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3. ÉLÉMENTS ET PRINCIPES DIRECTEURS DE LA COMMUNICATION DES RISQUES

Introduction et définition

La communication efficace d'informations et d'opinions concernant les risques associés aux dangers réels ou perçus d'origine alimentaire est une composante essentielle et intrinsèque du processus d'analyse du risque. La communication des risques peut avoir comme point de départ des sources officielles internationales, nationales ou locales. Elle peut également provenir d'autres sources telles que le secteur industriel ou commercial, les consommateurs et d'autres parties intéressées. Dans le contexte du présent rapport, les parties intéressées pourront comprendre des organismes gouvernementaux, des représentants du secteur privé, des médias, des scientifiques, des associations professionnelles, des ligues de consommateurs, de même que d'autres groupes d'intérêt publics et des particuliers. Dans certains cas, la communication des risques peut se faire en conjonction avec des programmes de sensibilisation aux questions de santé publique et de sécurité sanitaire des aliments.

En 1997, la Commission a adopté la définition suivante de la communication des risques: « échange interactif d'informations et d'opinions sur les risques entre les responsables de leur évaluation et de leur gestion, les consommateurs et les autres parties intéressées » (6). On a également défini la communication des risques comme recouvrant tous les processus et procédures intégrés qui: a) impliquent et informent toutes les parties intéressées contribuant au processus d'analyse des risques; b) contribuent à l'élaboration de processus décisionnels transparents et crédibles; et c) sont de nature à inspirer la confiance dans les décisions prises en matière de gestion des risques. La gestion des risques d'origine alimentaire peut faire appel à un vaste éventail de stratégies de communication allant de l'élaboration de normes internationales jusqu'à la gestion de flambées aiguës de maladies d'origine alimentaire, en passant par les programmes à long terme visant à modifier les pratiques de production et de manipulation des aliments ainsi que les habitudes alimentaires.

La Consultation a considéré que la définition du Codex était trop étroite, puisqu'elle ne tenait pas compte de la nécessité de communiquer des facteurs autres que la probabilité d'effets néfastes sur la santé et la gravité et l'ampleur de ces effets. Il a été clairement démontré que la compréhension et la communication des risques sont influencées par toute une série de facteurs supplémentaires, au nombre desquels la question de savoir si le risque est d'origine volontaire ou involontaire, si la répartition des risques et des avantages est équitable, si le processus est transparent, mais aussi la mesure dans laquelle les gestionnaires du risque sont considérées comme fiables; le degré de maîtrise personnelle; la crainte des effets nocifs au niveau individuel; enfin, la mesure dans laquelle le risque demeure inconnu (7). Afin d'englober ce concept élargi, la Consultation a recommandé que la définition du Codex soit modifiée par l'insertion de la formule « et les facteurs liés aux risques ». La définition se lirait donc ainsi: « La communication des risques est l'échange interactif d'informations et d'opinions sur les risques et les facteurs liés aux risques entre les responsables de leur évaluation et de leur gestion, les consommateurs et les autres parties intéressées ».

Les objectifs de la communication des risques

L'objectif fondamental de la communication des risques consiste à fournir des informations utiles, pertinentes et exactes, formulées de façon claire et compréhensible, à un public spécifique. Sans pour autant résoudre nécessairement toutes les divergences entre les parties, elle peut contribuer à une meilleure compréhension de ces divergences. Elle peut également déboucher sur une compréhension plus large et mieux acceptée des décisions en matière de gestion des risques. Une communication des risques efficace doit avoir des objectifs qui suscitent et entretiennent la confiance. Elle doit permettre d'obtenir un degré plus élevé de consensus et de soutien de la part de toutes les parties intéressées à l'égard des options proposées pour la gestion des risques.

La Consultation a adopté les objectifs suivants:

  1. Promouvoir la prise de conscience et la compréhension, par tous les participants, des questions spécifiques à l'étude au cours du processus d'analyse des risques;
  2. Promouvoir l'homogénéité et la transparence dans l'élaboration et la mise en oeuvre des décisions en matière de gestion des risques;
  3. Fournir une base solide pour la compréhension des décisions proposées ou mises en oeuvre en matière de gestion des risques;
  4. Améliorer l'efficacité et l'efficience générales du processus d'analyse des risques;
  5. Contribuer à l'élaboration et à la diffusion de campagnes efficaces d'information et de sensibilisation, une fois celles-ci sélectionnées comme options de gestion des risques;
  6. Promouvoir la confiance du public envers la sécurité sanitaire des approvisionnements alimentaires;
  7. Renforcer les relations de travail et le respect mutuel entre tous les participants;
  8. Promouvoir une participation appropriée de toutes les parties intéressées au processus de communication des risques; et,
  9. Procéder à des échanges d'informations sur les connaissances, les attitudes, les valeurs, les pratiques et les perceptions des parties intéressées en ce qui a trait aux risques liés à l'alimentation et à des thèmes connexes.

La communication des risques, partie intégrante de l'analyse des risques

La communication des risques est généralement reconnue comme l'une des trois composantes du processus d'analyse des risques en matière de sécurité alimentaire. L'évaluation des risques est le processus utilisé en vue d'apprécier les risques tant sur le plan quantitatif que qualitatif et de les caractériser. La gestion des risques est la pondération et la sélection des options ainsi que l'application de mesures de contrôle appropriées afin de garantir un niveau adéquat de protection. La Consultation a pris acte du fait que la communication des risques, en tant que partie intégrante du processus d'analyse, constitue un instrument nécessaire et d'importance critique afin de définir les problèmes de façon appropriée et d'élaborer et de prendre, en connaissance de cause, les meilleures décisions en matière de gestion des risques.

Pendant de nombreuses années, les personnes responsables de l'évaluation et de la gestion des risques liés aux dangers présents dans les approvisionnements alimentaires ont communiqué des informations et des opinions touchant à ces dangers en vue de protéger et de promouvoir la santé publique. Ces communications étaient principalement exprimées en termes qualitatifs, étant donné que, bien souvent, l'on ne disposait pas de données quantitatives claires. Plus récemment, la mise au point et l'application formalisées d'approches fondées sur les risques en matière de sécurité sanitaire des aliments, ainsi que la disponibilité d'informations quantitatives concernant les risques courus par les populations humaines, ont permis d'améliorer les stratégies de gestion fondées sur les risques. La communication des risques joue un rôle important dans l'application de ces approches fondées sur les risques, en fournissant le moyen de prendre en considération, de manière interactive, toutes les informations et données pertinentes. Bien entendu, la communication des risques est également applicable aux nombreuses situations où l'on entreprend un examen qualitatif des dangers. Dans de tels cas, les principes et les stratégies de la communication des risques, tels qu'élaborés par cette Consultation, demeureraient applicables.

Dans le contexte actuel du Codex, la Commission et ses organes subsidiaires ont pour mandat d'élaborer une politique d'évaluation des risques. Celle-ci fournit des lignes directrices permettant de porter les jugements de valeur et de formuler les orientations dont l'application pourrait être nécessaire à certaines charnières décisionnelles spécifiques du processus d'évaluation des risques. Il est essentiel que les gestionnaires et les évaluateurs des risques maintiennent une bonne communication entre eux et avec les autres parties intéressées lors de la définition et de l'application des politiques dans ce domaine.

Avant de procéder à une évaluation officielle des risques, il convient d'obtenir des informations auprès des parties concernées, de manière à élaborer un « profil de risque ». Ce dernier fournit une description du problème qui se pose en matière de sécurité sanitaire des aliments et de son contexte, tout en identifiant les éléments du danger ou du risque à prendre en compte pour d'éventuelles décisions en matière de gestion des risques. Bien souvent, cela implique un éventail d'activités préliminaires d'évaluation des risques, lesquelles s'appuient sur une communication efficace (par exemple, hiérarchiser l'adoption de normes internationales, ou placer un problème de sécurité sanitaire des aliments dans son contexte national ou international).

La caractérisation des risques est le moyen principal permettant de communiquer aux gestionnaires des risques et aux autres parties intéressées les résultats des évaluations portant sur la sécurité sanitaire des aliments. C'est pourquoi les estimations numériques de la caractérisation doivent être appuyées par des informations qualitatives concernant la nature des risques et le caractère probant des observations d'appui. La communication des aspects quantitatifs de l'évaluation des risques présente des difficultés inhérentes, notamment celle de garantir que les incertitudes scientifiques propres à la caractérisation des risques soient clairement expliquées et que la terminologie scientifique ainsi que le jargon technique ne risquent pas de rendre la présentation des risques moins claire pour le public visé. Il importe donc que les communications entre les évaluateurs des risques, les gestionnaires des risques et les autres parties intéressées utilisent un langage et des concepts accessibles au public visé.

La communication des risques facilite l'identification et la pondération des différentes options en matière de politiques et de décisions adoptées par les gestionnaires des risques dans le processus d'analyse. La communication interactive entre toutes les parties intéressées tend à garantir la transparence, à promouvoir l'homogénéité et à améliorer le processus de gestion des risques. Dans la mesure où cela est réalisable et raisonnable, il convient d'impliquer les parties intéressées dans l'identification des options en matière de gestion, de même que dans l'élaboration des critères permettant d'opérer une sélection entre ces options et d'alimenter la stratégie de mise en oeuvre et d'évaluation. Une fois atteinte la décision finale en matière de gestion des risques, il importe que les fondements de cette décision soient clairement communiqués à toutes les parties.

Au cours de la sélection des options en matière de gestion des risques, il arrive souvent que le gestionnaire doive examiner, dans le cadre de l'évaluation, des facteurs autres que scientifiques. Cette considération vaut tout particulièrement pour les gouvernements nationaux. Il est alors essentiel de maintenir une communication interactive afin d'identifier les préoccupations d'ordre social, économique, religieux et éthique, pour qu'elles puissent être ouvertement prises en considération. L'élaboration des messages destinés à être diffusés constitue un volet important du processus de communication des risques. Il s'agit également d'une activité spécialisée, entreprise avec une fin précise et qui mérite d'être traitée en tant que telle. S'il est vrai qu'une bonne communication des risques et des messages bien conçus dans ce domaine ne parviennent pas toujours à atténuer les conflits et la méfiance, on peut prendre pour acquis qu'une communication des risques inadéquate, s'appuyant sur des messages de conception médiocre, ne pourra que les accentuer.

Rôles et responsabilités en matière de communication des risques

Les organisations internationales

Le système du Codex

La Commission du Codex Alimentarius est une organisation intergouvernementale qui a fixé des procédures en vue d'une participation des États membres et des autres parties intéressées telles que les représentants des consommateurs et du secteur industriel, de même que d'autres organismes chargés d'établir des normes à l'échelle internationale. La structure organisationnelle et les processus de la Commission et de ses organismes subsidiaires ouvrent de nombreuses voies pour une communication efficace des risques, tant dans le cadre du système du Codex (c'est-à-dire entre les différents comités) qu'à l'extérieur. On trouvera à l'Annexe 2 un tableau récapitulant les modalités de communication des risques aux fins de l'élaboration des normes alimentaires du Codex.

Le Comité du Codex sur les principes généraux (CCGP) s'occupe des questions de procédure et d'ordre général, y compris l'établissement des principes définissant l'objet et la portée des travaux du Codex. Dans le contexte de l'analyse des risques, le CCGP s'attache actuellement à élaborer des principes et des lignes directrices pour l'application, à l'ensemble du système du Codex, d'approches fondées sur les risques en matière de sécurité sanitaire des aliments. Ainsi, toutes les parties intéressées seront en mesure de comprendre le cadre établi d'un commun accord pour la prise de décision, au sein du Codex, concernant la gestion des risques.

En temps ordinaire, les comités chargés de questions générales participent à la gestion des risques, par exemple, en élaborant des normes, des lignes directrices et d'autres recommandations. Leurs travaux s'appuient sur des informations touchant à l'évaluation des risques, souvent communiquées par les groupes consultatifs d'experts FAO/OMS. Il s'agit notamment du Comité mixte d'experts FAO/OMS des additifs alimentaires (JECFA) et de la Réunion conjointe FAO/OMS sur les résidus de pesticides (JMPR). D'autres organismes internationaux composés d'experts, tels que la Commission internationale pour la définition des caractéristiques microbiologiques des aliments (ICMSF) peuvent également apporter un soutien d'ordre scientifique. Il existe, par ailleurs, des filières de coordination avec d'autres organismes scientifiques internationaux.

C'est le Secrétariat FAO/OMS du Codex qui assure la coordination des activités en matière de gestion des risques. Ce Secrétariat est également chargé de certaines activités liées à la communication des risques, telles que la publication d'un éventail de documents, parmi lesquels les normes, les rapports et autres textes émanant des comités du Codex. Les rapports des réunions du Codex fournissent un compte rendu des délibérations et des résultats des débats portant sur la sécurité sanitaire des aliments et débouchent sur l'élaboration de normes du Codex. De plus en plus, l'Internet, d'envergure mondiale, est utilisé pour diffuser rapidement ces rapports ainsi que d'autres informations touchant au Codex.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS)

La FAO et l'OMS fournissent à leurs États membres et à d'autres parties intéressées, par le biais de consultations sur des questions spécifiques, des conseils émanant d'experts de réputation internationale. Elles fournissent également aux États membres une assistance d'ordre technique et en matière de développement sur des questions touchant à la santé publique ainsi qu'à la qualité et à la sécurité sanitaire des approvisionnements alimentaires. Aux termes de leur mandat, il leur incombe d'élaborer et de promouvoir les principes et les procédures de l'analyse des risques et de les communiquer aux États membres afin de les aider à mettre au point des stratégies et des programmes d'information efficaces à l'échelon national. Lorsque la FAO et l'OMS entreprennent conjointement des activités d'évaluation des risques (par exemple à travers le JECFA, la JMPR et les consultations d'experts), elles en communiquent les résultats et les recommandations à leurs États membres ainsi qu'à d'autre parties intéressées, par le biais de rapports publiés ou diffusés sur Internet.

L'Organisation mondiale du commerce (OMC)

L'Accord de l'OMC sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires (Accord SPS) encourage l'harmonisation et met au premier plan les principes de transparence et d'homogénéité devant régir la communication des risques dans l'élaboration et l'application des mesures de sécurité sanitaire des aliments. L'harmonisation comprend l'établissement, la reconnaissance et l'application de mesures sanitaires communes par les différents pays membres, ce volet dépendant indéniablement d'une communication efficace des risques. Le Comité SPS de l'OMC gère l'application de l'Accord SPS par les États membres de l'OMC; en outre, par le biais de la procédure de notification établie par l'Accord SPS, le comité diffuse à ses États membres les décisions en matière de gestion des risques.

Les gouvernements [aux fins de la présente section, le mot « gouvernement » se rapporte aux responsabilités généralement exercées par les gouvernements nationaux, mais pouvant être déléguées à une organisation régionale (par exemple, la Communauté européenne) ou pouvant être englobées dans des accords internationaux.]

S'agissant de la gestion des risques pour la santé publique, les gouvernements sont investis d'une responsabilité fondamentale, quelles que soient les méthodes de gestion employées. À la responsabilité de gestion se conjugue celle de communiquer les informations concernant les risques à toutes les parties intéressées, et cela à un niveau acceptable de compréhension. Les décideurs au sein des gouvernements ont ainsi l'obligation d'assurer une communication efficace avec les parties intéressées lors de l'élaboration d'analyses scientifiques et techniques, et d'obtenir une participation appropriée du public et des autres parties intéressées au processus d'analyse des risques. Par ailleurs, il incombe aux gestionnaires des risques de comprendre les raisons sous-jacentes des préoccupations du public en matière de risques pour la santé et d'y répondre.

Les gouvernements doivent donc s'attacher à élaborer une démarche homogène et transparente en matière de communication des informations sur les risques. Les stratégies de communication pourront différer en fonction des problèmes traités et des publics visés. Cela est d'autant plus évident lorsque les groupes spécifiques ont des perceptions différentes du risque lié à un problème donné. Ces différences de perception, qui peuvent tenir à des différences d'ordre économique, social ou culturel, doivent être prises en compte et respectées. Étant donné que le critère décisif est constitué par le résultat, à savoir la gestion efficace du risque, les démarches admises pour y parvenir peuvent varier.

Les gouvernements représentés au sein de la Commission, dont on attend qu'ils jouent un rôle actif dans le processus du Codex, doivent veiller à ce que toutes les parties intéressées au sein de leur pays (secteur industriel, consommateurs, organisations nationales, etc.) se voient offrir la possibilité de contribuer, dans toute la mesure où cela est réalisable et raisonnable, à la définition des prises de position nationales sur les questions touchant au Codex. Ils doivent également veiller à ce que ces prises de position soient transmises au Codex en temps opportun. Les gouvernements doivent jouer un rôle actif dans les délibérations de la Commission du Codex et s'assurer que les parties intéressées au niveau national soient bien informées des décisions prises lors de ces réunions. La Commission encourage activement la constitution de comités nationaux de coordination du Codex au sein des pays membres, afin de faciliter l'exercice de ces responsabilités.

Bien souvent, les gouvernements ont la responsabilité de sensibiliser l'opinion aux questions de santé publique et de diffuser les messages appropriés aux milieux de la santé. Dans l'exercice de ces responsabilités, la communication des risques permet de diffuser des informations importantes à des groupes cibles spécifiques, tels que les femmes enceintes ou les personnes âgées.

Le secteur agroalimentaire

Le secteur agroalimentaire porte la responsabilité de la qualité et de la sécurité sanitaire des aliments dont il assure la fabrication. Il a également, en tant que secteur professionnel, la responsabilité de communiquer aux consommateurs des informations concernant les risques. Il est essentiel que le secteur soit associé à tous les aspects de l'analyse des risques, pour que le processus décisionnel soit efficace et constitue une source majeure d'informations en matière d'évaluation et de gestion des risques. Ainsi, l'échange routinier d'informations entre le secteur industriel et les pouvoirs publics porte généralement sur les communications relatives à l'établissement de normes ou à l'obtention des approbations nécessaires aux innovations intéressant la technologie, les ingrédients ou l'étiquetage. À ce propos, les étiquettes placées sur les aliments ont été et continuent d'être utilisées de façon généralisée pour communiquer des informations sur les ingrédients, de même que des instructions sur la bonne façon de manipuler les produits alimentaires; ainsi, l'utilisation des étiquettes comme instrument de communication constitue une forme de gestion des risques.

L'un des objectifs de la gestion des risques consiste à identifier le niveau le plus bas de risque pouvant raisonnablement être toléré. Cet objectif peut nécessiter une connaissance des variables et des potentiels spécifiques à un processus dans le cas d'un système de transformation et de manipulation des aliments. C'est le secteur qui connaît le mieux ces variables et potentiels, si bien que l'information qu'il est en mesure de fournir est un élément vital pour les gestionnaires des risques lorsqu'ils collaborent avec les évaluateurs des risques pour préparer le contexte et les scénarios nécessaires au processus d'évaluation des risques.

Les consommateurs et les organisations de consommateurs

L'opinion publique considère qu'une participation à la fois large et transparente à l'analyse des risques au niveau national constitue un élément essentiel d'une bonne politique de protection de la santé publique. La participation précoce du public ou des organisations de consommateurs au processus d'analyse des risques contribue à faire prendre en compte les préoccupations des consommateurs, tout en favorisant de manière générale une meilleure compréhension, de la part du public, des processus d'évaluation des risques et des modalités conduisant aux décisions fondées sur les risques. Une telle participation peut en outre étayer les décisions relevant de la gestion des risques qui découlent de l'évaluation. Il appartient aux consommateurs et à leurs organisations de faire part aux gestionnaires de la santé de leurs préoccupations et de leurs opinions concernant les risques sanitaires. Les organisations internationales de consommateurs jouissant du statut d'observateur auprès du Codex participent directement aux débats sur cette question. Les organisations internationales et nationales de consommateurs jouent un rôle important dans la diffusion directe, aux consommateurs, des informations concernant les risques sanitaires. Par ailleurs, les organisations de consommateurs coopèrent souvent avec les gouvernements et le secteur industriel pour faire en sorte que les messages adressés aux consommateurs concernant les risques soient formulés et diffusés de façon appropriée.

Le monde académique et les instituts de recherche

Les milieux académiques et ceux de la recherche peuvent être appelés à jouer un rôle important dans l'analyse des risques en partageant leurs connaissances spécialisées sur les questions de santé et de sécurité sanitaire des aliments, et en contribuant à identifier les dangers. Les médias, ou d'autres parties intéressées, peuvent également leur demander leur avis sur les décisions prises au niveau gouvernemental. Souvent, ces experts jouissent de la confiance du public et des médias et peuvent constituer des sources indépendantes d'information. Par ailleurs, les gestionnaires du risque souhaitant obtenir l'avis d'experts en matière de démarches et de stratégie de communication des risques peuvent s'adresser, avec profit, à des chercheurs engagés dans l'étude des perceptions des consommateurs ou dans l'évaluation de l'efficacité des méthodes de la communication.

Les médias

Il va sans dire que les médias jouent un rôle déterminant dans la communication des risques. En effet, ils sont à la source d'une bonne partie des informations diffusées dans le public à propos des risques sanitaires d'origine alimentaire. Les moyens de communication de masse, dont les formes varient, s'acquittent également de rôles qui varient en fonction du problème traité et de son contexte. Les médias peuvent se contenter de transmettre un message, ou ils peuvent le créer ou tout au moins l'interpréter. Ils ne sont pas limités aux sources officielles d'information et leurs messages traduisent souvent les préoccupations du public et d'autres secteurs de la société. Ce facteur facilite la communication des risques, étant donné que les gestionnaires des risques peuvent, de la sorte, prendre conscience de préoccupations qu'ils n'avaient pas perçues jusque-là.

Les éléments d'une communication efficace des risques

Les messages de communication des risques doivent, en fonction du contenu à communiquer et des destinataires, inclure des informations sur les aspects suivants:

La nature du risque

La nature des avantages

Les incertitudes touchant à l'évaluation des risques

Les options en matière de gestion des risques

Les principes de la communication des risques

BIEN CERNER LE PUBLIC

Il importe, lors de la formulation des messages comportant communication des risques, d'analyser le profil des destinataires afin de comprendre leurs motivations et leurs opinions. En d'autres termes, il convient d'étudier le public auquel on s'adresse, non seulement d'une manière générale, en tant que groupe, mais, dans toute la mesure possible, en considérant les individus qui le composent, afin de saisir ses préoccupations et ses sentiments et de maintenir une voie de communication ouverte avec ses membres. En effet, l'écoute attentive de toutes les parties intéressées constitue un volet important de la communication des risques.

IMPLIQUER LES EXPERTS SCIENTIFIQUES

Dans leurs fonctions d'évaluateurs des risques, les experts scientifiques doivent être capables d'expliquer les concepts et les processus auxquels ils ont recours. Il doivent être en mesure d'expliquer les résultats de leur évaluation ainsi que les données scientifiques, les hypothèses et les jugements subjectifs sur lesquels elle se fonde, afin que les gestionnaires du risque et les autres parties intéressées aient une compréhension claire des enjeux. Ils doivent en outre être capables d'indiquer clairement ce qu'ils savent et ce qu'ils ne savent pas et d'expliquer les incertitudes liées au processus d'évaluation. Par ailleurs, il faut que les gestionnaires du risque soient capables d'expliquer la manière dont ils parviennent aux décisions.

FAIRE APPEL À DES EXPERTS EN COMMUNICATION

Une bonne communication des risques suppose que l'on sache présenter des informations compréhensibles et utiles à toutes les parties intéressées. Il se peut que les gestionnaires du risque et les experts techniques ne disposent pas du temps ou des qualifications nécessaires à l'accomplissement de tâches complexes de communication des risques, telles que répondre aux besoins de différents publics (consommateurs en général, secteur industriel, médias, etc.) et préparer des messages efficaces. C'est pourquoi il importe d'obtenir, le plus tôt possible, l'intervention de personnes expertes en la matière. Ce savoir-faire aura été acquis, selon toute probabilité, au moyen de la formation et de l'expérience.

CONSTITUER UNE SOURCE CREDIBLE D'INFORMATION

Les informations provenant de sources crédibles ont plus de chances que les autres d'influencer la perception du public à l'égard du risque. La crédibilité accordée à une source par un public cible peut varier en fonction de la nature du danger, du contexte culturel, social et économique, ainsi que d'autres facteurs. Si le message a plusieurs sources et que sa forme est homogène, sa crédibilité s'en trouve renforcée. Les facteurs qui déterminent la crédibilité de la source sont, notamment, une compétence ou un savoir-faire reconnu, la fiabilité, l'équité et l'objectivité. À titre d'exemple, les termes que les consommateurs associent à une crédibilité élevée sont: factuel, bien informé, expert, bien-être public, responsable, franc et loyal et bonnes réalisations à son actif. Il importe de cultiver la confiance et la crédibilité, qui risquent d'être érodées, voire perdues, en cas de communication inefficace ou inappropriée. Les consommateurs consultés dans le cadre d'études ont indiqué que la méfiance et la faible crédibilité sont le résultat de l'exagération, de distorsions et de la perception d'un intérêt personnel.

Le communicateur efficace reconnaît la réalité des problèmes de l'heure, se montre ouvert quant au contenu et à la démarche et intervient en temps opportun. L'opportunité des messages est en effet de la plus haute importance, étant donné que nombre de controverses finissent par être polarisées sur la question « Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? », et non sur le risque lui-même. En outre, les omissions, les distorsions et les déclarations intéressées ne peuvent, à long terme, que nuire à la crédibilité.

PARTAGER LA RESPONSABILITÉ

Les organismes réglementaires gouvernementaux opérant aux niveaux national, régional et local ont une responsabilité fondamentale en matière de communication des risques. Le public s'attend à ce que le gouvernement assume la responsabilité principale de la gestion des risques pour la santé publique. Cela est vrai lorsque la décision en cause implique des contrôles réglementaires ou volontaires, mais c'est tout aussi vrai lorsque la décision gouvernementale consiste à ne prendre aucune mesure. Dans ce dernier cas, la communication reste essentielle, puisqu'il s'agit de justifier l'option jugée la meilleure, à savoir ne pas agir. Afin de comprendre les préoccupations du public et de s'assurer que les décisions en matière de gestion des risques répondent de façon adéquate à ces préoccupations, le gouvernement doit déterminer dans quelle mesure le public est informé et ce qu'il pense des différentes options prises en considération.

Les médias jouent un rôle essentiel dans le processus de communication et, de ce fait, partagent de ces responsabilités. La communication concernant les risques immédiats pour la santé humaine, en particulier lorsque les conséquences pour la santé pourraient être graves, comme dans le cas de maladies d'origine alimentaire, ne saurait être traitée de la même manière que les préoccupations moins immédiates en matière de sécurité sanitaire des aliments. Quant au secteur industriel, il a également une responsabilité en matière de communication des risques, notamment lorsque ceux-ci découlent de ses produits ou de ses processus. Toutes les parties impliquées dans le processus, à savoir les autorités gouvernementales, le secteur industriel et les médias, ont une part de responsabilité dans le résultat de cette communication, même si les rôles respectifs peuvent différer. Étant donné que la prise de décision doit avoir un fondement scientifique, toutes les parties impliquées dans le processus de communication doivent être au fait des principes et des données de base qui étayent l'évaluation du risque ainsi que des politiques qui sous-tendent les décisions relatives à sa gestion.

ÉTABLIR UNE DISTINCTION ENTRE DONNÉES SCIENTIFIQUES ET JUGEMENTS DE VALEUR

Il est essentiel, lors de l'examen des options en matière de gestion des risques, de distinguer les « faits » des « valeurs ». Au niveau concret, il est utile de dresser un bilan des faits connus et de les communiquer, tout en expliquant quelles sont les incertitudes associées aux décisions de gestion du risque qui seront proposées ou mises en oeuvre. Le communicateur des risques a donc la responsabilité d'expliquer ce qui a été établi de façon factuelle et de bien définir les contours de cette connaissance. La notion de niveau acceptable de risque relève en partie d'un jugement de valeur. En conséquence, les communicateurs des risques doivent être en mesure de justifier le niveau de risque acceptable vis-à-vis du public. Pour un grand nombre de personnes, un aliment « sûr » est un aliment qui ne comporte strictement aucun risque, notion bien souvent inaccessible. En pratique, lorsqu'un aliment est déclaré « sûr », cela signifie qu'il présente une innocuité relative. Bien préciser cet aspect constitue l'une des fonctions importantes de la communication des risques.

ASSURER LA TRANSPARENCE

Si l'on veut que le public accepte le processus d'analyse du risque et ses conséquences, il faut que ce processus soit transparent. En matière d'analyse du risque, la transparence consiste, dans le respect des préoccupations légitimes de préservation de la confidentialité (par exemple des informations privées/protégées d'un fabricant), à maintenir un processus ouvert et offert à l'examen des parties intéressées. Il est essentiel, si l'on veut parvenir à la transparence, que la gestion des risques préserve une communication interactive efficace entre les gestionnaires du risque, le public et les parties intéressées.

METTRE LE RISQUE EN PERSPECTIVE

L'une des façons de mettre le risque en perspective consiste à l'examiner dans le contexte des avantages associés à la technologie ou aux processus à l'origine de risque. Une autre approche utile consiste à comparer le risque incriminé à des risques analogues, plus familiers. Cependant, une telle démarche risque de créer des difficultés si l'impression prévaut que la comparaison entre certains risques a été choisie de façon intentionnelle, pour rendre le risque incriminé plus acceptable par le public. En général, il est préférable d'éviter les comparaisons entre risques, sauf si les conditions suivantes sont remplies:


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