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Contrôle des risques en santé animale: le CIRAD-EMVT, centre collaborateur de la FAO en épidémiologie de santé animale tropicale

Communiqué

L'augmentation du commerce mondial, les variations climatiques et écologiques et les nouvelles pratiques de production animale ont créé un environnement qui favorise la diffusion et l'apparition de maladies infectieuses et de maladies transmises par les parasites. Sous les tropiques, le phénomène a été exacerbé à cause de systèmes de santé animale insuffisants et d'un manque d'information sur certains cycles épidémiologiques. Epitrop, un groupe de chercheurs issus des différentes équipes du Service de production animale et de médecine vétérinaire du CIRAD, a été créé en 1998 pour fournir une réponse plus satisfaisante aux demandes des organisations internationales en matière de prévention et de contrôle des maladies. La recherche épidémiologique actuellement menée au CIRAD concerne le contrôle, l'analyse et la modélisation des maladies tropicales infectieuses et transmises par des parasites les plus importantes: la trypanosomose, la péripneumonie contagieuse bovine, la peste bovine, la peste des petits ruminants, la peste porcine africaine, la fièvre de la Vallée du Rift, la fièvre catarrhale ovine (bluetongue), et d'autres. Le réseau travaille avec de nombreuses organisations scientifiques et techniques, dans les pays industrialisés comme dans les pays en développement. En 2003, ses activités se sont concentrées sur trois maladies.

La fièvre catarrhale ovine

Fièvre catarrhale ovine subaiguë/chronique : torticolis dû à la dégénération des muscles du couLa surveillance de la fièvre catarrhale ovine s'est intensifiée en Corse et dans la France continentale. Des modèles de prédiction sont actuellement développés. La surveillance s'appuie sur un contrôle entomologique, sérologique et virologique. La fièvre catarrhale ovine est une maladie virale transmise par des moucherons du genre Culicoides ( Diptera: Ceratopogonidae) et, en région méditerranéenne, plus précisément par les Culicoides imicola . C'est une maladie importante qui peut avoir de graves conséquences économiques. La fièvre catarrhale ovine a été considérée comme une maladie émergente en Méditerranée depuis 1998, même si de graves foyers sont apparus dans la péninsule ibérique dans les années 50 et sur certaines îles de la Méditerranée. Suite à l'épizootie de l'an 2000 en Corse, la Division des produits alimentaires du Ministère de l'agriculture français a mis en place un système de surveillance avec le soutien scientifique et technique du CIRAD, qui est le laboratoire national de référence pour la fièvre catarrhale ovine et qui, à ce titre, travaille étroitement avec l'AFSSA, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments.

Des modèles de prédiction sont actuellement développés, en association avec l'Institut de santé animale du Royaume-Uni, le laboratoire de Pirbright et l'Université d'Oxford au Royaume-Uni. Ceux-ci utilisent des données satellites (index de végétation, températures, etc.) et des données entomologiques recueillies grâce aux activités de surveillance en Corse et en France continentale. Ces modèles ont été validés par des données entomologiques obtenues grâce à des opérations de piégeage de Culicoides spp. effectuées en 2002. La corrélation entre les prédictions du vecteur C. imicola et les foyers de fièvre catarrhale ovine actuellement enregistrés en Corse ont validé la précision du modèle utilisé.

De plus, des modèles statistiques ont été utilisés pour dessiner une carte prédisant l'importance du vecteur C. imicola dans le Bassin méditerranéen, et donc, le risque d'apparition ou de diffusion de la maladie. La carte montre de nombreux insectes dans de nombreuses zones récemment touchées par la fièvre catarrhale ovine. Cela laisse penser que certaines régions de la Méditerranée et plusieurs zones du sud-est et du sud-ouest de la France seront à très haut risque dans un proche avenir. Les changements climatiques au niveau de la planète ont entraîné l'apparition de zones favorables au développement des insectes vecteurs, ce qui est peut-être une des raisons de la diffusion de la maladie. Ces résultats prouvent qu'il est essentiel de mettre en place des actions de surveillance épidémiologique en France et peut-être ailleurs et de localiser précisément les zones à risque prioritaires. Ce travail a renforcé les liens entre le CIRAD et ses partenaires européens, mais il devrait aussi, à moyen terme, déboucher sur de nouvelles relations avec les pays méditerranéens, en particulier dans la région du Maghreb, en Afrique du Nord.

Peste des petits ruminants et trypanosomoses

Tout en effectuant la surveillance de la peste bovine dans la faune sauvage dans le cadre du programme panafricain pour le contrôle des épizooties (Pan African Programme for the Control of Epizootics: PACE), le CIRAD a aussi recherché la présence de la peste des petits ruminants (PPR). Ce programme est géré par l'Union africaine et est en grande partie financé par l'Union européenne. La PPR se répand rapidement sous les tropiques et, comme les analyses des prélèvements l'ont montré, la multiplicité des hôtes réceptifs au virus dans la faune sauvage locale pourrait être un obstacle majeur au contrôle de la maladie. Il est cependant essentiel d'établir son épidémiologie, notamment par des études d'épidémiologie moléculaire et de modélisation.

Les enquêtes sur la PPR dans la faune sauvage ont été effectuées au Kenya, en Ethiopie, en Ouganda, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Bénin et au Tchad. Le tableau ci-dessus montre que le virus de la PPR circule en Afrique de l'Ouest, tandis que la seule région d'Afrique de l'Est présentant des animaux positifs est le Kenya. Les résultats du test de séroneutralisation pour la PPR (VNT) ont des titres beaucoup plus élevés que ceux des VNT pour la peste bovine. Cependant, dans les troupeaux étudiés au Kenya, des signes épidémiologiques et virologiques attestent que l'infection par la peste bovine est la cause de la réaction croisée des anticorps (R. Kock, PACE, communication personnelle). Il est possible que les buffles soient aussi de bonnes sentinelles pour la PPR puisque ce sont jusqu'à maintenant les meilleures espèces pour la sérosurveillance de la peste bovine.

Nombre d'animaux positifs à la PPR selon la localisation et l'espèce
(nombre total = 251)

Espèces/pays

Buffle

Guib harnaché

Cob à croissant

Phacochère

Cob-des-roseaux

Tchad

3

 

1

1

 

Bénin

1

 
 
 

1

République centrafricaine

4

1

 
 
 

République démocratique du Congo

1

 
 
 
 

Kenya

3

 

 

 

 


Chèvres atteintes de peste des petits ruminantsUn travail conjoint de plusieurs années avec le Centre international pour le développement de l'élevage et la recherche en régions subhumides (International Centre for Animal Husbandry Development and Research in Sub-humid Regions: CIRDES) a conduit à développer des méthodes de contrôle ciblées contre les trypanosomes qui puissent être pratiquées par les éleveurs des pays en développement. Le CIRAD travaille actuellement avec le CIDRES sur l'épidémiologie des trypanosomoses en Afrique de l'Ouest et en particulier sur la transmission des vecteurs tsé-tsé, le mécanisme impliqué et l'identification des régions dans lesquelles les maladies se répandent. Le CIRAD continue à améliorer son expertise en épidémiologie. Il travaille pour transmettre outils et méthodes aux partenaires des pays en développement – évaluation de l'efficacité des réseaux de surveillance, analyse du risque et gestion du risque, capacité d'intervention d'urgence – et pour développer de nouveaux sujets de recherche – épidémiologie analytique et moléculaire, analyse spatiale et modélisation. Depuis 2002, il cherche comment structurer ces actions afin d'améliorer leur efficacité et leur précision.

Pour toute information complémentaire, contacter: Unités d'épidémiologie et de santé de l'environnement, Service de la production animale et de médecine vétérinaire, CIRAD-EMVT. (Site Internet: http://epitrop.cirad.fr. Courriels: franç[email protected], [email protected] et [email protected]).


Bibliographie

Roger F., Tatem A., De La Rocque S., Hendrikx P., Baylis M., Delecolle J.C. et Rogers D. 2002. L’émergence de la fièvre catarrhale ovine en Corse et dans le Bassin méditerranéen (1998-2002): modélisation des zones à risque à partir de données satellitaires. In Regards croisés sur les changements globaux, Inra, Cnes, Cnfcg, Insu. Arles, France, 25-29 novembre.

Libeau G. et Caufour P. 2002. La PPR: une maladie émergente en Afrique de l'Est? Bilan de la PPR dans le bétail et la faune sauvage, avec un accent sur le diagnostic différentiel. In Training under the PACE epidemiology wildlife component workshop, Arusha, République-Unie de Tanzanie, 29 novembre- 3 décembre.


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