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LE RESEAU SADC DE CENTRES DE SEMENCES FORESTIERES - SON ROLE STRATEGIQUE EN MATIERE DE RESSOURCES FORESTIERES EN AFRIQUE ORIENTALE ET AUSTRALE1

par

E. M. Shumba2 et P.E.S. Mwale3

INTRODUCTION

Etablie à l'origine comme une organisation régionale constituée de neuf pays dans le but de "faciliter une coordination souple pour les aspects des plans de développement nationaux qui pourraient avoir un impact régional", la Communauté du développement de l'Afrique australe (SADC) compte aujourd'hui 14 Etats membres: Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, République démocratique du Congo, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.

La SADC a mis en place un certain nombre d'unités de coordination dans plusieurs secteurs importants pour la coopération régionale. La coordination générale des secteurs des ressources alimentaires, agricoles et naturelles relève du Gouvernement du Zimbabwe, tandis que les questions de foresterie sont suivies par une Unité de coordination technique du secteur forestier (FSTCU) basée au Département des forêts du Malawi.

La SADC embrasse une vaste superficie forestière d'environ 260 millions d'hectares, soit 29% de la superficie des terres (données de 1995, dans FAO 1999). Les types de forêt des pays de la SADC sont différents, comprenant des forêts tropicales humides, tropicales sèches, de montagne et tempérées. Le couvert forestier varie d'un pays à l'autre, allant de 0,2% de la superficie des terres au Lesotho à plus de 48% en République démocratique du Congo. En de nombreux endroits, l'expansion agricole, la collecte accrue de bois de feu, l'approvisionnement commercial et le pâturage exercent une forte pression sur les ressources forestières. Cette pression, stimulée par l'expansion démographique, conduit à l'appauvrissement des ressources forestières; de 1990 à 1995, la perte de couvert forestier dans la région de la SADC aurait été de 0,8% par an (FAO, 1999). Chacun s'accorde à reconnaître que les forêts s'appauvrissent beaucoup plus vite qu'elles ne se reconstituent; il est donc urgent de multiplier les efforts en matière de reboisement et de plantation d'arbres afin de compléter la gestion des forêts naturelles. Les plantations, qui sont maintenant établies principalement par des communautés et le secteur privé, deviennent une composante plus importante du secteur forestier dans la région. On reconnaît de plus en plus l'importance de disposer (en quantité et en qualité) de matériel de reproduction pour la plantation d'arbres et la foresterie villageoise et le fait que cela constitue la principale limitation dans plusieurs pays. C'est dans ce contexte que le projet du Réseau SADC de centres nationaux de semences forestières (CNSF) a été mis en place.

LE PROJET DU RESEAU DE CENTRES NATIONAUX DE SEMENCES FORESTIERES DE LA SADC (1992 - 1998)

Ce projet se proposait d'assurer la fourniture de semences de plusieurs espèces, de qualité et en quantités suffisantes et ainsi d'encourager et de soutenir les opérations de boisement dans la région. L'accent a été mis sur le soutien à la foresterie villageoise et privée, pour la fourniture de bois d'oeuvre, de bois de feu, d'aliments, de fourrage, et d'autres produits et services ayant une grande importance pour les communautés rurales. Pour atteindre son objectif, le projet entendait renforcer les centres nationaux de semences forestières de la région qui ont pour mission d'"aider la foresterie à contribuer le mieux possible à la vie économique et sociale dans les pays de la SADC et à la protection de l'environnement en fournissant des quantités suffisantes de matériel génétique de semences forestières de qualité sélectionnées, et ce à perpétuité", et regrouper ces centres dans un réseau régional. Le projet a été peu à peu étendu et couvre tous les pays membres de la SADC (à l'exception de la République démocratique du Congo et des Seychelles, qui ont adhéré à la SADC après la mise en route de ce projet).

Le projet SADC-TSCN a été exécuté de 1992 à décembre 1998 par un Bureau de gestion de terrain à Harare, sous la conduite d'un administrateur de projet et d'un coordonnateur de la formation épaulés par quatre techniciens spécialisés placés stratégiquement dans la région. La participation des pays de la région au projet a été coordonnée par la FSTCU. Le projet a été financé par des gouvernements nationaux et par l'Agence canadienne de développement international (ACDI) et mis en oeuvre au nom du Gouvernement canadien par le Service forestier canadien.

Les principales composantes techniques du projet étaient les suivantes:

Durant les premières phases, les membres du réseau ont identifié les espèces nationales prioritaires qui étaient considérées importantes et devaient bénéficier des activités d'obtention de semences et de physiologie des semences (voir Tableau 1).

Les principales réalisations du projet ont été notamment:

Tableau 1: Espèces prioritaires identifiées aux niveaux national et regional1 (indigènes et introduites)4

Niveau national
Botswana Faidherbia albida
Acacia galpinii
Lonchocarpus nelsii
Lonchocarpus capassa
Leucaena leucocephala
Lesotho Lucosidea sericea
Rhamnus prinoides
Olea europea subsp. africana
Buddleja salvifolia
Buddleja loricata
Malawi Khaya nyasica
Cassia siamea
Eucalyptus tereticornis
Eucalyptus camaldulensis
Faidherbia albida
Mozambique Androstachys johnsonii
Dalbergia melanoxylon
Swartzia madagascarensis
Spirostachys africana
Khaya nyasica
Namibie Pterocarpus angolensis
Baikiaea plurijuga
Guibourtia coleosperma
Sclerocarya birrea
Eucalyptus spp.
Swaziland Pterocarpus angolensis
Sclerocarya birrea
Berchemia zeyheri
Syzygium spp.
Spirostachys africana
Tanzanie Tamarindus indica
Milicia excelsa
Faidherbia albida
Acacia tortilis
Khaya anthotheca
Zambie Baikea plurijuga
Pterocarpus angolensis
Afzelia quanzensis
Brachystegia spp.
Pericopsis angolensis
Zimbabwe Pterocarpus angolensis
Baikiaea plurijuga
Afzelia quanzensis
Guibourtia coleosperma
Colophospermum mophane
Niveau régional
EspècesPays où ces espèces sont considérées importantes
Pterocarpus angolensisBotswana, Malawi, Mozambique, Namibie, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe
Faidherbia albidaBotswana, Malawi, Mozambique, Tanzanie, Zimbabwe
Eucalyptus and Pinus spp.Tous pays


SITUATION ACTUELLE ET PERSPECTIVES D'AVENIR DU RESEAU SADC DE CENTRES DE SEMENCES FORESTIERES

Après six ans de travaux menés en coopération et après avoir intégré avec succès deux nouveaux membres (Afrique du Sud et Maurice), le Réseau et les centres nationaux de semences ont mis en place des dispositifs très efficaces pour ce qui est de la fourniture de semences et de matériel génétique forestiers. A inscrire au bilan le soutien ferme donné aux niveaux régional et national, des installations modernes et un personnel qualifié, la capacité de soutenir des politiques nationales et de servir la clientèle privée, la disponibilité de compétences techniques locales et régionales, des programmes de collaboration de grande envergure avec des institutions de recherche et de développement, et l'engagement à continuer de donner une formation professionnelle. Le personnel national a établi des relations professionnelles étroites au niveau régional qu'il souhaite maintenir. Les pays membres se sont engagés à s'entraider dans le domaine des ressources génétiques forestières et de développer encore le réseau par le biais du Réseau SADC de centres de semences forestières.

Dans la pratique, le Réseau est maintenant géré par la Division recherche et développement de la Commission forestière du Zimbabwe qui a été désignée comme coordinateur du Réseau par les pays membres de la SADC. La Division a efficacement remplacé le Bureau des services de terrain et travaille en collaboration étroite avec des Etats Membres et la SADC/FSTCU pour la mise en oeuvre du programme. Les douze pays participants et l'ACDI sont convenus de cofinancer le fonctionnement du réseau durant une période de transition de deux ans et demi (1999-2001). Durant cette période, le réseau aura pour objectif de:

Les membres du réseau ont identifié les activités suivantes pour la période 1999-2001:

CONCLUSIONS

Les liens solides établis entre les instituts nationaux par le Réseau de centres de semences forestières de la SADC a contribué à encourager une approche commune des problèmes nationaux concernant l'obtention, la manipulation, le stockage et l'utilisation des semences forestières. Outre la technologie des semences, de nombreux autres problèmes d'importance régionale portent sur les ressources génétiques forestières. Plusieurs gestionnaires de centres nationaux de semences forestières ont par exemple exprimé leur inquiétude au sujet des pressions croissantes exercées sur les peuplements semenciers et sur le fait qu'ils sont menacés.

Pour avoir une vue générale de l'état des ressources génétiques des forêts et des arbres en Afrique orientale et australe, identifier les lacunes et la complémentarité des activités, convenir de priorités et élaborer en conséquence une stratégie régionale globale pour la conservation, la gestion et l'utilisation durable des ressources génétiques forestières, les unités forestières de la SADC, avec le concours de la FAO et d'autres partenaires, organiseront un atelier couvrant tous les aspects des ressources génétiques forestières dans les pays de la SADC au début de l'an 2000. Durant l'atelier, les espèces d'arbres prioritaires et les activités se prêtant à une collaboration régionale seront identifiées, complétant les listes des priorités nationales déjà établies. Une fois définitivement mise au point, la stratégie régionale constituera un cadre unique pour guider l'action des mécanismes et instruments régionaux dans le domaine des ressources génétiques des arbres forestiers. Le Réseau de centres de semences forestières de la SADC, qui a montré qu'il pouvait augmenter considérablement l'efficacité des programmes nationaux individuels, et qui détient des avantages comparatifs importants, pourrait constituer une plateforme pour la mise en oeuvre.

Afin de renforcer sa capacité et d'élargir son expérience technique, le Réseau cherche à établir des partenariats avec des programmes et instituts régionaux et nationaux ayant des objectifs complémentaires. Pour plus d'informations sur le Réseau, veuillez vous adresser à:

The Tree Seed Centre Network Coordinator
Zimbabwe Forestry Commission
Research & Development Division
P O Box HG 595
Highlands, Harare
Zimbabwe.
Téléphone: 263-4- 496878/9;
498816/24/61
Télécopie: 263-4-497070/498921
Courrier électronique:[email protected]
ou SADC/FSTCU
Forestry Department Headquarters
P O Box 30048
Lilongwe 3
Malawi.
Téléphone: 265- 781 000
Télécopie: 265 - 781 812
http://www.fstcu.org
Courrier électronique: [email protected]
[email protected]


REFERENCES

FAO, 1999. Situation des forêts du monde - 1999. FAO, Rome.

Nyasulu, K.M. and Latham, J.A. The Southern African Development Community (SADC) Programme of Action. Southern African Forestry Journal, No 179, June 1997.

Willson, John et al. 1998. Completion Report. 1992 - 1998 Tree Seed Centre Network Project. SADC Project No AAA 5.5 / CIDA Project No 050/15334. SADC/TSCN Internal Document.


  1. Original: anglais. Reçu en juin 1999
  2. Divisional Manager, Forest Research Centre, Zimbabwe Forestry Commission, PO Box HG595, Highlands, Harare, Zimbabwe
  3. Division Head, SADC Forestry Sector Technical Coordination Unit (FSTCU), Forestry Department, P.O. Box 30048, Lilongwe 3, Malawi
  4. Non compris l'Afrique du Sud, l'Angola et Maurice qui ont adhéré au projet ultérieurement.

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