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SMIAR

SAHEL : SITUATION MÉTÉOROLOGIQUE ET ÉTAT DES CULTURES

Système Mondial d'Information et d'Alerte Rapide
Rapport No 4 - 15 septembre 2005

 LE DÉVELOPPEMENT DES CULTURES EST SATISFAISANT SUITE À DE BONNES PLUIES DEPUIS JUILLET MAIS L’ACCÈS À LA NOURRITURE RESTE DIFFICILE DANS UNE BONNE PARTIE DU SAHEL

Guinée Bissau Cap-Vert Gambie Senegal Mauritanie Mali BKF Niger Tchad
Carte sensible du Sahel

RÉSUMÉ

De bonnes pluies continuent de tomber sur les principales zones productrices du Sahel, provoquant des inondations localisées en août dans plusieurs régions. L’humidité du sol a généralement été suffisante depuis le début de la saison de végétation pour permettre un bon développement des cultures et les perspectives de récolte restent dans l’ensemble favorables au Burkina Faso, en Gambie, en Guinée-Bissau, au Mali, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal et au Tchad. Les pâturages se sont bien régénérés et l’état du bétail s’est amélioré. En revanche, au Cap-Vert, le maïs récemment semé n’a pas pris dans certains endroits, par suite de pluies irrégulières en août. Seuls quelques acridiens sont signalés dans les zones de reproduction estivales au Sahel, sauf au Tchad où des essaims se sont formés à cause des bonnes pluies et des conditions favorables à la reproduction.

Les baisses des prix des denrées ont été très faibles et la situation alimentaire demeure critique au Niger et dans certaines régions du Burkina Faso, du Tchad et du Mali, bien que la moisson des céréales à maturation précoce ait commencé dans toute la région. La situation devrait s’améliorer quand l’ensemble des cultures commenceront à être récoltées en octobre. Les prix ne retomberont cependant pas aux niveaux d’avant la crise car les stocks céréaliers sont épuisés dans la plupart des pays et les conditions météorologiques sont moins clémentes dans plusieurs pays côtiers, notamment au Ghana et en Côte d’Ivoire. Les prix et l’accès des ménages à la nourriture devraient continuer à être suivis de près dans tout le Sahel et dans les régions septentrionales des pays côtiers.


SITUATION PAR PAYS

 

BURKINA FASO  CAP VERT  GAMBIE  GUINEE BISSAU 
MALI  MAURITANIE  NIGER  SENEGAL  TCHAD

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BURKINA FASO :

Des pluies adéquates en juillet ont permis un développement satisfaisant des cultures. Les pluies et l’humidité des sols ont d’une manière générale été suffisantes pour permettre un bon développement des cultures depuis la saison de végétation, bien que des mauvaises récoltes localisées dues au manque de pluies soient signalées dans le sud-est et dans la région de la Boucle du Mouhoun. Les cultures de mil et de sorgho sont aux stades de l’épiaison et de début de maturation. Les pâturages se sont régénérés dans tout le pays, et les conditions de bétail s’améliorent. La situation des criquets pèlerins reste calme dans le pays.

Les prix alimentaires ont amorcé un fléchissement dans le sud, principalement à cause d’une augmentation des importations céréalières en provenance des pays côtiers voisins, où la récolte des cultures de la campagne principale est en cours. Les prix sont cependant restés très élevés dans le sud-ouest, le centre et le nord, malgré des interventions d’urgence du gouvernement et d’organismes humanitaires, comprenant des distributions alimentaires gratuites et des ventes subventionnées dans les communautés touchées. On continue de signaler une situation alimentaire précaire dans plusieurs endroits. Les groupes vulnérables doivent faire l’objet d’un suivi constant et recevoir une assistance en cas de besoin, jusqu’à la fin de la saison de soudure.

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CAP-VERT :

Les semis de maïs ont été entravés par le manque d’eau sur la plupart des îles productrices. Après les premières pluies tombées à la fin du mois de juillet sur les îles de Fogo, Santo Antao, Brava et Santiago, le temps est resté sec sur toutes les îles, sauf à Brava, jusqu’à la dernière décade d’août, où les pluies ont repris. Le manque d’eau a nui au maïs qui venait d’être semé et qui n’a pas pris, dans certains endroits.

La situation des criquets pèlerins est calme, mais des infestations de sauteriaux sont signalées sur les îles de Santiago et de Brava.

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GAMBIE :

De bonnes récoltes sont attendues dans la plupart des zones agricoles. Les précipitations ont été régulières et généralisées depuis le début de la saison de végétation, mais des inondations sont signalées dans plusieurs régions. Grâce aux pluies abondantes, le mil, le sorgho et le riz de coteaux se développent bien et le repiquage du riz aquatique est en cours. Les cultures d’arachides sont au stade de la floraison et de la formation des gousses dans tout le pays. La récolte du maïs a commencé, d’où une amélioration des disponibilités alimentaires et une baisse des prix des denrées.

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GUINEE-BISSAU :

Grâce à des pluies abondantes et généralisées, l’état des cultures est satisfaisant et la récolte s’annonce bonne. Les pluies et l’humidité des sols généralement adéquates en août ont permis un développement satisfaisant des cultures. La récolte des variétés de maïs à maturation précoce a commencé. Les cultures de maïs, de sorgho et de riz pluvial sont au stade de l’épiaison. Le repiquage du riz aquatique est en cours, après la désalinisation des rizières marécageuses.

La situation des criquets pèlerins est calme. Toutefois, des infestations de sauteriaux sont signalées dans les régions de Bafata, Gabu et Quirina.

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MALI :

Des pluies jusqu’à présent adéquates ont facilité le développement des cultures dans la plupart des régions. Les pluies ont été généralisées en juillet-août, et l’humidité du sol a été dans l’ensemble suffisante pour permettre un bon développement des cultures. Le mil et le sorgho sont généralement aux stades de la feuillaison ou de l’épiaison mais la récolte du mil précoce a commencé dans quelques régions. Le repiquage du riz irrigué est encore en cours. Un emploi insuffisant d’engrais, signalé dans les régions de l’Office du Niger, de San et de Tombouctou, pourrait affecter les rendements rizicoles cette année. En outre, la présence d’oiseaux granivores et de sauteriaux est signalée dans plusieurs régions. La situation des criquets pèlerins serait calme, avec seulement quelques ailés épars dans le nord. L’état des pâturages est généralement bon.

Les prix des denrées demeurent très élevés et la situation alimentaire reste critique dans les régions du nord. La situation devrait cependant s’améliorer une fois que les opérations de récolte se seront généralisées, en octobre. La baisse des prix pourrait cependant être limitée, en raison de l’épuisement des stocks et des conditions météorologiques défavorables dans plusieurs pays côtiers, notamment au Ghana et en Côte d’Ivoire.

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MAURITANIE :

Des pluies régulières en août ont été bénéfiques pour les cultures céréalières à peine semées. Les premières averses de la fin du mois de mai ont été suivies de bonnes pluies à partir de juin jusqu’à la fin août un peu partout dans le centre et le sud. Il s’ensuit que les cultures se développent bien dans la plupart des zones agricoles, et qu’elles sont déjà aux stades du tallage ou de la feuillaison. L’état des pâturages est bon dans tout le pays et la situation des criquets pèlerins reste calme. Cependant, après l’invasion généralisée de criquets pèlerins et les faibles pluies de l’an dernier, beaucoup d’agriculteurs sont à court de semences, malgré les distributions effectuées par la FAO et le gouvernement.

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NIGER :

Les perspectives globales de récolte sont favorables mais la situation alimentaire reste critique. Grâce à des pluies distribuées sur l’ensemble du pays et à une humidité du sol adéquate, les cultures se développent bien, malgré des déficits pluviométriques localisés qui pourraient avoir compromis la régénération des pâturages dans les zones pastorales de Tillabery et de l’ouest de Tahoua. Les cultures sont à des stades de développement divers allant de la montaison, à la floraison et à l’épiaison. Les perspectives de récolte sont dans l’ensemble favorables.

Bien que la récolte de mil, de haricots et d’arachides précoces ait commencé dans certains endroits les prix alimentaires n’ont que légèrement fléchi et la situation alimentaire demeure critique dans le pays. Une amélioration de l’offre alimentaire, une fois que la récolte se sera généralisée en octobre devrait faire baisser les prix. La baisse ne sera probablement pas aussi importante que prévu en raison de l’épuisement des stocks alimentaires dans toute la région et des conditions météorologiques défavorables dans plusieurs pays côtiers.

Outre le manque de pluies et l’invasion de criquets pèlerins qui ont affecté le Sahel en 2004, les prix très élevés qui ont déclenché la crise actuelle sont également dus à des disponibilités alimentaires inférieures à la normale et à des prix élevés dans des pays côtiers qui exportent ordinairement des céréales vers le Sahel. Selon une étude de marché récemment effectuée par le PAM, les importations officielles des cinq premiers mois de 2005, ont été inférieures de 40 à 50 pour cent à celles de la même période en 2004, où les disponibilités intérieures étaient pourtant plus abondantes que cette année.

Le PAM, qui a commencé des distributions alimentaires de grande ampleur au début août, a élargi son intervention d’urgence pour fournir une assistance à 3 millions de personnes d’ici la fin de la saison de soudure en octobre, en collaboration le Mécanisme national de sécurité alimentaire (DNPGCA) et des ONG partenaires. Toutefois, au début septembre, l’opération n’est financée qu’à hauteur de 57 pour cent. Des donations supplémentaires, en argent et en vivres, sont nécessaires de toute urgence pour faire face à la crise alimentaire.

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SENEGAL :

Les perspectives de récolte sont favorables grâce à des pluies régulières depuis le mois de juillet. Des pluies abondantes ont provoqué des inondations dans plusieurs zones, notamment près de Dakar, mais leur impact sur les cultures a été limité. Le mil et le sorgho sont généralement au stade de l’épiaison dans le sud. Le maïs est au stade de la maturation et dans le nord, les céréales sont au stade tallage/feuillaison. Les conditions des cultures sont généralement bonnes et une augmentation de la production céréalière est attendue. Les pâturages se régénèrent, et l’état du bétail s’améliore.

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TCHAD :

Les conditions de végétation demeurent le plus souvent favorables. Grâce à des précipitations suffisantes depuis le début de la saison de végétation en mai, les cultures se développent bien dans tout le pays. Le mil et le sorgho sont au stade de la maturation dans la zone soudanienne, mais encore en phase de croissance dans la zone sahélienne. La récolte du maïs, du manioc et des arachides a commencé dans certaines régions. Les pâturages se régénèrent et l’état du bétail s’améliore. Des inondations ont cependant été signalées dans le sud et les criquets pèlerins restent une menace potentielle.

A cause de l’insécurité qui règne dans la République centrafricaine voisine, environ 15 000 réfugiés ont afflué dans le pays depuis juin, ce qui porte l’effectif de réfugiés centrafricains à plus de 35 000 personnes. Le Tchad accueille aussi plus de 200 000 réfugiés provenant du Darfour, au Soudan.

Malgré un léger fléchissement observé sur un petit nombre de marchés en août, les prix des céréales demeurent élevés sur la plupart des marchés bien que le gouvernement ait organisé des ventes subventionnées et des distributions gratuites dans plusieurs communautés. La situation devrait s’améliorer avec la mise sur le marché des nouvelles récoltes.

CARTES DES PRÉCIPITATIONS TOTALES ET DES POSSIBILITÉS DE SEMIS

La première carte indique les quantités totales de pluies du 1er au 31 août. Les données sont extraites de rapports de terrain de la FAO, d’informations fournies par le GTS (Système global de télécommunications) de l’OMM (Organisation météorologique mondiale), et de l'imagerie satellitaire d'estimation des pluies (RainFall Estimate - RFE) produite par le projet NOAA/USGS/FEWS/USAID. Les images RFE sont obtenues par interpolation de divers paramètres enregistrés au sol et de ceux obtenus grâce à des mesures de télédétection telles que: précipitations, humidité relative, vitesse du vent, altitude, températures des nuages froids.

La carte ci-dessous montre une estimation des temps de semis (possibilité) telle que définie par une décade (10 jours) répondant aux conditions suivantes : 25 mm de pluies durant cette décade et une hauteur de pluie totale d'au moins 20 mm durant les deux décades suivantes. Les données utilisées pour cette analyse sont issues des rapports de terrain de la FAO et de l'imagerie RFE.

Source des données : NOAA, FAO - - Préparé par : FAO/SDRN, Groupe Agrométéorologie

SOURCES:

Voici le quatrième rapport du SMIAR sur les conditions météorologiques et l'état des cultures dans les pays sahéliens de l'Afrique de l'Ouest en 2005. L'aire géographique couverte par ces rapports comprend les neuf pays membres du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), à savoir Burkina Faso, Cap Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. Ces rapports seront établis tous les mois de juin à novembre. Le rapport final pour l’année 2005, contenant les premières estimations de production, sera publié fin-novembre.

Ces rapports sont établis en utilisant des données fournies par les représentations de la FAO dans les pays, le Groupe agrométéorologique et Groupe de surveillance de l'environnement (SDRN), le Groupe acridiens, migrateurs nuisibles et opérations d'urgence (ECLO), le Service des opérations d’urgence (TCEO), le Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que diverses organisations non gouvernementales (ONG). Pour le présent rapport ont été utilisés les données pluviométriques locales, l’imagerie satellitaire fournie par FAO/ARTEMIS, les rapports de terrain et informations communiquées par les représentants de la FAO jusqu'au 31 juillet. Les images satellites de la première décade de juillet ont été également analysées pour une dernière mise à jour.

*QUELQUES DEFINITIONS

Dans ces rapports sont mentionnées quatre zones écoclimatiques qui se différencient par le niveau de leurs précipitations annuelles moyennes et leurs caractéristiques agricoles (zone sahélienne, zone soudano-sahélienne, zone soudanienne et zone guinéenne). Ces zones sont décrites ci-dessous:

Zone sahélienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 250 à 500 mm. C'est la zone située à la limite de la végétation pérenne; là où les précipitations sont inférieures à 350 mm, il n'y a que des pâturages et, parfois, des cultures céréalières à cycle court résistant à la sécheresse; dans cette zone, toutes les activités agricoles sont hautement aléatoires.

Zone soudano-sahélienne : Les précipitations annuelles se situent entre 500 et 900 mm. Là où elles sont inférieures à 700 mm, on pratique surtout des cultures ayant un cycle de végétation bref de 90 jours, c'est?à?dire principalement du sorgho et du mil.

Zone soudanienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 900 à 1 100 mm. La plupart des céréales cultivées ont un cycle de végétation de 120 jours ou plus. C'est la zone où l'on produit l'essentiel des céréales, notamment du maïs, des racines et tubercules, et des cultures de rapport.

Zone guinéenne : Les précipitations annuelles moyennes dépassent 1 100 mm. Font partie de cette zone, où il est plus facile de cultiver des racines, la Guinée-Bissau et une petite partie du Sud Burkina Faso, du Sud Mali et de l'extrême Sud du Tchad.

Il sera également question de la "Zone de convergence intertropicale", dont la trace à la surface du sol est dénommée "front intertropical". Il s'agit d'une zone quasi permanente entre deux masses d'air qui sépare les alizés de l'hémisphère Nord et ceux de l'hémisphère Sud. Elle se déplace au nord et au sud de l'Equateur et arrive généralement en juillet à sa position située le plus au nord. Sa position fixe les limites septentrionales des précipitations possibles au Sahel; les nuages de pluie se situent généralement à 150 ou 200 km au sud du front.


Veuillez noter que ce rapport est disponible en français et en anglais sur Word Wide Web de l'Internet à l’adresse suivantes : a HTTP://www.fao.org/giews/french/smiar.htm puis cliquer sur Suivi de l’hivernage au Sahel

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Le présent rapport a été rédigé pour usage officiel seulement sous la responsabilité du secrétariat de la FAO, sur la base d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de contacter pour plus de détails si nécessaire :

Henri Josserand
Chef, Système mondial d’information et d’alerte rapide
Siège central de la FAO, Rome
Télécopie No 0039-06-5705-4495 – Courrier électronique : [email protected]
Site INTERNET : HTTP://WWW.FAO.ORG/GIEWS/

Ce rapport présente le résumé de la situation. Les lecteurs intéressés pourraient consulter le site internet de FEWS-Net http://www.fews.net/ ou de CILSS/Agrhymet http://www.agrhymet.ne/ pour des informations plus détaillées.


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