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Part II
COUNTRY BRIEFS (continued)

TOGO

La République du Togo se situe en bordure du golfe de Guinée entre les méridiens 0° et 1° 40' est et les parallèles 6°10' et 11°10' nord. A partir d'une façade littorale de 56 km de long sur l'Océan Atlantique, le pays s'étend à l'intérieur vers le nord sur 540 km couvrant une superficie totale de quelques 56 800 km2. Le Togo est traversé dans sa partie occidentale par la chaîne précambrienne de l'Atakorien (monts Togo, massifs de l'Atakora et chaines de Fazao), avec des montagnes pouvant atteindre 1 000 m. A l'est et dans le sud s'étale une vaste pénéplaine.

Bien que le Togo se situe à peu près au centre de la côte méridionale de l'ouest africain, son climat est assez particulier. Le refroidissement maritime, dû aux courants océaniques froids, réduit de beaucoup la convection qui, à son tour affecte profondément le cycle de l'eau de la région. A cela s'ajoute l'orographie qui, également, perturbe sensiblement la pluviométrie annuelle: celle-ci varie ainsi entre 850 mm (zone littorale) et 1 500 mm (Bafilou, Badou). Les températures sont plutôt constantes et les amplitudes saisonnières, très basses pour la zone littorale (humidité élevée), augmentent vers le nord (aspect continental du climat). Des variations diurnes de 15 à 20° C peuvent être enregistrées dans le nord en période d'harmattan. On distingue, en fonction de la situation géographique et du relief, une zone subéquatoriale, limitée à la partie littorale du pays et caractérisée par une pluviométrie bimodale, et une zone tropicale avec une seule saison pluvieuse plus au moins longue, qui couvre la plus grande partie du Togo (11).

Le Togo a une population d'environ 2.6 millions d'habitants, très inégalement répartie. La densité correspondante de 46 hab/km2 peut varier de moins de 5 dans la région des monts Fazao à plus de 300 dans la zone littorale. Selon l'annuaire FAO de la production, 70% de la population active travaille dans le secteur agricole.

1. Situation actuelle

1.1 Végétation ligneuse naturelle

1.1.1 Description des types de végétation

Dans la présentation des types de végétation ligneuse, le zonage écofloristique de la carte écologique du Togo et les descriptions du rapport correspondant ont servi d'information de base (11). En plus des critères bioclimatiques et physiographiques, il a été tenu compte pour l'élaboration de cette carte des composantes floristiques principales (uniquement ligneuses arborescentes) pour arriver à une délimitation des zones considérées. Dans cette classification, l'utilisation du terme “forêt dense” implique une couverture ligneuse au-dessus de 80%, celle de “forêt claire” une couverture ligneuse entre 50% et 80%, celle de “savane boisée” correspond à une couverture ligneuse de 20% à 50% et celle des termes “savane arborée” ou “savane arbustive” une couverture ligneuse entre 2% et 20%.

Les formations distinguées ainsi ont été classifiées en utilisant le système général de cette étude, même dans le cas d'unités complexes: le type de végétation dominant a déterminé la classe à laquelle le complexe appartient (cf. ledeuxième tableau du paragraphe 1.1.2).

Formations forestièree feuillues denses (NHC)

- Forêt semi-décidue et forêt décidue de la région du bassin supérieur du Mono et de l'Ogou, appartenant à la zone éco-floristique “zone sèche continentale” de basse altitude (généralement inférieure à 300 m). Cet ensemble d'flots forestiers et de galeries forestières, dont ancun n'a une superficie supérieure à 500 ou 600 ha, est situé dans la partie orientale du pays, entre 8°15' et 9° nord (région d'Abdoulaye) au milieu des savanes “guinéennes”. Une grande partie des flots appartient à la forêt classée d'Abdoulaye, région pratiquement inhabitée. L'impact de l'agriculture est encore très peu élevé, mais les sols étant souvent de bonne fertilité, il est fort probable que dans les années à venir, cette région subisse un développement agricole important. Depuis quelques années, un certain nombre de ces flots à été soumis à l'exploitation (région de Koussoutou), et le Togo envisage de mettre en valeur le reste du complexe dans un proche avenir.

Un étage dominant de hauteur moyenne (15 à 25 m) caractérise les formations décidues ou sèches. Dans les forêts semi-décidues et les galeries forestières, cette strate dominante est plus haute (25 m) (5). Il est intéressant de noter que dans les forêts décidues, les fréquences relatives des essences sont tout à fait semblables à celles des forêts semi-décidues. Les espèces les mieux représentées sont: Antiaris africana et A. welwitschii, Ceiba pentandra, Khaya senegalensis, Chlorophora excelsa, Triplochiton scleroxylon et Afzelia africana. Parmi les autres essences présentes dans les forêts semi-décidues et décidues, on trouve: Khaya grandifolia, Anogeissus leiocarpus, Berlinia acuminata, Bombax buonopozense, Cola cordifolia, Diospyros mespiliformis et Erythrophloeum guineense.

- Mosaïque de forêt semi-décidue et de forêt sèche décidue de versant du plateau de Danyi et des monts Togo, Haito et Agou, appartenant à la zone éco-floristique subhumide de moyenne altitude (300–900 m).

Il s'agit ici d'une mosaïque de forêts de montagne et de versants de montagne des plateaux du sud-ouest du Togo (Danyi, Akposso) ainsi que des montagnes à l'est des plateaux. Ces forêts s'élèvent de la pénéplaine (250 m) sur les flancs des montagnes qui atteignent des altitudes de 986 m (mont Agou) et de 800 à 900 m pour les plateaux. En général, les versants des plateaux ont des pentes très raides, circonstance qui, à cause de son “incommodité” pour les cultivateurs, a permis la survie de quelques belles forêts de versant.

Le feu et les cultures pérennes sont certainement les facteurs destructifs les plus importants pour ces forêts, et ce sont les endroits les plus humides (les vallées, les flancs boisés) qui résistent le plus longtemps. Cependant, l'homme intervient ici et grignote lentement, mais sûrement ces forêts de vallées, qui sont remplacées par des savanes. Cette dégradation ne se fait pas seulement d'une façon quantitative. La plupart de ces forêts sont occupées, depuis de très longues années, par des cultivateurs (café et cacao, et, là où la forêt est déjà “suffisamment ouverte”, mais, manioc, etc…)

L'étage dominant de ces formations est constitué de grands arbres dont la taille dépasse couramment 25 m (75% du total pour les forêts sur cacao et café, 35% pour les autres) et le couvert est le plus souvent clair, ce qui traduit l'élimination par les planteurs d'un certain nombre de tiges de cet étage, pour donner un peu de lumière aux caféiers et cacaoyers, et l'exploitation des massifs sans cultures en sous-étage. (5) Néanmoins, cette forêt, encore riche en arbres de grande taille, ne comporte qu'un faible nombre d'espèces: Chlorophora excelsa, Khaya grandifolia, Py cnanthus kombo et P. angolensis, Antiaris africana, Triplochiton scleroxylon, Ceiba pentandra, Mitragyna ciliata et M. stipulosa.

- Forêt semi-dégradée avec forte incidence des cultures appartenant à la zone éco-floristique de basse altitude “zone sèche littorale”. Ce type végétal est situé dans le sud-ouest du pays et constitue une bande discontinue entre Palimé et Keve. Elle se prolonge à partir de Keve-Assahoun vers le nord-est (Tsagba-Asrama) pour terminer avec les derniers vestiges des forêts de Tetetou et Togodo. La zone est relativement bien arrosée (entre 1 100 et 1 400 mm) avec un régime équatorial. La région est très plate avec une légère pente de Palimé (environ 200 m) vers la côte.

La plupart de ces forêts semi-décidues sont envahies par des cultures itinérantes ou industrielles (café, cacao) et ont un couvert rarement fermé. On y trouve à la fois des essences de forêt et de savane sèche. Les plus fréquentes sont: Ficus sp., Sterculia tracagantha, Phyllanthus discoideus, Daniellia oliveri, Butyrospermum paradoxum, Bridelia sp., Antiaris africana, Albizia zygia et le palmier Elaeis guineensis.

Formations forestières feuillues ouvertes (NHc/NHO)

- Savane arborée (principalement), boisée et arbustive et savane cultivée du centre Togo, appartenant à la zone éco-floristique de basse altitude “zone sèche continentale” (pluviométrie annuelle de 1 100–1 300 mm, 3 à 5 mois secs). Ces groupements couvrent une très grande partie du Togo, allant du parallèle 6°45' nord au parallèle 11° nord, ce qui représente un territoire écologique très étendu. La pluviométrie totale est relativement peu variable dans l'ensemble de la zone. La composition floristique varie avec la durée de la saison écologiquement sèche. La densité démographique étant très élevée dans certaines zones, l'impact humain par les feux, la hache et l'agriculture est très important, et le résultat est souvent un pyroclimax très appauvri et dégradé.

Cette savane, y inclus le faciès dégradé au point de vue du couvert végétal par l'action anthropique, couvre environ 60% du territoire national. Les mêmes espèces ligneuses caractéristiques se retrouvent sur toute l'étendue de cette classe, les différences entre les formations (savane arborée, boisée ou arbustive) provenant seulement de la présence ou l'abondance d'espèces secondaires. Parmi les essences caractéristiques, Daniellia oliveri et Butyrospermum paradoxum sont les plus typiques. Assez fréquents sont Afrormosia laxiflora, Annona senegalensis, Burkea africana, Gardenia ternifolia, Nauolea lancifolia, Pterocarpus erinaceus, Stereospermum kunthianum et Strichnos spinosa.

- Formations riveraines de la vallée de l'Oti: forêt claire, savane à palmiers, prairies saisonnièrement inondées, appartenant à la zone éco-floristique de basse altitude “zone sèche continentale”. Cotte formation est située dans la vallée plus ou moins inondable de l'Oti, au nord-est du pays. La vallée est moyennement peuplée (10 à 15 habitants par km2) principalement par des cultivateurs de mil, sorgho, haricots, arachides et riz.

En général, la végétation de cette zone inondable est très variée. Les taches de forêts ne sont pas des galeries forestières dans le sens physionomique habituel: elles ne longent pas le cours d'eau continuellement. Il s'agit plutôt de formations édaphiques, de petite superficie, qui se trouvent sur des stations où les conditions sont souvent très particulières: sols profonds, parfois inondables, en bordure de l'eau ou avec nappe phréatique peu profonde. Les espèces les plus fréquentes dans ces taches de forêt claire sont: Khaya senegalensis, Mitragyna inermis, Acacia sieberiana, Parinari excelsa, Prosopis africana, Tamarindus indica, Anogeissus leiocarpus, Balanites segyptiaca, Mimosa pigra, Terminalia laxiflora. D'immenses prairies, parfois inondées par les eaux de pluies stagnantes, ont des peuplements importants du palmier Borassus sethiopium et de nombreux petits arbres (Mitragyna inermis) et arbustes (Mimosa pigra).

- Savane arborée (principalement), boisée et arbustive du sud-Togo, appartenant à la zone éco-floristique de basse altitude “zone sèche littorale” (pluviométrie annuelle de 800 a 1 100 mm, 3 à 4 mois secs). Cette formation se retrouve dans la même sone que la précédente. En dehors des flots forestiers dégradés déjà décrits, la végétation est nettement mixte (strate ligneuse et strate graminéenne). Les savanes du sud-Togo ont une composition spécifique différente de celles du centre, avec une forte abondance de Butyrospermum paradoxum et de Combretacées. A l'intérieur de ces savanes de type “soudanien” on retrouve des galeries forestières remarquables, qui contiennent un nombre important d'essences de forêt dense comme Antiaris africana et Cola cordifolia à côté de Butyrospermum paradoxum et Acacia campylacantha. Cependant, beaucoup de ces bas-fonds sont très recherchés par les cultivateurs à cause des sols fertiles et dans beaucoup de cas, la galerie forestière a été considérablement dégradée. Le long des routes les savanes ont subi une dégradation, mais à l'intérieur il n'existe pas une présence humaine excessive. Maytenus senegalensis, Piliostigma thonningii et Stereospermum kunthianum illustrent le caractère “soudanien” de ces formations.

- Formations riveraines des vallées du Mono, Haho et Sio, appartenant à la zone éco-floristique de basse altitude “zone sèche littorale”. Il s'agit des vallées inférieures, plus au moins inondables, de ces trois fleuves au sud-Togo. Une grande partie de la couverture forestière naturelle dans ces zones riveraines a été remplacée soit par des cultures ou jachères ou un couvert végétal secondaire, soit par une forêt dégradée. Ils restent quelques flots de forêt intacte très fermés dont les lisières sont couvertes par une paroi de végétation lianescente et arbustive. A l'intérieur, on retrouve principalement Pterocarpus santalinoides, Dialium guineense et Cola laurifolia. Le sous-bois est pratiquement dépourvu de végétation. En dehors des massifs fermés, on retrouve des plaines saisonnièrement inondées, caractérisées par des bosquets d'arbres et d'arbustes (Ceiba pentandra, Albizia sp., Spondias mombin, Cola cordifolia, Afzelia africana, Lonchocarpus sp. Triplochiton scleroxylon, Chlorophora excelsa, Mitragyna inermis) au milieu des prairies herbeuses.

- Forêt claire de “la fosse aux lions”, appartenant à la zone éco-floristique de basse altitude “zone très sèche continentale” (pluviométrie annuelle de 900 à 1 100 mm, 5 à 6 mois secs). La “fosse aux lions” se trouve dans le nord du Togo. Il s'agit d'une plaine alluviale, située au pied des pentes des falaises de Dapaong au nord et de Nano, Boumbouaka au sud. La “fosse” ne fait partie que de cette plaine, mais étant donné qu'elle fût classée en 1954 seule à l'intérieur de cette zone, on retrouve un couvert végétal luxuriant et très varié, qui cependant est menacé d'une forte dégradation à cause des exploitations agricoles délictueuses, des coupes sauvages de bois vifs et du séjour permanent d'un troupeau d'éléphants (10). Ses 1250 ha sont traversés par plusieurs marigots qui ont de l'eau seulement en saison des pluies. Quelques grandes mares y sont également remplies par les eaux stagnantes sur les sols argileux.

Dans les parties plus sèches, on retrouve: Ficus spp., Syzygium guineense, Daniellia oliveri, Afzelia africana, Lannea welwitschii, Terminalia macroptera et Tamarindus indica. Les galeries forestières, qui sont souvent bien développées, sont caractérisées par: Khaya senegalensis, Manilkara lacera, Cassia sieberiana, Pentadesma bitira, Raphia sp., Diospyros mespiliformis, Anthocleista nobilis et Vitex sp. Les surfaces inondables et hydromorphes ont surtout un couvert graminéen d'Andropogonées.

- Complexe de forêt claire, forêt semi-décidue, savane boisée, savane arborée et savane arbustive de moyenne altitude et savane à forte emprise agricole, appartenant à la zone éco-floristique sèche à subhumide de moyenne altitude (300–800 m). Ce type végétal couvre plus au moins les monts Fazao, l'Atakora (monts Siambénou, Defalo, Amato etc.) ainsi qu'un certain nombre de montagnes au nord de Lama Kara. En général, ces massifs sont bien arrosés (1 300 à 1 500 mm) bien qu'au nord des montagnes de Bafilo, il y ait une baisse importante de la pluviométrie. Dans cette région également la saison sèche devient plus importante et il y a influence sensible de l'harmattan. En conséquence, la végétation devient très sèche, ce qui augmente l'impact des feux. La géomorphologie est relativement hétérogène: des plateaux succèdent à falaises abruptes, des dépressions et ravins humides. La densité de la population est très variée. La région des monts Fazao est la moins peuplée du Togo (entre 0 et 5 personnes par km2), de vastes étendues sont inhabitées et l'accès est très difficile. Par contre, l'Atakora, la chaîne de Lama ainsi que certaines parties des montagnes de Bafilo Pewa sont très peuplées et par conséquent très dénudées et dégradées. L'érosion y est très importante.

La zone est couverte d'une mosaïque de formations différentes, allant des taches de forêts semi-décidues dans les montagnes de Bafilo, Malfakassa et Fazao, lesquelles ne représentent qu'une petite partie du couvert végétal, jusqu'à des couvertures graminéennes clairsemées. La formation de forêt claire domine avec Afzelia africana, Anogeissus leiocarpus et Isoberlinia doka. La forêt semi-décidue, principalement en galeries, est caractérisée par Dialium guineense, Antiaris africana et Berlinia grandiflora et les savanes (boisées, arborées ou arbustives) de moyenne altitude hébergent Monotes kerstingii, Isoberlinia doka et Uapaca somon.

Formations (essentiellement) arbustives (nH)

- Mosaïque de cultures et jachères dérivée de forêt semi-décidue sur Terre de Barre, appartenant à la zone éco-floristique de basse altitude “zone sèche littorale”. Située dans l'extrême sud du pays, cette région est caractérisée par la pluviométrie la moins élevée du pays (770–1 100 mm), laquelle peut subir des variation annuelles très importantes. Les sols de la région appartiennent au groupe de “Terre de Barre”. L'altitude varie entre 30 et 120 m. Le plateau est légèrement en pente vers le sud, et traversé par une dépression (“dépression de la Lama”) qui s'étend de la région au sud de Tove vers le nord-est (Tabligbo). Puisque ces terres ont été cultivées intensivement depuis des siècles la végétation climacique a été presque entièrement remplacée par des jachères et des cultures. L'élément actuel le plus important de ces paysages anthropiques, issus de la forêt semi-décidue, est sans doute le palmier à l'huile Elaeis guineense. Plus vers la côte sur les cordons littoraux se trouvent des peuplements de cocotier, Cocos nucifera. Avec les palmeraies, naturelles ou d'origine humaine, la mosaïque complexe de jachères constitue le facteur dominant des paysages sud-togolais. Parmi ces jachères, on peut retrouver pratiquement toutes les formes intermédiaires entre la forêt semi-décidue et les champs de cultures. Une fois ces jachères abandonnées, on retrouve au premier stade un fourré fermé. Parmi les espèces fréquentes, il faut citer Dialium guineense, Drypetes floribunda, Vernonia colorata, Lecaniodiscus cupanioides, Morinda lucida, Albizia zygia, Fagara xanthoxyloides et Malacantha warneckei. Après un repos de plusieurs années, ces fourrés sont coupés et transformés en champs. Presque la totalité de la région littorale est soumise à ce système de rotation fourré arbustif/cultures, d'autant plus que la densité démographique est très élevée dans cette partie du pays. Une élément insolite est la présence un peu partout d'Adansonia digitata, le baobab.

- Formations arbustives saxicoles, appartenant à la zone éco-floristique de basse altitude “zone très sèche continentale”. Ce type végétal est situé dans l'extrème nord du pays, et couvre les falaises gréseuses de la région de Nano, Pana, Boumbouaka et Dapaong. Les deux massifs, plus au moins orientés est nord-est/ouest-sud-ouest, ont une altitude variant entre 300 et 520 m. Ils montent du sud vers le nord et surplombent, par des falaises presque verticales, les plaines de l'extrême nord-Togo avec une altitude moyenne de 250 m. Leur superficie ne couvre que 230 km2 environ, soit 0,4% du territoire togolais. Le climat de la région appartient au régime tropical soudanien. La pluviométrie totale moyenne est de 1050 mm et 70 jours environ. L'effet de l'harmattan est très important. En saison sèche, la température sur ces masses rocheuses est très élevée. Des petites poches de végétation, protégées par les rochers, sont à l'abri des feux mais la plus grande partie est incendiée chaque année. La densité humaine est élevée et l'exploitation pour le pâturage intense.

Etant donné ces conditions difficiles pour la végétation naturelle, ces formations à caractère saxicole sont pauvres du point de vue physionomique et floristique. Les arbres sont en majorité rabougris et tortueux, car ils ont souffert du feu, du broutage et de la hache. Les espèces plus fréquentes sont: Syzygium guineense, Terminalia glaucescens, Combretum glutinosum, Euphorbia spp., Acacia sp., et Entada sp., et Sterculia setigera. Là où le sol est plus profond, on retrouve: Anogeissus leiocarpus, Butyrospermum paradoxum, Prosopis africana, Daniellia oliveri, Bridelia ferruginea, Khaya senegalensis, Vitex cuneata, Parinari excelsa et Diospyros mespiliformis.

- Savane arborée et arbustive à forte emprise agricole du nord-Togo, appartenant à la zone éco-floristique de basse altitude “zone très sèche continentale”. Située plus ou moins à l'ouest de la rivière Oti au nord-Togo, cette région est écologiquement la partie la plus sèche du pays. En outre, l'aridité de cette zone est fortement accentuée par deux facteurs importants: l'influence de l'harmattan et l'action de l'homme et ses conséquences. En effet, on se trouve dans une région très peuplée, avec des ethnies de cultivateurs et d'éleveurs. En plus d'un taux très élevé d'occupation des sols par les cultures (mil, coton), elle connaît un surpâturage de bovins, caprins et ovins. Les arbres restants sont coupés pour le bois de chauffage ou le fourrage pour chèvres et moutons. Dans les régions densément occupées, presque toutes les essences survivantes sont protégées en raison des fruits ou autres produits consommables ou utilisables qu'elles offrent: Butyrospermum paradoxum (fruit et graine), Tamarindus indica (fruit), Balanites aegyptiaca (fruit), Parkia biglobosa (farine de gousse), Ficus spp. (fruit) etc…

Les espèces non protégées sont souvent des indicateurs de milieux très dégradés: Acacia mellifera, Combretum spp. et Entada africana. Quant à la couverture herbeuse, celle-ci a plutôt un caractère steppique (pseudo-steppe) étant donné la taille de l'herbe et l'espace séparant les touffes.

- Savane arbustive de moyenne altitude, appartenant à la zone éco-floristique subhumide de moyenne altitude (300–900 m) avec une pluviométrie annuelle de 1400 à 1 700 mm. Il s'agit d'une formation située à une altitude variant entre 600 et 950 m, principalement sur les plateaux précambriens de Danyi, d'Akposso et d'Akebou dans le sud-ouest du Togo. Cette région jouit d'un climat tropical de montagne humide. Les températures y sont relativement basses, ainsi que l'évaporation, ce qui fait qu'elle garde une humidité pendant une grande partie de l'année. La population est moyennement élevée: 20 à 40 personnes/km2. La région est importante pour la production de café et de cacao. Le taro et le riz sont les cultures vivrières principales.

Sur ces plateaux, et compte-tenu des conditions des sols, on peut distinguer deux milieux différents: un milieu à potentiel productif bas, dû à la profondeur limitée du sol, couvert par une savane arbustive clairsemée ou savane herbeuse, et un milieu à savanes post-forestières, où on note la présence d'un nombre important d'essences forestières (Chlorophora, Antiaris etc.). Dans cette formation, on retrouve également des essences de savanes (Entada, Bridelia, Trema, etc.). Les savanes derivées de la forêt (sur sols profonds) évolueraient rapidement en forêts, compte tenu des conditions écologiques favorables, pour autant que celles-ci n'aient pas encore été trop dégradées.

1.1.2 Situation actuelle de la végétation ligneuse

Surfaces actuelles

La carte écologique du couvert végétal du Togo, dressée par le projet pilote FAO/PNUE/Togo de surveillance continue de la couverture forestière tropicale (11) a servi comme document de base et point de départ pour la détermination des superficies des formations ligneuses naturelles, comme elles ont été classifiées dans le tableau suivant. Dans l'ensemble, elle représente la situation à la fin de 1975, puisque les images des satellites Landsat, dont l'interprétation, confirmée par des contrôles de terrain et des survols aériens, a fourni l'information nécessaire, ont été enregistrées autour de cette date.

L'actualisation à la fin de l'année 1980 faite en tenant compte des taux de déforestation et de dégradation de la végétation determinés entre autres à partir des données disponibles sur les activités agricoles (voir paragraphe 2.2.2), et des chiffres calculés pour le Bénin, pays voisin qui se trouve dans une situation similaire.

Surfaces estimées de végétation ligneuse naturelle à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2NHCfNHCaNHc/NHO1NHc/NHO2NHc/NHONHc/NHOanH
47206253513042501501230138012002270

Les classes de végétation ligneuse, utilisées dans la section 1.1.1, ne correspondent pas exactement aux catégories utilisées dans cette étude. On a utilisé les correspondances indiquées dans le tableau suivant.

Distribution des superficies des classes de la carte écologique du couvert végétal du Togo entre les catégories utilisées dans cette étude

 Classes de la carte écologiqueCatégories de l'étudeNHCf1uvNHCf1ucNHCf2iNHCaNHc/NHOaNHc/NHO2NHc/NHOanH
Forêt semi-décidue et forêt décidue (Mono-Ogou)
90%10%      
Savane arborée, boisée et arbustive (centre-Togo)
     60%   40%
Formations riveraines (Oti)    10%40%10%  40%
Savane cultivée (centre-Togo)      60%  40%
Forêt semi-décidue dégradée   100%    
Savane arborée, boisée et arbustive (sud-Togo)
       5% 60%   35%
Mosaïque de cultures et jachères sur Terre de Barre       100%
Formation riveraines (Mono)10%    90%  
Forêt claire “la fosse au lions”    100%   
Formations arbustives saxicoles       100%
Savanes du nord-Togo       100%
Mosaïque de forêt semi-décidue et forêt décidue (Monts Togo, Agou) 80%20%     
Savane arbustive de moyenne altitude       100%
Complexe de forêts et savanes de moyenne altitude  5%   40%20%15%  20%
Savane à forte emprise agricole de moyenne altitude       100%

Les proportions de formations arborées et arbustives dans chacune des classes de la carte du couvert végétal telles qu'elles sont indiquées dans le tableau précédent, sont approximatives et entachées d'une marge d'erreur inconnue.

Dans l'analyse des superficies des formations ligneuses du Togo, il convient de relever l'extrême dispersion des massifs de forêt dense. Il est rare d'en trouver de plus de 5 000 ha. Par ailleurs, il importe de signaler qu'une partie importante de ces forêts, près de la moitié, sert de couverture aux cultures pérennes de café et de cacao. Du fait de la physionomie de l'étage dominant, elles ont été classées dans le groupe NHCf1uc de foret dense productive déjà exploitée (état de l'étage dominant plus au moins intact, couverture serrée). Les seuls massifs forestiers denses improductifs, qui le sont du fait des conditions physiques, se trouvent sur les pentes très raides des monts Togo, Haito et Agou (NHCf2=NHCf2i).

Par manque d'information sur la superficie des savanes herbeuses, cette formation graminéenne a été assimilée avec la surface sous pâturage permanent. Ces terrains - 200 000 ha - et ceux occupés par les cultures permanentes - 70 000 ha - (annuaire FAO de la production vol. 32), ont été exclus des superficies ligneuses, altérées par l'homme, (50% de NHc/NHOa et 50% de nH), indiquées dans le tableau. Les chiffres de surface ainsi obtenus à partir de la “carte écologique du couvert végétal du Togo” sont compatibles avec ceux obtenus par l'inventaire de reconnaissance réalisé en 1970 dans la moitié sud du pays (5).

Propriété, statut légal et aménagement

Au Togo, il existe légalement deux types de forêt, les forêts classées et les forêts protégées. Cette classification administrative recouvre aussi bien les forêts denses que les forêts claires et les savanes. Le régime forestier a été institué par décret le 5 février 1938; un règlement d'application en date de 1940 régit l'exploitation forestière. Ces textes modifiés à plusieurs reprises sont toujours en vigueur aujourd'hui. Les “forêts classées” (336 000 ha), propriété del 'Etat, sont en théorie des zones où exploitation et culture sont interdites. Les “forêts protégées” sont celles où la culture est autorisée et l'exploitation forestière réglementée. En fait, l'administration tolère l'agriculture dans les forêts classées, mais elle réglemente l'exploitation d'une série d'espèces dites protégées pour lesquelles il existe une redevance quelque soit l'endroit de coupe (3). Il n'existe aucune forêt aménagée de façon intensive au sens utilisé dans cette étude (NHCf1m=0 et NHc/NHO1m=0).

Exploitation forestière

Bois en grumes

Malgré ses 760 000 ha de forêts (forêts denses et formations mixtes productives), le Togo est un pays importateur de bois, notamment de sciages, et, dans les régions du nord, en bois de tout genre. Les importations proviennent principalement du Ghana, du Nigéria et de la Cête-d'Ivoire (6). La production locale suffit à l'approvisionnement des zones rurales, mais celui en bois d'oeuvre des grands centres dépend aujourd'hui presque entièrement de l'importation.

L'exploitation au Togo est en principe contrôlée au moyen des permis d'abattage délivrés par le service forestier. Cependant on estime que 50% de l'exploitation privée traditionnelle reste incontrôlée. Mise à part l'exploitation forestière en régie par l'ODEF, il n'existe aucune exploitation de bois d'eouvre vraiment organisée. Celle-ci se pratique localement en fonction des besoins et se concentre principalement sur les essences suivantes: Chlorophora excelsa, C. regia, Khaya grandifolia, K. senegalensis et Triplochiton scleroxylon. Les rôniers (Borassus aethiopium) sont essentiellement utilisés comme madriers dans la construction des cases; les autres espèces servent aussi bien à la construction qu'à l'ameublement (5).

Actuellement, l'exploitation de bois en grumes peut être estimée entre 18 000 et 20 000 m3 (annuaire des produits forestiers FAO 1966–1977) dont 25% seraient produits par l'ODEF, un autre quart par les quelques scieries mécanisées en activité (en dehors de Lomé) avec un coefficient de transformation de l'ordre de 0,55 et le reste par les scieurs de long. Cette production traditionnelle aboutit à un rendement de 30% (rapport volume scié sur volume sur pied). Différents facteurs rendent l'installation d'une exploitation permanente liée à une scierie difficile sinon quasi-impossible, notamment la faible densité des essences commerciales et dans certains cas la nécessité de verser un dédommagement aux agriculteurs utilisant la forêt protégée ou classée pour leur plantation de café ou de cacao. Une exploitation de 2 m3/ha est effectuée maintenant par l'ODEF dans la région de Togodo. A Lomé, les entreprises du bois travaillent presque uniquement le bois importé (3).

Autres produits forestiers

Le bois de service est utilisé par les populations rurales pour les poteaux servant à la construction des cases et des palissades et pour la fabrication de manches d'outils. Il est pratiquement impossible d'évaluer cette production qui très souvent n'est pas commercialisée. On peut l'estimer à 60 000 m3/an, à l'exclusion de celle provenant des plantations, et représentant environ 30 000 m3/an (9). La production de perches et de poteaux électriques et téléphoniques à partir des forêts naturelles est peu importante.

Par contre, la production de bois de chauffage revêt une importance capitale, surtout dans certaines régions du nord où femmes et enfants parcourent jusqu'à 30 km pour grappiller en une journée de travail un maigre fagot représentant 1/7 à 1/8 de stère. La production totale du pays est très difficile à estimer tant elle varie avec le milieu, les saisons et les coutumes. Sur la base d'enquêtes précises réalisées en 1971 et compte - tenu du taux de croissance de la population togolaise, elle serait actuellement de l'ordre de 4,5 millions de stères. Dans les principales villes (Lomé, Palimé, Lama Kara etc…) elle paraît en régression, et ce combustible a déjà en grande partie été remplacé par le charbon de bois. La consommation de celui-ci dans les mêmes villes est de l'ordre de 30 000 tonnes annuellement.

Quelques autres produits forestiers méritent d'être retenus comme production intéressante en regard d'une population croissante qui y trouve des ressources supplémentaires de subsistance: le kapok (fruit des Bombacacées), la noix de cola, l'huile de palme (Elaeis guineensis) et le beurre de karité (Butyrospermum paradoxum).

1.1.3 Situation actuelle des volumes sur pied

Les chiffres du tableau suivant sont approximatifs. Les volumes VOB indiqués sont des potentiels bruts correspondant au volume total sur écorce du fût des arbres de diamètre supérieur à 10 cm. Le coefficient de commercialisation des bois exploités (Khaya grandifolia, K. senegalensis, Chlorophora excelsa, C. regia, Afzelia spp., Triplochiton scleroxylon, Antiaris africana, A. welwitschii, Pycnanthus angolensis et P. kombo), c'est-à-dire le rapport du volume effectivement utilisable au volume brut sur écorce des arbres de diamètre exploitable des essences commercialisables est de l'ordre de 0,65, les pertes d'exploitation étant estimés à 35% environ du volume.

Volumes sur pied estimés à la fin de 1980
(totaux en millions de m3)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf2NHc/NHO1
VOBVACVOBVOBVOBVAC
m3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotalm3/hatotal
2009,40100,4714028,81809,2203,020,30

L'occupation de certains secteurs forestiers par des cultures pérennes rend d'autant plus improbable l'exploitation forestière dans ces forêts semi-décidues, classées selon leur stade de dégradation comme “forêts denses exploitées” (NHCf1uc) ou “jachères forestières” (NHCa), bien que le volume brut sur pied soit dans les premières généralement assez élevé (entre 100 et 140 m3/ha) représenté surtout par des arbres de diamètre supérieur à 40 cm. Deux essences de bois blanc constituent les deux tiers du volume des essences connues du commerce. Il s'agit du fromager (Ceiba pentandra), dont une petite partie du volume seulement correspond à des arbres de dimensions pas trop grandes, et de l'ako (Antiaris africana). Les bois rouges sont très peu abondants et tous commercialisés. L'iroko (Chlorophora spp.) y domine, puisqu'il représente à lui seul 60% du groupe. Les acajous (Khaya spp.) et le doussié (Afzelia spp.) se partagent le reste. Une douzaine d'essences complémentaires secondaires peu ou pas connues ont un potentiel non négligeable, parmi lesquelles il convient de signaler tout particulièrement l'Anogeissus leiocarpus, le Bombax buonopozense et le Cola cordifolia (5). Une interprétation correcte des chiffres indiqués dans le tableau exige les explications suivantes:

1.2 Plantations

1.2.1 Introduction

Des plantations et reboisements ont été entrepris au Togo sur une assez grande échelle aux alentours de 1910 (colonisation allemande). Cette époque (1904–1919) est caractérisée par la multiplicité des espèces étudiées (Erythrophleum sp., Khaya sp., Tectona grandis etc…). On n'attachait pas une importance particulière au teck, qui s'imposera par la suite grâce à la réussite de ses plantations. La période de 1920 à 1950 est marquée par un grand nombre de reboisements sur de petites surfaces: dans le centre du pays, 200 parcelles de teck avaient 6 ha de surface unitaire, et 120 entre 1 et 5 ha. Une série de teckeraies anciennes d'environ 55 ans subsiste (637 ha et 378 ha respectivement dans les régions de Sokodé et Bassari). Le teck devient ensuite l'essence de plantation presque exclusive, avec des parcelles cette fois-ci plus étendues. Des amorces de diversification, notamment avec des eucalyptus, ont été entreprises à partir de 1968 sur le plan expérimental et de 1971 à grande échelle, le teck n'étant presque plus planté actuellement (1).

L'ensemble des plantations industrielles atteint environ 7 500 ha. Le teck est en fait la seule essence subsistant un peu partout dans le pays, alors que son essor fut fortuit - simplement au vu des résultats probants de quelques essais - et que les introductions de plusieurs autres espèces (229 près de Sokodé par exemple (1)) n'ont guère laissé de traces. Toutefois, le manque de protection (pare-feux insuffisants ou non plantés, contre-feux non répétés, population non motivée) et d'entretien (programme d'éclairciesnon appliqué) et une sélection à rebours par l'exploitation, ont conféré à ces teckeraies un aspect dégradé et une productivité réduite (10).

1.2.2 Surfaces des plantations réalisées

Plantations industrielles

Les plantations actuellement existantes reflètent bien cette évolution historique et ce qu'on trouve de boisements industriels au Togo est indiqué dans le tableau suivant, où la répartition par classe d'âge au delà de 15 ans doit être considérée comme approximative.

Surfaces estimées des plantations industrielles réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées76–8071–7566–7061–6551–6041–50Avant 41Total
 Classe d'âge0–56–1011–1516–2021–3031–40> 40
PHL 1Tectona grandis0,100,870,540,662,921,061,107,25
“Plantations expérimentales”0,151,15     0,30
P..1=PH. 1=PHL 1Total plantations industrielles0,252,020,540,662,921,061,107,55

La presque totalité des plantations exécutées au Togo avant 1971 avait porté sur deux essences seulement, à savoir le teck et Cassia siamea. On a admis que le teck représente 90% de la superficie globale plantée jusqu'à cette date. Il n'est par contre pratiquement plus planté depuis plusieurs années (9). En écartant de la surface globale de teck - 7 200 ha (7) - tous les boisements qui sont d'une superficie trop petite (moins de 5 ha) ou qui ne présentent plus, quant à la densité et l'occupation du sol, l'aspect d'un peuplement forestier, on estime que la superficie effective ne dépasse probablement pas les 3 000 ha. De plus, une partie considérable des plantations a été installée dans des bandes étroites au bord des routes, leur protection et leur aménagement rationnel rendus impossibles du fait des interventions délictueuses.

A ce jour, une soixantaine d'espèces, dont plusieurs avec des provenances différentes ont été essayées; une dizaine d'entre elles ont montré de réelles qualités d'adaptation et sont utilisées depuis 1971 sur les différents chantiers de reboisement. Ce sont plusieurs espèces d'Eucalyptus - E. tereticornis et E. camaldulensis, qui donnent les meilleurs résultats -, Gmelina arborea, Cordia alliodora, Cedrela odorata, Dalbergia sissoo et autres. Parmi les essences locales, le Terminalia superba présente de bonnes caractéristiques de croissance et est planté chaque année sur des surfaces restreintes.

Autres plantations

Des 1580 ha plantés entre 1970 and 1974, on estime qu'environ 90% correspondent à des peuplements d'espèces à croissance rapide pour bois de feu et bois de service principalement. Les eucalyptus dominent. Les autres 10% représentent des plantations expérimentales avec d'autres essences, dont quelques-unes ont déjà été mentionnées. Concernant ces reboisements expérimentaux ou ceux d'eucalyptus le même taux de reforestation a été admis pour la période 1976–1980.

Surfaces estimées des plantations non-industrielles réalisées à la fin de 1980 1
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées76–8071–7566–7061–6551–6041–50Avant 41Total
Classe d'âge0–56–1011–1516–2021–3031–40> 40
PHL 2Anacardium occidentaleind.ind.ind.ind.ind.ind.ind.0,20
 Cassia siameaind.ind.ind.ind.ind.ind.ind.0,70
PHH 2Eucalyptus spp.1,421,43     2,85
P..2=PH.2Total plantations non-industrielles1,42+1,43+ind.ind.ind.ind.ind.3,75

1 ind.: indéterminé

Environ 700 ha de plantations de Cassia siamea (9) et 200 ha de plantations d'Anacardium occidentale (1) sont dispersés dans le pays, les premières destinées à la production de bois de feu, les secondes établies surtout pour la récolte des fruits. Cependant les quelques vergers restants d'anacardiers sont progressivement détruits par les feux non contrôlés. (10)

Toutes plantations

Surfaces estimées des plantations réalisées à la fin de 1980
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées76–8071–7566–7061–6551–6041–50Avant 41Total
Classe d'âge0–56–1011–1516–2021–3031–40> 40
PHL = PHL 1 = PHL 2Essences feuillues, autres que celles à croissance rapide0,25+0,25+0,54+0,66+2,92+1,06+1,10+  8,45
PHH = PHH 2Espèces feuillues à croissance rapide1,421,43       2,85
P = PHTotal toutes plantations1,67+1,68+0,54+0,66+2,92+1,06+1,10+11,30

1.2.3 Caractéristiques des plantations

Tectona grandis: Les teckeraies de la zone sud sont aménagées en futaie régulière, avec fonds de réserve, à révolution de 60 à 90 ans, selon les classes de fertilité. La possibilité est fixée par contenances avec, dans certains cas, des normes par pieds d'arbres. Le terme d'exploitabilité est fixé à la dimension de 150 cm de circonférence, soit 50 cm environ de diamètre pour les arbres laissés pour la coupe finale. La rotation des éclaircies est de 8 ans, avec un passage facultatif à mi-rotation pour les peuplements de moins de 20 ans. La production de bois de tranchage ou de déroulage étant technologiquement exclue, on vise à produire du bois de menuiserie pour les besoins locaux (6). Sur le plan technologique, on constate que dans le passé le teck a été planté au Togo à des écartements allant de 2 m x 2 m à 6 m x 6 m, et la plupart des boisements ont été réalisés selon le système taungya. Des accroissements moyens annuels de 10 m3 en volume (6) ou de 1 cm en diamètre (7) sont mentionnés.

Cassia siamea: ces peuplements sont traités en taillis avec un cycle de 10 ans. L'accroissement moyen est de 15 m3/ha/an. (3)

Eucalyptus spp.:réalisées à l'écartement de 3 m x 3 m, ces plantations encore jeunes produiront du bois de service et du bois de feu, avec un accroissement d'environ 15 m3/ha/an.

Les plantations expérimentales récentes sont généralement réalisées à l'écartement de 3 m x 3 m en régie ou en taugnya. Elles ont servi d'essais délimination et de définition des techniques de reboisement.

2. Tendances actuelles

2.1 Végétation ligneuse naturelle

2.1.1 Déforestation

Au Togo, toutes les modifications de la couverture forestière, mis à part celles dérivant d'une exploitation rationnelle, sont critiques pour l'équilibre écologique. En effet, les forêts semi-décidues du pays ne reçoivent pas, pour la plupart, la pluviométrie minimale qui leur permettrait de se reconstituer spontanément, qu'on peut estimer en première approximation à 1700 mm annuellement. Ceci implique que la majorité de ces forêts se trouve sur des stations marginales et que ces systèmes ont une très grande vulnérabilité à toute perturbation d'origine anthropique. Pendant les dernières années, une grande partie des forêts ont subi des transformations profondes sur une grande échelle. En témoignent les grands arbres qui restent dispersés dans les champs de cultures, qui ont remplacé les formations forestières en plusieurs endroits. Cependant, la régression de la forêt ne se produit pas toujours à une cadence régulière, et est liée à la pression démographique locale. On remarque également que cette pression est en général plus forte sur les forêts denses que sur les savanes avoisinantes. En effet, dans une région donnée, les sols portant les formations les plus hautes et fermées sont souvent les plus riches et donc les plus recherchés pour l'agriculture. Aussi, entre une forêt et une savane, toutes les deux contiguës à une zone cultivée, c'est la forêt qui est la plus menacée par les cultivateurs (11).

Dans la région littorale du Togo, la densité démographique dépasse 140 habitants au km2. Comme cette population est sédentaire, et que les “terres de barre” se sont appauvries après des siècles de cultivation intensive, les derniers îlots forestiers, dans la région d'Asrama, Tététou et Togodo sont aussi en voie de disparition et cèdent la place au maïs, manioc et autres cultures, alternant avec des jachères arbustives, ou aux palmeraies d'Elaeis guineensis. La région des monts Togo subit également une pression importante. Bien que la densité humaine ne soit pas très élevée (30 à 40 habitants/km2), la dispersion des cultures industrielles (café, cacao) sous forêt depuis de longues années, ainsi que le relief accidenté, rendent ces milieux, principalement les forêts de versants, très vulnérables à l'impact de l'homme. Dans le nord, les montagnes cabraises (nord de Lama Kara) et la région de Mango et de Dapaong ont des densités de population élevées également (11).

Ces centres au nord et au sud du pays à haute densité de population sont également les zones les plus fertiles du pays. Cependant, l'exploitation très intensive des ressources naturelles a causé dans ces régions une dégradation considérable. La fertilité et la productivité des sols diminuant graduellement, la population augmentant ainsi que ses exigences, de nouvelles terres sont entamées et l'invasion des milieux naturels de forêt et de savane par les cultures prend, en certains endroits, des dimensions alarmantes (11).

Le tableau suivant représente une estimation des taux de déforestation pour les périodes 1976–80 et 1981–85.

Déforestation annuelle moyenne
(en milliers d'ha)

Périodes:

1976–80 1981–85
(projections)
NHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2NHCf NHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2NHCf
0,51,21,70,32,0 0,51,31,80,32,1

La destruction des forêts, que leur topographie rend “improductives” (NHCf2i) est due en partie à l'action des feux répétés et à l'érosion (région des monts Togo notamment) (11). La majeure partie de la déforestation résulte de la transformation des forêts denses en cultures et jachères forestières sous l'action de l'agriculture. De plus, un tiers des formations productives exploitées (NHCf1uc) se trouve déjà sur cultures pérennes, bien que leur physionomie ne paraisse pas dégradée.

2.2.2 Dégradation

La densité et la hauteur de l'ensemble des formations mixtes forestières et graminéennes diminue. Ceci ce traduit par une réduction de 8 000 ha par an des forêts claires et savanes boisées et de 2 000 ha par an des savanes arborées, et par une augmentation sensible de la couverture de savane cultivée (10 000 ha/an) et des massifs arbustifs (2 000 ha/an), aux dépens des types précédents et des forêts denses (NHC) (11).

Comme déjà décrit en relation avec la déforestation, l'agriculture joue un rôle primordial dans cette évolution. Dans le nord, l'élevage a un impact tout aussi important. Comme cette région est très sèche, l'influence des animaux sur le couvert végétal est souvent considérable. Le long des grands axes routiers et autour des agglomérations les collecteurs de bois de feu et les producteurs de charbon de bois sont actifs. Leur action sur le couvert végétal peut être décisive, mais sur des étendues relativement restreintes.

Le parc national de la Kéran démontre très bien l'impact de l'homme sur son environnement dans la région. Des savanes évacuées depuis quatre saisons de pluie à peine, où l'on a pratiqué le contrôle des feux, se sont développées et reconstituées avec un dynamisme considérable. Celles-ci devraient rester cependant des formations forestières plus au moins ouvertes selon la profondeur et la texture du sol. (11).

2.1.3 Tendances dans l'exploitation forestière

Une étude sur les besoins en matière de bois, réalisée en 1970 (3), indique une consommation probable de 40 000 m3 de bois d'oeuvre, de 90 000 m3 de bois de service et de 5 millions de stères de bois de chauffage pour l'année 1988. En admettant même que le Togo couvrira ses propres besoins dans ces deux dernières catégories de produits forestiers, il est évident que les importations de bois d'oeuvre vont augmenter. L'amélioration éventuelle de l'exploitation risque d'être annulée par la réduction des ressources forestières dans le rayon habituel de production. L'exploitation en régie de l'ODEF semble être le seul moyen d'augmenter la production nationale du bois d'oeuvre en forêt naturelle. En 1975, l'ODEF avait l'intension d'installer en forêt d'Abdoulaye, dernier vestige de forêt intacte au Togo, une scierie industrielle susceptible de produire de 5 000 à 8 000 m3 de sciages par an. Le même organisme exécute déjà une exploitation sélective dans la forêt domaniale de Togodo. En supposant que le matériel soit mis en oeuvre au début des années 80, l'exploitation annuelle prévisible ne devrait pas être supérieure à 5 000 m3 de grumes. L'ODEF se propose aussi de valoriser les bois inexploitables en scierie par leur transformation en bois de chauffage ou en charbon de bois destiné à l'approvisionnement des grands centres.

2.1.4 Surfaces et volumes sur pied à la fin de 1985

En tenant compte des taux de déforestation et de dégradation mentionnés dans les deux paragraphes antérieurs et de l'exploitation des forêts vierges on aboutit aux superficies suivantes pour l'année 1985:

Surfaces de végétation ligneuse naturelle estimées à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf1NHCf2NHCfNHCaNHc/NHO1NHc/NHO2NHc/NHONHc/NHOanH
4020424450294240110122013301252280

Les estimations des volumes sur pied correspondantes sont données dans le tableau suivant:

Volumes sur pied estimés à la fin de 1985
(en millions de m3)

NHCf1uvNHCf1ucNHCf2NHCfNHc/NHO1
VOBVACVOBVOBVOBVOBVAC
totaltotaltotaltotaltotaltotaltotal
8,00,428,69,045,62,20,22

2.2 Plantations

La politique forestière définie dans le Plan quinquennal 1971–75 prévoit la création de 30 000 ha de plantations forestières dans les 60 ans à venir, le “rythme de croisière” étant caractérisé par les objectifs suivants: 150 ha/an pour le bois de chauffage etle bois de service, 200 ha/an pour le bois d'industrie et 400 ha/an pour le bois d'oeuvre. Néanmoins, ce rythme de 750 ha par an ne pourra ëtre atteint que très progressivement. Pendant la période 1971–75, 1 580 ha ont été reboisés par l'ODEF en coopération avec le projet PNUD/FAO. Des 2 925 ha prévus pour les années 1976–80 on a estimé que 1 500 ha ont été effectivement plantés. Une approximation raisonnable pour la période 1981–85 serait environ 2 000 ha, soit 400 annuellement (9).

On a déjà mentionné que le teck a perdu beaucoup de son importance dans les nouveaux programmes de plantation. En principe les reboisements sont établis avec les essences suivantes: pour le bois de feu et le bois de service Eucalyptus spp. et Cassia siamea; pour le bois d'ceuvre: Terminalia superba, Chlorophora spp., Khaya spp. et Triplochiton scleroxylon pour le sciage, et Gmelina sp., Bombax sp., et Ceiba pentandra pour le déroulage (8). Il convient de mentionner l'existence d'environ 100 ha de plantations en taungya avec Pinus caribea.

Dans les tableaux suivants, il a été admis que 20% (400 ha) des plantations de la période 1981–85 sont destinés au bois de chauffage et bois de service (100 ha de Cassia siamea et 300 ha d'Eucalyptus spp.) et 80% (1 600 ha) à la production de bois d'oeuvre. La répartition en classes d'âge au delà de 20 ans doit être considérée comme approximative.

Surfaces estimées des plantations industrielles réalisées à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées81–8576–8071–7566–7056–6546–55Avant 45Total
Classe d'âge0–55–1011–1516–2021–3031–40> 40
PHL 1Tectona grandis 0,100,870,542,161,981,607,25
 “Plantations expérimentales” 0,150,15    0,30
 “Bois d'oeuvre”1,60      1,60
PH.1=PHL1Sous-total essences feuillues1,600,251,020,542,161,981,609,15
PS.1Pinus caribea0,10      0,10
P..1Total plantations industrielles1,700,251,020,542,161,981,609,25

Autres plantations

Surfaces estimées des plantations non industrielles réalisées à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées81–8576–8071–7566–7056–6546–55Avant 46Total
Classe d'âge0–55–1011–1516–2021–3031–4040
PHL 2Anacardium occidentale0,05ind.ind.ind.ind.ind.ind.0,15
 Cassia siameaind.ind.ind.ind.ind.ind.0,80
PHH 2Eucalyptus spp.0,301,421,43    3,15
P..2 = PH.2Total plantations non industrielles0,351,42+1,43+ind.ind.ind.ind.4,10

Toutes plantations

Surfaces estimées des plantations industrielles réalisées à la fin de 1985
(en milliers d'ha)

CatégorieEssencesAnnées81–8576–8071–7566–7056–6546–55Avant 46Total
Classe d'âge0–55–1011–1516–2021–3031–40> 40
PHLEssences feuillues autres que celles à croissance rapide1,650,25+0,25+0,54+2,16+1,98+1,60+10,10
PHHEssences feuillues à croissance rapide0,301,42  1,43        3,15
PHSubtotal essences feuillues1,951,67+2,45+0,54+2,16+1,98+1,60+  13,25+
PSSubtotal essences résineuses0,10        0,10
PTotal toutes plantations2,051,67+2,45+0,54+2,16+1,98+1,60+13,35

Bibliographie

  1. Sarlin, P. 1961 “Les plantations de teck au Togo” - Mission CTFT: Expériences et travaux de reboisement forestier et de restauration des sols - Nogent-sur-Marne (France)

  2. Willan, R.L. 1970 “Travel Report Togo” - FAO - Rome

  3. FAO 1970 “Economie forestière, situation et perspectives” - basé sur le travail de M. Muller et J.L. Nivelle - Rapport technique No. 2 - FO:SF/TOG 10 - Rome

  4. FAO 1971 “Marché de charbon de bois, de bois de chauffage et de bois rond” - basé sur le travail de M. Grut - Rapport technique No. 6 - FO:SF/TOG 10 - Rome

  5. FAO 1971 “Reconnaissance des ressources forestières et inventaire forestier” - basé sur les travaux du CTFT - Rapport technique No. 3 - FO:SF/TOG 10 Nogent-sur-Marne (France)

  6. FAO 1973 “Togo: Rapport intérimaire” FO:DP/TOG/68/510 - Rome

  7. FAO 1973 “Les teckeraies du Togo - Inventaire, aménagement, exploitation” - basé sur le travail de J.L. Nivelle - Document de travail FO:DP/TOG/68/510 - Rome

  8. FAO “Togo” - Rapport préparé par J.F. Gregersen - Document de travail - FAO:DP/TOG/72/005 - Rome

  9. FAO 1975 “Togo: conclusions et recommandations du projet” - Rapport terminal - FO:DP/TOG/68/510 et FO:DP/TOG/72/005 - Rome

  10. FAO 1976 “Annotations sur le développement du nord-Togo avec accent sur les possibilités d'une restauration forestière” - basé sur le travail de G. Lescanne- Rapport technique détaillé - TOG/74/002 - Rome

  11. FAO/PNUE Togo 1980 “Cartographie du couvert végétal et étude de ses modifications” - Système mondial de Surveillance continue de l'Environnement - Projet pilote sur la surveillance continue de la couverture forestière tropicale - basé sur le travail de C.L. Vanpraet - Rapport technique No. 1. UN 32/6 (1102-75-005) - Rome


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