Previous Page Table of Contents Next Page


Part II
COUNTRY BRIEFS (continued)

KAMPUCHEA (continued)

1.2.3 Caractéristiques des plantations

Les plantations de teck sont principalement localisées dans les provinces de Kompong Cham et Kratie, mais des peuplements de dimensions très réduites se retrouvent dispersés un peu partout dans le pays, tels que les boisements avec Dipterocarpus sp. et d'autres feuillus (6). Des travaux d'entretien et d'éclaircie dans les anciennes plantations de teck sont signalés pendant la période 1961–65 (4).

Les plantations de pins semblent êtreconcentrées en quelques provinces comme Kirirom, Mondulkiri et Kompong Thom (6) dans les zones d'altitude plus élevée (600 à 900 m) convenant à ces essences. Il est intéressant de remarquer que la réussite est conditionnée par l'implantation des mycorrhizes apportées de la forêt naturelle de Kirirom sous forme de terreau (7). Sur le plateau du Chhlong Leu, à O-Raing, à 900 mètres d'altitude, le reboisement en pins se faisait sur terres rouges dégradées par les cultures itinérantes (5). Les plants d'âge supérieur à un an étaient transplantés en motte. L'attaque d'un hyménoptère, provisoirement identifié comme Neodiprion sp., a été signalée en 1963 (4).

2. Tendances actuelles

2.1 Végétation ligneuse naturelle

2.1.1 Déforestation

Au Kampuchea, le facteur de déforestation le plus grave a toujours été la culture itinérante (chancar leu), surtout dans la région du nord-est, là où vivent des populations tribales (1). Quant à l'agriculture permanente, elle reste aujourd'hui encore la principale ressource économique. Elle est pratiquée essentiellement de manière traditionnelle si l'on excepte les grandes plantations à l'échelle industrielle d'hévéa. Certaines estimations portent à 300 000 ha l'accroissement des terres cultivées entre 1958 et 1964. Celui-ci s'opère dans des conditions variables. Dans la région des terres rouges par exemple, il se fait directement aux dépens de la superficie forestière. Par contre dans la région de Battambang, la riziculture se développe surtout sur les terrains nus. On peut estimer très approximativement que la moité de l'extension des terres agricoles est prise sur la forêt (5).

L'inventaire de l'est Mékong estimait en 1960 à 2,5% de la superficie boisée étudiée les surfaces concernées par le chancar leu (NHCa) (2). Il n'existe actuellement aucune base de calcul permettant d'avoir une idée précise de la surface des forêts denses qui s'ajoutent chaque année au domaine de l'agriculture itinérante et de la proportion de celle-ci qui se reconstitue sous la forme de forêt secondaire. Les taux de déforestation indiqués ci-dessous pour la période 1976–80 ne constituent que des projections grossières faites sur la base de documents qui sont dans l'ensemble antérieurs à 1970, et en essayant de tenir compte des événéments des dix dernières années.

Déforestation annuelle moyenne
(en milliers d'ha)

     Périodes     
  1976–80 1981–85
(projections)
   
      
NHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2NHCf NHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2NHCf
13215ε15 20323225
NHBf1uvNHBf1ucNHBf1NHBf2NHBf NHBf1uvNHBf1ucNHBf1NHBf2NHBf
εεεεε εεεεε
NSf1uvNSf1ucNSf1NSf2NSf NSf1uvNSf1ucNSf1NSf2NSf
εεεεε εεεεε
N.f1uvN.f1ucN.f1N.f2N.f N.f1uvN.f1ucN.f1N.f2N.f
13215ε15 20323225

Une intensification de la déforestation est prévue pour la période 1981–85 du fait de l'accent mis sur la production nationale des denrées alimentaires de première nécessité dans le cadre de la reconstruction du pays. Le défrichement net dans les bambousaies et les peuplements de pins est considéré comme négligeable. Il ne semble pas que dans l'ensemble la surexploitation ait été ou soit un facteur significatif de déforestation (2).

2.1.2 Dégradation

Le feu est le facteur de dégradation le plus grave dans les vastes régions de forêt claire. Les incendies sont en réalité des feux de sol parcourant ces formations, qui peuvent en ralentir le taux d'accroissement, amener même une régression de la forme du peuplement, grignoter les lisières des forêts denses ou semi-denses, mais à court terme ils ne réduisent pas de manière significative la superficie boisée (5). On a estimé provisoirement que, chaque année, l'équivalent de 10 000 ha de forêt claire productive (NHc/NHO1) serait dégradé au stade de formation ouverte improductive (NHc/NHO2). En ce qui concerne la dénudation du sol après abandon par la culture dans le système d'agriculture itinérante, la situation au Kampuchea n'est pas critique: généralement le terrain est tout de suite colonisé par un arbuste, Eupatorium odorata qui protège bien le sol jusqu'à un prochain passage de chancar leu ou jusqu'à l'évolution en forêt secondaire. La pression démographique étant relativement modérée, la durée de jachère est assez longue pour permettre le rétablissement de la couche fertile des sols (1).

2.1.3 Tendances dans l'exploitation forestière

Mis à part les effets habituels de l'accroissement de la population sur l'augmentation de la production des différents catégories de bois, on peut prévoir une rationalisation de l'exploitation du bois d'oeuvre par sa concentration dans des entreprises étatiques, et une mécanisation accrue.

2.1.4 Surfaces et volumes sur pied à la fin de 1985

En tenant compte des taux de déforestation et de dégradation mentionnés aux paragraphes 2.1.1 et 2.1.2 et d'une exploitation sélective couvrant en moyenne par an 2000 hectares de forêt non encore exploitée, on arrive aux estimations suivantes.

Surfaces de végétation ligneuse naturelle estimées à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

CategorieNHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2(i)NHCfNHCa 
 4510495500520207025260 
 NHc/NHO 1NHc/NHO2(i)NHc/NHONHc/NHOanH
Feuillus12253850507530415
 NHBf1uvNHBf1ucNHBf1NHBf2(i)NHBfNHBa 
Bambousε30030080380ε 
 NSf1uvNSf1ucNSf1NSf2(i)NSfNSa 
Conifères4481018ε 
 N.f1uvN.f1ucN.f1N.f2(i)N.fN.a 
Total4514799531321107423260 

Le défrichement de 10 000 ha de forêt dense feuillue improductive (NHCf2i) depuis 1981 devrait être largement compensé par la transformation en forêt secondaire de chancar leu abandonnés à la suite des transmigrations intervenues dans les années 70 Cependant ce transfert des jachères forestières (NHCa) en forêt (NHCf) n'a pas été chiffré du fait de l'ignorance dans laquelle on se trouve du nombre de cultivateurs concernés par ces changements. Les 50 000 ha de forêt claire productive (NHc/NHO1) détruits par le feu sont supposés transformés en faciès improductifs (NHc/NHO2i). Une pétite partie de ces dernières formations se dégrade, sous l'effect des incendies, en formations arbustives et broussailles (nH), ou en jachères de formations ouvertes du fait de l'agriculture itinérente (NHc/NHOa) autour des centres de population.

Les volumes sur pied indiqués dans le tableau suivant ont été calculés à partir des estimations de superficie ci-dessus.

Volumes sur pied estimés à la fin de 1985
(en millions de m3)

CatégorieNHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2NHCfNHc/NHO 1
 VOBVACVOBVOBVOBVOBVOBVAC
Feuillus103790100113714112787318
 NSf1uvNSf1ucNSf1NSf2NSf  
 VOBVACVOBVOBVOBVOB  
Conifères0.60.20.30.90.31.2  
 N.f1uvN.f1ucN.f1N.f2N.f  
 VOBVACVOBVOBVOBVOB  
Feuillus et conifères10389010011381421280  

2.2 Plantations

Les programmes nationaux envisagés actuellement ne font pas mention d'activités de reboisement. En l'absence d'informations plus précises on a supposé que les surfaces éventuellement plantées durant la période 1981–85 seront négligeables.

Bibliographie

(1) FAO 1950 “Note on the Forestry Situation in Cambodia” - préparé par C. Purkayastha - Bangkok

(2) FAO 1962 “Inventaire forestier de l'est Mékong” - basé sur les travaux de B. Rollet - Programme élargi d'assistance technique - Rapport No. 1500 - Rome

(3) Service des Eaux, 1962 Forêts et Chasse “Forest and Land Use Statistics - Cardamome Area of Cambodia” - Forest Survey Report No. 1 - Phnom Penh

(4) Service des Eaux, 1964 Forêts et Chasse “Développement de boisements à l'aide d'essences à croissance rapide” - Réponse de Mo Tan - Kim-Huon, Directeur du Service des Eaux, Forêts et Chasse à une enquête FAO - Phnom Penh

(5) Service des Eaux, 1964 Forêts et Chasse “Rapport national sur les forêts: Cambodge - Période 1962/64” - préparé pour la septième session de la Commission des Forêts pour l'Asie et le Pacifique - Phnom Penh

(6) FAO 1967 “Brief Report on Trip in Cambodia” - préparé par M.S. Kim - Bangkok

(7) Service des Eaux, 1968 Forêts et Chasse “Rapport national des progrés en foresterie - Période 1965/68” - préparé pour la huitième session de la Commission des Forêts pour l'Asie et le Pacifique - Phnom Penh

(8) Institut National de la Statistique et des Recherches Economiques 1969 “Annuaire Statistique 1969” - Phnom Penh

(9) FAO 1970 “Production et commercialisation des principaux produits forestiers du Cambodge” - sur la base des travaux de D.M. Orescanin - FO: SF/CAM 6 - Rapport technique No. 2 - Rome

(10) FAO 1970 “Sciage et préservation du bois” - sur la base des travaux de L. Koncko et A. Trávník - FO: SF/CAM 6 - Rapport technique No. 3 - Rome

(11) FAO 1971 “Photo-interprétation, Cartographie, Echantillonage de Contrôle au sol et Traitement des Données” - sur la base des travaux de M. Marcotte - FO: SF/CAM 6 - Rapport technique No. 6 - Rome

(12) FAO 1971 “Rapport Final” - FO: SF/91/CAM 6 - Rome

(13) Rollet, B. 1972 “La Végétation du Cambodge” - in Bois et Forêts des Tropiques No. 144, 145 et 146 - Nogent-sur-Marne (France)

(14) Legris, P. et Blasco, F. 1972 “Notice de la carte: Cambodge” - Carte Internationale du Tapis Végétal - Extraits des travaux de la Section Scientifique et Technique de l'Institut Français de Pondichéry: hors série No. 11 - Toulouse (France)

(15) Nations Unies 1977 “Cartographie thématique basée sur les images des satellites” - Comité pour la Coordination des études sur le Bassin Inférieur du Mékong - MKG/49 - Bangkok

(16) Nations Unies 1978 “Agriculture in the Lower Mekong Basin” - Comité pour la Coordination des études sur le Bassin Inférieur du Mékong - MKG/49 - Bangkok

ANNEXE 1
Caractéristiques des images Landsat (1 et 2) utilisées pour l'estimation des surfaces

La liste des images interprétées avec leurs caractéristiques est donnée ci-dessous (d'ouest en est et du nord au sud):

Coordonnées orbite-ligneNo. d'identificationDateCouverture nuageuseObservations générales
136-0522359–0241516.01.76Sans couverture nuageuse.647 points interprétés.
136-0532359–0242216.01.76Pas de nuages sur la partie de la scène concernant le Kampuchea.62 points interprétés.
135-0521200–0250308.02.73Pas de nuages sur la partie de la scène concernant le Kampuchea.En raccord avec le Viet Nam.
144 points interprétés.
135-0531200–0251008.02.73Pas de nuages sur la partie de la scène concernant le Kampuchea.En raccord avec le Viet Nam.
28 points interprétés.
134-0521163–0244302.01.73Pas de nuages sur la partie de la scène concernant le Kampuchea.En raccord avec le Viet Nam.
122 points interprétés.
134-0531163–0245002.01.73 En raccord avec le Viet Nam.
6 points interprétés.

LAOS

Localisée dans le centre de la péninsule indochinoise, sans accès direct à la mer, la République Populaire Démocratique du Laos couvre une superficie totale d'environ 236 800 km2. Sa longue frontière avec la Thaïlande est constituée dans sa plus grande partie par le cours du Mékong et celle avec le Viet Nam longe la cordillère annamitique.

Si l'on excepte les plaines alluviales de la vallée du Mékong et du cours inférieur de ses affluents d'une altitude n'excédant pas 200 mètres, le reste du territoire - soit 80% environ - est montagneux, et pour un peu plus de la moitié se situe entre 1 000 et 2 000 mètres. De vastes vallées alluviales plates s'étendent le long des affluents du Mékong à partir de la plaine. Des plateaux accidentés s'intercalent entre celles-ci et les massifs montagneux à des élévations de 200 à 500 mètres. Ces derniers occupent le nord du pays, avec au centre des cimes atteignant près de 3 000 mètres d'altitude. Les cordillères annamites se déployent vers le sud parallèlement à la frontière du Vietnam, surpassant parfois les 2 500 mètres. Elle s'applanissent dans l'extrême sud du pays en plateaux de 1 000 à 2 000 mètres d'altitude.

Le pays entier est drainé par le Mékong (et ses affluents principaux tel que le Nam Ngum) qui s'écoule vers le Kampuchea à l'exception de la régions orientale du Laos septentrional (plateau du Nongkang notamment) qui drains les eaux vers le golfe de Tonkin.

Le relief crée des climats bien distincts: celui des régions basses de type humide tropical et celui des régions hautes au-dessus de 1 000 mètres ayant des affinités humides subtropicales et humides de montagne. Les deux climats intéressent des aires à peu près égales au Laos. Dans les régions basses, la température moyenne annuelle est comprise entre 24° et 27°C. Dans les régions hautes, les moyennes sont sensiblement inférieures: 20°C. et moins. Cette distinction n'est pas aussi nette en ce qui concerne les précipitations. On enregistre de fortes pluies à basse altitude à proximité d'écrans montagneux (3 750 mm à Boneng à 180 mètres d'altitude) et, inversement, des précipitations plus faibles en montagne (1 460 mm à Sam Neua à 940 m d'altitude). La saison sèche est plus au moins parquée suivant les régions et sa durée varie entre 2 et 5 mois (2 à 3 mois dans la régions de Paksane, 4 à 5 mois dans la vallée du Mékong). La saison des moussons dure généralement de Mai à Septembre.

La population est composée de différents groupes ethniques. Elle est inégalement répartie sur l'ensemble du territoire et est particulièrement concentrée dans la vallée du Mékong. Selon l'“Etude de population No. 60” des Nations Unies/ASE la population est d'environ 3 720 000 habitants en 1980, dont 75% environ dépendent de l'agriculture pour leur subsistance (Annuaire FAO de la production - Vol 33). Le taux annuel d'accroissement démographique pour la période 1981–85 est estimé à 2,4%. Les cultures principales sont le riz et le maïs. Le café, la canne à sucre, l'hévéa, le tabac et le thé se cultivent en quantités mineures dans la région méridionale. Environ un million de personnes des tribus montagnardes pratiquent une agriculture itinérante à base de riz pluvial.

1. Situation actuelle

1.1 Végetation ligneuse naturelle

1.1.1 Description des types de végétation

Les précipitations sont partout largement suffisantes pour entretenir une forêt dense humide. Cependant des conditions édaphiques défavorables tels que des affleurements rocheux divers - grès, calcaire - ou la présence d'un horizon latéritique induré ne permettent pas son développement et donnent origine à d'autres formations ligneuses. Les descriptions ci-dessous sont essentiellement tirées des documents (1), (5), (15) et (17).

Formations forestières feuillues denses (NHC)

a) Forêt dense humide semi-décidue

Elle s'observe généralement à des altitudes inférieures à 1 000 m, surtout dans les parties occidentales et méridionales du pays, caractérisées par un climat chaud assez arrosé et par une saison sèche marquée, sur des terres d'alluvions où la proportion de sable dans l'horizon superficiel est toujours élevée et le pH compris entre 5 et 6. On y distingue le plus souvent quatre strates de végétation. Les cimes des Dipterocarpacées de grande. taille (35 à 45 mètres), Dipterocarpus alatus et Anistoptera robusta, émergent sans se toucher au-dessus du massif forestier principal, composé d'essences variées de Dipterocarpacées (Hopea ferrea, Shorea, Vatica), de Légumineuses (Dalbergia, Dialium, Ormosia), de Méliacées (Aglaia, Walsura), de Sapindacées (Schleichera), et de Lagerstroemia, etc… La strate arbustive, touffue, enchevêtrée est formée surtout d'Annonacées (Polyalthia, Uvaria), de Rubiacées (Ixora, Rothamannia), d'Euphorbiacées (Alchornea, Mallotus, Microdesmis), de palmiers (Calamus, Didymosperma) et de bambous.

Dans les régions de Paksé et de Saravane, sur terres rouges basaltiques, un peuplement forestier présente des affinités avec la forêt dense semi-décidue mais sans en posséder l'espèce caractéristique, à savoir Dipterocarpus alatus, remplacé en quelque sorte par une autre Dipterocarpacée abondante, Parashorea stellata.

Sur les contreforts ouest de la chaîne annamitique au-dessous de 1 000 mètres, des forêts denses à Dipterocarpus costatus, Hopea odorata avec sous-bois de palmiers (Rhapis) appartiement au même type de végétation.

Dans les régions basses du nord du pays existent des forêts denses humides semi-décidues sur les pentes de massifs calcaires ou les zones alluvionnaires. Elles sont caractérisées par la présence de Sapindacées (Nephelium, Pometia, Sapindus), des Annonacées (Polyalthia), des Méliacées (Aphanamixis, Chukrasia) avec sous-bois de palmiers (Arenga, Caryota) et tapis herbacé. Les Dipterocarpacees y sont absentes. Du fait de la richesse des sols et de leur bonne capacité de rétention de l'humidité, les terres occupées par cette forêt sont l'objet d'une pression constante de la part de l'agriculture itinérante ou des rizières permanentes.

b) Forêt mixte décidue

On la rencontre en lisière de la forêt semi-décidue, sur les collines gréseuses qui bordent le Mékong entre Vientiane et Paklay et sur les terres alluvionnaires schisto-gréseuses du nord Laos. Dans l'ensemble c'est un type de végétation semi-dense à trois strates principales: arbres, arbustes et herbes. Les essences d'arbres les plus communes y sont Pahudia cochinchinensis, Xylia kerrii, Bombax kerrii, Lagerstroemia balansae, Terminalia nigrovenulosa, Pterocarpus macrocarpus et dans la région de Paklay Tectona grandis. Le sous-bois est fréquemment rendu touffu par la présence de bambous (Dendrocalamus, Cephalostachyum). En l'absence de ceux-ci on observe souvent une strate herbacée d'Imperata. La forêt mixte décidue est une formation stabilisée d'origine anthropique ou édaphique. Les feux parcourent ces zones très régulièrement et l'érosion continuelle des collines ne permet pas l'implantation d'une forêt dense humide. Sur les meilleurs sols, les défrichements pour la culture itinérante sont fréquents.

Au Laos, c'est dans la forêt mixte décidue que le teck est le plus abondant, sur sol semi-compact, ocracé, plus ou moins graveleux, formé à partir d'un substratum schistogréseux. Les sujets y sont disposés généralement en “bouquets” d'un nombre restreint d'individus. Les forêts à teck brûlent plus ou moins chaque année à la saison sèche en Mars–Avril. En raison de son intérêt économique le teck a été exploité intensément.

c) Forêt dense humide à Fagacées et Lauracées

Ce type de forêt apparaît à partir de 800 mètres d'altitude et s'étend jusque vers 2 000 mètres. Cette forêt dense bien différente de celle des régions basses, est caractérisée par l'absence de strate émergente et la taille moyenne plus petite des arbres de la strate dominante. Les genres les plus fréquents sont Castanopsis, Lithocarpus, Pasania, Quercus, Cinnamomum, Litsea et Machilus. Sur sol argilo-siliceux l'aspect général est sempervirent, malgré une proportion assez élevée d'essences caducifoliées dans la strate arborée, (région de Xieng Khouang), tandis que, sur terre rouge basaltique, le caractère ombrophile est plus accentué et souligné par des fougères arborescentes en sousbois et de nombreux épiphytes (plateau des Bolovens). Par endroits, aux feuillus ordinaires, s'ajoute un conifère, Podocarpus imbricatus. La présence de certaines essences de lumière (Betula alnoides, Sapium discolor, Pithecolobium clypearia) indique un certain état de dégradation de la forêt primitive soumise partout dans cette région à la pratique du défrichement par le feu. Des peuplements purs de Castanopsis spp. se forment localement sur des terrains de culture abandonnés.

c) Forêt dense feuillue avec présence de conifères

On la trouve dans la région de Xieng Khouang à partir de 2 000 mètres sur sol humifère spongieux. Une Cupressacée, Fokienia hodginsii y est mélangée avec divers feuillus, tels que Castanopsis, Manglietia et Elaeocarpus. La présence d'une végétation hygrophile (mousses, lichens, sélaginelles) montre qu'il n'y a pratiquement plus de saison sèche.

e) Formations secondaires

Dans les régions basses du nord du pays on observe fréquemment de petits peuplements secondaires purs, soit de Macaranga denticulata, soit de Broussonetia papyrifera, soit de Melochia arborea. Il est probable que ceux-ci ne sont que des faciès de transition, paraissant fixés et toujours semblables à eux-mêmes, du fait de l'exploitation pour le bois de feu ou le charbon de bois. Par contre, dans les provinces de Sam Neua, Louang Prabang et Sayaboury, à des altitudes variant entre 800 et 1 600 m, c'est le Styrax tonkinense (benzoin) qui constitue des peuplements secondaires purs, s'implantant sur les cultures abandonnées. Ils sont peu à peu envahis, en l'absence de nouveaux défrichements, par les espèces de la forêt dense ou claire de montagne.

Formations forestières feuillues ouvertes (NHc/NHO)

a) Forêt claire à Dipterocarpacées

Elle est fréquente dans la plaine de la vallée du Mékong et de ses affluents en aval de Paklay, à l'est de Savannakhet en particulier, dans des régions d'affleurements gréseux ou latéritiques et aussi parfois sur des sols assez profonds. Il s'agit de formations soit d'origine édaphique conditionnées et stabilisées sous l'influence du substratum, soit d'origine anthropique résultant de l'action d'incendies répétés sur des forêts denses. Dans la majorité des cas, le sol et l'homme combinent leur influence. D'une façon générale la forêt claire à Dipterocarpacées est constituée de trois strates principales. Dans le faciès rabougri (hauteur moyenne inférieure à 15 m), la strate supérieure est composée d'une manière caractéristique de Pentacme siamensis, Shorea obtusa, Dipterocarpus intricatus, D. tuberculatus et Terminalia tomentosa, Les espèces dominantes caractéristiques du faciès de futaie sont Dipterocarpus tuberculatus et D. obtusifolius. La strate moyenne arbustive est parfois rendue touffue par la présence de petits bambous (Arundinaria spp.) qui éliminent les jeunes sujets de la strate arborée. On y rencontre fréquemment Strychnos nux-blanda, Randia uliginosa et R. tomentosa. La strate inférieure est très riche en espèces herbacées et suffrutescentes qui forment un tapis continu. La plupart des espèces ligneuses sont décidues. Chaque année, au plus fort de la sécheresse, le feu s'allume un peu partout. Grâce aux particularités morphologiques de la plupart des arbres (écorce épaisse, bourgeons écailleux visqueux et poilus, feuilles vernissées) les ravages des incendies dans le couvert ligneux sont peu marqués. La strate herbacée échappe en majorité à la destruction par ses organes souterrains pérennes. En outre, la formation restant ouverte, l'érosion s'y manifeste de façon beaucoup plus intense qu'en forêt dense. Dans certaines régions il y a une dégradation manifeste de la forêt claire en savane, provoquée par les feux et l'érosion. Le teck se rencontre aussi en peuplements clairs dans les régions basses du nord du pays, mais les arbres sont alors mal venants et rabougris.

b) Forêt claire d'altitude

Elle a les mêmes orignes que celle des régions basses. Le faciès à Castanopsis hystrix paraît être une forme dégradée de la forêt dense à Fagacées, stabilisée par les incendies répétés. Parmi les formation où l'influence du sol est prépondérante la forêt claire à Quercus et Keteleeria est la plus fréquente. Sa physionomie est très variable, tantöt belle futaie et tantöt maquis rabougri. Quercus griffithii et Q. serrata forment des peuplements purs ou sont mélangés à Keteleeria roullettii, un conifère, et à d'autres feuillus (Engelhardtia, Schima). La couverture herbacée est essentiellement graminéenne. Les arbustes du sous-bois ont tous un port tourmenté en rapport avec le passage du feu. Cette formation peut être considérée comme un pseudoclimax d'origine édaphique et accessoirement anthropique.

c) Savane boisée

Dans la plaine basse qui s'étend à Ban Hin Khan, au nord de Thakhek on peut observer une savane boisée à Themeda, haute graminée en touffes plus au moins espacées, avec quelques espèces ligneuses comme Careya sphaerica ou Lagerstroemia macrocarpa suivant les endroits. L'inondation en saison des pluies et les incendies en saison sèche combinent leur action pour stabiliser cette formation.

Dans d'autres cas, les savanes boisées sont l'aboutissement d'une dégradation de la forêt claire ou de la forêt mixte décidue à la suite d'exploitations et de feux répétés. Ainsi se sont formées les savanes à Thysanolaena maxima, haute Graminée de 2 à 3 mètres, sur les croupes d'argiles schisto-gréseuses qui bordent la vallée de la Nam Pa Then à Phon-Tiou au nord de Thakhek.

Bambousaies (NHB)

Il faut signaler les peuplements de bambous parfois très étendus entre les plaines de Vientiane et celle des Jarres, dans la province de Saya Bouri, à Nam Lik et à Nam Ngum. Tels sont entre autres la forêt de bambous en touffes à Cephalostachyum vers 600 à 800 m d'altitude et la forêt à Arundinaria à tiges isolées vers 2 000 m. Dans les régions basses du nord existent de petits peuplements purs du genre Oxytenanthera. Bambusa tulda colonise les saignées faites dans la forêt dense par l'exploitation. Dendrocalamus sp. est fréquent dans la province de Vïentiane.

Formations forestières de conifères (NS)

Des conifères peuvent s'observer ça et là dans les régions hautes en petits peuplements purs et en formations denses, sur sols humifères. Tels sont: Fokienia hodginsii que l'on rencontre le plus souvent en mélange avec des feuillus (voir plus haut la décription de la forêt dense feuillue avec présence de conifères), Cunninghamia sinensis, dont on rencontre quelques peuplements anciens de faible étendue dans la région de Sam Neua, Podocarpus imbriestus, qui existe aussi en mélange avec des feuillus sur des sols argileux profonds résultant de la décomposition des roches cristallines.

A la végétation d'altitude se rattachent étroitement les peuplements clairs de conifères, bien que certains d'entre eux, tels ceux à Pinus merkusii, se rencontrent aussi en plaine et en altitude jusque vers 800 m, hauteur à laquelle il est relayé par P. khasya. Les Keteleeria s'observent soit en peuplements purs, soit en mélange avec les pins ou les Quercus (voir plus haut description des “forêts claires de montagne”). Bien que ces formations ouvertes ne soient qu'un stade d'évolution vers des faciès plus denses, l'action dévastatrice récurrente de l'homme et des animaux (feux et pacage) les maintiennent souvent dans cet état. Le passage répété des feux conduit finalement vers la formation encore plus dégradée de pseudo-steppe. Très répandue dans la région de Xieng Khouang elle est, soit exclusivement herbeuse comme dans la plaine des Jarres, soit peuplée ça et là de petits fourrés arbustifs ou d'arbres espacés, de Pinus ou Keteleeria.

Formations (essentiellement) arbustives (nH)

Il ne semble pas exister des formations arbustives climax ou pseudo-climax si ce n'est la savane arbustive de montagne constituée d'une strate herbacée importante et continue d'où émergent de petits arbres ou arbustes mal venus et espacés, tels que Phyllantus sp., Schima sp., Helicia sp. et Callicarpa sp..

Le défrichement par le feu qui détruit entrèrement une parcelle de forêt pour y établir des cultures est suivi, lorsque celles-ci sont abandonnées, de l'installation d'un fourré secondaire souvant herbacé à l'origine et constitué, soit d'une Composée ligneuse (Eupatorium odoratum) qui s'installe rapidement et forme des fourrés denses d'un à deux mètres de hauteur, soit de bananiers sauvages, soit de hautes Graminées. Peu à peu apparaissent des lianes et des arbres et arbustes à croissance rapide. En plaine, Trema sp., Mallotus sp., Ailanthus sp. et Anthocephalus sp. dominent la masse sou-jacente d'Eupatorium assez vite et finissent par l'éliminer quand leur couvert est assez développé. On a alors une forêt typique constituée d'un petit nombre d'essences. Par contre, en montagne apparaissent Croton sp., Alchornea sp., Macaranga sp., Celtis sp., Trema sp., Mussaenda sp. et Rubus sp. On a alors des fourrés secondaires mixtes. Parfois une espèce devient dominante et constitue de petits peuplements purs ou peu mélangés.

1.1.2 Situation actuelle de la végétation ligneuse

Surfaces actuelles

Le planimétrage des surfaces à l'aide d'une grille de points sur la carte d'occupation des sols du bassin inférieur du Mékong (15) et l'interprétation complémentaire des images des satellites Landsat sur les parties du Laos non couvertes par cette carte permettent une estimation approximative de l'extension des formations forestières au Laos. La carte ayant été dressée à partir des images Landsat de 1972–1973 et l'étude complémentaire ayant été effectuée à partir d'images datant de la période 1973–1976, les estimations de surface, une fois arrondies, sont supposées correspondre à la fin de l'année 1974:

Type de végétation ligneuseSuperficie
(en milliers d'ha)
Forêts denses5 380
Forêts denses “dégradées”8 000
Forêts claires1 940
Formations claires “dégradées”   310
Forêts (périodiquement) inondées   165
“Formation mosaïque ouverte”5 235
Formation arbustive et arborée   310
Savanes et fourrés   850
Cultures prédominantes1 350
Eaux   140
Total23 680 

La “formation mosaïque ouverte” regroupe des formations secondaires et reliques de forêt claire, des savanes et même des cultures; la “formation arbustive et arborée” est celle de la zone des calcaires de Thakhek et les “savanes et fourrés” comprennent aussi des formations herbeuses et les fourrés des zones hydromorphes.

En tenant compte de la régression de la forêt naturelle avec le temps, ces chiffres paraissent du même ordre de grandeur que ceux mentionnés dans les documents (2), (4) et (9) - à savoir: 6 millions d'ha de forêts denses, semi-denses et mélangées feuillusconifères et 9 millionsd'ha de formations claires - et (8) - à savoir: 5,8 millions d'ha de forêts denses, y inclus conifères, et 9 millions d'ha de formations ouvertes.

Le tableau qui suit présente les estimations des superficies actuelles des différents types de végétation ligneuse. Certains chiffres sont indiqués entre parenthèses du fait de leur valeur incertaine. Seules des reconnaissances détaillées au sol, fournissant une “vérité-terrain” suffisante pour l'interprétation des images satellite, permettraient d'obtenir des chiffres plus satisfaisants.

Surfaces estimées de végétation ligneuse naturelle à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

CatégorieNHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2(i)NHCfNHCa 
Feuillus2880ε2880468075605000 
 NHc/NHO 1NHc/NHO 2(i)NHc/NHONHc/NHanH
 (2435)(2780)(5215)ε735
 NHBf1uvNHBf1ucNHBf1NHBf2(i)NHBfNHBa 
Bambous600ε600ε600ε 
 NSf1uvNSf1ucNSf1NSf2(i)NSfNSa 
Conifères100ε100150250ε 
 N.f1uvN.f1ucN.f1N.f2(i)N.fN.a 
Total2580ε2580483084105000 

Les remarques suivantes permettent d'éclairer la manière dont ont été obtenues les estimations du tableau précédent:

Propriété

Toutes les forêts apparatiennent à l'Etat (17).

Statut légal et aménagement

La gestion de toutes les forêts naturelles est de la responsabilité de la Direction des Forêts qui détermine la politique forestière et est chargée en principe de l'exécution des mesures envisagées. Jusqu'à présent cette politique forestière n'a pas été clairement définie. Les populations rurales continuent à jouir de certains droits d'usage, tels que l'exploitation de bois de construction, de bois de feu, de résines, etc. (2) (17). En 1978, il existait 17 réserves forestières couvrant une superficie totale de 128 000 ha, destinées à la sauvegarde des ressources en bois. La réglementation a pour but de restreindre la surexploitation, aucune mesure efficace de protection ou même de contrôle n'est encore appliquée (17). Les documents disponibles ne font pas mention de l'application d'aménagement intensif au sens utilisé dans cette étude (NHCf1m=0).

Exploitation forestière

Les formes d'exploitation non réglémentées sont encore assez répandues et les statistiques de production forestière ne peuvent être dans ces conditions que des estimations grossières.

Bois en grumes

Des chiffres de production très divergents sont cités dans les documents consultés: 70 400 m3 en 1970 (7), 500 000 m3 en 1973 (17), 167 000 m3 (11) et 200 000 m3 (8) (12) en 1974, 400 000 m3 ou entre 500 000 et 800 000 m3 en 1977 (17). On suppose ici une coupe annuelle moyenne pendant la période 1975–1980 de 500 000 m3 bruts. La plupart des massifs exploités se situent dans le bassin inférieur de la vallée du Mékong (12). Les coupes sélectives sont la règle. En pratique, seulement les arbres de diamètre supérieur à 60 cm sont exploités (17). Bien que les scies à chaîne aient été introduites, les méthodes d'abattage restent en général assez primitives: on coupe à la hache et les souches coupées haut sont très communes (6). La quantité de déchets varie de 10 à 30% suivant les essences et la grosseur du bois (9). La rareté des camions grumiers, le manque de pièces de rechange et de carburant, l'infrastructure insuffisante et la limitation de la période de débardage à la saison sèche provoquent des pertes supplémentaires de l'ordre de 30%. Le rendement net est d'environ 12 m3/ha, soit la moitié du volume commercialisé sur pied, ce dernier étant évalué à 25 m3/ha en moyenne (5). La superficie de forêt naturelle exploitée annuellement serait ainsi de l'ordre de 20 000 ha.

La plus grande partie de la production de bois en grumes est consommé sur place L'annuaire FAO des produits forestiers indique une exportation de 38 000 m3 de grumes en 1978, composée selon (2) et (3) de bois de luxe comme Pahudia cochinchinensis, Dalbergia cochinchinensis, Pterocarpus pedatus, Lagerstroemia spp. et Tectona grandis.

Il y avait, en 1977, 38 scieries qui fonctionnaient en dessous de leur capacité prévue du fait de l'irrégularité et de l'insuffisance de l'approvisionnement en grumes, du manque de pièces de rechange, de personnel entraîné, de la situation difficile du marché d'exportation, etc. (19). Seulement 15% des espèces identifiées sont à présent transformées dans les scieries. Les plus fréquentes sont Xylia kerrii, Tarrietia cochinchinensis, Dialium cochinchinensis, Shorea obtusa, Sandoricum indicum, Dipterocarpus alatus, Anisoptera cochinchinensis et les espèces d'exportation déjà mentionnées.

Une usine de contreplaqués produit aussi du parquet (avec Pterocarpus pedatus, Xylia kerrii, Pahudia cochinchinensis). La fabrique d'allumettes utilise surtout Bombax spp. et Heritiera javanica. Pahudia spp. et Pterocarpus pedatus sont des bois fréquemment employés dans les quelques usines de fabrication de meubles (17).

Autres produits forestiers

Le bois de feu et le charbon de bois constituent la principale source d'énergie domestique. De nouveau le problème de l'exactitude des statistiques divergentes se pose. L'Annuaire FAO des produits forestiers donne une production totale en 1978 d'environ 3,3 millions de m3 de bois de feu et bois de charbon, chiffre plausible pour une population totale de 3 546 000 habitants (1978). Les quantités enregistrées officiellement sont beaucoup plus faibles: 36 409 stères de bois de feu et 10 540 tonnes de charbon de bois en 1970 (7), 19 102 et 6 228 tonnes respectivement en 1974 (11). Une consommation de bois de feu non enregistrée de 2 millions de m3 était déjà mentionnée en 1962 (2). A la liste des utilisateurs domestiques vient s'ajouter l'industrie du ciment à Thakhek, qui consommait 33 000 stères en 1962 (2). L'annuaire FAO estimé la production de bois de service (poteaux, pilotis, piquets…) pour 1978 à 89 000 m3.

Il existe bien d'autres produits forestiers, pour la consommation locale: les bambous, les fruits de cardamôme, le benjoin, la sticklaque, “khisy” (résine), “sisiet” (écorces masticatoires), “peuakbong” (écorces à colle), “kène khoune” (moelles masticatoires), “yang bong” (résine à colle), “makchong” (noix de malva comestibles), différentes plantes médicinales, etc. (6) (7) (11).

1.1.3 Situation actuelle des volumes sur pied

Divers inventaires forestiers ont été effectués au Laos: entre 1967 et 1969 dans les régions de Vientiane, Savannakhet et Paksé sur une superficie totale de 880 000 ha (5), en 1972 et 1973 dans la zone de Nakay (province de Khammouane) sur 29 800 ha de pineraies (17), en 1975 dans les peuplements de pins de Phou Ka Kwe, province de Vientiane sur 2 290 ha (13) et en 1977 dans la zone de Muong Phine - Tchepone, province de Savannakhet sur environ 123 000 ha. Il existe cependant peu d'informations au niveau national concernant le volume sur pied des forêts naturelles et il a été par suite nécessaire d'appliquer pour certains types de forêt les volumes calculés pour les pays avoisinants (Vietnam, Kampuchea).

Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(totaux en millions de m3)

CategorieNHCf1uvNHCf1ucNHCf2NHc/NHO 1
 VOBVACVOBVOBVOBVAC
 m3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotal
Feuillus2206341235 ε100468601461537
 NSf1uvNSf1ucNSf2    
 VOBVACVOBVOB    
 m3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotal    
Conifères10010707 ε355    
 N.f1uvN.f1ucN.f2    
 VOBVACVOBVOB    
 m3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotal    
Feuillus et conifères-644-42-ε-473    

Le volume brut sur pied des forêts denses (NHCf1uv) a été estimé, comme pour le Kampuchea, à 220 m3/ha. Les chiffres indiqués dans le document (5), 107, 120 et 146 m3/ha, se limitent aux formations de basse altitude accessibles de la vallée du Mékong, lesquelles contiennent un grand pourcentage de jeunes forêts secondaires presque certainement modifiées dans le passé par des interventions humaines. L'intervalle de volume estimé par une étude vietnamienne citée dans (17), de 185 à 256 m3/ha, confirme aussi cette estimation. (5) détermine le volume des espèces commercialisables (diamètre supérieur à 60 cm) à 23,1 m3/ha, en moyenne, qu'on a réduit à 12 m3/ha comme volume actuellement commercialisé (VAC) pour tenir compte des pertes à l'abattage et au transport. On a, par ailleurs, estimé à 100 m3/ha le volume brut des forêts denses feuillues improductives (NHCf2) en tenant compte que le volume restreint des formations denses dégradées est partiellement compensé par celui des forêts denses vierges inaccessibles. En absence de données sur les formations ouvertes productives (NHc/NH01), les volumes calculés pour les mêmes formations du Kampuchea ont été appliqués.

Le volume brut sur écorce des peuplements (productifs) de Pinus khasya étant inférieur à celui des forêts de P. merkusii, évalué à 119 m3/ha (13), la moyenne de 100 m3/ha a été admise, ce qui implique des pineraies légèrement plus denses qu'au Vietnam, du fait de conditions climatologiques extrêmement favorables. On a également augmenté le volume actuellement commercialisé (VAC) des pineraies productives par rapport à celles du Vietnam. Les formations de conifères improductives (NSf2i) incluent les petits peuplements isolés de Fokienia hodginsii, Cunninghamia sinensis, Podocarpus imbricatus, les différents stades de recolonisation par les conifères des praires de montagnes, et les pseudo-steppes à Keteleeria. Leur volume brut sur pied est comparable à celui des formations de conifères improductives du Kampuchea. (5) estime à 21,2 m3/ha le volume sur pied des bambousaies de la province de Vientiane. Pour une rotation de 2 à 3 ans, la production y serait de 6 à 10 tonnes de matière primaire par hectare (17).

1.2 Plantations

1.2.1 Introduction

Dans le passé, les activités de reboisement ont toujours été confinées à la vallée principale du Mékong, étant donné les conditions d'insécurité qui prévalaient dans le reste du pays. En 1960, (2) signale l'existence de 524 ha de petites plantations, principalement de Tectona grandis, auquel s'ajoute parfois Dalbergia cochinchinensis, Pterocarpus pedatus et Hopea spp. (2). Il faut tenir compte du fait que les parcelles d'enrichissement de la forêt naturelle sont incluses dans ce chiffre de surface. Au début des années 60, les essais d'introduction d'Eucalyptus spp. et d'autres essences à croissance rapide ont été effectués, mais il n'a été trouvé aucune indication sur les résultats de ceux-ci, ni sur les boisements ultérieurs envisagés dans la région de Nam Ngum à raison de 100 ha par an pendant 5 ans (2). Dans la province de Savannakhet, le Service forestier favorisait l'établissement par les habitants eux-mêmes de petites plantations pour le bois de feu autour des villages, en plus des bambous (particulièrement Bambusa arundinaria) qu'il est d'usage de planter pour l'approvisionnement en bois de service (6). Les résultats de ces efforts de reboisement ne semblent pas avoir été jamais évalués. Entre 1968 et 1976, une équipe de techniciens australiens a collaboré étroitement avec le Service forestier laotien pour la formulation d'un plan pratique de reboisement au niveau national, et, en particulier, la création de pépinières permanentes et la mise en route d'un programme important de plantations forestières. A partir de la pépinière de Dong Dok, des plants d'Eucalyptus avaient été envoyés à Vientiane et Savannakhet pour des plantations à l'échelle commerciale; des plants d'eucalyptus, de teck, de pins et d'essences locales et exotiques ont été également expédiés à partir de la même pépinière pour permettre l'installation d'essais d'adaptation (10). Un autre projet de coopération entre le Lacs et l'Australie est en cours de réalisation depuis 1977 et concerne surtout les efforts de reboisement au niveau des communautés rurales tant pour la production de bois d'oeuvre que pour l'approvisionnement en bois de service et bois de feu. C'est ainsi qu'un communiqué de l'agence Pathet Lao du 2 juin 1980 indique qu'il a été mis en place entre 1975 et 1979 4 millions de plants (800 ha environ) en moyenne par province, ce qui donnerait pour tout le pays un taux annuel de plantation de 2 560 ha.

1.2.2 Surfaces des plantations réalisées

Plantations industrielles

Surfaces estimées des plantations industrielles réalisés à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées76–8071–7566–7061–6551–6041–50Avant 41Total
Classe d'âge0–56–1011–1516–2021–3031–40> 40
PHL 1Tectona grandis
(et autres feuillus)
1,200,601,000,700,50ε 4,00

On signale pour 1973 un total de 2 500 ha de reboisements industriels, plantés en majorité de teck (9). En supposant un taux de réussite de 50% pour les plantations établies entre 1975 et 1980 (communiqué de l'agence Pathet Lao) et une proportion de 20% de celles-ci sous forme de reboisements à but industriel, on aboutit à une surface d'environ 1 200 ha plantée avec succès entre 1975 et 1980.

Autres plantations

Surfaces estimées des plantations autres qu'industrielles réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées76–8071–7566–7061–6551–6041–50Avant 41Total
Classe d'âge0–56–1011–1516–2021–3031–40> 40
P..2=PH.2=PHH 2Eucalyptus spp. (et autres espèces feuillues à croissance rapide)(5,00)(1,50)(0,50)ε   (7,00)

La forêt naturelle fournissant traditionnellement le bois de feu ou le bois de charbon, la nécessité d'établir des plantations pour couvrir ces besoins n'a été ressentie que dans les années 60 pour compenser la surexploitation des formations naturelles aux alentours des villes. On pense que ce sont surtout des eucalyptus qui ont été plantés depuis 1965, mais aucune source ne la confirme explicitement. Le document (10) indique les essences les mieux adaptées aux conditions du pays: Eucalyptus camaldulensis, E. grandis, E. maculata, Tectona grandis, Cassia siamea, Peltophorum dasyrachis et Holoptelea integrifolia.

Les surfaces indiquées dans le tableau restent très approximatives, et c'est pourquoi elles ont été mises entre parenthèses. Il a été admis que 80% des efforts de reboisement pendant la période 1976–1980 ont consisté dans l'établissement de petits peuplements artificiels autour des centres de population, pour l'approvisionnement en bois de service et en bois de feu, et de forêts de protection dans les zones fortement dégradées.

Toutes plantations

Le tableau suivant résulte du regroupement des deux tableaux précédents.

Surfaces estimées des plantations réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées76–8071–7566–7061–6551–6041–50Avant 41Total
Classe d'âge0–56–1011–1516–2021–3031–40> 40
PHL = PHL 1Essences feuillues autres que celles à croissance rapide1,200,601,000,700,50ε 4,00
PHH = PHH 2Essences feuillues à croissance rapide(5,00)(1,50)(0,50)ε   (7,00)
P = PHTotal toutes plantations(6,20)(2,10)(1,50)0,700,50ε (11,00)

1.2.3 Caractéristiques des plantations

Il existe peu d'informations sur les caractéristiques des plantations au Laos. Le teck est en général utilisé dans les régions de basse altitude. Les eucalyptus sont plantés dans les zones plus hautes, soit pour la protection des sols soit pour la consommation locale de bois de feu. La densité des peuplements est de 1 000 plants par hectare en moyenne (17).


Previous Page Top of Page Next Page