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CONCLUSIONS.

Le but ultime de l'atelier de KAOLACK étant en priorité de voir comment la radio rurale pourrait être utilisée dans un processus d’ investigation en milieu rural pour des action de développement, il apparaît que le travail fait a assez bien dégagé des éléments à prendre en compte pour l'elaboration d'une méthode participative en radio, et qui serait la suivante:

  1. Il faut que les équipes de radio rurale en charge d'une enquête sociale connaissent eux-mêmes les objectifs poursuivis pour qu'ils puissent à leur tour arriver à les expliquer aux populations concernées. C'est le travail préliminaire fait à la radio même.
  2. Des réunions communautaires avec la population, spécialement avec les notables sont impératives, avant même le début effectif de l'enquête pour connaître l'historique du village, les précccupations des gens, les projets déjà en cours, la situation, politique et sociale dans le village. C'est le moment de chercher des informations pour l'élaboration d'une carte du village, avec ses installations, ses activités, la taille de sa population, ses concessions, ses richesses. . . . C'est donc plus qu'un travail de repérage.
  3. La troisième étape consisterait a entrer véritablement au coeur de l'enquête, par une descente sur le terrain pour plusieurs jours, en se familiarisant sur place avec le terroir, ses problèmes et ses opportunités majeures grâce à des outils empruntés à la MARP, le transect avec les informateurs-clés, des interviews semi-structurées dans le terroir même. C'est également le moment de discuter avec les paysans de leurs problèmes, de les analyser avec eux, d'élaborer une carte réelle du terroir, de faire des interviews avec des personnes ressources.
  4. La quatrième étape consisterait alors à analyser véritablement les stratégies et les problèmes prioritaires, catégorie par catégorie grâce a des interviews individuels notamment- ce qui est une spécialité plutôt de la radio. C'est ici le moment: de sortir les appareils d'enregistrement, les micros et les câbles...Des outils empruntés a la MARP, comme le diagramme de Venn seraient aussi d'un précieux secours pour connaître notamment les institutions du village et leurs interrelations.
  5. Les équipes de radio rurale pourraient ensuite se retrouver entre elles pour les premières analyses des opportunités de recherche et d'action. Ces analyses participatives seraient focalisées sur les problèmes prioritaires évoqués par les paysans, leurs causes et leurs conséquences. Cette démarche pourrait être schématisée par l'arbre à problème.
  6. Cette étape précédente conduirait tout naturellement à l'analyse et à la hiérarchisation des possibilités de solution. Toujours dans le souci participatif, il est important d'obtenir le consensus des populations concernées sur les activités à mener, précisément leur part à apporter dans la résolution de leurs problèmes, et ce qu1 elles demanderaient comme assistance extérieure. Dans la très pure tradition de la radio rurale, c'est dans une émission publique avec des prix à distribuer aux gagnants que de déroulerait cette étape.
  7. La dernière étape semble être la restitution synthétique, avec les notables ou interlocuteurs de tout ce qu'en se serait fixé, puis la finalisation d'un rapport de terrain fait par les chercheurs, suivi d'une évaluation interne du travail fait par les équipes d’investigation. On devrait conclure par la responsabilisation de chacun quant au suivi des actions décidées ensemble

ANNEXE 1
LISTE DES PARTICIPANTS A L’ATELIER DE REFLEXION ET DE RECHERCHE

NOM ADRESSE
Martin Faye

Chef de la Division des programmes et chaines RTS BP 1763
Tel : 21 78 01 Dakar

Andréa Bambara

Chef du service suivi et coordination des radios locales BP 7028 Ouagadougou Burkina Faso 
Tél : 32 45 99 Bur. 
31 87 39Dom.

Abd-El Kader Diokhané

Chef du Bureau Radio Rurale 
BP 1765 Dakar 
Tel: 21 78 01 
25 77 14 Dom.

Gérard Mfuranzima Via Pian due Torri, 63, int. 9
00146 ROMA, ITALIA 
Tel : (39) 6 55 26 43 75 Dom.
Oumar Sangaré

ORTM BP
171 BAMAKO
Tel : 22 20 19 - 22 46 21 
Fax : 22 42 05
République du Mali

Mame Less Camara

RTS BP 1765 
Triangle Sud, Dakar
Tel : (221) 21 80 02 

madou Lamine Samb

Radio Kaolack RTS
Tel : (221)41 29 83
41 22 65

Souley Boubacar

Directeur de la Voix du Sahel 
BP361 Niamey-Niger

Tel : (227) 72 22 08 
Fax : (227) 72 35 48

ANNEXE 2
INTERVIEW COMMUNAUTAIRE A THISSE KAYMOR SUR L'ECOUTE DE LA RADIO

Thissé Kaymor

PC salutations et présentation, des merabres du C.R

Nous cultivons de l'arachide, du mil nous nous intéressons également à la culture maraîchère, mais nous sommes confrontés à un problème d'eau.

Adja Fatou Cissé Présidente du groupement des femmes :

C'est un groupement dynamique qui travaille pendant l'hivernage comme pendant la saison sèche. Comma l'arachide nous pratiquons aussi la culture maraîchère, nous avons un champ collectif, une pépinière, nous faisons de la teinture, de la couture à la main et à la machine, nous faisons mime de la construction en bâtiment, nous évoluons dans une fédération.

Est-ce que vous écoutes la radio? Le programme qui vous intéresse, les thèmes : La radio rurale nous intéresse concernant les émissions qui traitent de la culture car on est un pays à vocation agricole. La paix d' un pays rime avec éducation, culture, agriculture, etc.

Réponse de femme : A travers la radio nous sommes au courant de ce que font nos consoeurs du Sénégal nous aussi faisons autant. Nous souhaiterions travailler pendant la saison morte dans les cuvettes (maraîchage) mais le manque d'eau ne le permet pas. J'écoute régulièrement la radio et je comprends toutes les techniques d'embouche mais nos moyens sont très limités.

Un autre intervenant : Encourager le reboisement pour permettre aux jeunes de regagner leur village d'origine. Prêter de l'engrais sans exiger un apport et faciliter le remboursement de nos dettes.

Question : Est-ce que la radio aborde vos problèmes. Et que souhaiteriez vous que la radio fasse pour que vous puissiez mieux appréhender vos problèmes.

Réponse : Faites quelque chose pour juguler les effets néfastes des sauteriaux car ils commencent à se manifester et cela risque de porter préjudice à la prochaine récolte.

Un autre intervenant souhaite des émissions en langue pulaar car tout le monde ne comprend pas wolof et je suis dans cette situation. Je suis originaire de Diama dans la communauté rurale de Ngayène.

Un autre : Je suggère la chambre des métiers. Les artisans doivent être entendus à la radio dans la mesure où j'entends des émissions destinées aux agriculteurs, aux pêcheurs et aux éleveurs et on n'entend pratiquement pas parler des artisans.

Question : Vous jeunes, est-ce que la radio rurale aborde des thèmes qui vous intéressent?

Réponse: Nous n'avons pas assez d'espace pour cultiver à cause de l'érosion des sols. Donc vous devez en parler dans vos émissions. Pépinières et reboisement sont des thèmes qui nous préoccupent beaucoup. Je suis âgé de 32 ans.

Un autre: Mois je vous suggère de faire des émissions sur l'alphabétisation car un pays analphabète ne peut pas se développer, donc faites des émissions là-dessus car c'est un besoin pressant.

Un autre: Faites des émissions sur l'hydraulique, la gestion des forages, fonctionnement des comités de gestion etc. La RVO mettre l'accent sur la santé des populations.

Question: Est-ce que vous disposez d'un poste de radio pour suivre les émissions?

Nous vous écoutons mais les pannes sont fréquentes à Radio Sénégal. Néanmoins la qualité de l'écoute s'améliore. La radio est d'un grand intérêt pour le pays; tout le monde doit en bénéficier.

Une dame: Le problème d'écoulement de nos produits reste entier, manque notoire de piste de production, l'état des routes est lamentable.

Un autre: J'ai un poste de radio à la maison et je vous écoute toujours.

Quelle station de radio écoutez-vous?

Radio Kaolack est plus intéressante pour nous. Tous nos communiqués sont diffusés sur Radio Kaolack. Mais il n'est pas donné à n'importe qui d'avoir un poste de radio.

Un autre: Radio Kaolack est difficile à capter à partir de 18 heures. Nous l' écoutons matin et soir mais à 18 heures c'est difficile. Nous n'avons que cette radio mais elle "déconne" souvent.

Un autre: Nous écoutons Radio Sénégal surtout Dimanche sport de même que Face à Face. Mais Radio AFRICA (Gabon) est plus écoutée car elle est africaine et nous informe sur beaucoup de choses. Quand à Radio Sénégal nous l'écoutons surtout comme je viens de le dire concernant Face à Face, les questions posées par l'animateur répondent à notre attente.

Quelle est la langue qui vous intéresse le plus à la radio?

Le bulletin en wolof mais à condition que quelqu'un qui parle bien la langue l'anime. Un gars comme Ndiaga Diop son wolof n'est pas des meilleurs. Cledor Diagne est très bon en wolof. A Kaolack, les femmes maîtrisent bien le wolof contrairement à Makhmout Miriam Niang.

Une dame: La famine est présente ici. Il n'y a pas assez de nourriture; nous souhaitons que vous nous en cédiez.

Sauteriaux et vers nous posent problème. Tenez compte de nos capacités d'endettement.

Un autre: Concernant la radio, c'est Radio Dakar qui est la mieux écoutée ici, surtout la Radio Rurale. Pour Face à Face, tout le monde ne comprend pas français. Faites le en wolof.

Une dame: C'est le wolof qui nous intéresse à la radio, car nous sommes des wolofs. Avant, j'écoutais la radio mais, je n'ai plus de poste d'écoute.

Un réparateur de radio: Il est vrai qu'on éccute Radio Kaolack, mais Radio Dakar est plus écoutée à cause de la puissance de son émetteur. Il y a trop de parasites à Radio Kaolack la nuit. 

Une dame: Nous voulons un moulin à mil (rire).

Un autre: Multiplier les émissions sur le SIDA car certains pensent que le SIDA n'est pas une maladie réelle. Qua ces gens là se détrompent, le SIDA est bien, présent et existe réellement. Gare aux lames "rasoir", les seringues etc. Elargir les émissions sur la RVO.

Fréquence de la radio dans votre localité?

Passez au moins 48 heures dans notre village.

Un autre: Avertissez nous plusieurs jours avant votre descente sur le terrain cela nous permettrait de recenser nos besoins. Radio Kaolack est notre radio, mais ses problèmes techniques le soir constituent un biais.

Un autre: Passez quelques 3 jours dans notre village si possible, c'est ce que nous souhaitons.

Un autre: Tout le monde a besoin de la radio. C'est pourquoi il me semble difficile qu'elle passe des journées entières dans les villages.

Un autre: Développer le côté culturel de notre village soit par Radio Kaolack ou par Radio Dakar. Le village est très riche sur le plan culturel.

Le village de Kaymor est dépourvu de bonnes routes. Si vous avez besoin de venir chez nous, vous éprouvez des difficultés de déplacement et vice-versa. Pourtant, nous participons au budget de la communauté rurale. Nous sommes de coeur avec Abdou Diouf, Président de la République, ce qui fait que nous ne pouvons pas avoir un écart de langage. Il y a une floraison de projets dans le secteur mais cela n'influe aucunement dans notre bien être social. Nous avons des doléances à vous soumettre. Il n'y a que deux canaux dans tout le village. Chaque année, nous enregistrons des décès par noyade. Le dicton dit que la femme au foyer subit les caprices de son mari, mais elle s'arme de patience attendant que sa progéniture grandisse et la tire de corvée.

Président de la C. Rurale: Nous avons dit l'essentiel de nos doléances et attendons que vous nous aidiez à y remédier aussi bien pour la radio que pour les autres domaines.

Une femme: Corvée d'eau, réparation de notre forage tombé en panne depuis longtemps.

Martin Faye: Salutations et s'excuse auprès de l'assistance sous le soleil depuis longtemps pour nous accueillir. On me demande de clôturer les débats mais je sais que des voix plus autorisées que la mienne le feraient mieux que moi. Comme il en est ainsi, je serai très court. Le but de notre mission est de vous rendre visite et de s'enquérir de vos doléances en matière de radio rurale. Ce n'est pas nouveau. Des communicateurs venus d'horizons divers, constituent l'ossature de la mission (Burkinabè, Maliens, Nigériens, Burundais et Sénégalais). C'est l'heure des radios de proximité et je n'en veux pour preuve que la radio locale de Fissel qui va voir le jour dans quelques mois et cela au bénéfice de leur localité. C'est une radio qui n'a aucun rapport avec la radio nationale et avez la radio régionale. Avec le temps, il n'est pas exclu que vous ayez vous aussi votre propre radio émettant de votre communauté rurale en tout cas je le souhaite vivement. Qu’attendez-vous de nous hommes de radio, qu'est-ce qu'il faut faire pour mieux vous approcher tels sont les motifs avec l'appui de Moussa Touré qui ont guidé nos pas vers vous. En tout cas nous sommes satisfaits de vous pour tout ce que vous avez fait pour rendre notre visite utile et agréable. J'espère que Lamine Samb et Kader Diokhané feront le nécessaire pour diffuser à la radio ce que nous nous sommes dits ici pour que les destinataires en soient édifiés. Merci au Président de la C.R. et à tout le monde.

ANNEXE 3
ATELIER METHODOLOGIQUE “FEUX DE BROUSSE”

Les travaux ont débuté avec l'idée que si les efforts entrepris depuis des années pour obtenir une meilleure maîtrise des feux de brousse n'ont pas produit les résultats attendus, alors il faut inventer quelque chose de nouveau: la répétition des vieilles routines ne peut que reproduire les vieux échecs.

Les services techniques innovent: ils emploient des méthodes participatives, ils cherchent des solutions au niveau des terroirs.

La Radio Rurale elle aussi doit se remettre en question et innover. Il incombe à chaque radio d'Afrique de l'Ouest d'établir une méthodologie adaptée à son contexte socio- culturel et physique.

La méthode proposée par l'atelier de Conakry, qui fait la synthèse des ateliers de Dakar, en langue foulfouldé, de Bobo-Dioulasso en langue dioula/bambara/malinké, et de Niamey en langue haoussa, n'est qu'un fil conducteur illustré par quatre plans de campagne établis par les stations de la radio rurale guinéenne.

La Guinée, avec ses quatre régions naturelles très différentes les unes des autres, présente un assez bon résumé des milieux physiques de l'Afrique de l'Ouest. La Guinée maritime, entre piémont et mangrove, offre des terras agricoles riches et bien arrosées. La Haute-Guinée varie entre savane et sahel; elle est la source du fleuve Niger. La Guinée forestière a une saison des pluies qui dure 9 mois; et quelles pluies! Elle est le coeur de la plus grande forêt qui subsiste encore en Afrique de l'Ouest. Quant à la Moyenne-Guinée qui se confond avec le Fouta Djallon, elle présente une grande variété de paysages de montagne où les fleuves Sénégal et Gambie ont leur source.

Trois régions naturelles correspondent à une grande langue dominante. En Guinée forestière commence la fragmentation linguistique: la station de Nzérékoré émet en cing langues.

UN PREALABLE: QUELLE COMMUNICATION ?

Avec sa culture orale, l'Afrique dispose d'un avantage comparatif sur tous les autres continents. La parole y a tant de poids qu'elle ne s'envole pas. Des gens qui ne savent ni lire ni écrire détiennent néanmoins des savoirs très étendus. C'est la grande chance des communications.

Mais pour être vraiment efficace, il faut que la communication :

  1. soit relayée par la communication traditionnelle (de tous les médias modernes, c'est la radio qui s'en approche le plus, sans toutefois y appartenir vraiment); la partie est gagnée lorsque le message de la radio est discuté autour des puits, au marché, dans les gares routières, etc.;
  2. se fasse dans la langue parlé par les gens dans leur vie quotidienne. Dans le monde rural cela exclut le français ou l'anglais. Cela exclut aussi la grande langue que tout le monde comprend mais qui n'est pas la langue que les gens concernés parlent chez eux;
  3. soit interactive et horizontale. Pour des ruraux, il n'y pas de meilleurs experts que d'autres ruraux.

Tel est le préalable sur lequel repose la méthode, en cinq phases, proposée par l'atelier.

1. ENQUETE SOCIALE

Dans les sciences sociales anglo-saxonnes la méthode d'enquête par des interviews ouvertes avec des partenaires de la culture orale est couramment pratiquée. Les témoignages recueillis par des enquêteurs extérieurs sont ensuite transcrits, traduits et analysés sous forme écrite.

La radio rurale est capable de faire ce travail dans de meilleures conditions: ses animateurs ne sont pas étrangers au milieu, elle ne doit pas faire le détour de la transcription et de la traduction pour analyser les résultats.

En procédant à une écoute approfondie du monde rural sur un sujet donné, la radio rurale devient elle-même un instrument efficace de science sociale.

Avant de commencer la campagne, il faut écouter longuement les ruraux, les services techniques et tous les intéressés (Associations paysannes, ONG actives sur le terrain, etc.).

La radio rurale se veut la voix des sans voix; elle se doit donc de privilégier les ruraux. Sur un sujet tel que les feux de brousse elle écoutera particulièrement les détenteurs de la tradition, de la sagesse et de la religion, et les associations paysannes.

Si des études sociologiques ont été faites, la radio rurale les lira attentivement. Elle leur redonnera une vie orale en faisant dire par ces ruraux les conclusions qui étaient écrites.

L'écoute préalable devrait se traduire par plusieurs dizaines d'heures d'enregistrement qui serviront plus tard pour la création des micro-programmes et des magazines (comme les ruraux aiment s'entendre rapidement à la radio, il est recommandé de combiner cette écoute avec des reportages sur d'autres sujets diffusables rapidement).

L'écoute se fera dans un grand nombre de villages. Des émissions, ou des séquences d'émission du type "les feux de brousse dans la tradition du village "X" accompagneront pratiquement toute la campagne.

L’écoute préalable devrait se faire pendant la saison sèche précédant la campagne proprement dite (pour ne pas déranger les paysans dans leur travail et aussi parce que dans plusieurs cultures les contes ne sont pas racontés en saison des pluies). 

Il serait souhaitable à ce stade qu’un communicateur d’une autre région ou d’un autre pays, mais parlant la langue des villageois, participe à l’enquête. Dans les sociétés fortement hiérarchisées, certains interlocuteurs parlent plus volontiers à un étranger qui a gagné leur confiance qu’à l’enfant du pays. 

Dans tous les cas les communicateurs doivent se faire accepter par les ruraux en respectant les us et coutumes en vigueur dans les terroirs. 

Il sera fait appel des communicateurs crédibles ayant une audience certaine auprès des communautés. 

Apprendre avec les paysans : pendant la campagne, on se gardera de faire la leçon aux ruraux. On les écoutera, on leur donnera des éléments d’information par un dialogue réciproque. On apprendra tous ensemble. 

Après la campagne tout le monde devrait avoir change sa perception du problème : les ruraux bien évidemment mais aussi les experts et les animateurs des radios rurales qui auront appris beaucoup de choses pendant le processus.

Valoriser : à tous les stades de la campagne on s’efforcera de valoriser, non seulement les comportements favorables, mais également la région, las villages, la musique, les chansons, les poèmes, les artistes.

Informer les villageois une société sous-développée est une société sous-informée. Or sans information, il n’ y a pas de liberté individuelle et. collective, mais de possibilité d’innover ou de changer. 

La radio rurale se doit donc d’informer. En particulier elle informera les ruraux de leurs droits. Parfois les dispositions légales qui leur sont favorables ne sont pas connues littéralement des paysans. Il ne s’agit pas pour la radio rurale de traduire les codes fonciers ou forestiers mais de présenter les dispositions qui peuvent influencer les comportements.

2. ANALYSE

La stratégie sera établie en analysant attentivement les données de l’écoute préalable. Les feux sont un phénomène social collectif, mais certains groupes, certains acteurs (le maître de la brousse, le charbonnier, las transporteurs par exemple) méritent une attention particulière. 

L’environnement et l’intérêt des villageois : la perception du problème par les ruraux ne se traduit pas simplement en terme d’environnement, de protection de la nature ou de menaces pour la survie de la planète.

L’environnement est une dimension de leur mode de vie. pendant la phase de l’écoute préalable il faut donc saisir la conception de l’environnement qui diffère selon les cultures. 

Il faut également saisir l’intérêt direct des ruraux : vieillissement de l’arbre de karité (arbre de rapport) dont le feu détruit les rejets, lien entre les dégâts causés par le feu et les distances toujours plus grandes qu’il faut parcourir pour trouver du bois ou de l’eau, etc.

Facteurs de blocage l’écoute aura fait ressortir des facteurs de blocage qu’il faut bien connaître et analyser avant le démarrage de la partie volontariste de la campagne. Pour convaincre il est nécessaire de connaître les obstacles qu’il faut surmonter.

Il peut être utile de résumer les facteurs de blocage en une série de mots-clés Par exemple : pratiques mystiques, intérêts a court terme, négligence. 

Les groupes spécialement concernés : il est bien connu qu dans chaque région il y a des groupes spécialement concernés par le phénomène feux de brousse (chasseurs, agriculteurs, éleveurs). La radio rurale en tiendra compte dans sa stratégie : le dialogue avec eux sera particulièrement attentif. 

Du fait de la pression démographique il y a aussi “des nouveaux arrivants” qui ne respectent pas les règles des “gens du pays”. La radio veillera a. établir un dialogue entre ces deux groupes et les aidera à trouver des consensus sur la question des feux de brousse. Pour cela quelques émissions dans la langue des nouveaux arrivants (si elle n’est pas une des langues de la radio rurale) seront nécessaires. 

personnes ressources : (les interlocuteurs) toute campagne doit distinguer les personnes les mieux indiquées celles dont la crédibilité est reconnue de tous et par lesquelles les messages passent le mieux. Les personnes susceptibles de jouer ce rôle peuvent être : des chefs religieux et coutumiers, des artistes, les autorités administratives et politiques, etc. 

Le choix de ces personnes nécessite une bonne connaissance du milieu. Tel agent technique peut être discrédité aux yeux des villageois, mieux vaut en trouver un autre. Tel chef coutumier n’a plus beaucoup d'autorité, etc. Une chose est certaine : toute région a des leaders d’opinion. Il faut les repérer.

Si des incompréhensions apparaissent entre les experts et les villageois, on les amènera à dialoguer par micro interposé ou face à face. Quant le moment viendra de trancher et si le bon sens indique que les services techniques ou les experts ont raison on exprimera cette conclusion si possible par une voix paysanne (sincère) plutôt que par une voix d’expert.

3. ELABORATIQN D STRATEGIE

Lorsqu’un matériel abondant a été rassemblé, les collaborateurs de la radio rurale se réunissent pour définir une stratégie. Quelles personnes ressources pourront le mieux convaincre? Quels types d’émissions? Quel calendrier? etc.

4. LA CAMPAGNE PROPREMENT DITE

La campagne proprement dite devrait être de longue durée (au mains deux mois avant le début de la saison sèche) mais ne jamais monopoliser la grille de programme. Deux à trois émissions par semaine aux heures de grande écoute devraient suffire. La qualité est plus importante que la quantité. 

La partie (culturelle, tradition, témoignages, valorisation, information, etc) coïncide avec la période d’écoute préalable (la radio rurale diffuse une partie du matérie1 qu’elle collecte)

Mais la partie volontariste, celle par laquelle la radio rurale veut convaincre, obtenir des changements de comportement, etc ne devrait pas commencer avant qu’une écoute abondante ait été analysée.

La campagne a une dynamique qu’il faut suivre dans le temps. Relever les blocages, créer des discussions leur sujet. Opposer les arguments d’un village a ceux d’un autre. Retourner dans un village irréductible pour demander aux gens ce qu’ils pensent des opinions exprimées par d’autres. Ne pas trop répéter des arguments qui ont déjà été acceptés.

Les discussions contradictoires, des témoignages de ruraux ou de villages “qui ont compris” seront diffusés au mains un mois avant le début attendu des changements de comportement. Leur rôle est de contribuer à surmonter les facteurs de blocage.

Les micro-programmes ne devraient être utilisés que pendant la période où des comportements précis sent souhaités (encouragement des feux précoces par exemple) . En règle générale, us seront construits avec des témoignages de ruraux (paroles fortes, formules drôles, etc.).

Une nouveauté : faire parvenir les résultats de la télédétection aux communautés de base 

A titre expérimental, les résultats des observations des feux de brousse par satellite seront utilisés dans la campagne. Ils seront ajoutés aux bulletins météorologiques. 

L’hypothèse est qu’en apprenant qu’un feu prend de l’ampleur à quelque distance de chez eux, les paysans :

-   

prendront des mesures pour protéger ce qui est précieux pour eux : forêts, pâturages, plantations;

-   

se sentiront valorisés d’être reconnus du ciel;

-   

pourraient changer certains comportements face à cette observation inattendue.

5. UTILISER LES RESSOURCES DU TERRAIN

La radio c’est la vie : toute méthode doit. être appliquée de façon créative. Le travail sur le terrain révèle des “occasions” qu’il faut saisir. Il peut s’agir de personnes qui ont pris des initiatives intéressantes, d'artistes qui ont des ressources imprévues, d'incidents locaux qui peuvent être exploités pour les besoins de la campagne, etc.

6. EVALUATION DE L’IMPACT DES EMISSIONS 

Toute campagne radiophonique d’une certaine envergure nécessite une évaluation de l'impact des émissions. Il y a deux aspects :

  1. inciter tous les acteurs à se prononcer sur le contenu des programmes,
  2. faire les rectifications nécessaires.

Les résultats de cette évaluation seront communiqués aux auditeurs (sous une forme appropriée), aux recommandations de la campagne. En outre, us seront exploités par le service marketing pour convaincre les bailleurs de fonds ignorant des possibilités de la radio rurale 

ANNEXE 4
LA PEDAGOGIE DIOBASS

L’approche Diobass, développée dans la mouvance de ENDA-Graf Sahel, a beaucoup réfléchi à la relation technicien/paysan.

Il s’agit surtout d’une pédagogie spécifique, mais où la communication joue un rôle important.

Les caractéristiques globales de la pédagogie Diobasse sont:

-   

la valorisation des connaissances

-   

la socialisation des informations et de la communication

-   

la formation en groupe et la restitution systématisée

-   

l’ approfondissement progressif des observations

-   

l’organisation stricte de la parole

-   

la pédagogie de l’opportunité

-   

la pratique du maquettage

-   

l’approche systémique

-   

l’activité dans des cadres publics

-   

le travail en langues locales

Concernant la difficile communication entre les techniciens et les paysans, Diobass pose que : le  technicien qui justifie ses interventions dans le monde rural par un savoir étendu dans un domaine restreint, est en fait un monotechnicien. 

Les paysans spécialistes d’un grand nombre de domaines d’activités sont des polytechniciens. 

Dans la communication entre ces deux catégories de techniciens, les gens de Diobass relèvent des biais qu’ils essayent de corriger dans un sens participatif:

-   

diagnostic paysan-solutions non paysannes (mais il est difficile d des solutions exogènes dans les stratégies paysannes);

-   

améliorer la communication cadre-paysans; 

-   

remplacement des animateurs professionnels par des animateurs paysans;

-   

observation attentive de la manière dont les acteurs communiquent, etc.

Tout cela va dans le sens de ce que font les radios rurales (les meilleures d’entre elles en tout cas) 

Cependant Diobass reste dans la relation encadreur/encadré, expert/paysans un pas de plus et il serait, comme la radio rurale, dans un système de communication/information endogène.

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