VI. DEGRE DE CHANGEMENT ENTRE PRE ET POST-TEST CONNAISSANCES ET ATTITUDES EN MATIERE DE POPULATION.

6.1.a) Graphiques : Pré/post-test connaissances en matière de population dans les quatre régions. Répartition par sexe en pourcentage.

Analyse et information additionnelle pour l’interprétation des résultats

Lors du pré-test, nous avons noté un bon .niveau de connaissances dans les quatre régions polarisées (Bassinko, Bilbalogo, Gonsin et Mogtédo), avec un pourcentage de 72,83% pour tous les répondants (hommes et femmes). Grâce à l’expérience sur le terrain de test des fascicules pendant la période du 25 novembre au 31 décembre 1991, et au 31 janiver 1992; quatre (4) groupements villageois mixtes dans les 4 villages polarisés représentants les 4 provinces sélectionnées ont participé à plusieurs séances d’animation sur le thème: "Population et Développement". Un total de 22 séances d'animation sur les 9 fascicules ont été tenues avec une moyenne de 150 participants par séance dont 64 hommes et 86 femmes entre 16 et 75 ans. On y a noté une participation plus assidue de femmes que d'aux hommes.

Cette expérience sur le terrain a provoqué une mobilisation des populations autour des groupements ce qui démontre la possibilité d'une introduction de l'éducation en matière de population. Des 9 fascicules testés, trois ont été testés quatre fois dans tous les villages polarisés. Deux autres ont été testés trois fois; et quatre ont été testés dans un village. Malgré cette brève introduction, les résultats du post-test nous montrent une amélioration dans le niveau de connaissances globales dans les quatre villages allant de 72.83% à 80, 45%. La différence de 7,62% indique une amélioration dans le niveau des connaissances des hommes et des femmes.

Le peu de changements de connaissance n'est pas surprenant car au départ, le pourcentage de personnes ayant une bonne connaissance était déjà élevé. Bien que les hommes soient comparativement mieux informés au départ que les femmes, curieusement ce sont les hommes qui acquièrent plus de connaissances en pourcentage (8.7%) par rapport aux femmes (6.45%). Ceci peut être dû au statut de la femme dans la socièté, son niveau inférieur d'éducation, son rôle soumis etc.z. Il indique pourtant la nécessité d'inclure les hommes dans la discussion concernant la taille de la famille.

Nous sommes conscients que la division des questions entre les catégories de connaissances et attitudes peut paraître arbitraire. Elle nous sert uniquement comme outil pour indiquer un changement éventuel.

Voilà en détail, nos résultats :

6.1.b) Données: pré/post-test Connaissances en matière de population (quatre régions du Burkina Faso). Répartition par sexe et degré de changement en pourcentage: % avec connaissances correctes.

Note: le degré de changement représgnte la différenge entre le post-test et le pré-test.

6.1.c) Graphiques: Changement dans les connaissances par sexe et par région exprimé en pourcentage.

La différence dans le degré de changement de connaissances est plus marquée chez les hommes que chez les femmes. Une question a influencé les résultats - question E "lorsqu'une femme est enceinte avant l’âge de 20 ans, la grossesse représente des risques majeurs pour sa santé et pour celle de l’enfant". Tous pensent qu'une fille pubère doit se marier et que vers l’âge de 13 à 16 ans, elle se mariera. Le mariage est synonyme, dans la mentalité villageoise, de procréation.

Nous verrons plus tard le rapport; entre les connaissances et les attitudes.

Parmi les autres villages, celui de Mogtédo a eu le plus grand degré de changement (14,29%) dans les connaissances (post-test correct: (85,79%). Parmi les autres villages, nous trouvons la répartition suivante:

* Bassinko a enregistré une baisse dans les connaissances.

La répartition suivante par sexe et par région confirme que les femmes sont plus réceptives aux informations que les hommes.

6.1.d) tableau de la différence entre le degré de changement des connaissances entre hommes et fammes:

A Bassinko, comme dans tous les villages, la question A: (une femme qui allaite peut-elle tomber enceinte? a été interprétée selon la coutume traditionnelle - qui interdit à une femme qui allaite d'avoir des rapports avec son époux. Donc la réponse a été naturellement qu'elle ne peut pas être enceinte. A cette question, on a trouvé les réponses suivantes: 53,80% des hommes ont été d'accord mais les autres 46,15% n'étaient pas d’accord. Pour les femmes; 47,05% ont été d'accord; 50% ne l'ont pas é té, et une personne ne savait pas.

Ceci indique néanmoins que les gens sont en train de rompre avec la tradition, les contacts sexuels entre homme et femme existent pendant l'allaitement bien que nies publiquement.

Donc, pour les prochaines séances d'animation; il serait nécessaire de donner des informations complémentaires sur les limites de l'allaitement maternel comme moyen de contraception.

Les fascicules doivent être repris pour mieux traiter ce sujet (voir recommandations)

6.2.a) Graphiques: Pré/post-test attitudes en matière de population dans les quatre régions. Degré de changement en attitudes positives envers un contrôle de la fécondité. Répartition par sexe en pourcentage

Analyse et information supplémentaire pour l'interprétation des résultats:

Ce graphique nous indique que les attitudes mesurées peuvent changer même pendant une brève période telle que l'intervalle entre pré et post-test. Ce sont les femmes qui ont montré le plus grand changement dans leurs attitudes. Les hommes ont acquis des attitudes plus positives mais pas autant que les femmes. Avant l'étude de base, nous pensions qu'un changement de connaissance était indispensable pour un changement d’attitudes. Après le post- test, nous considérons que même une connaissance imparfaite peut constituer la base d'un changement d’attitude.

Avant les sessions d'animation les femmes n'osaient pas exprimer librement leurs attitudes. Après les sessions d’animation par contre, elles s'exprimaient davantage.

Dans les deux cas, changement de connaissances et changement d’attitudes -les résultats des sessions d’animation paraissent renforcer les quotients les plus élevés.

Dans les tableaux suivants, nous avons divisé les attitudes en deux catégories appelées attitudes pro-contrôle et anti-contrôle. Les deux appellations sont relatives et pas absolues. Une attitude anti-contrôle indique uniquement que dans certaines circonstances, la personne est favorable à un contrôle de fécondité.

6.2.b) Données: changement d'attitudes dans les quatre régions. Pourcentage des attitudes positives et degré d’amélioration. Répartition par sexe.

Note: le degré de changement représente la différence entre le post-test et le pré-test. Dans les quatre régions polarisées, les hommes sont plus que les femmes contre l’idée de contrôler la fécondité. Pour illustrer cette situation, nous obtenons la répartition suivante:

6.2.c) Données: Pourcentage des attitudes positives envers un contrôle de la fécondité.

Au départ, 43,93% des répondants (hommes et femmes) étaient hostiles à toute mesure de contrôle de la fécondité.

Après les sessions d’animation, seulement 33.67% des enquêtés tenaient toujours à leurs principes. 65.23% des populations interrogées après l’animation ont une attitude positive envers un contrôle de la fécondité. On observe que les femmes y sont plus favorables que les hommes et qu’il existe des variations d’une région à l’autre dans les opinions.

6.2. d) Données : Amélioration dans les attitudes, répartition par sexe et par région

Ceci est confirmé par les répohses aux questions individuelles reproduites par le graphique suivant :

6.2.e) Changement d’attitudes, répartition des réponses par question et par région.

6.2.f) Données: pourcentage des réponses correctes (hommes et femmes) pour les questions concernant les attitudes positives envers un contrôle de la fécondité

1. Toutes les régions

2. Répartition par région

6.2.g) Données: changement des réponses correctes aux questions individuelles (hommes et femmes). Répartition par région

La seule question qui posait réellement problème était la question, D : "S'il y a plus de personnes dans une famille, est-ce que le rendement agricole sera élevé?". Nous sommes conscients de la situation ambigüe de cette question. Comme elle traite d'un sujet toujours d'actualité comme "le paysan a besoin de ses enfants pour 1'aider dans les champs", nous voulons seulement considérer les réponses dans les zones où il y a un manque de terre arable. Dans l'absolu, il est vrai que la production augmente au fur et à mesure que la famille est plus nombreuse. Ceci est vrai même en ville si les familles sont au meme niveau, car la famille plus nombreuse, comporte plus de personnes adultes, donc plus productives. Par contre, la famille avec peu d¹ enfants en bas âge, sera moins productive.

Mais conscients de 1'investissement nécessaire dans une famille nombreuse, les villageois en sont arrivés à la conclusion suivante:

a) avec beaucoup de personnes à charge et des ressources disponibles insuffisantes, la famille d'aujourd'hui ne peut pas atteindre un bon niveau de vie ;

b) les familles nombreuses ne peuvent pas assurer 1'avenir de leurs enfants.

Bien que le degré de changement d'attitude varie d'une région à. une autre, les femmes sont plus favorables aux mesures de contrôle de la fécondité que les hommes.

6.2.h) Graphiques : Changement d'attitudes (quatre régions) Répartition par sexe et par région

Analyse et information supplémentaire pour 1'interprétation des résultats

Les variations d’attitudes entre les villages, s'expliquent par une animation plus complète dans certains villages que dans d'autres.

Avant ce travail, le village de Mogtédo était le plus pro-nataliste avec seulement 49.8% de la population ayant des attitudes positives envers un contrôle de la fécondité. Après plusieurs séances d’animation avec les fascicules, ce village présente le plus grand degré de changement dans les attitudes (42,5%). Sur les 4 villages, seul Mogtédo a eu des sessions d'animation avec les 9 fascicules et coordonnateur du projet a assisté à chaaune des sessions Néanmoins, même les villages n’ayant pas entièrement traite tous les thèmes dans les fascicules ont obtenu des changements. Mogtédo est suivi par Gonsin avec 20,8% ; Bassinko avec 14,1% et enfin Bilbalogo avec 2,5% de changement.

La question D concernant le rendement agricole est intéressante. Dans 3 des 4 villages, la réponse était moins évidente aux villageois après I’animation, sauf dans le village de Mogtédo, qui a eu le plus d’animation. On ne peut pas se prononcer sur la qualité de I’animation car les différences dans les changements sont peut-être dues à la fréquence des animations. L'impact global positif de 1'animation est illustré par le graphique suivant :