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3 ÉVOLUTION DU COMMERCE DES PRODUITS ALIMENTAIRES ET AGRICOLES


3.1 Cadre macroéconomique

En 1991, l’Égypte a commencé à mettre en place un programme de réforme économique d’ensemble qui ont permis de parvenir à une stabilité macroéconomique. Trois éléments ont permis ce succès: un important ajustement budgétaire, une réforme du marché des changes et l’adoption d’un ancrage des changes, et une politique monétaire de soutien. Au cours de la période 1981-1986, juste avant la réforme de l’agriculture, le taux de change était surévalué de 95 pour cent. Au cours de la période 1986-1989, le taux de change était surévalué de plus de 200 pour cent, mais a chuté ensuite à 47 pour cent en 1990 et en 1991 il est parvenu à la parité.

En octobre 1991, des marchés segmentés pour les devises, ont été unifiés, à une valeur déterminée par les forces du marché (Kheir El Din et El Shawarby, 2002). Le taux de change nominal a été dévalué de 23 percent, passant de 1 dollar E.-U. pour 2,708 LE à la fin de juin 1990, à 3,342 LE en février 1991. Depuis lors, le nouveau taux de change de la livre égyptienne vis-à-vis du dollar E.-U., utilisé comme ancrage nominal, est resté grosso modo constant, bien que cela se soit transformé dans une appréciation réelle rapide, qui s’est montée à environ 40 pour cent en 1998. Une autre dévaluation a eu lieu en 2001 (3,98 LE/dollar E.-U.) et à nouveau (30 pour cent) au cours du premier trimestre de 2002 (4,6 LE/dollar E.-U.).

Du fait de cette dévaluation, les importations sont maintenant plus chères en monnaie locale et les exportations égyptiennes devraient être plus compétitive sur les marchés mondiaux. Toutefois, la dévaluation a des effets négatifs sur la situation de la sécurité alimentaire, puisque les denrées vivrières importées sont maintenant plus chères. Il n’est pas facile d’établir si une dépréciation nominale ou réelle puisse aider les exportations nettes dans le cas égyptien. À cet effet, une étude de El Shawarby (1999) sur l’impact probable et la réalité de la dévaluation des exportations égyptiennes sur les exportations, met l’accent sur le faible rôle des variations du taux de change sur les performances égyptiennes pour les exportations. L’étude conclut que la promotion des exportations en Égypte n’est pas seulement un problème lié au taux de change mais plutôt un problème de comportement et institutionnel.

3.2 Balance globale des échanges de produits agricoles et alimentaires

Au cours de la période 1985-1989, l’ensemble des échanges agricoles ont atteint une moyenne de 3,81 milliards par an soit environ un tiers (34,1 pour cent) des échanges de l’Égypte mais ont diminué en valeur absolue et en termes relatifs à une moyenne de 3,06 milliards de dollars E.-U., au cours de la période 1990-1994, représentant 25,7 pour cent des échanges égyptiens. Au cours de la dernière période, 1995-2001, bien que l’ensemble des échanges agricoles aient augmenté, pour atteindre 4,38 milliards de dollars, ola part a diminué et s’est établie à 22,4 pour cent des échanges totaux.

Comme indiqué au tableau 8, les exportations agricoles ont diminué, passant de 610 millions de dollars E.-U. en moyenne, au cours de la période 1985-1989, à 457 millions de dollars E.-U., au cours de la période 1993-1994 pour remonter ensuite légèrement au cours de la période 1995-2001, pour atteindre une moyenne de 528 millions de dollars E.-U. La part des exportations agricole dans le total des exportations a diminué, de 22,7 pour cent au cours de la première période à 13,4 pour cent au cours de la deuxième période et à 10,8 pour cent au cours de la troisième période.

Les importations agricoles ont reculé entre la première et la deuxième période de 3,20 milliards à 2,64 milliards mais ont atteint 3,85 milliards en moyenne au cours de la troisième période soit respectivement 37,8 pour cent, 301,1 pour cent et 26,3 pour cent des importations totales au cours de ces trois périodes. L’indice des termes de l’échange (valeur des unités d’exportation/valeur des unités d’importation) ont aussi tendance à la baisse au cours de la période 1995-2000, par rapport à la période 1990-1995.

L’Égypte continue à enregistrer un important déficit commercial agricole, qui a augmenté, passant de 2,4 milliards (1985-1994) à plus de 3,32 milliards EU (1995-2001)

Tableau 8. Commerce des produits agricoles et alimentaires
(moyennes annuelles)

Période

Importations

Exportations

Exportations nettes

Agriculture

Denrées alimentaires

Agriculture

Denrées alimentaires

Agriculture

Denrées alimentaires


millions de dollars E.-U. par an

1985-94 (A)

2 919

2 285

518

238

-2 402

-2 047

1995-2000 (B)

3 537

2 671

526

315

-3 010

-2 357

1995-2000 (C)

2 154

1 612

319

242

-1 834

-1 370


Taux de croissance (%) par an

Période A

-40

-4

-6

5

-

-

Période B

0,2

0,5

0,7

-3

-

-

Note: La période C indique ce que la moyenne annuelle des importations et des exportations serait si la tendance au cours de la période 1985-1994 s’était poursuivie.

Source: Calculée à partir de FAOSTAT.

Les importations de denrées alimentaires ont représenté environ 78 pour cent de toutes les importations agricoles égyptiennes en moyenne, pendant la période 1985-1989. Au cours de la période qui a suivi l’accord (1995-2000), la part des importations vivrières a continué à baisser, atteignant 70 pour cent, même si la valeur des importations vivrières a augmenté pour se porter à 2,.67 milliards en moyenne au cours de cette période. Par contre, la part les produits alimentaires dans l’ensemble des exportations totales a augmenté, passant d’environ 46 pour cent au cours de la période 1985-1994 à environ 60 percent au cours de la période 1995-2000. Les importations nettes de vivres ont atteint 2,.34 milliards (1985-1989) et ont progressé ensuite pour atteindre 2,361 milliards de dollars E.-U. (1995-2000).

3.3 Évolution des exportations agricoles

Traditionnellement l’Égypte exporte peu de produits, mais on a assisté avec le temps à une plus grande diversification. Pendant la période 1985-1989 les exportations agricoles ont été dominées par le coton, qui a représenté environ 60 pour cent du total des exportations agricoles; les exportations d’oranges ont progressé de 10,5 pour cent. Au cours de la période qui a précédé l’accord (1990-1994), la part de coton a reculé à seulement 27 pour cent. Les exportations de riz, de pommes de terre et d’oranges réunies sont parvenues à 27,5 pour cent de l’ensemble. Après l’accord (1995-2001) les exportations de coton se sont stabilisées à 30 pour cent, alors que les parts de riz, de pommes de terre et d’oranges ont progressé jusqu’à 37,1 pour cent. On a enregistré aussi une chute correspondante dans la part des«autres exportations»qui est passée de 43,9 à 30,2 pour cent (tableau 9).

Tableau 9. Exportations agricoles, par produits


Moyennes par période

Modification du
pourcentage
annuel

1985-89

1990-94

1995-2000

(A)

Pourcentage
du total

(B)

Pourcentage
du total

(C)

Pourcentage
du total

B Par
rapport
à A

C par
rapport à
B

Coton

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

364

59,6

115

27

158

30

-20,6

6,6

Value (millions de dollars E.-U.)

112


40


67


-18,6

10,9

Quantité (milliers de tonnes)

3 250


2 873


2 358


-2,4

-3,9

Riz

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

17

2,8

45

10,6

95

18,1

21,5

16,1

Value (millions de dollars E.-U.)

52


155


296


24,4

13.8

Quantité (milliers de tonnes)

327


290


321


-2,4

2,1

Pommes de terre

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

26

4,3

34

8.0

56

10,6

5,5

10,5

Valeur (millions de dollars E.-U.)

136


174


284


5,1

10,3

Quantité (milliers de tonnes)

191


195


197


0,4

0,2

Oignons

Valeur unitaire (dollar E.-U./tonne)

10

1,6

15

3,5

14

2,7

8,4

-1,4

Valeur (millions de dollars E.-U.)

35


89


121


20,5

6,3

Quantité (milliers de tonnes)

286


169


116


-10

-7,2

Oranges

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

64

10,5

30

7

44

8,4

-14,1

8

Valeur (millions de dollars E.-U.)

119


88


160


-5,9

12,7

Quantité (milliers de tonnes)

538


341


275


-8,7

-4,2

Autres produits

Valeur (millions de dollars E.-U.)

129

21,1

187

43,9

159

30,2

7,7

-3,2

Exportations agricoles (millions de dollars E.-U.)

610

100

426

100

526

100

-6,9

4,3

Source: Calculé à partir des données du «Central Agency for Public Mobilization and Statistics (CAPMAS)», Égypte.

Les exportations égyptiennes sont concentrées non seulement pour ce qui est du nombre de produits, mais aussi pour les marchés. L’UE est le marché le plus important et représente 44 pour cent de l’ensemble des exportations égyptiennes, de la période qui a suivi l’accord; les Etats-Unis arrivent en deuxième position. Les exportations vers les pays arabes représentent 10 pour cent du total des exportations égyptiennes. L’UE a été la principale destination des exportations égyptiennes de coton et de pommes de terre (respectivement 24,5 et 80,4 pour cent, au cours de la période 1993-1994 et 36,2 et 81,4 pour cent au cours de la période 1995-2001, respectivement. Il semble aussi que l’UE ait ouvert ses marchés aux exportations égyptiennes de coton et de pommes de terre, en termes absolus et en termes relatifs; les volumes sont supérieurs et les parts plus importantes. Toutefois, l’importance de l’UE a reculé pour le riz, les oranges et les oignons. Les pays arabes en général, et les pays du Golfe en particulier, représentent des marchés importants pour les exportations égyptiennes de riz, d’oranges et dans une moindre mesure, de pommes de terres et d’oignons

Les exportateurs égyptiens connaissent encore des contraintes limitant l’accroissement des ventes à l’étranger. Dans le pays, on relève les obstacles suivants: intrants de basse qualité, lourdeur des droits - drawbacks et régimes d’admission temporaire, formalités administratives excessives, droits et lenteurs des douanes et des diverses inspections nécessaires pour les exportations et les importations; formation insuffisante du marché du travail pour les emplois disponibles; incitations insuffisantes aux exportations insuffisantes, et un manqué d’accès aux informations sur les marchés étrangers et sur les normes relatives aux produits.

3.4 Évolution des importations agricoles

En Égypte, les importations agricoles se sont développées considérablement après l’Accord (2,6 milliards, en moyenne, au cours de la période 1990-1994 et 3,5 milliards, en moyenne, au cours de la période 1995-2000, soit un taux annuel d’accroissement de 5,9 pour cent, comme indiqué au tableau 10). Le blé, le maïs, l’huile alimentaire, le sucre, le lait en poudre et la viande rouge sont les principaux produits d’importation. Évalués à 767 millions de dollars E.-U., les importations de blé (grains et farine) ont représenté 29 pour cent des importations agricoles totales au cours de la période 1990-1994 mais ont diminué à 22,9 pour cent avec une valeur de 803 millions de dollars E.-U., en moyenne, au cours de la période 1995-2000. Pour le maïs et l’huile alimentaire, les importations ont augmenté à la fois en termes absolus et relatifs; la valeur des importations de maïs a augmenté, passant de 227 millions de dollars E.-U. (8,4 pour cent au cours de la première période à 462 millions de dollars E.-U. représentant 12 pour cent au cours de la période 1995-2001). La part des importations des huiles alimentaires a progressé de 8 à 9,9 pour cent.

Tableau 10. Importations agricoles, par produits


Moyennes par périodes

Modification annuelle en pourcentage

1985-89

1990-94

1995-2000

(A)

Pourcentage du total

(B)

Pourcentage du total

(C)

Pourcentage du total

B par rapport à A

C par rapport à B

Blé

Valeur (millions de dollars E.-U.)

1 113

34,8

767

29

803

22,9

-7.2

0,9

Quantité (milliers de tonnes)

6 904


5 695


4 809


-3,8

-3,3

Valeur unitaire (dollar E.-U./tonne)

161


135


167


-3.5

4.3

Maïs

Valeur (millions de dollars E.-U.)

214

6.7

240

9.1

449

12.8

2.3

13.3

Quantité (milliers de tonnes)

1 774


1 800


3 266


0.3

12.7

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

121


133


137


1.9

0.6

Sucre

Valeur (millions de dollars E.-U.)

174

5,4

179

6,8

210

6

6

3,2

Quantité (milliers de tonnes)

670


543


707


-4,9

5,4

Valeur unitaire (dollar E.-U./tonne)

260


330


297


3,7

-2,1

Huiles alimentaires

Valeur (millions de dollars E.-U.)

199

6,2

231

8,7

416

11,9

3

12,5

Quantité (milliers de tonnes)

346


538


705


9,2

5,6

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

575


429


590


-5.7

6.6

Viande rouge

Valeur (millions de dollars E.-U.)

271

8.5

138

5.2

196

5.6

-12.6

7.3

Quantité (milliers de tonnes)

202


133


156


-8.0

3.2

Valeur unitaire (dollar E.-U./tonne)

1 342


1 038


1 226


-5.0

3.4

Équivalent lait

Valeur (millions de dollars E.-U.)

210

6,6

153

5,8

166

4,7

-6,1

1,6

Quantité (milliers de tonnes)

817


601


594


-6

-0,2

Valeur unitaire (dollars E.-U./tonne)

257


255


279


-0,2

1,8

Valeur des autres produits (millions de dollars E.-U.)

1 017

31,8

933

35,3

1 270

36,2

-1,7


Importations agricoles (millions de dollars E.-U.)

3 198

100

2 641

100

3 510


-3,8


Source: Calculé à partir des données du «Central Agency for Public Mobilization and Statistics (CAPMAS)», Égypte.

L’Égypte dépend de plusieurs sources pour les importations agricoles et alimentaires. On a toutefois assisté à une certaine concentration, pour ce qui est de l’origine de chaque produit. Les importations égyptiennes de céréales notamment sont presque exclusivement originaires des États-Unis, qui ont fourni à l’Égypte 65 pour cent de blé et 77 pour cent de maïs (jaune pour l’alimentation animale) au cours de la période qui a précédé l’Accord (1993-94) et 67,7 pour cent de blé et 81,7 pour cent de maïs, au cours de la période successive (1995-2001). L’Australie est le deuxième fournisseur mais sa part a baissé pendant la deuxième période. L’Egypte se fournit surtout en Malaisie pour l’huile alimentaire: 49 pour cent au cours de la première période et 44,8 pour cent (même si avec le volume est supérieur) au cours de la deuxième période. Pour ce qui est du sucre, Cuba a été rattrapé par le Brésil. Au cours de la deuxième période, le Brésil a fourni à l’Égypte plus de la moitié de ses importations de sucre, contre seulement 24,4 pour cent au cours de la première période.


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