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Entretien avec

M. Peter Lee
 
 
 
 

L'idée de proposer dans chaque numéro de GRID un entretien avec une personne qui connaisse bien le champ d'action de l'IPTRID, qu'elle soit ou non très au fait du programme lui-même, vise à ajouter une dimension nouvelle et intéressante pour nos lecteurs. Toutefois, dans le présent numéro, notre invité n'est pas seulement un expert réputé dans le domaine de l'eau. Il est également très lié au programme en tant que Président de notre groupe consultatif, et cela depuis 2000. C'est pourquoi il est parmi les mieux placés pour répondre aux questions formulées par GRID. M. Peter Lee, qui est aussi Directeur de Mott MacDonald en Inde et Président de la Commission internationale des irrigations et du drainage, nous propose son point de vue sincère sur l'IPTRID et son avenir.

Quel est, d'après vous, le créneau de l'IPTRID?

Ce point a fait l'objet d'un excellent débat lors de la réunion du groupe consultatif qui s'est tenue à Montpellier en 2003. Il en est clairement ressorti que le créneau propre à l'IPTRID consiste à faciliter l'appropriation de la recherche et du transfert technologique dans le domaine de l'irrigation en faveur des pays en développement. Après cette réunion, cette définition a été considérée comme la principale orientation de l'IPTRID dans le cadre de ses efforts pour développer les capacités des pays en développement à assurer une augmentation de la productivité de l'agriculture irriguée.

Comment voyez-vous l'avenir de l'IPTRID à court et long terme?

L'IPTRID est unique en ce qu'il s'appuie sur la force d'un réseau pour atteindre ses objectifs. Grâce aux capacités des partenaires de son réseau, sa puissance potentielle est considérable mais nous devons constamment nous rappeler la nécessité de mobiliser l'intégralité du potentiel de ce réseau. Ma vision de l'IPTRID est celle d'une organisation en réseau qui sera considérée comme un modèle de ce qui peut être accompli par le travail en collaboration et que les pays en développement pourront davantage s'approprier. Nous devrions envisager, dans l'avenir proche, de déplacer le Secrétariat de l'IPTRID dans un pays en développement, toujours en mobilisant les capacités du réseau qui sont déjà en place dans ces pays.

La récente réunion du groupe consultatif qui s'est tenue à Pékin a recommandé que l'on s'écarte du développement des capacités pour s'orienter davantage vers un programme axé sur la recherche et la technologie. Comment cela se justifie-t-il?

Comme je l'ai déjà précisé, le groupe consultatif a toujours estimé que la recherche et la technologie étaient au coeur des préoccupations de l'IPTRID et qu'elles étaient les caractéristiques qui différenciaient le programme des nombreuses autres organisations engagées dans le développement des capacités. L'évaluation externe triennale présentée à la réunion du groupe consultatif de Pékin a mis en évidence le fait que pour attirer davantage de fonds, l'IPTRID aurait accordé une plus grande importance au développement des capacités; c'est ainsi que les mots en «r» et en «t» du titre du programme ont cessé d'être les termes déterminants de son identité, malgré l'énoncé de sa mission. L'évaluation a confirmé que de l'avis général, l'accent mis sur le développement des capacités avait affaibli l'identité de l'IPTRID sans apporter de supplément significatif dans les appuis financiers. Le groupe consultatif s'est rendu à cet avis et a conclu que le développement des capacités pouvait représenter pour l'IPTRID un moyen d'améliorer l'appropriation de la recherche et les échanges technologiques, mais pas, en lui-même, un objectif du programme. Si l'on veut considérer cela comme un changement, je n'ai rien à objecter, mais il me semble plutôt qu'il s'agit d'une réaffirmation de ce qu'a toujours été le rôle de l'IPTRID, mis à jour pour refléter l'importance de la diffusion des connaissances et combler les écarts par le biais de la technologie considérée dans son sens le plus large, et pas seulement dans son aspect matériel.

Etant donné la récente modification de la mission de l'IPTRID, avez-vous un message à faire passer aux potentiels bailleurs de fonds du programme?

Je pense que l'intérêt de l'IPTRID, pour les bailleurs de fonds, réside dans le fait que son réseau lui donne de la valeur parce qu'il sert de lien entre les pays en développement et les bailleurs de fonds et qu'il permet de créer des projets qui valent la peine d'être financés et de faciliter la gestion du processus. En outre, l'IPTRID étant un réseau d'organisations susceptibles de fournir ces services, il peut mettre à contribution les meilleures capacités possibles. Dans la pratique, l'IPTRID s'est acquis une réputation d'«intermédiaire impartial» entre les aspirations des pays en développement et les objectifs et contraintes organisationnelles des bailleurs de fonds. Cette réputation s'accroît d'ailleurs au fur et à mesure que l'IPTRID renforce ses liens avec les pays en développement. Ce n'est pas un rôle facile à jouer car les contraintes changent constamment. L'évaluation externe triennale a fait état d'un décalage entre les conceptions, attentes et besoins des bailleurs de fonds, des partenaires du réseau et des pays en développement et souligné que l'IPTRID devait se rapprocher des besoins des pays en développement. L'IPTRID devrait en cela devenir encore plus utile aux bailleurs de fonds que s'il se contentait de rapporter ce qu'ils comprennent déjà par eux-mêmes.

Il semble que les programmes spéciaux comme l'IPTRID prolifèrent. Qu'est-ce qui distingue l'IPTRID des autres?

Reportez-vous à la première question de cet entretien.

Quelles sont les caractéristiques susceptibles d'inciter les institutions/organisations à se joindre au réseau de partenariat de l'IPTRID?

Je pense qu'il y a des avantages pour les organismes de développement et de recherche à la fois dans les pays développés et dans les régions en développement. Comme les lecteurs de GRID le savent bien, plusieurs organisations se sont employées à offrir leurs services au réseau de l'IPTRID. Cette action a souvent été associée par le passé aux financements offerts par les gouvernements des partenaires en question. La situation est maintenant beaucoup plus souple et la plupart des aides sont des financements non liés. Les prestataires de service ont avantage à faire partie du réseau parce que l'IPTRID est un facilitateur, et non un concurrent, et qu'il s'efforce de faire correspondre les besoins des pays en développement avec les priorités des bailleurs de fonds et les capacités et ressources des partenaires du réseau. Les moyens que la CIID, en tant que partenaire principal de l'IPTRID, peut mettre à l'appui des liens avec les pays en développement et avec les partenaires et bailleurs de fonds potentiels sont particulièrement importants.

En tant que Président de la CIID, quel type de rapport envisagez-vous et quel soutien pouvez-vous offrir à l'IPTRID?

J'espère qu'en tant que nouveau président de la CIID, je pourrai contribuer à renforcer le rôle de la CIID en tant que partenaire principal de l'IPTRID. La Commission a déjà pris des mesures pour rationaliser son interface avec l'IPTRID et il a été convenu que l'IPTRID allait devenir membre du comité permanent de la CIID sur les activités techniques. Il ne fait pour moi aucun doute que la CIID et l'IPTRID peuvent s'entraider, en particulier parce que l'adhésion à la CIID offre à l'IPTRID un point de contact dans de nombreux pays en développement et que l'interaction entre l'IPTRID et les comités nationaux de la CIID peut aider ces comités à se mettre en place, ce qu'a récemment illustré l'action en réseau de l'IPTRID avec les comités nationaux naissants du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

Pour conclure, je voudrais faire ressortir le fait que l'IPTRID doit relever des défis importants et qu'il doit en particulier renforcer son Secrétariat, ce qui nécessite un soutien accru de la part des bailleurs de fonds. Le nouveau Responsable du programme, Carlos Garcés, a toutefois déjà réalisé des progrès considérables et s'est acquis l'appui de tous ceux qui sont en contact avec l'IPTRID.

 
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