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SMIAR

SAHEL : SITUATION MÉTÉOROLOGIQUE ET ÉTAT DES CULTURES

Système Mondial d'Information et d'Alerte Rapide
Rapport No 1 - 14 juin 2005

 LA SAISON DES PLUIES A DÉMARRÉ ALORS QUE L’ON CRAINT POUR LA SÉCURITE ALIMENTAIRE DANS LE SAHEL

Guinée Bissau Cap-Vert Gambie Senegal Mauritanie Mali BKF Niger Tchad
Carte sensible du Sahel

RESUME

La saison des pluies a démarré suivant la tendance normale au Sahel. Les pluies saisonnières ont commencé à la fin du mois d’avril ou en mai dans le sud du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad et dans l’extrême sud-est du Sénégal. Des conditions sèches de saison prédominent dans le reste du Sénégal, au Cap-Vert, en Gambie et en Mauritanie et sur la majeure partie de la Guinée-Bissau.

La préparation des terres et les semis sont en cours, suivant l’arrivée des pluies. Des problèmes de disponibilité en semences pourraient survenir au Burkina Faso, au Cap-Vert, au Mali, au Niger et au Tchad, pays où la production agricole a été sévèrement affectée l'année dernière par la sécheresse et les ennemis des cultures. Les criquets pèlerins restent une menace potentielle dans la sous région. En mai, des essaims immatures se seraient déplacés vers l’est à partir du Niger et auraient survolé le nord du Nigéria et du Cameroun. Bien que la FAO ne prévoie pas une invasion à grande échelle cette année, des opérations intensives de prospection devraient être lancées immédiatement au Mali, au Niger et au Tchad et se poursuivre en Mauritanie.

La situation alimentaire se dégrade dans les régions du Sahel touchées par la sécheresse et les criquets pèlerins l’année dernière, malgré les mesures prises par les gouvernements. Au Burkina Faso, au Tchad, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal, les prix du mil continuent de grimper, tandis que ceux du bétail reculent, limitant l’accès aux principales denrées de base par les ménages vulnérables, notamment les catégories pastorales et agro-pastorales. Une augmentation de la malnutrition aiguë est signalée au Mali, en Mauritanie et au Niger. Plusieurs agences des Nations Unies dont la FAO, le PAM et l’UNICEF ont lancé un appel pour assister les populations affectées, mais les promesses d’aide seraient encore très en dessous des besoins. Davantage de contributions sont nécessaires de toute urgence pour répondre à la situation qui se dégrade.


SITUATION PAR PAYS

 

BURKINA FASO  CAP VERT  GAMBIE  GUINEE BISSAU 
MALI  MAURITANIE  NIGER  SENEGAL  TCHAD

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BURKINA FASO :

La saison des cultures démarre dans un contexte de situation alimentaire tendue. Les précipitations saisonnières ont démarré à la fin avril/mai dans la partie méridionale du pays, ce qui a permis de procéder à la préparation des sols. Aucune activité de ravageurs n’a été signalée. Les disponibilités de semences pourraient être limitées dans les régions septentrionales les plus durement touchées l'an dernier par l'infestation de criquets pèlerins et la faible pluviosité.

La situation alimentaire reste tendue. Les prix du mil continuent de grimper, tandis que ceux du bétail reculent; par conséquent, les ménages vulnérables, notamment les catégories pastorales et agro-pastorales durement touchées, ont un accès limité aux principales denrées de base. Le gouvernement a pris des mesures d'urgence, parmi lesquelles des distributions gratuites et des ventes subventionnées dans les communautés touchées. Bien que ces opérations aient quelque peu amélioré la situation des disponibilités vivrières dans les communautés touchées, leur incidence sur les prix des céréales reste limitée, et il convient de suivre étroitement la situation de 1,6 million de personnes qui risquent de connaître des pénuries alimentaires. Undisplayed Graphic

CAP-VERT :

Les conditions sèches de saison prévalent. Les semis de maïs démarrent normalement en juillet avec le début des pluies sur les îles principales. Des problèmes de disponibilité en semences pourraient survenir suite à la mauvaise récolte de 2004. Undisplayed Graphic

GAMBIE :

Les conditions sèches de saison prévalent. Les producteurs préparent leurs champs. Les semis devraient démarrer dans les semaines qui viennent, suite à l’arrivée des pluies. La disponibilité en semences devrait être bonne suite aux bonnes récoltes de 2004. Undisplayed Graphic

GUINEE-BISSAU :

La préparation des sols est en cours. Les semis devraient démarrer dans les semaines qui viennent, suite à l’arrivée des pluies. La disponibilité en semences devrait être bonne suite aux bonnes récoltes de 2004. Undisplayed Graphic

MALI :

La saison des cultures a démarré alors que l’on craint pour la sécurité alimentaire dans certaines parties du pays. La préparation des sols est en cours et les premiers semis ont débuté dans l’extrême sud, suite aux premières pluies en mai. Les semis s’étendront vers le nord avec les pluies. Des problèmes de disponibilité en semences pourraient survenir dans les régions septentrionales les plus durement touchées l'an dernier par l'infestation de criquets pèlerins et la faible pluviosité. Aucun essaim de criquets n’a été signalé. Cependant, de faibles effectifs d’ailés sont probablement présents et en reproduction dans les zones de l’Adrar des Iforas, de la vallée du Tilemsi et dans le Timétrine. Des prospections intensives devraient commencer immédiatement dans ces zones.

La situation alimentaire se dégrade dans les régions du Sahel touchées par la sécheresse et les criquets pèlerins l’année dernière, malgré les mesures prises par les gouvernements. Les prix du mil continuent de grimper, tandis que ceux du bétail reculent; limitant l’accès des ménages vulnérables, notamment les catégories pastorales et agro-pastorales particulièrement durement touchées, aux principales denrées de base. On signale une augmentation de la malnutrition aiguë en dépit des distributions d’aliments et des ventes à prix subventionné entreprises par le gouvernement dans les communautés affectées. L’état des animaux serait en train de se dégrader en raison du manque d’eau et de pâturages. En plus de l’aide alimentaire, des mesures sont nécessaires d’urgence, notamment pour fournir des intrants agricoles et assister les éleveurs. Undisplayed Graphic

MAURITANIE :

Le pays fait face à une situation alimentaire critique. Des conditions sèches prédominent. Les semis de céréales secondaires commenceront normalement en juillet, après l’arrivée de pluies régulières. Des semis en sec pourraient être en cours dans le sud-est. Les disponibilités de semences sont limitées suite à l'infestation généralisée de criquets pèlerins combinée à une mauvaise pluviométrie l’année dernière. Aucun criquet pèlerin n’a été signalé jusqu’à présent mais de faibles effectifs d’ailés devraient apparaître par endroits au centre et au sud.

On signale une malnutrition qui se généralise. Suite à cette situation, le PAM a démarré son programme Vivre contre travail dans les régions du Brakna, Gorgol, Assaba et Hodh El Gharbi. Un programme de distribution alimentaire, financé par l’Union Européenne et qui devrait être exécutée par le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (CSA) devrait aussi démarrer prochainement. La FAO a lancé un appel de 11,4 millions de $-EU pour fournir des intrants agricoles et venir en aide aux éleveurs dans les pays sahéliens affectés dont la Mauritanie. Ces fonds sont nécessaires d’urgence pour faire face à la situation qui ne cesse de se dégrader. Undisplayed Graphic

NIGER :

La saison des cultures a démarré dans le sud alors que l’on craint pour la sécurité alimentaire dans le pays. La préparation des sols est en cours et les premiers semis ont commencé dans l’extrême-sud, suite aux premières pluies en Mai. Les semis s’étendront vers le nord avec les pluies. Les disponibilités en semences sont limitées, notamment dans les régions septentrionales les plus durement touchées l'an dernier par l'infestation de criquets pèlerins et la faible pluviosité. Les criquets pèlerins continuent à poser une menace à la production agricole, avec une reproduction à petite échelle en cours au centre du pays. Bien que la FAO ne prévoie pas une invasion à grande échelle cette année, des opérations intensives de prospection devraient être lancées immédiatement.

La situation alimentaire se dégrade dans les régions du Sahel touchées par la sécheresse et les criquets pèlerins l’année dernière, malgré les mesures prises par le gouvernement, dont la vente de céréales à prix modéré dans les communautés affectées. Les ressources du mécanisme d’atténuation des crises sont à sec, avec un impact limité sur la situation alimentaire générale. Le gouvernement se prépare maintenant à lancer un programme de crédit de campagne. La malnutrition infantile aiguë augmente, avec le nombre d’admission en hausse dans les centres d’alimentation complémentaire. Plusieurs actions ont été prises au niveau international: La FAO a lancé un appel pour fournir des intrants agricoles et venir en aide aux éleveurs, tandis que l’UNICEF et le PAM ont lancé un appel afin de nourrir quelques 2,5 millions de personnes, officiellement menacés par la pénurie alimentaire, dont quelques 150 000 enfants souffrant de malnutrition aigue. Les promesses d’aide seraient encore très en deçà des besoins. Par conséquent, de nouvelles annonces de contributions et des livraisons d'aide alimentaire sont nécessaires de toute urgence. Undisplayed Graphic

SENEGAL :

Un temps sec de saison prédomine presque partout, bien que quelques pluies soient tombées dans l'extrême sud-est en mai. Les pluies devraient démarrer en juin et progresser vers le centre et le nord. Des problèmes de disponibilité en semences pourraient survenir dans les régions les plus durement touchées l'an dernier par l'infestation de criquets pèlerins et la faible pluviosité. Aucun criquet pèlerin n’a été signalé en mai.

Le pays fait face à une période de soudure difficile, avec des prix de millet élevés, notamment dans les régions touchées par la sécheresse et les criquets pèlerins l’année dernière. L’état des animaux serait en train de se dégrader malgré les mouvements accrus de troupeaux en raison du manque d’eau et de pâturages et du prix élevé des aliments de bétail. Une assistance est nécessaire, notamment dans le secteur de l’élevage. Undisplayed Graphic

TCHAD :

La campagne a démarré dans la zone soudanienne. Des pluies non négligeables ont été enregistrées dans l’extrême sud, où la préparation des terres et les semis de céréales secondaires ont commencé. Des problèmes de disponibilité en semences pourraient survenir dans les régions touchées l'an dernier par l'infestation de criquets pèlerins et la faible pluviosité. Des essaims immatures ont atteint le pays en mai à partir du Niger. Bien qu’une invasion à grande échelle soit peu probable cette année, des opérations intensives de prospection devraient être lancées immédiatement, et la situation suivie de près.

Sur recommandation du Comité directeur du Comité d'action pour la sécurité alimentaire et la Gestion des crises (CASAGC), les ventes de céréale à prix modéré ont démarré en mai, suite à la situation alimentaire difficile créée par les criquets et la sécheresse l’année dernière.

À la fin janvier, on estimait que 193 300 Soudanais étaient réfugiés dans l’est du Tchad. Des estimations plus précises seront disponibles une fois achevé le recensement actuellement effectué conjointement par le PAM et le HCR.

CARTES DES PRÉCIPITATIONS TOTALES ET DES POSSIBILITÉS DE SEMIS

La première carte indique les quantités totales de pluies du 1er au 31 mai. Les données sont extraites de rapports de terrain de la FAO et de l'imagerie satellitaire d'estimation des pluies (RainFall Estimate - RFE) produite par le projet NOAA/USGS/FEWS/USAID. Les images RFE sont obtenues par interpolation de divers paramètres enregistrés au sol et de ceux obtenus grâce à des mesures de télédétection telles que : précipitations, humidité relative, vitesse du vent, altitude, températures des nuages froids.

La carte ci-dessous montre une estimation des temps de semis (possibilité) telle que définie par une décade (10 jours) répondant aux conditions suivantes : durant cette décade, 25 mm de pluies doivent être mesurés et une hauteur de pluie totale d'au moins 20 mm doit être enregistrée durant les deux décades suivantes. Les données utilisées pour cette analyse sont issues des rapports de terrain de la FAO et de l'imagerie RFE.

Source des données : NOAA, FAO - - Préparé par : FAO/SDRN, Groupe Agrométéorologie

SOURCES:

Voici le premier rapport du SMIAR sur les conditions météorologiques et l'état des cultures dans les pays sahéliens de l'Afrique de l'Ouest en 2005. L'aire géographique couverte par ces rapports comprend les neuf pays membres du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), à savoir Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. Ces rapports seront établis tous les mois de juin à novembre. Le rapport final pour l’année 2005, contenant les premières estimations de production, sera publié fin-novembre.

Ces rapports sont établis en utilisant des données fournies par les représentations de la FAO dans les pays, le Groupe agrométéorologique et Groupe de surveillance de l'environnement (SDRN), le Groupe acridiens, migrateurs nuisibles et opérations d'urgence (ECLO), le Service des opérations d’urgence (TCEO), le Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que diverses organisations non gouvernementales (ONG). Pour le présent rapport ont été utilisés les données pluviométriques locales, l’imagerie satellitaire fournie par FAO/ARTEMIS, les rapports de terrain et informations communiquées par les représentants de la FAO jusqu'au 31 mai. Les images satellites de la première décade de juin ont été également analysées pour une dernière mise à jour. Les images satellites de la première décade de juin ont été également analysées pour une dernière mise à jour.

*QUELQUES DEFINITIONS

Dans ces rapports sont mentionnées quatre zones écoclimatiques qui se différencient par le niveau de leurs précipitations annuelles moyennes et leurs caractéristiques agricoles (zone sahélienne, zone soudano-sahélienne, zone soudanienne et zone guinéenne). Ces zones sont décrites ci-dessous:

Zone sahélienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 250 à 500 mm. C'est la zone située à la limite de la végétation pérenne; là où les précipitations sont inférieures à 350 mm, il n'y a que des pâturages et, parfois, des cultures céréalières à cycle court résistant à la sécheresse; dans cette zone, toutes les activités agricoles sont hautement aléatoires.

Zone soudano-sahélienne : Les précipitations annuelles se situent entre 500 et 900 mm. Là où elles sont inférieures à 700 mm, on pratique surtout des cultures ayant un cycle de végétation bref de 90 jours, c'est?à?dire principalement du sorgho et du mil.

Zone soudanienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 900 à 1 100 mm. La plupart des céréales cultivées ont un cycle de végétation de 120 jours ou plus. C'est la zone où l'on produit l'essentiel des céréales, notamment du maïs, des racines et tubercules, et des cultures de rapport.

Zone guinéenne : Les précipitations annuelles moyennes dépassent 1 100 mm. Font partie de cette zone, où il est plus facile de cultiver des racines, la Guinée-Bissau et une petite partie du Sud Burkina Faso, du Sud Mali et de l'extrême Sud du Tchad.

Il sera également question de la "Zone de convergence intertropicale", dont la trace à la surface du sol est dénommée "front intertropical". Il s'agit d'une zone quasi permanente entre deux masses d'air qui sépare les alizés de l'hémisphère Nord et ceux de l'hémisphère Sud. Elle se déplace au nord et au sud de l'Equateur et arrive généralement en juillet à sa position située le plus au nord. Sa position fixe les limites septentrionales des précipitations possibles au Sahel; les nuages de pluie se situent généralement à 150 ou 200 km au sud du front.


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