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SMIAR

SAHEL : SITUATION MÉTÉOROLOGIQUE ET ÉTAT DES CULTURES

Système mondial d'information et d'alerte rapide
Rapport No 3 - 13 septembre 2007

 LES PREMIÈRES PERSPECTIVES DE RÉCOLTE SONT CONTRASTÉES DANS LE SAHEL

Guinée Bissau Cap-Vert Gambie Senegal Mauritanie Mali BKF Niger Tchad
Carte sensible du Sahel

RÉSUMÉ

Après les pluies inférieures à la normale enregistrées en juin et juillet en plusieurs endroits du Sahel, les précipitations se sont nettement améliorées en août dans les principales zones productrices, ce qui a permis la reconstitution des réserves d'eau et a eu un effet bénéfique sur les cultures qui souffraient de la sécheresse, améliorant ainsi les perspectives concernant la production dans la plupart des pays. De violentes précipitations et des inondations ont fait un grand nombre de victimes et endommagé les cultures dans plusieurs pays, dont le Burkina Faso, la Gambie, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Toutefois, dans les zones touchées par la sécheresse qui a sévi précédemment, le potentiel de rendement sera réduit et il faudra qu'il pleuve jusqu'à la fin de la campagne pour couvrir l'intégralité du cycle de végétation des semis tardifs ou des réensemencements. Le Cap-Vert est le seul pays où un temps sec a continué de sévir dans la plupart des zones productrices jusqu'à la fin août.

De l'ouest à l'est, les perspectives de récolte sont mauvaises au Cap-Vert, en raison des pluies tardives. En Gambie, en Guinée-Bissau et en Mauritanie les images satellite montrent que l'intensification des précipitations en août a eu un effet bénéfique sur les cultures et les parcours, mais pour que ceux-ci parviennent à pleine maturité, il faudra qu'il pleuve bien tout au long d'octobre. Au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, les perspectives de récolte se sont considérablement améliorées alors que les pluies ont été rares en juin. Les images satellite pour le début septembre montrent que des précipitations bénéfiques ont continué de tomber dans la plus grande partie du Sahel.

La situation des approvisionnements alimentaires reste dans l'ensemble satisfaisante dans la plupart des endroits de la sous-région. Toutefois, des milliers de personnes sont sans abri en raison des inondations et ont besoin d'aide d'urgence, sous forme de vivres et autres.


SITUATION PAR PAYS

 

BURKINA FASO  CAP VERT  GAMBIE  GUINEE BISSAU 
MALI  MAURITANIE  NIGER  SENEGAL  TCHAD

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BURKINA FASO :

Les perspectives de récolte se sont considérablement améliorées suite aux précipitations généralisées et supérieures à la normale tombées en août, mais des inondations ont entraîné de graves dégâts en certains endroits. Après des pluies irrégulières et inférieures à la moyenne jusqu'à la fin juin, qui ont obligé à réensemencer dans la plupart des régions et raccourci la période de végétation, les précipitations se sont nettement intensifiées à partir de la mi-juillet et sont restées abondantes en août. Des inondations importantes ont été signalées à l'ouest, au nord et au centre-ouest du pays. Selon les estimations d'une Mission d'évaluation conjointe FAO/gouvernement qui s'est rendue dans ces régions fin août/début septembre, les dégâts sont considérables en certains endroits: environ 22 212 hectares de cultures seraient sous l'eau dans l'ensemble du pays. De très nombreuses pertes d'animaux ont aussi été signalées. Outre la fourniture de secours alimentaires et autres, la mission a recommandé la mise en oeuvre d'activités qui permettent aux ménages touchés de produire de la nourriture et de dégager un revenu pendant la contre-saison (de décembre à février), ainsi que d'accéder à des programmes de reconstitution du cheptel.

En dépit des pluies violentes enregistrées actuellement, les stades de développement des cultures varient beaucoup d'une région à l'autre et sont dans l'ensemble en retard par rapport aux années normales en raison du démarrage difficile de la saison des pluies. À l'exception de quelques régions où les céréales sont au stade de l'épiaison ou de la floraison, le mil et le sorgho sont en général au stade de la montaison. En raison de l'arrivée tardive des précipitations et de la sécheresse initiale, il faudra qu'il continue de pleuvoir jusqu'en octobre pour que les cultures parviennent à pleine maturité. Les parcours se sont considérablement régénérés dans tout le pays. Dans l'ensemble, la situation des ravageurs serait calme.

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CAP-VERT :

Un temps sec a continué de sévir dans la plupart des îles productrices jusqu'à la fin août. Les semis de maïs commencent normalement en juillet et la production céréalière de cette année sera probablement durement touchée, quelles que soient les conditions météorologiques pour le reste de la campagne. Bien que même les bonnes années, le pays importe le gros de ses besoins de consommation, la population rurale, en particulier dans les zones semi-arides, pourrait être durement touchée.

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GAMBIE :

Les premières perspectives de récolte sont contrastées. Le démarrage de la campagne agricole a été tardif et les pluies ont été irrégulières dans la plupart des régions. Bien que les estimations de la pluviosité obtenues par télédétection indiquent une nette amélioration en août, il faudra qu'il pleuve jusqu'à la fin de la campagne pour couvrir l'intégralité du cycle de végétation des cultures et des parcours.

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GUINEE-BISSAU :

Le démarrage tardif des pluies a prolongé la période de disette et l'a aggravé. Bien que les images satellite montrent que davantage de pluies sont tombées en août, ce qui a eu un effet bénéfique sur les cultures et les parcours, le potentiel de rendement est gravement compromis en plusieurs endroits en raison de l'arrivée très tardive des pluies qui a été néfaste pour le repiquage du riz à partir des semis dans les rizières.

Par conséquent, la période de soudure s'est allongée pour les populations vulnérables qui subissent déjà les effets conjugués de la persistance des problèmes de commercialisation dans le secteur de la noix de cajou, principale source de revenus en espèces des ménages ruraux, et du renchérissement du riz sur le marché international.

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MALI :

Les perspectives de récolte se sont considérablement améliorées en raison des pluies abondantes et généralisées enregistrées en août, mais les inondations ont causé de graves dégâts en certains endroits. Les précipitations sont restées généralisées et abondantes en août et le développement des cultures est globalement satisfaisant, bien que les pluies violentes aient causé des dégâts dans quelques zones, notamment dans les régions de Kayes, Ségou et Mopti. Les stades de développement des cultures varient fortement en raison du démarrage tardif et irrégulier de la saison des pluies. S'agissant des céréales secondaires, ils vont du tallage à la floraison, tandis que le repiquage du riz irrigué est encore en cours. Dans les régions touchées par le temps sec qui a sévi précédemment, le potentiel de rendement sera réduit et il faudra qu'il pleuve jusqu'à octobre pour couvrir l'intégralité du cycle de végétation des semis tardifs ou des réensemencements.

Selon les résultats de l'évaluation à mi-parcours effectuée par le gouvernement, la superficie consacrée au coton a diminué de plus de 38 pour cent par rapport à l'an dernier, tandis que celle sous mil et sorgho a augmenté d'environ 22 pour cent. Près de 2 538 300 hectares ont été mis sous céréales secondaires en 2007 contre environ 2 148 475 hectares en 2006. Bien que ces estimations aient un caractère très provisoire, elles donnent à penser qu'il faudra soigneusement analyser et évaluer l'impact des précipitations irrégulières sur les disponibilités vivrières du pays et sur les revenus et la sécurité alimentaire des ménages.

L'état des parcours est en général bon. Des oiseaux granivores sont signalés à Mopti et Gao, tandis que des infestations de sauteriaux sont signalées dans les parcours à Bandiagara, Douentza, Ansongo et Ménaka. En ce qui concerne les criquets pèlerins, la situation est calme.

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MAURITANIE :

L'intensification des pluies à partir du début août a permis de procéder aux semis dans la plupart des zones agricoles mais les inondations ont causé des dégâts en certains endroits. La campagne agricole a démarré avec un mois de retard, mais les précipitations se sont nettement améliorées en août et il avait plu, à la fin du mois, dans la plupart du sud de la Mauritanie, à l'exception des régions de Tiris et Inchiri à l'ouest. Les pluies violentes et les inondations qui ont touché la ville de Tintane au sud-est au début août et les régions de Gorgol et Assaba au sud à la fin du mois ont entraîné de nombreuses victimes et causé des dégâts aux cultures et au bétail dans plusieurs localités. Bien que les semis aient bien avancé dans la plupart des régions productrices, les premières perspectives de récolte sont contrastées, la plupart des cultures pluviales semées début août ayant été inondées, tout comme les zones irriguées de Gorgol et Guidimakha.

Les parcours sont en voie de régénération, d'où une amélioration de l'état du bétail, mais la persistance du temps sec dans l'ouest a un effet néfaste sur les populations pastorales dans la zone. S'agissant des criquets pèlerins, des ailés isolés ont été signalés en août en quelques endroits du sud-est et une reproduction à petite échelle pourrait se produire là où il a plu récemment.

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NIGER :

Les conditions de végétation sont restées favorables en août et la récolte s'annonce bonne malgré les inondations. Des précipitations bénéfiques sont tombées de la fin juillet au mois d'août et restées généralisées au début septembre dans les principales zones productrices. Le développement des cultures est satisfaisant. En ce qui concerne les ravageurs, des infestations de sauteriaux, de mouches vertes et d'insectes nuisibles sont signalées dans la plupart des régions agricoles et des traitements au sol et aériens ont été entrepris. La situation des criquets pèlerins est calme, mais des ailés isolés ont été signalés dans le sud-est. Des ailés épars sont aussi probablement présents et une reproduction à petite échelle est attendue en certains endroits du Tamesna et des montagnes de l'Aïr, ce qui augmenterait légèrement le nombre de criquets pèlerins.

Bien que les pluies violentes et les inondations aient fait un grand nombre de victimes et endommagé les cultures dans quelques localités, notamment à Zinder, Agadez et Tahoua, une bonne récolte est escomptée.

Toutefois, en raison de l'arrivée tardive des précipitations et de la sécheresse initiale, il faudra qu'il continue de pleuvoir jusqu'en octobre pour que les cultures parviennent à pleine maturité dans l'ensemble du pays.

La situation des approvisionnements alimentaires s'est améliorée avec le début des moissons dans le pays et l'augmentation des importations céréalières en provenance des pays côtiers voisins. Néanmoins, l'insécurité persistante dans la région d'Agadez au nord pourrait perturber les activités commerciales et limiter les flux de produits entre le nord déficitaire et le sud, ce qui aurait de graves conséquences sur la sécurité alimentaire.

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SÉNÉGAL :

Les perspectives de récolte se sont améliorées en raison de l'intensification des pluies en août. Après des précipitations irrégulières et insuffisantes dans la plupart des endroits au début de la campagne agricole, les pluies se sont intensifiées en août dans les principales régions productrices, ce qui a permis de reconstituer les réserves d'eau des sols et d'améliorer les perspectives de récolte. Les images satellite pour la fin août/le début septembre indiquent que les cultures ont continué de bénéficier de bonnes précipitations, notamment dans le sud. Toutefois, étant donné que les semis ont été retardés et qu'il a fallu réensemencer dans plusieurs régions, notamment à Diourbel, Louga, Tambacounda et Fatick, il faudra qu'il pleuve jusqu'à la fin de la campagne pour couvrir l'intégralité du cycle de végétation des cultures et des parcours.

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TCHAD :

Les conditions de végétation demeurent généralement favorables. En août, les pluies ont été abondantes et généralisées, après les précipitations irrégulières et inférieures à la moyenne qui ont retardé les semis en certains endroits. Bien que dans l'ensemble, les perspectives soient bonnes, l'insécurité a entravé l'accès aux intrants dans l'est du pays, ce qui pourrait avoir une incidence négative sur la production en certains endroits.

La situation globale des approvisionnements alimentaires reste satisfaisante. Néanmoins, l'accès à la nourriture reste très difficile pour de vastes segments de la population, notamment dans l'est du pays où les mauvaises conditions de sécurité continuent de perturber les activités commerciales et limitent la circulation de produits entre régions. La situation a été aggravée par les violentes pluies et les inondations enregistrées récemment, qui auraient emporté plusieurs camps et limitent l'accès des organismes d'aide humanitaire aux PDI tchadiens et aux réfugiés en provenance du Darfour au Soudan.

SOURCES:

Voici le premier rapport du SMIAR sur les conditions météorologiques et l'état des cultures dans les pays sahéliens de l'Afrique de l'Ouest en 2007. L'aire géographique couverte par ces rapports comprend les neuf pays membres du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), à savoir Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée-Bissau, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad. Ces rapports seront établis tous les mois de juin à octobre.

Ces rapports sont établis en utilisant des données fournies par les représentations de la FAO dans les pays, le Groupe agrométéorologique et Groupe de surveillance de l'environnement (SDRN), le Groupe acridiens, migrateurs nuisibles et opérations d'urgence (ECLO), le Service des opérations d’urgence (TCEO), le Programme alimentaire mondial (PAM), ainsi que diverses organisations non gouvernementales (ONG). Pour le présent rapport ont été utilisés les données pluviométriques locales, l’imagerie satellitaire fournie par FAO/ARTEMIS, les rapports de terrain et informations communiquées par les représentants de la FAO jusqu'au 31 juillet. Les images satellites de la première décade de juin ont été également analysées pour une dernière mise à jour.

*QUELQUES DEFINITIONS

Dans ces rapports sont mentionnées quatre zones écoclimatiques qui se différencient par le niveau de leurs précipitations annuelles moyennes et leurs caractéristiques agricoles (zone sahélienne, zone soudano-sahélienne, zone soudanienne et zone guinéenne). Ces zones sont décrites ci-dessous:

Zone sahélienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 250 à 500 mm. C'est la zone située à la limite de la végétation pérenne; là où les précipitations sont inférieures à 350 mm, il n'y a que des pâturages et, parfois, des cultures céréalières à cycle court résistant à la sécheresse; dans cette zone, toutes les activités agricoles sont hautement aléatoires.

Zone soudano-sahélienne : Les précipitations annuelles se situent entre 500 et 900 mm. Là où elles sont inférieures à 700 mm, on pratique surtout des cultures ayant un cycle de végétation bref de 90 jours, c'est?à?dire principalement du sorgho et du mil.

Zone soudanienne : Les précipitations annuelles moyennes varient de 900 à 1 100 mm. La plupart des céréales cultivées ont un cycle de végétation de 120 jours ou plus. C'est la zone où l'on produit l'essentiel des céréales, notamment du maïs, des racines et tubercules, et des cultures de rapport.

Zone guinéenne : Les précipitations annuelles moyennes dépassent 1 100 mm. Font partie de cette zone, où il est plus facile de cultiver des racines, la Guinée-Bissau et une petite partie du Sud Burkina Faso, du Sud Mali et de l'extrême Sud du Tchad.

Il sera également question de la "Zone de convergence intertropicale", dont la trace à la surface du sol est dénommée "front intertropical". Il s'agit d'une zone quasi permanente entre deux masses d'air qui sépare les alizés de l'hémisphère Nord et ceux de l'hémisphère Sud. Elle se déplace au nord et au sud de l'Equateur et arrive généralement en juillet à sa position située le plus au nord. Sa position fixe les limites septentrionales des précipitations possibles au Sahel; les nuages de pluie se situent généralement à 150 ou 200 km au sud du front.

Veuillez noter que ce rapport est disponible en français et en anglais sur World Wide Web de l'Internet à l’adresse suivantes : HTTP://WWW.FAO.ORG/GIEWS/ puis cliquer sur Suivi de l’hivernage au Sahel.

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Le présent rapport a été rédigé pour usage officiel seulement sous la responsabilité du secrétariat de la FAO/SMIAR, sur la base d'informations provenant de sources officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de contacter pour plus de détails, si nécessaire :
Henri Josserand, Chef, Système mondial d’information et d’alerte rapide, Siège central de la FAO, Rome

Télécopie No : 0039-06-5705-4495, Courrier électronique : : [email protected]

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