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CONSERVATION DES EAUX

Conservation des eaux dans les sols et technologies de récupération des eaux pluviales dans la zone semi-aride de l'Afrique sub-saharienne

Introduction

En Afrique sub-saharienne (ASS), et plus particulièrement dans la zone soudano-sahélienne, les agriculteurs recourent peu à l'irrigation des terres, et les moyens d'existence ruraux et la satisfaction des besoins alimentaires reposent essentiellement sur l'agriculture pluviale. Dans cette région, le défi qui s'impose consiste à optimiser la production agricole par goutte de pluie. Les zones arides et semi-arides (Carte) couvrent environ 41 pour cent de l'Afrique sub-saharienne et se caractérisent par des précipitations faibles et irrégulières (300–600 mm par an) et des sols peu fertiles et qui tendent à former des croûtes. La plupart des superficies cultivées de cette zone sont exploitées en agriculture pluviale et seulement deux pour cent des terres sont irriguées. Une grande partie de la population de la zone semi-aride est encore confrontée à une sous-nutrition chronique et à l'insécurité alimentaire dues à la grande variabilité saisonnière et annuelle des disponibilités alimentaires, qui elle-même découle souvent des facteurs susmentionnés et des catastrophes causées par l'homme. Dans la zone semi-aride (et en particulier dans les savanes rurales), la pauvreté et l'insécurité alimentaire sont indissociables et fréquentes dans les zones rurales, et souvent fonction des richesses locales en ressources naturelles (eau, bonnes terres et végétation). La dégradation des terres et des eaux, le surpâturage et les cultures sur brûlis ont provoqué des pénuries alimentaires et d'importantes dégradations de l'environnement. Selon la plupart des experts, l'amélioration de la sécurité alimentaire dans la sous-région exige que soient prises des initiatives judicieuses et portant sur tous les aspects du problème, fondées sur la conservation des eaux et de la fertilité des sols, qui permettront de mettre en place un système de production agricole équilibré et durable.

Pose collective de rangées de pierres.

Technologies adaptées à la parcelle

Les recherches sur une meilleure utilisation des eaux de ruissellement par le travail du sol ont donné des résultats intéressants pour la régénération de la structure des sols superficiels. Il a été démontré que les technologies indigènes et adaptées de récupération des eaux de pluie et de conservation des eaux dans les sols permettent de réduire le ruissellement et les pertes en terre, de réhabiliter les terres dégradées et d'améliorer l'humidité et les éléments nutritifs des sols. Un atelier sur les technologies de conservation des eaux pour l'agriculture durable des terres sèches en ASS a été organisé par l'IWMI et la FAO en 2003 pour tenter d'évaluer l'impact de ces technologies sur la réduction de la pauvreté et l'amélioration des moyens d'existence. Il s'agissait d'étudier ces technologies, de préciser leur diffusion géographique en Afrique sub-saharienne et de déterminer les facteurs incitatifs ou limitatifs à l'adoption de ces technologies.

Dans la zone semi-aride de l'Afrique de l'Ouest, deux de ces technologies, soit la pose de rangées de pierres (Photo) et les fosses Zaï/tassa, semblent être les plus répandues dans la région. Dans le village de Kirsi, au nord-ouest du Burkina Faso, une expérience de récupération des eaux de pluie a été menée en exploitation avec les rangées de pierres. Les résultats montrent que plus l'espacement des rangées de pierres diminue, plus la teneur en eau du sol (couche arable et sous-sol) augmente, ainsi que les rendements en céréales et en biomasse.

A Saria (Burkina Faso), les résultats d'expériences réalisées avec une ou plusieurs mesures de conservation de l'eau dans les sols ont révélé des rendements céréaliers plus élevés avec le compost et l'urée, qu'avec seulement l'urée et le traitement de contrôle. L'analyse économique menée sur les traitements sélectionnés comme les rangées de pierres ou les bandes d'herbe, avec ou sans compost ou urée, et sur les traitements combinés, a montré que l'association rangées de pierres + compost donne de meilleurs résultats économiques que les autres traitements.

Zones agro-écologiques d'ASS.

Les résultats de l'examen effectué par des experts sur plusieurs technologies recensées de conservation des eaux dans les sols ont indiqué que 75 pour cent de ces technologies ont été vérifiées, diffusées et adoptées, 10,7 pour cent ont été essayées et vérifiées, et 14,3 pour cent n'ont pas du tout été adoptées. Pour ce qui est des technologies de récupération des eaux de pluie recensées, les résultats ont montré que 61,9 pour cent d'entre elles ont été vérifiées, diffusées et adoptées et que 14,3 pour cent ont été essayées et vérifiées.

Les facteurs d'incitation pour l'adoption des technologies de conservation des eaux dans les sols et de récupération des eaux de pluie sont résumés dans la figure: amélioration du sol (AS), amélioration de l'équilibre nutritif (AEN), amélioration des capacités de rétention d'eau (ACRE), augmentation des rendements (AR), faiblesse des coûts de main d'oeuvre (FCMO), protection des droits fonciers (PDF), faiblesse des coûts d'investissement (FCI), faiblesse des risques (FR), faiblesse de l'acquisition de compétences (FAC) et importance des avantages écologiques (IAE). Les facteurs qui ont le plus favorisé l'adoption des technologies de récupération des eaux de pluie sont: ACRE>AR>AS et AEN. Pour la conservation des eaux dans les sols, ce sont: AR>AEN et FCI>AS.

Conclusion

Avec les précipitations irrégulières et apparemment faiblissantes qui prévalent dans la zone semi-aride d'ASS, l'amélioration de la production agricole proviendra essentiellement des mesures, améliorées et adaptées à une plus grande échelle, de conservation des eaux dans les sols et de récupération des eaux de pluie. Ce n'est qu'en favorisant et en améliorant ces technologies de manière durable que le risque de sécheresse, de récoltes déficitaires et de réfugiés écologiques pourra être atténué. Il est indispensable que les agriculteurs adoptent ces technologies pour augmenter la productivité agricole. Par conséquent, la satisfaction des besoins alimentaires et nutritifs est l'un des défis cruciaux qui se posent en Afrique.

Pour obtenir de plus amples renseignements, contacter le Dr. Boubacar Barry: [email protected]; Dr. Adesola Olaleye: [email protected]; Dr. Adetola Adeoti: [email protected]

Facteurs d'incitation pour l'adoption des technologies choisies.


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