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3. ANALYSE DES RISQUES DE PPCB


Introduction

L’analyse des risques est une démarche que nous faisons tous de manière intuitive dans notre vie quotidienne et dans notre vie professionnelle. C’est seulement récemment qu’elle est devenue une discipline plus formelle, de plus en plus utilisée dans de nombreux secteurs d’activité. C’est dans le domaine de la santé animale qu’elle a peut-être été le plus largement appliquée, pour la quarantaine. Les analyses de risques de quarantaine sont utilisées pour déterminer les conditions sanitaires les plus appropriées concernant les importations d’animaux et de produits d’origine animale, et pour les stratégies de mise en quarantaine.

L’analyse des risques est un outil qui peut également être utilisé très avantageusement pour la planification d’intervention d’urgence en cas de maladie animale. Dans ce contexte, elle est très facilement appliquée quand il s’agit de maladies exotiques (ou des souches exotiques d’agents endémiques de la maladie). Dans ce chapitre, l’analyse des risques sera décrite dans cette optique. Cependant, aucune raison n’empêche d’appliquer l’analyse des risques à d’autres planifications d’urgence de santé animale.

Principes de l’analyse des risques

L’analyse des risques comporte quatre volets: l’identification des risques, l’évaluation des risques, l’atténuation ou la gestion des risques et la communication des risques.

Identification des risques

Pour ce premier volet, les risques qu’un événement fâcheux se produise ou que des faits surviennent dans le futur sont identifiés et décrits. Dans le cas des urgences de santé animale, cela comprendrait l’identification des maladies très menaçantes (exotiques ou autres); des facteurs qui peuvent faire varier le niveau du risque (comme l’apparition de nouveaux sérotypes ou biotypes, ou des modifications des modèles épidémiologiques ou d’élevage); et des facteurs qui pourraient affecter la capacité des services de santé animale nationaux à répondre efficacement à ces menaces de maladie.

Evaluation des risques

On estime alors la probabilité d’apparition de ces risques. Les effets potentiels de ces risques s’ils se produisent sont également évalués et utilisés pour modifier l’estimation du risque. Par exemple, si une maladie exotique avait un risque élevé d’entrer dans un pays, mais seulement un risque faible de s’y établir ou aurait des conséquences socioéconomiques potentielles peu significatives pour le pays, elle n’obtiendrait qu’un faible score global dans une évaluation des risques. Inversement, un faible risque d’introduction mais des conséquences importantes de la maladie aboutiraient à un score plus élevé.

Les risques peuvent être évalués de manière quantifiée, semi-quantifiée, ou qualitative. Il est par nature très difficile de quantifier (ou de donner effectivement des probabilités chiffrées) des risques dans de nombreux systèmes biologiques en raison du manque de précédents historiques et de lacunes graves dans les données biologiques disponibles. Pour les maladies exotiques, il est recommandé de procéder à des évaluations qualitatives des risques. Les risques peuvent être décrits comme «extrêmes», «élevés», «moyens» ou «faibles» ou, si on utilise un système de notation simple, par exemple de 1 à 5 pour le niveau de risque et pour le degré de conséquences potentielles (où 1 = négligeable et 5 = maximum).

Gestion des risques

C’est le processus d’identification, de justification et de mise en place des mesures destinées à réduire ces risques et leurs conséquences. Le risque ne peut jamais être complètement éliminé. Le but est de choisir les mesures qui réduiront le niveau de risque jusqu’à ce qu’il soit jugé acceptable.

En fait, on pourrait considérer ce manuel comme le cadre de la gestion des risques pour les plans d’intervention contre la péripneumonie contagieuse bovine (PPCB).

Communication des risques

Il s’agit de l’échange d’informations et d’opinions en matière des risques entre les analystes et les parties prenantes. Dans ce contexte, les parties prenantes représentent tous ceux qui pourraient être touchés par les conséquences des risques (c’est-à-dire tout le monde, des éleveurs aux hommes politiques). Il est important que les stratégies d’évaluation et de gestion des risques fassent l’objet d’une pleine concertation de sorte que les intervenants aient le sentiment qu’aucun risque inutile n’est pris et que les coûts de la gestion des risques représentent une «police d’assurance» valable.

Pour garantir la légitimité de leurs décisions, les analystes et les décideurs devraient consulter les parties prenantes tout au long du processus de l’analyse des risques afin que les stratégies de gestion des risques répondent aux préoccupations des intervenants et que les décisions soient bien comprises et largement soutenues.

Qui devrait effectuer l’analyse des risques?

Le volet de l’analyse des risques devrait être réalisé de préférence par l’Unité épidémiologique du siège des services vétérinaires nationaux comme une composante du système national d’alerte rapide pour les maladies transfrontalières des animaux (TAD) et autres maladies à caractère d’urgence. La gestion et la communication des risques sont du ressort de tous mais devraient être coordonnées par le chef des services vétérinaires (CVO).

Il faudrait rappeler que les risques ne sont pas figés. Ils varieront selon l’évolution et la diffusion des maladies épidémiques du bétail à l’échelle internationale, l’émergence de nouvelles maladies et les modifications dans les échanges internationaux pour le pays. L’analyse des risques ne devrait donc pas être considérée comme une activité exceptionnelle - elle doit être répétée et mise à jour régulièrement.

Evaluation des risques de PPCB

Comme cela à été décrit plus haut, l’évaluation des risques consiste à identifier les risques, estimer la probabilité de leur apparition et à modifier le niveau de risque perçu par une évaluation des conséquences potentielles.

Le statut et l’évolution sur le plan international des foyers de PPCB (et des autres TAD importantes), de même que les dernières découvertes scientifiques devraient être suivis en permanence. L’unité épidémiologique des services vétérinaires nationaux devrait se charger régulièrement de cette tâche. Outre la documentation scientifique, la source d’information la plus fiable serait l’Office international des épizooties (OIE), par le biais de ses publications, ses rapports hebdomadaires sur les maladies, son rapport annuel Santé animale dans le monde et sa base de données Handistatus (http://www.oie.int). Des informations sur les maladies sont aussi disponibles auprès de la FAO, notamment par le bulletin EMPRES des maladies animales transfrontalièresqui est publié tous les trimestres (également disponible sur Internet à l’adresse http://www.fao.org/empres).

«Promed», un service de courrier électronique, offre actuellement aussi un forum utile pour une diffusion très rapide d’informations officielles et non officielles sur l’apparition des maladies chez l’homme, les animaux et les plantes à travers le monde. «Animalnet» est également une source d’informations utile.

Après avoir identifié et répertorié les menaces de maladies exotiques, l’étape suivante consiste à évaluer l’importance de la menace d’entrée de chaque maladie dans le pays et les voies et mécanismes par lesquels elle pourrait être introduite. Les facteurs à prendre en considération sont les suivants:

L’étape suivante consiste à évaluer la gravité des conséquences socioéconomiques si la maladie était introduite. Les facteurs à prendre en considération sont les suivants:

Le fait de traiter ces questions et ces problèmes permettra d’établir un profil de risques pour la PPCB et d’apprécier l’ampleur du risque représenté par la maladie en termes qualitatifs si ce n’est quantitatifs. De plus et surtout, on pourra se faire une idée sur la position de la PPCB par rapport aux autres maladies hautement prioritaires, et sur la part des ressources à consacrer à la préparation à la PPCB par rapport à d’autres maladies. On pourra aussi connaître la localisation des points de pression pour l’entrée de la maladie et la façon dont les services vétérinaires et les plans d’intervention devraient être renforcés face à la PPCB.

Intérêt de l’évaluation des risques pour la PPCB

Le type d’évaluation des risques qui a été décrit servira à:


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