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THEME 2
SE PROCURER ASSEZ DE VIVRES


NOTES SUR LA NUTRITION

La sécurité alimentaire

ENCADRÉ 7 · LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DE LA FAMILLE

La sécurité alimentaire de la famille est assurée lorsque cette dernière dispose, tout au long de l'année, d'assez d'aliments sains et nutritifs pour que tous ses membres puissent couvrir leurs besoins nutritionnels avec les aliments qu'ils aiment/préfèrent pour mener une vie saine et active.

En général, les gens produisent ou achètent les aliments qu'ils consomment, et ils profitent parfois d'aliments sauvages. En période de disette, ils peuvent éventuellement bénéficier de dons alimentaires ou d'aliments à des prix subventionnés. Pour avoir la sécurité alimentaire, les gens ont besoin d'assez d'aliments et de diverses sortes d'aliments.

Les familles peuvent renforcer leur sécurité alimentaire si vous les aidez à améliorer:

Améliorer la production et le stockage des aliments

Les exploitations familiales peuvent peut-être accroître la quantité d'aliments qu'elles produisent et diversifier leur production de la façon suivante:

Figure 3. Les familles peuvent être en mesure de produire davantage de vivres

Certaines familles rurales sont peut-être en mesure d'aménager des étangs de pisciculture ou d'élever de petits animaux (volailles ou lapins, par exemple). Les éleveurs peuvent peut-être se procurer des races d'animaux plus productives ou apprendre à mieux soigner leurs bêtes, et les pêcheurs améliorer leurs prises en ayant recours à de meilleures méthodes de pêche.

Même les personnes qui ont peu de terre sont peut-être en mesure d'améliorer les jardins potagers ou de faire pousser des légumes dans des conteneurs. Orientez les familles qui ont besoin d'aide vers les services de vulgarisation pertinents, ou auprès des exploitants ou des pêcheurs de la région qui obtiennent de bons résultats. Consultez également l'ouvrage de la FAO (2002), intitulé Améliorer la nutrition grâce aux jardins potagers.

En améliorant le stockage, on réduit les pertes après récolte de plantes alimentaires

Une bonne partie des aliments se perdent pendant le stockage sur l'exploitation. De meilleurs entrepôts et une utilisation sans danger des pesticides permettent d'augmenter la quantité d'aliments disponibles. Les entrepôts collectifs permettent parfois aux exploitants de bien stocker leurs récoltes et leurs semences. Si les familles ont besoin d'informations sur un meilleur stockage, demandez à un vulgarisateur agricole de les aider. Le thème 4 traite du stockage des aliments dans la cuisine.

Améliorer la conservation des aliments

On peut conserver certains aliments pour les garder plus longtemps (par exemple en les séchant). Si nécessaire, montrez aux familles des méthodes pratiques de conservation des aliments, par exemple le séchage des légumes, des fruits ou du poisson, ou bien demandez à un collègue spécialisé en économie familiale de faire une démonstration sur les méthodes de conservation des aliments.

La farine, la bouillie et le lait se conservent plus longtemps s'ils sont fermentés. Ce procédé permet aussi d'améliorer la digestion de ces aliments et d'accroître l'absorption du fer qu'ils contiennent.

Améliorer le budget destiné à l'alimentation

Trouvez quels sont les aliments les plus valables par rapport à leur prix

Certaines familles ont besoin de conseils pour établir le budget destiné à l'alimentation et utiliser au mieux leur argent. Elles ont peut-être besoin de savoir quels sont les aliments les plus valables par rapport à leur prix. Cela dépend du prix des vivres disponibles et peut varier selon la saison, le type de magasin, etc. Pour pouvoir conseiller les familles sur les aliments qui, dans votre région, sont de «bonnes affaires»:

Figure 4. Savoir repérer les aliments de qualité à un prix raisonnable

Rappelez-vous que des aliments différents ont des quantités différentes de déchets (par exemple, la peau ou les noyaux) et que certains aliments peuvent être frelatés (par exemple, le lait auquel on a ajouté de l'eau, les épices auxquelles se mêlent des débris de brique ou de pierre).

Il est parfois économique d'acheter les aliments en grande quantité. La plupart des familles n'ont pas assez d'argent ou d'espace pour le faire, mais plusieurs familles peuvent se regrouper pour acheter en gros et se partager ensuite le produit (par exemple, des haricots ou du sucre).

Il n'est pas avantageux d'acheter des aliments de médiocre qualité. L'encadré 8 énumère les signes qui indiquent qu'un aliment n'est pas de bonne qualité.

ENCADRÉ 8 · LES SIGNES D'UNE MÉDIOCRE QUALITÉ DES ALIMENTS

Céréales et autres aliments secs

Contiennent des insectes ou des saletés; semblent humides ou moisis, ou sentent le moisi; le sac est crevé; les légumes secs sont ridés; la farine a des grumeaux.

Racines

Sont ramollies ou germées; portent des meurtrissures ou sont abîmées; sont pourries par endroits.

Légumes et fruits

Sont flétris, trop mous, pourris par endroits; portent des meurtrissures.

Viande, volaille et poisson

Sentent mauvais ou n'ont pas une bonne couleur; les poissons ont des yeux ternes et des écailles relâchées. La viande, le foie et les autres abats non inspectés peuvent contenir des parasites dangereux.

Lait frais

Sent mauvais; est exposé à la saleté et aux mouches, ou l'a été.

Aliments en boîte

La boîte est bombée, rouillée ou abîmée; le contenu a coulé à l'extérieur; l'aliment a l'air mauvais ou sent mauvais, ou il a mauvais goût. N'importe lequel de ces signes indique que l'aliment pourrait provoquer une intoxication.

Conseillez aux personnes de vérifier la date de péremption («à consommer avant le...») sur l'étiquette et de ne pas acheter ou utiliser des produits périmés.

Source: Adapté de Burgess et al., 1994.

Certains produits alimentaires sont de mauvais achats parce qu'ils renferment peu de nutriments et sont chers. Par exemple, les sodas (boissons pétillantes en bouteille) et les bonbons contiennent surtout du sucre et sont mauvais pour les dents (voir le thème 1 à la page 27). Il ne faut pas souvent en donner aux enfants, mais les réserver pour les occasions spéciales.

Les aliments enrichis en micronutriments sont bien souvent de «mauvaises affaires», surtout s'ils coûtent cher. Seuls le sel et les aliments de base enrichis (farines de céréales) font exception à la règle. En général, ils ne sont guère plus chers que les aliments non enrichis et peuvent donc présenter des avantages sur le plan nutritionnel à un prix acceptable.

Achetez du sel iodé si vous pouvez vous en procurer

Il est généralement préférable d'obtenir des nutriments en ayant une bonne alimentation. L'achat d'un aliment enrichi de tel ou tel micronutriment n'est justifié que si les aliments qui contiennent ce micronutriment font cruellement défaut. Le sel iodé en est un exemple. Si les gens n'ont pas la possibilité de consommer régulièrement du poisson et d'autres aliments d'origine marine (qui sont riches en iode), il est probable qu'ils auront une carence en iode. En effet, dans de nombreuses parties du monde, les sols sont pauvres en iode, et les aliments d'origine végétale ou animale provenant de ces sols en sont également pauvres. (La section C explique ce qui se passe quand les personnes manquent d'iode.) Les troubles liés à une carence en iode sont graves et largement répandus, et c'est pourquoi dans de nombreuses régions le sel iodé est beaucoup plus qu'un bon achat; c'est un achat indispensable.

Les suppléments nutritionnels et les toniques sont généralement de mauvais achats, et ils sont souvent chers. Nous devrions obtenir les nutriments nécessaires en consommant diverses sortes d'aliments.

Se procurer des aliments sauvages

Les aliments sauvages permettent d'avoir une alimentation plus variée et des repas plus savoureux. La liste ci-après donne des exemples d'aliments sauvages utiles et nutritifs.

Entourez d'un cercle les aliments sauvages utilisés dans la région. Ajoutez-en d'autres à la liste, et donnez les appellations locales et les modes de préparation de ces aliments.

ALIMENTS SAUVAGES

APPELLATIONS LOCALES

MODES DE PRÉPARATION

FEUILLES DE BAOBAB



FIGUES SAUVAGES



CHÂTAIGNES D'INHAMBANE



BAIES SAUVAGES



SOURIS/RATS



PETITS OISEAUX



POISSON-CHAT



CRUSTACÉS ET MOLLUSQUES



SAUTERELLES



FOURMIS VOLANTES



METTRE EN COMMUN CES INFORMATIONS

Avant d'échanger ces informations avec les familles, il vous faudra peut-être:

1 Chercher à savoir: si la plupart des familles ont suffisamment à manger tout au long de l'année, et dans la négative pourquoi; si la plupart des gens consomment diverses sortes d'aliments, et dans la négative pourquoi; quels sont les aliments de base et autres aliments produits et consommés dans la région; quels sont les obstacles à un accroissement de la production alimentaire; si beaucoup de vivres sont perdus au cours du stockage sur l'exploitation; qui peut aider les exploitants et autres producteurs de vivres à accroître la production et à améliorer le stockage; quels sont les aliments que les gens achètent; quels sont les aliments d'un bon rapport qualité-prix; quelle est la disponibilité de sel iodé; quels sont les obstacles qui empêchent les gens d'acheter plus d'aliments ou de meilleurs aliments; si les gens utilisent des aliments sauvages, et dans l'affirmative lesquels; quels autres aliments sauvages de qualité pourraient être utilisés.

2 Etablir des priorités: décider quelles sont les informations les plus importantes à échanger avec des groupes ou des familles individuelles.

3 Décider qui atteindre: par exemple, les femmes et les hommes qui produisent, stockent, conservent ou achètent les vivres de la famille, en particulier les ménages qui ont peu à manger.

4 Choisir les méthodes de communication: par exemple, discussions et démonstrations auprès des associations locales et des groupements d'agriculteurs, dans les écoles et les clubs de jeunes.

Exemples de questions pour entamer une discussion

(Choisissez seulement une ou deux questions qui traitent des informations dont les familles ont le plus besoin)

Y a-t-il dans la région des familles qui n'ont pas suffisamment à manger? Pouvons-nous les aider?

Comment pouvons-nous produire davantage de vivres? Pouvons-nous produire plus d'aliments différents?

Comment stockons-nous les produits alimentaires sur l'exploitation? Comment pouvons-nous améliorer nos entrepôts?

Comment pouvons-nous améliorer notre budget alimentaire? Quels sont les aliments locaux les plus intéressants par rapport à leur prix? Quels sont les aliments qu'il n'est pas avantageux d'acheter?

Pourquoi l'achat de sel iodé est-il indispensable?

Quels sont les aliments sauvages que nous consommons? Y en a-t-il d'autres que nous pouvons manger?


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