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Introduction

AVANTAGES ET LIMITES DE L'INSÉMINATION ARTIFICIELLE

L'insémination artificielle des ovins et des caprins présente des avantages pour la conduite des troupeaux et a des conséquences génétiques au niveau des exploitations et à celui des organisations professionnelles (schémas de sélection). Toutefois, ces avantages peuvent être contrebalancés par des contraintes qui limitent son intérêt.

Avantages de I'ia


Pour l'éleveur.
Le principal intérêt pour l'éleveur est l'amélioration génétique. De la semence provenant de mâles sélectionnés pour leur valeur génétique peut être fournie par un organisme de sélection. Il peut ainsi obtenir de faibles quantités de semence sans avoir à acquérir ces mâles de prix élevé. Cette amélioration génétique a essentiellement deux objectifs: production de jeunes femelles pour le renouvellement du troupeau et production de jeunes pour l'abattage. Dans ce dernier cas il est possible de réaliser des croisements terminaux pour pouvoir bénéficier des effets directs et d'hétérosis et de profiter ainsi de la valeur ajoutée du produit vendu sur le marché. Dans ce sens, I'ia permet la multiplication des génotypes, sans multiplier le nombre de reproducteurs mâles du troupeau.

Sur le plan de la conduite du troupeau, I'ia présente aussi certains avantages. Le premier est celui de la gestion génétique intratroupeau. Dans les élevages où la monte en main n' est pas possible, I'ia est le seul moyen facile d'assurer un contrôle strict des paternités. Dans ces troupeaux il est également facile de féconder des groupes de femelles par des mâles de différents génotypes, par exemple de féconder des jeunes femelles avec des mâles de croisement terminal et les femelles adultes avec des mâles destinés au remplacement.

Le deuxième aspect est que I'ia permet de tirer plein avantage des techniques de synchronisation de l'œstrus (choix des dates de mise bas, possibilité de reproduction à contre-saison, etc.). Elle permet donc d'éviter le maintien d'un nombre de mâles important sur l'exploitation.

L'IA rend possible la reproduction quand les mâles sont indisponibles pour assurer les saillies naturelles. Dans les cas de reproduction à contre-saison, le comportement sexuel et la production spermatique des reproducteurs peut être faible en ferme, alors que les mâles des centres d'ia, choisis et entraînés pour leurs aptitudes à produire de la semence ou soumis à des traitements photopériodiques, produisent de la semence de bonne qualité, même pendant la contre-saison. De la même façon, l'utilisation de la semence congelée permet l'emploi de spermatozoïdes de bonne qualité, congelés durant la saison sexuelle précédente.

Finalement, cette technique de reproduction permet d'éviter la transmission de certaines maladies, puisque les reproducteurs utilisés pour la production de semence sont sous contrôle sanitaire et ne circulent pas d'un élevage à l'autre.

Pour l'organisme de sélection. Comparée à la lutte naturelle, I'ia autorise un accroissement du nombre de produits par géniteur et une dissociation dans l'espace et dans le temps (dans le cas de la semence congelée) entre la collecte de la semence et la fécondation des femelles. Ces deux avantages ont des conséquences à toutes les étapes des programmes d'amélioration génétique.

Pour l'évaluation et le choix des géniteurs. L'ia permet l'établissement de connexions entre troupeaux. Elle accroît la précision de l'estimation de la valeur génétique des femelles et des autres mâles utilisés en saillie naturelle. Utilisée plus largement I'ia permet d'améliorer l'efficacité du testage en ferme sur descendance, par une meilleure prise en compte de l'effet élevage. Chaque géniteur est utilisé dans un grand nombre de troupeaux et le nombre de géniteurs par troupeau s'accroît. Toutefois, le testage sur descendance entraîne de longs intervalles entre générations et les mâles testés sont alors ou trop vieux ou morts lors de la connaissance de leur valeur génétique. L'utilisation de semence congelée pendant les premières années d'âge est alors d'un intérêt considérable pour un schéma de sélection puisque les mâles peuvent procréer un grand nombre de descendants après leur mort.

Manuel de formation pour l'insémination artificielle chez les ovins et les caprins

Figure 1 Nombre annuel d'ia ovines et caprines en France ces dernières années

Pour la diffusion des géniteurs confirmés. L'ia améliore l'efficacité des accouplements raisonnes (les meilleurs mâles fécondant les meilleures femelles), qui sont la clé de voûte de tous les programmes d'amélioration génétique. Comparée à la saillie naturelle, la pression de sélection de ces meilleurs mâles s'accroît, puisque chacun d'entre eux est diffusé dans plusieurs troupeaux (autrement, au moins un géniteur par troupeau est nécessaire) et produit un grand nombre de descendants. Par ailleurs, I'ia rend plus facile et accroît la diffusion du progrès génétique non seulement au sein des troupeaux sélectionneurs, mais également en dehors du schéma de sélection.

Pour la diffusion plus rapide et plus large de génotypes rares ou de génotypes exotiques. L'ia permet de multiplier intensivement et rapidement des génotypes dont un faible nombre de représentants est disponible localement. C est le cas des animaux importés ou de leur semence. Utilisée avec une mise en place intra-utérine (par voie laparoscopique) la diffusion de la; semence peut devenir très large.

Contraintes et limites de I'ia

Bien que cette technique soit, sans aucun doute, un outil puissant pour la gestion du patrimoine génétique, son efficacité est contrebalancée par deux types de contraintes venant du faible nombre de reproducteurs nécessaires à chaque génération (puisque chacun d'entre eux possède un vaste pouvoir de diffusion), ainsi qu'au changement dans l'expression de certains caractères, notamment de reproduction.

L'utilisation d'un nombre limité de reproducteurs peut conduire aux situations suivantes:

Paradoxalement, l'utilisation de la synchronisation des œstrus et de I'ia perturbe le fonctionnement des schémas de sélection sur les aptitudes de reproduction. En effet, la prolificité naturelle et induite (de femelles mettant bas après synchronisation de l'œstrus) n'est pas contrôlée par les mêmes gènes. Il est donc nécessaire de modifier les enregistrements à réaliser en ferme, pour pouvoir estimer la valeur génétique de la prolificité naturelle.

Première partie
Physiologie de la reproduction des
ovins et des caprins

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