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SÉMINAIRE SOUS-RÉGIONAL DE LA SADC SUR LES RESSOURCES GÉNÉTIQUES DES FORÊTS ET DES ARBRES1

par

Pierre Sigaud2 et Joel Luhanga3


Le séminaire sous-régional de la SADC sur les ressources génétiques des forêts et des arbres s'est tenu à Arusha (Tanzanie) du 5 au 9 juin 2000. Des experts nationaux de neuf pays et territoires y ont participé, ainsi que des représentants d'organisations internationales, régionales, bilatérales et nationales. L'objectif de ce séminaire était d'aider les pays d'Afrique orientale et australe à évaluer l'état de leurs ressources génétiques forestières et d'étudier les options pour un plan d'action régional. Durant le séminaire, les participants ont présenté des rapports sur l'état des ressources génétiques des forêts et des arbres et examiné les principales contraintes dans la sous-région. A la lumière des débats, on a identifié des espèces d'arbres prioritaires et des problèmes communs se prêtant à une coopération régionale et formulé des recommandations pour le suivi et la mise en oeuvre.

HISTORIQUE
Le séminaire régional de la SADC sur les ressources génétiques des forêts et des arbres s'est tenu à Arusha (Tanzanie) du 5 au 9 juin 2000. Il s'est inscrit dans une série de séminaires encouragés par la FAO et d'autres institutions pour aider les pays à préparer des plans d'action régionaux sur les ressources génétiques des forêts et des arbres, conformément aux recommandations formulées par le Comité des forêts à sa treizième session (mars 1997). Le séminaire, le premier de ce genre dans la région, a été organisé par l'Unité de coordination technique du secteur forestier (FSTCU) de la SADC. Avaient été invités à y participer les pays membres de la SADC, des organisations internationales, régionales et bilatérales s'intéressant aux ressources génétiques forestières ainsi que des experts.

Les principaux parrains et collaborateurs du séminaire étaient le Département des forêts de la FAO, l'Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI) et son Programme pour les ressources génétiques forestières en Afrique subsaharienne (SAFORGEN), le Centre DANIDA de semences forestières et le Centre international de recherche en agroforesterie (CIRAF). Un appui logistique important a été fourni par la Division de la foresterie et de l'apiculture (FBD) du Ministère tanzanien des ressources naturelles et du tourisme et le Projet PNUD/GEF sur la biodiversité transfrontière en Afrique orientale, coordonné par la FAO.

Ont participé à la réunion 22 représentants de 9 pays (Botswana, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe) et d'organisations internationales, régionales et nationales (FAO, CIRAF, IPGRI, IUFRO-SPDC, SADC-PGRC et PNUE). Les secrétariats de la CDB, du CIFOR, du DFID, du DFSC, de l'UICN et de l'ASDI s'étaient excusés. Des fonctionnaires des administrations et projets locaux et nationaux ont participé à certaines réunions.

RÉUNIONS DE TRAVAIL ET RÉSULTATS
Des experts nationaux ont présenté des comptes rendus des rapports de pays préparés à l'avance sur l'état des ressources génétiques forestières. Ils ont mis en lumière des différences sensibles entre les pays et souligné la diversité des valeurs et des fonctions traditionnellement attachées aux arbres et aux arbustes. Bien que dans certains pays, le couvert forestier soit encore très étendu, plusieurs participants ont fait ressortir que de fortes pressions sur les forêts et les terres boisées conduisaient à une perte globale de la diversité biologique et des ressources génétiques forestières dans la région. Dans plusieurs pays, des mesures de conservation ciblées s'imposent dans les plus brefs délais. Outre les aspects techniques, le renforcement des capacités nationales et l'examen des questions de fond ont été signalés comme des facteurs déterminants pour la planification et la mise en oeuvre des plans de conservation des ressources génétiques forestières. Des problèmes de nature très diverse communs à plusieurs pays et des possibilités d'échanges d'expériences et de savoir-faire ont été mis en relief.

Cinq thèmes ont été proposés pour être débattus et incorporés dans un plan d'action régional, à savoir la hiérarchisation des espèces et leurs besoins opérationnels; les moyens de soutenir l'utilisation et la gestion durables des ressources génétiques des forêts et des arbres; les questions liées à l'échange et à l'obtention de matériel génétique; le renforcement institutionnel et la formation; et l'identification de mécanismes pour la coopération régionale.

La pertinence d'une approche par espèces d'arbres, proposée comme point de départ du plan d'action, a été débattue et approuvée. Il a été reconnu que cette stratégie, fondée sur une vision utilitaire des espèces et des populations d'arbres prioritaires, pourrait aider à centrer les débats sur les besoins réels et les exigences opérationnelles. En outre, elle vient compléter d'autres stratégies fondées sur une approche par écosystème actuellement mises en place par d'autres instances et programmes. Un exposé a été fait sur le programme régional SECOSUD coordonné par la SADC, à l'appui des collections de matériel végétal et des herbiers nationaux.

Sur la base des informations fournies par les participants ou recueillies dans les rapports nationaux préparés à l'avance, on a identifié dix espèces locales prioritaires pour chacun des groupes suivants: i) Etats continentaux et ii) Etats insulaires (Maurice). On a trouvé une seule espèce suscitant le même intérêt dans tous les pays continentaux (Pterocarpus angolensis), ce qui reflète la grande diversité des conditions écologiques et des types de forêts dans la région de la SADC. On a identifié neuf espèces hautement prioritaires dans au moins deux pays (Afzelia quanzensis, Baikiaea plurijuga, Colophospermum mopane, Dalbergia melanoxylon, Faidherbia albida, Khaya anthotheca, Milicia excelsa, Sclerocarya birrea y Warburgia salutaris). Les pins et les eucalyptus seraient les genres introduits les plus importants dans tous les pays, avec certaines espèces de cyprès plantées fréquemment en altitude et des plantations de casuarina établies en bord de mer. Les listes ont été validées et complétées, pour chaque espèce, par un inventaire des activités techniques les plus urgentes (notamment la prospection et la récolte de matériel génétique, l'évaluation, l'amélioration et la conservation in situ ou ex situ). Les gestionnaires du projet FAO/PNUD/GEF ont ensuite informé les participants des objectifs et des modes de fonctionnement du projet et indiqué les critères donnant droit à l'assistance du GEF dans les projets liés à la biodiversité.

Au cours d'une autre réunion, les participants se sont penchés sur des aspects liés à l'utilisation et à la gestion durables des forêts et des arbres. Une visite de terrain au District forestier du Mont Meru a mis en évidence les changements dans les politiques forestières et leur application au niveau des peuplements. Alors que les systèmes de gestion sont révisés afin d'identifier et d'incorporer des aspects non commerciaux, des efforts sont également en cours pour une meilleure interaction avec les communautés humaines voisines et diverses parties prenantes. Les participants ont examiné le besoin d'une approche multidisciplinaire et d'une meilleure intégration des aspects liés aux ressources génétiques forestières dans des cadres plus vastes tels que des plans d'action pour la biodiversité et des programmes forestiers nationaux. On a souligné la participation des communautés locales aux processus décisionnels concernant la protection et la conservation des arbres forestiers, qui viennent compléter les réglementations déjà en vigueur. Les participants ont reconnu la compatibilité de la conservation génétique (y compris les techniques de conservation in situ et ex situ) et l'utilisation des forêts et des arbres. Compte tenu de la variété des types et des conditions des forêts dans la région, les stratégies spécifiques et les mesures de coordination concernant les espèces d'arbres prioritaires devraient varier en fonction de chaque espèce et de son aire géographique, depuis les projets de collaboration régionale jusqu'aux initiatives nationales ou locales. Des exposés de l'IPGRI et du CIRAF ont illustré les aspects de recherche soulignant ces stratégies et ces programmes. Les participants ont également été informés sur la conservation ex situ du matériel génétique d'arbres forestiers entreprise par le Centre des ressources phytogénétiques de la SADC.

Une réunion restreinte a porté sur la complexité des questions relatives à l'obtention et à l'échange de matériel génétique, tant au sein des pays qu'entre les pays, à travers plusieurs points de vue et une étude de cas (le Réseau international sur le neem). Outre les aspects juridiques, ont été présentées et examinées des questions concernant le partage des avantages dérivant de l'emploi des ressources génétiques, les règlements phytosanitaires et les mesures de quarantaine ainsi que les dispositions anti-espèces envahissantes. Les centres du GCRAI et la CSIRO ont mis au point des procédures pratiques et des modèles pour des Accords de transfert de matériels (ATM). L'Organisation de l'unité africaine et le Centre des ressources phytogénétiques de la SADC formulent des approches-cadres de la question. Il a été recommandé que l'information disponible soit fournie à la FSTCU, et que soient explorées les possibilités d'élaborer des accords régionaux sur l'obtention et le transfert des ressources génétiques forestières, fondés sur des conditions mutuellement convenues et compatibles avec les lois nationales.

Les discussions ont ensuite porté sur le renforcement institutionnel et la formation et sur la coopération régionale. Au niveau des pays, plusieurs institutions s'occupent de ressources génétiques forestières, mais la coordination des politiques et la cohérence des efforts ne sont pas toujours assurées. On a pris acte de la nécessité de développer l'échange d'informations et les interactions entre les partenaires. En outre, il faudrait renforcer les capacités nationales et régionales en réalisant un juste équilibre entre formation universitaire et acquisition par apprentissage des compétences techniques et des expériences. Considérant le nombre d'instituts de recherche s'intéressant aux questions liées aux ressources génétiques forestières dans la région, les participants ont insisté sur l'importance de l'échange d'expériences, de compétences techniques et d'informations par le biais de réseaux formels et d'instruments de liaison. Quant aux questions de fond, les participants ont reconnu la nécessité d'une sensibilisation à tous les niveaux sur l'importance des problèmes forestiers en général et de la conservation et de la gestion des ressources génétiques des forêts en particulier. Au niveau opérationnel, un certain nombre de programmes, de projets et d'initiatives coopératifs sur la foresterie, la conservation des forêts et les ressources génétiques forestières déjà disponibles ont été présentés (IUFRO-SPDC, SADC/FSTCU, SAFORGEN). Les participants ont reconnu que ces efforts devraient être poursuivis et encouragés, et ont proposé de renforcer l'action de SAFORGEN dans la région par le biais d'arrangements contractuels avec la FSTCU.

La dernière partie du séminaire a été consacrée à la synthèse des problèmes et à la formulation de recommandations relativement aux mesures à prendre dans des domaines techniques, et à leur rassemblement dans un projet de plan d'action fondé sur les conclusions des présidents et des rapporteurs. Les domaines techniques exigeant des mesures spécifiques sont les suivants i) prospection et récolte de matériel génétique; ii) évaluation, amélioration des arbres et fourniture de semences; et iii) conservation in situ et ex situ. Il a été décidé que les éléments détaillés du plan d'action seront définis par la suite par la FSTCU et la FAO, en coopération étroite avec les rapporteurs et diffusés auprès de tous les participants avant leur publication.

CONCLUSIONS ET MESURES DE SUIVI IMMÉDIATES
Le séminaire a constitué une tribune privilégiée pour l'examen de questions de fond liées aux ressources génétiques forestières dans la région de la SADC. Les participants ont reconnu la nécessité d'un plan d'action régional pour la conservation et l'utilisation durable des ressources génétiques des forêts et des arbres des pays de la SADC et sont convenus d'en élaborer un. Un projet de plan d'action fondé sur les débats du séminaire sera distribué aux participants, une fois que les Actes du séminaire auront été définitivement mis au point par la FSTCU. Le plan sera complété par une synthèse de l'état des ressources génétiques des forêts en Afrique orientale et australe, à partir des données disponibles dans les rapports nationaux. On prévoit que la synthèse régionale contiendra également des informations non disponibles pour le moment, fournies par l'Afrique du Sud et l'Angola. La synthèse et le plan d'action seront distribués à un grand nombre d'institutions et d'organisations à l'intérieur et hors de la région.

Des informations ainsi qu'une documentation sur le séminaire et ses résultats seront fournies à d'autres instances et réunions, dont la Commission des forêts et de la faune sauvage pour l'Afrique. Il est prévu de rendre ces informations accessibles en ligne par le biais de la page d'accueil de la FSTCU, avec des renvois à la page d'accueil du Système mondial d'information sur les ressources génétiques forestières (REFORGEN) de la FAO, et le Centre d'échanges de la Convention sur la diversité biologique.



SIGLES ET ACRONYMES
ASDI: Agence suédoise de coopération internationale au développement, Stockholm (Suède)
CBD: Convention sur la diversité biologique, Montréal (Canada)
CIFOR: Centre pour la recherche forestière internationale, Bogor (Indonésie)
CSIRO: Organisation de la recherche scientifique et industrielle du Commonwealth, Canberra (Australie)
DFID: Office britannique pour le développement international, Londres (Royaume-Uni)
DFSC: Centre DANIDA de semences forestières, Humlebaek (Danemark)
FAO: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, Rome (Italie)
FBD: Division de la foresterie et de l'apiculture, Dar Es Salaam (Tanzanie)
FSTCU: Unité de coordination technique du secteur forestier de la SADC, Lilongwe (Malawi)
GEF: Fonds pour la protection de l'environnement, Washington (Etats-Unis)
GCRAI: Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale, Washington (Etats-Unis)
IPGRI: Institut international des ressources phytogénétiques, Rome, Italie
IUFRO: Union internationale des instituts de recherches forestières, Vienne (Autriche)
ONG: Organisation non gouvernementale
PNUD: Programme des Nations Unies pour le développement, New York (Etats-Unis)
PNUE: Programme des Nations Unies pour l'environnement, Nairobi (Kenya)
SADC: Communauté du développement de l'Afrique australe
SAFORGEN: Programme pour les ressources génétiques forestières en Afrique subsaharienne, Cotonou (Bénin)
SPDC: Programme spécial pour les pays en développement (IUFRO), Vienne (Autriche)
UICN: Union mondiale pour la nature, Gland (Suisse)

3 = Mesures à prendre au cours des dix prochaines années; - = Aucune mesure à prendre; * = Mesures en cours d'application; 2: Indice de priorité moyen; Mo3, Zi1 = Indice de priorité par pays


1. Reçu en juillet 2000. Original: anglais.
2. Forestier, Département des forêts, FAO, Rome.
3. Forestier principal, SADC/FSTCU, Ministère des forêts, Lilongwe, Malawi.

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