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4. Utilisation de la glace et de l'eau de mer refroidie à la glace à bord des bateaux de pêche


4.1 Capture et manutention immédiate à bord

Pour offrir aux consommateurs du poisson d'excellente qualité, il faut empêcher sa dégradation d'un bout à l'autre du processus. L'altération commence dès la mort du poisson et peut donc être engagée avant même que les pêcheurs ne remontent les prises à bord. Dans certains pays, il est d'usage de laisser les filets maillants «mouiller» pendant de longues périodes, d'où des pertes importantes pouvant aller jusqu'à plus de 25 pour cent selon certaines études réalisées dans le cadre du Programme de la Baie du Bengale (FAO, 1991). Les poissons pêchés à la palangrotte, à la senne de plage et avec d'autres engins actifs sont en général de meilleure qualité du fait que l'engin ne «mouille» pas. L'un des moyens d'empêcher l'altération du poisson dans les filets maillants est donc de les remonter plus fréquemment. Cette suggestion sera toutefois peu populaire auprès des pêcheurs car elle exige davantage de travail, peut s'avérer plus coûteuse et les détourner d'autres activités.

Il s'ensuit que la glace ne saurait constituer en soi la garantie d'un produit de meilleure qualité à moins que le poisson n'ait été correctement manipulé avant son glaçage en cale. Même lorsque les filets ou autres engins sont fréquemment remontés, la détérioration est parfois rapide, notamment lorsque les captures sont laissées au soleil et à la chaleur sur le pont, ce qui annule toute amélioration de qualité résultant d'une remontée plus fréquente de l'engin.

Le processus d'altération est continu et inéluctable; quelle que soit la quantité de glace utilisée, un poisson altéré ne retrouvera pas sa qualité première.

En bref, le temps écoulé entre la capture ou la mort du poisson et son glaçage doit être aussi court que possible, et le poisson doit être le moins possible exposé à de fortes températures. Dans les tropiques, cela implique de mettre le poisson à l'ombre et non en plein soleil. Lorsqu'il n'est pas possible de glacer le poisson immédiatement, on le recouvre parfois de sacs mouillés en attendant son stockage. Sur certains bateaux, le pont de pêche est souvent protégé d'un taud fixe ou amovible (voir la Figure 4.1) qui abrite du soleil les membres d'équipage et les captures qui attendent d'être éviscérées et entreposées en cale.

En l'absence d'isolation thermique, le taux de perte et de fusion de la glace dans la cale à poisson sera probablement élevé, en particulier dans les régions tropicales et subtropicales. Les infiltrations de chaleur et l'altération des prises résultant de la fusion de la glace sont particulièrement prononcées sur les flancs du bateau et au vaigrage de plafond, comme le montre la Figure 4.2. Pour remédier à ce problème sans isoler la cale, on peut stocker beaucoup plus de glace contre les flancs du bateau avant d'entreposer le poisson et rajouter une bonne épaisseur de glace entre les dernières couches de poisson et le vaigrage de plafond, ce qui permet de compenser les infiltrations de chaleur. Même si l'isolation thermique de la cale paraît coûteuse dans un premier temps, elle sera compensée en quelque temps par les économies de glace et le prix plus élevé obtenu pour du poisson de meilleure qualité.

FIGURE 4.1
Protection des captures contre le soleil

a) Méthode déconseillée
Laisser le poisson en plein soleil sur le pont sans protection

b) Méthode recommandée
Recouvrir le poisson de sacs mouillés ou d'une bâche en attendant son stockage

c) Si le type de pêche le permet,
la meilleure solution est d'installer un taud blanc, fixe ou amovible, pour réfléchir la lumière solaire au maximum


FIGURE 4.2
Coupe de la cale à poisson montrant la fusion de la glace due aux infiltrations de chaleur

Pour que la glace conserve sa pleine efficacité, il faut tenir compte des points suivants:

FIGURE 4.3
Entreposage du poisson sous glace

La Figure 4.3 illustre le mode d'entreposage du poisson dans une cale typique d'un petit bateau de pêche.

4.2 Entreposage du poisson en fonction du type de glace utilisée

Les bateaux de pêche emploient généralement le type de glace qu'ils peuvent se procurer dans les fabriques à terre. Les fabriques spécialisées dans la pêche produisent normalement de la glace sous-refroidie, en écailles ou en paillettes, ou des blocs. Dans les pays où l'on trouve des installations plus modernes, on peut également se procurer de la glace liquide.

FIGURE 4.4
Modèle courant de caisse à poisson empilable en plastique

A) Méthode déconseillée

B) Méthode recommandée

La glace doit être correctement utilisée pour fournir un refroidissement efficace et rapide. Le poisson doit être totalement entouré et pleinement en contact avec la glace. Il faut donc que la glace se présente en tous petits morceaux ou sous forme liquide, voire en coulis glace-eau comme l'EMRG. On ne peut pas obtenir le même refroidissement en éparpillant quelques gros morceaux de glace sur le poisson qu'en l'entourant de toutes parts de petites particules de glace. Qu'elles soient mises en caisses ou stockées en vrac dans les compartiments à poisson, les prises doivent être soigneusement intercalées dans des couches de glace. La Figure 4.4 illustre un glaçage bien fait et un mauvais glaçage du poisson.

Pour tirer le plein profit des propriétés réfrigérantes de la glace, certains bateaux de pêche à pont étroit opérant dans les pays chauds installent des bacs isothermes sur le pont. Les bacs sont remplis de glace et d'EMRG et utilisés pour refroidir les captures rapidement en attendant leur glaçage en cale. L'avantage de ce système, bien que l'eau de mer soit refroidie avec de la glace, est qu'il réduit la quantité de glace nécessaire dans la cale pour amener le poisson à 0 °C; si la cale est petite, on peut ainsi entreposer davantage de poisson. Étant donné que le poisson peut être réfrigéré presque tout de suite après sa capture, ce système permet de lui conserver toute sa qualité.

4.2.1 Blocs de glace/glace pilée

Les fabriques de blocs de glace restent très courantes dans nombre de pays en raison de leur simplicité d'exploitation et d'entretien. Elles ont souvent été construites pour alimenter les magasins, les bars, les marchés et les habitations du secteur ainsi que les bateaux de pêche.

Dans de nombreuses régions du monde, les blocs de glace ont la préférence des pêcheurs parce qu'ils se conservent plus longtemps et prennent moins de place dans la cale. Cependant, comme on l'a déjà indiqué, il faut tout d'abord les broyer en fines particules pour exploiter pleinement les propriétés de la glace et réfrigérer le poisson. La pratique la plus courante consiste à charger et à entreposer les blocs et à les concasser à mesure des besoins. Pour assurer un bon contact avec le poisson, il est capital de la piler en tous petits morceaux. On se contente souvent de la morceler au marteau ou avec un pic à glace, ce qui ne suffit pas à la réduire en particules assez petites pour permettre un bon contact avec le poisson qui reste alors exposé à la température ambiante. Pour plus d'efficacité, il faut employer un broyeur ou un concasseur qui permettra d'obtenir des morceaux de 1 cm x 1 cm ou moins, comme on l'indique à la section 3.3.

4.2.2 La glace écaille

Par rapport aux blocs, la glace écaille est d'une utilisation plus simple puisqu'on n'a pas à la broyer au préalable. Comme elle est légèrement sous-refroidie à la fabrication et qu'on peut la tasser soigneusement tout autour du poisson, elle offre probablement une meilleure réfrigération que la glace pilée. Néanmoins, comme elle occupe davantage de surface et qu'elle contient beaucoup d'air, elle prend plus de place dans la cale et fond plus rapidement que les blocs.

4.2.3 La glace liquide

La glace liquide est un agent refroidissant extrêmement efficace pour le poisson et permet de l'amener très rapidement à 0 °C. On l'emploie principalement pour stocker le poisson dans des conteneurs fermés, comme des caisses ou des bacs isothermes. Lorsque les prises sont stockées sur des étagères, son utilité est fonction de sa liquidité. Si le mélange est trop aqueux, il aura tendance à couler et à exposer le poisson. La liquidité est un facteur que l'on peut contrôler si la machine à glace se trouve à bord. A défaut, on embarque de la glace sèche à laquelle on ajoute de l'eau de mer propre en fonction des besoins. Ce type de glace est de plus en plus apprécié sur les bateaux qui ciblent des espèces à forte valeur, comme les crevettes qui sont directement chargées à la capture dans de grands bacs isothermes, recouvertes de glace liquide et livrées telles quelles sur les marchés ou à l'usine de traitement, et sont donc peu ou pas du tout endommagées. Du point de vue de la réfrigération, la glace liquide a des caractéristiques proches de celles de l'EMRG.

4.2.4 L'eau de mer refroidie à la glace (EMRG)

L'EMRG est un milieu réfrigérant très efficace car le poisson y est complètement noyé. Elle exige cependant d'équiper la cale de cuves ou de caisses étanches, d'où des surcoûts qui ne sont pas toujours justifiés. Ce type d'installation est principalement utilisé dans les cas suivants:

Les cuves réduisent l'espace disponible en cale, parfois jusqu'à 20 pour cent.

Les proportions du mélange glace, eau et poisson dans les cuves et les bacs isothermes varient en fonction du climat. La Circulaire sur les pêches No 773 de la FAO (FAO, 1984) donne les chiffres suivants pour les climats tempérés et tropicaux:

Selon les auteurs de cette Circulaire, c'est le volume de glace nécessaire pour amener le poisson à 0 °C. Si le poisson a déjà été refroidi, on diminuera le volume de glace d'autant. Quand bien même tous les autres facteurs resteraient les mêmes, rappelons qu'il faut de la glace pour refroidir l'eau du système tout autant que le poisson; donc, la réfrigération à l'EMRG exige en théorie davantage de glace qu'un simple glaçage.

Sous sa forme la plus élémentaire, on obtient de l'EMRG en ajoutant de l'eau de mer fraîche à la glace contenue dans les bacs, les compartiments étanches ou les cuves de la cale à poisson. Ce système convient pour de courtes périodes, mais pose un problème de stratification des températures. Celle-ci est due à la remontée de l'eau chaude dans la cuve et au fait que la glace et le poisson ont tendance à flotter dans l'eau. Si l'on ne remue pas fréquemment le mélange EMRG/poisson, on risque une réfrigération irrégulière du poisson. Par ailleurs, on risque d'endommager le poisson en remuant le mélange trop brutalement; des méthodes ont donc été mises au point pour assurer la bonne circulation de l'eau dans le réservoir sans abîmer le poisson. On utilise habituellement les deux méthodes suivantes:

4.3 Maniabilité de la glace dans le temps

A mesure que le temps passe, les morceaux de glace ont tendance à s'agglomérer et deviennent difficiles à manipuler et à mélanger avec le poisson. Le Département fédéral des pêches du Canada a effectué des recherches sur la question en mesurant l'agglomération de la glace selon les paramètres suivants:

Ces recherches ont abouti aux conclusions suivantes:

Dans la plupart des cas, les bateaux qui utilisent des blocs de glace les chargent entiers et les concassent à mesure des besoins, ce qui explique que le problème de l'agglomération des morceaux de glace ne se pose pas.

TABLEAU 4.1
Observations visuelles relatives aux différents types de glace

Heures

Glace en paillettes

Glace écaille

Blocs de glace broyés

0

Les paillettes de glace sont de taille variable (10-100 mm) et épaisses d'environ 6 mm; pas de grosses mottes; peuvent être déversées sans difficulté dans un conteneur/caisse isotherme avec couvercle.

Les écailles font 30 mm × 2 mm d'épaisseur. Elles sont de forme irrégulière.
Pas d'agglomération, peuvent être déversées dans un conteneur/caisse isotherme avec couvercle

Ont l'apparence d'une neige dense et lourde présentant de petits morceaux isolés de glace transparente (10-100 mm).
La glace a tendance à s'agglomérer et à prendre la forme des caisses

24

Rétraction à 5 mm des bords; les paillettes conservent leur forme

Rétraction à 10 mm des bords; l'aspect écaillé disparaît; formation de petites mottes; formation d'une croûte givrée; aspect légèrement sale.

Surface solide présentant des fragments de glace compacte.

48

Rétraction à 10 mm des bords; diminution de la taille des paillettes qui présentent une surface piquée.

Surface essentiellement constituée d'une croûte solide; la pelle a été pliée durant le test.

Glace solidifiée.

96

Rétraction à plus de 10 mm; diminution évidente de la taille des paillettes; la glace a tendance à se compacter, mais on peut encore la briser et la manipuler facilement à la pelle.

Surface solide et très sale

Rétraction à 20 mm; quelques fragments isolés solides et petits agglomérats de particules d'aspect neigeux; glace d'aspect très sale.

168

Rétraction entre 20-40 mm aspect nettement sale; pas de réel mottage; se concasse facilement.

Rétraction entre 20-50 mm

(192 heures)
Rétraction à 30 mm; il est extrêmement difficile d'enfoncer la pelle dans la glace.

Source: DFO Canada, 1993.

Le Tableau 4.1 récapitule des observations visuelles d'ordre général sur la maniabilité des différents types de glace testés.

4.4 Quantité de glace nécessaire à bord

L'espace nécessaire pour le stockage de la glace dépendra de la taille du bateau, de la durée de la sortie de pêche, du volume probable des captures et de la disponibilité d'une machine à glace à bord.

4.4.1 Réfrigération du poisson

Le Tableau 4.2 indique la quantité de glace nécessaire pour réfrigérer 10 kg de poisson à 0 °C en fonction de la température du poisson. Pour un volume plus important, on multiplie la quantité de glace par le poids du poisson stocké en cale. Pour une température de 30 °C, un chargement de 1 000 kg de poisson exigera 340 kg de glace, soit un ratio glace/poisson légèrement supérieur à 1:3, pour amener le poisson à 0 °C. Ce ratio ne tient pas compte des pertes dues aux infiltrations de chaleur, ni de la quantité de glace supplémentaire pour maintenir le poisson à cette température jusqu'à la fin de la sortie de pêche.

Dans la pratique, il faut donc des quantités de glace bien supérieures pour maintenir le poisson à 0 °C et le garder réfrigéré pendant un certain temps.

TABLEAU 4.2
Poids théorique de glace nécessaire pour réfrigérer 10 kg de poisson à 0 °C en fonction de la température initiale du poisson

Température du poisson

Quantité de glace nécessaire

(°C)

(kg)

30

3,4

25

2,8

20

2,3

15

1,7

10

1,2

5

0,6

Source: FAO, 1984.

On considère empiriquement qu'il faut un ratio glace/poisson de 1:1 dans les tropiques. Il arrive cependant très souvent que le ratio soit de 3:1. La durée de la sortie de pêche est le principal facteur qui influe sur ce ratio.

On trouvera un exposé plus détaillé de la question au Chapitre 7.

4.4.2 Durée de la sortie de pêche, volume et composition estimés des captures

Cela ne sert pas à grand-chose d'embarquer de la glace si elle ne dure que pendant une partie de la sortie de pêche prévue. Il faut donc calculer soigneusement la quantité de glace nécessaire pour une sortie de durée moyenne. A cet effet, plusieurs facteurs doivent être pris en considération, notamment: la durée prévue de la sortie de pêche; le volume moyen des captures habituellement réalisé par sortie de pêche; le type de poisson capturé, à savoir de petite ou moyenne taille ou de tailles mélangées; le stockage disponible en cale et/ou en conteneurs; les pertes de glace prévues dues aux infiltrations de chaleur dans la cale ou les conteneurs; la température ambiante.

Le marché ciblé peut aussi avoir une influence sur les quantités de glace embarquées. Par exemple, pour les espèces pélagiques à forte valeur - comme l'espadon, le thon jaune, le thon rouge du sud et le mahi mahi - destinées à l'exportation, il faudra prévoir davantage de glace que pour le poisson destiné à la consommation locale.

Dans l'idéal, il doit encore rester de la glace dans la cale une fois tout le poisson débarqué à la fin de la sortie de pêche. On constate ainsi que le volume de glace nécessaire a été correctement estimé. Il ne faut jamais garder de la glace en cale dans le but de la réutiliser. Il faut la jeter, laver la cale à grande eau et la désinfecter avec une solution chlorée ou tout autre agent nettoyant disponible dans le commerce. Toutes les surfaces de la cale doivent être brossées pour éliminer les traces de sang ou de mucus séchés. On ne peut charger de la glace pour la prochaine sortie de pêche qu'à partir du moment où la cale a été parfaitement nettoyée.

La quantité de glace embarquée est fonction de l'espace disponible avant le début des opérations de pêche. Il faut donc trouver un équilibre entre la glace transportée, le volume escompté des captures et leur composition. Ce dernier paramètre est important car le taux de stockage en mètre cube de cale varie à la fois en fonction de la méthode de stockage - sur des étagères ou dans des caisses - et de la taille des prises. Ce rapport est illustré dans les Tableaux 4.3 et 4.4. Dans la pratique, on considère que le volume de glace embarqué peut être supérieur de 30 pour cent ou plus au minimum jugé nécessaire afin de compenser les pertes dues à la chaleur. Le volume nécessaire sera beaucoup plus important dans les cales qui ne sont pas thermiquement isolées.

Exemple: un bateau équipé d'une chambre froide de 6 m3 prend la mer pour une sortie de pêche de trois à quatre jours et table, au total, sur 1 500 kg de poisson de taille moyenne à grande. Le poisson sera stocké en vrac. Le volume de glace nécessaire pour la sortie de pêche peut être calculé comme suit:

Il faudra donc au total 1 638 kg de glace. Pour ne pas prendre de risques, le patron de pêche en chargera 2 000 kg, soit un ratio glace/poisson de 1,3: 1 qui est légèrement supérieur au minimum empirique. La glace occupera environ 4 m3 dans la cale à poisson (voir le Tableau 4.3) quand le bateau prend la mer. Quand il quittera les lieux de pêche, la cale contiendra 1 500 kg de poisson mélangés à environ 750 kg de glace. Là encore, un volume de 4 m3 sera occupé dans la cale (voir les Tableaux 4.3 et 4.4).

Le Tableau 4.4 indique le volume de glace nécessaire pour 1 tonne de poisson, selon trois méthodes de stockage différentes, pour un ratio poisson/glace de 2:1.

Le poids de la glace par rapport à son volume varie en fonction du type de glace (voir le Tableau 4.3 et la Figure 3.2). La réfrigération des captures dépend du poids de la glace utilisée et non de son volume; pour une même capacité de réfrigération, il faut donc comparer des poids de glace égaux.

TABLEAU 4.3
Matériaux, taux et méthodes de stockage

Matériau

Méthode de stockage

Taux de stockage



(kg/m3)

Glace pilée


550

Glace écaille


420-480

Petit poisson (sardine ou apparenté)

Sans glace

800-900

Petit poisson (sardine ou apparenté)

En vrac dans la glace

650

Petit poisson (sardine ou apparenté)

Dans de l'EMRG

700

Poisson de grande ou moyenne taille

En vrac dans la glace

500

Poisson de grande ou moyenne taille

Dans des caisses sous glace

350

TABLEAU 4.4
Taux de stockage en vrac, en caisses ou sur des étagères

Méthode de stockage

Taux de stockage moyen

Taux de stockage moyen


(m3/tonne de poisson)

(piedt3/tonne de poisson)

Etagères
(2:1 poisson: glace)

4,5

160

Caisses
(2:1 poisson: glace)

2,7

96

Vrac
(2:1 poisson: glace)

2,0

70

Source: FAO, 1990.

4.4.3 Considérations relatives au stockage

Les méthodes de stockage à bord diffèrent en fonction de la taille et du type de bateau.

Sur les grands bateaux qui entreposent la glace et le poisson en vrac, une bonne isolation thermique est nécessaire dans la cale à poisson qui est généralement divisée en parcs ou compartiments. L'isolation thermique retarde la fusion de la glace due aux infiltrations de chaleur et permet de maintenir un taux de glaçage correct. Par ailleurs, les compartiments permettent de conserver la glace inutilisée à l'écart du poisson et du mélange glace/poisson et de trier les captures par taille et par espèce, selon le cas. Un modèle typique de cale à poisson compartimentée est illustré à la Figure 4.5.

Sur les bateaux pontés qui n'ont pas de chambre froide, les caisses isothermes de taille adéquate pour tenir entre les écoutilles et permettre une manipulation dans la cale sont une bonne solution pour éviter de rééquiper la cale. En revanche, les bacs réduisent l'espace disponible pour le stockage de la glace et du poisson. Là encore, le problème se pose moins s'il s'agit de captures à forte valeur.

Sur les petites embarcations non pontées, on utilise principalement des caisses ou des conteneurs isothermes pour transporter la glace, puis pour y stocker les captures dans la glace. Les caisses et les conteneurs isothermes peuvent également servir au transport des captures à terre, ce qui évite d'avoir à les remballer après le débarquement.

Certains bateaux de pêche artisanale comme les grandes pirogues du Sénégal, doivent utiliser des caisses de forme spéciale pour ne pas perdre trop de place. Ces caisses peuvent difficilement servir à d'autres usages ou pour le transport. En revanche, les caisses standard qui se prêtent bien à d'autres utilisations trouvent facilement leur place sur les grandes pirogues monoxyles courantes en Amérique du Sud, en Amérique centrale et dans certaines régions d'Afrique (voir la Figure 4.6).

Dans de nombreux pays, on voit de plus en plus de petits bateaux de pêche en fibre de verre. Ce sont principalement des embarcations non pontées, simplement équipées d'un plancher et de bancs de nage, qui ont été conçues comme des embarcations polyvalentes et non pas spécialement destinées à la pêche. Quand on les équipe pour la pêche, on ajoute parfois une petite cale à poisson dans la coque. La Figure 4.7. montre un bateau qui a été modifié de cette manière. En Amérique centrale et dans les Caraïbes, on voit de nombreux bateaux de ce type, d'environ 7 à 9 mètres de long, et ils ont déjà bien fait leurs preuves. Ce type d'installation a été mis au point à la demande des pêcheurs.

FIGURE 4.5
Compartimentation typique de la cale à poisson d'un bateau de pêche artisanale

Cette cale peut être utilisée pour:

  • Stocker le poisson en vrac dans les compartiments (milieu avant)
  • Stocker le poisson en vrac sur des étagères (arrière)
  • Le cas échéant, on peut également y stocker des caisses

Les bateaux à large pont équipés d'une cale à poisson transportent généralement la glace en cale, où elle est conservée dans des compartiments jusqu'au glaçage des captures. Toutefois, certains bateaux pontés, de 10 à 17 mètres de long environ, embarquent des conteneurs isothermes pleins de glace qui sont directement stockés dans la cale à poisson ou arrimés sur le pont. Une partie des captures est mise sous glace dans ces conteneurs. On peut aussi conserver le poisson dans de l'EMRG en ajoutant de l'eau de mer propre à la glace contenue dans les bacs isothermes, ce qui permet aux couches inférieures de poisson de ne pas être écrasées au fond des bacs, en particulier quand ils sont volumineux. Il faut être prudent quand on déplace des bacs lourds et volumineux sur le pont car ils peuvent déstabiliser les petites embarcations.

FIGURE 4.6
Différentes formes de caisses à poisson adaptées aux pirogues

A) Caisse à poisson encastrée utilisable à bord seulement (pirogue sénégalaise)

B) Caisse à poisson à bord d'une grande pirogue monoxyle. Peut également être utilisée pour le stockage et le transport à terre (Amérique du Sud et Amérique centrale)

Quand les captures sont mises en caisses, on peut vider la cale et transporter les caisses directement vers le marché ou l'usine de traitement, ce qui limite la manutention et permet donc d'offrir un produit de meilleure qualité. Pour sortir des caisses et des bacs pleins et volumineux de la cale et les déplacer à quai, on se sert parfois d'équipements de levage.

Si la fabrique de glace n'est pas directement située au port de pêche, les bacs isothermes peuvent aussi être utilisés pour transporter la glace de la fabrique au bateau, ce qui permet de limiter les pertes dues à la fusion de la glace.

Plusieurs types de caisses ou de bacs isothermes sont disponibles sur le marché. Ils sont généralement conçus pour être empilables et faciles à déplacer, que ce soit manuellement ou au moyen d'élingues ou d'élévateurs à fourche. Les grands bacs isothermes sont fabriqués par rotomoulage ou par moulage par injection. Le rotomoulage est aujourd'hui la technique la plus courante car la production des coques est généralement moins coûteuse; cependant, le processus de fabrication ne se prête pas aisément à une production en série. L'isolant utilisé est normalement de la mousse polyuréthane injectée dans les coques en plastique.

Le moulage par injection exige des équipements beaucoup plus coûteux qui permettent de produire une taille unique. En effet, des moules différents doivent être fabriqués pour chaque forme ou taille de caisse. L'un des avantages du moulage par injection est qu'il se prête parfaitement à une production en série et que l'on peut contrôler plus précisément l'épaisseur des coques.

FIGURE 4.7
Bateau de 8 mètres équipé d'une cale à poisson

Note: Le plancher est recouvert de lourdes tôles déployées en aluminium ou en acier galvanisé. Les mailles sont suffisamment fines pour retenir la glace écaille, mais permettent le passage de l'eau de fusion et des sucs de poisson qui s'évacuent en fond de cale et sont pompés hors du bateau.


FIGURE 4.8
Modèles courants de bacs et de caisses à poisson en plastique

A) Modèle courant de bac isotherme moulé par injection, d'une capacité de 666 litres

Notes: Le moulage est conçu pour permettre l'utilisation de crochets de levage, de transpalettes à bras et d'élévateurs à fourche. Les bacs sont fournis avec des couvercles isothermes bien ajustés et peuvent être empilés.

Source: Saeplast, Islande

Ces modèles sont disponibles en capacité de 300 à 1 000 litres

B) Caisses en plastique pour le poisson réfrigéré

En règle générale, le poisson sous glace en caisse conserve sa qualité plus longtemps que s'il était stocké sur des étagères ou en vrac.

Les caisses en plastique sont empilables; leur drainage s'effectue sur les caisses du dessous à condition qu'elles soient directement empilées les unes sur les autres. Si elles sont décalées, l'évacuation se fait mal.

Ces caisses existent en diverses tailles, les petits modèles ayant une capacité d'environ 60 litres tandis que les gros vont jusqu'à 1 000 litres, et plusieurs tailles intermédiaires sont également disponibles pour diverses applications. S'ils ne sont pas pleins, les petits modèles peuvent être déplacés à la main, tandis que les gros exigent des moyens mécaniques, comme de simples transpalettes à bras qui peuvent également être utilisés à bord, des chariots à fourche et/ou le winch et le mât de charge du bateau. Des modèles courants de caisses isothermes en plastique sont illustrés à la Figure 4.8.

Au lieu des conteneurs ou des caisses isothermes, on emploie aussi souvent des caisses à poisson ordinaires (souvent en plastique) que l'on empile dans la cale isotherme où sont stockés la glace et le poisson. Elles permettent de bien glacer le poisson et de trier les captures par taille et par espèce avant le glaçage. Le poisson peut ensuite être directement déchargé en caisse et transporté vers le marché ou l'usine de traitement, sans qu'il soit besoin d'autre manutention. On trouve des caisses de formes et tailles différentes, adaptées à plusieurs applications. Cette méthode exige davantage de place que les autres modes de stockage, un inconvénient qui est souvent compensé par son côté pratique.


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