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3. Définitions et Limites

"Qu’entendez-vous par approche de développement?"

Ce chapitre tente de présenter les raisonnements qui sous-tendent l’emploi de certaines approches de développement:

Moyens d’existence durable
Gestion de Terroir
Systèmes d’exploitation agricole
Développement rural intégré
Approches d’Amérique Latine

Les auteurs y reconnaissent également certaines faiblesses et lacunes de l’étude.

La première question qui nous a été posée lors des entretiens était souvent: "Qu’entendez-vous par approche du développement?", suivie de près par le constat que ces choses ne peuvent pas être classées en catégories distinctes. En réalité, il est très difficile de faire la différence entre une approche, une idéologie, une méthodologie et un outil. L’évaluation rurale participative, par exemple, peut se retrouver dans chacun de ces concepts; cela dépend de son domaine d’application. Les distinctions entre ces concepts liés au développement deviennent de plus en plus floues en raison de la tendance dans tous les aspects de la planification à aller vers des pratiques d’apprentissage globales, des processus et diagnostics interdisciplinaires et participatifs. Les AMED, par exemple, spécifient qu’une approche est constituée d’un but, d’un cadre d’analyse et d’un ensemble de principes.

En fait, c’est partiellement le fait que l’AMED s’est proclamée elle-même «approche» qui a soulevé tant de questions visant à comprendre en quoi ce terme est «nouveau» et différent des méthodes utilisées jusqu'à présent.

Notre choix d’approches pour cette étude ne vise pas par conséquent à déclarer ce qui est le plus pertinent ou valable. Une des approches considérées - Développement Rural Intégré - a été, de fait, largement discréditée depuis un certain nombre d’années. L’intention est plutôt d’approfondir les quatre points importants exposés dans l’introduction, à travers une comparaison de quelques-unes de ces approches, issues de différents contextes de développement, aux approches plus récentes relatives aux les moyens d’existence. Les approches ont par conséquent été sélectionnées en tenant compte des critères suivants:

1. Moyens d’existence durable, Systèmes d’exploitation agricole, Développement Rural Intégré, Gestion de terroirs et approches d’Amérique Latine sont les principales approches qui ont émergé dans le contexte spécifique du développement rural, avec comme objectif primordial d’éradiquer la pauvreté rurale.

2. Toutes les approches incorporent les composants diagnostiques et opérationnels.

3. Ce sont des approches dont la FAO possède une expérience interne considérable sur laquelle nous pouvons nous appuyer.

4. Elles sont toutes des approches relatives aux moyens d’existence (même si cela doit être discuté et précisé) au sens où c’est la pauvreté rurale qui est visée dans toutes ses dimensions.

5. Elles couvrent les approches les plus utilisées dans chacun des groupes linguistiques choisis: qui sont officiellement représentés à la FAO.

6. Elles ont toutes une histoire internationale et institutionnelle importante.

Plusieurs autres approches ont été retenues comme intéressantes et dignes de figurer dans des analyses futures pour fournir une sorte de «carte routière» des approches pour le développement. Elles peuvent se diviser entre celles développées à la FAO et celles développées ailleurs; et la liste n’est pas définitive. L’annexe 1 présente un profil de ces approches ainsi que les personnes à contacter pour plus d’informations.

Autres approches extérieures à la FAO: Développement axé sur les communautés (CDD), Approches fondées sur les droits, Développement Rural Régional (RRD), Gestion Holistique.

Les projets ou programmes de la FAO avec des approches spécifiques centrées sur les populations: Lutte Intégrée (LI); Système d’intégration et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV), Programme d’analyse socio-économique selon le genre (ASEG), Gestion communautaire intégrée des ressources naturelles

La décision de considérer le contexte de développement francophone et d’Amérique latine a été prise car certains affirment que l’approche relative aux moyens d’existence, telle que promue par le DfID, est difficile à transposer. L’argument était, par conséquent, que non seulement l’AMED est difficile à transposer aussi bien du point de vue linguistique que de celui du contexte, mais aussi que les approches relatives aux moyens d’existence existent déjà dans le contexte hispanophone et francophone. Penser qu’il existe des approches anglophones, francophones et d’Amérique latine distinctes est bien sûr simpliste car, d’une part, cela suppose qu’il existe une cohérence au sein d’entités linguistiques différentes; d’autre part cela ne tient pas compte des liens qui existent entre elles. Néanmoins, la grande expérience de la FAO donne la possibilité de voir au-delà des stéréotypes et de tirer plus objectivement les leçons potentielles pour les différents contextes. Nous sommes bien sûr conscients qu’en choisissant l’anglais, le français et l’espagnol comme notre contexte linguistique de référence, nous excluons des autres cultures et des autres langues.

Un bref profil des approches discutées dans cette étude figure dans l’annexe 1. Une présentation plus exhaustive des principales approches considérées dans cette étude ainsi qu’une brève comparaison entre elles figurent dans la brève revue de littérature qui a été effectuée dans le cadre de cette étude[9].

Au fur et à mesure que nous avancions dans l’étude, nous avons pris conscience qu’elle devrait être vue comme un premier pas dans un processus d’action et de recherche qui a commencé avec les consultations au niveau du siège de la FAO, mais qui, ultérieurement nécessitera, entre autres, des consultations et des contributions en provenance du terrain, en incluant des membres du personnel de la FAO et quelques personnes extérieures. En ayant cela à l’esprit, il devient plus facile de reconnaître les limites et faiblesses de cette étude. En effet, la comparaison entre les approches centrées sur les gens et l’influence des différents contextes culturels sur leur mise en oeuvre n’a pas été suffisamment discutée en profondeur dans cette étude. Plusieurs raisons expliquent ces faiblesses, notamment:

Pour éviter de trop compliquer les choses, les approches et les méthodes discutées dans ce rapport ont été classées en fonction de la langue internationale dans laquelle elles sont mises en oeuvre (à savoir anglais, français et espagnol). Il est important de souligner ici de que celles-ci ne peuvent pas être assimilées à des contextes culturels. Par exemple, l’approche par les systèmes d’exploitation agricole en Zambie ou en Inde par exemple - qui appartiennent tous deux au monde "anglophone" - est utilisée bien évidemment dans des contextes culturels très différents. Au mieux, cette étude peut prétendre avoir catégorisé les approches centrées sur les gens selon des "contextes linguistiques". Ceci est discuté dans la section 4.1. En effet, savoir s’il est possible de comparer avec précision les approches de développement selon des contextes culturels spécifiques est une question soulevée par cette étude. Cependant, une étude détaillée sur le contexte culturel dépasse l’objet de cette étude. Cette question fera probablement l’objet de discussions futures.

La comparaison proprement dite entre les différentes approches abordées dans cette étude repose plus sur l’étude bibliographique que sur les entretiens avec le personnel, qui, eux,ont par contre, constitué la principale source d’information pour les aspects liés à la mise en œuvre des approches. Trois raisons principales expliquent cela:

¨ Peu de membres du personnel possèdent une expérience dans les trois zones linguistiques. Leur formation et leur expérience sont souvent concentrées sur l’une d’entre elles.

¨ Cependant et c’est peut-être bien plus important, cette limitation est compensé par le fait que la majorité du personnel interviewé semble utiliser une approche qui a été adaptée au contexte organisationnel de la FAO. C’est "l’approche sans nom", qui sera abordée dans la section 4.3. Cette approche est composée d’éléments empruntés à différentes approches formelles, dont certains éléments sont utilisés de façon opportuniste selon les besoins et les circonstances. Cet effet de "mélange" rend par conséquent difficile la comparaison des approches formelles de développement à celles mises en œuvre par le personnel de la FAO.

¨ Peut-être en raison de cela, les personnes interrogées se sont attardées davantage sur les contraintes pratiques auxquelles elles font face lorsqu’elles appliquent une approche centrée sur les gens. Plusieurs d’entre elles sont communes à beaucoup - pour ne pas dire toutes - les agences de développement, tandis que d’autres sont propres à la FAO.

Au vu de ce qui précède, nous avons décidé d’organiser les résultats de l’étude de la façon suivante:

Un document se concentre sur la présentation et la comparaison entre les différentes approches centrées sur les gens, sur la base d’une brève étude bibliographique[10];

Le présent document, lui, se concentre sur les contraintes pratiques liées à l’application des approches centrées sur les gens au sein des agences de développement et, plus particulièrement, la FAO.


[9] Cleary et al (2003), ibid.
[10] Cleary et al (2003), ibid.

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