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1. CONTEXTE

L’archipel des Comores est situé dans la région septentrionale du canal du Mozambique, entre 11° 20’ et 13° de latitude sud et 43°10’ et 45°20’ de longitude est. Quatre îles principales le composent : Grande Comore (1024 km2), Anjouan (424 km2), Mayotte (374 km2) et Mohéli (211 km2).

L’archipel est occupé par l’homme de manière permanente depuis le IXe siècle de notre ère (Moulaert 1998), mais serait connu des navigateurs depuis l’Egypte ancienne (Gevrey 1870).

La population de l’archipel est estimée à 615 000 habitants en 2000 (Stratégie nationale et plan d’action pour la conservation de la diversité biologique en Union des Comores, Projet PNUD/GEF/COI 2000). Le taux de croissance galopant de 2,7 pour cent par an de 1981 à 1991 signifie un doublement de population tous les 20 ans. Avec un taux de 598 habitants au km2, Anjouan présente une densité de population parmi les plus élevées du monde.

Les îles de la Grande Comore, Anjouan et Mohéli forment l’Union des Comores. Mayotte est une collectivité départementale française. Cette dichotomie politique a un impact non négligeable sur la gestion des ressources naturelles, Mayotte bénéficiant du soutien matériel très substantiel de la France.

Distante de 280 km du Mozambique, l’île de la Grande Comore est la plus occidentale et abrite le dernier volcan en activité de l’archipel (le Karthala), dont le sommet, point culminant des îles, se situe à 2 361 m. L’île de Mayotte, la plus orientale de l’archipel, est quant à elle située à 320 km de Madagascar. Entre ces deux îles se trouvent Anjouan au relief accidenté (1561 m) et Mohéli (790 m). Les îles résultent de la séparation des plaques malgache et africaine et proviennent de points chauds, sources sublithosphèriques de magma (Nougier et al. 1976). Elles reposent sur un socle océanique et basaltique et sont constituées par les parties émergées de volcans. Mayotte est l’île la plus ancienne, 5,4 millions d’années, Mohéli aurait 2,8 millions d’années, Anjouan 1,5 million d’années et la Grande Comore 130 000 ans (Emerick et Duncan 1982). Plus les îles sont anciennes, plus elles ont subi une morphogenèse intense. L’agressivité du climat, la faible perméabilité des sols, l’aptitude des matériaux à être mobilisés par des ruissellements, la déforestation intense et le faible niveau de technicité agricole favorisent la morphogenèse. Elle se manifeste notamment par le décapage de l’horizon superficiel du sol, par des ravinements, des éboulis, des glissements de terrain et la formation de ‘padzas’ (mauvaises terres).

Le climat est de type tropical humide avec une moyenne annuelle de température de 26 °C au niveau de la mer, et est rythmé par l’alternance d’une saison chaude et humide dans un flux de nord-ouest de novembre à avril, et d’une saison sèche plus fraîche dans un flux de sud-est de mai à octobre. Toutefois le climat se caractérise par d’importantes variations locales de température et de précipitation en fonction de l’altitude, du relief et de l’exposition. Les précipitations annuelles varient ainsi par endroits de 1 000 à 6 000 mm et les minima absolus atteignent 0°C au sommet du Karthala.

La végétation des Comores a été peu étudiée et la littérature sur l’archipel reste pauvre. La seule liste floristique pour les Comores publiée à ce jour date du début du siècle dernier (Voeltskow 1917); 935 plantes vasculaires sont citées, dont 416 sont considérées comme indigènes et 136 endémiques à l’archipel (soit 14,5 pour cent). D’après cette évaluation, les plantes exotiques représenteraient donc un tiers des plantes vasculaires (avec 383 espèces). Les publications les plus récentes (Lebrun 1976 ; White 1986 ; Morat et Lowry 1997) reprennent ces chiffres. Néanmoins les récoltes en cours à Mayotte recensent déjà 404 plantes vasculaires indigènes. L’étude de la documentation existante et des anciennes collections a révélé la présence de 225 espèces complémentaires non encore récoltées. Soit un total de 629 plantes vasculaires indigènes pour la seule île de Mayotte, un chiffre bien supérieur aux anciennes estimations annoncées pour l’ensemble de l’archipel. Une liste non exhaustive de 350 plantes introduites à Mayotte (cultivées et spontanées) a par ailleurs été dressée (Pascal 2002). Compte tenu de l’étendue de la Grande Comore et de l’existence sur cette île de milieux absents de Mayotte, le nombre de plantes vasculaires (indigènes et introduites) est certainement proche de 1 500 (Pascal 2002). Le taux d’endémisme de la flore n’est pas estimé.

Du fait de sa topographie variée, l’archipel présente une grande diversité d’habitats. Quatre zones principales de végétation peuvent être distinguées en fonction de l’altitude : la végétation semi-sèche de basse/moyenne altitude ou de zone sèche (prairies herbacées côtières, savanes herbeuses sur les plateaux et arbustives en inclusion dans les forêts de moyenne altitude et descendant jusqu’à la mer), forêt humide de moyenne altitude, forêt humide d’altitude type ‘forêt de nuage’, steppes éricoïdes au dessus de 1 800 mètres. En fonction d’autres facteurs édaphiques, d’exposition ou d’anthropisation, les mangroves et autres végétations côtières, de zones humides, de forêts secondaires, de zones cultivées, ainsi que les successions pionnières végétales sur coulées de lave récentes pourront également être considérées dans ce rapport.

Les végétations côtières et de basse altitude sont presque totalement détruites sous l’action anthropique. La forêt d’altitude est la formation la mieux conservée même s’il existe peu d’estimations fiables de sa superficie par île. Par analyse de photos aériennes, Moulaert (1998) estime que la superficie forestière intacte d’altitude à Mohéli a diminué de 26 pour cent en 13 ans entre 1983 et 1996, du fait du mitage par les cultures. A Anjouan, seules les pentes trop fortes pour l’installation de cultures restent à peu près intactes.

Les connaissances sur la faune sont incomplètes. La faune mammalienne est pauvre, marquée néanmoins par la présence de deux espèces de lémuriens et une roussette (Pteropus livingstonii) menacée d’extinction (400 individus au monde présents seulement à Anjouan et Mohéli). L’avifaune se compose de 101 espèces, l’entomofaune de 1 106 espèces, l’erpétofaune de 21 espèces dont 10 endémiques (Moulaert 1998). Selon l’IUCN, 15 espèces présentes aux Comores, tous groupes confondus, sont vulnérables à gravement menacées d’extinction (Eretmochelys imbricata, Pteropus livingstonii, Otus capnodes, Otus moheliensis, Otus pauliani, Zosterops mouroniensis et Dicrurus fuscipennis) (Moulaert 1998).

Du fait de l’accroissement démographique sur un territoire restreint, la première menace sur la faune et la flore en Union des Comores est la perte progressive des habitats par anthropisation. Diverses études (dont IUCN 1990) s’accordent à dire que les forêts primaires auront disparu des Comores d’ici 15 ans au rythme actuel de déforestation. La seconde menace est l’envahissement par des espèces exotiques. A Mayotte, malgré une situation économique et matérielle bien différente de celle de l’Union des Comores, les migrations non contrôlées vers l’île permettent de présager le risque d’une évolution semblable.

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