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UTILISATION DU POISSON

En 2004, environ 75 pour cent (soit 105,6 millions de tonnes) de la production mondiale estimée de poisson ont été utilisés pour la consommation humaine (voir tableau 1, p. 3). Les 25 pour cent restants, soit 34,8 millions de tonnes, étant destinés aux produits non alimentaires, en particulier à la fabrication de farine et d'huile de poisson. Excluant la Chine, les quantités étaient tombées à 68,9 millions de tonnes, et 24 millions de tonnes respectivement (tableau 2 et figure 2, p. 4 et 5). Plus de 77 pour cent (37 millions de tonnes) de la production piscicole déclarée de la Chine (47,5 millions de tonnes) semblent avoir été utilisés pour la consommation humaine, dont la majeure partie sous forme de poisson frais. Le reste (10,8 millions de tonnes, selon les estimations) a été transformé en farine de poisson ou destiné à d'autres usages non alimentaires, dont des aliments d'élevage aquacole.

En 2004, 61 pour cent (86 millions de tonnes) de la production mondiale de poisson ont subi une transformation. Ce poisson transformé a servi à raison de 59 pour cent (51 millions de tonnes) à la fabrication de produits - congelés, salés, séchés, fumés ou en conserve - directement destinés à la consommation humaine, le reste étant affecté à des usages non alimentaires. Les nombreuses possibilités de transformation du poisson se déclinent en un vaste éventail de goûts et de présentations, faisant du poisson l'une des denrées alimentaires les plus polyvalentes. Cependant, à l'inverse de nombreux autres produits alimentaires, la transformation du poisson n'augmente pas nécessairement le prix du produit final, et le poisson frais continue de remporter les meilleurs prix. Au cours des années 90, la part du poisson commercialisé vivant ou frais a augmenté dans le monde par rapport à celle d'autres produits (figure 20). Le volume de poisson vivant ou frais est passé, selon les estimations de 35 millions de tonnes en 1994 à 55 millions de tonnes en 2004, soit un accroissement de 31 pour cent à 39 pour cent de sa part dans la production totale. En 2004, la congélation qui est la première méthode de transformation du poisson en vue de la consommation représentait 53 pour cent du volume total de poisson transformé de consommation, suivie de la mise en conserve (24 pour cent) et du saurissage (23 pour cent). Dans les pays développés (figure 21), la proportion du poisson congelé est en hausse constante et représentait 40 pour cent de la production totale en 2004. En revanche, la part des produits congelés ne constituait que 13 pour cent de la production totale dans les pays en développement, où le poisson est principalement vendu vivant, frais ou réfrigéré.

EL ESTADO MUNDIAL DE LA PESCA Y LA ACUICULTURA 2006

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L'utilisation de la production halieutique présente d'importantes différences selon les continents, les régions et les pays. La proportion de poisson fumé, salé et séché est plus élevée en Afrique (17 pour cent en 2004) et en Asie (11 pour cent) que dans les autres continents. En 2004, plus des deux tiers du poisson destiné à la consommation humaine en Europe et en Amérique du nord ont été congelés ou mis en conserve. En Afrique et en Asie, la part du poisson commercialisé vivant ou frais a été particulièrement élevée. Malheureusement, les statistiques disponibles ne permettent pas de déterminer avec exactitude le volume de poisson vendu vivant. Il est à noter que les ventes de poisson vivant aux consommateurs et aux restaurants sont particulièrement fortes en Asie du Sud-Est et en Extrême-Orient.

En 2004, le gros des produits de la pêche destinés à des usages non alimentaires provenait de stocks naturels de petites espèces pélagiques. Pour l'essentiel, ces produits ont servi de matière première dans la production d'aliments pour animaux et d'autres produits dérivés: 90 pour cent de la production mondiale de poisson (hors Chine) destinée à des usages non alimentaires ont été transformés en farine ou en huile de poisson. Les 10 pour cent restants ont été en grande partie utilisés comme aliments dans les fermes aquacoles et les élevages d'animaux à fourrure. En 2004, 25,5 millions de tonnes de poisson ont été utilisés comme matière première pour la fabrication de farines animales, soit une augmentation de 17 pour cent par rapport à 2003, ce qui reste néanmoins très en deçà des niveaux records de plus de 30 millions de tonnes enregistrés en 1994.

CONSOMMATION15

Selon les estimations, la consommation mondiale de poisson par habitant16 a augmenté au cours des quatre dernières décennies, passant de 9 kg en 1961 à 16,5 kg en 2003. Cet accroissement est majoritairement dû à la consommation de la Chine dont la part estimée dans la production halieutique mondiale est passée de 21 pour cent en 1994 à 34 pour cent en 2003 où l'offre de poisson par habitant était de l'ordre de 25,8 kg. Si l'on exclut la Chine, l'offre de poisson par habitant se situe à environ 14,2 kg, quasiment au même niveau qu'au milieu des années 80. Durant les années 90, l'offre mondiale de poisson par habitant, Chine exclue, est restée relativement stable, entre 13,2 et 13, 8 kg. Cela tient principalement au fait que la croissance démographique a été plus rapide que celle de l'offre de poisson de consommation pendant la période 1990-2000 (1,6 pour cent par an contre 1,1 pour cent respectivement). Cette tendance s'est inversée depuis le début des années 2000, où la croissance des approvisionnements de poisson a dépassé celle de la population (2,4 pour cent par an contre 1,1 pour cent). Selon les premières estimations, l'année 2004 serait caractérisée par une légère augmentation de l'offre mondiale de poisson par habitant, qui se situerait à environ 16,6 kg.

La consommation alimentaire mondiale par habitant s'est également améliorée durant les dernières décennies. Les normes nutritionnelles affichent des tendances positives à long terme dans le monde entier, avec notamment une augmentation généralisée de la ration calorique moyenne par personne (qui s'est accrue de 16 pour cent depuis 1969-1971 pour atteindre 2 795 kcal/personne/jour en 2000-2002, la moyenne pour les pays en développement ayant progressé de plus de 25 pour cent) et de la quantité de protéines par personne (qui est passée de 65,1 g en 1970 à 76,3 g en 2003). toutefois, on constate encore des disparités de répartition. En 2001-2003, selon les estimations de la FAO, 856 millions d'individus étaient sous-alimentés, dont 61 pour cent vivaient en Asie et dans le Pacifique, et 820 millions dans les pays en développement. La prévalence de la sous-alimentation est plus forte en Afrique subsaharienne où elle frappe 32 pour cent de la population, tandis que, selon les estimations, 16 pour cent de la population d'Asie et du Pacifique seraient sous-alimentés.

Le poisson est un aliment hautement nutritif, riche en micronutriments, en minéraux, en acides gras essentiels et en protéines qui constitue un apport précieux pour l'alimentation de populations carencées en vitamines et minéraux essentiels. Dans de nombreux pays, notamment en développement, la consommation moyenne de poisson par habitant est mineure mais, même en petites quantités, le poisson peut compléter notablement la qualité des protéines alimentaires en fournissant des acides aminés essentiels qui ne sont disponibles qu'en petites quantités dans les régimes principalement végétariens. Selon les estimations, le poisson peut fournir jusqu'à 180 kcal par habitant et par jour; cependant, des niveaux aussi élevés ne sont possibles que dans quelques pays qui n'ont pas d'autre source de produits alimentaires, et où la préférence pour le poisson est à la fois marquée et bien ancrée, comme l'Islande, le Japon, et certains petits États insulaires en développement. En règle générale, le poisson fournit en moyenne entre 20 et 30 calories par habitant et par jour. Par l'apport de protéines essentielles, le poisson joue un rôle capital dans l'alimentation de certains pays densément peuplés où l'apport total de protéines est parfois faible, et il tient en outre une place importante dans l'alimentation d'un grand nombre d'autres pays. Ainsi, le poisson contribue pour près de 50 pour cent, et parfois plus, à l'apport total de protéines d'origine animale dans de petits pays insulaires en développement de même qu'au Bangladesh, en Gambie, en Guinée, en Guinée équatoriale, en Indonésie, au Myanmar, au Sénégal, en Sierra Leone et à Sri Lanka. Dans l'ensemble, le poisson fournit à plus de 2,8 milliards de personnes presque 20 pour cent de leur apport moyen de protéines animales. La part des protéines de poisson dans l'offre mondiale de protéines animales est passée de 13,7 pour cent en 1961 à une pointe de 16 pour cent en 1996, pour ensuite fléchir légèrement et s'établir à 15,5 pour cent en 2003. Les chiffres correspondants pour l'ensemble du monde, Chine exclue, montrent une augmentation de 12,9 pour cent en 1961 à 15,4 pour cent en 1989, chutant faiblement en 2003 pour se fixer à hauteur de 14,6 pour cent. La figure 22 illustre la contribution des grands groupes d'aliments à l'apport protéique total.

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Dans les pays industrialisés (tableau 10), la consommation apparente de poisson est passée de 13 millions de tonnes (équivalent poids vif) en 1961 à 27 millions de tonnes en 2003, avec une augmentation de la consommation annuelle par habitant17 de 20 kg à 29,7 kg pendant la même période. La part du poisson dans l'apport protéique total a enregistré une forte poussée durant la période 1961-1989 (entre 6,5 pour cent et 8,5 pour cent), pour ensuite diminuer progressivement du fait de la consommation accrue de protéines animales d'autres origines; en 2003, sa part (7,8 pour cent) était retombée aux niveaux enregistrés dans le milieu des années 80. Depuis le début des années 90, la consommation de protéines de poisson est restée relativement stable, entre 8,2 et 8,4 g par habitant et par jour, tandis que l'apport de protéines animales d'autres origines a continué de croître.

Jusqu'au milieu des années 80, l'offre apparente moyenne de poisson par habitant dans les PFRDV représentait le quart de l'offre estimée pour les pays industrialisés. L'écart s'est progressivement comblé en raison d'une croissance plus soutenue depuis le milieu des années 90 (dont une croissance annuelle moyenne de plus de 2,1 pour cent pendant la période 1995-2003). En 2003, elle s'établissait à 14,1 kg, ce qui représentait la moitié environ de celle des pays industrialisés (29,7 kg) et 60 pour cent de l'offre de poisson par habitant des pays développés (23,9 kg). En revanche, si l'on exclut la Chine, l'offre par habitant dans les autres PFRDV reste relativement faible et se situait, selon les estimations, à 8,7 kg en 2003, avec un taux de croissance annuelle de 1,3 pour cent depuis 1993. En dépit de la consommation relativement faible de poisson des PFRDV (hors Chine), exprimée en poids, la contribution du poisson dans l'apport protéique total d'origine animale en 2003 y tenait une part assez importante, d'environ 20 pour cent, et pourrait être supérieure à celle indiquée par les statistiques officielles si l'on tient compte de la contribution non déclarée des pêches de subsistance. toutefois, depuis 1975 où elle a culminé à 24,1 pour cent, cette part a légèrement chuté lors même que la consommation de protéines de poisson a continué de progresser (passant de 2,2 g à 2,7 g pendant la période 1975-2003). Cela tient à la consommation accrue de protéines animales d'autres origines.

Tableau 10
Approvisionnements totaux et par habitant en poissons de consommation, par continent et par groupement économique, 2003

 

Total des approvisionnements
alimentaires 
(millions de tonnes de 
poids vif)

Approvisionnements 
alimentaires par 
habitant 
(kg/an)

Total monde

104,1

16,5

Total monde, hors Chine

71,1

14,2

Afrique

7,0

8,2

Amérique du nord et centrale

9,4

18,6

Amérique du Sud

3,1

8,7

China

33,1

25,8

Asie (hors Chine)

36,3

14,3

Europe

14,5

19,9

Océanie

0,8

23,5

Pays industrialisés

27,4

29,7

Économies en transition

4,3

10,6

Pays à faible revenu et à déficit vivrier
(hors Chine)

23,8

8,7

Pays en développement, sauf pays à
faible revenu et à déficit vivrier

15,8

15,5

La consommation de poisson est inégalement répartie dans le monde, avec des différences marquées selon les continents, les régions et les pays et le niveau de revenu (figures 23 et 24). La consommation apparente de poisson par habitant est très variable, variant de 1 kg à plus de 100 kg par habitant. Des différences géographiques sont également évidentes à l'intérieur des frontières nationales, la consommation étant généralement plus élevée dans les zones côtières. Ainsi, 104 millions de tonnes de poisson étaient disponibles dans le monde en 2003 pour la consommation, mais 7 millions de tonnes seulement ont été consommées en Afrique (8,2 kg par habitant); deux tiers du total en Asie, dont 36,3 millions de tonnes en dehors de la Chine (14,3 kg par habitant) et 33,1 millions de tonnes pour la seule Chine (25,8 kg par habitant). La consommation par habitant en Océanie s'établissait à 23,5 kg, à 23,8 kg en Amérique du nord, à 19,9 kg en Europe, à 9,4 kg en Amérique centrale et dans les Caraïbes et à 8,7 kg en Amérique du Sud.

Au cours des dernières années, les principales augmentations des volumes consommés concernaient les poissons d'aquaculture qui comptaient, selon les estimations, pour 43 pour cent du volume total de poisson disponible pour la consommation en 2004. La production aquacole a stimulé la demande et la consommation de plusieurs espèces de valeur élevée telles que la crevette, le saumon et les bivalves. Durant les deux dernières décennies, ces espèces qui étaient initialement prélevées sur les stocks naturels sont devenues d'importants produits aquacoles, induisant une baisse des prix et une forte intensification de leur commercialisation. L'aquaculture a également joué un rôle majeur dans la sécurité alimentaire de plusieurs pays en développement, notamment en Asie, du fait de la forte production de certaines espèces d'eau douce de faible valeur, principalement destinées à la consommation intérieure. Pour le monde entier, hors Chine, la contribution moyenne de l'aquaculture à l'offre par habitant est passée, selon les estimations, de 13,7 pour cent en 1994 à 21.4 pour cent en 2004, ce qui correspond à une augmentation de 1,8 kg par habitant en 1994 à 2,9 kg en 2004 (soit une croissance annuelle moyenne de 4,9 pour cent). Les chiffres correspondants pour la Chine attestent une progression de 61,6 pour cent en 1994 à 83,4 pour cent en 2004. Pendant la dernière décennie, l'offre par habitant de produits issus de l'aquaculture en Chine aurait grimpé de 10,9 kg en 1994 à 23,7 kg en 2004, ce qui représente une croissance annuelle moyenne de 8,1 pour cent (figure 25).

Les différences sont marquées dans les schémas de consommation par espèce. Ainsi, les espèces démersales sont les plus prisées en Europe septentrionale et en Amérique du nord, tandis que les céphalopodes sont principalement consommés dans plusieurs pays méditerranéens et asiatiques. La consommation des crustacés, qui demeurent des produits de forte valeur, est principalement concentrée dans les pays riches. Sur les 16.5 kg de produits de la mer disponibles par habitant pour la consommation en 2003, les trois quarts étaient des poissons. Les crustacés et mollusques représentaient 25 pour cent, soit environ 4,2 kg par habitant, ventilés comme suit: 1,5 kg de crustacés, 0,6 de céphalopodes et 2,1 kg d'autres mollusques. Les espèces d'eau douce et diadromes entraient pour 30 millions de tonnes, (environ 4,8 kg par habitant), dans l'offre totale. Les poissons marins représentaient plus de 46 millions de tonnes, dont près de 18,4 millions de tonnes pour les espèces démersales, 19,8 millions de tonnes pour les espèces pélagiques et 8,4 millions de tonnes pour les poissons de mer non identifiés. La part restante de l'offre alimentaire totale se composait de fruits de mer, dont 9,4 millions de tonnes pour les crustacés, 3,6 millions de tonnes pour les céphalopodes et 13,4 millions de tonnes pour les autres mollusques. La part de la majorité de ces grands groupes dans la consommation mondiale moyenne n'a jamais notablement changé; les espèces démersales et pélagiques se sont stabilisées autour de 3 kg par habitant. Les crustacés et mollusques constituent une exception, puisqu'ils ont connu une augmentation considérable entre 1961 et 2003. La disponibilité de crustacés par habitant a plus que triplé, passant de 0,4 kg à 1,5 kg, principalement en raison de la production aquacole accrue de crevettes et de bouquets, tandis que les mollusques (hors céphalopodes) sont passés de 0,6 kg à 2,1 kg par habitant.

Au cours des dernières années, tant la consommation de poisson que la consommation alimentaire dans son ensemble ont été influencées par de complexes interactions entre diverses évolutions démographiques et économiques comme la croissance démographique, l'augmentation des revenus, le développement économique, l'urbanisation rapide, la participation accrue des femmes à la main-d'œuvre, la croissance des échanges internationaux, les accords, règles et tarifs internationaux sur le commerce, les normes de qualité et les progrès des transports, de la commercialisation, des sciences alimentaires et des technologies. La conjugaison de tous ces facteurs et de l'évolution de la production, de la transformation et du prix des produits a eu un impact considérable sur les habitudes alimentaires, notamment chez les populations des pays en développement. Durant les dernières décennies, l'augmentation de la consommation alimentaire des pays en développement a été caractérisée par une transformation de leur alimentation qui contient aujourd'hui davantage de protéines et de légumes et moins de céréales. Ainsi, la consommation par habitant de viande dans ces pays est passée de 15,1 kg en 1983 à 28,9 kg en 2003; leur consommation de poisson par habitant s'est accrue de 7,7 kg à 14,6 kg et celle de légumes de 56,1 kg à 118,7 kg durant la même période. Cette modification des habitudes alimentaires tient largement à l'impact de l'urbanisation rapide (26 pour cent de la population totale en 1975 à 43 pour cent en 2005) ainsi qu'à l'évolution des schémas de distribution des denrées alimentaires. Plusieurs pays en développement, particulièrement en Asie et en Amérique latine, ont été caractérisés par une expansion rapide des supermarchés qui ciblent à la fois une clientèle fortunée et des consommateurs des classes moyennes et défavorisées. Les supermarchés constituent donc une force majeure dans les pays en développement où ils offrent aux consommateurs une large gamme de denrées, une moindre dépendance aux facteurs saisonniers, des denrées alimentaires moins chères et offrant de meilleures garanties de sécurité sanitaire.

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Les habitudes alimentaires évoluent également dans les pays développés. Le niveau des revenus y est généralement élevé, et les besoins alimentaires de base sont satisfaits depuis longtemps, ce qui pousse les consommateurs à rechercher une plus grande diversité alimentaire. Parallèlement, le consommateur moyen est de plus en plus soucieux de sa santé et de son alimentation et a tendance à considérer le poisson comme plus bénéfique pour la santé. Les marchés ont gagné en souplesse, et de nouveaux produits et espèces occupent désormais des niches commerciales. Pour le poisson comme pour les autres denrées alimentaires, la plus forte valeur ajoutée se trouve généralement dans la restauration et le marché de détail qui visent à faciliter la vie des consommateurs. Outre les préparations traditionnelles, les aliments prêts à l'emploi, les plats cuisinés, les produits sous emballage plastique et autres articles à valeur ajoutée constituent un secteur en pleine expansion du fait de l'évolution des technologies et des sciences alimentaires conjuguée aux techniques du froid et au recours aux fours à micro-ondes. Leur essor rapide tient à diverses raisons liées à la modification des facteurs sociaux tels que la participation croissante des femmes à la vie active, la fragmentation des repas dans les ménages, la diminution généralisée de la taille moyenne des familles et le nombre croissant de personnes seules. Il est donc plus important de disposer de repas simples, faciles à cuisiner et prêts à manger. L'autre tendance est l'importance croissante que prend le poisson frais. À la différence de nombreuses autres denrées alimentaires, le poisson bénéficie toujours d'un accueil plus favorable lorsqu'il est vendu frais sur les marchés plutôt que transformé. Jusqu'ici, le poisson frais occupait une place mineure dans les échanges internationaux du fait de sa nature périssable et de sa très faible durée de conservation. L'amélioration du conditionnement, la baisse du fret aérien, l'efficacité et la fiabilité accrues des transports ont créé de nouveaux débouchés pour le poisson frais. Les chaînes alimentaires et les supermarchés occupent aussi une part croissante du marché des produits frais, et nombre d'entre eux ouvrent des poissonneries proposant, en plus des produits surgelés, une large gamme de poissons frais, de salades et de plats cuisinés à base de poisson.

Ces tendances devraient perdurer dans un avenir proche. Selon les estimations de la Division de la population des nations unies, la croissance démographique mondiale va ralentir mais, en raison de taux de fécondité élevés, la part des pays en développement dans la population totale atteindra environ 83 pour cent en 2030 (79 pour cent en 2005). En outre, l'urbanisation rapide devrait se poursuivre et passera, selon les estimations, d'environ 3,2 milliards de personnes urbanisées en 2005 à 4,9 milliards en 2030, le gros de cette croissance intervenant dans les pays en développement (de 1,9 milliard à environ 3,8 milliards). En 2030, 57 pour cent de la population des pays en développement devraient être urbanisés, contre 43 pour cent en 2005. La croissance démographique et la progression des revenus associées à l'urbanisation et la diversification de l'alimentation devraient générer une plus forte demande et continuer de modifier la composition de la consommation alimentaire, avec notamment des proportions plus importantes de produits d'origine animale dans les pays en développement. Dans les pays industrialisés, la demande alimentaire ne devrait progresser que modérément, et des questions telles que la sécurité sanitaire des aliments, leur qualité, l'environnement, le bien-être des animaux auront probablement une influence plus marquée que l'évolution des prix et des revenus sur la demande de produits alimentaires. Au niveau mondial, les flambées de maladies animales pourraient devenir une source majeure d'incertitude. Ainsi, pendant les dernières années et notamment en 2004 et 2005, le marché international des viandes a été perturbé par plusieurs flambées de maladies animales telles que la grippe aviaire ou des cas d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB). Ces événements et les interdictions d'importation concomitantes ont provoqué une pénurie induite de viandes dans certains pays, notamment de volailles, ce qui a poussé à la hausse les prix internationaux des viandes en 2004 et 2005 (en particulier une augmentation de 30 pour cent pour les volailles en 2004-2005) et détourné les consommateurs vers d'autres sources de protéines, dont le poisson.

COMMERCE DU POISSON

En 2004, le volume total des échanges de poisson et de produits dérivés a atteint une valeur d'exportation record de 71,5 milliards de dollars Eu, soit une progression de 23 pour cent par rapport à 2000 et de 51 pour cent par rapport à 1994 (figure 26). Les estimations préliminaires pour 2005 laissent présager une nouvelle augmentation de la valeur des exportations de poisson. En termes réels (corrigés en fonction de l'inflation), les exportations de poisson et de produits dérivés ont augmenté de 17,3 pour cent pendant la période 2000-2004, de 18,2 pour cent entre 1994 et 2004 et de 143,9 pour cent entre 1984 et 2004. En volume, les exportations auraient culminé à 53 millions de tonnes (équivalent poids vif) en 2004, ce qui représente une croissance de 13 pour cent depuis 1994 et de 114 pour cent depuis 1984. Après plusieurs décennies de fortes augmentations, le volume des échanges de poisson n'a pas progressé pendant la période 2000-2003. Le niveau record atteint par les exportations de poisson en 2004 a coïncidé avec une poussée impressionnante des échanges mondiaux et ce, malgré une augmentation marquée des prix du pétrole et des catastrophes naturelles. Cette croissance mondiale a perduré en 2005. En 2004, les prix de plusieurs produits agricoles (notamment les denrées de base) ont également rebondi après une période de baisse prolongée. Divers facteurs à court et à long termes ont contribué à cette croissance, par exemple l'évolution de la demande de certains produits face à la transformation des marchés due aux progrès technologiques, aux préférences des consommateurs, à la structure des marchés et des politiques commerciales. L'un des principaux facteurs importants était l'action exercée sur les flux commerciaux par les variations des prix et des taux de change, en particulier la faiblesse du dollar EU - monnaie dans laquelle de nombreux produits de base sont libellés - et l'appréciation notable de plusieurs devises (surtout européennes) par rapport au dollar EU.

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La part des échanges de poisson dans le commerce total de marchandises est assez limitée, et se maintient à environ 1 pour cent depuis 1976, avec une tendance baissière enregistrée tout au long des années 90 et au début des années 2000 (0,8 pour cent en 2004). La part du poisson dans le volume total des exportations agricoles (produits forestiers compris) s'est accrue à compter de 1976 (4,5 pour cent) pour atteindre le niveau record de 9,4 pour cent en 2001. Elle est retombée depuis lors pour s'établir à 8,4 pour cent en 2004. Pour les pays développés, la part des exportations de poisson dans le commerce total des marchandises était de l'ordre de 0,6 à 0,8 pour cent pendant la période 1976-2004. La part des exportations de poisson dans le commerce agricole total (produits forestiers inclus) a augmenté à la fin des années 70, passant de 4,1 pour cent à 6,5 pour cent pendant la période 1998-2002. En 2004, elle est retombée à 6 pour cent en raison de la forte progression des exportations de produits agricoles (33 pour cent) et forestiers (37 pour cent) par rapport à 2003. Dans les pays en développement, la part du poisson dans les exportations totales de marchandises s'est améliorée de la fin des années 70 jusqu'à la fin des années 80 (2,3 pour cent en 1988) avant de s'infléchir et tomber à seulement 1,2 pour cent en 2004. La part du poisson dans le volume total des échanges agricoles (produits forestiers compris) a progressé de 5 pour cent en 1976 à 16 pour cent en 2002, pour diminuer légèrement depuis lors et s’établir à 14 pour cent en 2004, sous l’effet de la reprise récente des exportations de produits agricoles et forestiers (plus 36 pour cent et 30 pour cent respectivement pendant la période 2002-04).

Le tableau 11 signale les 10 premiers exportateurs et importateurs mondiaux de poisson et de produits dérivés en 1994 et en 2004. En 2004, la Chine s’est retrouvée au premier rang mondial des exportateurs de poisson et de produits dérivés, ses exportations étant évaluées à 6,6 milliards de dollars Eu. Cela étant, elles ne représentent que 1,1 pour cent du volume total de ses exportations de marchandises, et 29 pour cent de ses exportations agricoles (hors produits forestiers). Depuis le début des années 90, les exportations de la Chine ont enregistré une spectaculaire expansion. Cette croissance tient à l’augmentation de sa production ainsi qu’à l’essor du secteur chinois de la transformation du poisson qui tire profit des coûts compétitifs de main-d’oeuvre et de production. Outre les exportations de sa production halieutique intérieure, la Chine exporte également des matières premières importées qu’elle soumet à une seconde transformation, créant au passage une forte valeur ajoutée. Les importations de poisson et de produits dérivés de la Chine ont considérablement augmenté au cours de la dernière décennie, passant de 0,2 milliard de dollars Eu en 1990 à 3,1 milliards de dollars Eu en 2004. Cette croissance a été particulièrement perceptible depuis son adhésion à l’OMC à la fin de 2001, date à compter de laquelle elle a dû abaisser ses droits d’importation, dont le niveau moyen pouvait atteindre jusqu’à 15,3 pour cent comme en 2001, pour les ramener à 10,4 pour cent en 2004.

Tableau 11
Dix principaux exportateurs et importateurs de poissons et de produits de la pêche

 

1994

2004

Taux de croissance annuel moyen

(millions de dollars EU)

(pourcentage)

Exportateurs

Chine

2 320

6 637

11,1

Norvège

2 718

4 132

4,3

Thaïlande

4 190

4 034

-0,4

États-unis d'Amérique

3 230

3 851

1,8

Danemark

2 359

3 566

4,2

Canada

2 182

3 487

4,8

Espagne

1 021

2 565

9,6

Chili

1 304

2 484

6,7

Pays-Bas

1 346

2 452

5,5

Viet Nam

484

2 403

17,4

     

 

Sous-Total 10 principaux exportateurs

21 243

35 611

5,3

Total reste du monde

26 267

35 897

3,2

ToTal monde

47511

71508

4,2

Importateurs

Japon

16 140

14560

-1,0

États-Unis d'Amérique

7 043

11967

5,4

Espagne

2 639

5222

7,1

France

2 797

4176

4,1

Italie

2 257

3904

5,6

Chine

856

3126

13,8

Royaume-Uni

1 880

2812

4,1

Allemagne

2 316

2805

1,9

Danemark

1 415

2286

4,9

République de Corée

718

2233

12,0

Sous-total 10 principaux exportateurs

38 063

53090

3,4

Total reste du monde

13 104

22202

5,4

ToTal monde

51167

75293

3,9

Note: Le taux de croissance annuel moyen est celui de la période 1994-2004.

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Durant la période 2000-04, les importations mondiales de poisson ont augmenté de 25,4 pour cent, atteignant un nouveau record de plus de 75 milliards de dollars Eu en 2004. Selon des données préliminaires, les principaux marchés d'importation auraient encore augmenté leurs importations de poisson et de produits dérivés en 2005.

Le poisson fait l'objet de nombreux échanges et, en 2004, une part importante de la production de poisson a été traitée dans les circuits internationaux de commercialisation, environ 38 pour cent (équivalent poids vif) ayant été exportés sous forme de produits destinés à l'alimentation humaine ou animale (figure 27). Les pays développés ont exporté plus de 23 millions de tonnes de poisson (équivalent poids vif) en 2004; même si une partie de ces échanges est constituée de réexportations, ce montant correspond à environ 75 pour cent de leur production. Les exportations des pays en développement (30 millions de tonnes en poids vif) étaient d'environ un quart de leur production combinée. La part de ces pays dans les exportations totales de poisson a été de 48 pour cent en valeur et de 57 pour cent en volume. Les farines de poisson représentaient une forte proportion de ces exportations. En 2004, les pays en développement entraient pour environ 68 pour cent dans le volume des exportations mondiales de produits non alimentaires de la pêche. Parallèlement, ils ont nettement amélioré leur part du volume des exportations de poisson destiné à la consommation humaine, passant de 43 pour cent en 1992 à 51 pour cent en 2004.

Le commerce du poisson joue un rôle plus ou moins important selon les pays et les économies, notamment dans les pays en développement. Il constitue une importante source de revenus en devises, outre sa forte contribution à la création d'emplois, à l'amélioration du revenu et à la sécurité alimentaire. Pour un petit nombre de pays, les exportations de produits de la pêche sont capitales pour l'économie. En 2004 par exemple, elles représentaient environ la moitié de la valeur totale des échanges de marchandises pour les États fédérés de Micronésie, l'Islande, Kiribati, les Maldives, Panama et Saint-Pierre-et-Miquelon.

Durant les quatre dernières décennies, la configuration géographique du commerce des produits de la pêche a été caractérisée par des changements majeurs. La part des pays en développement dans le volume mondial des exportations de poisson s'est accrue de près de 37 pour cent en 1976 à 51 pour cent en 2000-2001, pour ensuite retomber à environ 48 pour cent en 2004. Les pays d'Asie sont responsables du gros de cette augmentation, leur part dans les exportations totales de poisson est passée d'un peu plus de 20 pour cent en 1976 à 32 pour cent en 2004, tandis que leurs exportations de poisson représentaient 66 pour cent de la valeur des exportations des pays en développement.

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Les exportations nettes de produits de la pêche des pays en développement (c'est-à-dire la valeur totale de leurs exportations moins la valeur totale de leurs importations) ont affiché une tendance persistante à la hausse au cours des dernières décennies où elles sont passées de 4,6 milliards de dollars Eu en 1984 à 16 milliards en 1994 et 20,4 milliards de dollars Eu en 2004 (figure 28). Ces chiffres sont nettement plus élevés que ceux d'autres produits de base agricoles comme le riz, le café et le thé. Les PFRDV tiennent une place active et de plus en plus importante dans le commerce du poisson et des produits dérivés. En 1976, leurs exportations représentaient 11 pour cent de la valeur totale des exportations de poisson, et cette part n'a cessé de progresser, passant de 13 pour cent en 1984, à 18 pour cent en 1994 et à 20 pour cent en 2004 quand le revenu net de leurs exportations de poisson était estimé à 9,4 milliards de dollars Eu.

Le volume des échanges bilatéraux de produits de la pêche atteint des niveaux très importants dans de nombreux pays (figure 29). La région Amérique latine et Caraïbes occupe une solide position d'exportateur net de produits de la pêche, tout comme les pays en développement d'Asie et d'Océanie. L'Afrique est un exportateur net depuis 1985, date à partir de laquelle les navires usines de l'ancienne URSS et d'Europe de l'Est ont ralenti ou interrompu leurs débarquements massifs de poissons pélagiques congelés à bas prix en Afrique de l'Ouest. L'Amérique du nord, l'Europe et le Japon sont caractérisés par un déficit de leurs échanges de poisson. En 2004, 97 pays au total étaient exportateurs nets de poisson et de produits dérivés.

Au cours des dernières décennies, on a pu constater une intensification croissante des échanges interrégionaux de poisson. Globalement, le commerce du poisson entre les pays développés est de plus en plus centré sur ces pays eux-mêmes; durant la période 2000-2004, quelque 85 pour cent de la valeur des exportations de poisson des pays développés étaient destinés à d'autres pays développés, et plus de 50 pour cent des importations de poissons de ces pays provenaient d'autres pays développés. On notera particulièrement l'ampleur des échanges entre pays européens: en 2004 comme en 2005, plus de 84 pour cent des exportations de l'UE étaient destinés à d'autres pays de l'union, tandis qu'environ 50 pour cent de leurs importations en proviennent. Bien que nettement inférieurs au commerce intra-européen, les échanges entre le Canada et les États-unis d'Amérique se sont notablement accrus depuis 1980, reflétant l'importance croissante de l'Accord de libre-échange nord-américain (NAFTA) - auquel le Mexique est également partie - et, avant cela, de l'Accord de libre-échange américano-canadien. À l'heure actuelle, environ 43 pour cent de leurs exportations et 21 pour cent de leurs importations sont des échanges bilatéraux. Le commerce du poisson et des produits de la pêche entre les pays les plus développés concernent principalement les espèces démersales, le hareng, le maquereau et le saumon.

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A contrario, malgré une augmentation, notamment depuis les années 90, le commerce des produits de la pêche entre les pays en développement ne représente encore que 15 pour cent de la valeur des exportations de poisson de ces pays. Les échanges de poisson entre les pays en développement pourraient s'accroître dans les années à venir, en raison de l'adoption d'accords régionaux sur le commerce et sous l'effet des tendances démographiques, sociales et économiques qui transforment les marchés de l'alimentation dans ces pays. Les pays en développement demeurent néanmoins largement tributaires des pays développés qui constituent les principaux débouchés pour leurs exportations de poisson et leur fournissent parallèlement les importations de poisson destinées à la consommation locale ou à leur secteur de transformation. En fait, plusieurs pays en développement importent des volumes croissants de matières premières destinées à être transformées et réexportées vers les pays développés. Les exportations de poisson des pays en développement évoluent progressivement; initialement composées de matières premières vouées aux secteurs de la transformation des pays développés, elles consistent désormais en poissons vivants à valeur élevée ou en produits à valeur ajoutée. Cette tendance s'impose en dépit de nombreux obstacles (tels que les droits d'importation élevés sur les produits transformés) qui sont souvent préjudiciables à leur industrie. De nombreux pays développés ont financé des usines de transformation dans les pays en développement où les coûts sont plus faibles.

Les cartes présentées à la figure 30 illustrent les flux commerciaux de poisson et produits dérivés par continent pour la période 2000-2004. Ce tableau d'ensemble est toutefois incomplet. En effet, bien que les pays (environ 159) ayant déclaré leurs importations pour cette période représentent 99 pour cent du total mondial estimé, certains groupes continentaux ne sont pas complètement pris en compte (à titre d'exemple, près d'un tiers des pays d'Afrique n'ont pas déclaré leurs échanges de produits de la pêche par pays d'origine/destination). Dans ce cas, les données indiquées ne sont pas représentatives du total des échanges des groupes continentaux concernés. Durant la période 2000-04, environ 77 pour cent de la valeur des exportations de poisson des pays en développement étaient destinés aux pays développés, principalement les États-unis d'Amérique, le Japon et l'union européenne. Ces exportations se composaient essentiellement de thonidés, de petits pélagiques, de crevettes, de bouquets, de langoustes et de céphalopodes. Le volume des exportations des pays développés à destination des pays en développement est assez faible, et représente environ 15 pour cent de la valeur des exportations de produits de la pêche des pays développés. Il s'agit principalement de petits pélagiques de faible coût qui entrent pour 20 à 30 pour cent dans les importations des pays en développement, ainsi que de matières premières destinées à la transformation.

Compte tenu de la nature hautement périssable du poisson et de ses produits dérivés, plus de 90 pour cent des échanges internationaux du poisson et de produits dérivés sont composés de produits transformés. Exprimée en volume (équivalent poids vif), la part du poisson vivant, frais ou réfrigéré était de 10 pour cent en 2004. Le poisson vivant et le poisson frais sont très appréciés, mais difficiles à commercialiser et à transporter; en outre, ils sont l'objet de règles sanitaires et de normes de qualité très strictes. Le commerce de poissons vivants s'est pourtant accru au cours des dernières années du fait des progrès technologiques, de l'amélioration de la logistique et de la poussée de la demande. un complexe réseau de moyens de manutention, de transport, de distribution, de présentation et d'entreposage a été mis en place pour appuyer le commerce des poissons vivants. Au nombre des innovations technologiques, citons notamment les cuves et les conteneurs spéciaux ou modifiés, ainsi que les camions et autres véhicules de transport équipés de systèmes d'aération ou d'oxygénation visant à maintenir le poisson en vie durant le transport, l'entreposage ou la présentation. Les échanges de poissons vivants intéressent également le secteur de l'aquariophilie et celui de la consommation, et s'avèrent très lucratifs. Les poissons vivants sont très recherchés en Asie (particulièrement par la population chinoise) et dans certains créneaux commerciaux d'autres pays, principalement auprès des communautés d'immigrants asiatiques.

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Les exportations de poisson congelé ont augmenté au cours de la dernière décennie, passant d'une proportion de 28 pour cent du total des exportations de poisson en 1994, à 36 pour cent en 2004. Les exportations de poisson préparé et en conserve totalisaient 8,3 millions de tonnes (équivalent poids vif) en 2004, soit 15 pour cent du total des exportations, contre 10 pour cent en 1994. Les exportations de poisson séché, salé et fumé comptaient pour 5 pour cent du total des exportations en 2004, accusant une légère baisse au cours de la dernière décennie. En 2004, les exportations de produits non alimentaires dérivés du poisson représentaient 34 pour cent du total des exportations en volume, dont une part importante provenait des pays d'Amérique latine.

La crevette

La crevette reste le produit le plus demandé en valeur, avec 16,5 pour cent de la valeur totale des produits de la pêche échangés au niveau international (2004). Les autres grands groupes d'espèces exportées ont été le poisson de fond (10,2 pour cent: à savoir merlu, morue, églefin et lieu de l'Alaska), le thon (8,7 pour cent) et le saumon (8,5 pour cent). En 2004, la farine de poisson a représenté environ 3,3 pour cent de la valeur des exportations et l'huile de poisson moins de 1 pour cent.

Il importe de noter la part réduite de la crevette dans la valeur totale du commerce du poisson depuis les 21 pour cent atteints en 1994, en dépit de la croissance de 18 pour cent en valeur et de 69 pour cent en volume (en équivalent poids vif) des exportations de crevettes durant la période 1994-2004. L'augmentation substantielle en volume du commerce de la crevette a été parallèle à la forte expansion de la production aquacole de crevettes qui a connu une croissance rapide depuis 1997, avec une hausse de 165 pour cent durant la période 1997-2004 (croissance annuelle de 15 pour cent). En 2004, plus de 41 pour cent (ou 2,5 millions de tonnes) de la production totale de crevettes provenait de l'élevage. La valeur unitaire des crevettes exportées a augmenté dans les années 90 pour atteindre 6,9 dollars Eu/kg en 1995, mais depuis, vraisemblablement du fait de la forte augmentation de la production, elle est retombée jusqu'à 4,1 dollars Eu/kg en 2004.

Au cours de l'année 2005, les importations de crevettes sur plusieurs des principaux marchés ont atteint de nouveaux sommets. Ces marchés ont été influencés par les fluctuations de l'offre, tant dans le secteur de la capture que dans celui de l'élevage, ainsi que par l'évolution de la réglementation aux États-unis et dans l'union européenne. Les ventes destinées au premier marché mondial de la crevette, à savoir les États-unis, ont continué d'augmenter et les importations ont atteint 530 000 tonnes. Au Japon, les importations annuelles de crevettes ont reculé de 6 pour cent en 2005 par rapport à l'année précédente. En Europe, les importations de crevettes ont augmenté en 2005 grâce à la vigueur de l'euro et à la compétitivité des cours internationaux. Les mesures anti-dumping adoptées par les États-unis ont eu pour effet une relative réorientation des fournisseurs des pays concernés (Brésil, Chine, Équateur, Inde, Thaïlande et Viet Nam) vers les marchés européens. L'assouplissement des restrictions imposées par l'union européenne sur les importations de crevettes d'élevage en provenance de la Chine a entraîné une modification des parts d'importations dans plusieurs marchés de l'UE, en particulier en Espagne où la Chine est devenue le principal fournisseur l'an dernier. En dépit de signes de tendance progressive à la hausse, les premières indications pour 2006, dont la faiblesse de la demande sur les principaux marchés, laissent à penser que les prix de la crevette resteront compétitifs tout au moins à moyen terme. La baisse de l'offre signalée dans les principaux pays producteurs de crevettes en 2006 a entraîné quelques hausses des prix. La figure 31 présente la hausse du prix des crevettes aux États-unis et au Japon.

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Le saumon

L'importance relative du saumon en tant que produit commercialisé a progressé au cours des dernières années pour atteindre 8,5 pour cent in 2004, contre 7 pour cent au milieu des années 90, du fait de la croissance rapide de l'élevage du saumon au Chili et en Norvège. La valeur unitaire moyenne des exportations de saumon a décliné au cours des 15 dernières années, passant d'environ 6,10 dollar Eu/kg en 1988 à 3,20 dollars Eu/kg en 2004. Le début de cette baisse tendancielle coïncide avec la croissance de l'aquaculture industrielle du saumon. La hausse massive de la production de saumon d'élevage a eu des répercussions importantes sur le commerce. En fait, le commerce du saumon (en équivalent poids vif) a augmenté de façon considérable durant la période 1988-2004, passant de 375 000 tonnes à plus de 1,7 million de tonnes. Le déclin en valeur unitaire semble toutefois avoir pris fin.

L'année 2005 a été positive pour les producteurs et pour les négociants de saumon dans le monde entier. Les prix du saumon d'élevage se situant au plus haut niveau depuis 2000, les éleveurs de saumon en Amérique du Sud, en Amérique du nord et en Europe sont optimistes. La demande est forte sur tous les marchés mais l'offre a augmenté moins que prévu. Les profits sont abondants grâce aux prix élevés et à la réduction des coûts de production résultant d'économies d'échelle et de gains d'efficience. Les perspectives pour 2006 sont bonnes, bien que des diminutions des prix soient à prévoir dans le futur et qu'à moyen et long termes les prix devraient revenir à des niveaux plus proches des coûts qu'aujourd'hui. En fait, dans le secteur des produits de base, les prix élevés induisent une hausse de la production qui à son tour déprime les prix.

Le thon

Le Japon est le plus grand marché du monde pour le thon de qualité sashimi. Les récentes indications de reprise économique au Japon devraient se traduire par une hausse de la demande pour le thon de qualité sashimi à valeur élevée. L'élevage du thon rouge a eu des répercussions importantes sur le marché du sashimi au Japon ces dernières années, toutefois les restrictions imposées sur les captures de thon destiné à l'élevage ne laissent guère d'espace pour l'expansion. La réduction, de 24 pour cent à 12 pour cent, du barème tarifaire appliqué par l'UE aux importations de thon en conserve, pour une quantité de 25 000 tonnes de thon provenant de pays tels que l'Indonésie, les Philippines et la Thaïlande, n'a pas été bien accueillie par les principales conserveries de thon européennes. Par ailleurs, les conserveries espagnoles ont recours à l'externalisation et l'on trouve aujourd'hui, en Amérique centrale (El Salvador et Guatemala), de nouvelles usines de mise en conserve implantées par des sociétés espagnoles. La concentration de l'industrie mondiale du thon entre quelques mains se poursuit. On trouvera, à la figure 32, les prix du thon listao en Afrique et en Thaïlande. On notera que ces prix ont fortement monté dans les premiers mois de 2006, après les résultats mitigés enregistrés en 2005, et les prix du thon en boîte se sont affermis en conséquence. La faiblesse des captures et les prix élevés des combustibles ont été la principale cause de ce relèvement des prix. La réticence des consommateurs vis-à-vis du thon en boîte a commencé à se faire sentir en Europe en 2006, tandis que les États-unis signalaient déjà en 2005 une baisse de la consommation du thon en boîte. Des informations parues dans la presse selon lesquelles le thon en boîte contiendrait des niveaux dangereux de mercure effraient les consommateurs aux États-unis.

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Autres poissons à nageoires

Dans le contexte d'un resserrement de l'offre, les cours des espèces de poisson de fond congelé ont affiché une nette tendance à la hausse en 2005. On trouvera à la figure 33 les prix des espèces de poisson de fond aux États-unis. La hausse de la demande pour le surimi en Asie a eu des répercussions sur la production de filets de lieu de l'Alaska aux États-unis, entraînant une baisse de l'offre de filets en Europe. La diminution des débarquements de merlu dans plusieurs pays d'Amérique latine, notamment en Argentine, signifie aussi une réduction de l'offre en Europe. La Chine occupe une place grandissante sur les marchés de poisson de fond congelé. Elle a augmenté sa part dans les importations de filets de lieu d'Alaska sur les principaux marchés allemand et français. Elle a aussi renforcé sa position sur les marchés européens de filets de morue congelés, notamment en Allemagne et au Royaume-uni.

Les céphalopodes

Après plusieurs années de production réduite, 2005 a été caractérisée par des approvisionnements abondants de calmars et de poulpes. Le début de l'année 2006 a été marqué par des débarquements abondants de calmar, notamment dans l'Atlantique Sud-Ouest. La production totale de 2006 devrait correspondre à la bonne production de 2005. L'Espagne demeure le principal marché européen pour le calmar. Au cours de l'année 2005, les importations de produits congelés (Loligo et Illex) ont augmenté de 7 pour cent par rapport au niveau de 2004, pour atteindre près de 160 000 tonnes. En 2005, le marché italien du calmar a suivi le marché espagnol. Le Japon est demeuré le principal débouché mondial pour les céphalopodes en 2005. Les ressources en poulpe de l'Atlantique Centre-Est se rétablissent après des années de mesures rigoureuses de contrôle des captures imposées par le Gouvernement marocain. Les cours de tous les céphalopodes se sont stabilisés aux niveaux élevés de 2005 et début 2006. Les prix du calmar et de la seiche sont présentés à la figure 34.

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La farine de poisson

Chaque année, la majeure partie de la production de farine de poisson - près de 60 pour cent - est soumise à exportation. En 2005, dans les cinq principaux pays exportateurs elle a été de 3,5 millions de tonnes, contre 4,7 millions de tonnes en 2000. Les prises de poisson de réduction ont été faibles dans tous les grands pays producteurs de farine de poisson. Les cours de la farine de poisson, qui ont connu une augmentation marquée en 2005 et dans les premiers mois de 2006, sont le résultat de la demande vigoureuse émanant notamment de la Chine et d'autres pays d'Asie. Les cours de la farine de poisson et de la farine de soja pour l'Allemagne et les Pays-Bas sont présentés à la figure 35.

GOUVERNANCE ET POLITIQUE

Pêche marine

Les organisations régionales de gestion des pêches jouent un rôle unique pour faciliter la coopération internationale en matière de conservation et de gestion des stocks de poisson. Ces organisations représentent le seul moyen réaliste d'administrer les stocks halieutiques, qui apparaissent sous forme de stocks chevauchants ou de stocks partagés entre des zones relevant de la juridiction nationale ou entre ces zones et la haute mer, ou exclusivement en haute mer (voir encadré 2)18. Elles cherchent à promouvoir l'utilisation à long terme des stocks visés relevant de ces mandats, bien que les organisations régionales de gestion des pêches s'orientent vers une approche élargie de la gestion des pêches fondée sur les écosystèmes et sur la prise en compte de la biodiversité où les mesures adoptées concernent les espèces appartenant au même écosystème ou associées avec les stocks visés ou dépendantes de ces stocks.

Renforcer les organisations régionales de gestion des pêches pour une conservation et une gestion plus efficaces des stocks halieutiques reste le grand défi que doit relever la gouvernance internationale des pêches. En dépit des efforts déployés au cours de la dernière décennie pour améliorer leurs capacités de gestion et leur image en tant qu'organisations efficaces et responsables, certaines de ces organisations n'ont pas réussi à réaliser leur objectif fondamental de gestion durable des stocks. Cette situation a conduit à l'adoption de moratoires sur les prises pour un nombre croissant de stocks et a suscité de nombreuses critiques internationales sur l'efficacité des organisations régionales de gestion des pêches. Ces critiques, qui émanent tant des membres de ces organisations que de la société civile, portent atteinte à la crédibilité et à l'autorité de ces mêmes organisations régionales.

Encadré 2

Rôle de la FAO à l'appui de la coopération pour une gouvernance plus efficace

La FAO s'emploie à promouvoir la coopération entre les organes régionaux des pêches, consciente que la nécessité d'une gouvernance efficace des pêches aux niveaux mondial et régional s'est intensifiée dans des proportions dramatiques. Le principal objectif de la FAO est d'encourager la coopération internationale dans le domaine de la pêche, afin de renforcer la gestion et la conservation. À cette fin, la FAO fournit un soutien technique et administratif à ses 11 organes régionaux des pêches. Elle encourage également tous les organes régionaux des pêches à renforcer leurs mandats et leurs fonctions afin d'améliorer leur efficacité opérationnelle, ainsi que la création de nouveaux organes là où il n'en existe pas à l'heure actuelle. En tant qu'initiative permanente, la FAO appuie et accueille les réunions biennales des organes régionaux des pêches afin de faciliter les débats et le partage d'informations. Ces réunions traitent des conclusions du Comité des pêches de la FAO concernant des questions telles que le rôle des organes régionaux des pêches dans la gouvernance des pêches dans le monde; la pêche illicite, non déclarée et non réglementée; la surcapacité des flottilles; l'approche écosystémique de la pêche; les zones marines protégées; l'harmonisation des documents relatifs aux prises et/ou au commerce; et le système de suivi des ressources halieutiques.

Devant les inquiétudes de plus en plus marquées de l'opinion publique au sujet des ressources halieutiques mondiales et des écosystèmes apparentés, la FAO a encouragé, en particulier pour les organes régionaux des pêches, l'application généralisée du Code de conduite pour une pêche responsable en même temps que l'approche écosystémique des pêches, ainsi que les plans d'action internationaux connexes (sur les oiseaux de mer, les requins, la capacité de pêche et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée).

De nombreuses organisations régionales centrent leurs efforts sur les mesures destinées à rendre opérationnels les aspects essentiels de l'Accord de 1995 des nations unies sur les stocks de poissons et d'autres instruments récemment adoptés à l'échelle internationale en matière de pêches (voir encadré 3). D'importantes mesures ont été prises pour la mise en œuvre de ces instruments à la suite de l'examen et de l'actualisation des mandats, notamment par les organisations suivantes: la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM), la Commission des thons de l'océan Indien (CTOI), la Commission interaméricaine du thon tropical (CITTC), la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA), la Commission des pêches de l'Atlantique nord-Est (CPANE) et l'Organisation des pêches de l'Atlantique nord-Ouest (NAFO).

Plusieurs organismes de gestion du thon sont concernés par ce qui est considéré comme une surcapacité des flottilles de thoniers dans le monde. Les activités menées conjointement avec la FAO montrent qu'il est nécessaire de s'orienter vers un système de gestion fondé sur les droits et, en attendant, suggèrent des procédures de gestion provisoires parmi lesquelles un moratoire immédiat sur l'entrée de nouveaux navires de grande capacité et l'établissement de critères et de mécanismes d'attribution pour les nouveaux participants.

Encadré 3

Conférence pour l'examen de l'Accord des nations unies de 1995 sur les stocks de poissons

La Conférence pour l'examen de l'Accord des nations unies de 1995 sur les stocks de poissons, qui s'est tenue au siège des nations unies à new York (États-unis d'Amérique) du 22 au 26 mai 2006, était prévue à l'Article 36 de l'Accord lorsqu'il a été négocié. En examinant et en évaluant le caractère approprié des dispositions de l'Accord, et en proposant des moyens pour renforcer son application, la Conférence a mis l'accent sur les dispositions pertinentes concernant la conservation et la gestion des stocks (adoption de mesures, surpêche et gestion de la capacité, effets de la pêche sur le milieu marin, pêcheries non réglementées par une organisation régionale de gestion des pêches, et collecte et partage des données); les mécanismes de coopération internationale (intégrité des régimes des organisation régionales de gestion des pêches, activités de pêche par des non-membres à ces organisations, fonctionnement des organisations régionales et droits de participation); le suivi, le contrôle et la surveillance, la conformité et la mise en application (accomplissement des devoirs de l'État du pavillon et enquêtes et sanctions pour violations); pays en développement (reconnaissance des besoins particuliers, fourniture d'assistance et renforcement des capacités) et non-Parties (accroître l'adhésion à l'Accord). La Conférence d'examen a structuré son rapport autour de deux thèmes - examen et évaluation - et proposé des moyens de renforcer les éléments au sein des groupements (en termes de mesures à prendre par les États, à titre individuel et collectif, par l'intermédiaire des organes régionaux des pêches et, le cas échéant, par la FAO et la Division des affaires maritimes et du droit de la mer des nations unies). L'accent mis sur les organes régionaux des pêches dans les recommandations approuvées par la Conférence reflète le rôle fondamental qu'ils jouent dans l'application de l'Accord. Fait plus important, il a été convenu que les stocks distincts de haute mer seraient inclus dans le champ d'application de l'Accord, éliminant ainsi les lacunes en matière de conservation et de gestion pour ces stocks.

La nécessité pour les organes régionaux d'intégrer et de prendre en compte les nouveaux adhérents, en particulier dans les pays en développement, de manière équitable dans les limites des avis scientifiques concernant les stocks gérés est une question qui a suscité des débats intenses au cours de la Conférence d'examen. tout en notant qu'il s'agissait d'une question délicate liée au concept d'«intérêt réel» et de contrôle efficace de l'État du pavillon sur les navires, il a été signalé que le fait de ne pas traiter de manière adéquate les problèmes de participation et de répartition des possibilités de pêche au sein des organes régionaux de pêche, risquait d'encourager, sans le vouloir, la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

En ce qui concerne les mesures de l'État du pavillon - un maillon faible dans la chaîne des efforts déployés pour lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée - la Conférence a proposé que la FAO, s'appuyant sur le Plan type de la FAO sur les mesures du ressort de l'État du port (2005) et sur le Plan d'action international de la FAO visant à prévenir, à contrecarrer et à éliminer la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, démarre un processus visant à élaborer, selon qu'il convient, un instrument juridique contraignant sur les normes minimales pour les mesures du ressort de l'État du pavillon.

La Conférence est convenue de poursuivre l'examen de la mise en application de l'Accord et de réunir à nouveau la Conférence avant 2011.

Outre les mesures à prendre pour mettre en œuvre l'approche écosystémique de la pêche (notamment celles visant à réduire le plus possible les prises accessoires telles que requins, tortues de mer et oiseaux de mer), les organisations régionales de gestion des pêches s'emploient à appliquer l'approche de précaution; à renforcer la coopération internationale; à promouvoir la transparence; à encourager les non-membres éligibles à adhérer à des organisations ou à devenir des entités coopérantes; et à renforcer l'observation et l'application des mesures mises en vigueur en améliorant le suivi, le contrôle et la surveillance, y compris par des systèmes obligatoires de suivi des navires, l'adoption de dispositifs régionaux pour les mesures concernant les États du port et l'établissement des listes de navires.

Deux organisations régionales de gestion des pêches crées à l'issue de la Conférence des nations unies sur les stocks de poisson (1995), l'Organisation des pêches de l'Atlantique du Sud-Est (OPASE) et la Commission des pêches pour le Pacifique occidental et central (WCPFC), mettent en application les dispositions de l'Accord de 1995 des nations unies dans le cadre de leurs conventions.

En 2004, le Conseil de la FAO, dans sa résolution 1/127, a créé la Commission des pêches pour le sud-ouest de l'océan Indien (CPSOOI) en vertu de l'Article VI de l'Acte constitutif de la FAO. En tant qu'organe régional des pêches de ce type le plus récent dans le monde, il s'emploie à promouvoir le développement durable, la conservation, la gestion rationnelle et l'utilisation optimale des ressources halieutiques dans la région, tout particulièrement les pêches axées sur les espèces autres que les thonidés. La CPSOOI est ouverte à tous les États côtiers dont les territoires se situent entièrement ou en partie dans sa zone de compétence (à savoir le sud-ouest de l'Océan Indien) et qui notifient par écrit au Directeur général de la FAO leur désir d'adhérer à la Commission. Celle-ci a tenu sa première réunion en avril 2005 à Mombasa (Kenya) et sa deuxième réunion à Maputo (Mozambique) en août 2006.

Il importe aussi de mentionner deux autres conventions qui concentrent leurs activités sur la conservation et la gestion des ressources halieutiques en eau profonde des hautes mers (dont les stocks de poissons distincts de haute mer) et qui utilisent l'Accord de 1995 des nations unies sur les stocks de poisson comme cadre: l'Accord sur les pêches dans le sud de l'océan Indien (SIOFA), qui a été adopté et ouvert à la signature en juillet 200619 et l'Organisation régionale de gestion des pêches du Pacifique Sud (SPRFMO), qui est toujours en cours de négociation. Cet accord et cette organisation sont tous deux destinés à combler les lacunes existant dans la gestion des hautes mers où se trouvent des stocks de valeur mais vulnérables. un certain nombre de stocks couverts par ces accords sont soumis à de fortes pressions et, dans le cas de l'océan Indien, sont vraisemblablement déjà surexploités.

Ce qui est perçu comme un manque d'initiative de la part des organisations régionales et leur incapacité à freiner dans certains cas le déclin des stocks devraient être considérés dans le contexte des obstacles que nombre d'entre elles doivent surmonter et dont elles ne sont pas toujours responsables. L'absence d'engagement politique de la part des membres de certaines de ces organisations et les positions réfractaires qui édulcorent la gestion rationnelle de la pêche régionale (par exemple, l'insistance à vouloir prendre des décisions sur la base d'un consensus même pour les organisations établies après l'Accord de 1995 des nations unies sur les stocks de poissons, et les dispositions d'option de refus et/ou d'objection en ce qui concerne les mesures de gestion)20 ont contrecarré sinon bloqué les efforts déployés par certaines de ces organisations pour s'attaquer aux problèmes de la conservation et de la gestion. Ces positions entravent l'action des organisations régionales de gestion des pêches, alors que les critiques dont elles font l'objet devraient plutôt être adressées à leurs membres.

La forte incidence et la sophistication croissante de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée continue de compromettre le travail des organisations régionales de gestion de la pêche. L'utilisation continue et qui se généralise de pavillons de non-observation et de ports de complaisance aggrave l'étendue et la portée de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. L'aspect criminel de cette pêche passe au premier plan alors que les organisations prennent des mesures contre les navires de pêche contrevenants et leurs propriétaires, et les secrétariats de ces organisations reçoivent parfois des menaces visant à leur faire retirer les mesures prises contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

À la question de la crédibilité des organisations régionales de gestion des pêches s'ajoutent les demandes d'examen périodique de leurs performances afin de renforcer leur efficience et leur transparence. Cette question est cependant extrêmement délicate. Dans certains cas, les membres de ces organisations ont été peu enclins à soutenir ce type d'évaluation, estimant qu'elle pourrait porter atteinte à l'autonomie des organisations et perturber leurs activités, et donner une mauvaise image des membres eux-mêmes. néanmoins, malgré les objections, le principe et la nécessité d'une telle évaluation des résultats font leur chemin et sont maintenant largement acceptés sur le plan international. Il a été dit dans les instances internationales que, pour autant que les examens sont réalisés de manière transparente et globale et avec la participation et la coopération pleines et entières des membres et des secrétariats, les organisations régionales de gestion des pêches devraient adhérer à ce processus d'examen comme moyen de rehausser leur réputation et leur prestige. Plus important, ces examens devraient fournir des résultats tangibles et concrets que les organisations pourraient adopter et mettre en application pour renforcer leurs capacités en matière de conservation et de gestion.

Après examen de cette question par le Comité des pêches de la FAO (COFI), à sa vingt-sixième session, et par les organes régionaux des pêches, à leur quatrième réunion, la Commission des pêches de l'Atlantique nord-Est (CPANE) a décidé en 2005 d'entreprendre un examen indépendant de performance21. L'objectif de cet examen est de contrôler de manière systématique la performance de la Commission depuis sa création en 1982 ainsi que son respect de la Convention de la CPANE, de l'Accord de 1995 des nations unies sur les stocks de poissons et des autres accords et instruments internationaux pertinents. La Commission a établi un ensemble exhaustif de critères pour l'examen de la CPANE. Les résultats de l'examen devraient faire ressortir les réalisations de la Commission et les domaines où des améliorations sont possibles. Le Groupe d'examen comprendra les présidents des deux groupes de travail de la CPANE, le Secrétaire de la Commission, un spécialiste des sciences de la mer indépendant et deux experts des nations unies, l'un de la FAO et l'autre de la Division des affaires maritimes et du droit de la mer des nations unies (UNDOALOS).

Il s'agit du premier examen de la performance entrepris par une organisation régionale de gestion des pêches; les résultats devraient être disponibles à la réunion annuelle de la CPANE (en 2006). Malgré les hésitations de certains membres de la CPANE au regard de l'examen de la performance, la Commission a montré la voie à suivre en s'engageant dans un domaine nouveau et important. Cependant, les membres des organisations régionales de gestion des pêches n'ignorent pas que ces examens, en eux-mêmes, n'amélioreront pas la performance. Les résultats de ces examens, qui devraient être accessibles à toutes les parties intéressées, devraient être traduits en mesures opérationnelles assorties d'un calendrier pour pouvoir remédier aux faiblesses des organisations et les renforcer pour qu'elles jouent un rôle plus efficace dans la gouvernance des stocks halieutiques.

En 2005, les ministres participant à la Conférence sur la gouvernance des pêches en haute mer et l'Accord des nations unies sur les pêches - Passons à l'action22 ont adopté une déclaration qui mettait l'accent notamment sur le rôle et les travaux des organisations régionales de gestion des pêches. Elle notait aussi que ces organisations sont fondamentales pour la gouvernance des pêches hauturières. Les ministres se sont engagés à mettre en œuvre, par l'intermédiaire de ces organisations, des mesures essentielles allant du renforcement des processus décisionnels à l'amélioration du suivi, du contrôle et de la surveillance afin de lutter de manière plus vigoureuse contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée et la surcapacité des flottilles.

Tableau 12
Bassins hydrographiques internationaux et cadres de gestion par continent

Continents

Bassins 
Hydrographiques internationaux*

Nombre de bassins régis par des 
accords internationaux1

Commissions pour 
les eaux intérieures 
ayant un mandat 
pour les pêches

(Nombre)

(Nombre)

(Pourcentage)

(Nombre)

Afrique

59

19

32

8

Asie

57

24

42

2

Europe

69

45

63

12

Amérique du nord

40

23

58

3

Amérique du Sud

38

6

16

6

1 Sur la base du Programme des Nations Unies pour l’environnement, 2002, Atlas of International Freshwater Agreements, Nairobi.

Par ailleurs, la déclaration a reconnu qu’il fallait aider les pays en développement à appliquer les accords internationaux sur les pêches et que les responsables devaient identifier des moyens pratiques pour mettre en oeuvre les engagements des ministres énoncés dans la déclaration. Une autre initiative a mis l’accent sur la pêche illicite, non déclarée et non réglementée et sur le rôle joué par les organisations régionales de gestion des pêches pour la combattre: il s’agit des travaux et du rapport 2006 de l’Équipe spéciale ministérielle sur la pêche illicite, non déclarée et non réglementée en haute mer23. Le rapport a pour objet l’amélioration de gouvernance de la pêche hauturière et suggère d’élaborer un modèle pour améliorer la gouvernance des organisations régionales afin de décourager la pêche illicite, non déclarée et non réglementée; de promouvoir une approche plus systématique pour l’examen de la performance des organisations régionales et d’encourager celles-ci à coopérer de manière plus efficace grâce à une meilleure coordination et à l’application de mesures concernant le port et le commerce. Bien que l’équipe spéciale ait été présidée par un petit nombre de ministres des pêches et de chefs d’organisations non gouvernementales, ses résultats sont largement diffusés afin de renforcer l’adhésion aux neuf propositions du rapport et leur application. Bien que plusieurs d’entre elles soient déjà inscrites au programme d’action des pêcheries internationales et appliquées à des degrés divers, le rapport de l’Équipe spéciale permet de centrer l’attention sur ces propositions et donc de mobiliser des fonds pour en intensifier l’application.

Pêches continentales

Les grands bassins hydrographiques dans le monde traversent souvent une ou plusieurs frontières internationales (tableau 12) et, de ce fait, les activités dans un pays peuvent avoir une incidence sur les stocks de poissons et les pêcheries dans d’autres pays. De nombreuses espèces de poissons de rivière sont migratoires; aussi, même dans les cas où un impact sur une espèce particulière est confiné à une zone particulière, les effets sur l’espèce peuvent être ressentis par les personnes ou les communautés qui exploitent le stock de poisson dans d’autres pays. Un système de gouvernance dans les eaux intérieures transfrontières et internationales est donc nécessaire.

Pour une gestion efficace des pêches dans les eaux transfrontières, des politiques et des stratégies appropriées doivent être élaborées au niveau régional à l’appui des ressources partagées (ressources hydriques et biologiques) et doivent être incorporées dans la législation nationale et dans la mise en oeuvre. La première étape dans cet objectif consisterait à identifier les espèces et les stocks qui sont partagés et à déterminer s’ils sont vulnérables et à quelles menaces. Les pays pourraient alors identifier les mesures de gestion requises. Le Code de conduite de la FAO pour une pêche responsable (FAO, 1995)24 souligne notamment que «Les États devraient... coopérer aux niveaux sous-régional, régional et mondial ...pour promouvoir la conservation et la gestion, et pour assurer des pratiques de pêche responsable et une conservation et protection efficaces des ressources bioaquatiques dans toute leur aire de distribution, compte tenu de la nécessité de prendre des mesures compatibles dans les zones s'étendant à l'intérieur et au-delà des limites de la juridiction nationale» et, en outre, «Dans le cas des stocks transfrontières, ... les États concernés ...devraient coopérer en vue d'assurer la conservation et l'aménagement efficaces des ressources. Cela devrait se faire, lorsqu'il y a lieu, par la mise en place d'une organisation ou d'un arrangement bilatéral, sous-régional ou régional compétent en matière de pêches».

Il existe toute une gamme de cadres régionaux qui fournissent des avis sur la gestion des eaux continentales et des ressources aquatiques vivantes ou s'en occupent directement. Le système de gouvernance est toutefois incomplet puisque 44 pour cent de la totalité des bassins hydrologiques internationaux sont l'objet d'un ou plusieurs accords; ces derniers portent sur des questions diverses qui incluent ou non les pêches. De nombreux accords ne sont pas axés sur les ressources halieutiques, mais sur l'eau en tant que ressources c'est-à-dire la répartition de l'eau pour l'irrigation, la protection contre les inondations, la navigation ou la production d'hydro-électricité. néanmoins, nombre d'entre eux couvrent aussi les problèmes d'environnement, qui pourraient être élargis pour inclure les pêches, bien que souvent celles-ci ne soient pas mentionnées de manière spécifiques. une base de données comprenant les résumés et les textes complets de la plupart de ces accords peut être consultée à l'adresse suivante: http://faolex.fao.org/faolex.

Les pêches continentales sont particulièrement vulnérables aux effets extérieurs au secteur des pêches, par exemple la dérivation des eaux, la dégradation de l'habitat, la pollution et la perte d'habitat. Le système de gouvernance qui s'applique aux zones aquatiques continentales considère très rarement le maintien des pêches comme un objectif essentiel, et favorise souvent d'autres secteurs perçus comme plus rentables ou plus importants. Ce système de gouvernance a, dans certains cas, eu des retombées négatives pour les pêcheurs qui travaillent dans les eaux intérieures et les communautés qui sont tributaires de la pêche continentale.

Il y a cependant des faits nouveaux encourageants. La Résolution IX.4 de la Convention de Ramsar sur les zones humides25, qui traite de la conservation, de la production et de l'utilisation durable des ressources halieutiques souligne notamment qu'«il serait bon d'établir, selon que de besoin, des mécanismes locaux, nationaux et internationaux dans le cadre desquels l'attribution de ressources essentielles pour la protection des ressources aquatiques et, en particulier, des ressources halieutiques, serait négociée entre usagers de la ressource». La Directive-cadre européenne sur l'eau26 met l'accent sur l'approche du bassin fluvial pour une mise en valeur et une gestion intégrées et coordonnées de tous les systèmes hydrographiques européens. La Directive-cadre demande une évaluation écologique exhaustive et une classification sur la base de la composition et de l'abondance de la faune et de la flore aquatiques compte tenu des conditions de référence-type spécifiques de la masse d'eau.

La Commission du Mékong supervise la plus grande pêcherie continentale dans le monde, et s'est engagée, à sa onzième réunion du Conseil ministériel, à mettre en œuvre une «gestion intégrée des ressources en eau» à l'échelle du bassin pour lutter contre la pauvreté et favoriser la croissance économique. Dans le bassin inférieur du Mékong, la demande d'hydroélectricité devrait augmenter de 76 pour cent par an pendant les 20 prochaines années27 et l'objectif de la Commission est de «répondre à cette demande en tenant pleinement compte de la nécessité de préserver l'écosystème et les intérêts sociaux».

Dans le secteur de la pêche continentale, les pêches de capture sont en concurrence notamment avec l'aquaculture pour l'aide au développement. Les conséquences négatives de l'aquaculture sur les milieux aquatiques ont parfois été annoncées dans le passé. toutefois, les avantages perçus de l'aquaculture modifient aujourd'hui la façon dont les masses d'eau sont utilisées dans de nombreuses régions. On peut citer à cet égard le lac Victoria où un grand nombre de parties intéressées dans les pays riverains font pression sur l'Organisation des pêches du lac Victoria (LVFO) en vue de la mise en place d'une réglementation autorisant l'élevage en nasses dans et autour du lac. L'Organisation des pêches du lac Victoria a demandé à la FAO de l'aider à élaborer une telle réglementation.

Outre qu'il est peu vraisemblable que les pêches continentales soient ou deviennent l'objectif principal des programmes de gestion de l'eau, les besoins de la pêche artisanale rurale risquent de ne pas être pris en compte dans ces programmes à moins que les systèmes de gouvernance de l'eau ne soient conçus spécifiquement pour inclure les pêches continentales.

Aquaculture

Il est de plus en plus reconnu que le développement durable du secteur aquacole nécessite un environnement porteur, avec des cadres institutionnels et juridiques et des cadres de gestion appropriés s'appuyant sur une politique d'ensemble. tandis que les efforts déployés pour parvenir à l'objectif de développement durable varient selon les pays, en fonction du niveau d'engagement des décideurs et de l'échelle du développement du secteur aquacole, des progrès notables ont été accomplis dans un certain nombre de domaines institutionnels, juridiques et de renforcement des capacités de gestion, y compris l'utilisation de différents arrangements de partenariats des secteurs public et privé.

Les activités aquacoles étant en général situées à l'intérieur des frontières nationales, l'aquaculture est la plupart du temps gérée, contrôlée et régie par des instruments et des arrangements nationaux. Cette situation est bien différente de celle des pêches de capture, où les pêcheries importantes sont de nature transfrontière et où des instruments régionaux, internationaux et/ou mondiaux sont requis pour harmoniser la gouvernance nationale des ressources partagées.

Le Réseau de centres d'aquaculture pour la région Asie-Pacifique (RCAAP) est la seule organisation intergouvernementale régionale qui favorise le développement de l'aquaculture. Le Sous-Comité de l'aquaculture du COFI est le seul forum intergouvernemental mondial qui débatte exclusivement de l'aquaculture. Il existe plusieurs ONG internationales et instruments de la société civile qui soutiennent l'aquaculture au niveau régional. L'aquaculture prenant de l'importance, jour après jour, il est vraisemblable que d'autres instruments régionaux et internationaux seront élaborés à l'appui de la gouvernance du secteur dans le futur.

Les enseignements acquis à partir de l'établissement et de l'exploitation des réseaux sur l'aquaculture comme le RCAAP ont montré que la coopération technique entre les gouvernements membres est efficace28. Le Réseau de centres d'aquaculture d'Europe centrale et orientale (NACEE) a été créé en 2004 en s'appuyant sur l'expérience du RCAAP. Dans d'autres régions, en particulier en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, plusieurs pays et la FAO étudient les possibilités de créer des réseaux régionaux de ce type.

Les travaux de recherche récents et des analyses bibliographiques29 indiquent clairement que l'une des grandes tendances du développement et de la gestion de l'aquaculture est le renforcement de la réglementation et de la gouvernance. La planification intégrée de l'utilisation des terres, dont la mise en place de régimes fonciers conçus pour répondre aux besoins des agriculteurs et la planification appropriée de l'environnement sont mises en application. Des réglementations concernant la gestion générale de l'aquaculture, y compris des aspects spécifiques tels que l'utilisation de produits pharmaceutiques et chimiques, sont élaborées et mises en vigueur de plus en plus souvent. L'autoréglementation du secteur a eu des retombées essentielles, telles que des codes d'usages et des pratiques optimales de gestion qui sont le fruit de la collaboration avec les agriculteurs.

L'aquaculture n'existe pas isolément et la réglementation croissante du secteur exige aussi la maîtrise de ses effets externes. Compte tenu de l'intensification et de l'augmentation du nombre d'exploitations dans certaines régions, l'impact sur l'environnement est évalué et l'environnement est surveillé régulièrement.

Il est encourageant de noter que les pays sont de plus en plus nombreux à avoir formulé ou à formuler des politiques, des plans, des réglementations et des stratégies en matière de pêche qui prennent en compte et facilitent la croissance et la gestion efficiente du secteur aquacole. une récente étude de la FAO sur l'intégration de la pêche dans les grands documents nationaux d'orientation générale liés à la réduction de la pauvreté et au développement rural a montré que le secteur a été intégré de manière très efficace en Asie (dans le cas des Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté et des plans nationaux de développement), suivie de près par l'Afrique30.

La Déclaration d'Abuja sur la pêche et l'aquaculture durables en Afrique a été adoptée par la Réunion des Chefs d'État du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD, «Sommet du poisson pour tous», qui s'est tenu au Nigéria31. Le Programme mondial pour une pêche durable (PROFISH)32 a été lancé à la même occasion. Il s'agit d'un nouveau partenariat mondial de pays en développement, de donateurs et d'institutions techniques sous la direction de la Banque mondiale. Ces deux initiatives récentes sont importantes et montrent l'engagement national et international à réaliser le potentiel qu'offrent la pêche et l'aquaculture pour la sécurité alimentaire, la lutte contre la pauvreté et le développement économique.

De la fédération de groupes d'autoassistance, y compris des groupements de femmes, dans l'un des villages les plus pauvres de l'Inde à l'alliance mondiale pour l'aquaculture, les associations de producteurs ont joué un rôle majeur dans le développement mondial de l'aquaculture. Si les objectifs des associations de producteurs sont très variables, certains sont cependant communs notamment: définir et influencer les politiques et les réglementations; fournir des services techniques; faciliter l'accès aux marchés; élaborer et promouvoir des codes de conduite, des pratiques optimales de gestion et des pratiques d'autoréglementation; et partager les connaissances.

Dans le cadre de leur stratégie générale de privatisation, de nombreux pays engagés dans la promotion du développement de l'aquaculture élargissent leur programme de privatisation au secteur aquacole. En Afrique subsaharienne, par exemple, le Kenya a opté pour un rôle de soutien en favorisant la formulation participative des politiques, en fournissant un cadre juridique favorable aux investissements, en créant des partenariats entre les secteurs public et privé, en apportant un soutien à l'infrastructure de base, en encourageant l'autoréglementation, en fournissant une plate-forme de recherche, en entreprenant le zonage pour l'aquaculture et en fournissant un soutien en matière d'évaluation et de suivi.

Les groupes de la société civile, y compris les ONG, contribuent de manière substantielle à la formulation et à la mise en application des politiques ainsi qu'au soutien des aquaculteurs démunis. Ces groupes de la société civile ont été déterminants pour que le secteur s'attaque aux problèmes que posent les pratiques non durables d'élevage de la crevette dans de nombreux pays en Asie et en Amérique latine.

La cogestion est une nouvelle tendance qui est généralement appliquée dans la gestion des ressources sur lesquelles s'exercent des droits de propriété commune, telles que les plaines d'inondation et les forêts. Dans le contexte du secteur aquacole, la cogestion (voir encadré 6, p. 78-79) a été appliquée avec efficacité dans les pêches basées sur l'élevage, une forme d'aquaculture pratiquée de façon communautaire dans de petits plans d'eau en zones rurales. Cette forme d'aquaculture peut accroître la production de poisson avec un apport minimal de ressources (par exemple au Bangladesh, au Sri Lanka, en Thaïlande et au Viet Nam). Selon une évaluation menée dans trois pays (Bangladesh, Philippines et Thaïlande), ce type de programme a contribué au développement d'initiatives d'autoassistance, de la maîtrise locale et de la prise de décisions dans les communautés.

Commerce

Le rôle des subventions continue de retenir particulièrement l'attention des gouvernements et de la société civile. Étant donné leur caractère intersectoriel, les subventions ont une incidence sur les dimensions économiques, sociales et environnementales des pêches, aussi de nombreux intérêts différents sont-ils impliqués. Des débats sur les subventions au secteur de la pêche se sont tenus aux niveaux techniques et politiques, avec des influences réciproques.

Sur le plan technique, d'importants progrès ont été accomplis du point de vue théorique et analytique grâce aux travaux d'organisations intergouvernementales (notamment la FAO, l'Organisation de coopération et de développement économique [OCDE], le Programme des nations unies pour l'environnement [PNUE] et d'OnG (en particulier le Fonds mondial pour la nature). Sur le plan politique, le principal centre des négociations sur les subventions aux pêches est le Groupe de négociation sur les règles de l'OMC. Au cours de la réunion ministérielle de l'OMC, qui s'est tenue à Hong Kong (2005), les ministres ont noté en examinant les progrès accomplis dans les discussions sur le Mandat de Doha de 2001, une large convergence de vues sur le fait que le Groupe de négociation sur les règles devrait renforcer les disciplines des subventions au secteur de la pêche, y compris en interdisant certaines formes de subventions aux pêches qui contribuent à la surcapacité et à la surpêche. Les ministres ont aussi noté qu'un traitement spécial et différencié approprié et effectif pour les pays en développement et les pays les moins avancés membres devrait faire partie intégrante des négociations sur les subventions au secteur de la pêche, compte tenu de l'importance de ce secteur pour les priorités de développement, la lutte contre la pauvreté, les problèmes concernant les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire. Plusieurs soumissions fondées sur des textes visant à apporter des amendements spécifiques pour les pêches à l'Accord sur les subventions et les mesures compensatoires sont à l'étude. Plus récemment, à l'initiative de certains membres, le débat sur les subventions aux pêches semble s'élargir à des domaines autres que les seules activités de la pêche de capture c'est-à-dire l'aquaculture, la transformation du poisson, etc.

Outre l'accent mis sur la nécessité de réglementer les subventions qui contribuent à la surcapacité et à la surpêche, les pays étudient les modalités permettant d'intégrer des considérations de développement durable dans les disciplines concernant les subventions aux pêches. Outre les questions générales de la mise en œuvre du traitement spécial et différencié, la définition des pêches artisanales et l'intégration dans les disciplines des droits relatifs aux accords sur l'accès aux pêcheries créent des difficultés. Il apparaît que les résultats des négociations sur les subventions aux pêches dépendront probablement de la façon dont certaines questions techniques seront définies et approuvées, et aussi de la mesure dans laquelle les membres de l'OMC seront disposés à traiter non seulement les questions de commerce, mais aussi d'environnement et de développement.

Suite à l'adhésion de la Chine à l'OMC en 2001, tous les grands pays de pêche sont désormais membres de cette organisation à l'exception de la Fédération de Russie et du Viet nam, qui ont entamé des négociations en vue d'y accéder.

La déclaration adoptée par la Conférence ministérielle de l'OMC à hong Kong en 2005 a des implications importantes pour les pêches. Les droits d'importation sur les produits non agricoles, qui incluent le poisson et les produits de la pêche, seront réduits selon une formule spécifique. Il était prévu que les coefficients et réductions exacts seraient arrêtés en 2006. Les pays en développement qui sont exportateurs devaient profiter de la réduction ou de l'élimination des droits de douane, y compris pour ce qui est des pics tarifaires, des droits élevés et de l'escalade de ces derniers, notamment sur les produits dont l'exportation présente un intérêt pour eux. Concernant les produits de la pêche, il aurait pu en découler des conséquences pour les exportateurs de produits à valeur ajoutée, bien que les pays bénéficiant pour l'heure d'un traitement préférentiel pourraient s'attendre plus tard à une réduction de leurs avantages. Ce scénario ne s'étant pas concrétisé faute d'accord, il reste à savoir quel sera l'avenir des négociations au sein de l'OMC.

D'autres questions importantes concernant le commerce international des produits de la pêche ont occupé le devant de la scène ces dernières années, à savoir: l'adoption, sur les principaux marchés, de nouvelles prescriptions en matière d'étiquetage et de traçabilité; l'adoption des directives de la FAO pour l'étiquetage écologique du poisson et des produits de la pêche provenant des pêches de capture marines; différends commerciaux entre pays importateurs et pays exportateurs motivés par des accusations de dumping des produits de l'aquaculture et de subventions à la production; et l'expansion des zones d'échange régionales et le nombre de nouveaux accords commerciaux bilatéraux intéressant de près le commerce du poisson. Il reste à savoir quelles seront vraiment les retombées et les conséquences à long terme de ces accords qui complètent des accords multilatéraux plus larges ou s'y substituent. un dispositif de ce genre particulièrement important pour le commerce du poisson et des produits de la pêche fait actuellement l'objet de négociations au niveau régional entre les pays du groupe Afrique, Caraïbes et Pacifique et l'union européenne. L'objectif de ces négociations est de conclure des accords de partenariat économique entre l'union et les six régions du groupe, et de les rendre opérationnels et ce, dès janvier 2008.


NOTES

  1. Cette section est basée sur les données publiées dans FAO. 2007. Fish and fishery products. World apparent consumption statistics based on food balance sheets. Revision 8: 1961-2003. FAO, Circulaire sur les pêches n° 821. Rome. On constatera peut-être des divergences entre ces données et celles d'autres sections qui ont été communiquées plus récemment à la FAO.
  2. Le terme «poisson» englobe les poissons, les crustacés et les mollusques, à l'exclusion des mammifères et des plantes aquatiques.
  3. La consommation par habitant est calculée sur une base annuelle, et fondée sur l'équivalent poids vif sauf indication contraire.
  4. Il existe une différence entre les organisations régionales de gestion des pêches et les organes régionaux des pêches, ces derniers ne disposant généralement pas de mandat de gestion et de conservation des pêches. Ils s'efforcent plutôt de promouvoir la coopération entre leurs membres sur des questions d'intérêt commun dans le domaine de la pêche et peuvent avoir des mandats consultatifs.
  5. Six pays (les Comores, la France, le Kenya, le Mozambique, la Nouvelle-Zélande et les Seychelles) et la Communauté européenne ont signé, au cours d'une cérémonie qui s'est tenue au siège de la FAO à Rome, l'Accord sur les pêches du Pacifique Sud (SIOFA).
  6. Même si les dispositions relatives aux options de refus ne sont pas invoquées par les parties à une organisation régionale de gestion des pêches, leur existence et leur utilisation potentielle par les membres affaiblissent l'efficacité des mesures de gestion adoptées. Il est intéressant de noter à cet égard que la Conférence de réexamen de 2006 de l'Accord de 1995 des nations unies sur les stocks de poissons a recommandé que les États - individuellement et collectivement - par l'intermédiaire des organisations régionales de gestion des pêches - «fassent en sorte que les comportements après option de refus soient limités par des règlements afin d'éviter que les parties ayant opté pour le refus ne compromettent la conservation ...».
  7. L'examen de la performance des organisations régionales de gestion des pêches a également été traité au paragraphe 60 de la résolution 60/3 de l'Assemblée générale des nations unies.
  8. tenue à St. Johns, terre-neuve, Canada du 1er au 5 mai 2005.
  9. Les travaux de l'Équipe spéciale ont duré deux ans: le rapport a été publié en mars 2006.
  10. FAO. 1995. Code de conduite pour une pêche responsable. Rome.
  11. Ramsar. 2005. Resolution IX.4. The Ramsar Convention and conservation, production and sustainable use of fisheries resources (disponible à l'adresse suivante: http://www.ramsar.org/res/key_res_ix_04_e.pdf).
  12. Adopté le 23 octobre 2000 (disponible à l'adresse suivante: http://ec.europa.eu/ environment/water/water-framework/index_en. html).
  13. Pour plus d'informations, voir http://www.mrcmekong.org/mekong_program_ceo. htm#integrated_water.
  14. Pour plus d'informations, voir www.enaca.org.
  15. FAO. 2006. La situation mondiale de l'aquaculture 2006, par R. Subasinghe. FAO, Circulaire sur les pêches n° 997. Rome.
  16. FAO. 2005. Mainstreaming fisheries into national development and poverty reduction strategies: current situation and opportunities, de A. Thorpe. FAO, Circulaire sur les pêches n° 997. Rome.
  17. Pour plus d'informations, voir http://www.fishforall.org/ffa-summit/africasummit.asp
  18. Pour plus d'informations, voir http://www.web.worldbank.org/WEBSITE/ EXTERNAL/TOPICS/EXTARD/0,,contentMDK:20663251 http://www.web. worldbank.org/WEBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXtARD/0,,contentMDK:20663251~ pagePK:210058~piPK:210062~theSitePK:336682,00.html

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