Table des matières Page suivante


1. OUVERTURE DE LA SESSION

Monsieur N. Doumandji, Représentant régional adjoint de la FAO pour l'Afrique, a ouvert la première session du Groupe de travail sur la pollution et les pêches du Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA) le lundi 16 juin 1986 à 10 heures, au Bureau régional de la FAO pour l'Afrique, Accra, Ghana.

Au nom de M. Edouard Saouma, Directeur général de la FAO, et de M. J.A.C. Davies, Représentant régional de la FAO pour l'Afrique, M. Doumandji a souhaité la bienvenue aux membres du Groupe de travail. Il a fait ressortir l'importance des ressources en eau de l'Afrique en tant que ressources primaires et pour le secteur des pêches. Les Pêcheries africaines fournissent une large part des protéines animales nécessaires à l'alimentation humaine, part qui, dans de nombreux pays, atteint 50 pour cent. Cette part a toutes chances de croître avec le développement de l'aquaculture, à condition toute-fois qu'il soit également possible de garantir dans l'avenir une qualité convenable des eaux.

Les participants ont déploré que M. T.R. Odhiambo ainsi que M. S.G. Zabi, le Président du Groupe de travail, n'aient pas été en mesure d'assister à la réunion, et ils ont invité M. C. Biney à remplir les fonctions de président de la première session du Groupe de travail. M. Biney a présenté l'ordre du jour (annexe A), a souhaité la bienvenue aux participants (voir annexe B) et a fait état des documents soumis à la réunion (voir liste à l'annexe C).

2. POLLUTION DES EAUX INTERIEURES DE L'AFRIQUE - SITUATION ACTUELLE

Monsieur H. Naeve, Secrétaire technique, a rappelé que le Comité des pêches continentales pour l'Afrique (CPCA) à sa quatrième session avait demandé que des dispositions soient prises pour étudier les problèmes de pollution susceptibles d'avoir des effets négatifs sur les pêches continentales de l'Afrique. Deux études sur la pollution des eaux intérieures africaines préparées, respectivement, pour l'Afrique de l'Est et pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, et approuvées par le CPCA, ont été présentées par M. Naeve. Ces études récapitulaient des informations recueillies dans onze pays (Burundi, Cameroun, Côte d'Ivoire, Ghana, Kenya, Malawi, Mali, Nigéria, Soudan, Tanzanie et Zambie) sur des causes de la pollution des eaux telles qu'épuration, effluents industriels et application de pesticides, sur les recherches concernant l'environnement entreprises dans ces pays et sur les législations nationales pertinentes. Les pesticides et les polluants organiques (tels que les eaux usées et les engrais) ayant une forte demande biologique en oxygène (DBO) ont été considérés comme les principaux responsables des difficultés rencontrées. Ces études ont montré la nécessité de coopérer à l'échelle régionale en vue de prendre des mesures de contrôle de la pollution des eaux scientifiquement bien fondées et d'assurer que les eaux conservent une qualité suffisante pour protéger la vie aquatique et les pêcheries, et des recommandations pertinentes ont été formulées.

A sa sixième session, tenue à Lusaka (Zambie), le CPCA a décidé de créer un Groupe de travail sur la pollution et les pêches pour donner suite à ces recommandations.

Monsieur Naeve a expliqué aux membres du Groupe de travail les tâches dont il devait s'acquitter à sa première session:

3. BASES SCIENTIFIQUES DU CONTROLE DE LA POLLUTION DANS LES EAUX INTERIEURES AFRICAINES

Monsieur D. Calamari, Convocateur du Groupe de travail sur les critères de qualité des eaux de la Commission européenne consultative pour les pêches dans les eaux intérieures (CECPI), a présenté ce projet de document. Cette version préliminaire avait été communiquée à des experts scientifiques africains, et les observations et propositions de modifications reçues ont également été transmises au Groupe de travail. Le document et les observations reçues ont fait l'objet d'un examen approfondi. La stratégie générale proposée en ce qui concerne les mesures de contrôle de la pollution a été approuvée, mais un certain nombre d'amendements ont été apportés au document pour mieux faire ressortir les besoins de l'Afrique. On a noté que le document prévoit une stratégie de contrôle des concentrations de substances techniques. En conséquence, il a été proposé de préparer à un stade ultérieur une communication analogue sur le contrôle des effluents ayant une forte demande biochimique en oxygène. La version amendée du document est jointe en annexe D au présent rapport. Le Groupe de travail a demandé au Secrétariat d'étudier la possibilité de publier le document aussitôt que possible dans une revue scientifique afin de lui assurer une large diffusion.

4. PRESENTATION DE DOCUMENTS SUPPLEMENTAIRES

4.1 Programme de lutte contre l'onchocercose en Afrique de l'Ouest

Monsieur D. Calamari a donné des informations au Groupe de travail sur le Programme OMS de lutte contre l'onchocercose (OCP) patronné par le PNUD, la FAO, la Banque Mondiale et l'OMS. A peu près 18 000 km de cours d'eau sont traités périodiquement avec des pesticides pour combattre les larves de simulie (Simulium damnosum), insecte qui est le vecteur de Onchocerca volvulus, responsable de l'onchocercose. Un Groupe écologique apporte une aide consultative au projet et un vaste programme de surveillance biologique, mis en route en 1975, vise à surveiller l'évolution des communautés aquatiques à la suite d'applications de pesticides.

Les activités de l'OCP qui intéressent l'environnement montrent la possibilité et l'utilité de la surveillance biologique des cours d'eau africains. Une formation convenable a été dispensée au personnel local et les compétences disponibles dans un certain nombre de pays de l'Afrique de l'Ouest sont maintenant suffisamment nombreuses pour permettre à d'autres pays de la région de bénéficier par la suite de la mise en place de leurs propres programmes de surveillance biologique.

Il a été décidé d'inclure un chapitre décrivant les activités de l'OCP dans la communication sur les bases scientifiques du contrôle de la pollution dans les eaux intérieures africaines, pour donner un exemple des recherches entreprises en Afrique sur la pollution aquatique (annexe D).

4.2 L'approche “évaluation des risques”

Monsieur D. Calamari a présenté cette question. Ces dernières années, il est clairement apparu que les épreuves traditionnelles de toxicité permettant d'établir des critères individuels de qualité des eaux pour chaque substance toxique ne suffisaient plus pour assurer un contrôle satisfaisant de la pollution des eaux. Cela, pour les raisons suivantes: il importe de protéger la totalité de l'environnement plutôt qu'un unique compartiment de celui-ci (eau, sol, air ou biote); l'énorme travail d'expérimentation nécessaire pour chaque substance, et le nombre toujours croissant de substances potentiellement dangereuses introduites dans l'environnement. La nouvelle stratégie actuellement envisagée en Europe et en Amérique du Nord consiste à évaluer les risques. Elle se fonde sur le principe qu'une substance ne peut avoir d'effet nocif, par exemple, sur les poissons que si (i) elle est toxique pour les poissons et (ii) elle est finalement entraînée dans l'eau, exposant ainsi les poissons à ses propriétés toxiques. Sur la base de quelques paramètres tels que les caractéristiques physico-chimiques d'un produit chimique donné et de données sur sa production et son émission, la répartition théorique dans les différents compartiments de l'environnement peut être prévue.

En utilisant un certain nombre de modèles relativement simples, il est également possible de calculer les concentrations prévisibles dans l'environnement, ainsi que la persistance, la dégradation chimique ou biologique, et l'accumulation possible de la substance en cause peut être évaluée et les résultats comparés avec les données sur sa toxicité existant dans la documentation publiée. Cette approche permet de procéder à une évaluation préliminaire des produits chimiques pénétrant dans l'environnement et de déterminer ceux qui ont le plus de chances de soulever des problèmes de pollution, sans qu'il soit nécessaire de procéder à des analyses chimiques ou à des épreuves de toxicité. Par la suite, seules les substances qui sont potentiellement dangereuses devront être soumises à des épreuves de toxicité et, dans certains cas, à des épreuves plus complexes, telles que des études sur les micro-écosystèmes, lorsque les données sur les doses potentielles d'exposition sont réellement préoccupantes.

Il a donc été suggéré que, dans les conditions les plus fréquemment rencontrées en Afrique où il est rare que l'on dispose de données écotoxicologiques de base, l'approche “évaluation des risques” soit appliquée pour identifier les contaminants les plus préoccupants de l'environnement. En conséquence, cette approche a été incluse dans la stratégie visant à définir les bases scientifiques du contrôle de la pollution dans les eaux intérieures africaines (annexe D).

5. PROGRAMMES DE RECHERCHE SUR LA POLLUTION AQUATIQUE PARRAINES PAR LE SYSTEME DES NATIONS UNIES

Dans le cadre du Programme PNUE pour les mers régionales, quatre Plans d'action intéressant des pays africains ont été signés, à savoir le Plan d'action pour la Méditerranée, le Plan d'action pour la mer Rouge et le golfe d'Aden, le Plan d'action pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, et le Plan d'action pour l'Afrique de l'Est. Trois de ces plans comprennent des projets de surveillance et de recherche sur la pollution marine, qui prévoient eux-mêmes des analyses des concentrations de métaux et de composés organochlorés dans les biotes, la surveillance de la pollution des plages et des eaux côtières par les hydrocarbures, et le contrôle de la qualité bactériologique des eaux où il est possible de se baigner. MED POL (Méditerranée) est opérationnel depuis 1975 et WACAF 2 (Afrique de l'Ouest et du Centre) depuis 1983, tandis que EAF 6 (Afrique de l'Est) est au stade de la planification. Quoique ces projets visent la pollution des eaux marines et côtières, les structures mises en place - qui comprennent des laboratoires d'analyse - dans un certain nombre de centres de recherche participants revêtent indubitablement beaucoup d'intérêt pour tous les projets de recherche sur la pollution qui pourraient être entrepris dans le cadre du CPCA. En outre, des programmes et projets intéressant les eaux douces sont actuellement exécutés par le système des Nations Unies: le programme ONCHO de l'OMS, déjà mentionné à la section 4, et le projet GEMS-eau de l'OMS/PNUE peuvent être donnés comme exemples.

6. PROPOSITIONS EN VUE D'ACTIVITES FUTURES

Le Groupe de travail a indiqué trois importants domaines d'activités futurs: (a) préparer des mises au point, (b) susciter des activités de recherche et (c) proposer des études pilotes à l'échelle régionale.

6.1 Préparation de mises au point

(a) Etude sur le contrôle de la pollution due à des agents organiques

Le document “Bases scientifiques du contrôle de la pollution dans les eaux intérieures africaines” traite principalement des substances toxiques. D'autres agents de pollution, tels que les matières organiques ayant une forte demande biologique et chimique en oxygène (DBO, DCO), les solides et les éléments nutritifs en suspension, doivent être examinés séparément et nécessitent une stratégie particulière. Le Groupe de travail est donc convenu de préparer une étude sur cette question.

(b) Rapports nationaux sur la pollution aquatique

Etant donné l'intérêt manifesté pour les deux rapports sur le degré actuel de pollution des eaux intérieures africaines, il serait utile de préparer des rapports analogues pour les pays qui n'ont pas encore été examinés. Le Groupe de travail a recommandé que les centres de liaison du CPCA et les experts scientifiques intéressés soient invités à préparer des rapports nationaux sur l'état de la pollution aquatique, sur le modèle du document occasionnel No 12 du CPCA. Lorsqu'un nombre suffisant de rapports de ce type sera disponible, on pourrait envisager la publication d'un troisième rapport sur les problèmes de pollution des eaux intérieures.

(c) Profils écotoxicologiques

Il est clairement apparu au cours des échanges de vues qu'il serait nécessaire de recueillir des données de base sur la toxicité et la persistance des pesticides les plus largement appliqués en Afrique. En conséquence, le Groupe de travail a recommandé que l'on s'efforce de préparer quelques profils écotoxicologiques de pesticides en vue de se rendre compte de l'utilité pratique de recueils de données de ce type.

6.2 Projets de recherche

(a) Surveillance biologique

La surveillance biologique, associée à des analyses chimiques de base, est une technique simple et utile d'évaluation du degré de pollution. En conséquence, le Groupe de travail a recommandé d'entreprendre des études comparatives sur la diversité de réactions des espèces (y compris les poissons) dans les lacs et cours d'eau. On dispose de données recueillies en Afrique (voir programme ONCHO), et des instituts et experts africains disposés à apporter une aide et organiser des activités de formation ont été identifiés par le Groupe de travail.

(b) Toxicité comparée

La toxicité des substances chimiques et des effluents peut être évaluée au moyen d'épreuves simples de toxicité aiguë. Il faudrait mettre en place un projet de petite envergure, utilisant Tilapia ou d'autres espèces locales, dans les buts suivants:

Un laboratoire possédant les moyens matériels voulus a déjà fait savoir qu'il serait intéressé par ce projet.

(c) Surveillance chimique

La surveillance des concentrations de pesticides et de métaux dans les poissons, les sédiments et autres parties de l'écosystème aquatique, est indispensable pour évaluer leurs effets et leur sort dans l'environnement. Les activités de ce genre pourraient être associées à une évaluation préliminaire de molécules fondée sur l'approche “Evaluation des risques”. Il a été vivement recommandé de s'efforcer de coopérer avec des instituts africains qui se sont déjà dotés des moyens matériels nécessaires pour effectuer des analyses de pesticides et de métaux lourds dans le cadre du projet FAO/PNUE de surveillance continue de la pollution dans l'environnement marin de l'Afrique de l'Ouest et du Centre (WACAF 2). Un projet analogue à WACAF 2 (EAF 6) sera mis en place sous peu en Afrique de l'Est.

6.3 Projets régionaux

(a) Projet sous-régional pour le lac Tanganyika

Du point de vue limnologique, le lac Tanganyika est un plan d'eau caractérisé par un faible degré de mélange et une évaporation extrêmement forte; il peut donc être considéré comme un “piège” à polluants et, par suite, comme un écosystème courant des risques très importants. En outre, on a commencé à rechercher du pétrole dans la zone du lac, ce qui pourrait contribuer aussi à la dégradation de l'environnement. La pêche est intensive et un programme d'aménagement et de développement des pêches de longue durée est actuellement envisagé dans le cadre des activités du Sous-Comité CPCA pour le lac Tanganyika. Des études limnologiques ont été effectuées par une équipe belge pendant les années soixante et par un projet FAO/PNUD au début des années soixante-dix. Les analyses des hydrocarbures chlorés dans les muscles des poissons ont fait apparaître, voici environ dix ans, des teneurs anormalement élevées en substances de ce type. Les types et quantités de pesticides appliqués ont peut-être changé après ce très long laps de temps. De fait, quelques recherches sont actuellement effectuées par les stations de Kigoma (Tanzanie), Kivu (Zaïre) et Bujumbura (Burundi); des résultats sont échangés, mais il n'y a pas de véritable coordination. Un projet de recherche est donc proposé pour évaluer les effets des polluants - en particulier des pesticides - sur les pêcheries, la bioaccumulation de produits chimiques xénobiotiques par les poissons et les risques possibles si ces poissons sont consommés par l'homme. Un deuxième objectif pourrait être l'évaluation des charges acceptables de polluants et l'adoption de réglementations communes par les pays riverains. Les grandes orientations du projet pourraient être les suivantes:

Une deuxième phase, expérimentale, pourrait comprendre les étapes suivantes:

(b) Séminaire sur les bases scientifiques du contrôle de la pollution aquatique

L'approche “Evaluation des risques” a été proposée en tant que méthode rapide d'évaluation préliminaire de substances toxiques potentiellement préjudiciables à l'environnement aquatique. Son application doit être progressive et associée à celle des critères traditionnels de qualité des eaux. En outre, le Groupe mixte d'experts OMI/FAO/Unesco/OMM/OMS/AIEA/ONU/PNUE sur les aspects scientifiques de la pollution marine (GESAMP) a récemment proposé d'utiliser, pour prévenir la pollution aquatique, l'approche “Capacité de l'environnement”. Elle est fondée sur le concept selon lequel chaque masse d'eau peut recevoir une certaine quantité de déchets ne produisant pas d'effets défavorables (pollution) sur l'environnement. Il a été démontré que cette capacité de réception de déchets est quantifiable. En vue de présenter ces nouveaux concepts et méthodes aux scientifiques et administrateurs chargés de contrôler la pollution aquatique et de vérifier l'applicabilité de ces approches en Afrique, le Groupe de travail a recommandé d'organiser des séminaires sur les bases scientifiques du contrôle de la pollution aquatique. Un minimum de deux séminaires de ce type (l'un en français et l'autre en anglais), d'une durée d'environ deux semaines, a été jugé nécessaire. Les activités devraient comprendre:

7. AUTRES QUESTIONS

7.1 Symposium sur la pollution aquatique

Pour faciliter à l'échelle régionale les échanges de résultats de recherches sur la pollution aquatique et, plus particulièrement, pour présenter les résultats des projets de recherche entrepris dans le cadre du programme de travail convenu, il a été jugé essentiel d'organiser périodiquement des réunions scientifiques. En conséquence, le Groupe de travail a proposé que le CPCA envisage de retenir le thème “Pollution aquatique - recherche et contrôle” pour un symposium à tenir conjointement avec l'une de ses sessions futures.

8. APPROBATION DU RAPPORT ET CLOTURE DE LA SESSION

Le Groupe de travail a examiné le projet de rapport de la session et il l'a amendé et approuvé en vue de sa présentation au CPCA. On a laissé au Secrétariat le soin d'apporter les modifications nécessaires à la mise en forme du document.

Les membres du Groupe de travail ont remercié le Sous-Directeur général de la FAO et le Représentant régional pour l'Afrique d'avoir accueilli la première session et ils se sont félicités de l'efficacité du personnel qui a aidé à l'organisation de la réunion. La clôture de la session a été prononcée par le Président, M. C. Biney, le vendredi 20 juin 1986 à 10 heures.


Début de page Page suivante