SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DES DISPONIBILITÉS

ALIMENTAIRES AU MALAWI

20 juin 2005

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Faits Saillants

  • •La production de maïs, principale culture de base du Malawi, est estimée à 1,25 million de tonnes, soit le plus bas niveau de ces dix dernières années et 26 pour cent de moins que la récolte relativement médiocre de l'an dernier.
  • •La récolte totale de plantes-racines et tubercules, le deuxième groupe de cultures le plus important au Malawi, est estimée à 3,8 millions de tonnes, soit une baisse de 9 pour cent par rapport à la mauvaise récolte de l'an dernier et environ 15 pour cent de moins que les résultats moyens sur cinq ans. Ce total comprend 2,1 millions de tonnes de manioc, 1,27 million de tonnes de patates douces et 455 000 tonnes de pommes de terre irlandaises.
  • •Des pluies précoces et supérieures à la moyenne laissaient présager une bonne récolte, mais ces espoirs ont été déçus faute de précipitations aux stades critiques de formation des épis et de pollinisation. Cette période coïncidait également avec les semis de manioc et de patates douces dans certaines régions. En outre, les pluies violentes tombées en décembre et début janvier ont considérablement endommagé les cultures, entraînant des inondations et le lessivage des nutriments.
  • •Les engrais minéraux ont été livrés trop tard pour être utiles aux principales cultures d'été, tandis que les quantités d'engrais disponibles sur le marché étaient très réduites, ce qui a également contribué largement à limiter la récolte.
  • •Les disponibilités céréalières intérieures, y compris les plantes-racines et tubercules en équivalent céréales, sont estimées au total à près de 2,51 millions de tonnes pour la campagne de commercialisation 2005/06 (avril/mars). L'utilisation à l'échelle nationale étant estimée à 3,35 millions de tonnes, les besoins d'importations céréalières s’élèveraient donc à 834 000 tonnes.
  • •Les besoins d'importations de maïs sont estimés à 767 000 tonnes au total. Les importations commerciales de maïs, formelles et informelles, étant estimées à environ 300 000 tonnes et l'aide alimentaire à 33 000 tonnes disponibles et dans la filière, il reste un déficit non couvert de 434 000 tonnes, volume qui devra être importé par le biais de l'aide internationale.
  • •Selon les estimations du Comité d’évaluation de la vulnérabilité du Malawi, 4,22 millions de personnes en tout, soit plus de 34 pour cent de la population, ont une production ou des revenus insuffisants pour satisfaire leurs besoins alimentaires minimaux et nécessiteront une aide alimentaire ou en espèces de l'ordre de 270 000 tonnes en équivalent maïs au cours de la campagne commerciale 2005/06. Le nombre de personnes tributaires de l'aide pourrait passer à 4,61 millions si les prix du maïs flambaient.

1. VUE D’ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires s'est rendue au Malawi du 24 avril au 15 mai 2005, à la demande du Ministère de l'agriculture de ce pays. Les premières indications montraient que le pays risquait de connaître de graves pénuries alimentaires l'année prochaine, et la Mission a donc été priée d'évaluer la situation et l'impact des pénuries alimentaires annoncées sur la population en général et sur les groupes vulnérables en particulier. Des fonctionnaires du Ministère de l'agriculture, de l'irrigation et de la sécurité alimentaire (MAIFS) se sont joints à la Mission, tandis qu'un représentant de l'Union européenne (UE) y a participé en qualité d'observateur.

La Mission s'est entretenue longuement avec le personnel du MAIFS, du Bureau national de statistiques (NSO), de l'Agence nationale des réserves alimentaires (NFRA), de l'Office de développement et de commercialisation des produits agricoles (ADMARC), du Ministère de la planification et du développement économiques (EP&D), aux niveau national et régional. En outre, la Mission a consulté toutes les institutions pertinentes des Nations Unies, les autres organismes internationaux, bilatéraux, et les ONG ainsi que des négociants privés et d'autres parties prenantes. La Mission a recueilli une documentation exhaustive, établie par le gouvernement et des organisations non gouvernementales aux niveaux national et régional, sur les facteurs qui influencent la production agricole cette année, les évaluations et les prévisions actuelles concernant les récoltes et les pénuries alimentaires signalées.

La deuxième série d'estimations de la production agricole du MAIFS, diffusée mi-avril, a été recoupée avec les informations obtenues auprès d'agents de vulgarisation dans presque tous les districts, d'agriculteurs, de négociants privés, d'agents de projet d'ONG locales et du personnel de projets menés par des donateurs ainsi qu'avec les données et l'imagerie de télédétection fournies par les systèmes d'alerte rapide.

Après une première mise au courant dans la capitale, la Mission s'est scindée en deux équipes pour couvrir le plus de terrain possible dans les courts délais à disposition. Entre elles, ces équipes se sont rendues dans les huit Divisions de développement agricole (DDA) et dans 25 des 27 districts du pays.1 Des questions méthodologiques concernant les estimations de récoltes et la situation locale ont été examinées en détail avec des fonctionnaires du MAIFS et d'autres organes publics au niveau des DDA et des RDP afin de déterminer si la deuxième série d'estimations était toujours valide ou non. Les équipes ont en outre passé beaucoup de temps sur le terrain pour observer et évaluer les cultures sur pied et parler avec les exploitants de leur expérience de la campagne d'été, de leurs plans pour la campagne d'hiver et de la manière dont ils envisageaient leur sécurité alimentaire actuelle et au cours des douze prochains mois. Elles se sont rendues sur différents marchés du pays pour observer la disponibilité de produits agricoles et le prix des denrées de base. Elles ont visité tous les grands comptoirs commerciaux frontaliers pour évaluer la nature et l'importance des échanges transfrontaliers entre le Malawi, le Mozambique, la Zambie et la République-Unie de Tanzanie. Elles ont discuté longuement avec des négociants, petits et moyens, en vue d'évaluer l'intégration du marché, les pénuries inhabituelles et les fluctuations de prix. À son retour à Lilongwe, la Mission a présenté ses conclusions préliminaires au gouvernement et aux organismes donateurs.

La Mission a constaté que la deuxième série d'estimations du MAIFS était acceptable dans l’ensemble à tous les niveaux. Les méthodes d'échantillonnage et la couverture ont été jugées correctes du point de vue statistique, tandis que les mesures concernant la superficie et le rendement étaient assez précises et cohérentes dans tout le pays. Toutefois, des améliorations concernant l'estimation de la superficie cultivée et des rendements étaient nécessaires pour les principales cultures de base cultivées en mode intercalaire. La Mission a donné les conseils nécessaires aux agents de vulgarisation des RDP sur les estimations concernant les rendements et les superficies des cultures associées. Il a été également noté que les agents de vulgarisation de la plupart des RDP avaient quelque peu surestimé les cultures d'hiver, en tablant sur une augmentation des superficies qui y seraient consacrées au vu de la mauvaise récolte d'été et sur une amélioration des précipitations en avril et en mai. Les pluies ne se sont pas matérialisées pendant la campagne de semis d'hiver (mars-mai), ce qui a gravement compromis les cultures d'hiver.

Des pluies précoces et supérieures à la moyenne pendant la première partie de la campagne agricole (octobre-début décembre) ont suscité des espoirs de récolte exceptionnelle. Des pluies exceptionnellement violentes en décembre et au début janvier ont entraîné des pertes de récoltes dues aux inondations, à l'engorgement des cultures et à la perte de nutriments par lessivage, notamment dans les districts du centre et du nord. Toutefois, les précipitations ont été très insuffisantes de la fin janvier à la fin février, aux stades critiques de la pollinisation et de la formation des épis de maïs. La vague de sécheresse a également nui à la croissance des cultures semées plus tardivement, telles que le manioc, les patates douces, les haricots et les arachides.

La production céréalière est la plus faible enregistrée ces dix dernières années. La production totale de céréales en 2004/05 est estimée à 1,34 million de tonnes, dont 1,25 million de tonnes de maïs (d'été et d'hiver), 33 000 tonnes de riz (en équivalent usiné), 54 000 tonnes de sorgho et de mil et près de 2 000 tonnes de blé. Cette année, la production de maïs a baissé d'environ 26 pour cent par rapport à la mauvaise récolte de l'an dernier et d’environ 34 pour cent par rapport à celle de 2002/03, qui était la dernière jugée légèrement supérieure à la moyenne.

La récolte totale de plantes-racines et de tubercules est estimée à 3,8 millions de tonnes environ, soit quelque 9 pour cent de moins qu'en 2003/04, tandis que la superficie cultivée a dans le même temps progressé de 3 pour cent. Ce total comprend quelque 2,1 millions de tonnes de manioc, 1,27 million de tonnes de patates douces et 455 000 tonnes de pommes de terre irlandaises. Malgré des fluctuations importantes, la production et la superficie ensemencée n'ont cessé d'augmenter, signe de diversification des cultures et des régimes alimentaires. On estime la production totale de légumineuses à environ 434 000 tonnes, soit quelque 6 pour cent de moins que la mauvaise récolte de l'an dernier, tandis que la superficie ensemencée cette année est estimée à 825 000 hectares, soit quelque 16 pour cent de plus que l'an dernier. Les principales légumineuses sont les arachides (36 pour cent de la superficie) ainsi que les haricots, pois cajan, doliques et pois bambaras ((64 pour cent de la superficie).

Au 1er avril, les stocks de maïs étaient estimés à environ 57 000 tonnes au total, soit 20 000 tonnes et 10 000 tonnes détenues respectivement par la NFRA et l'ADMARC sous forme de réserves "commerciales" et 27 000 tonnes détenues par la NFRA aux fins d'aide humanitaire. L'UE et le DFID ont déjà annoncé qu'ils fourniraient des ressources en vue de l'achat de 29 000 tonnes de maïs supplémentaires, ce qui pourrait contribuer à reconstituer les réserves de la NFRA au niveau voulu, fixé à 60 000 tonnes.

Étant donné que les disponibilités intérieures de céréales et d'équivalent céréales sont estimées à 2,511 millions de tonnes alors que l'utilisation s'élève à 3,345 millions de tonnes, les besoins d'importations pour la campagne commerciale de 2005/06 devraient avoisiner au total 834 000 tonnes, sous forme de maïs essentiellement (environ 767 000 tonnes).

De juillet 2004 à avril 2005, le réseau FEWSNET/PAM a constaté des importations transfrontalières non déclarées de 80 000 tonnes de maïs, essentiellement en provenance du Mozambique. Une étude récente du DFID a estimé qu'en période de crise alimentaire, comme celle de 2002, les importations nettes du Mozambique vers le Malawi peuvent se monter de 150 000 à 250 000 tonnes. Étant donné que la production totale de cette année est plus mauvaise qu’en 2002, la Mission estime que les importations transfrontalières non déclarées de maïs s'élèveront à 200 000 tonnes environ au cours de la campagne commerciale 2005/06. La Mission s'est rendue dans la plupart des principaux postes frontières et a constaté que des quantités importantes de maïs étaient déjà importées actuellement en raison de la mauvaise récolte au Malawi. Une mission d'évaluation des récoltes et des disponibilités alimentaires au Mozambique a signalé que la production de maïs était favorable dans le nord de ce pays. Par conséquent, il serait possible d'importer de telles quantités du Mozambique (et de Tanzanie).

Des crédits ont été d'ores et déjà prévus dans le budget national en vue de l'importation de 100 000 tonnes de maïs supplémentaires par des circuits commerciaux. Les réserves actuelles de devises, estimées à 90 millions de dollars EU environ limitent considérablement les possibilités d'importer du maïs. Le FMI estime les besoins en devises à environ 80 millions de dollars EU par mois, et il serait donc très difficile pour le gouvernement et le secteur privé d'accroître les importations de maïs. Ainsi, la capacité du pays à importer du maïs par des voies commerciales est estimée à 100 000 tonnes environ. En outre, les négociants privés importent traditionnellement du riz et du blé en utilisant leurs propres ressources. À l'issue de diverses réunions avec des négociants privés, la Mission a constaté que ces derniers disposaient de ressources intérieures et extérieures suffisantes pour fournir la quantité normalement importée, soit 60 000 tonnes de blé et 7 000 tonnes de riz.

Les importations totales de maïs, officielles ou non, devraient atteindre 300 000 tonnes environ. L'aide alimentaire disponible et dans la filière s'élevant à 33 000 tonnes, il reste un déficit non couvert de 434 000 tonnes, volume qui devra être importé grâce à une aide internationale supplémentaire.

Selon les estimations du Comité d’évaluation de la vulnérabilité du Malawi, 4,22 millions de personnes en tout, soit 34 pour cent de la population, connaîtront des pénuries alimentaires ou un déficit budgétaire de l'ordre de 270 000 tonnes d'équivalent maïs entre avril 2005 et la prochaine récolte en mars 2006. Dans les zones les plus touchées du sud du pays, environ 80 à 85 pour cent de la population connaîtront des pénuries. Le gros de l'aide alimentaire d'urgence ou de l'aide en espèces sera nécessaire pendant la période de soudure, c'est-à-dire d'octobre 2005 à mars 2006. Toutefois, dans certains districts où les déficits sont particulièrement importants par rapport aux besoins de consommation annuels, il faudra fournir une aide alimentaire ou en espèces aux ménages défavorisés d'ici juillet 2005.

Le Comité d’évaluation de la vulnérabilité du Malawi prévoit que le nombre de personnes nécessitant une aide augmentera, pour passer à 4,61 millions de personnes, avec un déficit de maïs équivalent à 418 000 tonnes environ si les prix du maïs augmentent fortement pendant la campagne 2005/06. Ce Comité a l'intention de suivre la situation de près et il fournira régulièrement des mises à jour de la présente analyse tout au long de l'année.

Le présent rapport a été établi par Aziz Arya, Hector McKilligan et Raffaello Marsili, sous la responsabilité des Secrétariats de la FAO et du PAM à partir d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s'adresser aux soussignés pour un complément d'informations, le cas échéant.

Henri Josserand
Chef, SMIAR, FAO, Rome
Télécopie: 0039-06-5705-4495
Mél:[email protected]
Mike Sackett
Directeur régional, ODJ, PAM
Télécopie: 0027-11-5171642
Mél: [email protected]

Veuillez noter qu'il est possible d'obtenir le présent Rapport spécial sur le site Internet de la FAO (www.fao.org) à l'adresse suivante: http://www.fao.org/giews/

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1. À des fins administratives, le Malawi comprend huit Divisions de développement agricole (DDA), 27 projets de développement rural (PDR) et 154 zones de planification et de vulgarisation (EPA). Les DDA servent également de divisions administratives générales, et depuis peu les limites des RDP et celles des districts établis au niveau politique coïncident.