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ANNEXE 1: Profil des principales approches de Développement de cette étude


Moyens d’existence durable

Il n’existe pas encore de définition exacte des moyens d’existence durable (MED), mais on peut les décrire comme une façon de concevoir les objectifs, le but et les priorités de développement afin d’éradiquer la pauvreté[19]. L’approche MED se compose d’un objectif développement, et d’un cadre analytique qui permet de comprendre les facteurs influents sur la capacité des personnes à trouver des MED dans des circonstances déterminées. Le troisième composant consiste en une série de principes qui sont la clé de l’approche.

Les Principes fondamentaux des Approches des moyens d’existence durable...

Selon l’Approche relative aux moyens d’existence durable, les principes fondamentaux du développement axés sur la pauvreté devraient être:

Centrés sur les gens - c’est à dire, prêter attention aux intérêts de la population.

Holistiques - les contraintes et les opportunités se définissent sans se limiter à un du secteur, la zone géographique ou le niveau où elles se déroulent.

Réceptifs et participatifs - La population pauvre devrait être la protagoniste des activités.

À niveaux multiples - travailler à tous les niveaux et renforcer les liens entre eux.

Se développer en collaboration avec les secteurs publiques et privés.

Durabilité - d’un point de vue économique, institutionnel, social et environnemental.

Dynamique - reconnaître la nature dynamique des stratégies de subsistance et répondre avec flexibilité.

En tant que méthode analytique, l’approche MED se fonde sur les cinq types de ressources/capitaux (humain, physique, financier, naturel et social) auxquels la population fait appel pour obtenir leurs moyens d’existence.

L’engagement de la FAO dans l’approche MED promue par le DfiD a démarré avec le forum sur l’application des approches de moyens d’existence durable, à Sienne en mars 2000. Pour le DFID, la FAO, le FIDA et le PMA, ainsi que pour divers experts qui ont utilisé cette approche eux même, le forum a permis d’échanger des expériences et perspectives sur ce sujet. La promotion des AMED est un objectif fondamental du Cadre Stratégique de la FAO pour la période 2000-2015. Le Programme d’appui aux moyens d’existence (LSP) est un programme interdépartemental qui a été établi sous le sein de la FAO avec l’appui financier du DfID. L’objectif de LSP est d’augmenter l’impact des interventions de la FAO dans les pays à travers une application efficace des approches de MED, pour donner un soutien plus adéquat aux moyens de vie des populations rurales. Cette approche permet de comprendre la complexité et la substance des moyens d’existence des ruraux pauvres. Jusqu’à présent, l’approche n’a pas été suffisamment testée sur le terrain au-delà de la phase diagnostic, et donc on ne peut prouver de son succès pour l’instant.

Systèmes d’exploitation agricole

La structure et les éléments de l’approche Systèmes d’exploitation agricole ne sont pas faciles à identifier, sachant qu’elle a été appliquée dans différents contextes régionaux et dans différentes institutions. L’approche est différente dans le contexte francophone et anglophone et ses éléments et sa structure varient selon le lieu d’application (Amérique latine, Asie et Afrique). Pourtant, le principal composant de toutes ses variantes possède un important élément en commun: le mécanisme de diagnostic. Le concept des systèmes agricoles se base sur la présence de systèmes agricoles individuels, dont les bases de ressources, le type d’entreprise et les contraintes des moyens de vie des ménages sont quasiment similaires, et pour lesquels on devrait appliquer des stratégies et interventions de développement similaires.

L’approche relative aux systèmes agricoles analysée dans ce document correspond à la version utilisée par Dixon et al[20], qui comporte les éléments suivants:

Ressources naturelles telles que terre, eau et propriété commune
Climat et biodiversité
Capital humain
Capital social
Capital financier

Le point fort de cette approche est fondé sur sa capacité à intégrer une analyse multidisciplinaire de la production et des liens avec les facteurs biophysique et socioéconomiques déterminants du système agricole. Ceci comprend les ressources naturelles disponibles, le climat, la technologie, le marché, les politiques, les institutions, l’information et le capital humain. Dans ses versions plus récentes, cette approche s’éloigne considérablement des systèmes agricoles comme domaine d’action pour aborder plutôt les structures sociales et les politiques du niveau local au global. L’objectif est d’améliorer de manière durable le niveau de vie des petits agriculteurs et prendre part à renforcer leur autonomie pour la prise de décision.

Les neuf principes fondamentaux de l‘approche de systèmes d’exploitation agricole sont[21]:

1. Orientée vers les petits exploitants agricoles
2. Participation des agriculteurs
3. Spécificité locale des facteurs humains et techniques
4. Approche axée sur la solution des problèmes
5. Orientation vers les systèmes
6. Approche interdisciplinaire
7. Complémentaire avec la recherche
8. Essais dans l’exploitation
9. Feedback pour futures recherches et politiques agricoles

Le Développement Rural Intégré

Le Développement Rural Intégré (DRI) apparaît parallèlement à la théorie du "petit agriculteur avant tout", dont le point de départ est la reconnaissance de l’agriculture pour le développement économique à travers le travail, le capital, la nourriture, les transactions internationales et un marché de biens de consommation pour les secteurs industriels récents[22]. Cette stratégie avait comme élément central les relations avec le développement rural, où le petit agriculteur est un facteur important pour diriger les activités non agricoles avec un volume fort de main-d'œuvre.

Un composant clé de cette approche était de bien cibler, en cherchant une transformation profonde des structures de développement rural. Les projets entrepris selon cette approche était spécifiquement dirigés vers des hausses de production et amélioration des conditions de vie des petits agriculteurs traditionnels à travers des politiques et organismes multisectorielles. Les partenaires des projets DRI étaient souvent des gouvernements régionaux et nationaux. Les projets étaient normalement gérés par une unité de gestion du projet, qui plaçait des équipes techniques interdisciplinaires sur le terrain. Une importance primordiale était attribuée aux experts techniques et aux chercheurs; en effet, les recherches sur DRI et SEA étaient étroitement liées. D’autre part, aucune attention spéciale n’était portée à la création de capacité ou durabilité institutionnelle dans les projets DRI. Comme résultat, l’approche avait tendance à mettre l’accent sur l’infrastructure, la formation, services et provisions, sans apporter d’importance aux bénéficiaires de tels programmes. L’approche DRI n’a jamais considérée les politiques et pratiques qui empêchaient la population locale d’utiliser les infrastructures et les services.

Fin des années 80 et pendant les années 90, le DRI devint une approche modèle avec une conception macroéconomique («du haut vers le bas»). L’approche a comporté des conséquences négatives, sachant que les objectifs n’étaient pas atteints. Aujourd’hui, cette approche de développement rural est pratiquement discréditée. Des approches plus récentes telles que AMED, GT, etc. se fondent aussi sur la théorie des interventions intégrées pour l’éradication de la pauvreté.

Gestion de terroirs

L’approche de développement rurale Gestion de terroirs (GT) a été utilisée presque exclusivement dans l’Afrique de l’ouest francophone. Elle vient du fait que les projets de développement rural, principalement ceux de DRI, n’avaient pas permis d’éradiquer la pauvreté de la région. Il y a eu une prise de conscience sur la réalité dans la région du Sahel, en acceptant que les problèmes environnementaux de cette région dépendaient de facteurs tels que l’espace, le temps et les liens entre les éléments économiques, démographiques et institutionnels aux niveaux locaux, nationaux, et internationaux[23].

L’approche Gestion de Terroirs peut être considérée comme la tentative de transférer le contrôle et l’accès aux ressources naturelles du gouvernement central aux populations locales. Cependant, la première vague de projets GT a simplement mis l’accent sur les aspects techniques de la protection de l’environnement et de la gestion des ressources naturelles, alors que les priorités des populations locales étaient autres, tels que le crédit, l’eau, la santé, etc[24]. Au début des années 90, un changement apparaît lorsque les priorités des projets GT ont commencé à s’harmoniser avec celles des populations locales. Et c’est ainsi que les communautés rurales qui participent à la mise en oeuvre des projets en viennent de plus en plus fréquemment à en définir les termes. Il faut cependant noter que cela n’a pas suffit à résoudre le problème du transfert de pouvoir du gouvernement à la population locale. Transfert qui, dans la plupart des pays africains, demeure aléatoire, car on ne sait plus qui contrôle l’accès aux ressources naturelles.

L’approche GT associe des groupes et des communautés à une terre traditionnellement reconnue, et aide ces communautés à renforcer leurs niveaux de compétences et à développer des institutions locales pour la mise en oeuvre de plans de gestion durable[25]. Lund[26] confirme ce point lorsqu’il remarque que la Gestion de terroirs promet d’intégrer l’environnement social et physique selon le point de vue du village. Ainsi, le rapport UNSO[27] de 1994 signale que la gestion de terroirs suppose que le contrôle des ressources soit enlevé des mains de l’état et confié aux populations locales, lui permettant d’être négocié à l’échelon du village. Une des principales différences entre l’approche GT et l’AMED est que la GT se concentre sur le terroir alors que l’AMED cible les personnes elles-mêmes sans se limiter à des espaces géographiques spécifiques. Cependant, l’approche Gestion de terroirs utilise simultanément la responsabilisation locale et le renforcement des capacités locales pour répondre tant aux besoins socio-économiques immédiats de la population locale qu’aux problèmes à long terme de la gestion durable des sols et des ressources naturelles, une particularité qu’elle partage avec les AMED. L’approche gestion de terroirs est composée des éléments suivants:

Gestion des ressources naturelles sur une base communautaire.

Responsabilisation/autonomie des communautés locales.

Renforcement des capacités locales à travers la formation et l’éducation.

Participation des parties prenantes - conduisant de nouveau à la responsabilisation/autonomie des communautés.

Flexibilité et adaptabilité tant des projets que des financements - ce qui parfois est contraire à la raison d’être des agences de financement.

Facilitation de la résolution des conflits liés aux ressources - à travers une cogestion des ressources.

Évaluation participative - évaluation continue et feedback pour une action préventive et la prise de mesures correctives en cas de besoin.

Identification des préoccupations prioritaires locales (en faisant participer les populations locales aux processus de planification et de développement ainsi qu’aux résultats). Cet élément comprend l’incorporation des connaissances locales tacites concernant la planification et le développement.

Prise de décisions par la communauté locale - et participation active à l’expérimentation de nouveaux systèmes, à l’identification de problèmes, et à la recherche de solutions.

Approches d’Amérique Latine

Les approches centrées sur les gens appliquées dans la région Amérique latine et Caraïbes (ALC) sont utilisées depuis les années 1950, mais elles font rarement partie des politiques agricoles sectorielles ou macroéconomiques. Dans la plupart des cas, elles sont apparues en même temps que les stratégies de caractère social. Voici une brève présentation des principales approches appliquées dans la région depuis les années 1950.

a) 1950-1970:

Le modèle d’industrialisation par substitutions d’importations, développé dans presque toute la région pendant la période d’après guerre jusqu’au début des années 1980, encouragea le passage de l’agriculture à l’industrie. Dans les années 1970, la Révolution Verte fut développée, avec pour objectif d’éradiquer la faim en augmentant la production agricole, grâce à l’emploi de nouveaux cultivars agricoles, l’irrigation, engrais, pesticides et la mécanisation. Les années 70 ont été une période de grands projets de développement et particulièrement celui de l’intégration des processus de transformation de produits. Ces programmes engendrèrent une croissance considérable des PNB de quelques pays, mais ils creusèrent aussi le fossé entre riches et pauvres.

Dans presque toutes les approches de développement adoptées pendant cette période, la population intéressée avait un rôle passif et leur "participation" se limitait à l’adoption de nouvelles technologies. A la fin des années 70, les approches «du haut vers le bas» ne donnaient pas le résultat attendu.

Pendant cette même période, quelques approches centrées sur les gens ont été appliquées, comme celles qui promouvaient le développement communautaire, l’irrigation communautaire, les premier soin en santé et nutrition, les coopératives de marché et la sylviculture sociale. La communication pour le développement apparut dans les années 70 ainsi que l’approche DRI.

Les approches liées au soutien les femmes en milieu rural ont évolué comme suit: (i) 1950-1970, les femmes étaient considérées comme des bénéficiaires passives du développement avec des interventions soutenant leurs rôles reproducteurs, (ii) 1975-1985 (Décennie des femmes), l’approche Femmes en Développement a été lancée. Les femmes étaient considérées comme des personnes actives dans le développement, et le soutien aux petits projets pour les femmes se développa ainsi que les mesures pour augmenter leur productivité.

b) 1980- début des années 90:

A la fin des années 1970 et début des années 1980 il y eu une sensibilisation croissante des problèmes dans le domaine du développement. Ils n’étaient pas seulement d’origine technique mais aussi sociale, politique et économique, qui pouvaient s’aborder en appliquant des approches centrées sur les gens. L’équité et participation ont été réaffirmées comme des principes essentiels dans les programmes de développement, ce qui sembla correspondre à un accord général sur l’importance de la participation de la population pour aboutir à un développement.

Divers organismes internationaux élaborèrent des mandats pour la participation des populations dans ces programmes de développement. A partir de ces sensibilisations et connaissances sur le développement, de nouvelles approches et méthodologies survinrent: évaluation rural rapide, évaluation rurale participative, systèmes agricoles et la gestion des ressources des communautés, la plupart d’entre eux appliqués en ALC. L’approche participative action-recherche et communication pour le développement ont aussi été mises en avant.

Le DRI se fit de plus en plus connaître et fut fréquemment utilisée dans cette région. Malgré la reconnaissance de ses limites, une pauvre participation des bénéficiaires et les relations limités de ces programmes avec les politiques nationales, plusieurs organisations internationales et gouvernements soutenaient cette approche. En Colombie, le DRI devint une stratégie de développement agricole depuis 1975.

En ce qui concerne l’évolution des femmes en milieu rural, on appliqua WID (Femmes en Développement), fondée sur les besoins stratégiques en matière de parité homme/femme. Durant la même période, on appliqua de même l’approche sur Genre et Développement (GAD), qui commença à promouvoir la parité homme-femme et l’autonomie des femmes.

c) 1990-2000:

Généralement les réformes réalisées dans les années quatre-vingt-dix eurent un impact négative sur la production agricole, avec pour résultat l’élimination des subventions, crédit et les services d’appui à la technologie. D’autre part, la dynamique de la croissance économique était due en grande partie aux secteurs des agriculteurs commerciaux, capables d’établir des liens avec les capitaux étrangers, surtout les capitaux transnationaux, et ainsi les intégrer aux groupes agroalimentaires nationaux et internationaux.

L’engouement pour l’opportunité des petits agriculteurs et paysans de se moderniser avec l’agriculture contractuelle n’a pas été constaté en pratique. De plus, il eu des indications montrent que le fossé entre les agriculteurs, commerciaux et entrepreneurs et les petits agriculteurs (aux niveaux de la technologie, des revenues et de la productivité) est plus grand que jamais. Les politiques économiques favorisant la modernisation des petits producteurs étaient quasiment inexistantes, ainsi que les politiques sociales atténuantes les coûts du rajustement économique étant donné les haut et permanents niveaux de pauvreté rural.

Au court de cette période, il eu une sensibilisation sur l’importance des ressources naturelles et de l’environnement. Des progrès ont été fait sur quelques réformes juridiques ayant pour but promouvoir l’accès aux ressources naturelles, son emploi rationnel et sa gestion décentralisé, ainsi qu’une plus grande attention placée sur les groupes autochtones et la reconnaissance de leurs droits (territoire inclus).

Quelques approches centrées sur les gens telles que MED, DRI (quelques programmes financés par BID), interventions basées sur le territoire, méthodologies participatives (FIDA, FAO), recherche-action participative, communication pour le développement, gestion de ressources naturelles (sylviculture, aménagement des bassins versants) ont aussi été appliquées durant la même période.

L’approche Genre et Développement continuait à être mise en avant et quelques organismes commencèrent à parler du genre. Jusqu’à présent, on constate peu de réussite en ce qui concerne les conditions de vie de la femme en milieu rural et un fossé toujours existant entre les objectifs et la réalité.

Pendant les dix dernières années, quelques organismes internationaux et gouvernements ont réfléchi sur le besoin de formuler une nouvelle approche centrée sur les personnes, en considérant l’expérience et les résultats des différentes approches appliqués dans la région. Même si il n’existe pas encore de principes basiques ou un cadre structuré, quelques idées surgissent sur l’approche de développement basé sur le territoire.

Divers éléments proposés par des agences internationales basé dans la région ALC et les gouvernements de ces pays ressemblent à ceux proposé par les AMED et peuvent alors servir de base pour la formulation de principes fondamentaux pour une nouvelle approche qui se centre sur les gens. Ces principes seraient: attention prioritaire aux personnes, base territoriale, décentralisation et renforcement de capacités, économie multisectorielle, compétence et efficacité, à niveaux multiples, lien entre milieu rural et urbain, et la prise en considération des questions intersectorielles (parité homme/femme par exemple).

Résumé des approches de développement secondaires

On trouve dans cette section une vue d’ensemble des approches de la FAO et hors FAO, qui pourraient être d’intérêt pour les MED en ce qui concerne l’approche de développement rural et l’éradication de la pauvreté. Ces approches gardent une certaine ressemblance avec l’approche MED et son cadre général, et, puisqu’elle a été appliquée sur le terrain, elle pourrait apporter des leçons précieuses. Ce chapitre se compose en deux partie: Approches hors FAO et approches de la FAO.

(i) Approches hors-FAO

Il s’agit d’approches qui peuvent avoir quelques principes ou idées en commun avec l’approche MED et offrir des leçons utiles. Les approches analysées s’appliquent peu ou pas du tout dans la FAO. Elles ont été élaborées par d’autres organismes: développement incité par la communauté, l’approche fondée sur les droits, le développement rural régional et la gestion holistique.

Développement incité par la communauté (CDD/DIC)

C’es une approche de développement rural relativement jeune, utilisée surtout par la Banque Mondiale. Une de ces caractéristiques principales consiste à essayer de placer la communauté au centre du processus de développement. Ces principes fondamentaux sont:

1. Donner aux communautés la possibilité d’accéder aux ressources et de les contrôler.

2. Prendre en considération les personnes pauvres comme éléments et partenaires pour le développement.

3. Tirer parti des institutions existantes.

La priorité est donc les communautés, et leurs rôles dans le développement, afin qu’elles mettent l’accent sur l’autonomie locale et la création de capacité dans la communauté. Cette approche pourrait être alors utile pour l’approche sur MED que la FAO et le DfID sont en train de développer, en illustrant les aspects pratiques que leurs activités en autonomie locale et participation en développement rural sur le terrain.

Approche fondée sur les droits

Dans une certaine mesure on peut considérer que cette approche a été développée à partir de l’approche MED. Son principe fondamental est le renforcement social, qui est de grande importance en développement rural et pour la lutte contre la pauvreté. Selon l’organisation CARE, une des ces grandes promotrices, «une approche fondée sur les droits vise, de façon explicite et délibérée, à obtenir des conditions minimums pour que les personnes puissent vivre avec dignité, en dévoilant les origines de la vulnérabilité et de la marginalisation»[28]

Les principes de cette approche sont:

1. Gestion participative

2. Promotion d’un développement intégré

3. Responsabilité réciproque pour les droits et les responsabilités

4. Perspective holistique centrée sur l’élimination d’obstacles et création d’opportunités pour améliorer les moyens de vie.

Cette approche peut être particulièrement utile si nous observons le composant Politiques, Institutions et Processus (PIPs) appartenant à l’approche MED. Elle soumet l’idée d’incorporer un «capital politique» au cadre AMED.

Développement rural régional (RRD)

Le contexte régional ou sous national est le premier niveau d’intervention de cette approche de développement. Elle a été élaborée par GTZ, et se centre sur les personnes, le milieu rural et régional. Ces éléments sont:

1. L’identification de nouvelles et meilleures opportunités pour le développement rural

2. Renforcement des capacités des entités de services

3. Création de capacité, en particulier pour les personnes plus marginalisées, pour qu’elles puissent profiter des services et opportunités.

Le but de cette approche est alors l’optimisation permanente des conditions de vie dans les régions rurales, en particulier, les groupes plus pauvres. Ces quatre principes fondamentaux sont:

1. Démocratisation
2. Partenariat entre gouvernement et communautés
3. Génération de connaissance commune/mixte
4. Equité de genre et interaction délibéré avec les groupes marginalisés.

Tout comme l’approche fondée sur les droits, cette théorie peut aussi intéresser l’approche MED en ce qui concerne le composant politique, (Politiques, Institutions et Processus), pour son inclusion comme nouveau capital dans le cadre des avoirs.

Le modèle de gestion holistique

La gestion holistique se fonde sur l’objectif de développement global, formulés par les responsables de la gestion, exprimant leur besoins et aspirations, à court et long terme[29]. Elle se compose en trois parties:

1. La qualité de vie
2. Formes de production
3. Future base de ressources

En d’autres termes, le but n’est pas seulement de considérer le développement rural sous une perspective holistique, comme c’est le cas de l’approche MED, mais de le faire avec la participation de la population locale, en consultation avec les intéressés directs. L’approche se centre sur les écosystèmes au niveau local et sur leur durabilité dans le processus de développement. De cette façon, la perspective de développement rurale de la gestion holistique attribue à l’environnement une plus grande importance qu’aux approches mentionnées auparavant. Il serait intéressant de voir la façon dont cette approche est appliquée dans les projets sur le terrain.

(ii) Approches et/ou Programmes à la FAO

Cette section couvre les approches de développement rural qui sont actuellement utilisées à la FAO, et qui pourraient de quelque façon être importante pour l’approche MED. La liste comprend: Lutte Intégrée, le code de conduite pour une pêche responsable, le programme pour des moyens d’existence durable dans la pêche, SICIAV, participation, nutrition, ASEG, approches du centre d’investissement, et la gestion communautaire des ressources naturelles.

Lutte Intégrée (LI)

L’approche LI est avant tout une approche de gestion des ravageurs, qui démarra en Indonésie en 1980 et est actuellement gérée par la FAO partout dans le monde. "Lutte Intégrée" est un système de gestion contre les ravageurs, qui dans le contexte socioéconomique des systèmes agricoles et la dynamique démographique des espèces de ravageur, utilise toutes les techniques disponibles de la façon la plus compatible possible[30]. Une des caractéristiques principales de la LI est l’établissement de «champs écoles» dans les villages, qui permettent que les agriculteurs locaux participent pour de vrai à l’adoption de prises de décisions dans les processus de développement. Son but consiste à "donner le pouvoir" aux agriculteurs locaux, en leur fournissant la possibilité de se convertir en partenaires du mécanisme de développement, afin d’atteindre la durabilité sociale. La LI poursuit les objectifs suivants:

«Donner le pouvoir» aux agriculteurs
Conservation de la diversité biologique
Sécurité alimentaire
Education de la communauté
Protection de la santé de l’être humain
Réforme de politiques

Les «champs écoles» peuvent être d’un intérêt pour l’approche MED, et sa technique d’autonomisation locale pourrait orienter la mise en oeuvre sur le terrain de projets fondés sur les MED

Systèmes d'information et de cartographie sur l'insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV)

SICIAV est connu comme un système qui rassemble et analyse les données se rapportant à la mesure et au suivi de l'insécurité alimentaire et de la vulnérabilité. L'initiative SICIAV est un cadre de travail dans lequel une large gamme d'activités peuvent être exécutées aux niveaux national et international. Ses objectifs sont[31]:

1. Attirer l'attention sur les questions concernant la sécurité alimentaire;

2. Améliorer la qualité des données et des analyses relatives à la sécurité alimentaire;

3. Faciliter l'intégration d'informations complémentaires;

4. Promouvoir une meilleure compréhension des besoins des utilisateurs et une meilleure utilisation de l'information;

5. Améliorer l'accès à l'information grâce à l'établissement de réseaux et à l'échange d'informations.

SICIAV peut être aussi une source utile de données aidant à cibler groupes de population vulnérables ou victimes de l'insécurité alimentaire.

ASEG

Le programme d'Analyse Socio-économique selon le Genre (ASEG) conçoit des politiques, programmes et projets de développement qui intègrent une perspective socioéconomique selon le genre, afin que les besoins et les priorités des hommes et des femmes soient pris en compte. En outre, il renforce les capacités des spécialistes du développement pour traiter les questions de genre lors de la planification.

L’ASEG, initié en 1993, vise à renforcer la prise de conscience sur les questions liées au genre, au regard des défis soulevés par le développement. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (OAA/FAO), l'Organisation internationale du travail (OIT), la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont, conjointement entamé le processus de développement du matériel didactique traitant de l'ASEG. Depuis 1995, la FAO se charge diriger le développement ce Programme, en collaboration avec d’autres organismes internationaux et nationaux.

Les principes directeurs de ASEG sont:

Les rôles dévolus par la société aux hommes et aux femmes sont décisifs.

Les personnes défavorisées constituent une priorité des actions de développement.

La participation des acteurs au niveau local est fondamentale pour un développement durable.

L'ASEG s'appuie sur les facteurs socioculturels, économiques, démographiques, politiques, institutionnels et environnementaux qui ont une influence sur le déroulement et les résultats des actions de développement. Elle examine alors, dans une perspective de genre, les relations existant entre ces multiples aspects ainsi que leurs impact sur les différents niveaux d'organisation de la société: macro (politiques et programmes), intermédiaire (institutions) et de terrain (communautés, ménages et individus).

Grâce à cette vision holistique du contexte de développement, l'ASEG propose une approche qui vise à:

Comprendre les rôles et les relations de genre,

Apprécier les facteurs socioéconomiques ayant une influence sur le processus de développement,

Prendre en compte et soutenir les groupes sociaux défavorisés,

Garantir la participation active de toutes les parties prenantes,

Identifier les relations entre les parties prenantes,

Recourir à des démarches ascendantes (de bas vers le haut) permettant de hiérarchiser les priorités de développement,

Encourager un processus participatif pour la planification et la mise en oeuvre des politiques et actions de développement,

Faciliter la création de réseaux entre les agents de développement stimulant les échanges de points de vue et le partage des expériences.

Le programme ASEG fournit aux agents de développement (agents de terrain, planificateurs de développement et décideurs politiques) des méthodes et des outils pour conduire une analyse socioéconomique sous l’angle de la parité hommes-femmes. L’ASEG tient compte des aspects sociaux, culturels, économiques, démographiques, politiques, institutionnels et environnementaux du contexte de développement.

Le programme cherche à promouvoir la sensibilisation et la compréhension des questions de genre dans le développement agricole et rural. Pour l’aboutir, le programme travaille sur:

des ateliers d'information-sensibilisation pour une réelle prise de conscience de la problématique de genre;

des ateliers de formation de formateurs en analyse socioéconomique selon le genre;

l’élaboration d’une série de manuels (niveau terrain, intermédiaire et macro) et de guides techniques dont la révision et la mise à jour, à partir des commentaires et des expériences des utilisateurs, est permanente;

collabore, au sein de la FAO, avec les programmes et projets en cours et, à l'extérieur, avec des initiatives de développement auxquels un appui technique est fourni pour l'utilisation de l'analyse socioéconomique selon le genre;

met en place un réseau de spécialistes en développement,

publie un bulletin afin de promouvoir les échanges d'information entre les spécialistes du développement.

Gestion communautaire des ressources naturelles

La Gestion communautaire des ressources naturelles est une approche centrée sur les gens, mais plus orientée vers les communautés et leurs ressources naturelles. Sa toute première hypothèse est que la population possède la capacité innée de comprendre et résoudre ses propres problèmes. Ceci démarre de la situation actuelle des gens, c’est à dire, de leurs connaissances, afin de les développer et faire qu’ils en prennent conscience. Il s’agit de la participation de la population d’une façon plus active dans la planification, de la mise en œuvre et évaluation des programmes de gestion des ressources naturelles. Cette approche contient un processus interactif, la communauté est responsable du suivi et évaluation des conditions et des ressources de l’environnement et de l’application des accords et des lois. Depuis que la communauté participe à la formulation et la mise en oeuvre des mesures de gestion, il est attendue que ces dernières soient mieux acceptées et plus en conformité. La gestion offre à chaque communauté la possibilité de réaliser une stratégie qui réponde à ses besoins particuliers et conditions, permettant ainsi une meilleure flexibilité et des possibilités de modification.


[19] Ashley, C. et Carney, D. (1999), "Sustainable Livelihoods: Lessons From Early Experience" (DfID), p.1
[20] Dixon, J., Gulliver, A., Gibbon, D. (2001), "Farming Systems & Poverty", FAO
[21] from Collinson 2000: 300, paraphrase et mis à jour de Byrnes 1990
[22] Ellis et Biggs 2001. Evolving themes in rural development. Développement Policy Review 19 (4), pp. 437-448
[23] Toulmin, C. (1994) Gestion de Terroirs: Concept et Développement
[24] Bouttier, N. (1996) Décentralisation et Développement Local
[25] World Bank (1998) West Africa: Community Based Natural Resource Management
[26] Lund, C. (2000) African Land Tenure: Questioning Basic Assumptions
[27] Toulmin, C. (1994) ibid.
[28] Réunion de CARE, Atlanta, Aôut 2002, "A Rights-Based Approach to Achieving Household Livelihoods Security" de Drinkwater, M. (2001), "Programming Principles for a Rights-Based Approach"
[29] Savory, A. "Elements Within the Holistic Management Model", http://www.holisticmanagement.org/ahm_orig.cfm?
[30] Dent, D.R. (1995) "Integrated Pest Management", Chapman et Hall, London, p.356
[31] Tiré du site web de SICIAV: http://www.fivims.net/static.jspx?lang=fr&page=fivims

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