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PART III
AQUACULTURE IN RIVER BASIN DEVELOPMENT/AQUACULTURE ET MISE EN VALEUR DES BASSINS FLUVIAUX

SESSION V   INTEGRATED DEVELOPMENT, ECONOMIC AND TECHNICAL ASPECTS OF AQUACULTURE/DEVELOPPEMENT INTEGRE ET ASPECTS ECONOMIQUES ET TECHNIQUES DE L'AQUACULTURE

AMENAGEMENT SYLVO-AGRO-PISCICOLE DES HAUTS BASSINS FLUVIAUX

MANAGEMENT OF THE FORESTRY, AGRICULTURAL AND FISHCULTURE SECTORS IN HIGH RIVER BASIN AREAS

par

J.C.V. Arrignon
Directeur International du Project
Développement de la Pêche et de la Pisciculture en Côte-d'Ivoire
B.P. 494
Bouaké, Côte-d'Ivoire

Résumé

L'aménagement sylvo-agro-piscicole des hauts bassins fluviaux fait appel à des techniques tendant à tirer le meilleur profit du potentiel terrestre et aquatique de ces zones avec le souci d'assurer la protection et la valorisation des basses vallées.
Les techniques várient généralement suivant la latitude et l'altitude des régions considérées ainsi qu'en fonction de facteurs micro-climatiques, édaphiques et socio-démographiques particuliers.
Elles doivent aboutir simultanément à des productions entrant dans une économie de subsistance ainsi qu'à des productions animales de tranformation entrant dans une économie de marché.
Leur emploi harmonieux nécessite, outre les connaissances adéquates, une réelle concertation des techniciens et des animateurs-formateurs assurant une sensibilisation des populations rurales concernées, suivie de leur consensus et d'une organisation communautaire facilitant la gestion de secteurs agro-économiques différents.
Pêche et pisciculture interviennent en utilisant l'eau comme support biogénique avec le souci de la restituer suivant des règles d'économie de l'eau bien étudiées.
La plus grande difficulté réside dans la création et dans la mise en place d'une structure de conception, de réalisation et de gestion efficace et durable, acceptée, comprise et administrée pour partie par les populations concernées.

Abstract

Forestry, agricultural and fish-breeding management in high river basins requires the use of techniques designed to take the best advantage of the land and water potential of these areas, while at the same time protecting and enhancing the value of the low valleys.
The techniques usually vary according to the latitude and altitude of the regions considered and depending on specific micro-climatic, edaphic and socio-demographic factors.
They must culminate simultaneously in productions suitable for a subsistence economy and in animal productions for processing in a market economy.
If the techniques are to be successful, the technicians, group leaders and trainers, besides being adequately qualified, must work together to make the rural people concerned aware of the importance of management. They must obtain their consent and establish a community organization to facilitate management of different agricultural and economic sectors.
Fisheries and fishculture use water as a biogenic support and reconstitute it in accordance with well-defined laws of water economics.
The greatest difficulty lies in the creation and establishment of a structure for planning, implementation and management that is efficient and lasting; and accepted, understood and administered in part by the people concerned.

1. INTRODUCTION

Le cycle de l'eau est devenu relativement complexe avec l'apparition de la vie sur la terre car, au simple phénomène d'évaporation, s'ajoute celui, beaucoup plus complexe, de l'évapo-transpiration liée aux végétaux et aux animaux. Par ailleurs, la part que l'homme occupe désormais dans ce cycle n'est plus négligeable contrairement à ce qu'elle fut pendant longtemps.

L'eau qui arrive à la surface de la terre sous forme de précipitations provient essentiellement de l'évapo-transpiration au niveau des végétaux et de l'évaporation à partir de la surface de la mer. Elle est en partie réévaporée soit directement, soit indirectement par l'intermédiaire des végétaux et des animaux, en partie absorbée par le sol où elle alimente la nappe phréatique, et en partie reprise par les cours d'eau, gagnant la mer d'où elle s'évapore.

Il est cependant bien évident que la quantité d'eau qui provient de l'évapo-transpiration au niveau des végétaux et celle résultant de l'évaporation marine sont extrêmement variables selon la localité dans laquelle on se trouve. Ainsi, dans un site boisé éloigné de la mer, l'apport à partir de l'évapo-transpiration des végétaux est important et supérieur à l'apport provenant de l'évaporation marine. Si l'importance de la couverture végétale diminue, l'évapo-transpiration est moindre et les précipitations en diminution.

C'est ainsi que l'on observe, dans une forêt tropicale humide, une évapo-transpiration annuelle égale à 1 400 m/m alors qu'à la même latitude, à la même altitude et à la même distance de la mer, l'évapo-transpiration d'une savane ne dépasse pas 1 000 m/m.

En l'absence de couverture végétale, l'évapo-transpiration tend vers zéro de même que les précipitations.

Cette situation climatique, dans maints pays tropicaux et subtropicaux, a engagé les pouvoirs publics à se préoccuper des phénomènes de déséquilibre hydrique dus notamment aux transformations des couvertures végétales, plus particulièrement sensibles dans les hauts bassins fluviaux, les reliefs jouant un grand rôle dans l'érosion.

Les plans de développement hydro-agricoles, les périmètres de conservation et de restauration des sols s'appliquent généralement aux bassins versants. Les aménagements concernant la restauration des sols intègrent certes un ensemble de mesures diversifiées: afforestations, cultures en courbes, étangs collinaires, propres à conférer au périmètre une valorisation bénéfique aux exploitants résidents. Cette diversification peut également concerner la pisciculture, considérée comme secteur agro-économique important pour l'économie de subsistance et l'économie de marché.

L'exploitation de l'eau, à laquelle on doit être particulièrement attentif, implique que les aménagements tirent le meilleur parti des ressources potentielles, et notamment des ressources atmosphériques, renouvelables, qu'ils en fixent le maximum, qu'ils les protègent et qu'ils l'exploitent à de multiples fins: consommation humaine, animale, énergétique, hydro-agricole et milieu de vie animale consommable.

L'étude ci-après n'a pas pour prétention de couvrir les problèmes et les situations qui s'attachent à l'étude et à l'aménagement général des hauts bassins fluviaux, mais d'apporter quelques réflexions et quelques expériences appliquées aux régions de l'Afrique du Nord, de l'Ouest africain humide et de Madagascar.

2. APPROCHE DES PROBLEMES


2.1 Approche climatologique

La définition d'un aménagement de bassins implique la connaissance immédiate et historique des conditions météorologiques auxquelles il est soumis. Parmi celles-ci, la pluviométrie, la thermométrie et la luminosité sont souvent déterminantes.

La pluviométrie doit être connue en valeur absolue, mais également en valeur relative. La répartition decadaire, annuelle, décennale et, si possible, cinquantenale, est utile à connaître.

L'irrégularité interannuelle des précipitations peut faire varier du simple au triple la hauteur totale des précipitations; il est donc nécessaire de connaître sinon l'année cinquantenale humide, du moins l'année décennale lorsque l'on calculera, par exemple, la capacité des barrages de retenue d'eau ou celle des réceptacles collinaires des systèmes de banquettes anti-érosives. Voron (1978) indique ainsi que pour le nord de la Côte-d'Ivoire la pluviosité annuelle moyenne est de 1 103 m/m pour une pluviosité cinquantenale maximale de 1 935 m/m et une pluviosité cinquantenale minimale de 667 m/m.

La fréquence des précipitations doit également être appréciée. Le climat soudanien, par exemple, est en climat très humide, beaucoup plus que les climats sahélien, méditerranéen ou océanique mais, dans ce type de climat, pour une pluviométrie' annuelle donnée, la répartition unimodale ou bimodale (2 saisons des pluies) interviendra dans le choix des techniques d'aménagement.

En afforestation comme en agriculture, il est même utile de connaître la répartition décadaire de la pluviométrie pour apprécier le maximum hydrique supportable, sans répercussions graves pour la jeune plantule qui vient de sortir. Chevreau (1978) a ainsi établi un calendrier des événements agricoles associés aux déplacements des pluies, avec six classes tenant compte des rapports entre les précipitations (P) et l'évapo-transpiration (ETP).

La connaissance des phénomènes éoliens et orageux est précieuse pour le choix des couvertures végétales à favoriser. Les rafales de vent précédant les orages tropicaux combinent leurs effets d'érosion.

On a calculé (Putod, 1962) qu'une pluie de 3 m/m, en étage méditerranéen semi-aride, engendre par martelage du sol, une énergie à l'hectare comparable à celle d'un tracteur de 50 ch.

L'intensité lumineuse et le flux des rayons ultra-violets influent non seulement sur la végetation, mais aussi sur la morpho-genèse, sur l'évolution des sols, particulièrement quant ils sont à nu. La température intervient également de la sorte, avec des effets mécaniques extrêmes de fragmentation par dilatation et rétraction alternées. Ce phénomème est dû aux variations thermiques nycthémérales en climat tropical désertique continental ou en climat tropical d'altitude, de rubéfaction ailleurs.

La combinaison des conditions météorologiques doit être appréciée plus spécialement lors de l'exploitation piscicole des plans d'eau pour fixer le calendrier des vidanges notamment, voire pour recourir à des techniques accélérant ou réduisant la photosynthèse du phytoplancton, en fonction de la luminosité et de la température. L'azote ammoniacal contenu dans les pluies d'orage doit lui-même être apprécié pour éviter accidents et mortalités.

2.2 Approche hydro-géologique

L'approche hydro-géologique vient immédiatement en aval de la précédente.

En premier lieu, il est important de saisir les phénomènes superficiels: le ruissellement et la lame d'eau ruisselée moyenne. Dans leur étude, la notion de relief intervient considérablement, notamment dans les hauts bassins fluviaux.

Le ruissellement est variable, en fonction de la pente, de la nature du sol, de la végétation, de l'occupation humaine, etc. Dans le nord de la Côte-d'Ivoire, par exemple, il est de 15 % en moyenne (bassins du Bandama et de la Bagoe), avec de notables variations d'une année sur l'autre (22 % en année humide, 10 % en année sèche).

D'après Voron (1978), la lame d'eau ruisselée représente donc 200 m/m en une année moyenne. Ces données sont indispensables pour calculer la capacité des barrages-réservoirs en fonction de l'impluvium.

Le cadre géologique s'exprime en trois dimensions donnant une vue superficielle de la géologie du bassin et un ensemble de coupes en profondeur faisant apparaître les terrains superficiels qui assez souvent, du moins dans les formations soudaniennes, sont argileux, sableux ou latérisés et les zones profondes à granite ou à schiste plus ou moins altérés en surface, les arènes granitiques formées à partir des produits de décomposition du socle constituant l'essentiel des terrains aquifères.

Dans les hauts bassins, les alluvions ont souvent peu d'extension. En Côte-d'Ivoire, par exemple, les cours d'eau sont en période de creusement et coulent très souvent sur le bedrock. Quand les dépôts atteignent plusieurs mètres, les zones hydrologiquement les plus favorables sont celles où les alluvions sont superposées aux failles.

Le cadre hydrogéologique doit considérer plusieurs cas dont le plus préoccupant pour l'aménagement des hauts bassins fluviaux est celui des karats calcaires, particulièrement perméables et complexes, sources de difficultés lors de la construction des barrages.

En pays granitique, les situations sont plus standard. On sait que les premières nappes aquifères sont contenues principalement dans les arènes. De nombreuses fractures affectent la masse cristalline. Ce processus d'altération attaque toute la surface du granite mais se développe surtout le long des failles qui constituent souvent des axes de drainage. Ces conditions provoquent une réparation inégale des masses d'altération d'où l'inégale répartition des eaux souterraines.

Il y a moins de chances de rencontrer des débits importants dans les terrains schisteux que dans les massifs granitiques. Les ressources en eau souterraine sont plus limitées en raison de la faible perméabilité du matériau, bien que les altérations soient normalement plus épaisses.

Intérêt de l'approche

Indépendamment des stockages de surface déjà évoqués, un aménagement doit souvent porter sur l'exploitation de l'eau profonde.

La morphologie peut donner des indications sur les types de formation déjà décrits. Sur granite, les formes sont plus molles, les sols plus sableux; les inselbergs, affleurement, dos de baleine, sont fréquemment dans le paysage; la latérisation est faible.

Au contraire, sur schistes, la roche mère est rarement affleurante sauf sous forme de crêtes montagneuses alignées; les sols sont plus argileux, le paysage est toujours très fortement cuirassé. Le relief est plus vigoureux et les pentes sont plus fortes.

Les meilleurs débits dans ces conditions, seront atteints lorsqu'on aura une bonne transmissivité, paramètre fondamental pour mesurer la qualité d'une nappe. Cette transmissivité est le produit de la profondeur de l'aquifère par la vitesse de filtration. Elle est d'autant plus élevée que l'aquifère est profond et perméable, c'est-à-dire formé de matériaux sableux. La nappe est plus épaisse sous les plateaux que dans les bas fonds. Les matériaux sont plus sableux et plus argileux dans les bas fonds. C'est une illusion de croire qu'il faut creuser les puits dans les bas fonds, près des marigots. Au contraire, dans ces endroits, la roche mère est proche, on rencontre des matériaux argileux, donc des débits très faibles ou même nuls.

2.3 Approche agro-pédologique

L'eau et l'évolution des sols: l'interdépendance est très étroite entre l'eau et le sol dans les pays tropicaux et sub-tropicaux. Elle a pour conséquence une modification des sols ou de leur capacité de rétention hydrique et dans les cas extrêmes, mais fréquents, une érosion stérilisante.

Les précipitations agissent directement sur deux processus d'évolution des sols.

L'érosion en surface, très variable. Chevreau (1978) note que les pertes en terre sont très faibles sous savane ou forêt (0,2 t/ha/an); elles atteignent 120 t/ha/an dès lors que la pente atteint 7 % et 600 t/ha/an sur des pentes de 25 % lorsque le sol est dépouillé de sa couverture végétale.

L'érosion en nappe provoque des décapages annuels de 20 t de terre ha (moyenne pour les champs d'ignames ou de manioc en Côte-d'Ivoire) conduisant à l'enlèvement de 71 kg/ha de Ca0 et de 23 kg/ha de MgO correspondant à environ 240 kg de dolomio. Le phénomène est accéléré par le défrichement, la pauvreté chimique s'accentue et l'acidification des sols est générale au bout de 3 à 6 ans. Il est aggravé par l'intensification des cultures.

Le drainage en profondeur doit également être étudié. En climat tropical la pluie constamment supérieure à l'ETP, engendre un drainage important d'autant qu'elle est concentrée sur de courtes périodes. La cause principale de l'appauvrissement des sols en Ca et en Mg réside dans l'action de l'eau qui percole à travers le sol. Les lixiviations sont plus importantes sous climat pluvieux (Côte-d'Ivoire) que sec (Sénégal). On a pu noter que si le drainage est multiplié par un facteur 5, l'entraînement du Ca est multiplié par 4 et celui du Mg par 7.

La morphogenèse est liée au ruissellement de surface et à l'érosion qui en découle. On constate des arrachements en haut de pente et des colluvionnements en bas de versant, dépendent de courtes périodes particulièrement agressives. Deux causes se conjuguent pour accroître cette agressivité naissante: le cumul des pluies de la décade précédant la pluie érosive et l'intensité maximum pendant trente minutes de la pluie étudiée. Ceci nous rappelle l'intérêt de suivre la répartition journalière des précipitations comme préalable à l'étude des dispositifs d'aménagement des hauts bassins.

Catégories de pédogenèses: l'importance quantitative des précipitations influe sur la pédogenèse. Pour moins de 1 700 m/m par an, les caractéristiques de la roche mère influent nettement sur la richesse et la saturation du complexe absorbant. Au-dessus de 1 700 m/m les sols sont uniformément pauvres et désaturés quelle que soit la nature pétrographique du matériau originel (Gabon, Amazonie, Côte-d'Ivoire, exceptions pour la région du Niari, au Congo et sud Brésil).

Couvertures des sols et évolution: en zone semi-aride, sujette à des précipitations inférieures à 400 m/m/an, localisées pendant 3 à 4 mois, la couverture végétale, de même que le relief, jouent un très grand rôle dans l'évolution des sols.

Putod (1962) indique qu'en Algérie, dans le système oléolentiscetum les végétaux arborescents logent leurs racines dans des niveaux suffisamment étagés dans les sols bruns, dans les rendziniformes, même dans les xérorankers, pour utiliser la majeure partie de la lame d'eau annuelle qui peut s'infiltrer sous la protection de la forêt.

Le défrichement et l'érosion consécutive réduisent cette couche qui voit sa capacité de rétention diminuer. Le surpâturage entraîne l'élimination des espèces d'herbes vivaces qui demandent plusieurs années pour fleurir et se reproduire, au bénéfice de plantes annuelles qui produisent moins d'humus, qui ont des racines beacoup moins fortes, moins profondes et qui tiennent moins bien le sol. D'après Vibert et Lagler (1961), sur terrain granitique là où des pâturages composés de plantes annuelles laissent s'écouler en ruissellement 61 % des précipitations et perdent 16 t de sol par ha, les pâturages composés de plantes vivaces ne laissent s'écouler en ruissellement que 0,5 % des précipitations et perdent à peine 7 kg de sol par ha.

Dans une surcharge plus importante, le piétinement continu des animaux arrive à faire perdre au sol sa porosité. Broutée sans arrêt, l'herbe perd de sa vigueur et tient moins bien le sol. Le pasteur recherche un regain en brûlant les pâturages en saison sèche. L'érosion éolienne s'empare ensuite de l'horizon superficiel et le ravinement commence, s'étendant comme une lèpre sur l'ensemble des bassins versants (les lavara de Madagascar).

Hors la couverture végétale, il n'existe pour le sol que la couverture aquatique et, sauf dégradation des hauts bassins versants, les terrains recouverts d'eau même sous une faible épaisseur, ne risquent pas d'être victimes d'une érosion accélérée. Ils ne risquent pas de perdre par cela même leur capacité de produire de la matière végétale, puis animale. A cet égard, on peut considérer qu'une succession écologique transformant sous les tropiques de maigres pâturages et plans d'eau collinaires et de bas fonds, gros producteurs de riz ou de poissons, est une succession heureuse.

2.4 Approche socio-économique

L'aménagement sylvo-agro-piscicole des hauts bassins fluviaux suppose une prise de conscience collective et un effort de prospective.

Dans maints pays africains et Sud-américains, un tel aménagement, globalisé parfois à l'échelle du pays, est un espoir de survie agro-économique. A cet égard, la prise de conscience et l'effort de prospective existent, au plus haut niveau du pouvoir de décision. Des plans, des programmes minutieusement étudiés sur le plan technique, ont été conçus, mis en oeuvre et ont donné des résultats parfois spectaculaires.

On doit toutefois noter que bon nombre n'ont pas ou le développement espéré, ou surtout la durée souhaitable pour deux raisons principales à valeur technique égale: la première est un essoufflement financier et la seconde une perception insuffisante par les populations rurales concernées.

L'essoufflement financier est dû à une mauvaise appréciation de la part des coûts à supporter par la collectivite nationale, soit que cette part ait eu un poids excessif par rapport aux ressources intérieures et extérieures, soit qu'elle ait été insuffisante par rapport aux apports des populations rurales concernées: donc un double danger, une participation nationale trop forte ou trop faible. L'essoufflement peut également être causé par une mauvaise appréciation des revenus espérés de cet aménagement et plus particulièrement des délais d'apparition de ces revenus, compte tenu de l'endettement des paysans. Une grande différence existe, par exemple, entre l'apparition du revenu forestier des boisements: 20 à 25 ans et l'apparition du revenu piscicole: 6 mois, ou avicole: 2 mois.

La perception insuffisante des populations est due souvent à un manque d'information, à un manque de motivation et à un manque de concertation. Il est souvent plus efficace de démonter le mécanisme de la pauvreté rurale avec les ruraux eux-mêmes, d'en discuter, d'en exposer les raisons au niveau le plus bas de la population concernée, que de la soumettre à des décisions d'aménagement, certes très judicieuses, profitables et humanitaires, mais conçues au niveau le plus haut de la hiérarchie nationale, sans que cette masse rurale ait été particulièrement consultée (Arrignon 1959).

Dans ce dernier cas, les paysans ne se sentent absolument pas concernés, attendent tout de l'Etat et n'assurent aucun suivi à l'opération en cas de défaillance nationale, même s'ils en tirent un profit substantiel.

Facteurs d'intégration

L'approche socio-économique implique donc une étude attentive des techniques d'aménagement les plus souhaitables en fonction des périmètres sensibles à améliorer, en fonction aussi du profil des populations concernées. Elle implique également l'étude des coûts en investissements, équipements, entretien et fonctionnement, celle des parts respectives de la collectivité nationale et des collectivités locales, l'étude d'un plan de financement à long terme et de l'amortissement des emprunts nationaux, locaux et personnels.

Elle demande surtout une sensibilisation préalable des populations résidentes par un encadrement de base, déjà en place et bien admis, amenant non seulement un consensus quasi général mais une demande d'intervention bien motivée.

Un certain nombre de facteurs d'intégration sont donc à définir avant que soient fixés les objectifs de développement.

Avec Ben Mahmoud (1979), nous noterons, en dehors du cadre physique déjà évoqué:

3. TECHNIQUES D'AMENAGEMENT INTEGRE

De façon à envisager les techniques les plus appropriées, on considèrera le cas d'un bassin versant érodé.

3.1 Techniques anti-érosives

En règle générale, dès que la pente d'un terrain atteint 3 %, des mesures de conservation des sols s'imposent; tous les travaux aratoires doivent être rigoureusement effectués suivant les courbes de niveau. Il est inutile, et même dangereux, de prendre des mesures de conservation des sols à l'aval si l'amont n'a pas été préalablement traité et la lutte contre l'érosion doit s'exercer par bassin versant primaire entier, c'est-à-dire en commençant par le bassin versant des affluents les plus éloignés du cours principal.

Afforestation

On a vu que, quels que soient la latitude et le climat, l'érosion en nappe attaque de la façon la plus grave les sommets des versants avec l'arrachement des hauts de pente.

Il convient donc d'assurer à ces sommets la couverture végétale la plus rustique, la plus dense et la plus durable, celle constituée par la forêt.

Les travaux préparatoires portant sur l'ouverture de raies de sous-solage tracées en courbes à 50 cm de profondeur, précédées d'un débroussage s'il y a lieu. Les jeunes arbres, cultivés préalablement en pépinière en pots ou en boulettes d'argile, sont plantés le plus souvent à la taille de 15 cm à intervalle de 2 m à 2,50 m dans les raies, à équidistance de 2 m à 2,50 m l'un de l'autre pour obtenir une densité de plantation de 2 000 sujets à à l'ha1.

Le choix des essences dépend du climat et du site. A cet égard, on distingue six zones:

Les écarts nycthéméraux de température sont importants. On peut y planter Araucaria, Podocarpus, Widdringtonia, des Eucalyptus et dés Pinus dont Pinus patula.

Le sarclage est parfois nécessaire et l'élagage est presque toujours indispensable (tous les 2 ou 3 ans pour les résineux); les produits sont laissés sur place. Les parcelles plantées en résineux sont ceinturées de plantations moins sensibles à l'attaque du feu, précédées de pare-feux si besoin. A l'âge de 10 ans, des éclaircies ramènent la densité des peuplements à 500 pieds/ha. Les produits d'éclaircies peuvent être vendus en perches et poteaux.

1 Suivant les climats et les pentes, la plantation peut être effectuée sur le pied amont des bourrelets anti-érosifs pour que les jeunes plans y trouvent un sol plus fertile et une période d'humidité plus longue.

Les cultures en courbes

Un réseau de banquettes classiques est calculé pour écouler toutes les pluies d'orage atteignant une intensité de 3 m/m par minute sur sol saturé.

Les ados peuvent être constitués par des doubles dérayures qui sont deux sillons recreusés à la charrue, à l mètre d'intervalle, en courbe de niveau, ce qui signifie qu'entre la dérayure amont et la dérayure aval, existe une bande d'absorption limitant le débordement des eaux vers la dérayure inférieure.

Le réseau en doubles dérayures est bon pour une pluviométrie de 600 m/m/an (Putod, 1962), sur pente de 3 % en admettant une pente de courbe inférieure à 1 %. Le taux d'infiltration est de 20 à 30 m/m à l'heure et l'écoulement sur pente de courbe de 1 % est de 3,5 1/sec. Sur les pentes inférieures à 10 %, la largeur de la bande est de 35 m; pour les pentes comprises entre 10 et 20 % , elle est de 20 m. La longueur du canal de collecte ne doit pas dépasser 400 m pour éviter arrachements et affouillements; en fait, c'est la distance entre la croupe de partage des eaux et le Thalweg.

Lorsque l'importance des précipitations dépasse 600 m/m, les pentes sont plus fortes (5 %) et les sols plus légers; on remplace les dérayures par des bourrelets anti-érosifs, véritables talus dont le fossé amont a une plus forte capacité de stockage. Pour les pentes les plus fortes, ces banquettes ont une équidistance de 1,50 m à 2,50 m. Elles sont enherbées et complantées d'arbres forestiers ou d'arbres fruitiers (oliviers, féviers, amandiers)1. Les bandes intercalaires sont cultivées en fourrage (fèves, fèverolles, pois et luzerne) qui forment un abri et un filtre en freinant la vitesse des filets d'eau.

On ne supprime pas l'érosion sur un sol en pente: on la freine seulement. Par contre, on la supprime sur un sol horizontal, d'où l'intérêt des cultures en terrasses, à condition que l'évacuation de l'eau soit bien réalisée: terrasses méditerranéennes, rivières collinaires d'Indonésie et de Madagascar (Betsileo). Les bandes intercalaires des banquettes peuvent devenir des terrasses par évolution. En amont des bandes, on prévoit les voies de desserte pour les engins agricoles.

Les exutoires doivent aboutir à des étangs collinaires largement dimensionnés, en série cascadante qui peuvent supporter un élevage piscicole, assurer une irrigation saisonnière et par sédimentation, devenir successivement au fil des temps, des terrasses cultivables.

La double dérayure coûte moins cher que le bourrelet anti-érosif, lui-même moins coûteux que la terrasse.

1 ou encore de cactacées fourragères, inermes

Les brise-vents

En zone d'érosion éolienne, éviter les labours superficiels, procéder par sous-solage, par “craquage” du sol, ne suffisent pas. Il est souvent nécessaire d'installer des brisevents qui sont de deux sortes: inertes (murettes, palissades, claies de bambous) et vivants (rideaux d'arbres ou d'arbustes). L'expérience a montré que les brise-vents les plus efficaces sont constitués par des rideaux d'arbres composés de quatre rangs au moins, soit environ 10 à 12 m de large. Si le brise-vents atteint 10 m de haut et qu'il protège une bande égale à 20 fois cette hauteur, il faudra installer des rideaux de 10 m de large tous les 200 m.

Cela revient à prélever 5 % des terres de culture, mais les rendements peuvent augmenter de 40 % du fait de la double action mécanique et physiologique des brise-vents sur la végétation.

3.2 Techniques agro-pastorales

Les aménagements hydro-agricoles d'un bassin versant comprennent (Coulibaly et al., 1960) :

Ils se remplissent généralement pendant la saison - les saisons - des pluies avec une probabilité liée à l'intensité et à la régularité de la pluviométrie ainsi qu'à celle de la fréquence des écoulements.

Le contrôle des crues est presque garanti. L'eau est restituée au bassin aval pour l'irrigation des cultures, mais aussi pour l'approvisionnement en eau potable.

Les barrages écréteurs de crues ont une double fonction de stockage, en retenant une partie du potentiel hydrologique du bassin versant correspondant aux besoins spécifiques, et de régulation, en atténuant les crues afin de protéger les plaines contre les inondations intempestives.

Ces barrages offrent une meilleure garantie de remplissage annuel (simplement avec les apports de fin de saison pluvieuse).

Les deux types cités ci-dessus sont généralement des ouvrages importants drainant des bassins versants de 5 à 100 km2, parfois plus et offrent une capacité de stockage de 1,5 à 20 millions de m3. Une bonne exploitation de leur ressource en eau demande à ce qu'ils soient équipés de prises d'eau à niveau variable.

Les aménagements hydro-agricoles sont complétés par:

Les aménagements hydro-pastoraux

En dehors de mesures propres à éviter le surpâturage par la rotation des parcours, par la mise en service de parcs, livrés à la culture après le séjour des animaux et l'enrichissement du sol par leurs déjections, les aménagements pastoraux portent sur la création d'étangs de barrage nécessaires à l'abreuvement du bétail.

Les étangs de barrage sont créés au moindre coût pour favoriser la création d'un grand nombre de points d'eau sur une surface pastorale considérée.

Le principe est de barrer des fonds de vallées, en des sites appropriés pour obtenir le plan d'eau le plus volumineux, le plus accessible, mais aussi le plus permanent. Le terrassement des digues de retenue se fait au bulldozer en plusieurs passes.

Les caractéristiques sont beaucoup plus modestes que pour les barrages hydro-agricoles; un barrage hydro-pastoral draine généralement un haut bassin versant de 0,5 à 25 km2 et offre une capacité de stockage allant de 10 000 à 100 000 m3.

Afin de conjuguer le rôle d'abreuvoir et celui d'étang piscicole, la vidange est équipée d'un moine. Deux types de barrages sont construits en Côte-d'Ivoire (Voron,1978): des barrages simples, non routiers, d'une longueur moyenne de digue de 160 m, coûtant entre US$ 12 000 et US$ 20 000, et des barrages routiers, plus larges, facilitant les communications entre villages, coûtant entre US$ 17 000 et US$ 25 000.

Les abreuvoirs, alimentés par des forages, font également partie des aménagements hydro-pastoraux. Les abreuvoirs sont généralement dépendants des forages alimentant les villages en eau potable. Situé à 50 m du forage, un abreuvoir stocke environ 5 000 1 d'eau. Le coût du forage et de l'abreuvoir s'élève respectivement à US$ 20 000 et à US$ 1 000.

4. INTEGRATION DE LA PECHE ET DE LA PISCICULTURE


4.1 Les milieux aquatiques

L'aménagement sylvo-agro-piscicole des hauts bassins fluviaux conduit donc à la création de plans d'eau ayant des caractéristiques morphodynamiques très variées.

Les étangs collinaires reçoivent les eaux de ruissellement provenant des réseaux de banquettes anti-érosives ou sinon, celles du bassin versant; ce sont des réservoirs d'orages.

Creusés ou endigués, suivant la configuration de la nature du sol, à la rupture de pente du dièdre des Thalwegs, leur capacité et leur surface sont variables, cette dernière allant généralement de 0,20 à 2 ha. Ils sont souvent construits en cascade sur le Thalweg et doivent tamponner les crues et fixer la sédimentation; pour cette dernière raison, le rapport doit être le plus grand possible afin d'obtenir une durée d'utilisation première la plus longue possible avant la transformation en rizière ou en terrain de culture, après sédimentation quasi-totale du réservoir lors de la phase de jeunesse du système anti-érosif.

Ne retenant l'eau que quelques mois dans l'année, suivant les climats (3 à 8 mois), ces étangs peuvent être l'objet dôune pisciculture saisonnière. Avec un cycle de trois mois, la mise en charge est effectuée avec des fingerlings de 30 à 50 g à raison de 1 sujet/m2 (Tilapia). Les espèces à introduire portent sur les carpes en Afrique du Nord et à Madagascar (Cyprinus carpio), sur divers Tilapia en zone tropicale ainsi que sur des Clarias. Le choix des espèces tient compte de la salinité des eaux recueillies, Tilapia mossambica et Tilapia heudeloti supportant bien les fortes charges. La récolte est effectuée généralement à la senne lorsque la hauteur n'a pas plus de 30 à 40 cm. Les rendements sont très variables mais souvent faibles, sauf si l'on nourrit (100 à 250 kg/ha en Afrique du Nord, 500 kg à 1 000 kg/ha en pays tropicaux humides). On enregistre parfois de fortes mortalités dues à une évaporation intense, accompagnée d'un échauffement mortel de l'eau: les Clarias résistent toutefois.

Les étangs hydro-pastoraux

Généralement installés dans des vallées moins accidentées que les précédentes, ayant des berges d'accès en pente douce pour faciliter l'accès du bétail, les étangs hydro-pastoraux ont un grand intérêt piscicole, bien que n'étant pas permanents pour la plupart.

Les ressources en eau qui les alimentent sont généralement des eaux de ruissellement sur savane, de bonne qualité. Une fertilisation naturelle due aux déjections des animaux accroît considérablement la capacité biogénique, portant la productivité en poissons à plus de 8 t/ha (Nord Côte-d'Ivoire).

L'aménagement doit comprendre une défense de la digue, par des barrières à chicanes, de façon à ce qu'elle ne soit pas défoncée par le piétinement des animaux. Une vidange par moine doit être prévue (Æ du conduit × 30 à 80 cm suivant le débit et le volume), ainsi que la construction de bassins de stockage (2 à 4 de 0,5 à 1 a). Un coursier gabionné contourne la digue et évacue les crues vers le marigot.

Le peuplement est assuré par la faune piscicole du marigot barré auquel il convient d'apporter un complément en alevins de Tilapia (2 sujets/m2).

La question est assurée généralement par le village le plus proche qui souvent bénéficie de l'étang pour abreuver ses animaux. Quand des étangs sont construits en série sur un même cours d'eau, les vidanges sont organisées pour qu'un étang demeure en eau pour satisfaire les besoins pastoraux, prioritaires.

On peut prévoir un élevage en cages si la profondeur au moine est supérieure à 3 m.

Les étangs hydro-agricoles

Ces étangs, parfois des lacs, sont beaucoup plus importants en surface et en volume que les étangs précédents. Les lacs de retenue à des fins énergétiques ou alimentaires sont du même ordre d'importance. Ils sont sujets à une exploitation par pêche souvent plus qu'à une exploitation piscicole.

Leur productivité est très variable. Les lacs recouvrant des galeries forestières ont souvent une productivité piscicole freinée probablement par les effets d'une décomposition ligneuse et foliaire libérant des produits plus ou moins toxiques encore peu connus. Les lacs recouvrant des savanes ont une productivité meilleure, généralement très importante dans les 5 à 10 années suivant la mise en eau. On doit déplorer l'absence de données limnologiques permettant de chiffrer cette productivité et d'adapter les primo-introductions de poissons aux possibilités locales.

On peut toutefois, à l'aide de mesures simples et le calcul d'une droite de régression, se faire une idée de la productivité relative des lacs en utilisant la formule de Ryder, citée par Henderson et Welcomme (1974):

Le peuplement est assuré par les apports naturels du cours d'eau barré qui évoluent en fonction de la transformation du système aquatique courant en système stagnant. Il est complété par des apports considérables d'alevins de poissons généralement de Tilapia sur l'utilité desquels on peut parfois s'interroger. En zone méditerranéenne et en région tropicale d'altitude, on a souvent recours à l'introduction de carnassiers pour réguler les populations de poissons-fourrage (sandre, black bass).

La pêche peut apporter des ressources importantes à condition qu'elle soit organisée et que, préalablement, les pêcheurs soient formés. Les enquêtes auprés des pêcheurs, permettent de calculer l'effort de pêche; généralement, il doit se situer entre 50 et 200 kg/ha suivant la richesse du lac et la densité ne doit pas dépasser 1 pêcheur/km2.

La pisciculture peut se manifester sous deux formes:

Assez souvent, les lacs ne sont pas équipés de vanne à niveau variable permettant d'utiliser en aval la partie du bassin versant situéeentre le niveau d'étiage du lac le plus bas dans l'année et le Thalweg. On peut y remédier en posant des siphons pouvant assurer un débit unitaire de 2 000 m3/j sans grandes difficultés d'amorçage.

Les rizières

Moyennant quelques aménagements; renforcement et rehaussement des diguettes, maîtrise de l'adduction et de la sortie de l'eau, creusement d'un fossé périphérique et d'une fosse d'angle, abris pour les poissons; les rizières sont des plans d'eau où l'on peut conjuguer l'élevage du poisson et la culture du riz.

Certaines précautions doivent étreprises lors de l'introduction des poissons et lors des traitements phytosanitaires mais l'ensemble des aménagements complémentaires et des soins apportés est largement compensé par la production de poissons.

Grover (1979) cite des productions de 186 kg/ha avec Tilapia zillii élevé en 4 mois; 89 kg/ha en 4 mois également avec T. mossambica; 208 kg/ha avec la carpe, sur 5 mois. Les productions sont plus élevées si les poissons sont nourris, ce qui entraine une fertilisation induite de la rizière. Deux cycles d'élevage peuvent correspondre aux deux cycles rizicoles; en pays tropical d'altitude, on compte un cycle combiné et un cycle piscicole pur, aboutissant à des rendements proches de ceux des étangs piscicoles.

Les cours d'eau

Les cours d'eau comprennent les marigots, les rivières et les canaux. Les marigots et les rivières sont naturellement peuplés de poissons qui sont parfois pêchés à la ligne ou a la nasse par les riverains. En raison de leur caractère irrégulier, il n'est guère possible d'y concevoir un élevage en cages ou en enclos sauf exception. Pour la même raison ils ne peuvent alimenter que périodiquement des piscicultures en dérivation.

Les canaux sont davantage exploitables, les canaux d'alimentation qui sont constamment en eau peuvent recevoir des petites cages d'élevage. La production des cages est encore plus intéressante dans les collecteurs des eaux piscicoles, davantage chargées en matiéres organiques utiles.

4.2 Pisciculture et élevages associés

Pisciculture en bassins

La pisciculture traditionnelle en étangs ne sera pas développée ici. Il convient de savoir qu'en pays tropical, les rendements peuvent atteindre couramment 10 t/ha/an lorsque l'on fertilise les plans d'eau et que l'on nourrit les poissons.

Dans le cadre d'un aménagement intégré, la fertilisation est apportée par les composts et fumiers, ainsi que par les ensillages de végétaux aquatiques parfois réputés inconsommables (Eich hornia crassipes, Pistia stratiotes; Salvinia); 100 t de jacinthes d'eau donnent 20 t de compost, riche en potasse (Little, 1979). Ces fumiers sont produits à proximité.

Les sous-produits agricoles locaux constituent de bonnes nourritures pour le poisson: farine basse et son de riz, son de maïs, soja, pupes de vers à soie, drêche de bière locale, poudre d'os, sang séché, tourtaux d'arachides, de graines de coton, etc..

L'implantation des bassins est souvent d'autant plus-facile que l'on a affaire à des collectivités. En Côte-d'ivoire, par exemple, le groupement de 35 coopérateurs permet l'implantation organisée de plus de 100 étangs, ce qui diminue les coûts de l'infrastructure.

L'espace, d'ailleurs, ne manque pas entre les bas-fonds rizicoles ou maraîchers et les canaux latéraux d'alimentation en eau. En général, les terrains choisis pour la pisciculture sont ceux qui ne conviennent pas à d'autres cultures, l'essentiel étant que les sols aient une texture argilo-sableuse.

L'eau est exploitée en transit par la pisciculture avant d'être restituée au maraîchage ou à la riziculture. Il convient toutefois de prévoir (climat soudanien) un débit perdu de 41/sec/hadont ⅓ s'évapore et ⅔ s'infiltrent (mais est parfois récupéré par les drains).

Les poissons élevés sont comme par ailleurs des Tilapia, des carpes et des Clarias.

Le développement de la pisciculture intensive suppose l'existence de Centres de productions d'alevins qui peuvent être étatiques, collectifs ou privés et, davantage encore, un encadrement constant des pisciculteurs. L'accent doit être mis sur l'autosuffisance des pisciculteurs en alevins.

Alors que les productions piscicoles extensives approvisionnent surtout une économie de subsistance, la pisciculture intensive entre dans l'économie de marché et doit être organisée à cet effect avec des circuits commerciaux indépendants, traditionnels et coutumiers ou des circuits induits par les pisciculteurs-coopérateurs eux-mêmes.

Elevage en cages

Les élevages en cages demandent un investissement bien inférieur à ceux opérés en étangs, mais requièrent une technicité plus grande, la disposition d'un grand nombre de fingerlings et d'une quantité importante d'aliments élaborés. L'encadrement doit être assuré, ainsi que les fournitures si l'on désire promouvoir les élevages en cages.

L'espace ne manque pas dans les lacs, mais la localisation doit être bien étudiée pour faciliter le nourrissage, la surveillance, éviter les courants, l'effet du vent. La densité des cages et leur dispositio doit tenir compte de la teneur de l'eau en oxygène et de la circulation de l'eau en profondeur, pour éviter des phénomènes d'asphyxie ou de mauvaise répartition des poissons dans les cages.

Les poissons élevés sont généralement des Tilapia. En Côte-d'Ivoire, les cages de 20 m3 sont enpoissonnées à raison de 80 à 100 fingerlings de 30 g par m3. Nourris avec des granulés alimentaires suivant un QN de 2,5 à 3 selon les situations, la récolte faite au bout de 4 mois peut porter sur 60 à 75 poissons de 250 g par m3 en moyenne.

Concernant la commercialisation des productions et les approvisionnements en aliments, les remarques sont les mêmes qu'au chapitre précédent.

Les élevages associés

Les élevages combinant l'élevage du poisson et celui d'animaux tels que porcs, canards ou poules permettent d'exploiter au mieux les ressources qu'il s'agisse par exemple des végétaux aquatiques ou des reliefs d'aliments et des déjections organiques riches en éléments nutritifs.

Les étangs piscicoles constituent un support idéal pour l'élevage des canards, il suffit de leur apporter un complément d'équipement sous la forme de protections de berges et d'un abri nocturne.

D'après Woynarovich (1979), on élève 500 canards/ha d'étang, généralement de race Pékin, pendant 40 j à partir du stade caneton (à 7 j). Cinq-cent canards produisent 36 t de déjections pendant cette période et on a calculé que 4 à 6 % des fientes sont converties en chair de poisson et que 300 canards entraînent un accroissement indirect de 100 kg de carpes. Les canards atteignent 1,4 à 1,6 kg en 120 j.

Il est nécessaire d'alimenter les canards mais moins richement qu'en élevage à sec en raison de la nourriture naturelle: herbes, mollusques, que les oiseaux trouvent dans l'étang. A cet égard, l'élevage canards/poissons est un gage de salubrité; les étangs sont dépourvus de parasites et de maladies.

Il faut toutefois compter avec les investissements nécessités par les besoins en canetons (écloseries) par les clôtures et défenses de berges, ainsi que par les abris. La prédation des serpents est à redouter.

Le rendement est toutefois très important: il implique la nécessité d'un marché pouvant absorber aussi bien les productions de poissons que des canards et l'existence d'un circuit commercial approprié.

L'élevage combiné oies/poissons est également intéressant. La croissance de l'oie est plus rapide que celle des canards: elle est moins exigeante et consomme davantage de végétaux, son taux de conversion est meilleur (QN = 1,9 à 2,8). L'oie atteint 4,3 à 4,5 kg en 50 j après avoir été mise sur l'étang à 20 j. En contrepartie, l'enrichissement de l'étang est moins important, la production d'oeufs est plus faible 30 à 60/an) et la mortalité juvénile est forte.

L'élevage associé poissons/poulets diffère des précédents par le fait qu'il convient plutôt d'effectuer l'élevage des poulets en claustration au sol. Les fientes sont transportées dans les étangs en vue de la fertilisation.

L'élevage combiné porcs/poissons est établi suivant 3 types:

• en bordure de l'étang: les écoulements se font vers l'étang
• dans l'étang sur une berge en pente)
• sur pilotis)
les lisiers tombent directement dans l'étang.

D'après Woynarovich (1979), un porc gras produit 1,6 à 1,8 t de fumier par an. On élève généralement 15 à 25 porcs/ha d'étang. Cent kg de porc produisent 3 à 5 kg de chair de carpe, davantage avec un élevage interspécifique de carpes communes et de carpes chinoises. En Côte-d'Ivoire, on charge l'étang à raison de trois alevins de Tilapia nilotica de 7 à 10 g/m2 en combinaison avec des Clarias lazera Le rendement en poissons est de plus de 10 t/ha/an.

Comme précédemment, il convient de prévoir un complément d'investissement: la porcherie. L'encadrement doit être particulièrement attentif à la gestion combinée des porcs et des poissons et la promotion de ce type d'élevage doit tenir compte des possibilités du marché.

4.3 Interdépendance de la pisciculture et des autres secteurs agro-économiques

L'eau

L'interdépendance, dans un aménagement intégré, apparaît clairement. Sauf étude concertée des besoins, il existe toujours un risque de conflit d'utilisation entre les différents secteurs:

• alimentation humaineet pisciculture
• ressources énergétiques
• alimentation animale
• irrigation et arrosage

L'élevage en cages immergés dans un lac n'intervient pas sur un plan quantitatif mais souvent sur un plan qualitatif quand l'objectif premier de la retenue est de fournir de l'eau potable. L'implantation doit donc se faire dans des limites fixées par l'analyse physicochimique de l'eau.

La création d'étangs entre un stockage d'eau et son utilisation par l'agriculture est elle-même consommatrice d'eau dans la mesure où l'augmentation de la surface à l'air libre entraîne celle de l'évaporation.

La création d'étangs entre un stockage d'eau pour l'alimentation humaine et le Thalweg est consommatrice d'eau en valeur absolue puisque la part consommée par la pisciculture ne peut être restituée pour l'objectif premier. Cela explique l'attitude des sociétés d'exploitation des eaux de consommation qui ont tendance à faire payer les débits consacrés à la pisciculture.

Sur un plan qualitatif, l'eau issue d'une pisciculture est enrichie en sels minéraux et en matières organiques. Elle est particulièrement appréciée par les maraîchers qui en tirent une fertilisation certaine. L'excès est toutefois redoutable et on a vu des riz soumis à la verse en aval de pisciculture envoyant des eaux trop riches en nitrates (Côte-d'Ivoire).

Le sol

La pisciculture constitue un moyen rentable d'utiliser des surfaces de sols impropres aux cultures et aux élevages terrestres. A cet égard, elle intervient en complémentarité avec la forêt.

Les échanges chimiques à l'interface eau/sol, la production des vases qui en résulte enrichie par les éléments organiques provenant de la vie et de la mort des poissons, transforment desbas-fonds stériles en terrains cultivés en alternance avec l'élevage des poissons.

Dans les étangs, les vases excédentaires sont réemployées en maraîchage et dispensent l'exploitant de coûteux achats d'engrais.

Le curage des fossés périphériques de rizières hébergeant un élevage de poissons renforce les diguettes sur lesquelles sont parfois cultivées des plantes vivrières.

Les digues de pisciculture, engazonnées, sont souvent pâturées par des moutons qui en assurent la fertilisation dont une part est entraînée dans les étangs. Elles peuvent également supporter des plantations de bananiers et autres plantes à faible enracinement.

Le poisson

Le poisson produit dans une économie de subsistance permet aux agriculteurs de consacrer moins d'argent liquide à leur alimentation et davantage à leur équipement. Dans une économie de marché, il leur apporte rapidement des revenus qui leur permettent de subvenir à des remboursements d'emprunts, par exemple.

Sur le plan nutritionnel, le poisson consommé par les exploitants d'un bassin versant leur assure une santé et, par voie de conséquence, une capacité de travail qu'une autre alimentation ne saurait leur donner.

Il entre aussi dans la gamme des sous-produits lorsqu'une surproduction de petits poissons entraîne leurs transformation en poisson séché puis en poudre de poisson entrant dans la composition des rations alimentaires.

Le poisson peut toutefois constituer un dommage pour certaines utilisations de l'eau autres que piscicoles. L'introduction de Tilapia menalopleura herbivore, a causé dans les années 1952 et suivantes certaines déprédations dans les rizières de Madagascar. L'empoissonnement des réservoirs d'arrosage avec des petits poissons et surtout la naissance de jeunes alevins peut entraîner l'obturation des lances, rampes et tourniquets d'arrosage.

Par contre, l'introduction de poissons macrophytophages comme Ctenopharygodon idella peut entraîner un désencombrement salutaire de plans d'eau envahis par une végétation aquatique flottante (Panama) en assurant une production importante de protéines animales particulièrement appréciées.

Les relations entre poissons et autres animaux: canards, oies, poulets, porcs, sont intéressantes dans le domaine des élevages associés et traduisent particulièrement bien l'interdépendance des divers secteurs agro-économiques.

L'homme

L'exercise de la pêche ouvre à une partie de la population un secteur d'activité rénumérateur qui vient s'ajouter à celui de la pisciculture avec la création de métiers indirects: constructeurs de pirogues, constructeurs, de cages, maçons, terrassiers, vendeurs et restaurateurs.

Le métier de pêcheur peut s'exercer à temps plein ou à temps partiel en complémentarité avec celui d'agriculteur. Il en est de même pour celui de pisciculteur.

Une étude faite dans le nord de la Côte-d'Ivoire (Coulibaly et al., 1980) montre qu'une famille d'agriculteurs ayant une capacité de travail de 1 104 j, dispose de 556 j pour construire et gérer 3 bassins de 4 a, une fois satisfaites les contraintes telles que le temps consacré aux cultures vivrières et à la riziculture en deux cycles. Il s'ensuit, à ce niveau, sinon une autosuffisance, du moins une forte contribution des sous-produits agricoles de l'exploitation familiale, à l'alimentation des étangs piscicoles et des possibilités d'rigation facilitées par l'infrastructure piscicole même (siphonage à partir des étangs).

A l'échelon de la collectivité, les relations sont du même ordre avec l'utilisation-parfois concurrentielle - il est vrai, des fumiers et des lisiers, pour la fertilisation des étangs, des sons, farines basses, drêches, etc. pour l'alimentation des poissons.

Les structures à caractère coopératif, instituées pour d'autres secteurs ruraux: café, cacao, riz, agrumes et fruitiers, peuvent sans grandes difficultés être transférés à la pisciculture, la diversification des productions enrichissant la collectivité, avec toutefois un risque de saturation et de rejet que les organismes de sensibilisation et de promotion doivent être capables de déceler, ce qui requiert la mise en oeuvre de systèmes de sensibilisation d'encadrement, de formation et de gestion particulièrement étudiés et appropriés.

5. SYSTEMES DE GESTION

Les aménagements sylvo-agro-piscicoles supposent:

Ils peuvent être le fait d'actions privées ou collectives, d'actions privées et d'actions collectives, d'actions collectives seules suivant les systèmes, étant entendu que les investissements de base ne peuvent être supportés par les seuls résidents, actifs et non actifs.

A l'aval, les aménagements doivent être suivis de circuits commerciaux bien organisés. Il faut garder à l'esprit que l'objectif final de ce type d'aménagement doit concerner une protection et une valorisation du patrimoine foncier, mais aussi, et surtout, une promotion des populations humaines y vivant et non pas leur asservissement par un engagement financier insupportable et par des contraintes techniques intolérables.

La réussite des projets d'aménagement dépend avant tout de la structure de gestion qui sera mise en place. Celle-ci doit être créée avant l'intervention sur le terrain, après avoir fait l'objet d'une réflexion approfondie et concertée afin de lui donner la forme la mieux adaptée au genre d'intervention qu'elle aura à pratiquer.

5.1 Formes possibles des structures d'appui et de gestion

On trouve des structures étatiques directes et indirectes, les sociétés d'aménagement et de développement, les collectivités locales organisées.

Structures étatiques directes

Au Brésil, un département du Ministère de l'Intérieur, le D.N.O.C.S. (Département national des travaux contre la sécheresse) étudie et exécute les travaux destinés à lutter contre la sécheresse. Avec l'aide de l'A.N.C.A.R., organisme dépendant du Ministère de l'agriculture, il gère les périmètres créés, la vulgarisation et l'encadrement des coopératives étant assurés par l' A.N.C.A.R.

STRUCTURE DE DEVELOPPEMENT

DE LA PECHE DE LA PISCICULTURE ET DE L'AQUACULTURE

ORGANIGRAMME SOMMAIRE

SERVICE DES ETUDES ET DE LA PROGRAMMATION DIRECTION SERVICE DES AFFAIRES ADMINISTRATIVES ET FINANCIERES
- Chef du Service1 A 1 - Directeur1 A 1 - Chef de Service1 A 2
- Adjoint1 A 2 - Sous-Directeur1 A 2 - Comptable1 B 2
- Documentaliste1 B 2 - Attaché1 B 2   

DEPARTEMENT FORMATION DEPARTEMENT VULGARISATION DEPARTEMENT GENIE PISCICOLE DEPARTEMENT ZOOTECHNIE DEPARTEMENT PECHE ET TECHNOL. DEPARTEMENT GESTION ET STATIST.
- Chef de Dt - Chef de Dt - Chef de Dt - Chef de Dt - Chef de Dt - Chef de Dt
1 A 2 1 A 2 1 A 2 1 A 2 1 A 2 1 A 2
- Adjoint - Adjoint - Adjoint Chef du Parc - Adjoints - Adjoint - Adjoints
1 A 2 2 T.S 1 A 2 3 T.S 1 T.S 2 T.S
- Assistant   - Adjoints     - Statist.
1 A 2   2 T.S     2 B 2
    - Projet      
    1 B 2      

ANTENNE REGIONALE
- 1 Directeur1 A 2
- 1 Adjoint1 T.S
- 1 Chef du Parc1 B 2

Bassin Versant de Solomougou
Echelle 1/200 000

Fig.1

Fig.1 Aménagement de bassin en savane herbacée

Structures étatiques indirectes

Les offices ont une personnalité juridique avec un budget autonome, mais ils dépendent d'un ministère de tutelle.

Au Maroc, l'office régional de mise en valeur du Souss et du Massa dépend du Ministère de l'agriculture. Il mène les études, lance les appels d'offres aux entreprises, surveille les travaux, assure la promotion du secteur agricole. Il se substitue temporairement au secteur privé pour la commercialisation et prend l'initiative de la création des coopératives de service.

Les sociétés de développement, à caractère national, ont un caractère souvent sectoriel.

En Côte-d'Ivoire, la SODEPRA est sous la tutelle du Ministère de la production animale. Elle est chargée du développement de la production animale et, en zone pastorale, procède à l'aménagement intégré des hauts bassins avec la collaboration d'autres organismes.

Sociétés d'aménagement

Ce sont généralement des sociétés anonymes d'économie mixte, dont le Conseil d'administration regroupe les ministères et les principaux organismes et sociétés interdépendants, intéressés par l'aménagement en question.

A Madagascar, la SOMALAC (Société malgache d'aménagement du lac Alaotra) a été conçue pour créer de petites exploitations agricoles, les attribuer à des familles paysannes et pour mettre en place des structures professionnelles destinées à prendre le relais de la société.

En Côte-d'Ivoire, la CIDT (Compagnie ivoirienne de développement du textile), a vu progressivement ses activités dépasser le cadre de la promotion cotonnière et aborder plusieurs secteurs agro-économiques, favorisant ainsi l'intégration de la pisciculture.

Collectivités locales

Les collectivités locales peuvent être traditionnelles ou de création récente.

Les Fokon'Olona à Madagascar, lesDjemmaa en Afrique du Nord, peuvent jouer un rôle important dans la gestion de petits périmètres aménagés.

Les collectivités professionnelles, de création plus récent, sont formées et encadrées pour prendre des responsabilités identiques, tels les GVC (Groupements à vocation coopérative) en Côte-d'Ivoire.

5.2 Définition de la structure de gestion

Définition des secteurs d'intervention

L'organisme de gestion et d'intervention sera chargé de différentes activités correspondant à un secteur d'intervention individualisé: études, travaux à l'entreprise ou en régie, recherche d'appui, encadrement, commercialisation, organisations professionnelles, etc.

Pour chaque secteur, les points suivants doivent ẽtre étudiés:

Il doit en résulter en fonction du programme général, un programme propre à chaque secteur et les moyens à mettre en oeuvre.

Les organisations sectorielles doivent s'insérer dans une organisation générale de l'organisme d'intervention et de gestion qui sera analysé, défini et schématisé par un organigramme.

Mode de gestion administrative et financière

Très antérieur au départ de l'opération, cet aspect important a pour but de mettre en place un instrument de prévision et de contrôle simple et efficace, adapté aux conditions particulières de fonctionnement de l'organisme de gestion.

Le système mis en place doit permettre d'apprécier l'activité, les coûts et les profits de chaque centre d'activité ou de production et dans ce but il peut être fait appel à des comptabilités générales analytiques et budgétaires utilisant au besoin les possibilités de traitement informatique.

L'analyse du mode de gestion doit aboutir:

Caractéristique de la structure de gestion

Les tâches que doit assumer la structure de gestion sont le plus souvent nombreuses, complexes, diversifiées et dans la plupart des cas interdépendantes les unes des autres.

Pour pouvoir y faire face elle doit posséder l'ensemble des moyens nécessaires et doit pouvoir prendre instamment les décisions qui s'imposent. Elle doit donc avoir le maximum d'autonomie possible.

Toutefois, étant donné l'importance d'un aménagement sylvo-agro-piscicole, voire même d'un simple aménagement hydro-agricole dans la protection et la valorisation du patrimoine naturel national et la place qu'il représente dans l'économie nationale, il est normal que cette structure de gestion qui au surplus fait appel aux fonds publics pour les investissements de base soit placée sous la tutelle de l'Etat.

5.3 Rôle d'un organisme d'intervention et de gestion

Un organisme d'intervention et de gestion doit assumer certaines tâches dont la nature varie évidemment avec son activité propre et en fonction des conditions d'environnements.

Tâches d'étude

Etudes préalables à l'intervention qui ont toujours pour but la connaissance des milieux physiques et humains, leurs potentialités et la recherche des solutions et des moyens à mettre en oeuvre pour les exploiter.

Elles doivent déboucher sur la définition précise des projets et permettre notamment d'élaborer un programme d'actions précisant la priorité, le rythme et la progression des aménagements sectoriels.

Recherches de financement. Elles comportent, d'une part la constitution de dossiers de faisabilité et de financement, et d'autre part, un grand nombre de démarches ou formalités qui doivent aboutir à l'établissement de conventions de financement.

Il est à noter que, pour le démarrage d'opérations nouvelles, la recherche des financements peut être antérieure à la création de l'organisme de gestion.

Etudes de réalisations, qui comprennent:

L'organisme peut avoir intérêt à sous-traiter une partie des études précitées.

Action proprement dite

L'action porte sur l'aménagement et la gestion

L'action porte également sur la création et l'animation des structures socio-professionnelles et sur la promotion humaine, pour assurer dans de bonnes conditions le propre relais de l'organisme de gestion. Un certain nombre de principes doivent être dégagés à cet égard.

Cette projection idéalisée est une progression vers une prise de responsabilités personnelle et collective des exploitants, difficile à réaliser quand il y a une diversité des actions agro-économiques, mais indispensable à tenter.

6. CONCLUSION

L'aménagement sylvo-agro-piscicole des hauts bassins fluviaux peut ne porter, dans un pays, que sur un territoire présentant des problèmes sensibles, tels que l'érosion, l'appauvrissement des sols et des ressources du territoire. C'est, en général, ce qui motive l'intervention nationale et internationale.

L'attention doit être attirée sur le fait que, dans les pays tropicaux, tous les hauts bassins sont sensibles, plus rapidement qu'ailleurs, à l'action humaine, directe ou indirecte et souvent d'une façon plus durable.

La surveillance, la protection et l'aménagement de ces bassins suivant des techniques qui ont été évoquées ci-dessus devraient être une règle absolue si l'on a dans l'optique, non seulement le maintien de la productivité agro-alimentaire, mais plus encore son accroissement.

Pour une grande part, l'exploitation forestière de la forêt tropicale humide, la “rainforest”, est responsable de l'évolution du climat de la région de l'ouest de l'Afrique, et des déséquilibres hydriques qui se manifestent. En 25 ans, la plupart des marigots du centre de la Côte-d'Ivoire, de permanents, sont devenus temporaires, les stockages d'eau se révélant insuffisants parfois pour assurer l'alimentation humaine des grandes villes (Bouaké 1975–1977).

Ce type d'aménagement demande donc à être systématisé mais il ne saurait l'être sans le consensus des populations rurales.

Plus que les injections financières, plus que les projets techniques les mieux étudiés, plus que les réalisations les plus satisfaisantes, la sensibilisation des populations rurales, puis leur participation active et raisonnée à l'aménagement et à la gestion des hauts bassins est un gage de pérennité, donc de succès. L'action de l'encadrement rural est, par conséquent, déterminante et, compte tenu du savoir faire scientifique et technique existant, c'est plutôt sur l'encadrement et la promotion rurale que doivent porter les efforts des instances nationales et internationales.

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LISTE DES ABREVIATIONS

CAREF- Centre algérien de recherches des eaux et forêts, Alger, Algérie;
CIDT- Compagnie ivoirienne de développement des fibres textiles, Bouaké, Côte-d'Ivoire;
CTFT- Centre Technique des Forêts Tropicales;
DUNOD- Editeur/publisher, Paris, France;
ENSAN- Ecole nationale supérieure d'agronomie de Nancy, France;
EYROLLES- Editor/publisher, Paris, France;
GAUTHIER-VILLARS- Editeur/publisher, Paris, France;
HRW- Editeur/publisher, Montréal, Canada;
IAB- Institut agricole de Bouaké, Côte-d'Ivoire;
IDESSA- Institut de développement des savanes - Bouaké, Côte-d'Ivoire;
IRAT- Institut de recherches en agronomie tropicale, Bouaké, Côte-d'Ivoire;
LONGMAN- Editeur/publisher, Londres, Royaume-Uni;
MINECOOP- Ministère de la coopération, Paris, France;
MINEPA- Ministère de la production animale, Abidjan, Côte-d'Ivoire;
SEGHERS- Editeur/publisher, Paris, France

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