Page précédente Table des matières Page suivante


Chapitre quatre - L’accès à la nourriture pour tous


Impuissance des marchés à subvenir aux besoins alimentaires de tous

Depuis les années 60, les prix du marché pour les aliments sont faibles et la production alimentaire satisfait la demande du marché. Il n’en reste pas moins que les prévisions de la FAO indiquent qu’il y avait 815 millions de personnes sous-alimentées dans le monde en 1998: 777 millions dans les pays en développement, 27 millions dans les pays en transition et 11 millions dans les pays industrialisés. Le monde est capable de produire assez d’aliments pour nourrir sa population jusqu’en 2030 et audelà (en fait, une part croissante de la production de céréales sert déjà à l’alimentation animale). Le Sommet mondial de l’alimentation de 1996 s’était fixé pour but de réduire à 400 millions le nombre de personnes sous-alimentées d’ici 2015. Les prévisions actuelles de la FAO indiquent maintenant que cet objectif pourrait ne pas être atteint avant 2030. La figure 7 illustre l’objectif normatif et les prévisions basées sur le cours actuel des événements.

Figure 7 Progression vers l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation

Les prévisions de la FAO concernant l’atteinte des objectifs du Sommet mondial de l’alimentation sont clairement en contradiction avec les objectifs fixés. Selon l’estimation de la FAO, l’objectif du Sommet ne pourrait être atteint avant 2030, soit avec 15 ans de retard.

Source: FAO, 2002.

Pour faire face à la détresse des personnes sous-alimentées, il faut adopter une approche proactive de la mise en œuvre des programmes de sécurité alimentaire. Les nécessaires ajustements à apporter à la planification devraient être adaptés aux besoins des personnes de manière à ce qu’elles puissent utiliser leur esprit d’initiative et leur ingéniosité pour accéder à la nourriture et mettre en place un mode de subsistance. Les programmes de sécurité alimentaire devraient déterminer les catégories de population les plus vulnérables et examiner leurs atouts et handicaps pour mieux les aider à vaincre la pauvreté. La FAO a spécialement mis au point des indicateurs à cet effet (voir encadré 3). Un premier niveau de soutien est l’aide d’urgence aux ménages touchés par des catastrophes naturelles, individuelles ou causées par l’homme. Dans le cas des ménages affaiblis par la faim et la maladie, il faut leur permettre de retrouver la force nécessaire pour s’attaquer eux-mêmes à la mise en place de moyens d’existence viables. C’est là que les personnes peuvent avoir besoin d’un appui ponctuel pour mettre leurs plans à exécution. Les aides externes peuvent se présenter sous diverses formes: réserve de semences, outils, renforcement des capacités et développement des infrastructures. Les actions visant la réduction de la pauvreté sont souvent liées à l’eau, et le rôle de l’irrigation à cet effet sera étudié ultérieurement.

Les personnes sous-alimentées: qui, òu et pourquoi?

La figure 8 et la carte 3 montrent les pays où les personnes sous-alimentées sont les plus nombreuses. Beaucoup ont connu des guerres et des catastrophes naturelles, dont de longues périodes de sécheresse. Dans ces pays, de nombreuses personnes sous-alimentées vivent dans des zones rurales polluées et des bidonvilles. Au cours des années 90, le nombre de personnes sous-alimentées a considérablement diminué en Asie de l’Est. En Asie du Sud, le pourcentage de personnes souffrant de malnutrition a baissé, quoique le nombre total soit resté presque le même. En Afrique sub-saharienne, le pourcentage est resté à peu près inchangé, ce qui signifie que le nombre de personnes sous-alimentées a fortement augmenté. L’action pour la sécurité alimentaire doit donc faire porter ses efforts sur cette dernière région.

Les personnes sous-alimentées sont souvent des réfugiés qui ont perdu leurs biens matériels et leurs actifs sociaux à l’occasion du déplacement qu’a provoqué la guerre ou une catastrophe naturelle. La raison du déplacement peut aussi être un effet externe mal maîtrisé découlant, par exemple, du développement urbain et de la pollution de l’eau qui en résulte, ou de la construction de barrages et de l’inondation des terres qu’elle provoque. Certaines politiques macroéconomiques nationales n’ont pas reconnu l’importance de l’agriculture et ont contribué à faire basculer les paysans dans la pauvreté. Dans les zones rurales, les personnes les plus touchées sont les petits exploitants, les paysans sans terre, les bergers traditionnels, les pêcheurs et les groupes généralement marginalisés comme les réfugiés, les personnes autochtones et les ménages dirigés par des femmes. Les enfants sont particulièrement vulnérables aux conséquences de la faim, qui peut porter atteinte de façon irrémédiable à leur développement physique et mental.

Figure 8 Pourcentage de personnes sous-alimentées dans les pays en développement, 1990-1992 et 1997-1999

Ce graphique indique les niveaux de malnutrition dans les pays en développement en 1990-1992 et 1997-99. Bien que le niveau de malnutrition ait diminué dans la majorité des pays, la situation continue à s’aggraver dans de nombreux endroits.

Source: FAO, 2001b.

Carte 3 Pourcentage de personnes sous-alimentées par pays (1998)

Cette carte révèle de grandes différences régionales dans la proportion de personnes sous-alimentées dans le monde, et illustre la division habituelle entre les pays développés et en développement. Alors que les niveaux de sécurité alimentaire sont raisonnables en Europe occidentale et en Amérique du Nord, ce luxe n’est pas à la portée d’une grande partie de l’Afrique et de vastes régions de l’Amérique latine et de l’Asie.

Source: FAO, 2001b.

La malnutrition caractérise la pauvreté, qui se traduit aussi par une détérioration de la santé et de la nutrition et une privation en matière d’éducation, de sécurité et de droits légaux et politiques. La faim est un symptôme de la pauvreté aussi bien que l’une de ses causes. Les différents aspects de la privation agissent les uns sur les autres et leurs effets sont cumulatifs. La faim est un état engendré par l’initiative humaine, ou par l’absence d’initiative humaine pour y remédier. Par exemple, au début des années 90, près de 80 pour cent des enfants sous-alimentés vivaient dans des pays en développement qui produisaient des surplus alimentaires. L’incapacité d’accéder à l’eau qui permet d’assurer les services d’hygiène de base et de soutenir une production alimentaire fiable est souvent l’une des premières causes de sous-alimentation. Une production alimentaire abondante est nécessaire pour faire disparaître la faim, mais il faut par ailleurs veiller à ce que la nourriture disponible soit accessible à tous.

Le rôle de l’irrigation dans la réduction de la pauvreté et l’amélioration de la sécurité alimentaire

Il existe un lien positif, mais complexe, entre les services d’approvisionnement en eau pour l’irrigation et les autres utilisations agricoles, la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire (FIDA, 2001; FAO, 2001a; FAO/Banque mondiale, 2001). Nombreux sont les paysans pauvres qui travaillent directement dans l’agriculture comme petits exploitants, ouvriers agricoles ou bergers. L’impact global de l’irrigation peut être remarquable: en Inde, par exemple, on trouve 69 pour cent de personnes pauvres dans les districts non irrigués, alors que ce pourcentage n’est plus que de 26 pour cent dans les districts irrigués (Banque mondiale, 1991). Leurs revenus peuvent aussi être rehaussés par l’adoption de mesures en faveur des pauvres, permettant par exemple de garantir un accès équitable à la terre, à l’eau et aux autres ressources et intrants, ainsi qu’aux services, dont l’éducation et la santé. Des réformes adaptées des politiques et pratiques agricoles peuvent encore renforcer ces mesures.

Le fait de disposer d’eau donne aux individus et aux communautés l’occasion de dynamiser leur production agricole, à la fois en quantité et en diversité, de satisfaire leurs propres besoins et de générer des revenus grâce aux surplus. L’irrigation a un effet d’augmentation de productivité de la terre qui peut souvent faire la différence entre une pauvreté extrême et la satisfaction des besoins fondamentaux d’un ménage. Il est notoire que pour agir positivement sur la sécurité alimentaire, les projets d’irrigation doivent être intégrés à un ensemble très divers de mesures complémentaires qui vont du conseil sur le crédit, la commercialisation et la vulgarisation agricole à l’amélioration des infrastructures de communication, de santé et d’éducation (voir encadré 4 pour l’exemple du Sénégal). Le régime foncier peut aussi constituer une contrainte importante: les périmètres d’irrigation contrôlés par des propriétaires absents et dont la production est destinée à des marchés éloignés peuvent, même s’ils fonctionnent efficacement, n’avoir aucune incidence sur l’amélioration de la sécurité alimentaire locale lorsque les denrées et les bénéfices sont exportés.

ENCADRÉ 4 SÉCURITÉ D’APPROVISIONNEMENT EN EAU ET EN ALIMENTS DANS LE BASSIN DU FLEUVE SÉNÉGAL

Au Sénégal et en Mauritanie, certaines parties du bassin du fleuve Sénégal sont entièrement situées dans la zone sahélienne aride: dans la vallée inférieure et le delta, les précipitations annuelles dépassent rarement 400 mm au total. Ainsi les cultures pluviales du plateau et les cultures de décrue des dépressions de terrain suffisent à peine aux besoins alimentaires des familles d’agriculteurs. Les périodes de sécheresse comme celles des années 70 ont des conséquences dramatiques pour les populations locales; c’est pour cette raison que l’une des quatre tâches fondamentales de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), définie à sa fondation en 1972, était d’assurer l’auto-suffisance alimentaire des populations du bassin du fleuve Sénégal et aussi de la sous-région. A cet effet, l’organisation s’est fixé pour objectif le développement de 375 000 hectares sur la superficie potentiellement irrigable de 823 000 hectares du bassin, grâce à la mise en activité conjuguée des barrages de Manantali et de Diama. Les cultures choisies pour l’irrigation étaient le riz et le blé, en plus du sorgho, du maïs et des cultures maraîchères, soit la production traditionnelle de l’agriculture pluviale et de décrue. Un total de quelque 100 000 hectares a déjà été mis en valeur dans le cadre de ce projet. Néanmoins, une étude de l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED) réalisée en 1996 a démontré qu’un seul type d’agriculture ne pouvait garantir la survie d’une famille et que la diversification des cultures était essentielle. Cette étude a également souligné les principaux facteurs de l’optimisation du développement des plaines d’inondation dans le cadre de la lutte pour la sécurité alimentaire. Ces zones géographiques sont vitales pour l’agriculture, la pêche, le pâturage du bétail et la régénération des forêts. C’est pourquoi après la mise en eau des barrages, en 1986 et 1987, l’OMVS a décidé deux actions simultanées: l’expansion des zones irriguées par inondation artificielle, pour garantir entre 50 000 et 100 000 hectares de cultures de décrue, et la création de 63 000 hectares de pâturages et de zones boisées pour 2,7 millions de bovins et 4,5 millions de moutons et de chèvres. La pêche est également une activité économiquement et socialement importante dans le bassin du fleuve Sénégal, puisqu’avec des prises annuelles estimées entre 26 000 et 47 000 tonnes, elle représente un revenu substantiel pour les populations concernées. Les lacs de retenue des barrages de Diama et de Manantali, qui totalisent 11,5 millions de m3 d’eau s’étendant sur 500 km2, ont attiré d’importantes communautés de pêcheurs depuis que les barrages ont été mis en exploitation. Les programmes mis en œuvre par l’OMVS contribuent donc bien à assurer la sécurité alimentaire de la région. Le Haut Commissariat de l’OMVS a défini deux impératifs pour atteindre ses objectifs aussi rapidement que possible: la nécessité d’augmenter les moyens techniques, institutionnels et financiers permettant d’accélérer le développement et de garantir une gestion saine, et celle d’apporter les améliorations techniques qui permettront d’intensifier l’agriculture, d’accroître les rendements et d’associer plus étroitement l’agriculture, la pêche, l’élevage, la foresterie et les économies d’eau.

Source: préparé par l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) pour le Programme mondial pour l’évaluation des ressources en eau (WWAP), 2002.

Les projets d’irrigation sont aussi divers que les situations locales des endroits où ils sont aménagés. En général, les projets de petite irrigation, dont ceux qui pompent les eaux souterraines peu profondes, offrent un cadre gérable permettant aux pauvres locaux de contrôler les opérations et d’éviter que les ressources ne passent aux mains de personnes plus favorisées. L’irrigation à grande échelle, nécessaire lorsqu’il faut réaliser de gros travaux pour capter l’eau et la transporter jusqu’aux champs, peut aussi améliorer la situation des personnes pauvres à condition que ses bénéfices soient partagés équitablement, et que les coûts d’investissement, d’exploitation et d’entretien soient efficacement couverts.

Gestion des risques agricoles pour garantir des moyens d’existence durables

Les aménagements de petite irrigation gérés par les communautés, qui améliorent les récoltes et le rendement des cultures, sont des systèmes efficaces pour réduire la pauvreté rurale et mettre fin à l’insécurité alimentaire. La commercialisation des produits agricoles, sur les marchés locaux ou plus loin lorsque des infrastructures adéquates de transport et de communication existent, peut améliorer considérablement les revenus des agriculteurs. Les dépôts et crédits bancaires, tout comme l’assurance sur les récoltes, peuvent servir à financer les activités agricoles et assurer une protection contre les risques climatiques. Les services bancaires ne sont toutefois pas accessibles aux personnes qui ne peuvent offrir de biens en garantie. De nombreux systèmes de crédit ruraux ne permettent pas non plus un étalement des remboursements sur plusieurs années, le temps d’engranger les bénéfices des investissements placés dans les technologies d’irrigation. Il existe néanmoins des systèmes de crédit non classiques fondés sur la confiance et la solidarité sociale qui aident les agriculteurs pauvres. L’amélioration des installations de stockage des denrées alimentaires des personnes pauvres réduit les pertes après récolte et permet de préserver des quantités importantes de nourriture, et participe ainsi à la sécurité alimentaire. Le stockage de l’eau dans des réservoirs de surface et des nappes aquifères, lorsqu’il est envisageable sur le plan technique et financier, représente aussi une stratégie intéressante de gestion des risques agricoles. L’eau contenue dans le réservoir ou la nappe équivaut alors, en quelque sorte, à des économies placées en banque.

L’irrigation contribue à créer des emplois à l’extérieur des exploitations

Lorsque l’irrigation est combinée à l’utilisation d’intrants comme les variétés à haut rendement, les fertilisants et les moyens de lutte contre les ravageurs et qu’on augmente par ailleurs l’intensité culturale, et le rendement et la diversité des cultures, on note qu’elle favorise la création d’emplois ruraux dans les services non agricoles. Le surcroît de productivité qu’entraîne l’agriculture irriguée se traduit par des emplois ruraux plus nombreux et durables et atténue les difficultés de populations rurales qui autrement se retrouveraient peut-être repoussées vers les zones urbaines sous la pression économique. L’augmentation des revenus des agriculteurs et des ouvriers agricoles crée un accroissement de la demande de produits et services fondamentaux non agricoles dans les zones rurales. L’éloignement étant souvent un obstacle à la satisfaction de ces besoins de biens et de services, ils sont plutôt produits et fournis à l’échelle locale, avec des méthodes exigeantes en main d’œuvre, ce qui accroît encore les possibilités de création d’emploi et de réduction de la pauvreté. Les études menées dans de nombreux pays révèlent des multiplicateurs variant entre deux (en Malaisie, en Inde et aux Etats-Unis) et six (en Australie, Banque mondiale, 2002).

Contribution des pêches et de l’aquaculture à la sécurité alimentaire

Le poisson est un excellent nutriment et constitue une très bonne source d’énergie et de protéines animales de bonne qualité, tout en étant facilement digestible. Les réfugiés et les personnes déplacées qui se retrouvent en situation d’insécurité alimentaire peuvent décider, lorsque cela est possible, de se convertir à la pêche pour assurer leur survie. Les principaux poissons consommés, qui appartiennent souvent à des espèces de valeur inférieure, sont très demandés dans la plupart des pays en développement parce qu’ils sont disponibles à un prix abordable.

Dans de nombreuses zones rurales, la production de poissons d’eau douce apporte un complément appréciable à l’apport en protéines animales, et dans certaines régions elle représente une source essentielle et souvent irremplaçable de protéines animales de bonne qualité et bon marché qui est cruciale pour assurer un régime équilibré aux communautés dont la sécurité alimentaire est fragile. La plus grande partie des poissons d’eau douce est consommée à l’échelle locale et commercialisée sur place. Ils contribuent souvent à la subsistance et aux moyens d’existence des personnes pauvres. La participation aux activités de pêche et de pisciculture est élevée dans de nombreuses communautés rurales, et souvent pratiquée en supplément de l’agriculture ou d’autres activités. Le rendement de la pêche continentale, et en particulier de la pêche de subsistance, peut être très important, même s’il est souvent en grande partie sous-déclaré. Pour ce qui est des volumes globaux, c’est en Asie qu’il est le plus important, mais il est également élevé en Afrique sub-saharienne. Les techniques de mise en valeur des stocks, et surtout l’empoissonnement des plans d’eau naturels et artificiels, améliorent considérablement le total des prises (FAO, 2000).

L’aquaculture rurale participe directement à la réduction de la pauvreté grâce à la culture, à l’échelle des ménages, d’organismes aquatiques destinés à la consommation domestique et à l’amélioration des revenus. Elle y contribue aussi indirectement en employant les personnes pauvres comme fournisseurs de services à l’aquaculture ou comme ouvriers sur les fermes aquacoles. Les consommateurs pauvres, qu’ils soient ruraux ou citadins, peuvent bénéficier des poissons à bas prix fournis par l’aquaculture. Pour contribuer efficacement à réduire la pauvreté, celle-ci devrait s’attacher essentiellement à produire les poissons à faible coût consommés par les personnes pauvres, et les espèces aquatiques qui se nourrissent d’espèces classées aux niveaux inférieurs de la chaîne trophique. Il existe de bonnes possibilités de développement pour la production aquacole auprès des marchés et consommateurs locaux. Il est possible d’associer riziculture et pisciculture: ces systèmes sont extrêmement intéressants parce qu’ils fournissent en même temps des céréales et des protéines. Il a également été prouvé qu’ils avaient un effet positif sur la situation de la malaria, puisque les larves des moustiques porteurs qui se reproduisent dans les rizières sont mangées par les espèces de poissons qui y sont élevées. Ces phénomènes peuvent être observés dans certaines régions de la Malaisie (voir encadré 5).

ENCADRÉ 5 RIZIPISCICULTURE AU LAOS

La République démocratique populaire lao possède d’importantes ressources en eau qui se présentent sous la forme de rivières, de lacs et de zones humides. La pêche et le ramassage d’animaux aquatiques sont des activités importantes dans le pays à la saison des pluies et le poisson représente une part importante de l’alimentation nationale. La culture du riz est très répandue dans les champs irrigués, non irrigués ou en terrasses. Il s’agit surtout de riziculture à une récolte par an, mais dans les zones irriguées deux récoltes par an sont possibles. Dans les champs en milieu sec où se pratique une agriculture pluviale, les diguettes sont souvent rehaussées pour augmenter la profondeur de l’eau et permettre la pisciculture. Dans certains cas, on construit un petit chenal pour faciliter la capture des poissons. Dans la plaine du Mékong, la rizipisciculture se pratique dans les rizières en culture sèche où les sols sont relativement imperméables, et dans les rizières irriguées, qui offrent des conditions idéales pour la pisciculture. Comme partout, il existe très peu de données fiables sur les niveaux de production de la rizipisciculture, mais des rapports de 125 à 240 kg/ hectare/an auraient été enregistrés dans les systèmes de rizipisciculture en milieu sec. Les carpes, tilapias et autres espèces élevées dans ces systèmes sont essentiellement destinés à la consommation du ménage de l’exploitant. Les agriculteurs trouvent la rizipisciculture très intéressante, mais elle présente quelques inconvénients auxquels il faudrait remédier grâce à une aide adéquate. Des pratiques de lutte intégrée devraient être adoptées pour réduire l’utilisation des pesticides. Il faudrait également que les agriculteurs puissent se procurer plus facilement les alevins d’un an et que leur accès au crédit soit facilité.

Source: Dixon et al., 2001.

La foresterie et la sécurité alimentaire

De nombreux produits forestiers contribuent à assurer la sécurité alimentaire: la FAO estime que dans le monde, environ 1,6 million de personnes sont dans une certaine mesure tributaires des ressources forestières pour leur subsistance. Le bois de chauffage étant, pour la plupart des paysans du monde, le combustible qui permet de faire cuire les aliments, il fait donc partie intégrante de leur sécurité alimentaire. Le secteur bio-énergétique génère des emplois et des revenus dans les pays en développement.

La plupart des forêts et plantations poussent grâce aux eaux de pluie, ou se développent autour des aménagements d’irrigation. Certaines espèces d’arbres utilisent de grandes quantités d’eau prélevées dans les réserves d’humidité des sols et les nappes aquifères peu profondes. Les arbres, qu’ils poussent dans les forêts ou à l’extérieur, permettent aux personnes pauvres de réaliser des bénéfices importants et assurent donc une partie de leur sécurité alimentaire. Les retombées de l’eau utilisée par les forêts sont nombreuses puisqu’en plus de fournir des produits ligneux et non ligneux, elles contribuent à protéger l’environnement, à réduire la dégradation des sols et à préserver la diversité biologique.


Page précédente Début de page Page suivante