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3 COMMERCE DES PRODUITS ALIMENTAIRES ET AGRICOLES


Le Brésil est un pays qui exporte depuis longtemps des produits agricoles. Le pays vend une gamme importante de produits, dans toutes les régions du globe. La composition et le volume des échanges brésiliens n’ont pas été influencés de manière significative par la mise en œuvre des Accords du Cycle d’Uruguay par le Brésil et les autres pays. Cela tient surtout au fait que les principales réalisations du Cycle constituent une nouvelle discipline imposée aux échanges internationaux, mais de facto, la libéralisation, découlant des négociations a été limitée.

Les principaux facteurs qui ont eu une incidence sur les échanges agricoles ont été de nature macroéconomiques et internes, comme la réforme unilatérale des droits de douane, en 1990 et la mise en oeuvre du Marché commun austral (MERCOSUR). La réforme des droits de douane a réduit le niveau moyen des droits appliqués, de 32 à 14 pour cent, les droits agricoles allant de 0 à 10 pour cent.[18] Le niveau des droits a encore été ajusté pour couvrir les engagements des négociations du MERCOSUR.

L’instabilité macroéconomique a influencé les échanges brésiliens pour les produits agricoles et non agricoles. L’agriculture a été particulièrement touchée par les associations pernicieuses d’un niveau élevé des taux d’intérêts réels et d’une devise forte, ce qui a fait baisser les prix à la production et a considérablement accru les coûts financiers.

3.1 Balance des échanges agricoles et alimentaires

Le tableau 8 synthétise les échanges brésiliens de produits agricoles, au cours de la période 1985/2000. On a pu relever qu’après 1994, le niveau des importations et des exportations, à la fois de produits agricoles et vivriers, ont augmenté, mais que les exportations nettes ont diminué entre la première et la deuxième période. Il va sans dire que les données ne permettent pas d’établir un lien entre la conclusion et la mise en place du Cycle d’Uruguay et les échanges de produits agricoles. Il est important de noter aussi que les exportations nettes de produits alimentaires ont baissé légèrement plus que les exportations nettes du secteur agricole, si l’on compare la période A à la période B.

Tableau 8. Commerce des produits agricoles et alimentaires (moyennes annuelles) en millions de dollars E.-U. constants

Période

Importations

Exportations

Exportations nettes

Agriculture

Alimentation

Agriculture

Alimentation

Agriculture

Alimentation

1985-94 (A)

1 825

1 303

7 352

5 638

5 527

4 335

1995-2000 (B)

3 454

2 412

8 816

6 272

5 362

3 860

1985-2000 (C)

2 436

1 719

7 901

5 876

5 465

4 157

Source: FAO.

Les figures 1 et 2 tiennent compte d’informations plus approfondies. Il est possible de relever les aspects suivants:

L’ensemble des données consolide l’hypothèse selon laquelle l’incidence de l’Accord du Cycle d’Uruguay, pour autant qu’il y en ait une, a été relativement moins importante pour le Brésil que les événements internes (réforme des droits de 1990), les traités signés entre le Brésil et l’Argentine au cours des années 80 (Pereira, 1996) et la mise en place du MERCOSUR en 1995 (Brandão, Rezende et Pereira, 1996).[20] On s’appuie sur le fait que l’accroissement des exportations a débuté bien avant 1995 et que les exportations ont même chuté (du fait du prix cependant, en non du volume) après 1998.

Figure 1. Évolution du total des échanges agricoles, au Brésil

Figure 2. Évolution du taux des changes au Brésil, 1975-2000

3.2 Exportations

Le tableau 9 indique les exportations de certains produits agricoles, pendant divers périodes allant de 1985 à 2000 (voir aussi Annexe tableau A1). En moyenne, ces produits comprennent environ 80 pour cent de la valeur totale des exportations agricoles brésiliennes. Leur part a diminué au cours de la période envisagée (de 82 à 79 pour cent) mais avec d’importantes variations pour certains produits. Le café et le cacao (qui ne figurent pas au tableau 9) ont enregistré la réduction la plus significative, alors que celle du sucre a été moindre. Les exportations de l’ensemble du soja représentent maintenant environ 42 pour cent des exportations agricoles brésiliennes, et les autres produits comme la viande et les jus d’orange occupent une place importante dans le panier des exportations.

Table 9. Exportations agricoles (par produits)


Moyennes par périodes

Variations annuelles (%)

1985-
89

1990-
94

1995-
2000

B par rapport à

C par rapport à

(A)

(B)

(C)

A

B

Soja

Valeur (millions de dollars E.-U. constants)

596

629

1 041

1,08

9,59

Quantité (milliers de tonnes)

2 986

3 881

7 531

5,38

12,81

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

199

162

145

-4,00

-2,03

Farine de soja

Valeur (millions de dollars E.-U. constants)

1 391

1 194

1 277

-3,01

1,22

Quantité (milliers de tonnes)

8 284

8 968

10 524

1,60

2,95

Valeur unitaire (dollars E.-U. constants)

168

134

121

-4,49

-1,77

Huile de soja

Valeur (millions de dollars E.-U. constants)

299

281

441

-1,26

8,58

Valeur unitaire (dollars E.-U. constants/tonne)

375

315

316

-3,40

0,06

Sucre

Valeur (millions de dollars E.-U. constants)

303

473

1 285

9,31

19,91

Quantité (millions de tonnes)

2 082

2 476

7 714

3,53

22,95

Valeur unitaire (dollars E.-U. constant /tonne)

155

196

148

4,79

-5,04

Café

Valeur (millions de dollars constants)

1 751

959

1 557

-11.35

9.22

Quantité (milliers de tonnes)

869

961

934

2.02

-0.51

Valeur unitaire (dollars E.-U. constants/tonne)

2 192

1 017

1 434

-14.24

6.44

Jus d’orange

Valeur (millions de dollars E.-U. constants)

768

754

869

-0,35

2,61

Quantité (milliers de tonnes)

687

1 030

1 157

8,44

2,13

Valeur unitaire (dollars E.-U. constants/tonne)

1 154

749

631

-8,28

-3,07

Viande bovine

Valeur (millions de dollars E.-U./tonne)

423

353

436

-3,55

3,89

Quantité (milliers de tonnes)

284

241

263

-3,26

1,62

Valeur unitaire (dollars E.-U. constants/tonne)

1 514

1 454

1 455

-0,79

0,01

Volailles

Valeur (millions de dollars E.-U./tonne)

218

349

578

9,85

9,65

Quantité (milliers de tonnes)

245

408

638

10,73

8,48

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

893

861

794

-0,72

-1,47

Viande de porc

Valeur (millions de dollars E.-U. constants)

15

42

111

22,77

19,48

Quantité (milliers de tonnes)

11

32

94

23,51

21,32

Valeur unitaire (dollars E.-U. constants/tonne)

1 361

1 305

1 075

-0,83

-3,46

Source: FAO.

Les données qui figurent au tableau 9 et A1 suscitent les commentaires suivants:

Le tableau 10 indique la destination des exportations brésiliennes depuis 1991. L’UE occupe la part la plus importante (moyenne de 46 pour cent) suivie par les pays de l’ALENA (moyenne de 12 pour) et le MERCOSUR (moyenne de 5 pour cent). Pour le reste du globe, la moyenne est de 37 pour cent. La part des exportations du MERCOSUR a doublé, partant d’une base de référence très basse, entre 1991 et 1993, à la suite de plusieurs accords avec l’Argentine (dont certains ont été signés avant le MERCOSUR). Quoi qu’il en soit, le MERCOSUR n’est pas une destination importante pour les exportations agricoles du Brésil. L’ALENA et l’UE le sont, mais leurs parts ont diminué. L’UE reçoit encore la part la plus importante des exportations brésiliennes (54 percent in 2001). Toutefois on relève un net accroissement des exportations vers les autres régions du monde, probablement du fait que la forte protection sur les marchés traditionnels, freine la progression.

Tableau 10. Destination des exportations brésiliennes (en pourcentage)

Années

MERCOSUR

ALENA

UE

Total
MERCOSUR, ALENA et UE

Reste du monde

1991

3

19

51

72

28

1992

4

17

51

72

28

1993

6

15

48

68

32

1994

5

12

49

67

33

1995

6

10

43

59

41

1996

6

11

44

61

39

1997

6

9

47

61

39

1998

7

8

44

59

41

1999

5

11

44

60

40

2000

6

11

45

62

38

2001

4

8

42

54

46

Source: Ministère du développement, de l’industrie, du commerce et du tourisme.

Pour résumer, les revenus des exportations agricoles comprennent environ 30 pour cent du total des revenus d’exportation du Brésil. Le pays dispose d’une gamme diversifiée d’exportations, qui sont expédiées vers toutes les régions du monde. L’analyse des données ne relève aucune incidence positive de l’Accord du Cycle d’Uruguay sur les exportations. La croissance a démarré au début des années 90, bien avant la conclusion des négociations commerciales et l’on ne relève pas de changements, au cours de la période de mise en oeuvre. Ce manque de réaction vient du fait que l’Accord sur l’agriculture n’a pas introduit des restrictions significatives pour la protection des produits sur lesquels le Brésil dispose d’avantages comparatifs (par exemple le sucre). Les subventions aux exportations agricoles se poursuivent dans les pays de l’OCDE, le soutien interne est encore élevé dans ces pays, et la progressivité des droits de douane reste un problème dans divers secteurs (notamment celui du café et du soja)

3.3 Importations

Pour ce qui est maintenant des importations, nous relevons que la valeur des importations brésiliennes de produits agricoles représente une part réduite, et en diminution, des importations totales, comme cela ressort du deuxième graphique de la figure 1. En l’an 2000, elles représentaient 8 pour cent du total. Les importations agricoles ne sont pas significatives du point de vue de la balance des paiements, et sont une source moindre de revenus pour les pouvoirs publics.

En l’an 2000, le Brésil a importé 1 441 millions de dollars E.-U. de céréales, le blé représentant environ 71 pour cent du total, le riz 10 pour cent et le maïs 14 pour cent. Il s’agit de la composante individuelle la plus importante du panier des importations agricoles brésiliennes. Un autre produit important est le lait, non pas tellement du fait de la valeur des importations mais du fait du grand nombre de producteurs et de la pression politique intérieure que ces derniers exercent sur les autorités. Les importations de produits laitiers ont accentué les préoccupations des producteurs au fil des ans, surtout en raison des subventions octroyées dans l’UE et des obstacles aux importations érigés aux États-Unis.

Les importations de certains produits agricoles, de 1985 à 2000 (avec sous périodes), figurent au tableau 11. Il convient de relever la hausse de la valeur des importations de blé, de riz et de lait au cours de toute la période. Comme pour les exportations, cela est dû surtout à la modification des volumes, vu que les unités de valeur ont baissé, au cours de toute la période.

Tableau 11. Importations agricoles (par produits)


Moyennes par périodes

Évolution annuelle en pourcentage

1985-89

1990- 94

1995- 2000

B par rapport à

C par rapport à

(A)

(B)

(C)

A

B

Blé

Valeur (millions de dollars E.-U. constants)

283

457

650

10,06

6,60

Quantité (milliers de tonnes)

2 262

4 613

6 905

15,31

7,61

Valeur unitaire (dollars E.-U. constants/tonne)

121

103

96

-3,23

-1,29

Riz

Valeur (millions de dollars E.-U. constants)

96

172

195

12,32

2,27

Quantité (milliers de tonnes)

424

729

905

11,46

4,00

Valeur unitaire (dollars E.-U. constants/tonne)

251

234

210

-1.38

-2,00

Maïs

Valeur (millions de dollars E.-U. constants)

77

92

86

3,61

-1,31

Quantité (milliers de tonnes)

749

955

1 082

4,97

2,29

Valeur unitaire (dollars E.-U. constants/tonne)

112

98

91

-2,66

-1,23

Lait

Valeur (millions de dollars E.-U. constants)

127

128

311

0,12

17,51

Quantité (milliers de tonnes)

852

674

1 912

-4,57

20,86

Valeur unitaire (dollars E.-U. constants/tonne)

165

192

165

2,99

-2,69

Source: FAO.

En annexe, le tableau A2, qui donne les valeurs constantes en dollars des importations brésiliennes de céréales et de lait, indique que la valeur réelle des importations de lait ont diminué, après un pic de 425 millions de dollars E.-U. en 1995. Le déclin de la valeur et du volume des importations est considérable. Malgré la réduction de la valeur, les importations de blé ont augmenté en volume, comme indiqué au tableau 11. Les importations de riz ont été en gros constantes depuis le début des années 90. Malgré l’accroissement des importations de maïs en l’an 2000, il ne semble pas qu’il s’agisse d’un changement permanent. Le tableau 11 indique que les quantités moyennes sont restées plus ou moins constantes, de 1990 à 1994 et de 1995 à 2000. En outre, en 2001 (année qui ne figure pas au tableau) non seulement les importations de maïs ont baissé (environ 60 millions de dollars E.-U.) mais les exportations ont augmenté à un niveau record de 500 millions de dollars E.-U.). Cela a probablement influencé la dévaluation du real après 1999 (figure 2).

Tableau 12. Origine des importations brésiliennes (en pourcentage)

Années

MERCOSUR

ALENA

UE

Total MERCOSUR, ALENA et UE

Reste du monde

1991

44

19

17

80

20

1992

52

15

17

83

17

1993

52

16

12

81

19

1994

50

19

13

81

19

1995

49

17

17

82

18

1996

53

16

13

82

18

1997

57

13

12

83

17

1998

62

12

13

86

14

1999

63

9

13

86

14

2000

66

7

13

86

14

2001

63

7

14

85

15

Source: Ministère du développement, de l’industrie, du commerce et du tourisme.

L’origine des importations brésiliennes figure au Tableau 12. On peut relever que la plupart des importations proviennent des pays du MERCOSUR, principalement d’Argentine. La part des importations du MERCOSUR a augmenté au cours de la période indiquée dans le tableau; si l’on se place dans une perspective à plus long terme, l’accroissement est encore plus fort. La part moyenne des importations est de 14 pour cent pour les pays de l’ALENA, de 14 pour cent pour l’UE et de 17 pour cent pour le reste du monde. Bien qu’elles soient plus concentrées que les exportations, la part des autres régions est aussi relativement grande, ce qui renforce l’idée que le Brésil négocie à l’échelle du monde sur les marchés agricoles. Il convient aussi de noter que la part du reste du monde est restée relativement constante après 1997.


[18] La principale exception étant alors le lait en poudre affecté d’un droit de 32 pour cent.
[19] L’autre est le compte de capital de la balance des paiements.
[20] Le traité d’Asuncion a été signé en 1991, et le libre échange est entré en vigueur en 1995.
[21] Il convient de noter que les taux de croissance ayant été calculés à partir des moyennes périodiques, l’identité entre les modifications de pourcentage en valeur, les quantités et les prix ne s’appliquent pas dans ce cas.

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