Page précédente Table des matières Page suivante


9 FORMATION PARTICIPATIVE

Pour aboutir, les projets participatifs doivent adopter une approche participative de la formation. Les méthodes classiques de formation sont de caractère didactique et souvent paternaliste: le formateur considère l'apprenti comme un vaisseau presque vide, qu'il faut remplir de connaissances. La formation participative se fonde, à l'inverse, sur un dialogue actif entre formateur et formé, qui constitue une expérience d'apprentissage pour l'un comme pour l'autre.

Dans les projets participatifs, les principaux objectifs de la formation sont les suivants:

Les «groupes cibles» de la formation sont les membres des groupes, le personnel de projet (y compris les promoteurs de groupes), les personnels des services gouvernementaux et des ONG concernés, les chefs de file locaux et autres personnalités influentes. La formation doit être pragmatique et se fonder sur la résolution de problèmes immédiats et reconnus en tant que tels. Par conséquent, il doit s'agir d'une formation permanente, d'un processus continu s'exerçant dans le contexte de toute action du projet visant à améliorer la production, le revenu et la situation sociale des participants.

Les formateurs doivent avoir une expérience pratique. Interviendront comme formateurs les promoteurs de groupes et d'autres personnels de projet, les spécialistes techniques des organes d'exécution, les petits producteurs expérimentés, ainsi que les groupes dynamiques qui pourront en former et en motiver d'autres.

Formation des participants

Les grands axes de la formation des participants au projet doivent notamment être:

D'autres thèmes de formation sont aussi recommandés: questions juridiques (par exemple droit foncier), hypothèques, salaires, procédures bancaires et administratives. Il est fréquent que l'on néglige de communiquer aux pauvres des renseignements utiles sur ces sujets. On organisera aussi utilement des sessions d'alphabétisation à l'intention des adultes, hommes et femmes, pour leur permettre d'analyser leurs problèmes et de planifier leur action, et pour réduire leur dépendance vis-à-vis des villageois ou des membres du groupe qui eux savent lire, écrire et compter.

Formation du personnel de projet

La formation du coordonnateur de projet, des PG et autres membres de l'équipe vise à les initier aux approches participatives, aux procédures correspondantes, et à générer des motivations et l'esprit d'équipe. Il convient à cet égard d'enseigner les techniques fondamentales requises pour l'animation et le développement des groupes, et d'expérimenter des solutions novatrices en vue de l'éradication de la pauvreté.

L'organe d'exécution devrait former le coordonnateur de projet dans ces domaines le plus tôt possible. Les PG ont en particulier besoin d'être formés aux tâches d'encadrement dans le domaine de la planification de la production et de la production effective, du transfert des technologies appropriées, de la commercialisation, aux techniques de communication, à l'animation de groupe, à la constitution d'équipes, à la tenue de registres et à la rédaction de rapports.

Un atelier initial de formation, d'une durée d'au moins trois semaines, devra être organisé dans la zone de projet ou à sa proximité, à l'intention des PG, des autres personnels de projet, et des principaux responsables du système d'exécution. Il est souhaitable d'inviter deux fois plus de candidats PG qu'il n'en sera nécessaire à suivre cette formation, afin de s'assurer d'une réserve suffisante de cette catégorie d'agents de terrain. Le programme de l'atelier devra être pragmatique, et prévoir une présentation individuelle par les participants de leur expérience professionnelle.

A l'issue de cette formation initiale, les PG doivent recevoir une formation initiale de terrain d'une durée de deux à trois mois, période qui coïncidera avec le début de leurs activités de terrain dans la zone de projet. Ils devront apprendre, en tant qu'équipe, à préparer et à effectuer des enquêtes sur les villages et sur les ménages, à résoudre les problèmes rencontrés sur le terrain et à coopérer avec les organes d'exécution.

La formation permanente des PG peut s'effectuer dans le cadre des réunions mensuelles d'évaluation des résultats des équipes, d'identification et de résolution des problèmes concrets, et de préparation des ateliers de terrain et des cours de recyclage, sur des thèmes comme les activités novatrices génératrices de revenus et les plans de crédit. Les PG peuvent aussi collaborer à la publication d'un bulletin du projet, et prendre part à des visites d'échanges avec d'autres projets participatifs.

Formation du personnel des services gouvernementaux et des ONG

Le personnel d'appui, tant des services gouvernementaux que des ONG, doit aussi être formé et se familiariser avec les approches participatives et les procédures correspondantes, avec les difficultés rencontrées par les ruraux pauvres pour gagner accès aux organes de prestations de services, et avec le rôle que ceux-ci pourraient exercer pour contribuer à résoudre les problèmes des pauvres. Dans de nombreux cas, ces fonctionnaires doivent dans un premier temps être «dé-formés» puis «re-formés» dans le cadre d'un échange permanent d'expériences et de considérations.

Les méthodes de formation des personnels des services gouvernementaux et des ONG consistent essentiellement à les faire participer aux stages destinés aux PG, aux ateliers de terrain, aux séances de mise au courant, aux réunions des comités de coordination du projet, à la formation des bénéficiaires, aux séminaires plurinationaux, et aux visites d'échanges entre groupes ou entre projets.

Les retombées de la formation

Les groupes PPP de Zambie ont un programme de formation chargé. Chacun des districts du projet organise chaque année un stage interné à l'intention des chefs de groupes, et autant d'ateliers mobiles que le système de vulgarisation le permet (ci-dessous, des membres d'un groupe apprennent à tailler les anacardiers).

«C'est sur l'agriculture que nous en avons appris le plus», affirme une secrétaire de groupe, évoquant le temps où les agriculteurs attendaient que les plants de maïs aient poussé avant de fumer le sol. La secrétaire a suivi un stage sur la production végétale, l'épargne et la conduite des groupes. A son retour, elle a partagé avec les autres membres du groupe ce qu'elle avait appris. Désormais, le groupe a demandé à être formé à l'extraction de l'huile d'arachide, qu'il a l'intention de commercialiser.


Fabricants communautaires d'agglomérés

Les membres d'un groupe PPP au Kenya ont décidé de reconstruire leurs habitations en blocs agglomérés. Après que le groupe ait emprunté 300 dollars pour acheter un moule à agglomérés (ci-dessus), le personnel de projet a organisé leur formation aux techniques de fabrication d'agglomérés au collège des sciences et arts appliqués du district.

Depuis lors, les membres du groupe non seulement ont reconstruit leurs maisons, mais sont aussi souvent sollicités pour approvisionner en agglomérés d'autres membres de la communauté. Ils ont notamment obtenu le marché pour la construction des logements des maîtres de l'école locale.

Un échange de vues

Un atelier de deux jours a été organisé à Mbabane, capitale du Swaziland, en 1988, par l'organe d'exécution en vue d'analyser les raisons à l'inégalité des résultats du projet.

Vingt-six personnes y ont pris part: des promoteurs de groupes, le coordonnateur du projet, deux administrateurs du développement communautaire, neuf cadres de la Swaziland Development and Savings Bank (l'organisme financier coopérant) et trois membres du personnel d'un projet PNUD d'intégration des femmes dans le développement.

Cet atelier a permis de présenter l'approche PPP, de tenir des discussions de groupes, de pratiquer des jeux de rôle, et de rendre visite à différentes zones d'action du projet.


Page précédente Début de page Page suivante