Les eaux du bassin du Nil sont un puissant levier pour le développement dune grande partie du continent africain. Cependant, la région est vulnérable à la sécheresse et tourmentée par les conflits armés. La rapide croissance démographique accélérera la demande de produits agricoles et dénergie hydroélectrique dans cette région déjà vulnérable à la sécheresse. La réalisation du potentiel économique du bassin nécessite un soutien pour surmonter les barrières qui sopposent à la gestion conjointe des ressources en terres et en eau du bassin. La planification concertée et le partage équitable des avantages découlant des dotations en ressources naturelles du bassin constituent la base de la coopération.
Le Gouvernement dItalie a joué un rôle de pionnier en instaurant un climat de confiance, en assurant laccès équitable à des informations et connaissances dun niveau égal, et en oeuvrant pour un consensus sur les scénarios de développement.
Le bassin du Nil couvre une superficie denviron 3,1 millions de km2, soit 10 pour cent du continent africain. Dix pays se partagent ce bassin: le Burundi, la République démocratique du Congo, lEgypte, lErythrée, lEthiopie, le Kenya, le Rwanda, le Soudan, lOuganda et la République-Unie de Tanzanie. Sur les plus de 330 millions de personnes vivant dans les dix Etats riverains, 160 millions demeurent au sein du bassin versant du bassin du Nil. Le secteur économique dominant est lagriculture. |
La participation de la coopération italienne au développement concerté du bassin du Nil a commencé en 1996 avec le projet GCP/RAF/286/ITA «Gestion opérationnelle des ressources en eau et système dinformation dans les pays du bassin du Nil». Le projet a été exécuté par la FAO et a reçu un financement de 5 024 798 $EU. Il a été opérationnel davril 1996 à novembre 1999, et a édifié une base solide de capacités techniques dans les pays du Nil en ce qui concerne lévaluation, la gestion et la planification des ressources en eau.
En 1999, les Etats bordant le Nil ont lancé lInitiative du bassin du Nil (IBN). Cette initiative historique intéresse tous les pays riverains et fournit un cadre de coopération pour lensemble du bassin. Elle poursuit une vision partagée pour le développement par lutilisation équitable et le partage des avantages de la ressource commune quest le Nil. Le programme de lIBN consiste en deux sous-programmes complémentaires: le programme de la vision partagée, et le programme daction subsidiaire. Le premier vise à promouvoir un environnement propice au développement concerté, alors que le deuxième porte sur les investissements matériels au niveau du sous-bassin.
Le projet GCP/INT/752/ITA «Renforcement des capacités pour la gestion des ressources en eau du bassin du Nil» qui a fait suite au projet précédent GCP/RAF/286/ITA a été aussi financé par le Gouvernement italien, et mis en oeuvre dans le cadre du Programme de la vision partagée de lIBN. Les dix Etats du bassin du Nil ont participé au projet, qui a été exécuté par la FAO et guidé par un comité de direction composé de représentants de tous les pays participants, du donateur et de la FAO. Le projet, qui a démarré en décembre 1999 et sest achevé en octobre 2004, avait un budget de 5 999 979 $EU. Ce chiffre a porté à plus de 11 millions de dollars EU la contribution totale du Gouvernement italien à la mise en valeur équitable et durable des ressources hydriques du bassin du Nil, moyennant une approche transfrontière intéressant lensemble du bassin.
Les principaux objectifs des deux projets étaient les suivants: i) fournir un appui à la coopération et à laction concertée pour le développement du bassin du Nil; et ii) promouvoir la prospérité, la sécurité et la paix pour tous les habitants du bassin. Pour réaliser ces objectifs, les projets se sont employés à créer une base commune de connaissances et un niveau égal de compétences techniques comme préalable à lutilisation équitable et durable des eaux partagées du Nil.
La constitution de la base commune de connaissances englobait plusieurs domaines, y compris: i) lélaboration de jeux de données communs; ii) la création doutils communs dévaluation des scénarios; et iii) lappui à un niveau égal de compétences techniques et de capacité institutionnelle.
Les projets étaient centrés sur quatre principaux domaines:
a. établissement dun réseau de surveillance hydrométéorologique transfrontière;
b. établissement de bases de données nationales géoréférencées et de couches de données spatiales, y compris des paramètres hydrométéorologiques, des informations sur lutilisation de leau, des aspects hydrographiques, les utilisations du sol, et la couverture et les types de sols;
c. création dun outil décisionnel qui modélise lensemble du système du Nil et évalue les avantages et inconvénients et les conséquences de différents scénarios de développement;
d. amélioration des capacités de formuler les besoins de la base institutionnelle en vue de la coopération et de promouvoir la participation des parties prenantes.
Le renforcement des capacités à lappui dune base commune de connaissances était le thème principal de toutes les activités de projet. Il comprenait aussi la capacité technique, institutionnelle et humaine. Un effort particulier a été déployé pour renforcer dans les pays bordant le Nil la capacité nationale dacquérir des données sur une base durable. En effet, la disponibilité dinformations hydrométéorologiques essentielles a un effet immédiat sur la précision et lefficacité de la planification et de lévaluation des ressources en eau.
Le projet rétabli ou remis en état environ 100 stations hydrométéorologiques. Des systèmes de surveillance modernes ont été introduits, tels les stations météorologiques automatiques et des instruments de mesure du débit à effet Doppler. Ces derniers sont des instruments efficaces et rentables servant à mesurer le débit. Dans la plupart des fleuves, linstrument de mesure à effet Doppler est opéré à partir dune barque ou dun flotteur, ce qui élimine le besoin de recourir à la mise en place de câbles aériens coûteux. En outre, dans le cadre des projets, deux bouées ont été installées pour mesurer lévaporation de leau dans le lac Nasser en Egypte fournissant des observations réalisées sur place pour lévaluation satellitaire de lévaporation.
Un programme de formation détaillé a accompagné lintroduction des nouvelles techniques. Dans chaque pays, et pour chaque nouvel instrument, le projet a établi un groupe de base dopérateurs qualifiés et bien formés. Ils ont servi de vulgarisateurs pour leurs collègues nationaux en vue daccroître le nombre dutilisateurs et de diffuser les nouvelles compétences. Les techniques introduites sont désormais bien établies et, en vue dune expansion future du réseau, on pourra exploiter en toute confiance lexpérience et les spécialisations acquises. Des jeux de données, des bases de données et de couches de données provenant dun grand nombre de différentes institutions ont été organisés au niveau national pour former une base de données géoréférencée dune structure type et complète du bassin du Nil.
Tous les pays du bassin ont adopté cette structure qui a été conçue moyennant un processus interactif avec les organismes responsables des ressources en eau respectifs. Elle facilite et assure léchange rapide et sans coupure des données pour les pays riverains qui auront établi les mécanismes de partage des données adaptés. Une structure commune est également essentielle pour la mise en place dinstruments dévaluation couvrant lensemble du bassin, tel loutil décisionnel du Nil. Le personnel de contrepartie a dressé des inventaires exhaustifs des sources de données existantes dans tous les Etats du bassin. Il a également transféré un nombre considérable de rapports sur papier en format électronique. Un jeu limité de couches de données géoréférencées spaciales a été préparé. La base de données du bassin du Nil distribuée est un élément fondamental de la base commune de connaissances sur le bassin.
Un effort notable a été déployé pour renforcer les compétences en matière de gestion de bases de donnée et de systèmes dinformation géographique du personnel des départements nationaux respectifs. En ce qui concerne le renforcement des capacités, on a organisé des ateliers nationaux et régionaux, et dispensé une formation spécialisée dans des centres locaux qualifiés dapprentissage de la technologie de linformation. Au niveau expérimental, le projet a recouru à la formation assistée par ordinateur et obtenu des résultats prometteurs. Dans le cadre dune initiative récente, une connexion a été établie avec la communauté internationale des informations géographiques pour obtenir de nouvelles données, une formation et des solutions. Désormais tous les Etats du bassin disposent dun service opérationnel de données bien équipé et bien préparé, capable de fournir dans un bref délai des informations essentielles aux décideurs et aux responsables des politiques. En vue de réduire les coûts de linformation, le projet évalue lutilité et lexploitation éventuelle de sources de données appartenant à des tiers par le biais dInternet. Lélaboration des données de tiers est le fait dorganisations internationales, dinitiatives de recherche ayant pour cadre luniversité et de programmes nationaux à léchelle mondiale. Ce résultat est particulièrement important pour les zones où les données sont rares et daccès difficile, comme dans le cas du bassin du Nil. Un programme exhaustif de contrôle de la qualité des données a été mis au point; il est en cours dexécution, et le personnel national examine systématiquement les jeux de données hydrométéorologiques pour y détecter la présence éventuelle derreurs structurelles ou domissions.
Loutil décisionnel du Nil a été conçu par lInstitut des ressources en eau de la Géorgie, des Etats Unis). Ce logiciel prototype modélise lensemble du système du bassin du Nil et évalue les avantages et inconvénients et les conséquences de différents scénarios de développement intersectoriels couvrant tout le bassin. Ce logiciel permet dexaminer les impacts de différents niveaux de coordination nationale, et sert de pierre angulaire pour lintégration de linformation. La mise en circulation de cet outil en février 2003 par le Conseil des ministres du Nil a fourni loccasion aux Etats du bassin dutiliser pour la première fois un outil commun dévaluation des ressources en eau. Cest un important élément de la base commune de connaissances et il joue également un rôle fondamental dans linstauration dun langage univoque pour les débats sur les questions relatives à lutilisation de leau.
Loutil décisionnel du Nil comprend des modules pour la simulation fluviale et le fonctionnement des réservoirs, la planification agricole et lhydrologie des bassins versants. Il comprend aussi un mécanisme détaillé dinterrogation et visualisation des données.
Les projets ont organisé plusieurs ateliers régionaux en vue de solliciter la contribution des décideurs concernant la portée et le détail du logiciel et son développement futur. Ces ateliers consultatifs ont fournit une excellente plate-forme pour les débats et pour déterminer, par une démarche participative, comment exploiter la nouvelle technologie pour en tirer des informations significatives aux plans de la prise de décisions et de la formulation de politiques concernant le bassin du Nil.
La propriété est indispensable pour garantir la durabilité. Pour transférer la technologie de loutil décisionnel mis en place par le projet aux Etats du bassin, trois grandes manifestations régionales de formation de la durée de plusieurs semaines ont été organisées. Les stagiaires se sont familiarisés avec la méthodologie et la structure de base des données de loutil. Ils sont désormais à même de lutiliser pour lévaluation de scénarios et des possibilités de développement. Depuis leur retour dans leurs pays, ils ont organisé des ateliers nationaux pour diffuser la nouvelle technique et accroître le nombre dutilisateurs et de connaissances.
La composante juridique, institutionnelle et relative au règlement des différends a été mise au point par une série dateliers nationaux et internationaux. Elle promouvait la prise de conscience au niveau national des aspects juridiques nationaux et internationaux de la cogestion des ressources du bassin du Nil. Elle proposait des options pour la coopération future dans le bassin du Nil et évaluait les accords de gestion internationale des bassins fluviaux mis en vigueur ailleurs. Un effort notable a été déployé pour renforcer les capacités nationales de négociation et créer un langage commun destiné à lanalyse du cadre de négociation du bassin du Nil. Les participants à latelier comprenaient des avocats et des ingénieurs, ainsi que dautres spécialistes et des fonctionnaires du gouvernement soccupant de questions relatives au Nil.
Les ressources en eau sont le moteur primordial de développement dans le bassin du Nil. Le principal résultat des projets a été la sécurité accrue avec laquelle chaque pays du bassin du Nil affronte les questions complexes relatives à la meilleure utilisation de ces ressources pour le bien des populations concernées. Les ressources en eau du bassin du Nil sont déjà exploitées de maintes façons, dont lirrigation agricole. La mise en valeur future de ces eaux exige la bonne compréhension de toutes les conséquences dun tel développement sur les populations locales, sur chaque Etat riverain et sur les autres pays qui partagent la même ressource. Les aspects internationaux de la mise en valeur des eaux du Nil ont reçu une haute priorité dans les programmes nationaux depuis la période dadministration coloniale.
Au concept traditionnel dallocation de leau en termes de mètres cubes de débit a fait suite la prise de conscience que ce qui compte réellement cest le partage des bienfaits apportés par la ressource.
La capacité daborder les questions relatives à leau du Nil de façon constructive et dencourager les investissements indispensables a été renforcée par les quatre principales composantes du projet:
Les stations hydrométéorologiques établies sont gérées désormais par du personnel et des services nationaux. Lappui fourni par les projets visait principalement à renforcer la capacité dutiliser en toute confiance des technologies modernes appropriées et de mettre en oeuvre les opérations de terrain nécessaires, suivies sur place par le contrôle de la qualité et le traitement primaire. La collecte de données de base, une activité coûteuse pour des pays financièrement étranglés, est maintenant bien mieux orientée vers les besoins immédiats de planification et de mise en valeur des ressources en eau.
Une base de données hydrométéorologiques commune pour le Nil a été mise au point dune façon participative et la plupart des données du passé ont été introduites dans cette base. Lexistence de jeux de données convenus est nécessaire pour faire progresser les négociations sur les ressources en eau et les activités concertées de planification du développement, en vue de conclure des accords où les avantages sont partagés équitablement. La capacité de présenter les données géoréférencées et de les superposer de façon quelles deviennent des informations socioéconomiques et politiques a amélioré la communication avec les parties prenantes. Lautosuffisance a également été promue par le recours actif aux institutions locales aux fins de la formation à lusage de logiciels types.
Les questions de mise en valeur et de gestion des eaux ont été analysées à laide doutils décisionnels conçus expressément pour le projet. Cela a permis dobtenir des informations sur la disponibilité et la fiabilité des données de base, encourageant par la même la rationalisation ultérieure des activités de collecte des données. Les pays du bassin du Nil sont maintenant mieux à même dorienter les activités de soutien vers la crédibilité et lappui efficace du processus de prise de décisions.
La confiance des pays du bassin dans leurs propres moyens et la connaissance de leurs propres intérêts, aussi bien que de ceux des autres partenaires dans la mise en valeur des ressources en eau du Nil, ont fait de grands progrès. Les effets ne se sont pas fait sentir seulement entre les Etats mais aussi à léchelle nationale, grâce à la participation dexperts techniques et juridiques aux techniques de règlement des différends et à la recherche de solutions bénéfiques à tous.
Un processus à long terme pour le règlement de conflits perçus et pour une mise en valeur des eaux aux avantages partagés a été mis en route. Simultanément, le potentiel de développement de la région du bassin du Nil a attiré des fonds de pré-investissement. Plus dattention sera nécessaire afin de faire en sorte que les nouveaux modèles de développement améliorent de façon tangible les moyens dexistence des populations appauvries et éprouvées du bassin du Nil.
PROJET GCP/INT/752/ITA
"Renforcement des capacités
pour la gestion des ressources en eau du bassin du Nil"
DIRECTION GÉNÉRALE DE LA |
ORGANISATION DES NATIONS UNIES |
Ministère des affaires étrangères italien |
Division de la mise en valeur des terres et des eaux |
Piazzale della Farnesina, 1 |
Viale delle Terme di Caracalla |
00100 Rome, Italie |
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