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Chapitre 5
Détection et maîtrise de l'œstrus
et de l'ovulation

ŒSTRUS NATUREL

Critères de détection

La détection de l'œstrus est généralement appuyée sur le critère de réceptivité sexuelle de la femelle subissant une monte par le mâle. C'est, en fait, l'immobilisation posturale de la femelle qui va permettre la saillie et le dépôt de la semence par le mâle dans les voies femelles (voir Comportement sexuel de la femelle, chapitre 1). Le critère utilisé, en première approche est un phénomène «tout ou rien», puisque la réponse est considérée comme positive (acceptation du chevauchement) ou négative (non-acceptation). Il peut s'ensuivre des erreurs d'appréciation, que ce soit pour des jeunes femelles inexpérimentées vis-à-vis d'un mâle, ou pour des adultes en début et en fin d'œstrus.

Différentes méthodes pratiques pour la détection de l'œstrus sont utilisées chez les ovins et les caprins. Les conditions d'utilisation de ces méthodes dépendent de la conduite des animaux, de l'importance du troupeau considéré et du temps disponible. En complément de ces méthodes, l'observation directe attentive des animaux par des personnes entraînées, qui sont en contact direct avec leur troupeau (en particulier dans les troupeaux laitiers), est très utile. Les modifications du comportement d'ensemble des femelles (notamment dans l'espèce caprine) sont parfois spectaculaires au moment de l'œstrus.

Méthodes habituelles de détection

Avec des mâles entiers. Dans un troupeau petit ou moyen (moins de 100 têtes), l'utilisation d'un mâle entier sexuellement expérimenté, permet la détection de l'œstrus chez environ 100 pour cent des femelles. La valeur génétique du mâle détecteur n'a pas d'importance car seule sa motivation sexuelle est à considérer.

La technique consiste en la présentation de petits groupes de femelles (trois à quatre) à un mâle et en la sortie de chaque femelle une fois «examinée» par le mâle. Cette méthode est relativement lente et requiert un aménagement du local pour faciliter une manipulation «non stressante» et aisée des animaux.

FIGURE 62 Pose d'un tablier sur un mâle pour la détection de l'œstrus:
(a) tablier
(b) mise en place
(c) mâle équipé du tablier

Manuel de formation pour l'insémination artificielle chez les ovins et les caprins

Le mâle entier peut, éventuellement, être utilisé sans précautions spéciales si la surveillance est étroite. Toutefois, dans les deux espèces considérées, la saillie se produit très rapidement et, par conséquent, les risques de fécondations non souhaitées existent. Pour écarter cette possibilité, il est souhaitable d'équiper le mâle avec un tablier abdominal (figure 62) qui évite l'intromission. Les mâles doivent être entraînés à travailler avec le tablier plusieurs jours avant la détection et doivent être employés seulement pendant les périodes de détection. Toutefois, l'utilisation répétée de tabliers sur les mêmes mâles, qui n'ont pas la possibilité d'effectuer des saillies par ailleurs, peut conduire à une lassitude, voire une inhibition sexuelle. Une inflammation du pénis peut aussi se produire par le frottement sur le tablier. Une inflammation du prépuce est également possible, surtout lorsque la température ambiante est élevée, à cause de l'urine séjournant dans le tablier. Il est recommandé d'y faire quelques trous à intervalles réguliers et de le laver soigneusement après chaque période de détection.

Avec des mâles vasectomisés. Dans le but d'éviter le risque de fécondations non souhaitées, et les conséquences de l'utilisation des tabliers, il est possible de stériliser chirurgicalement le mâle détecteur en évitant l'émission spermatique par l'épididyme. Ce procédé ne modifie pas le comportement sexuel du mâle puisque les testicules sont toujours présents et produisent la testostérone. Une telle opération, appelée vasectomie, doit être réalisée sur chaque testicule et peut être faite à trois niveaux différents (figure 63):

FIGURE 63 Différentes méthodes pour réaliser une vasectomie chez le mâle 1) section d'une partie de la queue de l'épididyme, 2) isolement et section d'une partie du canal déférent le long du corps de l'épididyme et 3) Isolement et section d'une partie du canal déférent dans le cordon spermatique

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La première technique est la plus rapide, et bien que quelques rares cas de récupération aient été cités dans la littérature, c'est néanmoins celle qui est recommandée. La plus fiable est la deuxième, mais elle est plus compliquée, sur le terrain. La troisième nécessite une bonne expérience pour être sûr d'identifier les canaux déférents parmi les vaisseaux sanguins et les tissus conjonctifs. Une désinfection locale avant l'opération ainsi que l'application d'antibiotiques locaux sont nécessaires dans les trois techniques.

Quelle que soit la technique, le mâle peut être utilisé pour la détection de l'œstrus à condition d'avoir effectué au moins cinq éjaculations après l'opération, afin que les canaux déférents et les ampoules restantes soient vides de tout spermatozoïde.

Cette stérilité est irréversible et par conséquent, les mâles choisis pour la vasectomie doivent être sans valeur génétique. Par ailleurs, puisqu'ils sont utilisés pour la détection de l'œstrus, il est important de choisir des mâles ayant eu un comportement sexuel correct. Il faut aussi se rappeler que, comme avec les mâles entiers, les béliers et boucs vasectomisés peuvent transmettre des maladies puisqu'ils déposent du plasma séminal dans le vagin des femelles.

Dans le cas d'une détection d'œstrus par un mâle vasectomisé, le temps nécessaire à la détection par observation directe s'accroît avec le nombre de femelles réceptives dans le troupeau. Chaque saillie est suivie par l'habituelle période d'inactivité (voir Comportement sexuel du mâle, chapitre 1) qui s'accroît avec la répétition des accouplements.

Il est enfin nécessaire de mentionner, (ceci est cité dans la littérature), que la vasectomie est capable de produire, à long terme, une légère diminution de la motivation sexuelle.

Avec des femelles androgénisées ou des mâles castrés. Cette méthode, appliquée à des femelles, évite les inconvénients des techniques précédentes liées à l'utilisation des béliers et des boucs. Elle consiste en des injections intramusculaires quotidiennes ou l'insertion d'implants d'hormones stéroïdes (testostérone ou œstrogènes) aux animaux, dans le but de provoquer l'apparition d'un comportement sexuel mâle.

Chez la brebis, ovariectomisée ou non, la dose recommandée et la durée du traitement pour l'apparition d'une réponse complète sont résumées au tableau 22. Chez la chèvre, une réponse complète, de type comportement mâle, peut être obtenue avec environ 50 mg de propionate de testostérone injectée quotidiennement pendant 18 jours.

Le temps nécessaire à l'apparition du comportement sexuel mâle et la dose injectée peuvent être réduits, si les femelles ont été traitées auparavant.

TABLEAU 22
Dose recommandée pour l'induction du comportement sexuel mâle chez des femelles à utiliser pour la détection d'œstrus

Type d'animal Durée du traitement pour l'apparition d'une réponse complète (comportement sexuel mâle) Dose et type d'administration
Brebis ovariectomisée 3 à 4 semaines 10 mg de TP ou 100-200 ug E2 en injections quotidiennes
3 semaines 105 mg de TP par injection dans une pâte de silastic, toutes les semaines
20 jours 50 mg de TP par injection tous les deux jours
14 à 17 jours 10 cm de TP en implant (6,4 mm d. int, 9,5 d. ext., tube de silastic)
Brebis entière 20 jours 50 mg de TP par injection tous les deux jours
Chèvre entière 18 jours 50 mg de E2 par injection quotidienne

Notes: TP = Propionate de testostérone; E2 = Benzoate d'œstradiol.

Pendant toute la période d'utilisation, l'injection quotidienne peut être remplacée par l'utilisation d'implants sous-cutanés contenant les mêmes stéroïdes, qui libèrent un niveau constant d'hormone.

Il est préférable d'utiliser des femelles de réforme comme détecteurs mais ce type de traitement ne modifie pas l'aptitude de reproduction des femelles si un temps de récupération suffisant est préservé après la fin du traitement. Cette technique d'injection ou d'implants sous-cutanés peut aussi être utilisée pour induire la réapparition du comportement sexuel mâle chez les mâles castrés. Les mêmes doses sont en général employées et les mêmes contraintes que pour les mâles vasectomisés sont observées.

Conditions d'utilisation des méthodes de détection de l'œstrus

L'utilisation d'une des méthodes décrites ci-dessus peut se faire par observation directe des animaux lorsque le nombre de femelles à détecter n'est pas trop important et si le manipulateur dispose d'assez de temps. Un test biquotidien (matin et soir) accroît la précision de la détection de l'œstrus et procure les meilleures conditions pour une double saillie ou une double insémination à 12 heures d'intervalle. Dans les climats chauds, ou durant les jours les plus chauds des climats tempérés, l'efficacité de la détection est meilleure lorsqu'elle est réalisée pendant les heures fraîches (tôt le matin et tard l'après-midi).

Il existe une autre méthode à faible coût pour l'identification des femelles en œstrus dans les gros troupeaux. Elle consiste à équiper des animaux détecteurs qui ont été décrits plus haut, d'un harnais muni d'un crayon (figure 64) qui marque l'arrière des femelles lors de la monte du mâle. Si c'est un mâle entier qui est équipé, la saillie en même temps que l'œstrus sont enregistrés. Toutefois, une certaine imprécision due à des fausses montes peut se produire et atteindre 10 à 15 pour cent. En effet:

FIGURE 64 Pose d'un harnais marqueur sur un mâle pour la détection de l'œstrus:
(a) harnais
(b) mise en place
(c) mâle équipé du harnais

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Ce système ne requiert qu'un contrôle quotidien ou biquotidien du troupeau. Le changement de couleur du crayon tous les quatre jours permet d'identifier plus facilement les femelles nouvellement marquées. Un choix soigné de la dureté du crayon selon la température ambiante est très important; de même, la couleur du ou des crayons doit être choisie en fonction de la couleur du pelage des animaux. Dans les climats chauds, pour des animaux au pâturage, un examen attentif de la peau de l'animal détecteur en contact avec le harnais est nécessaire pour prévenir et soigner d'éventuelles lésions.

Une méthode identique peut aussi être utilisée en appliquant de la graisse colorée sur le poitrail des animaux détecteurs. Les mêmes principes que pour les harnais peuvent être suivis.

Finalement, quelle que soit la méthode utilisée pour la détection de l'œstrus, le nombre d'animaux détecteurs doit être soigneusement déterminé par rapport aux conditions attendues d'emploi. Ce nombre dépend essentiellement du nombre de femelles simultanément en œstrus dans le troupeau. Un minimum de 2 pour cent de mâles parmi des femelles en saison sexuelle est nécessaire. Toutefois, si une synchronisation de l'œstrus est attendue (après un effet mâle par exemple), une proportion de 5 à 10 pour cent d'animaux détecteurs est vivement recommandée.

Un résumé des différents avantages et limites des méthodes pour la détection de l'œstrus est présenté au tableau 23.

IA de femelles en œstrus naturel

L'identification de toutes les femelles en œstrus dans un groupe nécessite, théoriquement, au moins 17 jours chez la brebis et 21 jours chez la chèvre. Toutefois, à cause de la variabilité de la durée du cycle, il vaut mieux considérer 20 et 24 jours respectivement. Dans un troupeau, 6 pour cent des brebis et 5 pour cent des chèvres sont en œstrus chaque jour.

TABLEAU 23
Avantages, désavantages et conditions d'utilisation des méthodes de détection de l'œstrus

  Avantages Désavantages
Méthodes
Mâles entiers sans tablier Bon contrôle de toutes les femelles Contraintes importantes de surveillance étroite (fécondations non souhaitées, nécessite des aménagements et du temps)
Risque sanitaire de transmission de maladies
Mâles entiers avec tablier Bon contrôle des femelles
Pas de risque sanitaire
Pas de fécondations non souhaitées
Moins de surveillance
Risque de diminution de la motivation sexuelle (long terme)
Risque d'irritation et d'inflammation du prépuce et du pénis
Mâles vasectomisés Bon contrôle des femelles
Pas de fécondations non souhaitées
Moins de surveillance
Equipement et entraînement pour l'opération chirurgicale
Risque sanitaire de transmission de maladies
Temps nécessaire pour la détection (à cause des périodes inactives entre les saillies)
Femelles androgénisées Bon contrôle des femelles
Suppression de tous les problèmes liés à l'utilisation des mâles
Injections d'hormones ou insertion d'implants
Assez long délai d'apparition du comportement sexuel mâle
Conditions d'utilisation
Observation directe Meilleure détection de l'œstrus Besoin important en main-d'oeuvre
Harnais marqueurs Faibles besoins en main-d'œuvre 10 à 15 pour cent d'imprécision dans le pourcentage de détection (attention au choix de la qualité et de la couleur des crayons)

Les signes extérieurs de l'œstrus, en particulier chez la brebis, ne sont pas suffisamment évidents pour se passer d'un animal détecteur; les femelles peuvent être identifiées après observation de l'acceptation ou relevé des marques laissées par des crayons. La technique proposée est la suivante:

Ces techniques sont utilisables seulement dans de gros troupeaux. Dans

les troupeaux plus petits, afin d'obtenir un nombre suffisant de femelles inséminées par jour, l'ia après synchronisation de l'œstrus est plus adéquate.

MAÎTRISE DE L'ŒSTRUS ET DE L'OVULATION POUR L'IA

L'ia n'est réussie que lorsqu'elle est réalisée dans la seconde partie de l'œstrus, quelques heures seulement avant que ne se produise l'ovulation. Il est nécessaire de synchroniser l'œstrus chez les femelles qui sont déjà cycliques, ou de l'induire de façon synchrone en dehors de la saison sexuelle, afin de réaliser I'ia à un moment fixe par rapport à l'ovulation.

On peut parvenir à une maîtrise de l'œstrus et de l'ovulation chez la brebis et la chèvre en prolongeant artificiellement la phase lutéale à l'aide de progestagène exogène dont la distribution est ultérieurement stoppée simultanément chez toutes les femelles. L'autre alternative est de terminer de façon synchrone la phase lutéale de femelles cycliques en utilisant des prostaglandines F2?. Puisque l'efficacité des prostaglandines dépend de la présence d'un corps jaune, celles-ci ne peuvent être utilisées que lorsque les femelles sont naturellement cycliques. Pendant toute la gestation chez la chèvre et pendant les 50-60 premiers jours chez la brebis, le traitement des femelles avec des prostaglandines provoque l'avortement.

Utilisation des progestagènes

Les techniques hormonales de maîtrise de l'œstrus reposent sur le fait que la progestérone inhibe l'ovulation et que sa disparition provoque la réapparition de ces deux événements. Plusieurs analogues de la progestérone (progestagènes), qui ont un effet progestatif, sont employés pour le contrôle de l'œstrus et de l'ovulation chez la brebis et la chèvre. Chaque analogue nécessite des expérimentations à grande échelle pour déterminer précisément la dose efficace et les conditions d'emploi.

Eponges vaginales. Des analogues synthétiques, 10 à 20 fois plus efficaces que la progestérone, tels que l'acétate de fluorogestone (FGA) ou l'acétate de médroxy-progestérone (MAP), administrés à l'aide d'épongés de polyuréthane placées dans le vagin, constituent la base des techniques de synchronisation de l'œstrus. A l'heure actuelle, ces éponges sont largement utilisées dans plusieurs pays sous le nom de «traitement éponge».

FIGURE 65 Traitements hormonaux pour le contrôle de l'œstrus et de l'ovulation chez les brebis et les chèvres

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Des éponges contenant 30 mg de FGA sont utilisables sur les brebis en anœstrus saisonnier, celles contenant 40 mg le sont sur les agnelles et les adultes pendant la saison sexuelle, et celles contenant 45 mg sur les chèvres dans toutes les situations. Les éponges contenant 60 mg de MAP peuvent aussi être utilisées dans toutes les situations.

Le traitement progestatif est administré pour 10-12 jours pendant la contre-saison ou 12-14 jours pendant la saison sexuelle chez la brebis et 17-21 jours s'il est utilisé seul ou 11 jours s'il est associé à des prostaglandines chez la chèvre. Les calendriers d'application de ces traitements sont rapportés à la figure 65.

Chaque éponge doit être traitée avec un antibiotique en poudre (Pulsauréo ou Stol 5 par exemple) avant l'insertion vaginale (voir figure 66 pour l'insertion et le retrait des éponges).

FIGURE 66 Insertion d'une éponge vaginale

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Chez la brebis, des études comparatives montrent que MAP et FGA sur éponges donnent des résultats identiques après saillie, mais les éponges à 30 mg de FGA après ia à heure fixe après retrait (55 heures ± 1 heure) donnent de meilleurs résultats. L'explication la plus plausible est que la synchronisation post-retrait est meilleure avec le FGA ou que le moment d'u est moins bien adapté au traitement MAP.

Implants sous-cutanés. Une approche complémentaire aux éponges en polyuréthane pour l'administration prolongée de progestagène est l'implant sous-cutané qui consiste en un polymère de polymétharylate (Hydron) imprégné de Norgestomet (Intervet). L'implant d'un cm, contenant 1,2 ou 3 mg de Norgestomet est inséré par voie sous-cutanée pendant 12 jours. L'ovulation a lieu plus tôt avec Norgestomet (55 heures) qu'avec les éponges vaginales au FGA (62 heures). Les taux d'agnelage après une seule ia par brebis (51 heures Norgestomet, 55 heures FGA) sont identiques avec les deux traitements progestatifs (tableau 24).

TABLEAU 24
Fertilité après induction de l'œstrus et de l'ovulation chez la brebis
(en utilisant des éponges vaginales ou des implants sous-cutanés)

Traitement Fertilité
(pourcentage)
Taille de la portée
Expérience A
Eponges vaginales 40 mg FGA 14 jours 61,4 1,65
Implants sous-cutanés, Hydron 3 mg Norgestomet 12 jours 66,8 1,53
Expérience B
Eponges vaginales 30 mg FGA 12 jours 57,6. 1,66
Implants sous-cutanés, Silastic 1,2 mg Norgestomet 12 jours 53,6 1,63

Notes: Dans les deux expériences, 400-500 UI de PMSG sont injectées au retrait de l'éponge ou de l'implant.

Administration par voie orale. Depuis qu'il a été démontré que l'emploi d'éponges vaginales pour l'administration de progestagène retardait la remontée des spermatozoïdes dans le tractus génital, on a effectué des recherches pour savoir si le FGA administré par voie orale permettrait d'augmenter la fertilité des brebis. Lorsque celui-ci est administré à raison de 6-8 mg/brebis/jour, la synchronisation de l'œstrus est identique à celle obtenue après traitement vaginal. Cependant, même si la fertilité des brebis recevant du FGA est aussi bonne que celle des femelles traitées avec les éponges vaginales, la quantité élevée de progestagène nécessaire par brebis (80 mg et 40 mg respectivement) augmente fortement le coût du traitement.

Autres méthodes. Plus récemment, un nouveau dispositif intravaginal appelé CIDR (control internal drug release dispenser), contenant 12 pour cent de progestérone dans un élastomère de silicone, a été testé favorablement par comparaison aux éponges vaginales utilisées à contre-saison.

TABLEAU 25
Doses de PMSG recommandées et durées des traitements FGA par éponge vaginale, dans les races françaises

Stade physiologique Brebis

Saison sexuelle

Anœstrus saisonnier

FGA
Dose
(mg)

Traitement
Durée
(jours)

PMSGa
dose
(UI)

FGA Dose (mg)

Traitement
Durée
(jours)
PMSGa
dose
(UI)
Brebis sèches 40 14 400 30 12 500-600
Brebis allaitantesb 40 14 500 30 12 600-700
Agnelles (8-12 mois)

40

14 400 40

14

500

a La dose de PMSG est modifiée selon la race (par exemple, diminution de 100 UI pour les femelles F1 croisées Romanov).

bIntervalle agnelage-lutte: 45 jours en automne, 60 jours au printemps.

 

Chèvres

D'avril au 15 juin Après le 15 juin
Production de lait par jour < 3,5 kg 600 UI PMSG (TL) 500 UI PMSG (TL)
500 UI PMSG (TC) 400 UI PMSG (TC)
Production de lait par jour ≥ 3,5 kg 700 UI PMSG (TL) 600 UI PMSG (TL)
600 UI PMSG (TC) 500 UI PMSG (TC)

Notes: L'injection de PMSG est réalisée 48 heures avant le retrait de l'éponge; toutes les chèvres sont traitées avec une éponge contenant 45 mg de FGA qui reste 17 à 21 jours (TL traitement long) ou 10 à 12 jours (TC traitement court); dans le traitement court, l'injection de PMSG est accompagnée d'une injection de 50 μg de cloprosténol.

En revanche, en saison sexuelle, la fertilité après ia à l'œstrus induit est plus faible qu'après traitement avec des éponges vaginales.

Utilisation des progestagènes plus PMSG (pregnant mare serum gonadotrophin)

Une injection intramusculaire de PMSG à la fin du traitement progestatif (au moment du retrait de l'éponge chez la brebis et 48 heures avant le retrait chez la chèvre laitière en dehors de la saison sexuelle), accroît la croissance folliculaire, la durée de l'œstrus, le taux d'ovulation, et avance le début de l'œstrus chez des femelles traitées. A la suite d'un traitement progestagène-PMSG, la taille de portée et la proportion de brebis agnelant s'accroît si le nombre d'ovulations est inférieur à quatre, mais des taux d'ovulation plus élevés sont néfastes. La dose de gonadotrophine injectée doit être ajustée de manière précise selon la race considérée, la saison et le stade physiologique des femelles (tableau 25). Les races prolifiques et non saisonnées sont, en général, plus sensibles à la PMSG. Les résultats obtenus avec les brebis croisées Romanov et Finnish Landrace indiquent qu'il n'est pas nécessaire d'utiliser plus de 250 UI chez des femelles non allaitantes et des agnelles ou plus de 400 UI chez des femelles allaitantes.

Le taux de fertilité est plus élevé après ia à un moment fixe pour les brebis ayant manifesté œstrus et pic de LH 36 et 42 heures respectivement après retrait de l'éponge. Sachant que six à huit heures sont nécessaires pour que les spermatozoïdes déposés à l'entrée du cervix, chez la brebis, puissent féconder les ovocytes et que l'ovulation a lieu chez la plupart des races ovines (à l'exception de la brebis Romanov) environ 30 heures après le début des chaleurs, le moment d'ia peut être fixé après une détection précise (toutes les quatre heures) de l'apparition des chaleurs.

Dans l'espèce caprine, l'intervalle début de l'œstrus-décharge préovulatoire de LH est beaucoup plus variable que dans l'espèce ovine (6±2 heures) et la détection de l'œstrus ne permet pas de préciser le moment d'ovulation. Dans ce cas, un dosage rapide de LH par une méthode ELISA peut être réalisé dans le sang ou dans le lait, pour connaître le moment du pic préovulatoire et donc celui de l'ovulation. Cette détermination est réalisable «à la ferme» sous forme de «kit», sans appareillage particulier.

Beaucoup d'essais ont été réalisés pour obtenir une meilleure synchronisation en administrant d'autres substances à la fin du traitement. L'aptitude de la gonadolibérine GnRH pour libérer la LH et, par conséquent, pour contrôler le moment d'ovulation est assez bien connue. Malheureusement, il a été démontré que l'utilisation de GnRH, injecté à un moment fixe, 24 ou 36 heures après le retrait de l'éponge ou au début de l'œstrus n'a aucun effet sur la fertilité.

Des résultats récents montrent qu'il n'est pas souhaitable d'utiliser les traitements éponge+PMSG de façon répétée sur les mêmes femelles. La répétition des injections de PMSG provoque en effet, l'apparition d'anti- corps chez certaines femelles, ce qui entraîne un retard de l'ovulation, voire même l'absence d'ovulation. Ce phénomène semble plus marqué chez la chèvre que chez la brebis.

TABLEAU 26
Fertilité de chèvres laitières alpines et Saanen à contre-saison (après utilisation d'un traitement progestagène, long ou court, associé à un analogue de prostaglandines)

  PMSG FGA 21 jours FGA 11 jours
PMSG + Cloprosténol
Fertilité (%) 56,7 61,1
(n) (6 240) (6 126)

Source: Corteel, Baril et Lebœuf, 1988.

Utilisation des prostaglandines

Les prostaglandines sont efficaces pour synchroniser les cycles seulement s'il y a présence d'un corps jaune et après le jour 5 du cycle. Par conséquent, deux injections intramusculaires (125 mg d'Estrumate-Cloprosténol, ICI ou 4 mg de Prosolvin, Luprostiol, Intervet), doivent être administrées à 10-14 jours d'intervalle pour synchroniser l'ensemble du troupeau. Le début de l'œstrus se produit 36 à 48 heures après l'injection, chez la brebis, et 72-96 heures après l'injection, chez la chèvre. Il existe une variabilité importante dans la fertilité à l'œstrus induit, mais en général, la fertilité est plus faible qu'après le traitement éponge. Un autre désavantage de l'utilisation des prostaglandines est qu'elles ne peuvent pas être utilisées chez les femelles non cycliques pendant les périodes anovulatoires.

Dans les conditions de la routine, les prostaglandines sont utilisées avec succès en association avec un traitement progestagène court (11 jours) et avec la PMSG, pour synchroniser l'œstrus chez les races de chèvres laitières françaises (tableau 26).

Induction de l'œstrus et de l'ovulation en utilisant I'«effet mâle»

Les brebis et les chèvres en dehors de la saison sexuelle peuvent être stimulées par la seule introduction des mâles, si elles ont été privées, pendant au moins trois semaines, de tout contact avec des béliers et des boucs. Des mâles vasectomisés, des femelles ou des mâles castrés traités à la testostérone sont utilisés (quatre mâles pour 100 femelles) lorsque le troupeau doit être inséminé. L'œstrus induit n'est pas suffisamment bien synchronisé pour une insémination à heure fixe, et, dans ce cas, une détection de l'œstrus doit être réalisée. Chez la chèvre Féral australienne, l'ia en sperme frais immédiatement après détection quotidienne de l'œstrus, permet d'obtenir une fertilité élevée (75 pour cent) pour les œstrus détectés au-delà de huit jours après l'introduction des mâles.

TABLEAU 27
Effets de la progestérone et d'un traitement progestagène sur la fertilité des femelles dont l'activité ovulatoire est induite par l'introduction des mâles

  Nombre de femelles

Fertilité
(%)

Taille de la portée
a) Raza aragonesa
Effet bélier (EB)

848

61 1,28
20 mg progestérone + EB

740

69 1,33
FGA + 500 Ul PMSG

378

75 1,56
b) Mérinos d'Arles
EB

50

76 1,16
FGA + EB

48

90 1,30
FGA + 500 Ul PMSG 80 94 1,63
      Fertilité

1re ovul.

Fertilité totale  
c) Chèvre créole
Effet bouc (EB)

25

15 92 1,61
FGA + EB

25

78

96

1,87

Source: (a) et (b): Folch et al, 1985; (c): Chemineau, 1985.

La plupart des femelles ovulent dans les deux jours qui suivent l'introduction du mâle, mais cette première ovulation n'est jamais accompagnée d'œstrus chez la brebis, et pas dans tous les cas chez la chèvre. Toutefois, dans les deux espèces, la première ovulation est souvent suivie par un cycle court de cinq à six jours. Les brebis ne manifestent un œstrus fertile qu'à la suite d'un cycle ovulatoire de durée normale alors que les chèvres sont fécondables dès leur seconde ovulation.

Le traitement des femelles avec de la progestérone ou avec un progestagène immédiatement avant l'introduction du mâle, accroît l'efficacité de la technique puisqu'il provoque la disparition complète des cycles courts et accroît la fertilité (tableau 27). En utilisant cette approche, la majorité des femelles peuvent être inséminées deux à trois jours après l'introduction du mâle lorsque des éponges vaginales au progestagène sont employées, ou 19 jours ± 1 jour chez la brebis et 23 jours ± 1 jour chez la chèvre après une seule injection intramusculaire de 20 mg de progestérone au moment de l'introduction du mâle (ou quelques jours avant). L'injection de progestérone ou l'insertion d'une éponge imprégnée de progestagène peuvent produire une augmentation significative du nombre d'agneaux nés par brebis traitée par rapport à l'effet mâle seul (tableau 27).

Pendant l'anœstrus saisonnier des races à faible saisonnement, l'effet bélier au retrait de l'éponge peut remplacer l'injection de PMSG, si une augmentation importante de la taille de portée n'est pas souhaitée. Néanmoins, dans les troupeaux où le pourcentage de femelles cyclant spontanément est faible, l'utilisation de PMSG reste nécessaire.

Quand l'effet bélier est utilisé en association avec l'ia cervicale à heure fixe, celle-ci doit être réalisée 50 heures après le retrait de l'éponge. Cette ia plus précoce qu'avec PMSG est probablement due au fait que la présence du bélier avance le moment d'ovulation. Toutefois, l'utilisation de l'effet mâle pour induire et synchroniser l'œstrus et les ovulations, requiert que l'on connaisse, pour la race considérée, les périodes de l'année où les femelles répondent correctement à cette stimulation.

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