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3 COMMERCE DES PRODUITS AGRICOLES ET ALIMENTAIRES


Dans l'étude qui suit, la période examinée est divisée en deux sous-périodes: 1985-1994 et 1995-1999, l'année 1994 servant de ligne de démarcation. Cette année revêt une importance particulière pour la Côte d'Ivoire: dévaluation du franc CFA et signature de l'accord de Marrakech portant création de l'OMC. Il a été très difficile d'affecter précisément à ces deux événement l'incidence qui leur revient. La présente section décrit l'évolution des exportations et des importations et mentionne les changements de prix et les fluctuations de la production.

3.1 Balance globale des échanges agricoles et alimentaires

Le tableau 2 fait état des valeurs des importations et des exportations agricoles et vivrières ainsi que des taux de croissance annuelle de ces catégories. On peut relever très clairement trois points reliés entre eux par la progression très nette des échanges, au cours de la période B par rapport à la période A.

Tableau 2. Commerce des produits agricoles et alimentaires (moyennes annuelles)

Période

Importations

Exportations

Exportations nettes

Agri-
culture

Alimen-
tation

Agri-
culture

Alimen-
tation

Agri-
culture

Alimen-
tation

Millions de dollars E.-U. par an

1985-94 (A)

2 027.0

442.7

2 909.4

437.2

762.3

-5.5

1995-99 (B)

2 830,8

550,8

4 103,5

716,8

1 272,7

165,9

1985-99 (C)

2 294,9

478,7

3 307,4

530,4

1 012,5

51,6

Taux de croissance annuel

Période A

1,8

2,9

1,5

1,8

6

211,9

Période B

3,9

14,6

5,1

11,3

5,8

6,7

Source: Calculs de l'auteur à partir de BNETD (1996) et FMI (2000).

Le premier point indique que les importations et les exportations agricoles ont progressé beaucoup plus rapidement au cours de la deuxième période que pendant la première (respectivement 2,2 et 3,4 fois plus). Cette tendance est encore plus nette pour les échanges vivriers car les importations et les exportations de denrées alimentaires ont été multipliées respectivement par 5 et par 6,3, au cours de la deuxième période.

Le deuxième point atteste de l'accroissement du volume des échanges vivriers a dépassé celui des échanges agricoles. Les échanges vivriers ont progressé au cours de la période B par rapport à la période A. En effet, au cours de la période A, les importations ont progressé plus vite que les importations agricoles (de 61 pour cent), alors que le taux de croissance des importations vivrières était 3,7 fois plus important que celui de l'agriculture, au cours de la période B.

Le même phénomène a pu être relevé pour les exportations. Au cours de la période A, les exportations alimentaires ont progressé plus rapidement que les exportations agricoles (20 pour cent) alors que ce facteur, au cours de la période B, n'a progressé que 2,21 fois plus.

Le troisième point concerne les exportations nettes. Les exportations agricoles nettes ont progressé au taux de 6,7 pour cent contre 212 pour cent au cours de la période A. En fait, ce taux de croissance étonnant est dû à la dévaluation, les exportations nettes ayant bondi de 6 millions de dollars E.-U. en 1993 à 153 millions de dollars E.-U. en 1994. Si l'on ne tient pas compte de la valeur extrême de 1994, le taux de croissance annuel de la période est négatif (-68 pour cent) au cours de la période A.

La stimulation des échanges au cours de la période B ne peut pas s'expliquer du seul fait de l'Accord de Marrakech, de la dévaluation du franc CFA de 1994 ou des efforts préalables de la Côte d'Ivoire dans le sens de la libéralisation. Il paraît difficile d'attribuer à chacun de ces différents facteurs une incidence spécifique. La combinaison de la dévaluation et des précédentes réformes de libéralisation des échanges ont certainement joué le rôle prédominant, la mise en place de l'Accord de Marrakech nécessitant un certain temps pour porter ses fruits. Le troisième point est très inquiétant puisqu'il indique que la compétitivité des produits ivoiriens a diminué au cours de la période, et ce malgré les réformes préalables (notamment la dévaluation et les préférences tarifaires unilatérales octroyées à la Côte d'Ivoire par l'UE).

Si l'on observe les importations, on relève que la plupart des importations ont considérablement augmenté après 1994, malgré des prix plus élevés dus à la dévaluation. Cette évolution s'explique par la décision spontanée de supprimer les obstacles non tarifaires et les restrictions quantitatives sur les produits agricoles, prise dans le cadre des programmes d'ajustement, avant l'Accord sur l'agriculture.

3.2 Évolution des exportations

Cinq produits contribuent principalement aux recettes totales d'exportation. Il s'agit par ordre décroissant d'importance des fèves de cacao, du café en grains, du cacao transformé, du poisson en boîte et du café transformé (voir tableau 3). La part des fèves de cacao dans l'ensemble des revenus d'exportation est passé de 29,2 pour cent au cours de la période 1985-1994 à 30,4 pour cent au cours de la période 1995-1999, alors que celle du cacao transformé et de l'huile de palme est restée stable, avant et après 1994. La part de la plupart des autres produits (café en grains, ananas, bois en grume, café transformé, ananas en boîte) a reculé entre la période 1985-1994 et la période 1995-1999. La part des bananes, du caoutchouc, des oléagineux et des conserves de poisson a par contre progressé. Les parts de produits, en valeur d'exportation, s'expliquent par l'évolution sous-jacente de la production, et les prix de ces produits, comme indiqué ci-après.

Tableau 3. Part annuelle moyenne des produits, par rapport à la valeur totale des exportations

Café en grains

Fèves de cacao

Ananas

Bananes

Huile de palme

Bois en grumes

Caoutchouc

Oléagineux

Cacao transformé

Café transformé

Ananas en boite

Poisson en boite

1985-89

15,2

31,8

1,93

0,85

0,82

3,11

1,7

0,05

5,5

2,3

0,21

2,4

1990-94

6,9

26,7

1,47

1,7

2,3

1,7

1,3

0,06

5,2

2,0

0,09

3,4

1985-94

11,0

29,2

1,7

1,3

1,6

2,4

0,65

0,06

5,34

2,2

0,15

2,9

1995-99

6,5

30,4

1,3

1,8

1,6

0,6

2,45

0,11

5,0

1,84

0,06

5,8

Source: Calculs de l'auteur basés sur le BNETD (1996); INS et Direction de la conjoncture et de la prévision économique (1998); FMI (2000).

En Côte d'Ivoire, les produits agricoles occupent une part importante des exportations et sont destinés, par ordre décroissant d'importance, principalement aux marchés de l'UE, de l'UEMOA, d'Amérique du Nord et d'Asie (tableau 4). Dès 1995-1999, on a assisté à une légère diversification des marchés. Au cours de la période étudiée, la part de l'UE dans les exportations de la Côte d'Ivoire n'a pas varié. Par contre, celles de l'UEMOA et de l'Asie ont augmenté régulièrement et celle de l'Amérique du Nord a été fluctuante.

Tableau 4. Lieu de destination des exportations et origine des importations
(en pourcentage)


Destination des exportations

Origine des importations

1985-94

1995-99

1985-94

1995-99

UE

58,6

53,7

55,7

57,1

UEMAO

10,7

12,6

4,7

0,9

Amérique du Nord

7,2

7,8

5,6

6,0

Asie

4,4

4,9

11,2

10,8

Source: Calculs de l'auteur

L'augmentation de 18 et de 11,3 pour cent respectivement de la parts de l'UEMOA et de l'Asie, dans les exportations de Côte d'Ivoire atteste des progrès de l'intégration régionale, mais elle fait également état de la détérioration de la compétitivité des produits, puisque cela correspond à une perte de 8,4 pour cent sur le marché de l'Union européenne. La concurrence, en effet, est plus aguerrie sur le marché européen que sur le marché régional africain.

3.3 Évolution des exportations, par produits

Volumes des exportations

Les volumes des exportations ont augmenté à la fois au cours des périodes 1990-1994 et 1995-1999 pour 64-73 pour cent des produits d'exportation figurant au tableau 5. Pour 45 pour cent de ces produits (fèves de cacao, cacao transformé, poisson en boîte, bananes et caoutchouc) la valeur des exportations a augmenté nettement au cours des deux périodes. Quatre produits ont accusé un recul des exportations au cours de la période 1990-1994 (le café transformé, l'ananas, les bois en grumes et les graines oléagineuses) et trois au cours de la période 1995-1999 (café en grains, huile de palme et bois en grumes). On n'a enregistré un recul constant, au cours de la période, que pour le bois en grumes. Les échanges des produits agricoles ont été satisfaisants pour les principaux produits, à l'exception du café (en grains et transformé), l'huile de palme et le bois en grumes. Pour les produits ayant enregistré une croissance positive des exportations, cela a été possible malgré un recul des prix au cours de la période 1990-1994 (sauf pour les bananes) ou une progression modeste au cours de la période 1995-1999 (sauf pour le poisson en boîte). Pour les produits qui ont connu un déclin de leur volume d'exportation, les mouvements relatifs aux exportations et aux prix ont suivi des orientations opposées (pour le bois en grumes et les graines oléagineuses, au cours de la période 1990-1994, et pour le café en grains et l'huile de palme pour la période 1995-1999)

Tableau 5. Exportations agricoles, par produit

Produit

Moyennes par période

Évolution annuelle en pourcentage l

1985-1989
(A)

1990-1994
(B)

1995-1999
(C)

B
par rapport à A

C
par rapport à B

Fèves de cacao

Valeur (millions de dollars E.-U.)

955,6

748,9

1 249,2

-4,3

13,3

Quantité (milliers de tonnes)

508,7

708,9

932,9

7,9

6,3

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

1 921,3

1 057,7

1 349,7

-8,9

5,5

Café en grains

Valeur (millions de dollars E.-U.)

460,6

193,6

265,7

-11,6

7,4

Quantité (milliers de tonnes)

193,7

214,8

175,6

2,2

-3,6

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

2 313,5

950,1

1 563,3

-11,8

12,9

Cacao transformé

Valeur (millions de dollars E.-U.)

164,3

146,6

206,9

-2,1

8,2

Quantité (milliers de tonnes)

74,1

85,6

121,7

3,1

8,4

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

2 204,7

1 712,4

1 712,1

-4,4

0,0

Ananas en boîte

Valeur (millions de dollars E.-U.)

6,6

2,5

2,6

-12,4

0,8

Quantité (milliers de tonnes)

8,8

2,3

2,8

-14,8

4,3

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

875,3

965,3

927,8

2,0

-0,8

Poisson en boite

Valeur (millions de dollars E.-U.)

70,7

95,6

239,5

7,0

30,1

Quantité (milliers de tonnes)

28,9

41,3

59,3

8,6

8,7

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

2 416,7

2 309,6

4 045,9

-0,9

15,0

Café transformé






Valeur (millions de dollars E.-U.)

67,4

57,9

75,3

-2,8

6,0

Quantité (milliers de tonnes)

8,1

7,1

9,9

-2,5

1,8

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

8 960,3

8 109,9

7 670,6

-1,9

-1,1

Ananas

Valeur (millions de dollars E.-U.)

58,2

41,6

52,4

-5,7

5,2

Quantité (milliers de tonnes)

157,4

130,5

174,7

-3,4

6,8

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

366,1

320,1

300,9

-2,5

-1,2

Bananes

Valeur (millions de dollars E.-U.)

25,4

47,8

74,2

17,7

11,0

Quantité (milliers de tonnes)

87,2

141,9

197,6

12,5

7,8

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

289,7

329,2

378,4

2,7

2,9

Huile de palme

Valeur (millions de dollars E.-U.)

24,6

65,1

65,7

32,9

0,2

Quantité (milliers de tonnes)

71,9

177,6

104,1

29,4

-8,3

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

374,0

370,1

630,1

-0,2

14,0

Importations agricoles

Valeur (millions de dollars E.-U.)

94,1

48,6

25,7

-9,7

-9,4

Quantité (milliers de tonnes)

691,3

298,8

211,0

-11,3

-5,9

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

136,1

162,6

109,5

3,9

-6,5

Bois en grume

Valeur (millions de dollars E.-U.)

49,7

60,1

100,0

4,2

13,3

Quantité (milliers de tonnes)

52,2

71,6

105,9

7,4

9,6

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

936,3

829,8

983,9

-2,1

3,4

Caoutchouc

Valeur (millions de dollars E.-U.)

1,3

2,4

4,5

17,2

16,9

Quantité (milliers de tonnes)

10,9

8,8

16,6

-4,0

17,9

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

202,3

774,4

271,6

56,5

-12,9

Exportations agricoles (millions de dollars E.-U.)

2 991,8

2 826,9

4 103,5

-1,1

9,0

Source: BNEDT (1996); FAOSTAT; FMI (2000)

Les exportations de cacao ont progressé depuis 1988 (figure 1) et la rapidité de la croissance a augmenté après 1994. Le gonflement du volume des exportations de cacao, au cours de la période 1985-1989, est dû à la hausse de 11,4 pour cent de la production et a probablement contribué à la chute de 17 pour cent des cours mondiaux, pendant la période. Ce mouvement s'explique par la position dominante de la Côte d'Ivoire sur le marché mondial du cacao. La Côte d'Ivoire exporte environ 40 pour cent du cacao mondial. La croissance du volume des exportations a diminué au cours de la période 1990-1994, du fait du déclin de la production, qui a entraîné un ralentissement du recul des prix. La diminution de la croissance du volume des exportations s'explique aussi par la politique de rétention des autorités ivoiriennes, pour tenter de faire remonter les cours mondiaux à la hausse. Les exportations ont continué à augmenter à la suite de la dévaluation, du fait de la croissance de la production et des prix.

Le volume des exportations de café a fluctué autour de 200 000 tonnes, avec des pointes au-dessus du niveau, au cours des périodes 1989-1994 et 1996-1998. Contrairement au cacao, le volume des exportations a chuté au cours de la période examinée. Au cours de la période 1985-1994, son niveau a été affecté par une baisse de la production. Les exportations ont baissé de manière moins nette au cours de la période 1995-1999 du fait de l'augmentation de la production de 11 pour cent. Ainsi, la Côte d'Ivoire a perdu sa part de marché pour le café en grains, du fait des limitations liées à la production, alors qu'elle a progressé pour les fèves de cacao.

Figure 1. Exportations de café en grains, de fèves de cacao et d'ananas frais
(milliers de tonnes)

Le volume des exportations d'ananas frais a diminué au cours de la période 1985-1994, principalement du fait du déclin de la production. La dévaluation a cependant favorisé la reprise au cours de la période 1995-1999, grâce à la progression de la production et ce, malgré une chute des rendements due à de mauvaises conditions météorologiques,en 1998. Le développement de la production et des exportations tient aussi peut-être aux politiques adoptées en 1998 par les pouvoirs publics (réduction sélective des taxes sur les intrants importés, autorisation de l'importation des matériaux d'emballage sur la base d'un régime d'admission temporaire et libéralisation du fret maritime).

Le volume des exportations de bananes a augmenté au cours de la période 1985-1994 et de la période 1995-1999, parallèlement au gonflement de la production (figure 2). Le taux de croissance a plus que doublé entre les deux périodes en raison d'investissements importants effectués avec l'aide de l'UE, qui ont permis d'améliorer considérablement les rendements et la qualité, en considération des normes internationales. Les producteurs de bananes ont aussi bénéficié des mêmes politiques avantageuses appliquées aux producteurs d'ananas. Le ralentissement des exportations (1995-1999) est dû en partie à l'épuisement des contingents tarifaires sur le marché européen, dès le début de 1999, dans le cadre des modifications du système d'accès préférentiel au marché européen. Ces modifications auront peut être comme effet de stimuler des efforts en vue d’améliorer la productivité et la compétitivité des producteurs ivoiriens.

Figure 2. Exportations des bananes, de l'huile de palme et des bois en grumes
(milliers de tonnes)

Le volume des exportations du bois en grumes a fléchi au cours de la période 1985-1994. On a même enregistré un renforcement de cette tendance. On a donc enregistré une perte très rapide de la part de marché, au cours de la période examinée. La baisse du volume des exportations dans ce secteur est imputable à une politique visant à réduire l'abattage des arbres.

Le volume des exportations d'huile de palme a augmenté très nettement au cours de la période 1985-1994, avant de chuter au cours de la période 1995-1999, malgré la baisse de la production qui est passée de 288 000 tonnes (1990-1991) à 273 000 tonnes (1997-1998) et la dévaluation de 1994. En effet, une part accrue de la production est vendue sur le marché interne.

Les volumes d'exportation du caoutchouc, du poisson en boîte et du cacao transformé (figure 3) ont progressé, surtout après la dévaluation. En effet, le volume des exportations de caoutchouc a augmenté au cours de la période 1985-1994 et a progressé encore plus rapidement après la dévaluation. La production de caoutchouc a gagné rapidement du terrain (1985-1994 et 1995-1999) malgré le faible niveau des prix à l'exportation. Les prix à la production sont indexés sur les prix d'exportation, selon un mécanisme géré à la fois par les producteurs et les entreprises de transformation, dans le cadre d'un accord récemment établi à la suite de la libéralisation. La hausse des exportations de cacao transformé s'est pratiquement arrêtée, au cours de la période 1985-1994, mais elle a par la suite été stimulée (1995-1999) vraisemblablement par la dévaluation et malgré un renforcement des taxes pour les produits transformés, sur les marchés de consommation. Les exportations de poisson en boîte ont augmenté rapidement (1985-1994) mais un net ralentissement a été enregistré par la suite (1995-1999) malgré la dévaluation.

Figure 3. Exportations de caoutchouc, de conserves de poisson et de cacao transformé
(milliers de tonnes)

L'ananas en boite (figure 4) a considérablement reculé sur le marché de 1985 à 1994, le volume des exportations ayant baissé nettement, mais le terrain perdu a été regagné après la dévaluation (le volume des exportations a progressé à nouveau au cours de la période 1995-1999). L'évolution a été différente pour le café transformé puisque le taux de croissance de son volume d'exportation s'est accéléré au cours de la deuxième période.

Le nombre de produits qui ont bénéficié de la dévaluation (cacao, haricots, ananas, caoutchouc, cacao transformé, café transformé, ananas en boite) et de ceux qui en ont été affectés (café en grains, bananes, huile de palme, bois en grumes, conserves de poisson) est pratiquement équilibré. Parmi les produits favorisés, l'avantage est aux produits transformés.

Figure 4. Exportations d'ananas en conserve, d'oléagineux, de café transformé
(milliers de tonnes)

Revenus des exportations

Au cours de la période 1990-1994, par rapport à la période 1985-1989, les revenus des exportations ont reculé pour 54,5 pour cent des produits (valeur), y compris les exportations traditionnelles, probablement du fait du recul des prix (tableau 5) mais la tendance s'est inversée, pour presque tous les produits, de 1995 à 1999 (volume et mouvements des prix).

La valeur des exportations des fèves de cacao a augmenté en proportion moindre que leur volume. Cela s'explique du fait du déclin du prix unitaire des exportations en 1985-1993 et malgré l'augmentation de 127 pour cent des prix d'exportation, en 1994. De 1995 à 1999, les revenus des exportations ont progressé pratiquement aux mêmes taux que le volume exporté.

Les revenus des exportations du café en grains ont évolué différemment, puisqu'ils ont chuté au cours de la période étudiée. Leur déclin a été plus rapide que celui du volume des exportations car le prix a chuté, de 1985 à 1993 et malgré la hausse de 209 pour cent du prix des exportations en 1994. Les revenus des exportations, pour l'ananas ont reculé de 1985 à 1994, au même taux que le volume des exportations et malgré une hausse de 66,4 pour cent des prix en 1994. Les revenus toutefois ont augmenté annuellement de 1995 à 1999, à un taux plus élevé que le volume des exportations.

Les revenus des exportations du bois en grumes, ont baissé au cours de la période examinée. Cette forte baisse est imputable tant à la chute du volume qu'aux prix d'exportation, dont l'accélération a représenté l'accroissement de la vitesse de la chute des revenus d'exportation. Les revenus d'exportation des bananes ont chuté de 1985 à 1989, mais ont progressé régulièrement, au cours du restant de la période examinée, en suivant les volumes exportés et les prix. Les revenus d'exportation de l'huile de palme ont augmenté entre les deux périodes.

Les revenus des exportations du caoutchouc ont augmenté au cours de la période 1985-1994 et de 1995 à 1999. La croissance des revenus au cours de la première période a été plus rapide que le taux de croissance du volume des exportations, car la dévaluation a relevé le prix des exportations de 146 pour cent. Les revenus des exportations de cacao transformé ont diminué (1985-1994) avant d'augmenter (1995-1999). Les revenus d'exportations ont reculé plus rapidement que l'accroissement du volume car le prix des exportations a reculé de 1985 à 1993 et la hausse de 68 pour cent du prix des exportations lors de la dévaluation n'a pas pu renverser la tendance. Les revenus des exportations de poisson en boîte ont augmenté, au cours de la période étudiée.

Les revenus d'exportation du café transformé, ont augmenté de 1985à 1994 et cette croissance s'est accélérée de 1995 à 1999. Au cours de la première sous-période, les revenus des exportations ont progressé plus rapidement que le volume malgré le recul des prix d'exportation antérieurs à la dévaluation qui a fait augmenter les prix à l'exportation de 103 pour cent. Après la dévaluation, les revenus des exportations ont augmenté dans une mesure moindre que le volume des exportations, car les prix ont progressé plus lentement que le volume.

La valeur des exportations de l'ananas en boîte, a reculé nettement de 1985 à 1994, malgré l'accroissement du prix d'exportation de 1985 à 1993 et de l'accroissement de 41 pour cent découlant de la dévaluation. Cette situation s'explique par le recul du volume des exportations. De 1995 à 1999, la valeur des exportations a également augmenté. La valeur des exportations de poisson en boîte a augmenté plus rapidement que le volume des exportations, au cours de la période examinée. La croissance plus rapide de la valeur des exportations par rapport au volume des exportations de 1985 à 1994 (malgré la chute des prix au cours de la période 1985-1993, tient à la dévaluation qui a relevé le prix des exportations de 111 pour cent. La hausse de la valeur des exportations a été plus forte que celle du volume des exportations, de 1995 à 1999, du fait de l'accroissement des prix d'exportation.

Pour synthétiser on peut adopter la classification suivante:

1. Produits dont le volume des exportations a chuté malgré la hausse du prix unitaire des exportations

2. Produits dont le volume des exportations a augmenté parallèlement à la chute du prix unitaire des exportations

3. Produits dont le volume des exportations a augmenté parallèlement à la hausse du prix unitaire des exportations;

4. Produits dont le volume des exportations a chuté parallèlement au déclin du prix unitaire des exportations.

Il est possible d'établir la classification suivante: 1) café en grains, huile de palme, conserves de poisson; 2) caoutchouc; 3) cacao en grains, cacao transformé, café transformé, ananas frais et ananas en boîte; 4) bananes et bois en grumes.

Le premier groupe d'activités d'exportation doit faire face aux contraintes de l'offre. Le potentiel des exportations ne peut pas être exploité du fait des difficultés internes liées au manque de connaissances et d'informations, de la rareté des compétences ou de leur caractère inadapté ou faute de technologies appropriées. En outre, les goulots d'étranglements des infrastructures jouent un rôle significatif, en freinant la production. Ces problèmes peuvent expliquer de nombreuses pertes de parts, sur les marchés européens susmentionnés et il importe de trouver une solution avant le début d'une zone de libre échange en 2008. Le deuxième groupe d'activités d'exportation fait ressortir les problèmes structurels de la Côte d'Ivoire du fait de la prédominance des exportations de produits agricoles pérennes. La réponse des prix par rapport à l'offre est retardée et elle amplifie les mouvements des prix avec des fluctuations indésirables pour les revenus des agriculteurs. La diversification des exportations agricoles (non plus seulement de produits agricoles pérennes), peut améliorer la flexibilité de la production agricole dans son ensemble et des exportations, et stabiliser les revenus des agriculteurs. Les deux derniers groupes mettent l'accent sur l'importance et sur le rôle que les activités de transformation pourraient avoir à l'avenir pour les échanges et pour le renforcement de la flexibilité de l'offre d'exportation, pour tirer parti des possibilités futures d'exportation et pour éviter la contraction des marchés et des activités.

3.4 Importations

Le poisson, les produits laitiers, le riz et le blé sont, par ordre décroissant, les quatre principales importations (tableau 6). Contrairement au poisson qui a fait l'objet d'une politique gouvernementale non déterminante, le riz, au cours des années 70 et 80 était au centre des programmes d'autosuffisance, mais avec un succès mitigé, comme déjà mentionné. Les importations alimentaires proviennent en premier lieu de l'Union européenne (57 pour cent en 1985-1994 et 55,7 pour cent en 1995-1999) puis d'Asie (10,8 pour cent en 1985-1994 et 11,2 pour cent en 1995-1999) et enfin d'Amérique du Nord (6 pour cent en 1985-1994 et 5,6 pour cent en 1995-1999). L'UEMOA est encore une source d'importations négligeable pour la Côte d'Ivoire.

Tableau 6. Part des divers produits dans les importations alimentaires totales
(en pourcentage)


Produits laitiers

Fruits

Poisson

Riz

Blé

Sucre

Boissons

Tabac

1985-89

15,7

3,8

21,7

17,6

9,0

1,0

5,2

4,6

1990-94

11,0

3,8

26,8

21,7

8,3

1,8

2,7

2,3

1985-94

13,4

3,8

24,2

19,7

8,6

1,4

3,97

3,5

1995-99

8,8

2,6

29,4

20,0

9,5

3,7

3,2

3,8

Source: Calculs de l'auteur à partir des statistiques de FAOSTAT

Le tableau 7 indique que le volume de importations agricoles a diminué de 1990 à 1994, par rapport à la période précédente alors que l'inverse était vrai de 1995 à 1999. Ces mouvements contradictoires s'expliquent essentiellement par une variation des cours. De 1990 à 1994, les importations de la plupart des produits (riz, produits laitiers, blé, boissons, tabac, fruits) ont chuté en partie en raison de la hausse des prix (4,7 pour cent pour le riz; 8,9 pour cent pour les produits laitiers; 6,9 pour cent pour les boissons; 2,9 pour cent pour les fruits et 1 pour cent pour le tabac).

Tableau 7. Importations agricoles, par produits


Moyenne
par
période

Variation
annuelle
en pourcentage

1985-1989
(A)

1990-1994
(B)

1995-1999
(C)

B par rapport à
A

C par rapport a
B

Poissons

Valeur (millions de dollars E.-U.)

96.6

116.4

162.4

4.1

7.9

Quantité (milliers de tonnes)

199 602.6

208 671.8

344 472.8

0.9

13.0

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

482.2

558.0

471.2

3.1

-3.1

Riz

Valeur (millions de dollars E.-U.)

79.6

95.1

110.9

3.9

3.3

Quantité (milliers de tonnes)

354 326.0

343 170.6

451 070.8

-0.6

6.3

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

226.6

279.6

245.2

4.7

-2.5

Produits laitiers

Valeur (millions de dollars E.-U.)

69.7

49.1

48.5

-5.9

-0.2

Quantité (milliers de tonnes)

59 10.08.0

28 489.0

31 500.6

-10.4

2.1

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

1 187.4

1 713.8

1 567.2

8.9

-1.7

Blé

Valeur (millions de dollars E.-U.)

38.7

35.9

52.5

-1.4

9.2

Quantité (milliers de tonnes)

224 667.0

223 347.2

263 827.8

-0.1

3.6

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

172.4

161.0

202.6

-1.3

5.2

Boissons

Valeur (millions de dollars E.-U.)

22.0

11.9

17.5

-9.2

9.4

Quantité (milliers de tonnes)

54 458.0

21 553

26 439.8

-12.1

4.5

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

410.4

554.0

664.4

6.9

3.9

Viandes

Valeur (millions de dollars E.-U.)

25.4

24.2

10.7

-0.9

-11.1

Quantité (milliers de tonnes)

25 708.0

32 413.4

9 103.4

5.2

-14.4

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

980

782.1

1 017.8

-4.0

6.0

Tabac

Valeur (millions de dollars E.-U.)

20.5

10.1

20.8

-10.1

21.2

Quantité (milliers de tonnes)

3 773.6

1 839.2

2 791.8

-10.2

10.4

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

5 439.8

5 468.4

7 469.2

0.1

7.3

Fruits et légumes

Valeur (millions de dollars E.-U.)

16.8

17.3

14.7

0.6

-3.0

Quantité (milliers de tonnes)

47 469.6

41 930.4

47 725.6

-2.3

2.8

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

350.4

401.6

312.0

2.9

-4.5

Sucre

Valeur (millions de dollars E.-U.)

4.7

7.7

20.8

12.8

33.9

Quantité (milliers de tonnes)

14 969.8

19 956.2

45 546.8

6.7

25.6

Prix unitaire (dollars E.-U./tonne)

312.7

458.6

466.4

9.3

0.3

Importations agricoles (millions de dollars E.-U.)

444.1

441.25

550.8

-0.13

4.9

Source: BNEDT (1996), FMI (2000), FAOSTAT.

Les importations tant de poisson (figure 5) que de sucre ont augmenté malgré la hausse des prix, alors que celles de blé (figure 6) ont reculé malgré la chute des cours. Dans ces cas, apparemment étranges, des facteurs autres que les prix sont en jeu. En 1995-1999 toues les importations, à l'exception de celles de viande, ont augmenté de plus fortes proportions qu'au cours de la période précédente; les prix ont chuté pour la moitié des produits (poisson, riz produits laitiers, fruits) et ont augmenté pour l'autre moitié (blé, boissons, tabac, sucre, figure 7). Les importations de viande ont diminué du fait de la hausse des cours.

Figure 5. Importations de produits laitiers, fruits et poisson (milliards de francs CFA)

Figure 6. Importations de riz et de blé (milliards de francs CFA)

Figure 7. Importations de sucre, de boissons et de tabac
(milliards de francs CFA)

Les échanges agricoles se sont donc considérablement développés de 1995 à 1999, par rapport à la période 1990-1994, mais chaque produit a suivi sa propre trajectoire. Le volume des exportations de cacao a enregistré une forte croissance alors que c'est l'inverse qui s'est produit pour le café. Les produits qui ont profité de la dévaluation et ceux qui ont été pénalisés sont répartis de manière équitable. Parmi les premiers, les produits transformés occupent une part importante. La valeur des exportations de cacao a augmenté progressivement, malgré le recul des prix du fait de la forte progression de la production. La valeur des exportations de café a chuté pendant la période examinée, les prix à l'exportation ont reculé de manière plus nette que le volume des exportations.

On a relevé une nette augmentation des importations pour presque tous les produits alimentaires, mais comme parallèlement les exportations de ces produits ont aussi fortement augmenté, cela ne devrait pas être préoccupant, les importations nettes ayant en fait reculé. Au plan microéconomique, toutefois, certaines hausses d'importations ont provoqué le recours à des mesures de sauvegarde.


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