SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS ALIMENTAIRES EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

22 novembre 2004

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Faits saillants

  • Selon les estimations, la production vivrière de la RPD de Corée marquerait une légère augmentation d'environ 3 pour cent par rapport au volume révisé de la récolte de l'an dernier, poursuivant ainsi la reprise constatée depuis 2001.
  • La récolte relativement bonne rentrée cette année s'explique par les conditions météorologiques favorables dans l'ensemble, l'incidence relativement faible des ravageurs et des maladies des cultures pendant la campagne agricole, l’épandage d’engrais (bien qu'en légère baisse par rapport à l'an dernier) fournis au titre de l’aide internationale, l’amélioration des systèmes d’irrigation dans la principale région céréalière ("grenier à céréales") grâce à l’achèvement des travaux de construction du canal du lac Kaechon-Taesong, financés par l’OPEC.
  • La production céréalière en 2004/05, y compris les pommes de terre en équivalent céréales et la production des jardins potagers et des terres en pente, devrait atteindre, selon les prévisions, 4,235 millions de tonnes (y compris le riz usiné, ou 5,064 millions de tonnes y compris le paddy), soit la meilleure récolte enregistrée ces dix dernières années.
  • Malgré la reprise, la production intérieure se situe encore bien en dessous des besoins alimentaires minimums et le pays aura à nouveau besoin d’une aide alimentaire extérieure car ses capacités d’importations commerciales demeurent fortement limitées.
  • Le déficit céréalier pour la campagne de commercialisation 2004/05 (novembre/octobre) est estimé à 897 000 tonnes. Les importations commerciales sont évaluées à 100 000 tonnes et les importations à des conditions de faveur devraient s'élever à 300 000 tonnes, en provenance de la République de Corée. Il reste donc un déficit de 497 000 tonnes de céréales, dont 170 000 tonnes sont couvertes par des annonces d'aide ou étaient déjà à disposition à l'époque de la mission au début octobre 2004.
  • Le système public de distribution, principale source de denrées de base pour 70 pour cent de la population, ne parvient toujours pas à atteindre ses objectifs, et 50 pour cent seulement des besoins énergétiques minimums quotidiens de la population sont assurés par ce biais. Ces dernières années, le gouvernement a assoupli sa politique concernant la vente privée, informelle et semi-formelle, des produits agricoles cultivés dans des potagers privés et les activités à vocation commerciale. Toutefois, la capacité des familles à faible revenu à obtenir de la nourriture sur le marché est considérablement restreinte en raison de la détérioration de leur pouvoir d'achat due au sous-emploi ou au chômage et de la brusque montée des prix des aliments sur le marché.
  • Rares sont les ménages tributaires du système public de distribution qui jouissent d'un régime équilibré. La situation demeure particulièrement précaire pour les enfants des jardins d'enfants, des crèches, des orphelinats et des écoles primaires, les femmes enceintes et les mères allaitantes ainsi que les personnes âgées. Le Bureau du PAM dans le pays et la mission recommandent d'élargir l'aide fournie aux personnes âgées. Il est aussi recommandé de poursuivre pendant encore un an le projet pilote destiné aux familles urbaines à faible revenu qui dépendent du système public de distribution; cela permettra de mieux comprendre la situation de ces groupes sur le plan de la sécurité alimentaire avant d'élargir le projet pilote.
  • La mission estime que quelque 6,44 millions de personnes vulnérables auront besoin d'une aide alimentaire se montant à approximativement 400 000 tonnes de céréales, plus 100 000 tonnes de produits non céréaliers pour l'année civile 2005.
  • Pour faire face à ce déficit vivrier chronique et structurel, il est recommandé, outre la fourniture d'une aide alimentaire d’urgence, que la communauté internationale entame avec le gouvernement un dialogue qui permettra d'établir un cadre propice à la mobilisation d'une assistance économique, financière et autre, nécessaire pour promouvoir la production vivrière durable et la sécurité alimentaire générale. À cet égard, la mission recommande d'envisager des projets d'investissement visant à améliorer la fertilité des sols (par exemple, épandage de chaux sur les sols très acides, matières organiques, rotation des cultures en utilisant des légumineuses, etc.) ainsi qu'à renforcer les capacités pour ce qui est des engins agricoles (par exemple, accès à des tracteurs, des moissonneuses-batteuses, des camions, du matériel agricole, des pièces de rechange, des pneus, etc.), afin d'accroître la productivité et de permettre une nouvelle expansion des superficies où une double récolte est pratiquée.

1. VUE D'ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s’est rendue dans le pays du 28 septembre au 9 octobre pour estimer la récolte de la campagne principale de 2004, établir des prévisions concernant la production des cultures d'hiver et de printemps (blé, d’orge et pommes de terre) en 2005 et évaluer les besoins d’importations céréalières pour la campagne commerciale 2004/05 (octobre/novembre), y compris les besoins d’aide alimentaire.

La mission, à laquelle s'est joint un observateur de l'UE, s’est entretenue avec les pouvoirs publics et les responsables des coopératives et elle a examiné les cultures sur pied et les récoltes déjà moissonnées qui étaient encore dans les champs pour évaluer les rendements. Elle a aussi visité des écoles, des crèches et des hôpitaux, des centres publics de distribution de vivres et a interrogé des familles dans les villes et en milieu rural. Les membres de la mission représentant la FAO se sont rendus dans huit des 12 provinces du pays, qui assurent en général 90 pour cent environ de la production nationale de céréales et de pommes de terre, à savoir Pyongan Nord et Sud, Hwanghae Nord et Sud, Hamgyong Nord et Sud, Ryanggang, et Kangwon. Les membres de la mission représentant le PAM se sont rendus dans les provinces situées au nord et au nord-est du pays (Hamgyong Nord et Sud et Ryanggang), où l'on suppose depuis longtemps que l'insécurité alimentaire des ménages est plus aiguë que dans les autres provinces. La mission a eu des entretiens avec le personnel des organismes des Nations Unies, des ONG, des missions diplomatiques dans le pays, et des fonctionnaires publics du pays, des provinces et des comtés. Pour évaluer l'état de la végétation et les conditions de croissance des cultures, la mission a utilisé les images prises par le satellite SPOT-4, des cartes et des données du Centre de prévision climatique de la NOAA et les indices de végétation par décade du programme ARTEMIS/SMIAR, ainsi que les relevés des précipitations et des températures à l'échelle locale.

L'année 2004 n'a rien eu de remarquable sur le plan de la production agricole. La pluviosité a été limitée au début de la campagne et les travaux dans les pépinières, les repiquages et les semis ont tous été effectués en temps voulu. Des pluies abondantes sont tombées à partir de la deuxième quinzaine de juin et ont persisté jusqu'en août. Ces pluies ont eu des effets négatifs sur le blé d'hiver, qui n'avait pas encore été moissonné lorsqu'elles ont démarré, et aussi abaissé les rendements de pommes de terre. Toutefois, elles ont contribué à la croissance satisfaisante des cultures de la campagne principale. Un temps plus sec et plus ensoleillé, qui a permis d'effectuer la récolte en temps voulu, a régné de la mi-août jusqu'au mois d'octobre. Les cultures ont relativement peu souffert des ravageurs et des maladies cette année.

L'irrigation a été adéquate tout au long de la campagne, du fait de l'amélioration de l'approvisionnement en électricité et des précipitations abondantes. Les travaux de construction du canal du lac Kaechon-Taesong, financés par l’OPEC, ont été achevés l'an dernier, ce qui a permis d’améliorer les installations d’irrigation par gravité dans le "grenier à céréales". S'agissant des machines agricoles, toutefois, la situation n'a pas donné de signe d'amélioration et il semblerait que le système de double récolte, qui dépend fortement de la mécanisation, ait atteint ses limites. Les épandages d'engrais ont légèrement diminué par rapport à l'année dernière.

Sous l'effet conjugué des facteurs susmentionnés, la production totale de l'année 2004/05 devrait être en légère hausse par rapport à celle de 2003/04, celle de paddy augmentant d'environ 5,6 pour cent. La production de maïs reste inchangée par rapport à l'an dernier, et celle de pommes de terre de la campagne principale a baissé de plus de 9 pour cent. Le temps excessivement humide qui a régné au début de la campagne a eu des effets bénéfiques sur le paddy mais a nui aux autres cultures, à des degrés différents. Selon les prévisions, la production agricole totale du pays devrait s'élever cette année à 4,959 millions de tonnes (si l'on utilise le chiffre concernant le paddy plutôt que celui concernant le riz usiné). En outre, on a ajouté à ce chiffre 50 000 tonnes pour la production des potagers et 55 000 tonnes pour la production sur les terres en pente. Ainsi, la production nationale atteindrait au total 5,064 millions de tonnes (ou 4,235 millions de tonnes en termes de riz usiné), soit 2,9 pour cent de plus que le volume révisé de la récolte de l'an dernier. Il convient de signaler toutefois que les estimations des disponibilités alimentaires nationales pour l’année à venir incluent les prévisions des cultures semées au printemps et en hiver, qui ne seront pas récoltées avant le deuxième trimestre 2005. La part de ces cultures sur la production nationale totale est de 10 pour cent environ. Les estimations de la production devront être révisées lorsque les résultats de ces récoltes seront connus.

En dépit de ces bons résultats, la production de céréales et de pommes de terre de 2004 reste nettement inférieure aux besoins totaux de consommation et autres besoins du pays, estimés à 5,132 millions de tonnes (y compris le riz usiné) pour la campagne commerciale 2004/05 (novembre/octobre). Ceci devrait entraîner un besoin d’importations de 897 000 tonnes. Les importations commerciales ne devraient atteindre qu’une centaine de milliers de tonnes en raison des faibles capacités d’importation du pays, tandis que les importations à des conditions de faveur s’élèveraient à 300 000 tonnes. Cela laisse un déficit non couvert de 497 000 tonnes de céréales, dont 170 000 tonnes sont couvertes par des annonces d'aide ou sont déjà à disposition.

Depuis un an ou deux, le Bureau du PAM dans le pays a pu recueillir de nombreuses données sur la sécurité alimentaire des ménages en RPD de Corée, et des extraits de l'analyse de ces données figurent dans le présent rapport. La mission a appuyé son évaluation sur cette analyse ainsi que sur ses propres constatations.

Depuis les ajustements apportés à la politique économique à la mi-2002, les marchés tant informels que semi-formels se sont développés de manière spectaculaire; ils fournissent des produits agricoles cultivés sur des parcelles privées ainsi que d'autres biens et services, et les possibilités de se procurer des denrées alimentaires en dehors du système public de distribution et des magasins d'État ont donc également augmenté. En revanche, les prix des produits alimentaires sont montés en flèche sur les marchés et de nombreux travailleurs dans les villes ont enregistré une baisse de leurs revenus déjà maigres, en raison de la tendance à la baisse de la productivité industrielle. Même en consacrant deux tiers de leurs revenus à la nourriture et en adoptant diverses stratégies de survie, de nombreux ménages tributaires du système public de distribution ne sont pas en mesure d'assurer leurs besoins énergétiques de base, et encore moins leurs besoins en nutriments.

Les années précédentes, l'insuffisance notable des disponibilités céréalières intérieures due aux catastrophes naturelles servait de point de référence à l'estimation des besoins d'aide alimentaire extérieure. Les pénuries demeurent problématiques dans le pays et par conséquent l'aide alimentaire extérieure est déterminée en partie en fonction des disponibilités intérieures globales. Toutefois, étant donné que pour les ménages pauvres, le manque d'accès à des aliments de base nutritifs, du fait du recul de leur pouvoir d'achat, devient un problème toujours plus aigu, il conviendrait désormais de déterminer l'assistance dont a besoin la population souffrant d'insécurité alimentaire en RPD de Corée en fonction du déficit vivrier des ménages plutôt que du déficit de la production céréalière au niveau national.

Le présent rapport a été établi par Kisan Gunjal, Swithun Goodbody, Kenro Oshidari et Joan Fleuren, sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'informations le cas échéant.
Henri Josserand
Chef, SMIAR, FAO
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Mél:
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Anthony Banbury
Directeur régional, ODB, PAM
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Veuillez noter qu'il est possible d'obtenir le présent Rapport spécial sur le site Internet de la FAO (www.fao.org) à l'adresse suivante: http://www.fao.org/giews/
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