Les deux principales espèces sont Trachurus trachurus (chinchard d'Europe) et Trachurus trecae (chinchard du Cunène). Le chinchard jaune (Caranx rhonchus) a pris de l'importance ces dernières années dans les campagnes acoustiques.
Cette partie a déjà été décrite lors de précédents groupes de travail notamment (FAO 2001 et 2002). A l'avenir des études d'identification des stocks doivent être conduites.
A partir de début 2002, la pêche industrielle des chinchards s'est située presque exclusivement dans la zone mauritanienne. Cette pêche est assurée par les flottilles industrielles étrangères, affrétés ou opérant dans le cadre des accords bilatéraux et/ou des sociétés mixtes. La flottille consiste notamment en bateaux de la Fédération de Russie, l'Ukraine, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, l'Union européenne et de nombreux autres pays tels que Chypre, Panama, îles Marshall, Saint Vincent, les Grenadines, etc.
Au cours de la période écoulée, cette exploitation a connu de grandes mutations:
Retrait de la flottille roumaine au début 1993 de la ZEE mauritanienne. Cette flottille était très active à la fin des années 1980.
Retrait d'une grande partie de la flottille russe de la ZEE mauritanienne en 1994 puis retour marqué en 1995.
Entrée dans la ZEE mauritanienne de nouvelles flottilles, en plus de celles issues de l'ex-URSS, en provenance de Chypre, Panama, Pologne, Malte, Suède, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, etc. En général, l'activité des navires de ces pays est caractérisée par son irrégularité (seulement quelques mois par an).
Développement à partir de 1996 d'une flottille de chalutiers européens et depuis 1999 l'introduction de quelques centaines d'unités de pêches artisanales sénégalaises en Mauritanie. Ces deux flottilles exploitent essentiellement les sardinelles.
Retrait des flottilles de la Fédération de Russie et de l'Ukraine de la zone au nord du Cap Blanc respectivement en 1999 et en 2001. C'est ce qui explique probablement une intensification de l'effort de pêche des flottilles de l'Est européen sur les chinchards dans la zone mauritanienne au cours des dernières années.
Promulgation, dans la zone mauritanienne, du décret N° 2002-073 pendant l'année 2002 stipulant que la pêche des petits pélagiques devrait désormais s'exercer au-delà de 12-15 milles suivant la configuration de la côte, afin de préserver la zone côtière.
Caractéristique générale des flottilles de petits pélagiques en activité dans la zone ouest africaine
Les caractéristiques de ces unités figurent dans le rapport du groupe de travail 2001 (FAO 2001). Ces flottilles sont principalement composées de navires de l'Europe de l'Est présents dans la zone depuis quatre décennies, et plus récemment des navires de l'Union européenne. Les navires industriels nationaux sont peu développés.
Il n'existe pas de pêcherie artisanale ciblant les chinchards.
Captures totales
La série de données de captures annuelles se rapportant aux trois espèces de chinchards sont présentées par pays et pour l'ensemble de la sous-région pour la période 1990-2002 aux Tableaux 4.2.1a, b et c et dans la Figure 4.2.1.
Pour ventiler toutes les données de captures des chinchards en Mauritanie pour 2002, l'échantillonnage des bateaux de l'Union européenne a été utilisé. L'utilisation de l'échantillonnage des navires russes est généralement mieux adapté du fait que cette flottille cible les chinchards, mais le problème c'est que la flottille russe ne déclare pas de chinchard jaune dans son échantillonnage.
Au Sénégal, des enquêtes systématiques sur le terrain permettent de déterminer à la source les quantités des deux espèces de chinchards (chinchard jaune et chinchard du Cunène).
A partir du Tableau 4.2.1a et de la Figure 4.2.1 on constate que pour Trachurus trachurus, les prises totales ont enregistré une nette diminution en 2002. Les débarquements de cette espèce sont tombés d'environ 70 000 tonnes en 2001 à 32 000 tonnes en 2002. Cette chute est due essentiellement au retrait de la flottille ukrainienne de la zone marocaine.
Pour Trachurus trecae, l'année 2002 est aussi marquée par une nette diminution par rapport à l'année précédente. Les captures sont passées de 210 000 tonnes à moins de 170 000 tonnes en 2002. La chute est cependant relative en comparaison à la nette augmentation depuis 1999. La majorité des captures de cette espèce proviennent de la zone mauritanienne.
Pour Caranx rhonchus, après une période de débarquements minimes de 1995 à 1998, on a observé une augmentation avec un sommet de 46 000 tonnes en 2000. En 2001 et 2002, il y a eu une chute des débarquements qui sont descendus à 21 000 tonnes en 2002. Cette chute concerne principalement la zone mauritanienne où les captures sont passées de 43 000 tonnes en 2000 à environ 15 000 tonnes en 2002 (Tableau 4.2.1c).
Effort de pêche
La Figure 4.2.2 met en évidence l'effort sur le chinchard par flottille et par année dans la zone C. Un effort de pêche nominal exprimé en jours de pêche montre une certaine stabilité depuis 1998 pour les flottilles ciblant les chinchards (Fédération de Russie, Ukraine, etc.). Pour la flottille de l'Union européenne, l'effort standardisé, a connu une augmentation continue (Figure 4.2.2).
Deux séries ont été obtenues, l'une à partir de l'effort standard dans le cas de la flottille de l'Union européenne et l'autre à partir de l'effort nominal pour les autres flottilles (Fédération de Russie, Ukraine et autres). Dans la Figure 4.3.1 on observe une grosse baisse dans les CPUE pour les flottilles de la Fédération de Russie, Ukraine et autres pendant la période 1994-1996. Pour ces mêmes flottilles on observe une tendance générale à la hausse depuis 2002. Les CPUE basées sur l'effort standard de l'Union européenne qui commencent en 1996 mettent en évidence un niveau légèrement supérieur au cours des trois dernières années (2000-2002) par rapport à la période 1996-1999.
La série chronologique des estimations d'abondance des chinchards par campagnes acoustiques effectuées par le N/R DR. FRIDTJOF NANSEN a été complétée en y intégrant l'année 2002 (Tableaux 4.3.1 et 4.3.2).
Ces estimations mettent en évidence le caractère fluctuant de Trachurus spp. dans l'ensemble de la sous-région (Figure 4.3.2).
Le chinchard du Cunène (T. trecae) est une espèce d'eau chaude abondante dans les zones où les gradients thermiques sont les plus importants. En 2000, on note une forte biomasse, la plus importante observée pour le N/R DR. FRIDTJOF NANSEN dans la région (Figure 4.3.2). En 2001, la biomasse a brutalement chuté, puis elle a remonté pendant la campagne mai-juillet 2002. Il faut cependant rappeler que cette espèce avait pratiquement disparu des eaux mauritaniennes en 2001 et qu'elle avait fait une réapparition en mai-juillet 2002 du même niveau que celui de 2000 (Figure 4.3.2).
Le chinchard d'Europe (T. trachurus) est une espèce d'eau froide. Les campagnes acoustiques de 2002 ont montré une tendance générale à la reprise pour cette espèce (Figure 4.3.2). Il faut cependant noter l'absence de cette espèce dans la zone mauritanienne en mai-juin 2002 et dans la zone Cap Cantin-Cap Juby en novembre-décembre 2002 (Tableau 4.3.2).
En règle générale si on compare les CPUE avec les indices acoustiques du N/R DR. FRIDTJOF NANSEN, les tendances sont les mêmes, mis à part l'année 2000 caractérisée par une biomasse élevée.
Jusqu'en 2002, l'échantillonnage russe en général coïncidait seulement avec la saison froide, c'est probablement l'une des raisons pour laquelle on n'observe pas de chinchard jaune dans ces échantillons (réf. Section 4.2). Depuis 2002, l'échantillonnage de la flottille russe couvre maintenant l'année entière dans la zone mauritanienne.
De plus, IMROP et RIVO ont collaboré pour la collecte des échantillons mensuels tout au long de l'année à bord des bateaux de l'Union européenne depuis 1999. Il faut noter que cette flottille cible les sardinelles et que la structure des stocks de chinchards ne reflète probablement pas la dynamique réelle du stock.
L'effort d'échantillonnage reste très insuffisant tant au niveau de la superficie couverte que de la durée pour les flottilles opérant dans la zone. Pour les différentes espèces de chinchard cet effort d'échantillonnage apparaît plus constant dans le cas de la flottille de l'Union européenne que de la flottille russe mais moins intense. Dans la sous-région du nord, cet échantillonnage se fait essentiellement dans la zone mauritanienne qui est la plus concernée par la pêche de ces espèces (Tableaux 4.4.1, 4.4.2 et 4.4.3).
Pour le stock de Trachurus trachurus entre 26oN et 10oN et le stock de Trachurus trecae entre 23oN et 9oN on dispose des captures par âge (basées sur les données russes) qui sont données dans les Tableaux 4.5.1 et 4.5.2. Aucune donnée n'est disponible pour le Caranx rhonchus.
En 2001 et 2002, les Russes ont identifié les groupes d'âges jusqu'à l'âge 13 pour le chinchard du Cunène et l'âge 11 pour le chinchard d'Europe. Cependant, pour avoir une série uniforme sur la période 1990-2002, un groupe d'âge 8+ a été utilisé regroupant les âges les plus élevés.
Analyse des données
En premier lieu une démarche exploratoire a été adoptée. Cette étape vise à juger de la cohérence des séries des captures en âge avant l'utilisation de la VPA. En effet pour chacun des deux Trachurus, deux types de graphiques sont présentés: captures par âge par classes d'année et ratio du log népérien.
Les captures par âge par classe d'années pour T. trecae (Figure 4.6.3) présentent des contradictions avec des variabilités du recrutement au niveau des pêcheries. Le ratio du log népérien (Figure 4.6.4) confirme ce diagnostic ainsi que la grande variabilité dans l'évolution des cohortes et de la mortalité, comme indiqué dans les données des pêcheries. Cette grande variabilité est aussi constaté pour T. trachurus (Figures 4.6.1 et 4.6.2).
Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer cette incohérence:
En raison de ces incohérences et puisque cette méthopde n'a pas donné de résultats satisfaisants lors du cinquième groupe de travail de l'IMROP sur l'évaluation des ressources dans la ZEE mauritanienne en décembre 2002 à Nouadhibou, le groupe de travail a décidé den ne pas entreprendre d'évaluations par VPA.
Évaluation par modèle global
En raison de la difficulté de conduire des évaluations par modèle analytique, un modèle global de Schaefer a été appliqué sur les captures combinées des deux espèces de Trachurus. La CPUE utilisée était celle calculée sur la base d'un effort standard ciblé sur les chinchards pour la zone mauritanienne pour 1979-2001 (les données pour l'année 2002 sont encore provisoires).
Le regroupement des deux espèces, dont la distribution est différente, a été dicté par la nécessité de limiter la variabilité. Dans les données de capture, deux espèces n'étaient pas séparées et l'effort de pêche était orienté sur les deux espèces. Ces deux contraintes ont forcé le groupe à prendre en considération les deux espèces ensemble.
Le logiciel BIODYN a été utilisé (Punt et Hilborn 1996). Ce logiciel nécessite l'estimation de plusieurs paramètres.
r |
= |
1,67 |
K |
= |
1 000 000 tonnes |
Binit |
= |
1 000 000 tonnes |
MSY |
= |
417 000 tonnes |
fMSY |
= |
285 320 heures de chalutage |
SSQ |
= |
0,15 |
q |
= |
0,0000029 |
Dans les séries chronologiques utilisées deux périodes distinctes de niveaux d'abondance différents peuvent être observées, et le modèle ne peut pas être bien adapté. Ceci explique en partie le niveau élevé du MSY alors que plus récemment les captures de ces espèces tournaient autour de 200 000 tonnes par an (Figure 4.4.6).
Les résultats du modèle suggère que les stocks des deux espèces sont modérément exploités. Cependant, en raison des limites du modèle utilisé, des incertitudes sur l'évaluation de ces stocks et la nature diverse des pêcheries (notamment industrielles), une attitude prudente devrait être observée pour l'aménagement de ces stocks. Pour cette raison, le groupe de travail recommande pour ces deux espèces de ne pas dépasser un niveau d'effort équivalent à celui observé en moyenne lors des cinq dernières années.
La majeure partie des recommandations formulées lors du dernier groupe de travail n'ont pas été mises en oeuvre. De plus, de nouveaux besoins en terme de recherche se font sentir. Aussi, le Groupe de travail recommande: