Cuirs et peaux

Introduction

Les projections concernant l'offre de cuirs et peaux et la demande de cuir et de produits en cuir ont été établies au moyen d'un modèle d'équilibre partiel. Les projections de l'offre de cuirs et peaux sont liées à celles de la production de viande provenant du Modèle alimentaire mondial. Ces dernières sont converties en production de cuirs et peaux sur la base de coefficients qui, pour chaque pays, reflètent les taux de récupération des cuirs et peaux. La demande de cuirs et peaux, de cuir et de produits en cuir, exprimée en équivalent brut, est supposée dépendre des cours mondiaux des cuirs et peaux, des revenus et des tendances passées de la consommation.

Production

À moyen terme, c'est-à-dire jusqu'en 2010, la production mondiale de cuirs et peaux devrait continuer d'augmenter lentement. Une croissance lente ou négative de la production dans les pays développés devrait être compensée par une augmentation plus rapide dans les pays en développement, où les troupeaux devraient s'accroître pour satisfaire la demande intérieure de viande.

Parmi les pays développés, la production de peaux de bovins et de peaux d'ovins et de caprins en Amérique du Nord devrait se contracter, tandis qu'en Europe et dans les pays de l'ancienne Union soviétique, la tendance à la baisse enregistrée au cours de la décennie écoulée s'inversera probablement par suite, surtout, de l'élévation des revenus attendus dans les pays d'Europe orientale et en Fédération de Russie ainsi que de l'augmentation concomitante de la demande de viande et du nombre d'animaux abattus.

La production de peaux de bovins et de peaux d'ovins et de caprins dans les pays en développement devrait être en hausse et représenter 56 pour cent et 71 pour cent respectivement de la production mondiale en 2010. Cette tendance à la hausse proviendra probablement de l'augmentation du nombre d'animaux abattus ainsi que de la consommation de viande par habitant et d'une amélioration de l'efficacité de la collecte, de l'écharnage et de la préservation des cuirs et peaux, notamment en Afrique.

La production de peaux de bovins en Amérique latine, première région productrice, augmentera sans doute à un rythme assez lent pour se situer à quelque 1,44 million de tonnes en 2010. En Extrême-Orient et surtout en Chine, la production de peaux de bovins et de peaux d'ovins et de caprins devrait augmenter à un rythme de 1,83 et 1,80 pour cent respectivement, soit plus lentement que pendant la décennie écoulée, la demande de viande devant sans doute se stabiliser. En Afrique, la production de peaux de bovins devrait s'accroître de 1,81 pour cent par an, plus rapidement que celle de peaux d'ovins et de caprins, la consommation de viande de boeuf affichant une nette tendance à la hausse. Au Proche-Orient, la production de peaux d'ovins et de caprins devrait s'accroître assez rapidement étant donné que les pays de la région s'attacheront sans doute à reconstituer leurs troupeaux après la sécheresse de 2000 pour satisfaire la demande croissante de viande de mouton.

Consommation

Plus de 50 pour cent des peaux de bovins et environ 40 pour cent des peaux d'ovins et de caprins servent à la fabrication de chaussures, et le reste à la fabrication de vêtements, de meubles et d'articles de voyage. À moyen terme, les chaussures en cuir continueront d'absorber la majeure partie de la production, bien que d'autres produits devraient aussi voir leur part de la production augmenter, spécialement dans les pays développés. Si la consommation de produits en cuir est déterminée principalement par les prix, les revenus et les préférences des consommateurs touchant les autres qualités des produits, la production de cuirs et peaux dépend d'éléments liés aux marchés de la viande qui sont indépendants de l'évolution des marchés des cuirs et peaux et du cuir. Les différences qui caractérisent ainsi les incitations économiques aux deux extrémités de la chaîne du cuir sont souvent la cause de fluctuations marquées des prix, les marchés cherchant à revenir à une situation d'équilibre. À moyen terme, il est très semblable que l'élévation des revenus stimulera la demande de chaussures et d'autres produits en cuir et que, l'offre de cuirs et peaux n'augmentant que lentement, les prix se raffermiront afin d'aligner la consommation sur la production.

À moyen terme, la consommation de produits en cuir, en équivalant brut, dans les pays en développement devrait avancer de 1,1 pour cent par an en moyenne pour les peaux de bovins et de 1,8 pour cent par an pour les peaux d'ovins et de caprins, soit une augmentation inférieure à celle enregistrée pendant la décennie écoulée, qui avait été marquée par une nette tendance à l'augmentation de la consommation en Extrême-Orient, surtout en Chine, où l'élévation des revenus et l'accroissement de la capacité de tannages et les gains d'efficience dans l'industrie de la chaussure ont stimulé la demande. Il est prévisible que la consommation en Chine se ralentira, les possibilités de nouvelles améliorations de l'efficience étant épuisées et la propension à la consommation de produits en cuir par rapport aux revenus diminuant. En Afrique, la consommation de cuirs et peaux devrait augmenter de 1,54 et 4,67 pour cent par an respectivement par suite, principalement, de l'élévation des revenus, tandis que la consommation devrait progresser plus lentement au Proche-Orient. En Amérique latine, enfin, la consommation devrait reculer légèrement.

Dans les pays développés, la consommation devrait augmenter lentement, l'augmentation modérée ou négative en Amérique du Nord, en Europe, en Océanie et au Japon devant sans doute être compensée par un accroissement rapide dans les pays de l'ancienne URSS soviétique où les revenus devraient s'élever rapidement.

Commerce

L'Extrême-Orient devait continuer d'être, de toutes les régions en développement, le premier importateur net de peaux de bovins, les importations devant sans doute augmenter de 1,24 pour cent par an pour atteindre quelque 1,0 million de tonnes en 2010. Il est probable qu'étant donné la capacité de tannage et de fabrication de chaussures en Chine, la majeure partie des importations de l'Extrême-Orient revêtiront la forme de peaux brutes pour traitement et réexportation vers d'autres pays en développement. Les exportations de peaux de bovins en provenance d'Afrique devraient augmenter rapidement et constituer une source importante de recettes d'exportation pour des pays comme le Kenya, l'Éthiopie, la Somalie et le Zimbabwe, tandis que les exportations de peaux d'ovins et de caprins devraient reculer du fait de l'accroissement de la demande intérieure. L'Amérique latine demeurera sans doute le plus gros exportateur net de peaux de bovins et de produits en cuir, avec une part de 10 pour cent de la consommation mondiale en 2010.

En tant que group, les régions développées continueront vraisemblablement d'être exportateurs nets de cuirs et peaux. Les exportations de peaux de bovins d'Amérique du Nord devraient progresser rapidement, tandis que celles des pays de l'ancienne Union soviétique se contracteront sans doute du fait de la fermeté de la demande intérieure. L'Océanie demeurera le principal exportateur de peaux d'ovins et de caprins, tandis que les importations nettes aussi bien de peaux de bovins que de peaux d'ovins et de caprins en Europe ne devraient augmenter que lentement et se stabiliser en 2010 à un niveau de 47 000 tonnes et 59 000 tonnes respectivement.

Problèmes et incertitudes

Bien que l'on doit s'attendre à une nette augmentation de la production de cuirs et peaux des pays en développement par rapport à ce qu'elle sera dans les pays développés, un certain nombre des problèmes qui ont empoisonné ce secteur dans nombre de ces pays devront être résolus si l'on veut qu'ils puissent exploiter tout leur potentiel. Ces problèmes sont notamment, mais pas seulement, la mauvaise qualité des cuirs et des peaux; le mauvais état et la détérioration constante de l'infrastructure routière, l'insuffisance de l'approvisionnement en énergie et des télécommunications, qui affectent tous les maillons de la chaîne d'approvisionnement; un développement technologique inadéquat; la faible productivité de la main-d'oeuvre, une gestion médiocre et l'insuffisance des services de formation. Heureusement, beaucoup de parties prenantes sont conscientes de la nécessité de résoudre ces problèmes et ont entrepris un certain nombre d'initiatives à cette fin.

D'un autre côté, l'industrie du cuir a été et continue d'être soumise à des pressions croissantes sur divers fronts touchant le respect de la réglementation environnementale. Par sa nature même, le traitement du cuir exige d'énormes quantités d'eau et l'utilisation, en quantités diverses, de plusieurs produits chimiques. Les effluents rejetés par les tanneries constituent par conséquent une sérieuse source de pollution environnementale.

Nombreux sont ceux qui continuent de rechercher d'autres méthodes de gestion des ressources qui permettraient aux tanneries d'adopter de nouveaux procédés de traitement qui permettent à l'avenir de respecter l'environnement. Un certain nombre de ces procédés «respectueux de l'environnement» ont été mis au point et appliqués dans beaucoup de tanneries de différentes régions du monde, mais surtout dans les pays développés. Étant donné l'échelle de leurs opérations, beaucoup des tanneries du monde en développement manquent encore des capitaux nécessaires pour investir dans les procédés de traitement respectueux de l'environnement qui sont actuellement disponibles. Les coûts croissants du respect de la réglementation environnementale font qu'il est difficile pour les industries de traitement de demeurer compétitifs. Ainsi, certaines d'entre elles ont dû fermer leurs portes tandis que d'autres ont décidé de délocaliser leurs activités pour les implanter là où la réglementation environnementale est moins rigoureuse. Dans une perspective à moyen et à long terme, le respect des règles environnementales continuera d'encourager un déplacement des tanneries des pays développés vers les pays en développement, où la réglementation est encore moins sévère et où les coûts de main-d'oeuvre sont moindres.

Tableau 2.81. Peaux de bovins: production effective et projetée

Tableau 2.82. Peaux de bovins: consommation effective et projetée

Tableau 2.83. Peaux de bovins: commerce net effectif et projeté

Tableau 2.84. Peaux d'ovins et de caprins: production effective et projetée

Tableau 2.85. Peaux d'ovins et de caprins: consommation effective et projetée

Tableau 2.86. Peaux d'ovins et de caprins: commerce effectif et projeté