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THEME 10
ALIMENTATION DES MALADES


NOTES SUR LA NUTRITION

Pourquoi les malades doivent avoir de bons repas et beaucoup de boissons

Bien manger aide à combattre les infections

Les malades devraient bien manger, même s'ils ne sont pas actifs. Ils ont besoin de nutriments pour rester en vie, combattre les infections et remplacer les nutriments perdus.

Il arrive souvent que l'infection diminue l'appétit. Elle augmente aussi le besoin de certains nutriments si:

Les infections peuvent être à l'origine de la malnutrition qui, à son tour, aggrave les infections

Si les malades ne mangent pas assez, ils utilisent la graisse et les muscles de leur propre organisme pour avoir des calories et des nutriments. Ils maigrissent et deviennent dénutris. Leur système immunitaire risque de devenir moins efficace, et leur capacité de combattre les infections diminue.

Les malades perdent souvent plus d'eau que d'ordinaire, ou ils en utilisent davantage (par exemple, en cas de diarrhée ou de fièvre). Il leur faut donc beaucoup de boissons propres et saines.

Aider les enfants et adultes malades à bien manger

Alimentez fréquemment les malades et donnez-leur beaucoup à boire

Donnez aux familles les conseils suivants:

Si les personnes sont malades pendant plusieurs jours, il leur faut beaucoup d'aliments variés pour aider leur système immunitaire à se rétablir et pour empêcher la perte de poids (voir l'encadré 16). Les familles devront donc leur donner fréquemment de petits repas composés d'une association d'aliments (voir le thème 3). En ajoutant une petite quantité d'aliment lipidique ou de sucre au repas, on augmente facilement son contenu énergétique sans rendre le repas trop lourd ou trop volumineux, et les fruits et légumes en bonne quantité fournissent des micronutriments.

Quand un jeune enfant nourri au sein est malade, sa mère devra l'allaiter plus souvent. Le lait maternel est parfois le seul aliment et boisson que l'enfant désire. Conseillez à la mère de tirer son lait et de le faire boire à la tasse ou à la cuillère si l'enfant est trop malade pour téter.

Dans les régions où l'avitaminose A pose un problème, les enfants qui ont la rougeole, la diarrhée ou des infections respiratoires, ou qui souffrent de malnutrition, reçoivent souvent des suppléments de vitamine A. Cependant, les agents de santé qui leur en donnent devraient insister sur la nécessité de consommer aussi des aliments riches en vitamine A.

Alimentation des personnes qui ont la diarrhée

Les personnes avec la diarrhée ont besoin de boissons supplémentaires

Les enfants et les adultes qui ont la diarrhée et/ou des vomissements perdent beaucoup d'eau et doivent donc boire souvent pour ne pas se déshydrater. Les boissons qui conviennent sont les solutions de réhydratation orale préparées avec des sels de réhydratation (disponibles dans les centres médicaux ou en pharmacie), ou des boissons ordinaires faites à la maison et qui contiennent une quantité normale de sel, par exemple le potage ou l'eau de riz.

Les personnes qui ont la diarrhée doivent aussi manger parce que la nourriture aide l'intestin à se rétablir et à absorber l'eau. Les enfants nourris au sein et qui ont la diarrhée devraient être allaités fréquemment.

ENCADRÉ 16 · COMMENT AIDER LES MALADES À MANGER DAVANTAGE

  • Proposer des aliments toutes les heures ou toutes les deux heures, et donner des collations entre les repas.

  • Encourager la personne à manger davantage à chaque repas.

  • Donner des aliments faciles à manger et que la personne aime bien, mais incorporer dans les plats des aliments riches en énergie et nutriments. Par exemple, donner de la viande, des abats, de la volaille, du poisson, des œufs, ainsi que des aliments contenant du lait chaque fois que possible (par exemple en ajoutant du lait en poudre à la bouillie ou à d'autres aliments); ajouter un corps gras ou des aliments lipidiques et/ou sucrés, comme le sucre ou le miel.

  • Alimenter la personne lorsque sa température est faible, que sa toilette a été faite, que sa bouche est propre et son nez dégagé.

  • Donner à manger à la personne en la mettant assise, surtout en cas de nausées; asseoir l'enfant sur les genoux de quelqu'un pour le faire manger.

  • Mettre de l'eau et de la nourriture à proximité du lit du malade si ce dernier doit rester alité.

  • Ne jamais forcer un enfant malade à manger, car il pourrait s'étrangler ou vomir.

Alimentation des convalescents

Donnez davantage de nourriture pendant la convalescence

Pendant leur convalescence, la plupart des gens ont plus faim que d'habitude. Ils peuvent manger davantage et reprendre rapidement le poids qu'ils ont perdu. Les enfants peuvent grandir plus vite que normalement et rattraper le retard de croissance. Les malades ont parfois épuisé leurs réserves de vitamine A, de fer et d'autres micronutriments; ils ont alors besoin d'aliments variés et riches en nutriments pour reconstituer ces réserves. Les gens sont en mesure de manger davantage au cours de leur convalescence s'ils consomment plus de nourriture à chaque repas et/ou s'ils prennent davantage de repas ou de collations chaque jour. Les enfants convalescents nourris au sein doivent être allaités plus souvent.

Alimentation des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA

Un régime alimentaire sain et équilibré aide les séropositifs à rester en forme plus longtemps

Il est particulièrement important que le régime alimentaire des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA soit sain et équilibré. Une bonne alimentation empêche de perdre du poids et aide les gens à rester en forme plus longtemps.

Les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA commencent souvent à souffrir de dénutrition, ou leur dénutrition s'aggrave, pour les raisons suivantes:

ENCADRÉ 17 · BESOINS NUTRITIONNELS DES PERSONNES QUI VIVENT AVEC LE VIH/SIDA

Une consultation d'experts de l'OMS, tenue en 2003, est parvenue aux conclusions ci-après en ce qui concerne les besoins nutritionnels.

Besoins en calories

  • Les adultes et les enfants séropositifs qui ne présentent aucun symptôme du VIH ou d'autres infections (opportunistes) ont vraisemblablement besoin de 10 pour cent de plus de calories que les personnes non infectées (voir le tableau 4 à l'annexe 2, pour les besoins énergétiques des personnes non infectées), afin de maintenir normaux leur poids, leur activité et leur croissance. Les adultes séropositifs chez qui il existe des signes d'autres infections ou de SIDA ont besoin de 20 à 30 pour cent de plus de calories pour maintenir un poids normal, et les enfants séropositifs qui maigrissent ont besoin de 50 à 100 pour cent de plus de calories.

Besoins en protéines et en lipides

  • Rien ne prouve actuellement que les adultes ou enfants séropositifs aient besoin de protéines supplémentaires ou que leurs besoins lipidiques diffèrent de la normale.

Besoins en micronutriments

  • Davantage de recherches s'imposent sur la nécessité de recevoir des suppléments et sur le rôle de ces derniers. Il est probable que le VIH accroît le besoin en certains micronutriments, et que les adultes et enfants séropositifs devraient avoir un régime alimentaire aussi sain et équilibré que possible.
  • Quand les femmes enceintes ou qui allaitent ne peuvent pas avoir un bon régime alimentaire, on peut leur donner un supplément de micronutriments multiples, qui ne couvre pas plus que les besoins journaliers de chaque micronutriment (voir le tableau 4 à l'annexe 2, pour les besoins journaliers de certains micronutriments).

  • Les enfants séropositifs qui ont entre 6 mois et 5 ans peuvent recevoir de fortes doses de vitamine A, si cette dernière est habituellement administrée aux jeunes enfants (voir le thème 11 à la page 100).

  • Les femmes enceintes devraient recevoir les mêmes suppléments de fer/d'acide folique que les femmes non infectées (voir le thème 11 à la page 99).

Dans les autres cas, il ne faut pas donner de fortes doses de micronutriments, en particulier de vitamine A, de zinc et de fer, car cela peut avoir des effets négatifs sur la transmission ou la progression du VIH.

Ces recommandations pourraient éventuellement changer quand davantage de recherches seront menées. Il convient donc de se renseigner sur les derniers résultats auprès d'une source fiable.

Source: OMS, 2003.

Comme tous les autres malades, les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA, et qui ne consomment pas ou n'absorbent pas assez de nutriments, utilisent leurs propres tissus corporels pour avoir les calories et les nutriments essentiels à la vie. Elles perdent du poids et deviennent dénutries. En outre:

Figure 13. Les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA ont besoin de manger fréquemment

Il est plus facile d'empêcher la perte de poids pendant les premiers stades de l'infection par le VIH. Assurez-vous que les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA (et leur famille) savent qu'elles devraient:

Si des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA maigrissent, donnez-leur des conseils sur la façon de reprendre du poids. Expliquez-leur comment consommer davantage de bons aliments et encouragez-les à avoir une activité physique pour refaire leurs muscles (voir à l'encadré 16 de la page 91 comment aider les malades à manger davantage).

Il existe diverses interactions entre différents médicaments antirétroviraux et différents aliments. Par exemple, un médicament peut avoir des effets sur l'absorption d'un aliment, ou un aliment peut avoir des effets sur l'absorption d'un médicament. Les agents de santé devront peut-être consulter leurs superviseurs pour savoir quels conseils d'alimentation donner aux personnes qui prennent des médicaments antirétroviraux (voir FANTA/AED, 2003).

Pour de plus amples informations sur l'alimentation des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA, y compris sur l'alimentation en cas de complications (par exemple de diarrhée), voir FAO/OMS, 2003.

METTRE EN COMMUN CES INFORMATIONS

Avant d'échanger ces informations avec les familles, il vous faudra peut-être:

1 Chercher à savoir: quels aliments et boissons sont donnés aux enfants et adultes malades (y compris ceux qui vivent avec le VIH/SIDA); quelles sont les convictions des gens de la région sur l'alimentation des malades et des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA; qui choisit et prépare la nourriture des malades; qui nourrit les malades; si les enfants et les adultes en convalescence reçoivent davantage de nourriture; quels sont les obstacles à une meilleure alimentation des malades et des convalescents (par exemple le manque de temps des personnes qui s'occupent d'eux).

2 Etablir des priorités: décider quelles sont les informations les plus importantes à échanger avec les groupes ou les familles individuelles.

3 Décider qui atteindre: par exemple, les personnes qui s'occupent d'adultes ou d'enfants malades; les malades atteints de longues maladies, telles que le VIH/SIDA.

4 Choisir les méthodes de communication: par exemple, discussions avec les associations locales et les groupements d'initiative personnelle, ainsi que dans les centres médicaux et lors des visites à domicile; démonstrations sur la préparation de bons repas et collations destinés aux malades et aux personnes qui vivent avec le VIH/SIDA et leurs familles.

Exemples de questions pour entamer une discussion

(Choisissez seulement quelques questions qui traitent des informations dont les familles ont le plus besoin)

Pourquoi les malades ont-ils besoin de bien manger?

Comment pouvons-nous encourager les malades à manger?

Pourquoi les enfants convalescents ont-ils besoin d'un supplément de nourriture? Comment pouvons-nous leur donner ce supplément?

Ne traitez la question de l'alimentation des personnes qui vivent avec le VIH/SIDA que si le groupe le souhaite. Si c'est le cas, faites-le avec tact. Il est en général préférable de s'entretenir individuellement, et si possible à domicile, avec les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA et leurs familles.

Pourquoi est-il important que les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA mangent bien?

Comment se fait-il que certaines personnes qui vivent avec le VIH/SIDA ne veuillent pas manger?

Pourquoi est-il dangereux que les personnes qui vivent avec le VIH/SIDA maigrissent?


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