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SMIAR

SAHEL : SITUATION MÉTÉOROLOGIQUE ET ÉTAT DES CULTURES

Système mondial d'information et d'alerte rapide
Rapport No 3 - 08 Août 2006

 LES CONDITIONS DE VÉGÉTATION SE SONT AMÉLIORÉES DANS LA PARTIE ORIENTALE DU SAHEL MAIS DANS L'ENSEMBLE, LES PERSPECTIVES DE RÉCOLTE DEMEURENT INCERTAINES

Guinée Bissau Cap-Vert Gambie Senegal Mauritanie Mali BKF Niger Tchad
Carte sensible du Sahel

RESUME

Après une période de sécheresse qui a compromis la croissance des cultures, retardé les semis et suscité de graves préoccupations quant aux perspectives de disponibilités alimentaires dans la partie orientale du Sahel, les précipitations ont repris pendant la deuxième décade de juillet dans la plupart des régions au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Tchad ce qui a amélioré les réserves d'humidité des sols et les perspectives de récolte. Toutefois, au Niger, pays le plus touché, des déficits hydriques importants persistent dans les zones agro-pastorales de Maradi, Zinder et Diffa en dépit des précipitations plus abondantes tombées ces quelques dernières semaines, et plus de 400 villages n’avaient pas encore semé à la fin juillet. En raison de l'arrivée tardive des pluies et du temps sec qui a sévi précédemment au Niger et dans d'autres pays, il faudra qu'il continue de pleuvoir jusqu'en octobre pour que les cultures puissent parvenir à pleine maturité.

Dans la partie occidentale du Sahel, où les conditions de végétation ont été plus favorables, les cultures poussent de manière satisfaisante en Gambie et en Guinée-Bissau, tandis que l'amélioration des précipitations en juillet a permis de procéder aux semis dans la plupart des régions productrices de Mauritanie. Au Cap-Vert , les premières précipitations importantes sont tombées au début août. Toutefois, le démarrage de la saison des pluies a été quelque peu difficile au Sénégal, notamment dans le centre et le nord du pays, où les semis ont été retardés et des réensemencements faits dans plusieurs régions.

Les parcours se régénèrent progressivement. Des sauteriaux, des chenilles défoliantes et des oiseaux granivores sont signalés dans plusieurs pays. La situation des criquets pèlerins est calme, mais des populations d'ailés isolés ont été signalées dans le sud de la Mauritanie, dans le nord du Mali et au Niger, régions où l'on s'attend à une reproduction à petite échelle.


SITUATION PAR PAYS

 

BURKINA FASO  CAP VERT  GAMBIE  GUINEE BISSAU 
MALI  MAURITANIE  NIGER  SENEGAL  TCHAD

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BURKINA FASO :

Les précipitations se sont considérablement améliorées en juillet,après des pluies irrégulières et inférieures à la moyenne jusqu'à la fin juin, qui ont obligé à réensemencer dans la plupart des régions et raccourci la période de végétation, notamment dans le nord et la zone sahélienne. En raison du démarrage difficile de la saison des pluies, les stades de développement varient beaucoup d'une région à l'autre et sont dans l'ensemble en retard par rapport aux années normales, sauf dans le sud-ouest, où le maïs, le coton et les haricots sont au stade de la floraison. Dans le sud, les céréales sont en général au stade du tallage/de la montaison, tandis qu'elles lèvent dans le nord. En raison de l'arrivée tardive des précipitations et de la sécheresse initiale, il faudra qu'il continue de pleuvoir jusqu'en octobre pour que les cultures parviennent à pleine maturité.

Les parcours ont commencé à se régénérer dans le sud mais il faudra que les pluies soient plus régulières pour que les conditions s'améliorent de manière significative, en particulier dans le nord et la zone sahélienne. Dans l'ensemble, la situation des ravageurs est calme; toutefois, quelques oiseaux granivores sont signalés dans la région de Oudalan, ainsi que des infestations de chenilles défoliantes dans le centre-ouest, où des traitements sont en cours.

La situation globale des approvisionnements alimentaires demeure satisfaisante, les prix des céréales étant relativement stables depuis le début de l'année, en dépit du démarrage tardif de la saison des pluies. Toutefois, selon les rapports, les réserves de nourriture de la majorité des familles sont épuisées à Kinakoff et Déou (zone sahélienne) Banh et Solé (dans le Loroum) et Koumbri (dans le Yatenga), où il faudra suivre étroitement la situation alimentaire pendant la période de soudure. Undisplayed Graphic

CAP-VERT :

Les pluies abondantes tombées au début août ont permis de procéder aux semis en humide dans la plupart des îles agricoles. Après des précipitations éparses et limitées à la fin juillet, les premières pluies importantes ont été enregistrées au cours de la première décade d'août, notamment dans les zones humides des îles agricoles. Ces pluies ont favorisé la germination des semis de maïs en sec qui avaient été effectués précédemment, ainsi que le démarrage des semis en humide. Undisplayed Graphic

GAMBIE :

Les pluies suffisantes tombées en juillet ont favorisé le développement des cultures. Les premières précipitations sont tombées au début juin, ce qui a permis de procéder à la préparation des sols et aux premiers semis, pour s'étendre ensuite à l'ensemble du pays pendant la troisième décade et sont restées dans l'ensemble généralisées et régulières en juillet, selon les images satellite. De ce fait, les cultures de céréales secondaires et de riz pluvial se développent de manière satisfaisante. Undisplayed Graphic

GUINEE-BISSAU :

De bonnes conditions de végétation prévalent, et les cultures se développent donc de manière satisfaisante. Les pluies ont été dans l'ensemble généralisées et régulières depuis le début de la campagne agricole, d'où des réserves d'humidité des sols adéquates et un développement satisfaisant des cultures. La récolte des variétés de maïs à maturation précoce pourrait avoir commencé dans les régions d'Afat et Gabu, à l'est du pays. Le repiquage du riz de mangrove à partir des pépinières est en cours, après la désalinisation des rizières de mangroves. Undisplayed Graphic

MALI :

La superficie sous cultures vivrières s'est accrue aux dépens de celle consacrée au coton du fait des pluies tardives et irrégulières. Les précipitations sont restées irrégulières et inférieures à la moyenne jusqu'à la troisième décade de juillet, où des pluies supérieures à la moyenne ont été enregistrées dans le centre, à la frontière avec la Mauritanie, dans l'est de Mopti et dans les parties méridionales de Tombouctou et Gao. La pluviométrie décadaire à la fin juillet restait inférieure à la moyenne dans l'est de Kayes et de Koulikoro ainsi qu'à Tombouctou, Gao et Kidal. En raison du démarrage difficile de la saison des pluies, les stades de développement varient beaucoup d'une région à l'autre: les semis de céréales secondaires et le repiquage du riz continuent, tandis que le maïs est au stade de la feuillaison et le coton et les légumineuses au stade de l'épiaison. Selon les résultats préliminaires de l'évaluation à mi-parcours effectuée par le Commissariat à la sécurité alimentaire, la superficie consacrée aux céréales secondaires (mil, sorgho, maïs) à la fin juillet était en progression de 9 pour cent par rapport à la même époque l'an denier, celle sous mil enregistrant la plus forte augmentation (près de 33 pour cent), tandis que les superficies plantées en riz et en coton ont diminué respectivement de 24 pour cent et de 10 pour cent. Ces estimations ont un caractère très provisoire, car les semis de riz et de céréales secondaires sont toujours en cours, mais elles permettent de penser que l'incidence de l'irrégularité des pluies sur les disponibilités vivrières du pays et sur les revenus et la sécurité alimentaire des ménages doit être analysée et évaluée avec soin.

L'état des parcours s'est considérablement amélioré dans les principales zones agro-pastorales de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou, mais il reste mauvais dans le centre, la partie occidentale de la zone sahélienne et le nord. La région de Kidal est particulièrement touchée. S'agissant de la situation des ravageurs, des infestations de sauteriaux, d'oiseaux granivores, de chenilles défoliantes, de rongeurs et d'autres ravageurs ont été signalées en plusieurs endroits. Une superficie de plus de 314 269 hectares environ a été prospectée, et 10 166 hectares environ ont été traités. Selon les rapports, la situation des criquets pèlerins est calme mais des ailés épars sont probablement présents dans le nord, et l'on s'attend à une reproduction à petite échelle. La situation globale des approvisionnements alimentaires demeure satisfaisante, les prix des céréales étant relativement stables depuis le début de l'année, en dépit du démarrage tardif de la saison des pluies. Undisplayed Graphic

MAURITANIE :

L'intensification des pluies à partir de la mi-juillet a permis de procéder aux semis dans la plupart des zones agricoles. Les premières précipitations tombées en juin dans l'extrême-sud ont permis de procéder à la préparation des sols et aux semis puis se sont considérablement intensifiées à partir de la mi-juillet; à la fin du mois, la plupart du sud de la Mauritanie avait enregistré des précipitations. Les violentes précipitations et les inondations qui ont frappé le centre-ouest le 22 juillet ont fait de nombreuses victimes dans plusieurs localités, notamment à Boutilimit. Même si la pluviosité cumulée est restée en dessous de la moyenne climatologique à long terme, les semis sont bien avancés dans la plupart des régions agricoles.

Les pâturages se régénèrent, d'où une amélioration de l'état du bétail. Des ailés isolés ont été signalés au cours de la troisième décade de juillet en certains endroits d'Inchiri, d'Assaba et des deux two Hodh, et une reproduction à petite échelle pourrait être constatée là où il a plu récemment. Undisplayed Graphic

NIGER :

Les précipitations se sont intensifiées à partir de la mi-juillet, mais les perspectives de récolte restent globalement incertaines. Les pluies ont été irrégulières et inférieures à la moyenne jusqu'à la mi-juillet, ce qui a obligé à réensemencer dans la plupart des régions et raccourci la campagne de végétation, mais elles se sont ensuite considérablement améliorées un peu partout. Toutefois, des déficits hydriques importants persistent dans les zones agro-pastorales de Maradi, Zinder et Diffa, en dépit de l'intensification des pluies ces quelques dernières semaines, et à la fin juillet, plus de 400 villages n'avaient pas encore semé. En raison du démarrage difficile de la saison des pluies, les stades de développement varient beaucoup d'une région à l'autre et sont dans l'ensemble en retard par rapport aux années normales.

Les cultures de mil, de sorgho et de riz pluvial sont en train de lever, mais le mil est au stade de l'épiaison en certains endroits de Dosso, Maradi et Zinder. En raison de l'arrivée tardive des précipitations et de la sécheresse initiale, il faudra qu'il continue de pleuvoir jusqu'en octobre pour que les cultures parviennent à pleine maturité. La situation des criquets pèlerins est calme, mais des populations d'ailés isolés ont été signalées dans le Tamesna et les montagnes de l'Aïr, où l'on s'attend à une reproduction à petite échelle avec l'intensification des pluies dans ces zones. La production agricole devrait diminuer cette année, mais l'ampleur du recul dépendra du régime pluviométrique jusqu'en octobre. La plupart des villages qui n'ont pas commencé les semis jusqu'à présent se trouvent dans les zones agro-pastorales où vit la majorité des personnes pauvres et exposées à l'insécurité alimentaire chronique. Ces populations sont particulièrement sensibles aux aléas de la production et des prix. Le régime pluviométrique au cours des prochaines semaines doit être suivi de très près dans ces zones. Undisplayed Graphic

SÉNÉGAL :

Les perspectives préliminaires concernant la récolte sont incertaines, en raison des précipitations tardives et limitées dans le centre et le nord jusqu'à la fin juillet. Après les pluies précoces tombées dans l'extrême sud-est en mai, les précipitations ont gagné lentement le centre. Elles ont été irrégulières dans la plupart du bassin arachidier du Sénégal et la sécheresse prévalait toujours en général dans certaines régions septentrionales, telles que Matam. Les premières précipitations sont tombées à Saint-Louis au cours de la troisième décade de juillet. Les semis ont été retardés et des réensemencements ont été effectués dans plusieurs régions, parmi lesquelles Kolda, Tamba, Bakel, Kaolak, Diourbel et Matam. Les stades de développement des cultures et l'état des pâturages varient grandement d'une région à l'autre, du fait du démarrage difficile de la saison des pluies. L'état des parcours est dans l'ensemble bon dans la région de Ziguinchor, mais reste mauvais dans le sud-est, le centre et le nord. Undisplayed Graphic

TCHAD :

Dans l'ensemble, les perspectives de récolte se sont améliorées du fait des précipitations généralisées tombées en juillet. Après les pluies irrégulières et inférieures à la moyenne en mai et juin qui ont retardé les semis dans la zone sahélienne, les précipitations se sont intensifiées à la mi-juillet et sont restées généralisées et régulières jusqu'au début août. Toutefois, en raison du démarrage tardif et inégal de la saison des pluies, les stades de développement varient beaucoup d'une région à l'autre et sont dans l'ensemble en retard par rapport aux années normales. Dans la zone soudanaise, le mil et le sorgho sont en général au stade du tallage/de la montaison ou de la montaison/de l'épiaison, tandis que le maïs est au stade de la montaison. Dans la zone sahélienne, les céréales sont en train de lever ou d'être mises en terre. Les parcours sont globalement adéquats dans la zone soudanaise, mais demeurent insuffisants dans la zone sahélienne. Dans l'ensemble, la situation des ravageurs est calme.

Sur le plan de la sécurité, la situation reste instable et fluctuante dans l'est du Tchad, ce qui gêne l'accès des organismes d'aide humanitaire aux réfugiés soudanais qui se trouvent dans cette zone.

SOURCES:

Voici le troisième rapport du SMIAR sur les conditions météorologiques et l'état des cultures dans les pays sahéliens
de l'Afrique de l'Ouest en 2006.
L'aire géographique couverte par ces rapports comprend les neuf pays membres du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), à savoir Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. Ces rapports seront établis tous les mois de juin à octobre.

Ces rapports sont établis en utilisant des données fournies par les représentations de la FAO dans les pays, le Groupe agrométéorologique et Groupe de surveillance de l'environnement (SDRN), le Groupe acridiens, migrateurs nuisibles et opérations d'urgence (ECLO), le Service des opérations d’urgence (TCEO), le Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que diverses organisations non gouvernementales (ONG). Pour le présent rapport ont été utilisés les données pluviométriques locales, l’imagerie satellitaire fournie par FAO/ARTEMIS, les rapports de terrain et informations communiquées par les représentants de la FAO jusqu'au 31 juillet. Les images satellites de la première décade de juin ont été également analysées pour une dernière mise à jour.

*QUELQUES DEFINITIONS

Dans ces rapports sont mentionnées quatre zones écoclimatiques qui se différencient par le niveau de leurs précipitations annuelles moyennes et leurs caractéristiques agricoles (zone sahélienne, zone soudano-sahélienne, zone soudanienne et zone guinéenne). Ces zones sont décrites ci-dessous:

Zone sahélienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 250 à 500 mm. C'est la zone située à la limite de la végétation pérenne; là où les précipitations sont inférieures à 350 mm, il n'y a que des pâturages et, parfois, des cultures céréalières à cycle court résistant à la sécheresse; dans cette zone, toutes les activités agricoles sont hautement aléatoires.

Zone soudano-sahélienne : Les précipitations annuelles se situent entre 500 et 900 mm. Là où elles sont inférieures à 700 mm, on pratique surtout des cultures ayant un cycle de végétation bref de 90 jours, c'est?à?dire principalement du sorgho et du mil.

Zone soudanienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 900 à 1 100 mm. La plupart des céréales cultivées ont un cycle de végétation de 120 jours ou plus. C'est la zone où l'on produit l'essentiel des céréales, notamment du maïs, des racines et tubercules, et des cultures de rapport.

Zone guinéenne : Les précipitations annuelles moyennes dépassent 1 100 mm. Font partie de cette zone, où il est plus facile de cultiver des racines, la Guinée-Bissau et une petite partie du Sud Burkina Faso, du Sud Mali et de l'extrême Sud du Tchad.

Il sera également question de la "Zone de convergence intertropicale", dont la trace à la surface du sol est dénommée "front intertropical". Il s'agit d'une zone quasi permanente entre deux masses d'air qui sépare les alizés de l'hémisphère Nord et ceux de l'hémisphère Sud. Elle se déplace au nord et au sud de l'Equateur et arrive généralement en juillet à sa position située le plus au nord. Sa position fixe les limites septentrionales des précipitations possibles au Sahel; les nuages de pluie se situent généralement à 150 ou 200 km au sud du front.


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