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2. SARDINE


2.1 Identité du stock

La question de l'identité du stock de sardines a été posée dans les différents groupes de travail sur la sardine. Les résultats des recherches basées sur différentes méthodes morphométriques, méristiques et biostatistiques, ainsi que des constatations acoustiques ne sont pas concluants (Furnestin 1950, Krzeptowski 1975; Bravo de Laguna, Fernandez et Santana 1976; Belvèze et Rami 1978; FAO 1978). Cependant, au cours des derniers groupes de travail, trois stocks séparés ont été évalués: le stock nord (35°45'-32°N), le stock central, Zones A+B (32°N - 26°N) et le stock sud, Zone C (26°N - jusqu'à l'extension sud de l'espèce).

Le suivi de la dynamique des stocks sardiniers pourrait rendre nécessaire de poursuivre l'identification des unités de stocks en utilisant d'autres méthodes que celles utilisées dans le passé, notamment des techniques basées sur la biologie moléculaire. Une étude sur l'identité des stocks de sardine par deux marqueurs (ADN et Allozymes) est en cours de réalisation à l'INRH.

2.2 Les pêcheries

Captures totales

En 2002, la sardine nord-ouest africaine a été exploitée dans quatre zones de pêche: Zone nord, 35°45' - 32°N (Cap Spartel - Eljadida); Zone A, 32°N - 29°N (Eljadida - Sidi Ifni); Zone B, 29°N - 26°N (Sidi Ifni - Cap Bojador et Zone C, 26°N - jusqu'à l'extension sud de l'espèce près de Cap Timiris en Mauritanie (Cap Bojador-Cap Timiris) (Figure 2.2.1).

Les captures totales annuelles (tonnes) pour les différentes flottilles opérant dans la zone nord, les zones A, B et C pour la série 1990-2002 figurent au Tableau 2.2.1a. L'effort de pêche annuel correspondant dans les zones A, B et C figure au Tableau 2.2.1b. L'effort de pêche marocain est exprimé en nombre de sorties positives[3] pour les senneurs et en nombre de jours de pêche pour les senneurs RSW[4].

L'évolution des captures de sardine par zone est indiquée à la Figure 2.2.2. Les captures totales dans les zones A et B ont connu une augmentation continue durant la période 1990-2002 qui est due au transfert d'une partie de la flottille marocaine vers la zone B après l'ouverture de nouveaux ports (Tan Tan en 1982, Laâyoune en 1989 et Tarfaya en 1994). Le nombre de senneurs a augmenté pour atteindre plus de 200 unités. Par contre, dans la zone C, la capture totale a diminué suite à l'arrêt de l'activité des flottilles espagnole et russe. La capture de sardine au sud du Cap Blanc reste faible du fait que la sardine n'est pas l'espèce cible des flottilles dans les eaux mauritaniennes.

Développements récents par pays

Maroc

Les zones de pêche comprises entre la frontière nord de la ZEE marocaine et le Cap Blanc sont maintenant exploitées exclusivement par la flottille marocaine. Les flottilles espagnoles et russes ont cessé de pêcher dans les eaux marocaines suite au non-renouvellement de l'accord de pêche Maroc-Fédération de Russie et Maroc-UE. La flottille marocaine opérant le long de la côte Atlantique est homogène, constituée essentiellement de senneurs traditionnels et compte environ 350 unités. La flottille est majoritairement active dans les ports de Tan Tan et de Laâyoune.

Zone Nord

La flottille opérant dans cette zone est composée d'une centaine de senneurs avec un tonnage moyen de 40 TJB et d'une puissance moyenne de 250 CV. A partir de 1990, l'effort de pêche est resté stable mais les captures ont diminué en passant d'une moyenne de près de 17 200 tonnes en 1990-1996 à une moyenne de près de 6 000 tonnes en 1997-2001, puis une augmentation a été enregistrée en 2002 avec une capture d'environ 18 500 tonnes.

Zone A

La flottille opérant dans cette zone est composée de près de 150 senneurs (40 TJB, 250 CV). L'effort de pêche a diminué en 1990-1996, le nombre de sorties positives est passé de près de 7 000 sorties positives en 1990 à près de 570 en 1996. La capture a chuté de près de 48 800 tonnes en 1990 à 3 500 tonnes seulement en 1996. A partir de 1997, l'effort de pêche est en augmentation avec une moyenne d'environ 4 000 sorties positives par an et une capture moyenne de 28 000 tonnes au cours de la période 1997-2002.

Zone B

La flottille opérant dans cette zone est composée de près de 200 senneurs d'un tonnage moyen de 55 TJB et d'une puissance qui se situe entre 250 CV et 300 CV. L'effort de pêche est en augmentation, passant d'environ 7 000 sorties positives en 1990 à plus de 28 000 sorties positives en 2002. La capture réalisée a augmenté de façon consistante.

Zone C, au nord du Cap Blanc

Une dizaine de senneurs côtiers d'un tonnage inférieur à 120 TJB se sont déplacés vers la zone de Dakhla pour l'exploitation du stock sardinier sud. La capture réalisée a augmenté, passant de près de 3 000 tonnes en 2001 à plus de 21 000 tonnes en 2002. Trois bateaux type RSW ayant un tonnage allant jusqu'à 1 000 TJB opèrent également dans cette partie de la zone C.

Mauritanie

Zone C, au sud du Cap Blanc

Les captures de sardine dans la zone mauritanienne ont augmenté, passant de 11 500 tonnes en 1996 à plus de 37 500 tonnes en 2002. Les captures sont faites de façon saisonnière par des chalutiers pélagiques, notamment ceux de l'UE.

2.3 Indices d'abondance

2.3.1 Capture par unité d'effort

Pour la zone A+B, les captures par unité d'effort ont été calculées pour la série 1990-2002 pour la flottille marocaine et pour la série 1990-1995 pour la flottille espagnole. Pour la flottille marocaine, l'effort est exprimé en sorties positives. Pour la flottille espagnole, l'effort est exprimé en nombre de jours de pêche.

Pour la zone C, les CPUE calculées par flottille lors du groupe de travail (FAO 2002) pour la série 1983-2001 ont été retenues.

Les tendances des CPUE pour la zone A+B et C pour la série 1990-2002 sont indiquées sur les Figures 2.3.1a et b.

La tendance de l'évolution des CPUE au niveau de la zone B pour la flottille marocaine reste presque constante avec une augmentation en 2000. Toutefois, les CPUE des différentes flottilles opérant dans la zone C au cours de la période 1990-2002 mettent en évidence diverses tendances.

2.3.2 Campagnes acoustiques

N/R AL AMIR MOULAY ABDALLAH

Dans la zone nord (Cap Spartel - Cap Cantin), les résultats des campagnes réalisées en 2001 et 2002 par le N/R AL AMIR MOULAY ABDALLAH montrent que la sardine est surtout présente dans la région de Larache et de Kénitra. La biomasse moyenne de sardine dans cette région est évaluée à 22 000 tonnes.

N/R DR. FRIDTJOF NANSEN

A la fin 2002, le N/R DR. FRIDTJOF NANSEN a trouvé des densités exploitables de sardine dans la zone comprise entre le Cap Cantin et le Cap Bojador (A+B), tout particulièrement dans les régions de Safi, Sidi Ifni-Draa et Laâyoune.

La biomasse de sardine, déterminée par écho-integration, a connu des variations d'une année à l'autre de 1986 à 2002 (Figure 2.3.2).

La biomasse dans la zone comprise entre Cap Cantin et Cap Bojador (A+B) a été estimée à près de 1,2 million de tonnes pendant l'automne 2001 et 2002, soit une diminution de 25 pour cent par rapport aux valeurs estimées en 2000 (1,5 million de tonnes). En novembre-décembre 2002, la structure démographique de la sardine dans cette zone (A+B) est marquée par une prédominance de jeunes individus. Le mode principal de la distribution des tailles était de 12 cm (Figure 2.3.3a).

Pour la zone Cap Juby-Cap Bojador, la distribution des tailles de la sardine était bimodale (Figure 2.3.3b). Le premier mode se trouve à 18-19 cm et le deuxième se situe à 23-24 cm, ce qui est similaire à la structure de la sardine observée dans la zone Cap Bojador-Cap Blanc (Zone C) (Figure 2.3.3b).

En ce qui concerne la pêcherie dans la zone C (Cap Bojador-Cap Timiris), les résultats de la campagne acoustique de 2002 ont fait ressortir que la sardine est distribuée en continu de Cap Bojador au Cap Timiris. La répartition a été marquée par de fortes concentrations autour des zones de Garnet, Dakhla et Cap Blanc.

La biomasse de sardine dans la zone C, au nord du Cap Blanc, estimée entre 3 et 5 millions de tonnes de 1986 à 1996, a connu une chute drastique en 1997. Depuis 1999, la biomasse dans cette région a graduellement remonté à son niveau précédent, avec une estimation de près de 4,5 millions de tonnes, fin 2002. Dans la zone comprise entre Cap Blanc et Cap Timiris, la biomasse de sardine a été estimée à près de 670 000 tonnes en novembre-décembre 2002 (Figure 2.3.2).

La structure du stock en novembre 2002 était dominée par les adultes, soit plus de 70 pour cent du stock avec une taille supérieure à 20 cm de longueur. Le stock de jeunes individus ayant une taille de moins de 16 cm est relativement faible par rapport à celui observé au cours des deux dernières années (fin novembre 1999 et fin novembre 2001) (Figure 2.3.3c). Toutefois, dans la zone sud du Cap Blanc (ZEE mauritanienne) le stock de sardine était principalement composé de jeunes individus en novembre 2002 avec le mode de 16 cm (Figure 2.3.3d).

2.4 Echantillonnage

Maroc

L'échantillonnage biologique se fait cinq fois par semaine sur les débarquements journaliers des senneurs côtiers marocains opérant dans les zones A, B et C dans chacun des ports principaux. L'échantillonnage prend en considération le lieu de pêche où la capture a été attrapée. La méthode d'échantillonnage est la suivante:

Mauritanie

L'échantillonnage est réalisé à bord des bateaux hollandais par les observateurs de l'IMROP. La taille est régulièrement mesurée sur des échantillons de 20 kg minimum. Occasionnel- lement, des études biologiques sont organisées, au cours desquelles les individus sont pesés en arrondissant au gramme le plus proche, mesurés en longueur à la fourche en arrondissant au centimètre le plus proche. Les individus sont éviscérés pour déterminer le sexe, la maturité sexuelle, l'adiposité et la réplétion.

Les intensités d'échantillonnage du Maroc et de la Mauritanie en 2002 figurent au Tableau 2.4.1. L'analyse de ces données au niveau de chaque pêcherie montre que l'intensité d'échantillonnage est acceptable pour le Maroc en raison du suivi régulier au niveau des principaux ports. Pour la Mauritanie, l'effort de mensuration des tailles est considéré acceptable, cependant l'échantillonnage biologique est faible et la détermination de l'âge est encore manquante.

2.5 Données biologiques

Les compositions des tailles par trimestre et par an des débarquements marocains de la sardine dans la zone A+B et dans la zone C sont disponibles pour l'année 2002 (Tableaux 2.5.1a, b et c). Les clés âge-taille annuelles sont également disponibles pour l'année 2002 pour la zone A+B et la zone C (Tableaux 2.5.2a et b).

Les relations poids-taille sont établies sur une base trimestrielle et annuelle pour les zones A, B et C. Les données biologiques (taille, poids, sexe, stade de maturité) sont disponibles pour l'année 2002.

Pour la zone C, la composition des tailles annuelle des débarquements de la flottille mauritanienne est disponible pour 2002 (Tableau 2.5.3a). La taille est mesurée à la fourche en arrondissant au centimètre le plus proche (FL, 1 cm). Afin de combiner cette composition des tailles avec celle du Maroc (qui est en TL 0,5 cm), la distribution de fréquence des tailles mauritanienne a été convertie dans le format marocain en utilisant le facteur de conversion LT (0,5 cm.inf) = 0.195598 + 1.111756*LF (cm.prox) (Série COPACE/PACE 90/50) (Tableau 2.5.3b).

La composition des tailles a été établie pour toute la zone C pour 2002 en additionnant les distributions des tailles marocaine et mauritanienne (Tableau 2.5.4).

2.6 Évaluation

Analyse des données

Zone A+B

La composition d'âge des captures utilisée lors du groupe de travail 2002 pour la série 1990-2001 a été utilisée. Seule l'année 2002 a été actualisée (Tableau 2.6.1a).

Les poids moyen par âge sont disponibles pour la même série (1990-2002) (Tableau 2.6.1b).

Zone C

La composition d'âge des captures utilisée lors du groupe de travail 2002 pour la série 1990-2001 a été utilisée. Seule, l'année 2002 a été actualisée (Tableau 2.6.2a).

La série de données 1990-1999 de poids moyen par âge pour la zone C utilisée lors du groupe de travail 2001 a été également utilisée.

Pour les années 2000-2001, une moyenne a été calculée sur les deux années antérieures. Le poids moyen par âge en 2002 a été calculé en utilisant la relation taille-poids marocaine établie pour la même zone (Tableau 2.6.2b).

Une analyse préliminaire des données de capture par âge disponibles sur la sardine pour le stock A+B et C a été effectuée afin de juger de la qualité de ces données pour l'évaluation des stocks (Figures 2.6.3a et b; Figures 2.6.4a et b).

L'analyse du diagramme d'exploitation du stock sardinier pour la série 1990-2002 aussi bien dans la zone A+B que dans la zone C montre que le diagramme d'exploitation change significativement d'une année à l'autre et d'une cohorte à l'autre.

L'analyse de la mortalité totale par âge a mis en évidence une grande variation avec une alternance de chiffres positifs et négatifs.

Ces anomalies au niveau des données pourrait être dues à plusieurs facteurs: l'identité des stocks, un mauvais échantillonnage peu représentatif, le manque de clés taille-âge pour certaines flottilles, la mauvaise interprétation d'âge, le changement au niveau des stratégies de pêche pour certaines flottilles.

Méthode, résultats et discussion

Malgré le fait que la qualité des données n'était pas des meilleures, le groupe a procédé à l'évaluation du stock C, mais des problèmes ont été rencontrés en utilisant les données disponibles (1990-2002).

La méthode d'analyse intégrée des captures par âge (ICA) (Fournier et Archibald 1982; Patterson et Melvin 1995) a été utilisée. L'analyse a été effectuée sur la série 1990-2002 pour la zone C et la période 1997-2002 a été utilisée pour la partie séparable de la VPA. Les résultats obtenus avec cette méthode étaient inacceptables. Les résidus calculés étaient également très élevés pour certains âges et un minimum bien défini de la fonction de la cible n'a pas été trouvé.

Lors des précédents groupes de travail (FAO 2001 et 2002), les évaluations n'ont pas permis de parvenir à des conclusions solides quant à l'état d'exploitation des stocks sardiniers. Plusieurs facteurs limitants (cités précédemment), découlant de la qualité et/ou de la quantité des données de base sont à l'origine de ces anomalies. L'identification des stocks reste un problème fondamental pour le suivi des ressources pélagiques et par conséquent pour leur aménagement. La cohérence de la dynamique des stocks exige en premier lieu que l'on puisse identifier les différentes unités de stocks.

2.7 Recommandations d'aménagement

Les évaluations basées sur les méthodes analytiques n'ont pas permis d'obtenir des résultats assez concluants pour faire des prévisions.

Toutefois, les résultats des campagnes acoustiques montrent une reconstitution du stock et par conséquent une augmentation de la taille moyenne des sardines dans la zone C depuis 2000.

Comme la zone B a connu une exploitation intensive ces dernières années et que la zone C a été sous-exploitée, le groupe de travail recommande:

  1. De maintenir le niveau des captures de sardine dans la zone A+B au-dessus du niveau moyen de la dernière période de cinq ans.
  2. D'exploiter la zone C, en tenant compte de la variabilité du stock dans cette zone, comme il a été observé dans les campagnes acoustiques au cours de la dernière période de 10 ans.

2.8 Recherche future

  1. La mesure des tailles devrait être faite sur la longueur totale et en arrondissant au demi-centimètre le plus proche pour toutes les espèces et tous les pays.
  2. L'échantillonnage devrait couvrir toute l'année pour toutes les pêcheries.
  3. En Mauritanie, les otolithes devraient être prélevés pour la lecture de l'âge.
  4. Un échange d'otolithes entre le Maroc et la Mauritanie devrait être organisé.
  5. L'intensité de l'échantillonnage d'au moins un pour 1 000 tonnes devrait être étendue à toutes les pêcheries pendant des mois.

[3] Nombre de sorties positives: nombre de sorties avec des captures de sardine.
[4] RSW = Refrigerated Sea Water (à eau de mer réfrigérée).

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