forestiers sont les agents d’exécution sur le terrain. Le comité de gestion, comprenant l’Etat, les exploitants forestiers et les populations riveraines, examine et approuve les PTA (plans de travail annuels). Il est chargé de la planification, du suivi et de l’évaluation des activités de l’UTO. Il était également prévu qu’un comité local de suivi du site (CLSS) composé de représentants de toutes les parties prenantes du site de L’UTO serait formé.

Le projet est principalement financé par la coopération néerlandaise (SNV) par l’entremise du programme GEF biodiversité (Global Environment Facility) de la Banque mondiale. La Fondation d’environnement et de développement au Cameroun (FEDEC) assurera le financement de certaines activités relatives à la conservation du parc national. Actuellement, le fonds provient de compagnies pétrolières. En effet, le PNCM fait partie des mesures compensatoires du projet d’oléoduc Tchad-Cameroun.

LA GESTION DE LA ZONE FORESTIèRE DE CAMPO-MA’AN ET DE SES DIFFéRENTES AFFECTATIONS

Le projet d’aménagement et de conservation de la biodiversité de Campo-Ma’an (PACBCM) a commencé en 1996 sous la tutelle du MINEF. Il bénéficie de l’appui technique de deux agences d’exécution néerlandaises: la Fondation Tropenbos Internationale (TBI) et la SNV. Le projet a débuté ses activités sur le terrain en 1997 et l’UTO de Campo-Ma’an a été créée en 1999 avec pour objectifs de conserver la biodiversité, utiliser les ressources naturelles de manière rationnelle et durable et contribuer au développement économique de la zone. Ces trois objectifs devront être réalisés en cherchant à impliquer tous les intervenants de l’UTO, notamment les populations locales et les acteurs économiques de la zone (exploitants forestiers, les agroindustriels). La création de l’UTO permet une meilleure vue d’ensemble de toute la zone, de manière à mieux coordonner les différentes affectations des terres: le PNCM, les UFA et la zone à utilisations multiples.

Le parc national de Campo-Ma’an

La stratégie d’intervention pour la gestion et la conservation du PNCM s’articulera autour de nombreux points: entre autres, élaboration et mise en œuvre du plan d’aménagement, mise en place d’une structure légale de gestion du parc national, renforcement des structures du MINEF pour un contrôle efficace, implication des exploitants forestiers et des industriels dans la gestion de la biodiversité dans leurs concessions limitrophes du PNCM, promotion de l’écotourisme, mise en place de zones de chasse communautaire hors du parc national, sensibilisation et éducation des populations de l’UTO, etc.

Les Unités forestières d’aménagement

Les UFA sont quant à elles attribuées à un exploitant tout d’abord selon une convention provisoire de trois ans. Durant cette période, le concessionnaire doit élaborer un plan d’aménagement sur 30 ans. Suite à l’approbation du plan d’aménagement par l’administration forestière, une convention d’exploitation d’une durée de 15 ans renouvelable est alors signée entre le concessionnaire et le MINEF. Deux UFA sont entièrement localisées à l’intérieur de l’UTO tandis que d’autres ne le sont que partiellement. Une étude d’impact environnementale (EIE) a été entreprise fin 2000-début 2001 comme préalable à la mise en exploitation de l’une des UFA. Outre la production de produits ligneux et non ligneux, il existe d’autres potentialités dans les UFA: certification, création d’emploi, perception de taxes par l’état et de redevances versées à la population, séquestration du carbone, etc.

La stratégie concernant l’aménagement et l’exploitation des UFA est d’établir un vrai partenariat entre les exploitants forestiers, le MINEF, la population locale et les ONG actives dans la zone. Les concessionnaires seront fortement encourager à obtenir la certification de leurs UFA. Le MINEF devra toutefois assurer un suivi et un contrôle efficaces des exploitations forestières. Les populations locales seront impliquées dans l’élaboration et la mise en œuvre des plans d’aménagement et obtiendront les redevances forestières. D’autres mesures seront prises comme la fermeture des routes forestières à la fin de l’exploitation, la promotion de l’élevage, le soutien des microprojets de développement, la création de comités paysans forêts dans les villages autours des UFA, etc.

La zone à utilisations multiples

Parfois appelée zone agroforestière, cette zone est principalement dédiée aux activités humaines, comme les plantations industrielles sur 61 339 ha. La concession d’HEVECAM (41 339 ha) a mis en place des mesures de protection dans les zones à écologie fragile. L’usine, au centre de la concession, est pourvue d’une série de bassins de sédimentation visant à épurer les eaux de rejets et recueillir les déchets solides. La plupart des plantations ont plus de 20 ans et doivent être renouvelées pour assurer une production suffisante. SOCAPALM (20 000 ha) a une usine produisant environ 26 000 tonnes par an d’huile de palme. Les plantations devraient être prochainement rajeunies afin de conserver un niveau de production rentable. SOCAPALM est intéressée à fournir un appui technique aux petits planteurs locaux et d’acheter leurs productions. SOCAPALM gère également un troupeau de bovins trypanotolérants qui participent au nettoyage en broutant sous les plantations et au transport des régimes de fruits. Un certain nombre de tête abattu chaque année permet la vente de viande aux ouvriers. Les principales potentialités des plantations industrielles sont la création d’emploi, l’élevage sous plantation, la constitution d’un marché à proximité des villages, etc. La stratégie d’intervention dans ces plantations est alors d’impliquer davantage les populations locales dans la production d’hévéas ou de palmiers à l’huile par la promotion des plantations villageoises avec un appui technique des industriels. Par ailleurs, il faut s’assurer que la pollution industrielle est parfaitement contrôlée.

La zone villageoise est située le long des routes sur 216 701 ha. Sur cinq km à partir de l’axe routier, se trouvent tout d’abord les jardins de case derrière les habitations, puis les cultures de rente et enfin une bande de terre arborée. Le système d’agriculture itinérante sur brûlis est le plus utilisé. Le petit élevage est peu développé. La chasse, la pêche et la collecte de PFNL sont pratiquées en forêt et dans cette bande agroforestière. Les potentialités de la zone villageoise sont, entre autres, l’existence de marchés en mesure d’absorber les produits agricoles locaux, la possibilité d’exploitation des forêts communautaires, etc. La stratégie pour le développement de cette zone sera de stimuler une meilleure organisation de la population et de développer des outils de gestion des ressources, faciliter la création de forêt communautaire, améliorer les circuits de commercialisation des produits agricoles, promouvoir la création de marchés, appuyer la création de zones de chasse communautaire, combattre la chasse et la pêche illégales, etc.

La zone du domaine public naturel maritime a pour activités la pêche artisanale par les populations locales et la pêche semiindustrielle ou industrielle par des étrangers. Le tourisme, notamment l’exploitation des plages par les villageois et l’écotourisme basé sur les tortues marines, sont pratiqués dans ce domaine. Les potentialités de cette zone sont, outre les plages et les tortues marines, les ressources halieutiques qui sont les principales sources d’alimentation et de revenus pour les populations locales. Pour assurer un développement durable de ce domaine, il faut préserver la bande de protection maritime et proscrire toute infrastructure immobilière dans cette zone. La stratégie d’intervention sera alors d’élaborer et mettre en œuvre un plan d’aménagement, de créer une réserve côtière pour la reproduction de la faune et le développement de l’écotourisme, d’encourager la participation des communautés locales à la promotion de l’écotourisme, etc.

A l’échelle globale de l’UTO

Il existe de nombreuses potentialités liées à la proximité de grandes villes (Douala et Yaoundé) qui disposent d’un aéroport international, et à un accès facile, ce qui favorise le développement touristique. Le PNCM offre des possibilités de développement touristique et de recherche scientifique grâce à sa diversité biologique exceptionnelle et ses sites touristiques spectaculaires. L’existence d’un réseau hydrographique important présente un intérêt pour la pêche en rivière et le tourisme. Les redevances issues de l’exploitation forestière, directement versées aux collectivités locales offrent des possibilités de développement socioéconomique de la zone. Les grandes sociétés agroindustrielles, outre les possibilités d’emplois qu’elles procurent, constituent un marché important pour les produits agricoles alimentaires. Elles permettent aussi d’absorber la production des petits planteurs d’hévéa ou de palmier à l’huile. Une des stratégies d’intervention au niveau de l’UTO est le renforcement organisationnel et le développement institutionnel. La mise en place d’organisations locales d’appui sera stimulée. L’appui institutionnel aux partenaires locaux doit occuper une place prépondérante dans les stratégies d’intervention. Il faut également se servir de l’expérience d’autres projets ainsi que favoriser la collaboration entre les principaux intervenants. Au niveau touristique, l’exploitation de la zone peut constituer un moteur pour le développement rural et la conservation des ressources naturelles. Il faudra alors réaliser un appui organisationnel et institutionnel aux villages et à l’office de tourisme municipal de Kribi, former des guides, stimuler la création des comités de tourisme, etc.

La chasse constitue à la fois une activité de subsistance et de commerce pour les populations et par conséquent, la pression de chasse est très forte. Il est alors nécessaire de créer des zones villageoises de chasse contrôlée en dehors du PNCM et de gérer la faune sur l’ensemble de l’UTO. Il est important de fournir aux populations les outils nécessaires leur permettant de participer activement à la gestion de l’UTO. De plus, il est primordial que les conditions de vie des populations s’améliorent. Elles doivent tirer des bénéfices tangibles en participant directement à la gestion du parc et des différentes activités développées dans l’UTO.

La gestion des différentes zones de l’UTO et l’efficacité des mesures seront des objets d’études et dont les résultats seront utilisés par la structure de gestion. Celle –ci sera responsable d’élaborer un programme de recherche. Une collaboration structurelle avec la station de l’IRAD (Institut de recherche agronomique pour le développement) à Kribi sera envisagée. Une station de recherche satellite sera créée à proximité du parc afin de mener à bien les études écologiques et forestières.

BILAN ET CONCLUSION

Au niveau global de l’UTO, le contexte actuel présente quelques contraintes. Il existe en effet un manque de coordination entre les délégations départementales. Les faibles moyens en ressources humaines et en équipement pour gérer l’UTO se font également sentir au niveau de la délégation provinciale. Les budgets alloués à l’UTO sont insuffisants. La lourdeur des procédures administratives ne favorise pas son bon fonctionnement. Il faut également signaler le mauvais état des routes et la quasi-absence des moyens de transport. Le faible niveau d’organisation de la population locale est également un frein au développement de la zone. De plus, une proportion importante de la population est habituée depuis plusieurs générations à prélever dans le milieu naturel ce dont elle a besoin pour sa survie, notamment le gibier, sans se soucier du renouvellement de la ressource.

Les principales contraintes qui pèsent sur le PNCM sont l’insuffisance des ressources humaines et financières, les activités industrielles à la périphérie immédiate du parc, les activités illégales, le manque de retombées financières directes pour les populations locales riveraines, la faible acceptation de l’existence du PNCM par ces mêmes populations, etc. Au niveau des UFA, il existe également des problèmes dont les principales sont les effectifs réduits du MINEF sous-équipés pour le suivi et contrôle de ces zones. Dans les plantations industrielles, les principales contraintes sont le risque d’extension des plantations à l’intérieur d’une zone agroforestière déjà restreinte, le risque de pollution des cours d’eau et le braconnage par les ouvriers. La zone villageoise présente également des contraintes liées à la faible fertilité des sols, au vieillissement des plantations cacaoyères, au matériel peu performant, au faible niveau d’organisation de la population, etc. Les contraintes qui gênent le développement touristique de la zone sont la faible coordination des acteurs, le manque d’organisations villageoises et leurs faibles connaissances techniques. Les communautés ne retirent pas de revenus substantiels de cette activité. Les tracasseries administratives ont un effet dissuasif sur les touristes. Les infrastructures d’accueil sont peu développées et les sites touristiques intéressants enclavés et non aménagés. La pression industrielle sur la côte est importante, surtout pour l’exploitation et le transport du pétrole. Le domaine public maritime subit la capture des tortues marines et le ramassage de leurs œufs. Les chalutiers présents dans la zone côtière diminuent les ressources halieutiques. A cela il faut ajouter l’urbanisation de la bande côtière et le risque de pollutions liées au développement industriel.

La forêt de Kilum Ijim, Cameroun

Basé sur le travail de Christian Asanga
Kilum-Ijim project, Cameroun

L’aménagement de la forêt de Kilum Ijim constitue un exemple d’établissement et de maintien de partenariats réussis pour la conservation et l’utilisation durable des ressources naturelles. Le succès de la foresterie communautaire comme stratégie de conservation de la biodiversité est la convergence d’intérêts entre la population locale et la communauté internationale pour la conservation. Dans une telle situation, un partenariat peut être développé pour établir un système de gestion forestière dans lequel les objectifs de toutes les parties prenantes sont largement remplis.

DESCRIPTION DE LA FORêT DE KILUM IJIM

La forêt de Kilum-Ijim est une forêt naturelle dense humide de montagne appartenant à l’état, d’une superficie d’environ 20 000 ha, située dans la province du Nord-Ouest (Hautes terres de Bamenda) dans la division administrative de Bui. Durant les dernières décennies, les forêts centrafricaines ont subi un taux de dégradation sans précédent. La forêt de Kilum-Ijim est l’une des forêts de montagne restantes parmi les plus significatives d’Afrique centrale. Le mont Kilum, à 3 011 m d’altitude et la crête Ilim constituent un centre d’endémie important et un hotspot pour la conservation de la biodiversité. Il existe 11 types de végétation principale dans cette forêt, entre autres, des forêts de Podocarpus latifolius/Prunus africana/Rapanea melanophloeos aux plus hautes altitudes, des forêts à Adenocarpus mannii, Hypericum revolutum et Gnidia glauca, des forêts de montagne, des forêts secondaires, des formations herbeuses régulièrement brûlées par les pasteurs, etc. La forêt contient également de nombreuses espèces endémiques de faune (notamment des oiseaux et des amphibiens) et de flore. On peut y rencontrer également des éléphants, des buffles, des antilopes, etc. Cette forêt revêt un rôle important dans la régulation des eaux et elle a, de plus, une valeur culturelle et spirituelle importante pour la population locale.

LE CONTEXTE CAMEROUNAIS ET LES DIFFéRENTES PARTIES PRENANTES

Depuis l’indépendance, le Gouvernement camerounais a appliqué des mesures conventionnelles de protection des ressources naturelles en créant un réseau de réserves forestières (et autres formes d’aires protégées). Néanmoins, les résultats ne furent pas ceux escomptés. Ainsi, durant la dernière décennie, l’intérêt a grandi en matière de participation communautaire dans la gestion des ressources naturelles. A travers la nouvelle loi forestière de 1994, il existe maintenant une politique permettant de décentraliser le pouvoir de gestion vers les communautés. Une forêt communautaire (FC) est une forêt bénéficiant d’un accord de gestion entre la communauté villageoise et l’administration forestière. Les produits forestiers appartiennent à alors la communauté villageoise. De nombreuses organisations bilatérales, ONG internationales et locales, travaillent à différents niveaux avec le gouvernement et les populations locales, afin de promouvoir les partenariats dans la gestion participative des ressources naturelles.

La gestion de la forêt de Kilum-Ijim fait intervenir trois principales parties: les autorités traditionnelles (représentées par les Fon, Kwifon et les chefs des villages), les communautés locales (représentées par les groupes d’utilisateurs) et le Gouvernement (à travers le MINEF). Les autorités traditionnelles ont pour rôle de coordonner les activités des groupes d’utilisateurs et de résoudre les conflits. Les populations utilisent cette forêt depuis longtemps pour produire une large variété de produits (bois de feu, médicaments, viande de brousse, matériaux de construction). Les Fon sont les leaders traditionnels d’un groupe ethnique (Fondom) et les Kwifon représentent le conseil des Fons. Trois Fondoms couvrent la forêt de Kilum-Ijim (Nso, Oku, Kom). La forêt de Kilum-Ijim est gérée par 18 comités villageois assurant chacun la gestion de différentes portions de forêt. Les comités villageois sont étroitement associés aux chefferies traditionnelles détentrices du pouvoir coutumier. Le gouvernement joue également ces rôles en plus de celui de créer l’environnement législatif et technique adéquat pour

la foresterie communautaire. Une unité technique opérationnelle (UTO) représentant l’administration forestière procure l’assistance technique aux populations et est chargée de gérer la zone centrale de conservation, surveiller la mise en œuvre des plans simples de gestion (PSG) par les communautés et revoir périodiquement tous les accords de gestion. La Fondation pour la conservation des montagnes du Cameroun (CAMCOF) a été établie pour soutenir les activités de conservation.

LA GESTION DE LA FORêT DE KILUM-IJIM

Des actions de conservation de cette forêt ont commencé en 1931 avec la délimitation de la Réserve forestière de la montagne Oku. Un accord fut mis en place entre le conservateur de l’époque et les populations locales concernant certains droits d’usage dans cette réserve. Une étude concernant la chaîne de montagnes de l’Ouest du Cameroun par BirdLife International (à l’époque International Council for Bird Preservation) au début des années 80, a permis l’établissement du projet de conservation et de développement intégré de la zone de Kilum-Ijim en 1987. En 1992, le projet de conservation de la biodiversité de la forêt de montagne Ijim a également été mis en place. Les deux projets ont alors commencé à travailler ensemble pour devenir le projet concernant la forêt de Kilum-Ijim en 1995.

Des travaux ont eu lieu avec les populations adjacentes à la forêt pour négocier les démarcations au-delà desquelles aucune coupe ne sera permise. Des commissions ont ainsi eu lieu avec des représentants des autorités traditionnelles et l’administration, et les limites ont été établies en 1994. Le projet, avec l’aide du MINEF, a établi des FC sur quasiment toute la superficie de la forêt de Kilum-Ijim, avec une zone centrale de conservation (sanctuaire de plantes). Entre 1995 et 2000, les efforts du projet ont concerné les institutions de gestion forestière établies par les communautés locales, dans toutes les étapes d’attribution légale des FC. Les négociations sur les limites accordées aux utilisations sont importantes et prennent en compte les objectifs de conservation du MINEF et ceux d’usages des populations locales. Tous les plans simples de gestion des FC individuelles intègrent les règlements décidés lors des réunions entre le MINEF, les autorités traditionnelles et les représentants des communautés. Actuellement, le projet est dans sa phase finale jusqu’en 2004. Il devrait achever la création de FC sur toute la zone de Kilum-Ijim et appuyer les institutions de gestion forestière durant les premières années. Une structure permanente devra être mise en place (UTO) pour la gestion de la partie centrale de conservation, ainsi qu’un fond permanent pour financer et gérer le programme de surveillance continue écologique et autres activités. Actuellement, huit institutions de gestion forestière (FMI), parmi les 18 au total, sont en cours d’acquisition de leur FC à travers la signature d’accords de gestion avec l’Etat. Cette procédure légale d’attribution devrait être complétée en 2003 pour toutes les communautés.

Il existe deux éléments importants dans le processus de gestion forestière communautaire: l’établissement de FMI et l’appui et le renforcement des capacités de ces institutions pour gérer la forêt à la fois à des fins de conservation et d’utilisation durable des ressources forestières.

Quatre phases ont été identifiées dans le processus de mise en place de gestion forestière communautaire et des cadres de travail ont été développés par le projet pour chacune de ces phases. Le processus d’attribution de FC, long et complexe, a nécessité la mise en place de dispositions intérimaires de gestion afin d’assurer le respect des règles de conservation et les limites imposées avant que les populations ne prennent le contrôle formel de la FC. Les quatre phases identifiées sont les suivantes:

BILAN ET CONCLUSION

Le PSG d’une FC doit être le plus simple possible incluant les opérations essentielles à réaliser. Il doit être réaliste, avec des opérations pouvant être réellement entreprises sur le terrain. Les activités ne doivent pas être coûteuses pour la communauté et les dispositions de financement doivent être définies auparavant. Le plan de gestion est un document de travail flexible qui peut être ajusté. Il doit être participatif avec tous les membres de la communauté.

L’approche utilisée dans cette étude de cas est entièrement participative depuis le début en 1994, jusqu’à l’acquisition légale de la première FC en 2001. L’expérience a montré que le processus participatif doit étudier le rôle des usagers et du personnel de terrain. Les utilisateurs sont impliqués activement à tous les stades de la préparation. Le personnel de terrain doit faciliter le processus de préparation du plan, fournir les conseils techniques, organiser le plan, aider et veiller à la mise en œuvre des opérations et du plan de gestion. De plus, la contribution de la connaissance indigène est très importante dans le processus de gestion forestière communautaire et permet aux communautés de prendre conscience qu’elles sont aptes à le mettre en œuvre.

Le projet a facilité un partenariat entre les communautés, les autorités traditionnelles et le gouvernement. Les communautés sont les principaux gestionnaires, et les autorités traditionnelles et le gouvernement ont un rôle de coordination, de résolution de conflits et d’appui technique et législatif. Il s’agit alors d’une approche à faible risque dans le sens où si un des partenaires échoue dans sa fonction, la probabilité est élevée que les deux autres continuent le processus.

Une des importantes leçons à retenir de cette expérience est l’efficacité du renforcement des capacités en «apprenant en faisant». Bien que des formations soient entreprises, la meilleure façon de développer les capacités est en planifiant et exécutant diverses activités avec les communautés et autres acteurs.

L’application des règles est très importante pour la réussite de la gestion forestière communautaire. Les mécanismes ont été mis en place par les FMI qui traitent et punissent les infractions mineures. Les infractions plus sérieuses sont prises en charge par les autorités traditionnelles et/ou le gouvernement.

Les bénéfices issus de la gestion forestière fournissent des incitations pour une participation entière à la gestion forestière. Néanmoins, le coût de production et de mise en œuvre des plans d’aménagement est élevé en termes financier, humain et matériel. Bien que les communautés réalisent un énorme travail sur une base volontaire, elles ne peuvent pas subvenir au coût des aspects plus techniques. Des partenariats pour des mécanismes permanents de financement sont essentiels pour rendre l’aménagement durable. De plus, le personnel du MINEF manque pour la plupart des connaissances nécessaires pour mettre en œuvre le processus. La plus grande contrainte est représentée par les conflits d’intérêt. En effet, les intérêts de ceux ayant des vues à court terme ne sont pas remplis dans le processus de gestion forestière (comme par exemple les élites et les officiels locaux corrompus qui souhaitent des revenus à court terme). Les communautés sont sans recours face à ces personnes qui ont le pouvoir d’influencer certaines autorités. Une solution immédiate à ce problème n’a pas pu être trouvée.

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La forêt communautaire de la coopérative agroforestière de la Trinationale (CAFT), Cameroun

Basé sur le travail de André Pa’ah
CAFT, Cameroun

Exemple intéressant de forêt communautaire à utilisations multiples (sanctuaire pour primates et production de bois d’œuvre) offrant une richesse biologique importante et des communautés villageoises engagées dans le processus de gestion participative des ressources naturelles via l’acquisition d’une forêt communautaire. La création de la CAFT montre la prise de conscience de ces communautés des opportunités offertes par l’aménagement forestier.

DESCRIPTION DE LA FORêT

Il s’agit d’une forêt humide naturelle dense sempervirente (17 970 ha) appartenant à neuf associations villageoises dans le Sud du Cameroun (arrondissement de Ngoyla). La diversité spécifique y est importante, avec des essences variées (moabi, ayous, tali, sapeli, azobé, sipo, etc.) et une flore herbacée également abondante. La pharmacopée traditionnelle est très présente dans cette zone, basée sur l'utilisation de différentes parties végétales (feuilles, fruits, écorces, racines, etc.). La végétation n'y a pas encore subi de fortes perturbations car aucune exploitation forestière industrielle n’a eu lieu dans cette zone.

Les indices biologiques de présence des grands et petits mammifères existent dans toute la zone de Ngoyla (éléphants, panthères, singes, potamochères, reptiles, antilopes, oiseaux, etc.). Certaines clairières accueillent régulièrement de nombreux grands mammifères. La faune sauvage est potentiellement menacée dans cette zone car elle est la seule source en protéines animales pour les populations locales. Cette zone représente un corridor pour le déplacement des grands mammifères entre d’une part, les réserves de faune du Dja et de Nki au Cameroun et d’autre part de Minkebe au Gabon et d’Odzala au Congo.

LE CONTEXTE CAMEROUNAIS ET LA MISE EN PLACE DE LA CAFT

Le Gouvernement du Cameroun a réorienté récemment sa politique de gestion forestière et environnementale grâce à la Loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 dont l’un des objectifs est d’augmenter le degré de participation des populations locales dans la gestion des ressources forestières. Le décret n° 95/531/PM du 23 août 1995 fixe les modalités d’application du régime des forêts. Cette nouvelle politique forestière camerounaise est mise en œuvre et contrôlée par le Ministère de l’environnement et des forêts (MINEF) et l’Office national de développement des forêts (ONADEF). Cependant, plusieurs institutions et organismes (para étatiques, ONG internationales et nationales, projets de conservation et ambassades) soutiennent le Gouvernement comme WWF, UICN, PNUD, FAO, SNV, GTZ, DFID (Department For International Development), la Banque mondiale et l’Union Européenne. Le réseau des ONG locales et associations du Dja (ROLD) joue également un rôle important en établissant un contact direct avec les populations riveraines des forêts de la réserve de biosphère du Dja.

En 1994, le Député suppléant de la zone de Ngoyla a introduit le projet de créer une forêt communautaire (FC) du clan Baabaa. En 1997 et 1998, des tractations ont eu lieu entre les autorités municipales et des exploitants forestiers en vue de l’exploitation des ressources forestières de Ngoyla. Or, conformément au plan de zonage et à la réglementation forestière en vigueur, cette zone était dédiée à l’attribution de FC et non à une exploitation forestière frauduleuse. La SNV Cameroun s’est alors associée à l’OCBB5 (Observatoire de cultures Baka et Bantou) pour sensibiliser les communautés sur les dangers d’une telle exploitation. Des lettres de demande d’assistance de neuf communautés ont ensuite été rédigées pour constituer des dossiers de demande d’attribution de FC. L’OCBB a adressé un dossier de demande de financement du processus d’attribution des FC à l’Ambassade des Pays-Bas au Cameroun et sous l’assistance technique du projet SDDL (Soutien au développement durable dans la zone de Lomié), projet d’écodéveloppement de la SNV. Celui-ci a facilité et développé l’expertise de la mise en place des cinq premières FC dans l’arrondissement de Lomié en 2000.

Les neuf communautés villageoises ont ainsi pris l’engagement de s’impliquer dans la gestion participative des ressources naturelles forestières. Suite à une série de quatre ateliers organisés par l’OCBB, les leaders villageois de ces neuf communautés ont été unanimes sur le fait que seul un regroupement au sein d’une coopérative locale pouvait pallier à plusieurs insuffisances constatées dans le fonctionnement des bureaux des associations des FC. Ainsi, conformément à la loi n° 90/053 du 19 décembre 1990 portant sur les libertés d’association, elles se sont organisées en comités de développement et la CAFT a été créée en 2001 dans le village d’Etekessang. La CAFT a d’une part un rôle d’encadrement des gestionnaires des FC dans la mise en œuvre du plan simple de gestion (PSG), et d’autre part de répartition des bénéfices issus de ces forêts. La CAFT joue également un rôle prépondérant dans la création de “valeurs ajoutées” dans les activités de production et de protection des FC, de manière à assurer une durabilité sociale, économique et écologique dans la zone de Ngoyla.

L’administration forestière est, quant à elle, chargée de l’agrément des documents de gestion, du contrôle sur le terrain des travaux préparatoires et de la mise en œuvre du plan d’aménagement.

LA GESTION DES FORêTS COMMUNAUTAIRES

Le processus d’aménagement des FC vise des utilisations multiples (sanctuaire pour primates et production de bois d’œuvre) et les travaux d’aménagement ont débuté en 2001 (inventaire d’aménagement, inventaire d’exploitation, etc.). Il est basé sur un PSG qui comprend entre autres, le programme d’action quinquennal, le plan d’opération annuel et la planification des microprojets de développement communautaire.

La mise en œuvre du PSG nécessite l’utilisation de différents outils (cartes, Global Positionning system [GPS], etc.) et elle est basée sur une approche participative à tous les niveaux et sur le renforcement des capacités des membres de la communauté à une gestion efficace des ressources forestières. L’OCBB et la SNV ont organisé des séries de formations théoriques et pratiques qui ont concerné, entre autres, les techniques de collecte et de dépouillement des données, de lecture et d’utilisation des cartes, boussoles et GPS, l’interprétation et l’utilisation des données collectées, etc. Le traitement et le classement des informations sont requis dans le cadre légal et réglementaire et pour approbation par l’autorité de tutelle (MINEF) des usages futurs des ressources naturelles et de la redistribution des bénéfices aux membres de la communauté. Les bénéfices sont alors utilisés pour l’amélioration des conditions de vie des populations.

La surface totale de la FC a été sondée à 4 pour cent et cet inventaire d’aménagement a permis d’estimer le potentiel des ressources et leur répartition spatiale. Deux types de sylviculture sont prévus: la plantation d’arbres fruitiers et l’enrichissement de la forêt par des moabis et des manguiers sauvages autour des FC pour les délimiter, et la coupe sélective d’arbres pour libérer les tiges d’avenir. L’abattage des arbres sera orienté pour réduire l’impact sur les tiges d’avenir.

La planification de l’utilisation des ressources naturelles se fait sur 25 ans selon les termes de la convention de gestion signée entre l’administration et les communautés. La rotation et les quantités prélevées tous les cinq ans durant la durée de la convention de gestion ont également été définis. Dans chaque communauté villageoise impliquée, un responsable de gestion assume les responsabilités vis-à-vis du MINEF.

Trois secteurs ont été identifiés dans la forêt de la CAFT: deux secteurs de forêt primaire de part et d’autre du secteur des jachères (ou zone agricole). Leurs limites sont matérialisées, les contrôles internes et externes des prélèvements et des usages dans ces secteurs seront assurés par tous les intervenants. Les infractions commises dans ces secteurs exposent la communauté à la suspension de la FC et parfois à son retrait définitif par le MINEF. La chasse est également réglementée et réservée exclusivement aux membres de la communauté pour l’alimentation quotidienne. Le contrôle est effectué par tous les membres de la communauté sous la supervision des chargés des opérations forestières.

BILAN ET CONCLUSION

La zone de Ngoyla se trouve dans une situation idéale où, d’un coté, il existe une richesse biologique importante, et de l’autre coté, des populations engagées dans le processus de gestion participative des ressources naturelles via l’acquisition de FC. La création de la CAFT montre la prise de conscience des communautés des opportunités offertes par l’aménagement forestier.

Actuellement, la mise en pratique du plan d’aménagement n’est pas totalement effective et nécessite une assistance technique pour le traitement des données. Pour cela, il faudrait renforcer les connaissances en matière de collecte et d’analyse des données, faciliter l’accès à l’information et faciliter l’introduction de technologies modernes de production et de transformation locale des ressources naturelles de manière à créer des richesses localement. Il faudrait également installer un minimum d’infrastructures de communication. Néanmoins, la protection des ressources naturelles par les communautés est quant à elle bien réelle.

Onze autres associations sont en voie d’obtenir des FC (sur environ 22 000 ha) et intégrer la CAFT qui aura alors 40 000 ha de forêt à gérer. Par conséquent, un consensus a eu lieu sur la professionnalisation de certains membres des communautés afin de les impliquer dans les activités de protection et de production, de contrôle de l’exploitation et de transformation locale des ressources naturelles.

La CAFT est encore à ses débuts de gestion des ressources humaines et naturelles et à cet effet, elle a besoin d’une part d’un appui en matière de formation du personnel de la CAFT afin de définir les meilleures stratégies d’approche de gestion et d’administration, et d’autre part, d’un appui technique et financier pour la mise en place des territoires de chasse communautaire ou des zones d’intérêt cynégétique à gestion communautaire afin que les communautés villageoises participent plus efficacement au contrôle et à la conservation de la faune dans la zone de Ngoyla.

BIBLIOGRAPHIE

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Pa’ah, P.A. 1987. Etude Monographique du village Doumzoh dans l’arrondissement de Ngoyla. Cameroun.

La forêt communautaire de Moangue le Bosquet, Cameroun

Basé sur le travail de Antoinette Pa’ah
OCBB, Cameroun

Première forêt communautaire camerounaise dans laquelle la communauté de Pygmées Baka pourra exercer pleinement ses droits et être également responsable de sa gestion.

DESCRIPTION DE LA FORêT DE MOANGUE LE BOSQUET

La forêt communautaire (FC) de Moangue le Bosquet au Cameroun est une forêt dense humide naturelle d’une superficie de 1 808,5 ha qui appartient à l’Etat. Elle se situe à L’Est dans le département du Haut-Nyong, dans le domaine phytogéographique camerouno-congolais, caractérisé par la prédominance d’une forêt dense humide sempervirente de moyenne altitude dite «forêt congolaise». La forêt du Bosquet regorge d’essences exploitables tels que le sapelli, le rikio, le kossipo, le doussié, l’ayous, etc. Dans l’ensemble, la végétation du Bosquet se rapproche plus de celle d’une forêt de transition constituée d’éléments de la forêt sempervirente et d’autres de la forêt décidue. Il existe également des jachères au voisinage des habitats du fait des activités agricoles. La FC de Moangue le Bosquet est également un milieu de vie favorable à une variété d’espèces animales (primates, céphalophes, etc.).

LE CONTEXTE POLITIQUE ET INSTITUTIONNEL AINSI QUE LES DIFFéRENTES PARTIES PRENANTES

Le concept de foresterie communautaire est apparu clairement et officiellement avec la promulgation de la loi n° 94/01 du 20 janvier 1994, portant régime des forêts, de la faune et de la pêche. Cette loi prévoit une participation active des populations locales à la planification de la gestion des forêts, ainsi qu’à la gestion durable des ressources naturelles. Cette politique forestière novatrice vise également la répartition équitable des retombées des activités forestières. Un manuel des procédures d’attribution des FC et les normes de gestion a été publié en avril 1998.

Cette nouvelle politique forestière du Cameroun est mise en œuvre et contrôlée par le Ministère de l’environnement et des forêts (MINEF). Elle est également soutenue par plusieurs organismes nationaux (ONADEF/Office national du développement des forêts) et internationaux (projets de conservation, ambassades, WWF, UICN, PNUD, DFID, GTZ, FAO, SNV, Banque mondiale, Union européenne). Le réseau des organisations non gouvernementales et des associations locales du Dja (ROLD) soutient le gouvernement camerounais et comprend l’OCBB (Observatoire de cultures Baka et Bantou), le CIAD (Centre international d’appui au développement durable), le PERAD (Protection de l’environnement, la recherche et l’appui au développement durable), l’ASBAK (Association des Baka), le CADEF (Comité d’action pour le développement de la femme), le PREVERT (Programme régional pour l’environnement), le CEFDJA (Centre d’études forestières du Dja), la CAFT (Coopérative agroforestière de la Trinationale), l’AJDUR (Association des jeunes pour le développement durable) et la GECEC (Générale d’épargne et crédit de l’Est Cameroun). Ces organismes aident entre autres à la conception d’outils techniques d’aménagement et de sécurisation des ressources forestières, la vulgarisation des textes juridiques, le financement des programmes de conservation de la biodiversité, etc. Néanmoins, bien que la décentralisation devienne une tendance importante de la vision du développement durable du Cameroun, le pouvoir politique demeure largement aux mains de l’élite urbaine et des puissants fonctionnaires administratifs.

Dans l’esprit de la loi n° 90/053 du 19 décembre 1990 portant sur les libertés d’associations, les populations du village de Moangue le Bosquet se sont constituées en association en 1998 dans le cadre du Comité villageois de développement (CVD). Ainsi, la Communauté Baka du Bosquet (COBABO) est le propriétaire et gestionnaire de la FC du Bosquet. Le village compte quatre groupes d’initiative commune (GIC) ayant des vocations de production agricole. La COBABO réussit dans ses activités grâce à un partenariat très développé qu’elle entretient, en plus des structures d’état, avec des ONG, des projets (SDDL/SNV, Projet AAPPEC de la Mission catholique), une Coopérative de crédit et les bailleurs de fonds.

La FC de Moangue le Bosquet est ainsi gérée par une communauté villageoise autochtone, les Baka, première communauté Pygmée du Cameroun, à des fins de sécurisation foncière, de conservation de la biodiversité et de production de bois d’œuvre et de PFNL. La Société néerlandaise de développement (SNV) fournit un appui technique en organisant les communautés villageoises et en assurant la formation, le suivi et l’évaluation du plan d’aménagement. L’administration forestière est chargée de l’agrément des documents de gestion et du contrôle sur le terrain des travaux préparatoires.

L’AMéNAGEMENT DE LA FORêT COMMUNAUTAIRE DE MOANGUE LE BOSQUET

La forêt de Moangue Le Bosquet est la première FC au Cameroun dans laquelle la communauté Baka pourra exercer pleinement ses droits et être également responsable de sa gestion vis-à-vis de l’administration et sans intermédiaire. Cette forêt est pour la COBABO un outil de gestion durable des ressources forestières et un moyen efficace de lutte contre la pauvreté endémique qui caractérise les populations pygmées de cette zone rurale. En effet, les populations Baka du Bosquet sont restées en marge des lois relatives aux associations jusqu’à 1998. De plus, lésées sur le partage des retombées de la redevance forestière versée par un exploitant forestier qui fraudait et bradait alors les arbres de leur forêt, les populations pygmées de Moangue le Bosquet ont alors développé l’idée de la foresterie communautaire comme moyen de protection et de sécurisation de leurs ressources forestières. Cela permettait également de les exploiter eux-mêmes.

Suite aux activités de sensibilisation du CIAD et du projet SDDL/SNV (Projet de soutien au développement durable de Lomié /Organisation néerlandaise de développement), ces populations pygmées ont alors manifesté la volonté de se constituer en GIC. Le projet de la SNV avait alors pour objet de soutenir les communautés vulnérables à travers des activités d’écodéveloppement dans la région de Lomié, notamment dans le village du Bosquet peuplé de 98 pour cent de pygmées Baka. L’appui de ce projet à l’endroit de COBABO a débuté par la facilitation du montage du dossier de demande de FC en 1998, puis par la facilitation du plan simple de gestion (PSG) en 1999. La convention de gestion de la FC entre COBABO et le Gouvernement a été signée en 2000. La facilitation de la mise œuvre du PSG s’est poursuivie depuis 2001 grâce à des formations pratiques sur l’exploitation en régie du bois d’œuvre et sa commercialisation. Les modalités de collaboration furent définies entre le CIAD et l’association AAPPEC (Association pour l’auto promotion des populations de l’Est Cameroun) qui soutenait alors fermement l’idée d’organiser les Baka en groupes de travail. Quatre GIC à vocation de production agricole ont vu le jour au Bosquet.

Le PSG de la FC du Bosquet a été réalisé avec une forte participation des communautés à toutes les étapes du processus. Il comprend entre autres le programme d’action quinquennal et le plan d’opération annuel basé sur les usages des ayant droits et des bénéficiaires des ressources de la forêt.

La COBABO a utilisé une méthodologie basée sur l’approche participative. Une série de réunions et d’ateliers de formation a ainsi été organisée et animée par le SDDL et les autres partenaires de COBABO. Ces formations portaient sur la cartographie, les techniques de collecte et de dépouillement des données socioéconomiques, les techniques de navigation forestière, les techniques d’inventaires multiressources, l’interprétation des données, etc.

Les travaux d’aménagement (inventaire d’aménagement, inventaire d’exploitation) ont débuté en 2000. La communauté a découpé la FC en trois secteurs: 1) la forêt primaire Nord qui servira à l’exploitation artisanale du bois, 2) la zone d’habitat et d’agriculture dont les usages seront l’habitat, l’agriculture et la collecte des PFNL, et 3) la forêt primaire Sud pour l’exploitation artisanale du bois. La FC a été sondée grâce à un sondage multiressources (à 2 pour cent) afin de déterminer le potentiel des ressources forestières et leur répartition spatiale, et un sondage systématique à 100 pour cent pour permettre à la communauté de planifier efficacement l’exploitation des ressources ligneuses et définir ainsi la valeur marchande de la FC.

L’exploitation du bois d’œuvre s’effectue par les villageois à l’aide d’une gruminette. Ce type d’exploitation ne nécessite pas d’engins lourds et donc produit peu de dégâts. La communauté utilisera des techniques d’abattage orienté et d’exploitation en régie. Le bois est essentiellement scié en planches et en lattes. Les volumes de bois exploitables et commercialisables ont été déterminés. Le PSG prévoit une sylviculture basée sur la régénération naturelle, cependant, la communauté plantera des arbres fruitiers sauvages pour améliorer le potentiel de production de la forêt.

La communauté Baka a décidé que seuls les habitants de ce village devront continuer à exercer les droits d’entrée et d’usages dans la forêt. L’ouverture de nouvelles plantations devra faire l’objet d’une concertation entre les agriculteurs, le bureau de COBABO et le chef du village. Dans cette FC, les activités de chasse, pêche, cueillette et de ramassage des PFNL devront faire l’objet d’une autorisation préalable de la communauté. Il est interdit d’ouvrir de nouvelles plantations et de chasser dans les deux secteurs de forêt primaire. Un plan d’exploitation de la faune sauvage et des PFNL a été consigné dans le PSG.

Les revenus tirés de l’exploitation de la forêt contribuent à l’amélioration des conditions de vie des populations par la réalisation d’investissements collectifs.

BILAN ET CONCLUSION

La nouvelle loi forestière du Cameroun a révolutionné les mentalités en matière de gestion des espaces forestiers en favorisant l’implication et la participation de communautés vulnérables dans l’exploitation et la conservation des ressources naturelles dont elles sont riveraines et gardiennes.

Toutes les activités d’aménagement de la FC de Moangue le Bosquet ont connu un grand succès grâce aux multiples appuis techniques, matériels et financiers du projet SDDL/SNV de Lomié. Ce projet a également facilité le développement d’un vaste partenariat dans la région. Le niveau d’appropriation des techniques et méthodes de gestion des ressources forestières a été augmenté à travers la sensibilisation et les formations en vue d’une meilleure sécurisation et exploitation. La communauté Baka s’est lancée dans un programme de formation mobile de l’exploitation en régie. De plus, la compréhension des différentes possibilités d’amélioration des droits d’usage et de contrôle des ressources forestières de leur terroir, a été améliorée ainsi que la connaissance de l’espace forestier.

Les populations du Bosquet se sont totalement impliquées dans la réalisation des travaux d’aménagement de leur forêt. Néanmoins, la complexité de la mentalité et le faible niveau d’instruction des populations Baka ont rendu parfois difficiles les processus de collecte d’information et de la recherche. Mais la participation des Baka du Bosquet aux sessions de formation sur les sujets de foresterie communautaire a permis de trouver les solutions utiles aux insuffisances d’information et de recherche de cette communauté.

Toutefois, nous constatons aujourd’hui qu’il existe beaucoup d’incompréhensions sur la mise en œuvre et le respect du PSG en matière d’exploitation des produits ligneux et de réalisation des projets de développement communautaire du village. Les incompréhensions sont accentuées par la suspension de certaines formes d’exploitation des produits ligneux. De plus, les bénéfices réalisés des ventes du bois subissent aujourd’hui une mauvaise gestion car c’est une seule famille qui semble en tirer profit. Les microprojets communautaires prévus par le PSG n’ont pas connu de démarrage d’activités. Les pratiques de la chasse artisanale et d’exploitation des PFNL n’ont pas encore considérablement changé.

Afin d’améliorer les pratiques actuelles et d’amener toute la communauté Baka à profiter équitablement des revenus et produits de la forêt, il faudrait:

BIBLIOGRAPHIE

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La série pilote de la forêt de Mogroum, République du Tchad

Basé sur le travail de Hamid Taga
Direction des forêts, Tchad

Cette expérience d’aménagement forestier participatif relate l’organisation des populations locales en structures capables d’assurer la gestion de cette forêt: les groupements de gestion forestière. L’approche participative a en effet été reconnue comme l’élément déterminant de la réussite de cet aménagement dont le principal objectif est la production de bois de feu et charbon de bois.

DESCRIPTION DE LA FORêT

La forêt de Mogroum, sur une superficie de 40 000 ha, est une forêt naturelle de transition (dense/claire sèche) de propriété publique. Elle se situe dans le canton de Mogroum au Tchad, à 130 km de N’Djaména, dans une zone de transition entre la zone sahélienne et la zone soudanienne. Ceci confère à la végétation une caractéristique particulière, tant sur la productivité que sur la composition floristique. En effet, de part sa situation entre ces deux domaines bioclimatiques, sa composition floristique offre une large gamme d'espèces végétales. Il existe environ une cinquantaine d’essences ligneuses et une trentaine d'espèces herbacées. Sa végétation est constituée de savanes boisées plus ou moins denses, de savanes arborées et arbustives en plusieurs endroits.

Les sécheresses et le braconnage ont énormément contribué à la régression de la faune de la forêt de Mogroum qui jadis était très riche. Beaucoup d'espèces ont disparu soit par prédation, soit par migration vers des conditions écologiques meilleures. La faune actuelle apparaît comme résiduelle et limitée à quelques gazelles dorcas et surtout à des rongeurs et des singes verts. Parmi les oiseaux gibiers, seuls les canards sont bien représentés en saison des pluies.

LE CONTEXTE TCHADIEN ET LES DIFFéRENTES PARTIES PRENANTES

Le phénomène qui a déclenché la prise de conscience régionale fut les exceptionnelles sécheresses de 1968-1973 et de 1983-1984 qui ont sévi dans le Sahel. La désertification des zones les plus sensibles a entraîné la migration massive des populations vers celles encore relativement propices à une production. Face à ce double défit (désertification et déplacement des populations), les états sahéliens regroupés autour du CILSS (Comité inter états de lutte contre la sécheresse au Sahel) ont adopté lors du séminaire régional de Nouakchott (29 oct.-14 nov. 1984) une stratégie visant à atteindre la préservation du capital foncier et écologique, la réhabilitation de son potentiel de production et la satisfaction des besoins fondamentaux des populations. Le Tchad a alors préparé, avec l'assistance du CILSS et de l'UNSO (Bureau des Nations Unies pour la région soudano-sahélienne), un plan directeur de lutte contre la désertification (PDLCD) adopté en 1989. Cette approche «environnement et développement» avec la participation des populations, s'est poursuivie lors de plusieurs réunions et séminaires organisés dans le pays, et a abouti à la mise en place en 1991 de la cellule technique d'appui (CTA) environnement-développement dont les travaux se sont poursuivis jusqu'à 1994, donnant lieu à la proposition d'une série de programmes et d'un plan d'action couvrant la période 1994-2000. Du fait des retards entraînés par les troubles politico-militaires, le Gouvernement du Tchad a sollicité les Pays-Bas, le PNUD et la FAO, pour le financement de projets dont celui de l'aménagement de la forêt de Mogroum.

La loi n° 36/PR/94 du 3 décembre 1994, portant organisation de la commercialisation et du transport de bois dans les grandes agglomérations et la fiscalité qui lui est applicable, stipule que les forêts appartenant au domaine de l'Etat peuvent faire l'objet d'une cession au profit d'une collectivité, d'une communauté rurale ou villageoise. La nouvelle loi portant régime des forêts, de la faune et de la pêche en voie d'adoption par le parlement, définit le domaine forestier, les modalités d'exploitation des forêts ainsi que les modalités de leur protection. Le plan d'aménagement est élaboré en concertation avec les institutions et les populations concernées et il est approuvé par un arrêté du Ministre chargé des forêts.

Pour stopper les agressions causées aux ressources par les populations (feux, surpâturage, etc.), un aménagement pilote a été mis en place sur une partie de la forêt (7 800 ha) afin d’impliquer et responsabiliser les populations et appliquer un ensemble de techniques permettant une gestion durable des ressources. La forêt de Mogroum appartient officiellement au domaine privé de l'Etat sous réserve des droits coutumiers reconnus aux populations locales. Chacun des trois villages usagers de cette forêt possède son terroir qu'il exploite en vertu des droits d'usage traditionnel, sous l'autorité du chef de village ou du chef de terre. La forêt de Mogroum est placée sous la responsabilité de l'administration forestière. Par contre, l'aménagement de la série pilote est sous la responsabilité du chef traditionnel du canton de Mogroum et celle directe des chefs de village, avec l'aide du service forestier.

FORESTERIE RURALE ET AMéNAGEMENT FORESTIER POUR LA PRODUCTION DE BOIS DE FEU

De 1989 à 1992, la coopération technique hollandaise a financé, à travers la FAO, le projet "Foresterie rurale et aménagement forestier pour la production de bois de feu", dont les objectifs étaient la promotion de la foresterie rurale, l'élaboration de plans d'aménagement des forêts naturelles et la promotion des foyers améliorés. Les préalables à l'aménagement de la série pilote de Mogroum ont commencé en 1990 avec ce projet, qui a rassemblé toutes les informations sur l'environnement politique, institutionnel, socioéconomique et écologique de la forêt. Un pré inventaire de la forêt réalisé en juin 1990 a permis de montrer son faible potentiel pour approvisionner la ville de N’Djaména en bois de feu. C’est ainsi que la superficie est alors passée de 4 000 à 8 000 ha. Le Gouvernement tchadien a ensuite sollicité la FAO pour le financement et l’exécution du projet "Appui au développement de la foresterie rurale" durant six mois en 1993. Le PNUD a ensuite financé le projet "Assistance préparatoire à l'aménagement des forêts naturelles autour de N'Djaména", exécuté également par la FAO de 1993 à juillet 1994. Les interventions de ces deux projets se sont axées surtout sur l'organisation des populations en groupements de gestion forestière et la réalisation de quelques travaux d'exploitation. Ces trois projets constituent la première phase du projet "Foresterie rurale et aménagement forestier pour la production de bois de feu - Phase II" qui visait alors la réalisation du plan d'action prioritaire en matière de protection de l'environnement et de lutte contre la désertification, par l'aménagement sur une base participative et une gestion rationnelle et durable du potentiel forestier du Tchad. L’objectif immédiat était alors de consolider et mettre en œuvre le premier plan d'aménagement participatif de la forêt de Mogroum élaboré en 1992.

La forêt a fait l’objet d’un aménagement participatif sur une série pilote de 7 800 ha par les populations riveraines. Face à l'imprécision de certaines données de base et la faible implication des bénéficiaires, le projet a été obligé de reprendre certains travaux préliminaires (délimitation de la forêt, des terroirs villageois, du parcellaire, etc.) ainsi que l'organisation des populations. Le plan d'aménagement et le plan de gestion de la série pilote de Mogroum s’appuient sur des travaux de terrain tel que l’inventaire systématique au premier degré (taux d'échantillonnage de 2,7 pour cent) des ressources ligneuses. La série pilote a été divisée en placettes carrées systématiquement inventoriées. Le volume total de bois sur pied et de bois commercialisable comme combustible ligneux a été déterminé et les parcelles ont été classées en groupes de reconstitution, de vieillissement et d'éclaircie.

L'exploitation des potentialités fourragères a été également perçue dès le départ comme une donnée incontournable de l'aménagement. Ainsi, pour pallier le déficit fourrager en saison sèche, l'aménagement prévoit avec la participation des groupements villageois de gestion forestière et les groupements d'éleveurs, le développement de techniques d'ensilage et de stockage de l'herbe.

Afin d’obtenir la participation effective de l'ensemble des parties concernées, les outils méthodologiques retenus furent l'interview semistruturée de groupe, individuelle et de personnes ressources. Le profil historique a été également utilisé afin de déterminer les étapes importantes pour la vie du village et ses habitants. Le calendrier des activités a renseigné sur la périodicité des systèmes de production, les temps des travaux, la main d'œuvre, etc. Le diagramme de Venn a permis d'explorer les problèmes organisationnels, les relations entre le village et l'extérieur, etc. L'analyse des problèmes et la recherche des solutions constituent l'étape la plus importante et le préalable à la négociation du contrat engageant les différents acteurs (populations, administration, projet).

Une série de campagnes d'animation, de sensibilisation et de concertation a été menée afin d'expliquer les bienfaits de l'aménagement forestier. Les différentes rencontres ont permis d’expliquer que l'aménagement ne modifiait en rien la propriété villageoise de la terre et que la gestion des ressources forestières profitera directement aux populations concernées organisées en groupements villageois de gestion forestière. Des enquêtes et des études socioéconomiques ont été également menées après ces campagnes. Elles ont conduit à la mise en place de 18 groupements de gestion forestière (dont 4 entièrement féminins) entre 1992 et 1996. Seuls 13 de ces groupements interviennent directement dans l’aménagement de la série pilote, sous l’appellation de Comité de gestion forestière. Les groupements féminins se limitent à la production de plants et à la réalisation de plantations communautaires, à la collecte de bois mort, de graines et fruits. Le plan d’aménagement s’est fait suivant des clauses édictées par les cahiers des charges, fixant les devoirs et droits de chaque partie intervenant vis-à-vis de la forêt. Il a été élaboré pour une durée de 10 ans à partir de 1996 afin de permettre l’étude des réactions des différentes espèces à la coupe et étudier le comportement de la régénération sous l'application des techniques sylvicoles.

Il a été admis par les villageois que chaque village conserve les limites reconnues de son terroir mais que les interventions sylvicoles programmées, tant pour l'exploitation de bois que pour les travaux de reconstitution ou d'enrichissement, pourront se faire extra terroir, par tous les paysans membres des groupements villageois. La forêt de Mogroum a alors été subdivisée en trois terroirs villageois appelés des «blocs ou unités d’aménagement» de superficie variable. Chacun de ces blocs est subdivisé en parcelles, appelées «unités de gestion», au total 79 parcelles classées dans différents groupes de traitement sylvicole: groupe de reconstitution enrichi par des semis directs ou des plantations, groupe de vieillissement mis en défens durant 2 à 4 ans, groupe de vieillissement mis en défens par rotation pendant la durée de l'aménagement, groupe d'éclaircie et groupe d'exploitation remplissant les critères d'exploitabilité.

Des normes d’exploitation ont été établies. Les semenciers et les arbres isolés seront préservés de toute exploitation pour assurer la régénération des peuplements. Des pistes seront aménagées sous forme de layons et de pare-feu. Une révolution de 20 ans a été retenue du fait de la méconnaissance de certains paramètres tels que le volume, du cycle des sécheresses et de la productivité. Le bois sera coupé par les bûcherons membres des groupements ou négocié et vendu par ces derniers à des exploitants venant de N'Djaména. Le plan de gestion proposé par le projet contient de manière détaillée la programmation annuelle des productions escomptées, les superficies à exploiter, à enrichir, à protéger, les recettes escomptées, les dépenses prévues et les responsabilités de chaque acteur.

Les recettes générées par la vente du bois et du charbon seront reparties entre les bûcherons (40 pour cent), la constitution d’un fonds de roulement (16 pour cent), la création d’un fonds d’aménagement réinvesti dans la forêt pour financer les activités de sa réhabilitation (34 pour cent) et la taxe forestière (10 pour cent).

Les activités assignées aux groupements villageois sont l’exploitation et la commercialisation des produits forestiers, l’exécution des travaux d’enrichissement, de reconstitution et de protection contre les feux de brousse et la divagation des animaux dans les parcelles mises en défens. Les groupements doivent aussi participer aux opérations visant la réhabilitation de l’environnement de leur espace villageois, notamment par la plantation d’arbres à l’intérieur et autour des agglomérations. Ils contribueront, au moyen des fonds de roulement, au financement des activités socioéconomiques communes de leurs villages. Des activités complémentaires devraient être mises en œuvre dans le cadre de l’aménagement global des terroirs villageois pour un développement durable (création de puits, vergers, cultures, foyers améliorés, artisanat, etc.). Bien que la protection de la biodiversité n’apparaisse pas dans le plan d’aménagement, des activités sont néanmoins prévues comme la lutte contre les feux de brousse, les mises en défens, aucune exploitation des arbres sacrés, etc.

Des suivis/évaluations périodiques de la mise en œuvre du plan ont été prévus par le service forestier qui punit tout contrevenant aux prescriptions du plan d'aménagement. Il règle tout conflit entre les différents membres des groupements, entre les groupements et entre ces derniers et des tiers personnes.

BILAN ET CONCLUSION

Depuis le départ de l'assistance technique de la FAO, aucun suivi n'a été effectué. Les groupements de gestion forestière mis en place n'ont pas fonctionné et le plan d'aménagement n'est pas appliqué. Les fonds encaissés suivant la clé de répartition ont été gardés plus de deux ans avant leur distribution entre les membres. Les exploitations prennent également un caractère individuel. En effet, les groupements de gestion forestière et l’unité d'inventaire et d'aménagement ont été mis en place à la veille du départ de l'assistance technique de la FAO et n'ont pas suffisamment d'expérience en matière d'aménagement forestier. Les activités préliminaires à l'aménagement ont fait naître un certain immobilisme et une certaine inquiétude chez les populations de peur d'être dépossédées de leurs terroirs. De plus, il n'y a à ce jour aucun programme de recherche et de diffusion de l'information au Tchad.

Néanmoins, la notion de terroir villageois introduite par le projet est adoptée par les populations et permet l'intégration de toutes les activités liées à l'agriculture, l'élevage, la foresterie, etc., dans un seul système. Chaque terroir est gardé par ses ressortissants de sorte que, contrairement à la situation antérieure à l'assistance, l'accès aux ressources forestières d'un terroir est interdit à toute personne étrangère. Les feux de brousse sont aujourd'hui inexistants. Faute de suivi, les villageois ont adopté une sorte d'exploitation sélective qui consiste à n'exploiter que les grands arbres de quelques parcelles et réaliser ainsi une exploitation prudente. Les formations végétales dans leur ensemble sont ainsi restées intactes. Une reprise de l'assistance technique est cependant vivement sollicitée, ce qui permettrait de sauver et de valoriser les acquis chèrement obtenus après plusieurs années de travaux intensifs.

BIBLIOGRAPHIE

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Selmi, M.T. 1996. Programme d'aménagement des formations forestières naturelles autour de N'Djaména. FAO, Rome.

4 Centre international de recherche forestière
5 ONG locale dont le siège est basé à Ngoyla, l’OCBB a été créée par les jeunes de Ngoyla en 1996. Ses objectifs sont d’adapter les influences socioculturelles et économiques de la zone aux normes de gestion de l’environnement en vue de promouvoir la réalisation des projets et micro-projets de développement communautaire.

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