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4 ÉVOLUTION DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE


La question de la sécurité alimentaire revêt de l’importante pour les autorités péruviennes. La sous-alimentation est une réalité au Pérou, et se mesure à l’écart entre les disponibilités alimentaires et l’ensemble des besoins, pour certains groupes de la population. Bien que la question ne recouvre pas exactement la question de l’autosuffisance alimentaire, le développement du secteur agricole est aussi une priorité. Parmi les principaux défis auxquels doit faire face l’agriculture du Pérou, il convient de citer un taux relativement élevé de pauvreté; la bipolarisation de l’agriculture et un vaste secteur de subsistance qui cotoie un secteur commercial.

Afin de bien mettre en lumière l’incidence de la libéralisation des échanges sur la sécurité alimentaire, il pourrait être utile de comparer les effets de l’Accord sur l’agriculture, sur les producteurs du secteur commercial et sur les petites exploitations. Fort probablement ce sont les produits commerciaux qui bénéficieront le plus de la réduction des obstacles au commerce, sur les marchés internationaux, ainsi que de l’expansion des exportations. Les petits agriculteurs par contre, devraient pâtir cette évolution, puisque les produits dynamiques à l’exportation ne proviennent pas des petites exploitations. Ce sont donc des catégories différentes qui vont profiter ou souffrir des politiques d’ouverture des marchés, et le plus souvent ce sont les pauvres qui sont le plus pénalisés. Ainsi, au cours des années 90, les asperges (fraîches et en conserve) qui ont représenté le secteur le plus dynamique à l’exportation, sont produites pour l’essentiel dans de grandes exportations. Les exportations de raisins et de mangues ainsi que celles d’autres fruits progressent aussi et ce secteur relève des agriculteurs aisés.

Afin de permettre une première approche de l’analyse de la sécurité alimentaire au Pérou, les données relatives à la production interne, aux importations, aux exportations, à la consommation et la disponibilité par habitant sont données au tableau 23. En comparant les changements intervenus pour les disponibilités et la consommation, au cours de la période antérieure (1991-1995) et de la période postérieure au Cycle d’Uruguay (1996-2000) nous constatons que la demande intérieure apparente (ADD) a augmenté de 33 pour cent (1991-1995 à 1996- 2000). La valeur totale des disponibilités alimentaires a augmenté, passant de 22,4 milliards de dollars E.-U. au cours de la première période, à 29,8 milliards de dollars au cours de la deuxième période. Les disponibilités alimentaires annuelles ont augmenté et sont passées de 4,49 milliards de dollars E.-U. au cours de la première période à 5,96 milliards au cours de la dernière période (croissance de 33 pour cent). Les disponibilités alimentaires annuelles par habitant ont augmenté de 195 dollars E.-U., au cours de la première période, à 238 dollars au cours de la dernière période (22 pour cent de croissance). Alors qu’une part de la croissance est due au recul du pouvoir d’achat du dollars E.-U., les modifications des prix représentent seulement une part de la croissance. La conclusion est que la sécurité alimentaire du pays a été maintenue grâce à une hausse de la production intérieure (35 pour cent) et a été étayée par un relèvement des importations agricoles (36 pour cent). La croissance démographique entre les périodes a été d’environ 9 pour cent (soit environ une croissance annuelle de 1,8 pour cent).

Afin de permettre une première approche de l’analyse de la sécurité alimentaire au Pérou, les données relatives à la production interne, aux importations, aux exportations, à la consommation et la disponibilité par habitant sont données au tableau 23. En comparant les changements intervenus pour les disponibilités et la consommation, au cours de la période antérieure (1991-1995) et de la période postérieure au Cycle d’Uruguay (1996-2000) nous constatons que la demande intérieure apparente (ADD) a augmenté de 33 pour cent (1991-1995 à 1996- 2000). La valeur totale des disponibilités alimentaires a augmenté, passant de 22,4 milliards de dollars E.-U. au cours de la première période, à 29,8 milliards de dollars au cours de la deuxième période. Les disponibilités alimentaires annuelles ont augmenté et sont passées de 4,49 milliards de dollars E.-U. au cours de la première période à 5,96 milliards au cours de la dernière période (croissance de 33 pour cent). Les disponibilités alimentaires annuelles par habitant ont augmenté de 195 dollars E.-U., au cours de la première période, à 238 dollars au cours de la dernière période (22 pour cent de croissance). Alors qu’une part de la croissance est due au recul du pouvoir d’achat du dollars E.-U., les modifications des prix représentent seulement une part de la croissance. La conclusion est que la sécurité alimentaire du pays a été maintenue grâce à une hausse de la production intérieure (35 pour cent) et a été étayée par un relèvement des importations agricoles (36 pour cent). La croissance démographique entre les périodes a été d’environ 9 pour cent (soit environ une croissance annuelle de 1,8 pour cent).

Pour régler le problème de l’évolution des prix, les données FAOSTAT sur les bilans alimentaires peuvent être utilisés pour élaborer une table des disponibilités alimentaires pour la période examinée. Malheureusement, les bilans alimentaires de FAOSTAT ne présentent qu’une ventilation des disponibilités alimentaires par produits, pour la période 1997-1997.[90] Le tableau 24 montre qu’en moyenne, les disponibilités alimentaire par habitant et par jour dépassent le minimum suggéré pour une bonne alimentation (2 500 kcal). Le tableau indique aussi que la population péruvienne couvre ses besoins alimentaires, principalement avec des produits végétaux (2 210 kcal, soit 87 pour cent). Les renseignements disponibles n’autorisent pas des modifications de l’offre par habitant en kilocalories, dans le temps, et leur incidence sur la sécurité alimentaires doit être calculé.

Tableau 23. Demande intérieure apparente (millions de dollars E.-U.)


1991-95

1996-2000

Valeur brute de la production agricole

21 133

28 556

Importations

3 071

4 189

Exportations

1 774

2 929

Demande intérieure apparente

22 430

29 816

Demande intérieure apparente moyenne (par an)

4 486

5 963

Population (moyenne sur une période de 5 ans)

23

25,1

Demande intérieure apparente par habitant

195

238

Source: Webb et Fernandez-Baca (2001) et estimations de l’auteur (voir annexe)

Notes: Les estimations de la valeur brute de la production agricole sont tirées du PIB agricole affecté d’un coefficient de valeur ajoutée de 0,711 (à partir du tableau des entrées-sorties de 1994 [INEI, 2000]). Le PIB agricole est fourni par la comptabilité nationale; il est exprimé en soles nominaux et transformé en dollars nominaux en appliquant le taux annuel moyen de change. Les importations et les exportations sont exprimées en dollars nominaux. La demande intérieure apparente équivaut à la production intérieure majorée des importations et déduction faite des exportations.

Tableau 24. Bilan alimentaire du Pérou, de 1997 à 1999 (moyenne)


Energie (kcal)

Protéines

Graisses

Céréales

1 024

26,1

4,7

Racines amylacées

333

5,1

0,6

Édulcorants

377

0

0

Légumes secs

74

5

0,5

Plantes oléagineuses

27

1,9

1,5

Huiles végétales

142

0

16

Légumes

41

1,6

0,3

Fruits

121

0,6

0,8

Stimulants

4

0,2

0,3

Epices

1

0,1

0,1

Boissons alcoolisées

64

0,3

0

Viande

95

10,4

5,7

Abats

8

1,3

0,2

Graisses animales

88

0

9,8

Produits laitiers (sans beurre)

90

4,8

4,6

Oeufs

17

1,3

1,1

Poisson et fruits de mer

43

6,1

1,8

Produits végétaux

2 210

40,9

25

Produits animaux

341

23,9

23,2

Total

2 551

64,7

48,2

Source: FAOSTAT.

Une variable fondamentale de la sécurité alimentaire est donnée par le nombre de personnes pauvres et son évolution au cours du temps. Les modifications du nombre des personnes pauvres (fortement lié au nombre des personnes sous-alimentées) au cours des années 90 sont présentées au tableau 25, pour les différentes régions du Pérou. Le pourcentage des personnes pauvres (dont le revenu est inférieur à la ligne de pauvreté) est plus élevé dans les zones rurales (plus de 65 pour cent en l’an 2000). Toutefois, du fait de la concentration de la population dans les villes, le nombre réel des personnes pauvres est plus élevé dans les zones urbaines. Pour ce qui est de l’évolution de la pauvreté, on a enregistré des progrès de 1994 à 1997 lorsque le pourcentage total des pauvres a diminué, passant de 53,4 pour cent à 50,7 pour cent, dans l’ensemble du pays. Le pourcentage de personnes démunies a grimpé à nouveau à 54 pour cent en l’an 2000, du fait de la récession économique.

Tableau 25. Population en situation de pauvreté (milliers de personnes)


1994

1997

2000

Population

Pourcentage
de pauvres

Population

Pourcentage
de pauvres

Population

Pourcentage
de pauvres

Ens.pays

22 763

53,4

24 328

50,7

25 625

54,1

Lima

6 526

42,4

6 951

35,5

7 401

45,2

Côte (urbaine)

4 068

51,9

4 324

58,3

4 552

53,1

Côte (rurale)

1 189

63,4

1 442

52,8

1 326

64,4

Sierra (urbaine)

2 936

51,6

3 116

37,7

3 234

44,3

Sierra (rural)

5 254

64,7

5 326

68,1

5 742

65,5

Amazon (urbaine)

1 255

43

1 336

44,2

1 547

51,5

Amazon (rurale)

1 534

70,1

1 832

64,9

1 822

69,2

Source: Webb et Fernandez-Baca (2001).

Cela dit, le nombre des personnes très défavorisées est le plus important pour l’insécurité alimentaire. Il s’agit des personnes dont le revenu est inférieur à la ligne de subsistance, c’est-à-dire les personnes qui ne gagnent pas suffisamment pour couvrir le coût du panier de la ménagère ou du nombre minimum de calories par habitant et par jour. Le nombre de personnes extrêmement pauvres ou sous-alimentées a diminué passant de 18 pour cent en 1997 à 15 pour cent en l’an 2000. Cela indique dans l’ensemble une progression du nombre des personnes nourries correctement, au cours des années 90. On a enregistré un recul particulièrement net dans les régions de la Côte et de la Sierra, bien que la proportion, dans les régions rurales de l’Amazone, ait augmenté. Ces chiffres suggèrent que tout effet négatif potentiel des tendances des échanges agricoles, sur les pauvres ruraux, a été compensée par des développements positifs pour l’emploi, dans le secteur non agricole, et par des interventions d’aide sociale.

Tableau 26. Part de la population en situation de pauvreté extrême
(milliers de personnes)


1997

2000

Population

Pourcentage
de personnes
extrêmement
pauvres

Population

Pourcentage
de personnes
extrêmement
pauvres

Ens pays

24 328

18,2

25 625

15

Lima

6 951

2,3

7 401

1,6

Côte (urbaine)

4 324

4,1

4 552

7

Côte (rurale)

1 442

20,8

1 326

12,5

Sierra (urbaine)

3 116

11,2

3 234

3,9

Sierra (rurale)

5 326

48,7

5 742

40,6

Amazone (urbaine)

1 336

10,2

1 547

7,9

Amazone (rurale)

1 832

32,4

1 822

36,6

Source: Webb et Fernandez-Baca (2001).

D’autres points importants devraient être pris en considération, dans une analyse de la sécurité alimentaire. Premièrement, du côté de l’offre, il faudrait tenir compte des institutions et des politiques relatives au développement de nouvelles technologies, pour accroître les rendements des producteurs à faibles revenus et des ménages. La libéralisation des politiques a facilité les importations d’intrants encourageant les rendements (engrais, semences, produits chimiques), qui favorisent l’accroissement de la production nationale et l’accélération des exportations. Les importations d’intrants agricoles ont augmenté de 1,3 à 2,3 millions de tonnes de 1991-1995 à 1996-2000. La valeur des importations des intrants agricoles a augmenté passant de 227 millions de dollars E.-U. à 341 millions de dollars E.-U. entre ces mêmes périodes.

Du point de vue de la demande, les politiques de sécurité alimentaire devraient tenir compte du coût réel des denrées pour les pauvres, compte tenu des revenus réels et des exigences de sécurité sanitaire et de qualité pour les aliments. La responsabilité du renforcement de la sécurité alimentaire des pauvres, dépend au Pérou du National Food Programme. Les résultats obtenus par cet organisme, ont été étudiés en profondeur à la fin des années 90, et on lui doit l’amélioration de l’aide sociale destinée aux pauvres dans les villes et dans les zones rurales du Pérou.


[90] Dans les disponibilités alimentaires, on tient compte de toutes les sources (production, importations, stocks, exportations) et de toutes les utilisations nationales (alimentation animale, semences, transformation, déchets, alimentation).

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