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4 SÉCURITÉ ALIMENTAIRE


4.1 Évolution des indicateurs de sécurité alimentaire

À la Jamaïque, la sécurité alimentaire (offre suffisance de nourriture pour le pays) est assurée par les importations de denrées vivrières, par la production interne et par les revenus des exportations permettant d’acheter des importations alimentaires. À la Jamaïque, les politiques publiques tiennent compte de ces trois piliers de la sécurité alimentaire.

La concurrence accrue sur le marché mondial pour les produits de base provenant d’excédents agricoles (souvent subventionnés) dans les pays industriels, a conduit a une offre relativement bon marché de denrées alimentaires à l’échelle du globe, notamment depuis les années 70. On peut contester ce processus qui a créé des dépendances et a accru la vulnérabilité des petits producteurs. Toutefois, le coût des denrées alimentaires a diminué pour les pays importateurs, dans la mesure où ils disposent de devises suffisantes pour couvrir ces achats.

Les tendances des coefficients d’autosuffisance de certains des principaux produits importés, indiquent une augmentation générale de 1990-1994 par rapport à 1985-1989, mais un recul pour la période 1995-2000. Malgré des importations accrues de viande de volaille, la production dans le pays a augmenté très rapidement, ce qui s’est traduit par une augmentation du coefficient d’autosuffisance pour ce produit, au cours de la période la plus récente (tableau 7).

Tableau 7. Évolution de certains indicateurs de sécurité alimentaire (1985-2000)


1985- 89
(A)

1990- 94
(B)

1995-2000
(C)

Variations (%)

(B)/(A)

(C)/(B)

Régime alimentaire

Apport énergétique total (kcal par personne/par jour)

2 576

2 542

2 651

-1,3

4,3

Sources

Produits végétaux (%)

86

86

89

-0,5

3,5

Produits animaux (%)

16

15

16

-5,2

8,5

Apport en protéines (g par personne par jour)

66

64

67

-3,7

5,5

Sources

Produits végétaux (%)

57

57

60

-0,5

4,6

Produits animaux (%)

47

43

46

-7,8

6,9

Coefficients d’autosuffisance




(B) - (A)

(C) - (B)

Viande bovine (%)

71

81

72

9

-8

Viande de volailles (%)

57

65

67

8

2

Viande (%)

62

69

67

7

-2

Lait (beurre exclu) (%)

25

33

23

9

-10

Capacité d’importation des produits alimentaires

Rapport importations alimentaires/exportations agricoles (%)

110,1

91,8

115,2

-18,4

23,5

Rapport importations alimentaires/exportations totales des marchandises (%)

25,8

19,7

21,9

-6,1

2,3

Source: FAOSTAT.

La capacité de la Jamaïque de payer ses importations alimentaires est examinée en utilisant deux indicateurs. Le rapport importations alimentaires/exportations agricoles art des exportations agricoles ont quelque peu chuté de 1985 à 1999 et de 1990 à 1994, mais une croissance plus rapide des importations vivrières, récemment, a creusé l’écart entre les importations alimentaires et les exportations agricoles et ce phénomène s’est encore accentué récemment. La part des importations alimentaires dans le total des factures d’exportation des marchandises suit la même orientation avec un net recul entre les deux périodes (1985-1989 et 1990-1994) et une reprise récente.

En matière de sécurité alimentaire, une démarche axée sur le marché soutient que la Jamaïque pourrait utiliser au mieux ses faibles ressources en achetant à bas prix, des denrées vivrières, au lieu de soutenir ou de protéger des producteurs non concurrentiels si les mêmes produits peuvent être cultivés ailleurs et importés à un moindre coût. Les faibles ressources de l’île pourraient alors être mieux investies dans des produits ou des services, par exemple le tourisme, où un avantage comparatif permettant d’accroître les recettes en devises. Cette position est particulièrement convaincante lorsque l’on considère que les pauvres urbains et ruraux, ont tiré profit des importations de produits bon marché, en Jamaïque, notamment de lait en poudre et de viande de volaille.

La Jamaïque a suivi cette démarche pour la sécurité alimentaire qui tente de contenir le coût de la vie et le prix des denrées alimentaires pour les couches les plus défavorisées aussi bien en zone urbaine qu’en zone rurale. Le problème est que ces importations de denrées à bon marché sont possibles en raison des avantages commerciaux indus et du fait des privilèges des pays industrialisés qui subventionnent fortement leurs produits, ainsi qu’à d’autres formes de protection plutôt que du fait d’un avantage comparatif.

D’autres programmes de libéralisation du secteur agricole mondial devraient, avec le temps faire grimper les prix de certaines importations alimentaires, et les pays en développement, importateurs nets de produits alimentaires pourraient donc être confrontés à des factures alimentaires plus élevées. Pour ce qui est de la Jamaïque, cela exacerberait les problèmes déjà aigus du déficit alimentaire persistant et du poids de la dette. Dans le budget de 2002, les pouvoirs publics ont annoncé qu’approximativement 64 pour cent des dépenses pourraient être affectés au service de la dette existante. Ce budget octroie 2 pour cent à l’agriculture.

4.2 Pauvreté et sous-alimentation

Les données sur l’apport moyen quotidien en calories par personne montre que cette moyenne a chuté pendant la période 1990-1994, par rapport à la période 1985-1989, et ce malgré l’amélioration de la production agricole au cours de cette période, mais qu’elle a augmenté à nouveau après 1995 (tableau 7). Ces données correspondent à une évaluation récente de la sécurité alimentaire à la Jamaïque, effectuée par le Ministère de l’agriculture, qui a conclu qu’entre 1994 et 1996-1998, on a assisté à une réduction significative du nombre de personnes frappées d’insécurité alimentaires à la Jamaïque. Au cours de la période 1996-1998, la FAO a estimé que 10 pour cent de la population (soit environ 250 000 personnes) étaient sous-alimentées. En 1974, l’Institut des Caraïbes pour l’alimentation et la nutrition fait état de 783 000 personnes sous-alimentées.

De 1986 à 1998, plusieurs facteurs ont favorisé la réduction de la malnutrition à la Jamaïque: la réduction de l’inflation, la réduction de la pauvreté de 29 pour cent en 1994 à 15,9 pour cent en 1998, ainsi que les programmes publics et les politiques visant à réduire le niveau de pauvreté dans le pays.

Pour ce qui est des aspects négatifs, l’enquête de 1999 sur les conditions d’existence indique que la disparité des niveaux de consommation persiste dans la société. Par exemple, en 1998, les couches les plus démunies représentaient 2,6 pour cent de la consommation totale contre 29,9 pour cent pour les classes les plus aisées.

En fin de compte, la réduction de la pauvreté reste encore une priorité. On estime que d’autres emplois pourraient être créés dans le secteur agricole, notamment dans les communautés rurales.

Un autre aspect important de la sécurité alimentaire est la composition de l’apport nutritionnel. Selon l’Institut des Caraïbes pour l’alimentation et la nutrition, on a assisté à une évolution importante des habitudes diététiques nutritionnelles et sanitaires au cours des trois dernières décennies. L’offre alimentaire a augmenté de manière significative et l’alimentation est devenue trop riches en graisses saturées. On a assisté à un déclin de la malnutrition, mais d’autre part on a enregistré par ailleurs une hausse importante des maladies chroniques liées aux modes de vie dans les Caraïbes - maladies cardiaques, diabète, hypertension, infarctus, cancer, etc. Selon une étude réalisée par le l’Institut des Caraïbes pour l’alimentation et la nutrition, ces nouveaux problèmes épidémiologiques sont liés principalement à une alimentation dans laquelle la consommation de protéines animales, de sucre et de sel a progressé rapidement alors que la part des hydrates de carbone complexes, comme les fruits, les légumes, les tubercules et les légumes secs est limitée ou en baisse.

Le rapport de l’Institut des Caraïbes pour l’alimentation et la nutrition souligne que pour résoudre les problèmes de santé contemporains il est urgent de réexaminer la disponibilité alimentaire des Caraïbes et les habitudes alimentaires afin que les politiques agricoles mettent l’accent et encouragent le développement la production de fruits et de légumes dans le pays et leur offre dans le pays. Ces aspects liés à la santé et à la nutrition vont dans le sens du développement du secteur des cultures vivrières à la Jamaïque.


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