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8 PROMOTEURS DE GROUPES

Le promoteur de groupe (ou PG) est un partenaire crucial dans tout projet participatif: sa tâche consiste à favoriser le développement de la capacité des groupes d'organiser et de gérer leurs activités.

A l'inverse des agents de vulgarisation, des travailleurs sociaux affectés au développement communautaire et au personnel de terrain du projet, qui normalement ont affaire à la communauté rurale tout entière, les promoteurs de groupes se mettent exclusivement au service des pauvres. Les PG ne considèrent pas leurs «clients» comme les bénéficiaires passifs de nouvelles connaissances techniques: leur objectif est de travailler aux côtés des pauvres, de renforcer la confiance de ceux-ci en leurs propres capacités et de promouvoir leur autodépendance. Le travail du PG est-il celui d'un intermédiaire, qui aurait un triple rôle:

Un promoteur de groupe peut aider à organiser en moyenne 15 groupes en trois ans. Mais, en définitive, l'efficacité de l'action du PG se mesure à la capacité des groupes d'avoir progressivement moins besoin de lui, pour pouvoir, au bout d'un certain temps, se passer de son concours.

Le choix des promoteurs de groupes

La sélection, le recrutement, la formation et l'encadrement des PG sont autant d'étapes capitales du projet participatif. Pour être efficace, le PG doit avoir une bonne expérience du travail avec les gens et les organisations locales en zone rurale, et bien connaître les problèmes des pauvres. Il est essentiel que les candidats soient déterminés à vivre et à travailler auprès des ruraux pauvres pour les aider, et ce, pendant au moins deux ans.

Le PG doit être bien familiarisé avec la langue et la culture de la zone du projet, et accepter de s'en remettre, pour les décisions, aux membres du groupe. Il est souhaitable que les PG soient d'origine rurale, aient effectué des études secondaires, et justifient d'une expérience dans le domaine du développement communautaire ou rural, ou dans des domaines comme le travail social, la sociologie ou l'économie appliquées, l'agriculture et la vulgarisation.

S'il n'est nullement exclu que les PG proviennent du même groupe ethnique ou linguistique que les participants au projet, ils ne doivent toutefois pas être originaires de la zone de projet: l'efficacité de l'action des PG recrutés localement peut être limitée par des obligations résultant de liens de parenté, ou par la crainte que leurs relations avec les chefs de file locaux ne se dégradent. Dans certains cas toutefois, les PG peuvent être recrutés et affectés dans leur propre village ou dans leur terroir, l'avantage étant dans ce cas que leur expérience et leur savoir-faire peuvent continuer d'être mis à contribution après l'achèvement du projet.

On trouve à recruter des promoteurs de groupes capables dans l'administration ou dans les ONG locales. Dans certains pays, il conviendra de préférer les administrations publiques qui acceptent de détacher leur propre personnel auprès du projet. Plusieurs projets PPP ont trouvé d'excellents promoteurs de groupes parmi le personnel des services de vulgarisation, ces agents ayant ensuite réintégré leur cadre d'origine pour propager l'approche participative. Ainsi, ces administrations ont pu être sensibilisées et formées au service des ruraux pauvres, la viabilité du projet se trouvant accrue en proportion de l'abaissement des dépenses de fonctionnement.

Si le projet ne dispose pas des financements nécessaires pour recruter un PG à plein temps, la tâche de celui-ci peut être assumée en partie par un agent de projet chargé par ailleurs d'autres missions techniques. Toutefois, il est préférable que cet agent soit recruté localement, et que ses autres tâches le mettent en contact direct avec les participants visés par le projet.

Affectation des PG

Les PG sont censés vivre dans le groupe de villages où ils travaillent, ou à proximité immédiate. Deux promoteurs de groupes au moins doivent être affectés à chaque grappe de villages, et se mettre au travail dans un village initial. Les PG doivent être à la disposition permanente des participants au projet.

L'image des promoteurs de groupes dans la population de leur zone d'affectation est importante. Ils doivent progressivement établir des relations de confiance dans la communauté locale, prendre soin de commencer à tisser des liens avec les participants au projet, et seulement après étendre ceux-ci aux strates socialement mieux nanties. Les PG viendront progressivement à être considérés comme des animateurs et des guides, et non point comme des fonctionnaires paternalistes ou des personnalités extérieures venant se mêler de la culture et des habitudes locales.

Faire naître l'autodépendance collective

Tandis que les promoteurs de groupes génèrent l'autodépendance dans un petit cercle, ils travaillent aussi à se rendre inutiles dans leur aire d'action. Les PG font naître l'autodépendance en faisant participer les membres du groupe aux activités qui leur permettront d'acquérir des capacités d'initiative et de gestion. Le PG doit encourager les échanges entre groupes, et s'assurer de la présence d'un ou de plusieurs de ses membres chaque fois qu'il traite avec les institutions d'appui, par exemple banques et organismes d'exécution.

A quel moment et selon quelles modalités les PG doivent-ils se retirer progressivement du groupe? L'expérience pratique des projets PPP indique qu'il faut de trois à cinq ans pour que les groupes parviennent à une pleine autodépendance. Dès qu'un groupe devient capable d'établir ses propres relations avec les services, et de prendre d'autres initiatives analogues sans le concours du PG, celui-ci peut commencer à se retirer pour se concentrer sur d'autres groupes qui ont davantage besoin de lui, et ne revenir qu'occasionnellement.

L'organisation de fédérations intergroupes est un facteur important, ces instances pouvant progressivement reprendre à leur compte nombre des responsabilités de soutien des PG. L'autodépendance ne doit pas toujours être synonyme d'un désengagement total des promoteurs de groupes: des PG peuvent être conservés par les fédérations pour s'acquitter de certaines fonctions spécifiques.

Promoteurs de groupes internes

Les promoteurs de groupes internes sont des membres de groupes qui ont acquis les compétences voulues pour se charger des tâches du PG dans leur propre communauté. Des personnes présentant ce profil pourront se révéler au cours du processus d'identification des participants au projet ou bien, plus fréquemment, au fur et à mesure du développement du groupe.

Un membre du groupe peut devenir PG interne lorsque les autres membres du groupe commencent à reconnaître sa capacité de promouvoir l'action collective. La formation de PG internes ne saurait être statique ni être considérée comme acquise une fois pour toutes. C'est un processus qui doit faire la part de la dynamique de groupe et comporter la formation pratique requise pour renforcer la capacité des ruraux pauvres de mener à bien et de gérer leurs propres activités.

Le profil du PG

En Zambie, où l'on manque de personnel bien qualifié volontaire pour aller travailler dans des villages isolés, les PG ont été recrutés parmi les femmes locales ayant accompli une scolarité secondaire. Les PG (ci-dessous, l'une d'entre elles) ont été formées à la constitution de groupes, aux fonctions des chefs de village, à la prise de décisions et à l'analyse coûts-avantages.

A Sri Lanka, les promoteurs de groupe sont diplômés de l'université employés pour des périodes de trois ans. Ils reçoivent une formation de six mois, en majeure partie dispensée en cours d'emploi dans la zone de projet. Au Zimbabwe, les PG sont pour la plupart détachés des services de vulgarisation ou d'autres services de l'administration publique, tandis qu'au Kenya ils sont recrutés parmi les personnels de terrain de l'ONG chargée de l'exécution du projet.


Les agents de vulgarisation ont fait du bon travail

Le projet PPP en Thaïlande a obtenu le détachement de 26 PG des cadres du service de vulgarisation agricole public (ci-dessus). Les agents de vulgarisation, qui normalement pratiquent la méthode «formation et visite» fondée sur des contacts individuels avec les agriculteurs, se sont portés volontaires pour tenter une approche inverse.

Leur enthousiasme et leur expérience de la vulgarisation se sont révélés être un gros avantage. Ils ont une bonne connaissance de l'agriculture, ils entretiennent de bonnes relations avec les communautés rurales visées, et n'ont besoin d'être formés qu'aux méthodes participatives pour s'acquitter de leur nouveau rôle. Les PG ont fait du bon travail et contribué à promouvoir l'approche participative parmi leurs collègues du service de vulgarisation.

De nouveaux PG recrutés au sein des groupes

Un nombre croissant de promoteurs de groupes PPP sont recrutés parmi les membres des groupes.

A Sri Lanka, les groupes PPP les plus anciens sont encouragés à choisir deux membres chacun pour qu'ils reçoivent une formation approfondie en qualité de «PG interne». La formation consiste en stages de trois jours où il est traité de l'approche PPP, de la planification, de la comptabilité et de l'efficacité de l'action des groupes.

Au Ghana (ci-dessous), trois membres expérimentés de groupes sont devenus PG, et reçoivent un salaire mensuel de 25 dollars. «Ils font le même travail que les PG de la première génération, affirme le coordonnateur de projet, en mobilisant de nouveaux membres et en assurant la liaison entre les groupes et les services. Ils viennent tous de la base, et les ruraux apprécient cela.»


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