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INTRODUCTION

Avec l'intérêt grandissant du développement de la pisciculture, particulièrement dans les eaux chaudes, on prend une conscience croissante de l'importance de la maladie comme de l'un des facteurs les plus préjudiciables à la pisciculture. Alors que l'importance de la pratique vétérinaire en élevage terrestre était reconnue depuis longtemps et recevait la plus grande attention, développant par conséquent un haut niveau de sophistication, le développement de la science vétérinaire piscicole fut pendant de nombreuses années à la traîne. Au cours des deux dernières décades, la recherche sur l'étiologie, la thérapie et le contrôle des maladies du poisson d'eau froide élevé en Europe et en Amérique du Nord prit de l'impulsion et se développa rapidement vers un niveau de sophistication égalant celui des sciences vétérinaires appliquées aux animaux terrestres. Dans le même temps, le développement considérable de la pisciculture dans les milieux aquatiques chauds ne fut pas suivi d'un progrès parallèle dans son aspect sanitaire et notre connaissance des maladies pisciaires et de la pathologie dans les eaux tropicales et subtropicales est loin d'être adéquate. L'expérience à cet égard dans la pisciculture des eaux intérieures africaines est encore très limitée et notre connaissance des maladies des poissons élevés dans ces eaux est encore rudimentaire.11
En Afrique, les poissons sont surtout élevés suivant des méthodes extensives, à charges basses, ce qui réduit la probabilité d'épizooties par des organismes infectieux; en outre, en élevages extensif, à la différence de l'intensif, le risque de stress dû à la manipulation est moins apparent et les maladies en relation avec le régime alimentaire ont moins de chance d'apparaître, attendu qu'il dépend plus d'aliments naturels que d'aliments artificiels. Actuellement, la prédiction des aléas sanitaires doit être largement extrapolée à partir de données valables pour les maladies et infestations du poisson dans des habitats naturels et semi-naturels (ex: étangs de barrage manuels). Cette tâche devient toutefois plus difficile en raison du caractère endémique des parasites pisciaires vivant dans les eaux chaudes africaines, du caractère spécial de l'environnement aquatique tropical et de ses implications sur les processus physiologiques et métaboliques du poisson. 
Une information documentée sur les maladies pisciaires africaines résulte d'une manière prédominante d'études taxonomiques. La plus grande partie d'une telle information consiste en des descriptions taxonomiques d'espèces parasites individuelles issues de collections occasionnelles et de matériel provenant des museums. Des prospections faunistiques régionales n'ont été effectuées que sur un nombre limité de systèmes aquatiques (la Volta, les grands lacs de l'est et du centre de l'Afrique, le Nil du sud, le lac Tchad et le Niger) et ces prospections ne furent pas générales mais plutôt restreintes à un seul ou à quelques taxons d'organismes parasites. 
Les études quantitatives à long terme sur les cycles d'infestation des populations pisciaires en référence avec les paramètres d'éco-environnement, aussi bien que les études sur la biologie des parasites des poíssons africains, sont rares ou quasi-inexistantes. A cause de la pauvreté en personnel expérimenté en pathologie et en parasitologie pisciaires, des explosions d'épizooties et de mortalités dues à des maladies échappent souvent à l'observation et, quand elles sont remarquées, elles sont diagnostiquées et décrites d'une manière inadéquate. 
Le but principal de ce rapport est de compiler, condenser et vérifier toute information existant sur les maladies et infestations du poisson en Afrique. On souhaite que cela encourage et promeuve un intérêt futur pour le travail et la recherche du diagnostic, en considération de l'importance vitale d'un tel travail pour le progrès de l'élevage du poisson en Afrique. 
Un effort a été fait pour présenter le texte en un format maniable qui apportera aux lecteurs des données pour une diagnose élémentaire appuyées par des illustrations détaillées, aussi bien que des renseignements applicables aux maladies, à leur éthologie et à leur épizootologie, et des instructions en vue d'une thérapie et d'un contrôle. Une telle présentation apportera à l'aquaculteur, au biologiste piscicole et au praticien des maladies du poisson un manuel au point sur le sujet. On a également considéré que le lecteur intéressé et engagé en Afrique dans l'aquaculture et la pêche, doit être averti du risque sanitaire impliqué par le développement des ressources aquatiques incluant la pisciculture, c'est-à-dire des maladies transmises à l'homme par l'absorption du poisson, ainsi que par des vecteurs aquatiques tels que les moustiques et les escargots. 
Les sources d'information contiennent des données exposées dans la littérature scientifique aussi bien que des renseignements provenant d'éléments divers relatés dans des rapports et comptes rendus annuels de réunions professionnelles et scientifiques. Une information précieuse fut recueillie auprès des ouvriers piscicoles travaillant sur le terrain. Sont également comprises des données non encore publiées, résultant des études et des enquêtes faites par l'auteur au Ghana de 1964 à 1968, en Ouganda et au Kenya de 1971 à 1973 et en République sud-africaine en 1979. 
En Afrique, de nombreuses personnes m'ont fourni une aide, une assistance et du matériel appréciables. Des spécimens de poissons des rivières Ruaha et Nzoia, ainsi que des lacs de montagne dans l'ouest de l'Ouganda, furent collectés par le Dr. T. Petr. Mon travail sur les lacs George et Edouard fut poursuivi au laboratoire de l'équipe de la Royal Society IBP au lac George et je tiens à la remercier pour son hospitalité et pour son assistance. Je tiens aussi à remercier le personnel du laboratoire EAFFRO de Jinja, son Directeur, le Dr J. Okedi et le Chef de l'équipe PNUD/FAO, M. P. Jackson, pour son accueil et son assistance. Des matériaux précieux furent recueillis avec l'aide du personnel du Fishing Training Institute à Entebbe et de la pisciculture de Kajansi. Le Dr H. Greenwood m'a aidé pour l'identification des cichlidés et des barbeaux. Je tiens aussi à remercier le CSIR de la République sud-africaine pour avoir financé ma visite et mon travail dans le pays et l'Université de Port Elizabeth ainsi que celle du Nord pour leur parfaite hospitalité et pour m'avoir fourni des facilités de prospection sur le terrain et de travail en laboratoire. Enfin, je tiens à remercier Mme Mikhal Ben-Gali pour son important travail de rédaction et de frappe du manuscrit.2

1 Le numéro de la page de l'édition originale anglaise, utilisé dans les index, est indiqué dans la marge droite du texte


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