FAO/SMIAR: Rapport sur l'Afrique No.1 - avril 2005 p.4

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PREMIÈRE PARTIE: SITUATION PAR SOUS-RÉGION

CALENDRIER DES CULTURES CÉRÉALIÈRES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE

La récolte des céréales de la campagne 2004/05 est sur le point de commencer en Afrique australe. En Afrique de l’Est, les cultures de la campagne principale sont au stade de maturation en Tanzanie, tandis qu’ailleurs dans la sous-région, les semis de la campagne principale sont engagés, sauf en Érythrée, en Éthiopie et au Soudan, où ils ne devraient commencer que dans deux mois environ. En Afrique centrale et dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, les travaux d’ensemencement ont démarré, mais ils ne débuteront pas avant juin dans les pays du Sahel. Le calendrier des cultures céréalières pour l’Afrique subsaharienne figure ci-dessous.

Calendrier des cultures céréalières

Sous-régionCultures céréalières
SemisRécolte
Afrique de l’Est 1/mars-juinaoût-décembre
Afrique australeoctobre-décembreavril-juin
Afrique de l’Ouest  
- Zones côtières (première campagne)
(seconde campagne)
mars-avril
août-septembre
juillet-septembre
novembre-décembre
- Zone du Sahel juin-juilletoctobre-novembre
Afrique centrale 1/avril-juinaoût-décembre
1/  Hormis le Burundi, le Rwanda et la République démocratique du Congo qui ont deux campagnes principales, et la République-Unie de Tanzanie, dont la campagne principale suit le calendrier des semis de l’Afrique australe. Au Soudan, les semis des céréales secondaires se font en juin-juillet et la récolte d’octobre à décembre.

En Afrique de l’Est, des précipitations quasi-normales à inférieures à la normale sont prévues dans la plupart des endroits pendant la période allant de mars à mai, saison des pluies cruciale pour les zones équatoriales de la région. Dans l'ensemble, la sécurité alimentaire d'une partie importante de la population de la sous-région demeure extrêmement précaire.

En Érythrée, un temps sec de saison a régné de janvier à mars dans les grandes régions productrices de céréales. Les pluies Bahri (octobre-février), qui sont importantes pour le développement des cultures et des parcours dans les zones par ailleurs arides de la région de la mer Rouge et des escarpements, ont été insuffisantes.

La production céréalière de 2004 a été estimée par une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires à 85 000 tonnes environ, soit moins de la moitié du volume moyen des 12 années précédentes. Les besoins d'importations céréalières pour 2005 sont estimés à 422 000 tonnes, dont 80 000 tonnes environ devraient provenir d'importations commerciales.

Selon les estimations, 2,3 millions de personnes, soit environ les deux tiers de la population totale, aussi bien dans les zones urbaines que péri-urbaines, auront besoin d'une aide alimentaire en 2005. Selon des rapports récents, des taux de malnutrition aiguë de l'ordre de 20 à 29 pour cent ont été signalés en certains endroits de Gash Barka et d'Anseba. Les besoins d'aide alimentaire sont estimés à 342 000 tonnes, dont 104 000 tonnes étaient annoncées à la mi-mars. De nouvelles annonces de contributions sont nécessaires de toute urgence avant le début de la campagne de soudure en juin.

En Éthiopie, les semis de la campagne secondaire "belg" de 2005 ont démarré en plusieurs endroits après les faibles précipitations tombées à la fin février et au début mars. La récolte "belg" représente 8 à 10 pour cent environ de la production annuelle de céréales et de légumineuses, mais dans certaines zones, il s'agit de la récolte principale.

Une mission conjointe FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires qui s'est rendue dans le pays à la fin de l'année dernière a estimé la production de céréales et de légumineuses de la campagne "meher" de 2004 à 14,27 millions de tonnes, soit 24 pour cent de plus que les estimations révisées de l'année précédente et 21 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. Les pluies intensives, l'utilisation accrue d'engrais (en hausse de 20 pour cent) et la progression de 30 pour cent du recours aux semences améliorées, en particulier de maïs et de blé, ont stimulé les rendements dans les grandes régions productrices.

En dépit de la bonne récolte, quelque 2,2 millions de personnes exposées à l'insécurité alimentaire aiguë auront besoin d'une aide alimentaire d'urgence pour satisfaire leurs besoins alimentaires minimaux en 2005. En outre, quelque 683 000 personnes vivant dans la région de Somali et 250 000 personnes vivant dans la région de l'Afar, qui finiront par bénéficier du programme de protection sociale, nécessiteront une aide alimentaire d'urgence au premier semestre 2005. Au total, les besoins d'aide alimentaire d'urgence pour 2005 sont donc estimés à 387 500 tonnes, plus 89 000 tonnes au titre des distributions de compléments alimentaires destinées spécifiquement à 700 000 enfants de moins de cinq ans et à 300 000 femmes enceintes et mères allaitantes. Selon des rapports récents, la situation des disponibilités alimentaires s'est améliorée dans plusieurs des zones touchées par la sécheresse grâce à l'accroissement des annonces et des livraisons d'aide alimentaire d'urgence et au démarrage du programme de protection sociale fondé sur les activités productives (PPSAP) à la mi-février, six semaines plus tard que prévu. Une étude des disponibilités céréalières menée dernièrement par l'Agence suédoise pour le développement international, le Programme alimentaire mondial et la Délégation de la Commission européenne en Éthiopie a conclu que 355 000 tonnes de blé, de maïs et de sorgho étaient disponibles sur les marchés locaux et pourraient être achetés sans provoquer de hausses de prix significatives pour les consommateurs.

Au Kenya, la campagne agricole principale des "longues pluies" de 2005 a commencé. Selon les premières prévisions, la pluviosité devrait être proche de la normale ou supérieure à la normale dans le centre et le sud du pays, et proche de la normale ou inférieure à la normale dans la plupart du reste du pays. La récolte des céréales de la campagne secondaire des "petites pluies" de 2004/05, qui représente habituellement près de 15 pour cent de la production annuelle, est terminée et une récolte de maïs de 270 000 tonnes, volume inférieur à la moyenne, a été rentrée. Cette récolte est la principale source de nourriture en certains endroits des provinces du Centre et de l'Est. La récolte des céréales de la campagne principale des "longues pluies" de 2004, qui s'est poursuivie jusqu'à fin octobre, a été considérablement réduite par rapport à l'année précédente en raison des précipitations irrégulières. La production céréalière totale de 2004/05 est désormais estimée à 2,5 millions de tonnes environ, contre 3,1 millions de tonnes in 2003/04.

Les pénuries alimentaires sévissant dans certains districts d'agriculture marginale touchés par la sécheresse de la province de l'Est se sont atténuées grâce à l'amélioration relative de la récolte des petites pluies. Toutefois, dans les basses terres de Kitui, Makueni et dans la plupart des districts côtiers, la situation des disponibilités alimentaires reste grave. En outre, les pasteurs et les agro-pasteurs du district de Kajiado continuent de subir des pénuries alimentaires extrêmement graves malgré les averses éparses tombées en février. Du fait des précédentes mauvaises campagnes consécutives, un grand nombre de ménages sont très vulnérables et incapables de faire face aux pertes constantes de bétail et de moyens de subsistance.

En Somalie, la récolte céréalière de la campagne secondaire "deyr" qui vient d'être rentrée dans le sud est estimée à 122 000 tonnes, soit 21 pour cent de plus que la moyenne d'après-guerre. Normalement, la campagne deyr représente de 25 à 30 pour cent de la production céréalière annuelle; toutefois, cette année, elle a représenté environ 46 pour cent. La production céréalière totale pour 2004/05 est estimée à 264 000 tonnes environ, soit 7 pour cent de moins que la moyenne d'après-guerre. La situation des disponibilités vivrières s'est globalement améliorée en certains endroits du sud de la Somalie suite à la récolte "deyr" plus abondante. Toutefois, 500 000 personnes environ connaissent toujours de graves pénuries alimentaires et des taux de malnutrition élevés du fait de l'insécurité, des pertes élevées de bétail enregistrées précédemment, du mauvais état des parcours, du fort endettement des ménages et de l'immense pauvreté. Elles ont besoin sans délai d'une aide humanitaire, sous forme de transferts de ressources et de soutien aux moyens d'existence. L'Unité d'évaluation de la sécurité alimentaire (UESA) a révisé les chiffres concernant le déficit céréalier du pays, qui serait de l'ordre de 8 000 tonnes pour la campagne commerciale 2004/05 (août/juillet). Des renseignements et une analyse plus détaillés peuvent être consultés sur le site www.unsomalia.net qui se trouve sur la page web de l'UESA.

Le tsunami qui a récemment frappé l’Asie a aussi touché un certain nombre de peuplements en Somalie, sur 650 km de côtes entre le district de Hafun et la ville de Gara’ad dans la région du nord Mudug (État de Puntland). Les vagues auraient entraîné la mort de 100 à 300 personnes et le déplacement de 5 000 personnes. De très nombreux engins et matériel de pêche ont été perdus et des centaines de maisons détruites ou endommagées, tandis que les puits et réservoirs d’eau potable sont devenus inutilisables. Près de 30 000 personnes ont besoin de secours jusqu’au démarrage de la prochaine campagne de pêche à la fin 2005.

Au Soudan, la première semaine de janvier 2005 a suscité un certain optimisme, suite à la signature d’un accord de paix pour mettre fin au conflit dans le sud du Soudan. Depuis 1983, plus de 2 millions de personnes ont péri et 4 millions d’autres ont fui leur foyer. Un grand nombre de personnes devraient rentrer chez elles au cours des prochains mois, et les enjeux humanitaires seront énormes, tout comme les besoins de remise en état et de reconstruction de l’économie et de l’infrastructure dévastées. La persistance de la crise dans le Darfour, où les combats ont contraint plus de 2 millions de personnes à quitter leur foyer et leur ferme, pose également un immense défi humanitaire. Les rapports dressent un sombre tableau; le conflit englobe la quasi-totalité du Darfour, et les activités agricoles et les opérations humanitaires rencontrent donc de graves difficultés.

Des pénuries alimentaires toujours plus graves sont maintenant signalées en plusieurs endroits du pays. Les déplacements de population se sont intensifiés dans la région septentrionale de Bahr El Gazal, ce qui marque le début de divers problèmes complexes de réinstallation, tant pour les personnes rapatriées que pour les populations d'accueil.

En République-Unie de Tanzanie, la récolte de maïs de la campagne des courtes pluies devrait être moyenne dans la plus grande partie de Mara et de Mwanza et dans la région du lac Victoria, tandis que la production a été supérieure à la moyenne dans la région de Kagera. À mesure que des volumes plus important de maïs de la campagne des courtes pluies arrivent sur le marché, les prix moyens de gros de cette céréale dans la région, et en particulier à Mwanza, ont baissé, passant de 186 dollars EU. la tonne en décembre 2004 à 150 dollars EU la tonne en février 2005. La moisson s'étendra à toute la région du lac Victoria au cours du mois de mars, ce qui devrait encore faire reculer les prix.

Ailleurs, dans le nord de la Tanzanie, y compris Arusha, Manyara et certains endroits du Kilimandjaro, la récolte de maïs devrait être inférieure à la normale. La moisson a commencé dans ces régions et les prix moyens de gros ont reculé sur le principal marché à l'exportation de Himo, passant de 214 dollars EU la tonne en janvier à 182 dollars EU la tonne en février 2005. Les flux de maïs de la Tanzanie vers le Kenya devraient s'intensifier au troisième trimestre 2005. Les exportations de maïs officielles de la Tanzanie vers le Kenya ont été de l'ordre de 7 000 tonnes en février, contre 6 790 tonnes en janvier 2005.

Selon les prévisions météorologiques pour la campagne allant de mars à mai 2005, la pluviosité devrait être proche de la normale ou inférieure à la normale dans le sud et le sud-ouest du pays, tandis qu'elle serait proche de la normale ou supérieure à la normale dans le centre et le nord.

En Ouganda, les prévisions à moyen terme pour la période allant de mars à mai 2005 indiquent une pluviosité proche de la normale à inférieure à la normale dans la plupart du pays, tandis qu'une pluviosité proche de la normale à supérieure à la normale est attendue dans le sud-ouest du pays. La récolte des cultures vivrières de la deuxième campagne de 2004/05 est terminée. Cette récolte a amélioré la sécurité alimentaire grâce à la reconstitution des réserves des ménages et des disponibilités sur le marché. L’arrivée des récoltes sur les principaux marchés, y compris dans les régions touchées par le conflit, se déroule normalement. Toutefois, les prix sont relativement élevés du fait de l’insuffisance des cultures vivrières de la campagne principale de 2004 et doivent encore se réajuster en fonction de la récolte en cours.

Dans le nord de l'Ouganda, malgré une diminution des attaques de rebelles ces derniers mois, les troubles civils continuent de faire peser une grave menace sur la sécurité alimentaire de la population. La survie de plus de 1,4 million de personnes déplacées hébergées dans une centaine de camps protégés surpeuplés continue de dépendre de l’aide alimentaire du PAM. La sécurité alimentaire continue de se dégrader dans le Karamodja, où la population touchée par la sécheresse dépend de plus en plus des produits de la cueillette, émigrant vers les villes et vendant le bétail à bas prix. Le PAM connaît un déficit de 53 824 tonnes de denrées alimentaires, alors que le déficit de financement s'élève à 33 millions de dollars EU, montant nécessaire pour maintenir la filière alimentaire devant servir aux opérations de secours destinées aux PDI et aux réfugiés jusqu'en septembre.

En Afrique australe, les perspectives concernant les céréales secondaires de 2005, à récolter en avril-mai, sont pour l'instant contrastées, des résultats inférieurs à la normale étant attendus dans le sud de la sous-région, notamment en Namibie, au Botswana, au Lesotho, au Swaziland et au Zimbabwe, et normaux ou supérieurs à la normale dans le nord. En février, mois décisif pour la formation des grains de maïs, des pluies abondantes sont tombées en Angola, dans le nord de la Zambie, le nord du Malawi et le nord du Mozambique. En revanche, les vagues de sécheresse prolongée qui ont sévi dans le sud de la Zambie, le sud du Zimbabwe et le centre et le sud du Mozambique pourraient limiter les rendements en certains endroits. S'agissant de l'Afrique du Sud, qui est le plus gros producteur de la sous-région, les premières prévisions officielles concernant la récolte de maïs, principale denrée de base, s'établissent à 10,52 millions de tonnes, soit 11 pour cent de plus que la moyenne des cinq dernières années. Les récoltes céréalières réduites enregistrées en 2004 au Lesotho, au Swaziland et au Zimbabwe ont provoqué des pénuries alimentaires de divers degrés dans ces pays. Le PAM a lancé une intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR) à l’échelle régionale, d’une durée de trois ans, qui exigera 405 millions de dollars EU et 656 573 tonnes de produits alimentaires, en vue d’aider les populations victimes de l’insécurité alimentaire et du SIDA dans la sous-région.

En Angola, les cultures de la campagne principale ont bénéficié de précipitations normales à supérieures à la normale au début de la campagne agricole 2004/05. Toutefois, faute de pluies pendant la troisième décade de février dans le sud de l'Angola, une partie de la superficie sous maïs est vulnérable. Toutefois, dans la partie nord de la superficie consacrée au maïs (située au centre du pays), la progression est satisfaisante. Dans l'ensemble, les perspectives de récolte sont bonnes pour cette année. La récolte céréalière de 2004 est estimée à près de 724 000 tonnes, soit environ 9 pour cent de plus que l’an dernier ou encore 27 pour cent de plus que la moyenne des cinq années précédentes. Cela s'explique principalement par la progression des superficies cultivées, le temps clément, la réinstallation de nombreuses personnes déplacées à l'intérieur du pays et de réfugiés et la distribution à grande échelle d'intrants agricoles. Malgré ces bons résultats en 2004, les besoins d’importations céréalières du pays s’élèvent à près de 820 000 tonnes pour 2004/05, dont 642 000 tonnes devraient être obtenues par des voies commerciales et 178 000 tonnes au titre de l’aide alimentaire d’urgence.

Le pays doit relever plusieurs défis afin d’améliorer la production vivrière notamment en ce qui concerne l’accès aux actifs productifs (animaux de traction et engrais, par exemple) et la fourniture de services de vulgarisation agricole. La Banque mondiale a récemment approuvé une subvention de 21 millions de dollars EU pour l’Angola en vue de la mise en oeuvre du Projet de lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose.

L’économie angolaise, qui produit plus d’un million de barils de pétrole brut par jour, lesquels ont atteint le double du prix prévu sur le marché international en 2004, devrait redémarrer, le gouvernement prévoyant un taux de croissance de 16 pour cent en 2005. Paradoxalement, un grand nombre de personnes souffrent d’insécurité alimentaire dans le pays. Le PAM, grâce aux quantités limitées de vivres qu’il distribue, nourrit près de 850 000 personnes vulnérables, la plupart d’entre elles étant des personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI). Suite à l’amélioration de la sécurité, bon nombre de PDI et de réfugiés ont regagné leur région d’origine.

Au Botswana, les images satellite indiquent une croissance inférieure à la normale de la végétation/des cultures de la campagne principale dans la plus grande partie du pays, sauf à l’est, où des précipitations supérieures à la normale ont été enregistrées. Selon une déclaration du Ministère de l’agriculture, les superficies sous céréales (sorgho essentiellement) sont nettement moins importantes cette année en raison des pluies irrégulières et insuffisantes. Toutefois, la production céréalière du Botswana représente en règle générale 5 à 10 pour cent des besoins totaux du pays. Le reste est couvert par des importations commerciales. La production céréalière de 2004 (sorgho, essentiellement) se serait redressée par rapport à la récolte de l’an dernier qui avait été touchée par la sécheresse, pour s’établir à environ 19 000 tonnes, ce qui est un niveau plus normal. Le secteur de l'élevage du Botswana a été mis à mal par deux flambées épidémiques consécutives de fièvre aphteuse qui ont entraîné l’abattage de plus de 16 000 bêtes en 2002 et 2003 et la perte de l’accès aux marchés européens. Le secteur de l'élevage représente la deuxième source de devises du Botswana, après les diamants. L'an dernier, le gouvernement a dévoilé un plan visant à lutter contre cette maladie pour éventuellement l'éradiquer.

Au Lesotho, les précipitations éparses et dans l’ensemble insuffisantes suscitent des inquiétudes alors que le pays essaie de se relever de la sécheresse qui a sévi pendant plusieurs années. Malgré les pluies abondantes tombées en février, les précipitations cumulées pour la campagne en cours sont nettement inférieures à la normale. On signale une diminution considérable de la superficie ensemencée dans le sud du pays, du fait de manque d'humidité des sols. La situation des disponibilités alimentaires, en particulier en cette période de soudure, reste très tendue du fait d’une chute de 60 pour cent de la production céréalière en 2004 par rapport à l’année précédente. Bien qu’une bonne partie des besoins d’importations céréalières puisse être couverte par des circuits commerciaux, principalement en provenance de l’Afrique du Sud, l’insuffisance du pouvoir d’achat d’une section importante de la population crée un problème majeur d’insécurité alimentaire. Une mission conjointe FAO/PAM/Gouvernement d'évaluation des cultures à mi-parcours est en cours.

Les secours alimentaires nécessaires pour la campagne de commercialisation 2004/05 (avril/mars) ont été estimés à 48 500 tonnes de céréales, destinées aux populations les plus vulnérables touchées par les mauvaises récoltes et le VIH/SIDA. Le PAM a lancé en janvier 2005 une nouvelle Intervention prolongée de secours et de redressement (IPSR) à l’échelle régionale, à l'intention de 171 000 bénéficiaires en moyenne.

À Madagascar, les semis des cultures de la campagne principale (riz, maïs et sorgho) ont bénéficié de pluies normales ou supérieures à la normale au début de la campagne agricole 2004/05 en octobre-novembre. Des pluies abondantes sont tombées en décembre et janvier. Le temps a été en général sec en février, mois crucial pour la croissance des cultures (notamment le maïs), ce qui a compromis les potentiels de rendement pour cette campagne. À en juger par les images satellite, le nord et le centre de l'île ont bénéficié de précipitations favorables au cours de la première semaine de mars. Toutefois, de graves inondations ont été signalées le 8 mars dans la région orientale d'Alaotra et ont endommagé en partie le paddy sur pied. La superficie sous paddy aurait progressé du fait des cours élevés du riz en ce moment. Selon les estimations officielles, la production de paddy de 2004 s’établirait à 3 millions de tonnes, soit une hausse de quelque 8 pour cent par rapport à l’année précédente. La production de maïs a été estimée à 170 000 tonnes, niveau moyen qui marque une augmentation de 10 pour cent environ par rapport à la récolte de l’an dernier réduite du fait de la sécheresse. Les effets des cyclones en 2004, l’augmentation du coût des importations pétrolières et le fléchissement des prix des principales exportations du pays, telles que la vanille et la crevette, ont mis en difficulté les groupes vulnérables qui souffrent de graves problèmes d’insécurité alimentaire. Depuis avril 2004, les prix du riz ne cessent d’augmenter, ce qui devrait profiter aux agriculteurs qui disposent d’excédents commercialisables.

La rapide flambée des prix du riz (passés, par exemple, de 2 400 Fmg ou environ 0,25 dollar EU le kg en avril à près de 7 000 Fmg ou 0,74 dollar EU en décembre), due essentiellement à la hausse des cours mondiaux et à la dévaluation de la monnaie locale, a aggravé la situation de la sécurité alimentaire dans le pays. Les importations de riz ont nettement chuté cette année, provoquant une “crise du riz” dans le pays. En juin, l’Union européenne a alloué 70 millions d’euros au plus grand projet qu’elle ait jamais mené en Afrique, visant à remettre en état le principal axe routier nord-sud. En octobre, le FMI a annoncé que 16,6 millions de dollars EU seraient consacrés à la promotion de la croissance économique et la réduction de la pauvreté. Selon les rapports, plus de 75 pour cent des 16 millions d’habitants de Madagascar vivent en dessous du seuil de pauvreté, fixé à 1 dollar EU par jour.

Au Malawi, les précipitations cumulées depuis le début de la campagne agricole en cours qui a démarré en octobre 2004 ont été supérieures à la normale dans la plupart du pays. Toutefois, les rapports signalent que des épisodes de sécheresse importants dans le sud du pays endommagent gravement les cultures. Ailleurs, la croissance des cultures est en général jugée satisfaisante. Les approvisionnements alimentaires du pays se font sans difficulté et à relativement bas prix, les échanges transfrontaliers avec les pays voisins, en particulier le Mozambique, ne faisant l'objet d'aucune restriction. Sur la plupart des marchés, les prix de 2004 ont été sans exception plus élevés que les prix subventionnés par l’ADMARC à la même période en 2003. Toutefois, les cours actuels du maïs sont inférieurs à ceux appliqués en 2001. Les prix du maïs se sont stabilisés à 17-20 MK le kg par suite du flux régulier des importations transfrontalières en provenance du Mozambique voisin.

Le Comité d’évaluation de la vulnérabilité (VAC) a estimé qu’environ 1,3 million de personnes vulnérables, y compris celles dont les cultures n’ont rien donné et celles gravement touchées par le VIH/SIDA, auraient besoin d’une aide alimentaire d’urgence de l’ordre de 56 000 tonnes de céréales pendant la présente campagne commerciale 2004/05 (avril/mars).

À Maurice, la production intérieure de céréales s’élève à moins de 1 pour cent de la totalité des besoins de céréales; par conséquent, le pays importe, par des voies commerciales, la quasi-totalité des céréales nécessaires à sa consommation. La canne à sucre couvre environ 90 pour cent des terres cultivées et représente 25 pour cent des recettes d’exportation du pays.

La perspective de perdre l'accès préférentiel aux marchés des États-Unis et de l'Europe en 2007 devrait avoir des répercussions néfastes sur les secteurs du sucre et du textile, qui sont deux sources de revenus importantes pour le pays. Selon le centre d'information de l'Economist, Maurice enregistre depuis trois ans un taux de chômage relativement élevé (plus de 10 pour cent), soit près de deux fois plus que la moyenne de 2000 (5,9 pour cent).

Au Mozambique, les conditions météorologiques ont été jusqu'à présent mitigées pour la campagne en cours, avec des pluies abondantes dans le centre et le nord et inégales dans le sud. À la fin janvier, les pluies abondantes tombées localement et en Zambie voisine, ont fait débordé les fleuves Zambèze et Pungue, ce qui a affecté 7 districts du centre du Mozambique. On s'attend à ce que le maïs et le sorgho, cultures vivrières de base, et la canne à sucre, culture de rapport, aient subi quelques dégâts. L'insuffisance des réserves d'humidité est plus aiguë que d'habitude dans le sud du Mozambique, du fait des conditions proches de la sécheresse dans le bassin inférieur du Limpopo et aux alentours. Malgré les inondations et la sécheresse, si la croissance des cultures généralement satisfaisante se poursuit dans le reste du pays, les perspectives concernant la campagne principale 2004/05 devraient être favorables.

Dans l’ensemble, la situation de la sécurité alimentaire du pays est bonne. Selon les rapports du SIMA/MADER, les prix de détail du maïs sont stables sur la plupart des marchés et restent inférieurs actuellement aux prix pratiqués ces deux dernières années pendant les mêmes mois. L’analyse de la vulnérabilité a montré en avril 2004 que près de 187 000 personnes auraient besoin de 49 000 tonnes de secours alimentaires pendant la campagne commerciale 2004/05 suite aux inondations et aux sécheresses enregistrées les années précédentes et pour faire face au problème du VIH/SIDA. Depuis lors, la situation de la sécurité alimentaire s’est améliorée grâce aux bons résultats agricoles de la deuxième campagne.

En Namibie, selon l’Unité nationale d’alerte rapide et d’information sur l’alimentation (NEWFIU), la campagne agricole de 2004/05 a subi des retards et le temps sec qui a prévalu dans l’ensemble du pays a compromis les perspectives de bonnes récoltes. Les rapports indiquent également que pratiquement tous les agriculteurs de Caprivi, dans l’est du pays, ont bénéficié d’un programme de distribution d’urgence de semences au début de la campagne. Les agriculteurs ont aussi bénéficié du micro-projet mis en place par le gouvernement en vue d’améliorer la productivité et de mettre en oeuvre un programme élargi destiné à augmenter la puissance de traction, dans le cadre duquel sont fournis du matériel et des accessoires de labourage. En 2004, malgré les pluies abondantes et les inondations qui ont touché les provinces de Caprivi et Kavago, la NEWFIU a estimé la production céréalière totale à 131 000 tonnes, soit 30 pour cent de plus que la production supérieure à la moyenne de l’année précédente. Compte tenu du niveau de consommation habituel, cette hausse de la production a entraîné des besoins d’importations céréalières de près de 150 000 tonnes, à couvrir essentiellement par des circuits commerciaux.

En Afrique du Sud, les pluies ayant été inférieures à la normale et irrégulières, la campagne agricole 2004/05 n’a pas très bien commencé. Toutefois, des précipitations abondantes en décembre, à la fin janvier et à la mi-février ont atténué la situation dans le triangle du maïs, dans le nord-est du pays. La province du Cap occidental est touchée par la sécheresse pour la troisième année consécutive. À l’échelon national, les semis de maïs de la campagne en cours couvriraient, selon les estimations, 3 millions d’hectares environ, soit une superficie plus ou moins inchangée par rapport à l’année précédente. Selon les premières estimations officielles pour 2005, la production de maïs s’établirait à 10,5 millions de tonnes, soit 8 pour cent de plus que l’an dernier.

Selon l’estimation officielle définitive de la récolte de blé d’hiver rentrée en octobre-novembre 2004, la production, qui s’élèverait à 1,7 million de tonnes, serait en hausse de près de 10 pour cent par rapport à l’année précédente. Par conséquent, les besoins d’importations en blé pour l’année seraient de l’ordre d’un million de tonnes. Le Comité d’estimation des récoltes (CEC) a révisé à la hausse sa dernière estimation de la récolte de maïs de 2004, laquelle s’établirait à 9,7 millions de tonnes. Malgré la sécheresse qui a sévi dans le pays et dont on a beaucoup parlé, la production se situe pratiquement au même niveau que l’année précédente, et est même légèrement supérieure à la moyenne des cinq dernières années.

Comme l'on craignait une grave sécheresse dans le pays en 2004, les cours SAFEX du maïs blanc avaient flambé, passant à 216 dollars EU la tonne au début de février 2004, mais ils se situent maintenant en dessous de 100 dollars EU la tonne (leur plus bas niveau depuis 2001), à la suite de l’amélioration de la production agricole au niveau local et international et d’une chute considérable des cours mondiaux du maïs.

Au Swaziland, les semis et la croissance des cultures de la campagne principale ont été entravés par les précipitations peu abondantes et mal réparties depuis le début de la campagne en octobre 2004. Les pluies de courte durée mais abondantes tombées en décembre-janvier n'ont guère changé la situation. Selon l’Équipe spéciale nationale chargée de la gestion des catastrophes, les cultures de maïs auraient été endommagées par une averse de grêle le 23 janvier. Par conséquent, les perspectives de récolte sont peu favorables dans l'ensemble. La situation de la sécurité alimentaire est précaire par suite d’une sécheresse qui a entraîné une réduction de 30 pour cent de la récolte de céréales de la campagne principale de 2004 par rapport à la moyenne des cinq années précédentes. Avec un taux d’autosuffisance pour les céréales d’un tiers environ seulement, la population swazi dépend essentiellement des importations vivrières.

En Zambie, les semis des principales cultures de la campagne en cours ont été retardés en certains endroits en raison de l’arrivée tardive des pluies. Celles-ci ont repris depuis décembre, la partie nord du pays bénéficiant de précipitations favorables. Une baisse des rendements est attendue dans le sud du pays, où une pluviosité inférieure à la moyenne et des épisodes de sécheresse durant près de deux semaines ont été enregistrés. Les perspectives globales concernant les cultures d'été sont mauvaises. Comme l’an dernier, le programme de subvention des engrais et des semences mis en place par le gouvernement à l’intention de certains agriculteurs a également été appliqué. Après deux bonnes récoltes consécutives, on constate que les prix du maïs sont inférieurs à la moyenne sur dix ans (FEWSNET).

La production céréalière de 2004, estimée à 1,37 million de tonnes, a enregistré une progression de 1 pour cent par rapport à la récolte exceptionnelle de 2003 et de près de 23 pour cent par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Compte tenu de l'utilisation intérieure totale et de l’importance des stocks de report, les excédents exportables atteindraient 150 000 tonnes environ pour la campagne commerciale 2004/05. Selon le Ministère de l'agriculture et des coopératives, la superficie consacrée au manioc mature a progressé de 47 pour cent, passant de 140 251 hectares en 2002/03 à 206 051 hectares en 2003/04, d'où une augmentation de 46 pour cent de la production, qui s'établit à environ 1,4 million de tonnes (poids frais). La situation de la sécurité alimentaire dans le pays est relativement bonne. Compte tenu des excédents de maïs reportés des deux dernières campagnes, le PAM a l’intention d’acheter localement 80 000 tonnes de maïs en 2005 pour ses opérations nationales et régionales.

Au Zimbabwe, les semis des principales cultures ont été retardés pendant la campagne agricole en cours, les précipitations ayant été irrégulières au début de la saison des pluies. La plupart des régions ont bénéficié de bonnes précipitations en décembre et fin janvier. Toutefois, après les deux semaines de sécheresse qui ont sévi dans la quasi-totalité du pays pendant le mois crucial de février, les rendements des cultures devraient être gravement compromis. La pénurie de fumure de couverture devrait entraver encore plus la productivité déjà faible. À en juger par les dernières images satellite, le couvert végétal est inférieur à la normale dans l’ensemble du pays, mis à part dans certains districts du nord qui ont bénéficié d’une amélioration des précipitations. Les agriculteurs auraient aussi souffert de pénuries de carburant et de pièces détachées et d’une puissance de traction insuffisante. De ce fait, comme l'an dernier, les perspectives globales concernant les cultures de la campagne en cours sont mauvaises.

Selon les rapports, les achats locaux de maïs par l’Office national de commercialisation des céréales (GMB) ont été beaucoup moins élevés que prévus. À la mi-décembre 2004, les prix du maïs sur le marché parallèle variaient entre 830 dollars zimbabwéens le kilo dans les régions excédentaires (principalement la partie centre-nord du pays) et 2 225 dollars zimbabwéens le kilo dans les régions périphériques à déficit. Ces prix ont flambé, passant de 280 dollars zimbabwéens le kilo en moyenne à 560 dollars zimbabwéens le kilo pendant la période post-récolte en avril. La persistance de l’inflation galopante, estimée à un taux annuel de 149 pour cent en novembre 2004 (bien que n’ayant cessé de fléchir depuis début 2004 où il atteignait près de 600 pour cent), associée à des taux très élevés de chômage, limite considérablement l’accès à la nourriture des catégories de population les plus vulnérables. Selon le Comité d’évaluation de la vulnérabilité (VAC), environ 2,3 millions de personnes en zones rurales – et peut-être autant dans les villes - ne peuvent pas satisfaire à leurs besoins alimentaires.

En Afrique de l'Ouest, il règne un temps sec de saison; dans le Sahel, la campagne de croissance de 2004 a été marquée par de graves infestations de criquets pèlerins qui, conjuguées aux précipitations insuffisantes, ont provoqué d'importants dégâts localisés aux cultures et aux pâturages, notamment dans les zones septentrionales de la plupart des pays. Les catégories pastorales et agro-pastorales ont été les plus durement touchées. Les prix du mil auraient considérablement grimpé dans les zones touchées, ce qui limitera l'accès des ménages vulnérables à cette denrée de base. Toutefois, la production agricole globale des neuf pays du Sahel est estimée proche de la moyenne des cinq dernières années. En revanche, les conditions de végétation ont été dans l'ensemble favorables dans les pays riverains du golfe de Guinée, où la récolte de la deuxième campagne de maïs 2004/05 est terminée. En Côte d’Ivoire, la sécurité alimentaire de nombreux ménages continue d'être entravée par le conflit persistant, tandis que le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée restent fortement tributaires de l'aide internationale, en raison du grand nombre de PDI et de réfugiés.

Au Burkina Faso, une mission conjointe FAO/CILSS d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires a estimé la production céréalière de 2004 à 3,06 millions de tonnes, soit quelque 14 pour cent de moins que la récolte record rentrée en 2003 mais toujours plus que la moyenne des cinq années précédentes. La production de sorgho, principale culture céréalière, a diminué de 8 pour cent pour passer à 1,48 million de tonnes. Celles de mil et de maïs ont reculé de 26 pour cent et de 11 pour cent respectivement, tombant à 881 000 tonnes et 594 400 tonnes. La production de fonio a augmenté de quelque 22 pour cent, s’établissant à près de 11 000 tonnes. Le temps sec et l’infestation de criquets pèlerins ont causé des dégâts considérables aux cultures et aux pâturages au nord, à proximité de la frontière avec le Mali. La province de Oudalan a été la plus durement touchée, avec des pertes estimées à près de 100 pour cent pour le mil et à 80 pour cent pour les parcours. Dans le nord, quelque 98 villages seraient vulnérables, tandis que dans le centre-nord, les estimations établissent le recul de la production entre 30 et 50 pour cent. Bien que les disponibilités alimentaires nationales n’aient pas vraiment souffert de la baisse de la production dans le nord, les prix des céréales ont fortement augmenté dans les localités touchées par la sécheresse et les criquets pèlerins. Le gouvernement a organisé des distributions de céréales dans les communautés touchées, ce qui a contribué à freiner la hausse des prix et à améliorer l’accès à la nourriture.

Au Cap-Vert, la campagne de végétation de 2004 a été mauvaise du fait des précipitations tardives et irrégulières, auxquelles se sont ajoutées des infestations de criquets pèlerins. Une mission FAO/CILSS a estimé la production de maïs à quelque 4 042 tonnes, volume qui représente seulement un tiers de la production de l’an dernier et est proche des récoltes médiocres rentrées en 1997 et 1998. La production de haricots et de pommes de terre a aussi été inférieure à la normale. Bien que même les bonnes années, le pays importe le gros des céréales nécessaires à sa consommation, la population rurale, en particulier dans les zones semi-arides, pourrait être durement touchée par le déficit de production.

Au Tchad, une mission conjointe FAO/CILSS/FEWSNET qui s'est rendue dans le pays en octobre dernier a estimé la production céréalière de 2004 à 1,038 million de tonnes, soit environ un tiers de moins que la bonne production de l’an dernier. Selon les estimations, la production de sorgho et de mil, qui sont les principales cultures, aurait baissé de 30 pour cent et de 43 pour cent respectivement, passant à 0,4 million de tonnes et 0,3 million de tonnes. Ce recul de la production s’explique essentiellement par l’insuffisance des précipitations en septembre en certains endroits de la zone sahélienne. Les pertes dues à l’infestation de criquets pèlerins ne sont pas significatives.

À la fin février, on estimait que 213 314 Soudanais étaient réfugiés dans l’est du Tchad. Des estimations plus précises seront disponibles une fois achevé le recensement actuellement effectué conjointement par le PAM, le HCR et leurs partenaires. Le PAM a mis au point la nouvelle phase de l’opération d’urgence 10327.0 pour la période allant de juillet 2005 à décembre 2006, laquelle nécessitera 92 000 tonnes de produits alimentaires, pour un coût total estimatif d’environ 82 millions de dollars EU

En Côte d’Ivoire, les difficultés suscitées par le conflit, notamment les pénuries de main-d'oeuvre suite aux déplacements de population, l'absence de services de soutien à l'agriculture en certains endroits du pays, la segmentation du marché, les perturbations dues à l'insécurité et les coûts de transport excessifs du fait des lourdes taxes prélevées aux barrages routiers, continuent d'entraver la production agricole et les activités commerciales dans le pays. En outre, les cultures ont souffert en 2004 de l'insuffisance des pluies dans les régions septentrionales, ce qui a empêché un redressement significatif de la production agricole malgré l'amélioration des distributions d'intrants agricoles. Selon une évaluation des récoltes effectuée conjointement par le gouvernement, la FAO et le PAM en février 2005, la production céréalière (riz, maïs, mil et sorgho) de 2004 s'établirait à environ 1,57 million de tonnes, soit un peu plus qu'en 2003 mais toujours 7 pour cent en dessous de la moyenne des cinq années précédant la crise. Cela s'explique essentiellement par les pénuries d'intrants et le temps sec qui a nui aux cultures céréalières dans le nord. En revanche, la production totale de racines/tubercules et de bananes/plantains, cultivés principalement dans le centre et le sud, a été estimée à environ 5,9 millions de tonnes, volume proche de la moyenne des cinq années précédant la crise. La production vivrière a été satisfaisante dans le sud mais reste inférieure à la moyenne dans le nord et dans l'ouest.

Malgré une faible production agricole depuis 2002, la situation des approvisionnements alimentaires reste dans l’ensemble adéquate et l’inflation modérée, principalement grâce aux importations vivrières soutenues dans la partie sud sous le contrôle du gouvernement et aux échanges transfrontaliers avec le Burkina Faso et le Mali dans la partie nord aux mains des rebelles. Toutefois, la sécurité alimentaire de nombreux ménages reste perturbée par le bouleversement de leurs moyens de subsistance, notamment dans l'ouest du pays. En outre, le marché restant défavorable, les pertes de revenus sont tout particulièrement significatives pour les petits exploitants qui produisent des cultures de rapport. Selon les estimations, la production de coton en 2004/05 aurait augmenté pour passer à près de 400 000 tonnes, contre 180 000 tonnes l’année précédente, principalement du fait de l'amélioration de la distribution d’intrants aux producteurs de coton, mais la commercialisation de ce produit reste incertaine.

En Gambie, une mission conjointe FAO/CILSS qui s’est rendue dans le pays en octobre a estimé la production céréalière de 2004 à 239 000 tonnes, niveau record qui marque une hausse d’environ 12 pour cent par rapport à la bonne récolte de l’an dernier et se situe bien au-dessus de la moyenne des cinq années précédentes. Malgré les infestations de sauteriaux, de méloïdés et de striga signalées dans plusieurs régions, les dégâts aux cultures ont été généralement limités. En dépit de la récente infestation acridienne, la situation des disponibilités alimentaires devrait être satisfaisante cette année du fait de la récolte exceptionnelle, notamment des bons résultats concernant les arachides. Avec l’arrivée des nouvelles récoltes sur les marchés, les prix des céréales secondaires ont baissé.

En Guinée, la récolte de paddy de 2004 est terminée et la production devrait être identique à celle de l’année précédente. Le rapatriement des Sierra-léoniens réfugiés en Guinée s’est terminé fin juillet. Environ 12 170 personnes ont été rapatriées en 2004, portant à environ 56 000 le nombre de réfugiés qui ont été rapatriés depuis le début de l’opération en octobre 2001. Le retour de la paix en Sierra Leone a entraîné une diminution du nombre de réfugiés en Guinée, laquelle en accueille néanmoins toujours un grand nombre. Selon le recensement effectué par le PAM en juin 2004, 80 806 réfugiés vivent toujours dans le pays (dont 73 840 originaires du Libéria, quelque 3 980 de la Côte d’Ivoire et plus de 1 830 de la Sierra Leone), en sus de près de 80 000 PDI et de plus de 100 000 personnes rapatriées de Côte d’Ivoire en 2002.

En Guinée-Bissau, une mission FAO/CILSS d’évaluation des récoltes a estimé la production céréalière totale de 2004 à quelque 208 000 tonnes, soit 72 pour cent de plus que le niveau de l’an dernier. Le riz, qui est la principale culture, aurait progressé de 92 pour cent, passant à 127 000 tonnes environ. Les importations commerciales en 2004/05 (novembre/octobre) devraient s’élever à 30 000 tonnes de riz et 15 000 tonnes de blé. Les marchés vivriers étant bien approvisionnés, les prix des céréales sont inférieurs à ceux pratiqués à la même époque l’an dernier.

La période de soudure a été particulièrement difficile en Guinée-Bissau en 2004 du fait de la forte hausse des prix du riz dans le pays, due essentiellement au recul des importations commerciales après le relèvement des cours mondiaux. La faiblesse des prix à la production de la noix de cajou, qui est la principale exportation du pays, a restreint encore davantage l’accès la nourriture, notamment des agriculteurs vivant dans les régions à déficit vivrier structurel de Pirada et de Pitche à l’est, et de Biombo et de Cacheu au nord. La consommation de céréales par habitant devrait se redresser considérablement en 2004/05 par rapport au faible niveau de l’an dernier. Toutefois, la récente invasion de criquets pèlerins pourrait compromettre la production de noix de cajou, qui est la principale source de revenus des agriculteurs.

Au Libéria, la récolte du paddy de 2004 est terminée. En dépit de l’insécurité qui a empêché de nombreux agriculteurs de procéder aux cultures, la production agricole devrait quelque peu se redresser par rapport au très bas niveau de l’an dernier, du fait du retour de nombreuses personnes déplacées avec la fin de la guerre civile. Selon les estimations, la production de paddy de 2004/05 atteindrait 159 600 tonnes, contre 110 000 tonnes en 2003/04.

Depuis le 1er octobre 2004, le HCR a organisé le rapatriement de plus de 8 000 réfugiés libériens sur les 300 000 éparpillés à travers l’Afrique de l’Ouest. Le programme de désarmement des Nations Unies s’est achevé officiellement le 31 octobre, comme prévu. Au 6 novembre 2004, plus de 96 325 ex-combattants avaient rendu les armes et quelque 85 240 ont été démobilisés depuis décembre 2003. À la suite de l'amélioration de la sécurité, le PAM a élargi ses activités à 10 des 15 comtés du pays. En 2004, le PAM a distribué en moyenne 8 000 tonnes de produits alimentaires par mois à l'intention de 650 000 bénéficiaires. Dans le cadre de l’IPSR en cours, le PAM estime que près d’un tiers de la population libérienne pourrait avoir besoin d’une aide alimentaire. Par conséquent, le PAM prévoit de nourrir en moyenne 750 000 personnes entre janvier et juin 2005. Toutefois, il fait face à un sérieux manque de ressources et est contraint de distribuer des rations réduites.

Suite à une forte hausse des prix du riz dans le pays, qui tient au relèvement des cours mondiaux, le gouvernement a constitué un comité spécial chargé de recommander des solutions permettant de ramener les prix à la baisse et de stabiliser le marché. La vente à prix subventionné d’environ 33 000 tonnes de riz provenant d’un don de la Chine a commencé en février.

Un temps sec de saison règne au Mali. La production céréalière totale de 2004 a été estimée à 2,99 millions de tonnes environ, soit 12 pour cent de moins que la récolte record rentrée en 2003 mais quelque 8 pour cent au-dessus de la moyenne des cinq années précédentes. Ce résultat est dû à la sécheresse et aux infestations de criquets pèlerins qui ont causé de graves dégâts aux cultures et aux parcours dans le nord et le long de la frontière avec la Mauritanie. Bien que les approvisionnements alimentaires n'aient pas été touchés de manière significative au niveau national et que l'on s'attende à ce que la production intérieure couvre la quasi-totalité des besoins d'utilisation céréalière du pays, les prix des céréales ont grimpé dans les localités affectées par la sécheresse et les infestations de criquets pèlerins. Selon le gouvernement, plus d'un million de personnes auront besoin d'une aide alimentaire cette année, notamment à Mopti, Tombouctou et Gao.

En Mauritanie, lasituation des approvisionnements vivriers reste critique. Une mission conjointe FAO/PAM/CILSS d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires qui s’est rendue dans le pays en octobre dernier a estimé la production céréalière de 2004 à quelque 101 192 tonnes, soit une baisse d’environ 44 pour cent par rapport à 2003 et 36 pour cent de moins que la moyenne des cinq dernières années. Ce recul s’explique par la sécheresse et les infestations généralisées de criquets pèlerins qui ont causé de graves dégâts aux cultures et aux pâturages dans tout le pays. Les cultures diéri (pluviales), qui représentent normalement approximativement 30 pour cent de la récolte céréalière totale du pays, ont été gravement touchées par les acridiens et la sécheresse. Les pertes de mil, de sorgho précoce et de légumineuses étaient pratiquement totales dans les zones inspectées par la mission. La mission a estimé que 30 pour cent de la production de riz dans le secteur de l’irrigation à grande échelle – qui représente plus de 90 pour cent de la production rizicole et 50 pour cent de la production intérieure de céréales ces dernières années – ont été ravagés par les criquets pèlerins, mais les pertes pourraient être beaucoup plus importantes si les essaims étaient encore présents au stade de formation des grains. Les pâturages ont été durement touchés et la migration des troupeaux vers le sud a commencé de manière précoce. Le pays a déjà connu plusieurs années de sécheresse et de mauvaises récoltes, et les Mauritaniens ont épuisé les possibilités de faire face à cette situation. L’accès à la nourriture est difficile pour des milliers de ménages ruraux et la situation s’aggravera si des mesures appropriées ne sont pas prises pour aider les communautés touchées. Le pays pourrait replonger dans une crise alimentaire analogue à celle qu’il a connue en 2002/03.

Au Niger, il règne également un temps sec de saison. La fin précoce des pluies pendant la période de végétation de 2004 a compromis les cultures céréalières et les pâturages et contribué à l’invasion des superficies cultivées par les criquets pèlerins. Dans la région de Tahoua, sur 205 villages, environ 125 ont signalé des dégâts aux cultures dus aux acridiens. La mission conjointe FAO/CILSS/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires a estimé la production céréalière de 2004 à 3,14 millions de tonnes, ce qui représente une baisse de 12 pour cent par rapport à la bonne récolte de l’an dernier, mais est proche de la moyenne des cinq années précédentes. Toutefois, du fait de la chute de la production céréalière, on estime que quelque 3 millions de personnes dans 3 000 villages pourraient connaître des pénuries alimentaires. Suite à la flambée des prix des céréales dans les localités touchées par la sécheresse et les criquets pèlerins, le gouvernement a annoncé à la mi-février qu'il mettrait en vente 67 000 tonnes de céréales provenant de ses stocks vivriers afin d'améliorer l'accès à la nourriture.

Au Sénégal, une mission FAO/CILSS/PAM d’évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires a estimé la production céréalière de 2004 à quelque 1 132 700 tonnes, ce qui représente une baisse de 22 pour cent par rapport à la récolte record de 2003 (environ 1,4 million de tonnes) mais est proche de la moyenne sur cinq ans. La production de mil, qui est importante, aurait baissé de 40 pour cent, passant à quelque 379 166 tonnes, tandis que celle de sorgho a reculé de 30 pour cent par rapport à l’année précédente. Ce recul s’explique par la pluviosité insuffisante, associée aux graves infestations de criquets pèlerins en plusieurs endroits du nord et du centre, notamment dans les régions de Matam, Saint-Louis, Thiès, Diourbel et Louga. En revanche, la production d’arachides, principale culture de rapport, a progressé de 28 pour cent du fait du remplacement du mil et du sorgho par cette culture et de la reconduite de plusieurs programmes menés par le gouvernement en faveur de l’agriculture, notamment la subvention des semences de maïs et d’arachides et des engrais. En outre, les principales zones productrices d’arachides ont été épargnées par les criquets pèlerins et ont bénéficié d’une pluviosité adéquate.

Les prix du mil ont grimpé fortement dans les régions touchées. Les besoins d’importations céréalières, estimés à 952 000 tonnes, (principalement blé et riz) devraient être couverts par des circuits commerciaux, mais les prix du mil devraient néanmoins rester élevés. Outre l’aide alimentaire destinée aux populations les plus touchées, de nombreuses familles d’agriculteurs auront besoin de semences et d’autres intrants pour les cultures de contre-saison, voire pour la prochaine campagne principale. Les catégories pastorales et semi-pastorales ont été particulièrement durement touchées. Les ressources en pâturages et en eau étant rares, la migration des troupeaux vers le sud a commencé de manière précoce. Une aide est nécessaire pour établir des couloirs de passage sûrs pour le bétail et pour vacciner les animaux en route pour les parcours du sud.

En Sierra Leone, la récolte de paddy de 2004 est terminée. La production devrait encore augmenter cette année, du fait de l’amélioration de la sécurité, de la progression de la superficie ensemencée à la suite du retour des réfugiés et des agriculteurs auparavant déplacés, ainsi que des meilleures disponibilités d’intrants agricoles.

Sur le plan de la sécurité, la situation reste calme. Le rapatriement des Sierra-léoniens réfugiés en Guinée s’est achevé à la fin juillet. Environ 12 170 personnes ont été rapatriées en 2004, portant à environ 56 000 le nombre de réfugiés rapatriés depuis le début de l’opération en octobre 2001. On estime en outre qu’un million de personnes déplacées à l’intérieur du pays ont été réinstallées. Toutefois, 65 000 réfugiés libériens vivent toujours dans le pays.

Au Togo, les préparatifs des sols pour la première récolte de maïs sont en cours dans le sud. Les semis commenceront dès l’arrivée des pluies, normalement en mars-avril. La production céréalière totale de 2004 a été estimée à 879 700 tonnes, chiffre record en hausse de quelque 18 pour cent par rapport à la moyenne. Par conséquent, les importations céréalières pour la campagne commerciale 2005 devraient reculer, passant à 165 000 tonnes environ, y compris les réexportations.

En Afrique centrale, les troubles civils et l'insécurité continuent de saper la sécurité alimentaire de plusieurs pays.

Au Cameroun, la production intérieure de céréales aurait, de sources officielles, considérablement augmenté en 2004. Toutefois, dans les régions septentrionales situées dans la zone soudano-sahélienne, des épisodes de sécheresse et la mauvaise répartition des précipitations pendant la campagne de végétation ont entraîné un fort recul de la production. On signale des prix élevés dans ces régions en raison des faibles disponibilités céréalières.

En République centrafricaine, la récolte des céréales de 2004 est terminée. La production devrait se redresser quelque peu, suite à l’amélioration de la sécurité par rapport à 2003 et à l’accroissement des superficies ensemencées grâce à la distribution d’intrants agricoles, avec l’aide de la FAO, aux communautés qui ont souffert de la rébellion de 2003.

L’inflation, qui était estimée à 7 pour cent en 2003 du fait de la montée des prix des denrées alimentaires suite aux perturbations des transports, a ralenti en 2004 grâce à l’amélioration de la sécurité alimentaire. Elle devrait rester stable en 2005, ce qui devrait améliorer l’accès à la nourriture dans le pays. La plupart des 230 000 PDI ont regagné leurs foyers, mais on estime que 41 000 réfugiés originaires de République centrafricaine vivent encore au Tchad.

En République du Congo, la production céréalière intérieure couvre environ 3 pour cent de la totalité des besoins; le solde est importé, principalement par des voies commerciales. Les besoins d'importations céréalières (blé et riz principalement) pour 2005 sont estimés à quelque 268 000 tonnes, niveau pratiquement inchangé par rapport à l'année précédente.

À la suite de l'accord de paix conclu entre le gouvernement et les rebelles en mars 2003, le gouvernement et plusieurs organisations internationales ont mis en place un programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration à l'intention des anciennes milices. Dans le cadre de ce programme, 42 000 anciens combattants bénéficieront d’une aide à la réintégration en 2004-2006. Les 3 250 personnes déplacées qui vivaient encore dans des camps près de Brazzaville sont rentrées chez elles en avril 2004. Selon le HCR, le pays accueille un grand nombre de réfugiés qui ont fui les conflits dans les pays voisins, notamment des Congolais de la RDC, des Angolais et des Rwandais. La sécurité reste précaire et entrave l'aide humanitaire.

Dans la région des Grands Lacs, la moisson des cultures de la campagne principale (campagne A de 2005) (maïs, sorgho et haricots) mises en terre en septembre-octobre, est terminée. Au Burundi, selon une évaluation FAO/PAM/UNICEF/Ministère de l'agriculture organisée récemment sur place, les disponibilités vivrières totales (en équivalent céréales) reculeraient de 5 pour cent en 2005 par rapport à 2004. Selon les résultats préliminaires d'une évaluation similaire menée au Rwanda, environ 30 000 tonnes d’aide alimentaire seraient nécessaires en 2005. Au Burundi, la FAO a distribué, pour la campagne en cours, des boutures de patates douces à 7 500 agriculteurs vulnérables et des semences de sorgho à 75 400 ménages, en vue de favoriser la réinstallation sur les terres agricoles. Toutefois, la réinstallation des rapatriés de retour chez eux et la sécurité alimentaire dans la région des Grands Lacs continuent d’être entravées par des poussées de violence et des troubles intermittents.

En République démocratique du Congo, l’amélioration relative de la sécurité depuis 2004 et l’aide fournie aux personnes déplacées à l’intérieur du pays (PDI) et aux réfugiés de retour chez eux ont eu des incidences positives sur les activités agricoles dans les zones touchées. Toutefois, les affrontements qui ont eu lieu récemment à l’est du pays, ont entraîné le déplacement de plus de 100 000 personnes, qui viennent s’ajouter aux 3 millions de PDI. Ainsi, l’insécurité qui pèse sur les producteurs et les négociants (qui sont contraints de payer des taxes non autorisées sur leurs produits agricoles), les pénuries d’intrants essentiels (tels que matériel végétal amélioré, outils manuels, matériel de pêche et produits vétérinaires) et la décrépitude de l’infrastructure rurale (notamment des routes de desserte) sont les principales difficultés qui s’opposent à la production et à la distribution de produits alimentaires. En outre, les cultures de base, à savoir le manioc et la banane, ont été gravement endommagées cette campagne par les ravageurs et les maladies.

En RDC, l’insécurité alimentaire touche plus de 70 pour cent des 57 millions d'habitants au total. Ainsi, le gouvernement et la communauté des donateurs, lors d’une Table ronde tenue en mars 2004, ont confirmé que la remise en état du secteur agricole était la pierre de voûte de leur stratégie d’atténuation de la pauvreté. L'accent sera mis sur deux composantes, l’une destinée aux besoins d’urgence et l’autre sur la remise en état à moyen et long termes. Dans le cadre du programme minimum de partenariat pour la transition et la relance, la communauté des donateurs a annoncé une aide de 6,86 milliards de dollars EU pour les 4 prochaines années, dont 285 millions de dollars EU seront consacrés à l’agriculture. Le Fonds monétaire international (FMI) a en outre accordé un prêt d'un montant de 39 millions de dollars EU au pays, dans le cadre de la facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance.

Au Burundi, la moisson des cultures de la campagne principale est maintenant terminée. Après un démarrage irrégulier en septembre-octobre, des pluies abondantes sont tombées en décembre et janvier, sauf dans le nord et le nord-est du pays, où le temps sec devrait réduire considérablement la récolte. Des pluies torrentielles à la fin janvier ont provoqué des inondations qui auraient détruit plus de 1 000 foyers dans l’ouest du pays. Selon les résultats préliminaires d'une mission d’évaluation conjointe FAO/PAM/UNICEF/Ministère de l’agriculture, la production céréalière augmenterait légèrement (de 2 pour cent), mais la production vivrière totale, en équivalent céréales, diminuerait de 5 pour cent en 2005 par rapport à 2004. Les semis de la deuxième campagne (campagne B de 2005) devraient bientôt commencer.

La production céréalière totale pour 2004 a été estimée à 280 000 tonnes, soit environ 3 pour cent de plus que l'année précédente. Toutefois, la production de légumineuses a reculé en raison du démarrage précoce de la saison sèche, de même que la production de racines et tubercules, par suite d’une épidémie de la mosaïque du manioc; les prix ont augmenté considérablement sur certains marchés. Les prix des denrées alimentaires de base ont doublé depuis août.

Des troubles sont encore signalés dans certaines zones de la province rurale de Bujumbura. Ainsi, le lent processus de paix reste très fragile. Depuis mars 2003, plus de 150 000 réfugiés sont rentrés de Tanzanie, mais presque autant s'y trouvent encore.

Au Rwanda également, la récolte des cultures de la campagne principale A de 2005 (haricots, maïs et sorgho) est terminée. Les conditions météorologiques ont été très variables pendant cette campagne, avec des précipitations inférieures à la moyenne pour commencer puis abondantes début décembre et début janvier mais inférieures à la normale en février, et les précipitations cumulées ont été en dessous de la normale. Par conséquent, les récoltes ne s’annoncent pas bonnes. FEWSNET a signalé des hausses de prix pour plusieurs denrées alimentaires importantes en 2004 par rapport à 2002 et 2003. Toutefois, à l’époque de la récolte, les prix des patates et du sorgho avaient considérablement baissé en décembre par rapport à ceux pratiqués en novembre. L’économie rwandaise a enregistré une croissance de 6 pour cent en 2004, principalement du fait des très bons résultats du secteur agricole. Toutefois, d’après les résultats préliminaires de l’évaluation conjointe FAO/PAM/UNICEF/Gouvernement menée actuellement, 30 000 tonnes d’aide alimentaire au total seraient nécessaires en 2005. L’afflux de réfugiés en provenance de la RDC et du Burundi ces dernières semaines s’est poursuivi ; le nombre de réfugiés s’établit actuellement à 50 000 environ, ce qui devrait avoir des incidences négatives sur la sécurité alimentaire au Rwanda.

LE POINT SUR LES ANNONCES ET LES LIVRAISONS D'AIDE ALIMENTAIRE

Les besoins d'importations céréalières pour l'Afrique subsaharienne devraient demeurer élevés en 2005 et être supérieurs à ceux de 2004. Les dernières estimations du SMIAR concernant la production de 2004 et les besoins d'importations et d'aide alimentaire pour 2004/05 sont résumées aux tableaux 1 et 2. Les besoins d'aide alimentaire devraient s'élever au total à 3 millions de tonnes, contre 3,1 millions de tonnes reçues en 2003/04. Les annonces d'aide alimentaire en céréales pour 2004/05, y compris les reports de 2003/04, représentent 1,4 million de tonnes, dont 0,8 million de tonnes ont été livrées à ce jour.


FAO/SMIAR - avril 2005

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