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Chapitre 7
Diagnostics de gestation, utilisation
et précision

Parmi les différents diagnostics de gestation, le premier est la détection de l'œstrus un cycle après I'ia. Le second, qui ne requiert pas non plus d'équipement spécial, est la palpation manuelle des femelles. En supplément à ces techniques très anciennes, il existe une large variété de nouveaux diagnostics de gestation basés, soit sur la connaissance d'événements physiologiques se produisant pendant la gestation et la détermination d'un composé spécifique de la gestation (techniques biochimiques), soit sur de nouveaux procédés de détection physique du fœtus (techniques biophysiques). Chacune d'entre elles doit être considérée en fonction de la situation particulière de chaque troupeau.

Différentes définitions peuvent être données pour apprécier la précision des diagnostics de gestation. Ici nous utiliserons les suivantes:

Nombre de femelles qui n 'ont pas mis bas x 100
Nombre de femelles diagnostiquées négatives
Nombre de femelles ayant mis bas x 100
Nombre de femelles diagnostiquées positives
Nombre de femelles diagnostiquées correctement x 100
Nombre total de diagnostics

RETOURS EN ŒSTRUS, PALPATION MANUELLE

Le diagnostic de gestation le plus facile et le moins cher est la détection de l'œstrus à la fin du cycle chez les femelles non gestantes de I'ia (voir Détection et maîtrise de l'œstrus et de l'ovulation, chapitre 5). Il est précis pour l'identification des femelles non gestantes, puisque toutes les femelles qui manifestent un comportement d'œstrus sont en général non gestantes (quoique des œstrus de gestation aient été décrits chez la chèvre). L'éleveur peut, par conséquent, décider de réinséminer ou de faire saillir les femelles à ce second œstrus. Cette détection n'est toutefois d'une bonne précision que pendant les périodes où les femelles sont naturellement cycliques. Au contraire, pendant l'anœstrus saisonnier des races saisonnées, un fort pourcentage (souvent la majorité) des femelles non gestantes ne reviennent pas en œstrus un cycle plus tard et retombent en anœstrus. Cette situation entraîne une confusion entre les femelles gestantes et les femelles anovulatoires. D'autres techniques sont alors nécessaires pour séparer les femelles gestantes des femelles non gestantes.

La palpation manuelle qui ne peut être pratiquée que pendant la seconde moitié de la gestation, est également une technique à faible coût mais elle requiert de l'entraînement et sa précision dépend surtout du manipulateur. Elle consiste à détecter la présence du fœtus en l'obligeant à se déplacer dans le liquide amniotique comme un cube de glace dans l'eau. L'opérateur doit placer la paume de sa main gauche sur le côté gauche du flanc de la femelle et pousse doucement le fœtus avec sa main droite appuyée sur le flanc droit de l'animal.

TECHNIQUES BIOCHIMIQUES

Dosage de progestérone

Des différences marquées existent en ce qui concerne le niveau de progestérone dans le sang ou le lait entre les femelles gestantes et les femelles non gestantes, les jours 18 et 19 chez la brebis, 21 et 22 chez la chèvre (ia = jour 0, figure 22). La mesure de la progestérone à ce stade est un moyen utile pour détecter la non-gestation.

Utilisé comme un test précoce, la précision totale est supérieure à 90 pour cent. Pratiquement toutes les femelles diagnostiquées non gestantes (progestérone <1 ng/ml de plasma) ne mettent pas bas (>98 pour cent), alors que seulement de 75 à 85 pour cent de celles présumées gestantes (progestérone >1 ng/ml de plasma) donnent naissance à des jeunes. Ainsi, utilisé à ce stade de la gestation, ce test peut être considéré comme un test de non-gestation.

Utilisé comme un test tardif (après 19 jours chez la brebis et après 22 jours chez la chèvre), le dosage de progestérone peut aussi être employé pour détecter la gestation. Dans ce cas, toutefois, la précision dépend essentiellement de la fréquence des prélèvements puisqu'il est impossible, avec un seul, de différencier les femelles gestantes des femelles vides portant un corps jaune cyclique. Il est donc nécessaire de réaliser un nombre élevé de prélèvements consécutifs, sauf si l'on se situe en dehors de la saison sexuelle quand les femelles non gestantes sont en état anovulatoire. Par conséquent, lorsque le dosage de progestérone est utilisé comme test tardif, c'est aussi un diagnostic de non-gestation, puisque toutes les femelles chez qui la progestérone est basse sont non gestantes; mais il est difficile de distinguer les femelles gestantes des femelles cycliques.

La progestérone peut être dosée dans le sérum ou le plasma sanguin et dans le lait. C'est un test immunologique réalisable en laboratoire (radio-immunologie) ou avec un kit utilisant une réaction colorée (immuno-enzy-mologie). Un dosage direct rapide, sans extraction de l'hormone du plasma et utilisant trois plasmas de référence contenant des quantités connues de progestérone procure un bon résultat à un coût raisonnable. Par exemple, trois échantillons de référence contenant 0,1, 1,0 et 5,0 ng de progestérone par millilitre de plasma permettent de classer les plasmas inconnus en deux classes: pas de progestérone, femelles non gestantes; progestérone, femelles présumées gestantes.

L'opérateur doit se rappeler que la progestérone peut être détruite facilement dans le sang ou le lait par des enzymes, particulièrement à des températures élevées. Par conséquent, dans les climats chauds, les échantillons doivent être conservés entre +4 et +8°C jusqu'au dosage ou à la congélation du plasma, du sérum ou du lait.

Œstrogènes, sulfate d'œstrone, PSPB, oPL et cPL

Bien que le follicule préovulatoire sécrète des œstrogènes, leur quantité reste difficile à détecter dans le plasma sanguin. En revanche, les brebis gestantes sécrètent des quantités importantes d'œstrogènes par le placenta lorsqu'il est suffisamment développé. Les femelles non gestantes n'ont que de faibles niveaux d'œstrogènes. C'est un test tardif de gestation qui peut également être utilisé pour prédire le poids total de la portée (après environ 100 jours de gestation). Le dosage des œstrogènes dans le plasma sanguin de brebis entre 100 et 110 jours de gestation indique que 99 pour cent des femelles diagnostiquées gestantes (plus de 0,3 ng/ml de plasma) mettent bas. A l'inverse, 16 pour cent des femelles diagnostiquées non gestantes mettent bas. Le sulfate d'œstrone peut être utilisé à partir de 60 jours comme diagnostic de gestation.

La détermination de la PSPB (pregnancy spécifie protein B) est une nouvelle technique qui permet de diagnostiquer les femelles gestantes avec une bonne précision. Les autres tests oPL et cPL (ovine and caprine placental lactogen) sont utilisables sur le plan expérimental mais ne sont pas applicables en routine.

TECHNIQUES BIOPHYSIQUES

Beaucoup de moyens peuvent être employés pour la détection physique de la gestation. Ils utilisent une visualisation directe du fœtus (échographie d'ultrasons), ou la détection d'un écho sonore réfléchi par le liquide amniotique ou la circulation sanguine du fœtus ou de la mère, ou d'autres sons (cœur) émis par le fœtus lui-même.

Méthode utilisant I'«effet Doppler»

Cette méthode est basée sur la détection de la circulation sanguine fœtale (par une sonde externe après 45 jours de gestation) ou du flux sanguin utérin de la mère avec une sonde rectale. Dans les deux cas, l'opérateur doit reconnaître les sons des échos ultrasoniques provenant du flux sanguin; l'entraînement est donc essentiel.

La précision du diagnostic négatif est liée à la pratique de l'opérateur et au temps employé pour le diagnostic; la précision du diagnostic positif est excellente lorsque la circulation fœtale est audible. Dans des conditions de routine, la précision est faible avant 70 jours de gestation.

Avec la sonde rectale, un essai limité a donné 73 pour cent de précision pour les diagnostics négatifs et 68 pour cent pour les positifs.

Méthode utilisant l'«échoscopie»

Cette méthode utilise la détection d'une poche de liquide chez la femelle (soit le liquide amniotique, soit la vessie dans le cas d'une mauvaise orientation de la sonde). La précision des diagnostics négatifs est de 92 pour cent et celle des diagnostics positifs de 69 pour cent (précision totale 85 pour cent). Une précision correcte est obtenue pour les diagnostics négatifs après 65 jours de gestation.

Méthode utilisant l'échographie d'ultrasons (échotomographie)

Elle permet la visualisation directe du fœtus et du liquide amniotique sur un écran. Elle peut être utilisée dès 32 jours de gestation avec une sonde externe et dès 21 jours avec une sonde rectale.

Par voie externe, la précision du diagnostic négatif est excellente à 32 et 37 jours après I'ia: 96 et 100 pour cent respectivement. La précision du diagnostic positif est aussi assez bonne: 74 et 88 pour cent aux mêmes jours. L'efficacité de cette méthode dépend de l'entraînement des opérateurs, puisque la précision du diagnostic augmente avec le nombre de diagnostics réalisés.

C'est certainement la technique la plus intéressante en ce moment, en dépit du prix élevé de l'appareillage (figure 78).

FIGURE 78 Pratique de l'échographie d'ultrasons

Manuel de formation pour l'insémination artificielle chez les ovins et les caprins

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