novembre 2007  
 Perspectives de l'alimentation
  Analyse des marchés mondiaux

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BLÉ

CÉRÉALES SECONDAIRES

RIZ

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SUCRE

VIANDES ET PRODUITS CARNÉS

LAIT ET PRODUITS LAITIERS

POISSON ET PRODUITS DE LA PÊCHE

ENGRAIS

TAUX DE FRET MARITIME

Dossiers spéciaux

Appendice statistique

Indicateurs du marché et factures des importations vivrières

Annonce

SUCRE

PRIX

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La perspective d’un excédent consécutif de sucre pour 2007/08 affaiblit les cours internationaux du sucre

Les cours mondiaux du sucre ont baissé de 9,29 cents EU par livre en juin 2007, ce qui équivaut à une chute de presque 52 pour cent par rapport aux plus hauts depuis 25 ans atteints au début de 2006. Après une reprise à 10,17 cents EU par livre en juillet, les prix ont décliné jusqu’à 9,81 cents EU par livre en août et 9,76 cents EU par livre en septembre, équivalant à une moyenne de prix pour les neuf premiers mois de 2007 (janvier-septembre) de 10,01 cents EU par livre1/; une baisse de 37 pour cent par rapport à la moyenne des prix correspondante pour 2006. De vastes disponibilités dans les pays exportateurs, en particulier le retour de l’ Inde du statut d’importateur net à celui d’exportateur net de sucre après deux années consécutives de production difficile, ont été à l’origine du déclin des prix.

Il est généralement admis que le secteur du sucre a réagi excessivement aux prix élevés de l’an dernier, en accroissant considérablement ses superficies et sa capacité de transformation, et en provoquant un effondrement des prix. Les perspectives des prix pour 2007/08 ont été atténuées par des estimations préliminaires qui indiquaient que la production mondiale de sucre pourrait dépasser la consommation de quelque 12 millions de tonnes, pour la seconde campagne consécutive. L’évolution du prix du marché au cours des prochains mois dépendra très probablement de l’ampleur réelle de l’excédent de production dans les principaux pays exportateurs et de la reconstitution prévue des réserves de sucre dans les pays consommateurs.

Perspectives de l'alimentation

 

Les prix du sucre pourraient-ils descendre au-dessous de leurs niveaux actuels?

Parmi ces perspectives généralement négatives, quelques facteurs pourraient contribuer à atténuer le déclin des prix. Premièrement, aux niveaux actuels, les cours internationaux du sucre sont trop faibles pour couvrir les coûts dans tous les grands pays producteurs, à l’exception du Brésil. La faiblesse du dollar EU par rapport aux monnaies de plusieurs pays exportateurs a accentué l’effondrement des prix, lorsqu’ils sont libellés en monnaies nationales, jusqu’à des niveaux insoutenables. L’ Inde, par exemple, a déjà annoncé qu’elle n’exporterait pas de sucre à un prix inférieur à 10 cents EU par livre, une décision qui soutiendrait dans une certaine mesure les prix mondiaux, en dépit du vaste excédent mondial. Deuxièmement, considérant les nouveaux sommets atteints par les prix du pétrole, le Brésil, le plus important exportateur de sucre, devrait transformer davantage de canne à sucre en éthanol qu’en sucre, en raison de meilleurs rendements. Cette orientation priverait le marché mondial de grandes quantités de sucre et réduirait donc la pression vers le bas exercée sur les prix. Le Brésil a déjà annoncé que, à compter du 1er septembre, la production de sucre dans les zones centre-sud de son territoire avait diminué de 8,8 pour cent sur l’année, tandis que la production d’éthanol s’était accrue de 12,6 pour cent. Enfin, la hausse des prix du maïs augmente les coûts de production du sirop de maïs à haute teneur en fructose (SHTF), ce qui favorise l’utilisation d’édulcorants alternatifs tels que le sucre. Le sucre, tout comme le SHTF sont concurrents sur le marché des édulcorants mais, en raison de l’avantage comparatif du prix du sucre sur le SHTF, l’industrie des aliments et des boissons tendrait à recourir davantage au sucre comme succédané des édulcorants à base de maïs. Tout cela alimente la conviction que, en dépit d’un juste équilibre entre l’offre et la demande, il existe des forces qui soutiennent en quelque sorte le marché mondial du sucre. Ces facteurs ne suffiront probablement pas à renverser l’effondrement des prix, surtout si les prix du pétrole brut chutent significativement et si le déséquilibre du marché mondial du sucre est ultérieurement exacerbé par des excédents plus importants que prévus pour la campagne 2007/08.

PRODUCTION2/

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La production mondiale de sucre devrait encore progresser en 2007/08

La production mondiale de sucre en 2007/08 (octobre/septembre), selon les estimations de la FAO, devrait atteindre 169 millions de tonnes (en équivalent sucre brut), une hausse de 2,7 pour cent par rapport à l’année précédente, et environ de 12 millions de tonnes de plus que la consommation de sucre prévue qui s’établirait à 157 millions de tonnes. Pratiquement toute la croissance de la production serait imputable aux pays en développement qui devraient produire 128,5 millions de tonnes, une hausse par rapport aux 124,3 millions de tonnes de 2006/07 sous l’impulsion d’une récolte record en Inde. La production totale des pays développés est prévue à 40,5 millions de tonnes, soit 0,7 pour cent de plus que l’année précédente, attribuable à des augmentations en Australie et aux États-Unis.

En ce qui concerne la région Amérique latine et Caraïbes, le Brésil devrait produire 32,2 millions de tonnes en 2007/08, niveau relativement inchangé par rapport à 2006/07, ce malgré une récolte exceptionnelle de canne à sucre grâce à des conditions climatiques relativement favorables qui ont stimulé les rendements. À dire vrai, entre 54 et 55 pour cent de la récolte de canne à sucre du Brésil en 2007/08 devrait être convertie en éthanol plutôt qu’en sucre. Au Mexique, la production de sucre est prévue à 5,7 millions de tonnes, une hausse de 5,1 pour cent par rapport à la campagne 2006/07 qui a été marquée par un climat défavorable dans le principal État producteur de Veracruz. L’attente d’une croissance en 2007/08 s’explique par une légère augmentation des superficies ensemencées et suppose un retour à des conditions de croissance moyennes. Le défi qui se pose au Mexique est la libéralisation totale du marché des édulcorants avec les États-Unis d’ici janvier 2008, dans le cadre de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). La production de sucre devrait être supérieure en Argentine, suite à des augmentations des semis et de la capacité de broyage, et favorisée par la dévaluation du peso et par de bons rendements pour le sucre en 2006. La production de sucre devrait également progresser en Colombie, en Équateur, au Guatemala et au Pérou, tandis qu’elle devrait baisser à Cuba en raison de conditions de croissance défavorables.

La production totale de sucre en Afrique devrait atteindre 10,6 millions de tonnes en 2007/08, soit une hausse de 125 000 tonnes, ou 1,2 pour cent, par rapport à l’année précédente. Tandis qu’une forte croissance est anticipée en Afrique du Sud, la production pourrait diminuer au Kenya et à Maurice. En Égypte, la production est prévue à 1,8 million de tonnes, légèrement supérieure à 2006/07, avec la récolte de betterave responsable pour l’essentiel de l’augmentation. Le gouvernement tient à promouvoir la production de betterave plutôt que de canne pour pallier les difficultés liées au manque d’eau et de ressources foncières. Après deux ans d’extrême sécheresse, la production de sucre au Swaziland ne devrait reprendre que marginalement par rapport au niveau de la campagne précédente, en raison de conditions de croissance non idéales. Des augmentations sont aussi prévues pour 2007/08 au Mozambique, au Soudan et en République-Unie de Tanzanie, alimentées par des plans d’expansion croissante dans l’attente du libre accès au marché de l’Union européenne d’ici 2009, dans le cadre de l’Initiative tout sauf les armes. La production en Éthiopie est prévue à 360 000 tonnes, relativement inchangée par rapport à 2006/07, mais le secteur pourrait bénéficier d’un appui institutionnel renouvelé. Le gouvernement a annoncé des plans d’expansion qui consisteraient à multiplier par cinq la production de sucre pour atteindre 1,52 million de tonnes d’ici 2012/13. La production de sucre devrait diminuer au Kenya, en raison de difficultés structurelles et de conditions climatiques défavorables. La production intérieure pourrait être ultérieurement perturbée avec l’expiration du mécanisme de sauvegarde prévu dans le cadre du Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) en 2008, dont la levée donnera un plein accès au marché aux pays producteurs de sucre membres de Comesa les plus efficaces, tels que le Soudan.

Perspectives de l'alimentation

 

La production estimée en Asie s’établit actuellement à 68,5 millions de tonnes pour 2007/08, en hausse de 6,6 pour cent par rapport au niveau de 2006/07, surtout grâce aux gains importants enregistrés en Inde, Chine et Thaïlande. En 2007/08, l’ Inde devrait surclasser le Brésil en tant que plus grand producteur de sucre du monde. La croissance anticipée de 9,5 pour cent pour cette campagne arrive après une augmentation vérifiée lors de la campagne 2006/07, lorsque les moussons ont donné lieu à d’importantes précipitations dans les superficies sous canne à sucre de Karnataka, Gujarat et Uttar Pradesh, principales régions productrices. Dans des conditions climatiques normales, la production de sucre devrait atteindre 32,4 millions de tonnes en 2007/08, considérant que les prix élevés de la canne à sucre et l’appui institutionnel du gouvernement, au niveau de l’État ainsi qu’au niveau fédéral, ont encouragé la progression des superficies sous canne à sucre de 200 000 hectares à 4,7 millions d’hectares. En Chine, la production prévue devrait atteindre 13 millions de tonnes, environ 700 000 tonnes de plus que l’année précédente, surtout grâce à de meilleures conditions climatiques et de prix avantageux. En Thaïlande, la production de sucre est prévue à 7,5 millions de tonnes, une augmentation d’environ 6,8 pour cent par rapport à 2006/07, suite à une croissance substantielle des semis de canne à sucre. Une expansion est également prévue pour l’ Indonésie, le Pakistan et la Turquie.

En Europe, la production de sucre de l’UE des 27 prévue devrait diminuer pour s’établir à 16,8 millions de tonnes, encore légèrement supérieure d’environ 0,2 million de tonnes au contingent de production révisé pour 2007/08. L’Union européenne entend réduire la production de sucre de 6 millions de tonnes sur les quatre ans prévus par le programme de restructuration. La production est prévue en hausse en Fédération de Russie, sous l’impulsion d’une expansion des superficies sous betterave à sucre et de pratiques agricoles améliorées, tandis qu’elle devrait diminuer en Azerbaïdjan, au Bélarus et en Ukraine. En ce qui concerne le reste du monde, la production de sucre prévue aux États-Unis devrait être légèrement supérieure à celle de 2006/07, reflétant un retour à des conditions de croissance normales après des cultures endommagées par l’ouragan en Floride et Louisiane, en 2006/07. De la même façon, la production attendue en Australie devrait reprendre après la sécheresse et les cyclones affrontés en 2006/07.

UTILISATION

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Les pays en développement soutiennent la croissance de la consommation de sucre

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La consommation mondiale de sucre en 2007/08 est prévue à 157 millions de tonnes, soit une hausse de 3,5 millions de tonnes par rapport à 2006/07, imputable à des augmentations en Asie et en Amérique latine et aux Caraïbes . En moyenne, cela ferait progresser la disponibilité mondiale par habitant, de 23,5 Kg en 2006/07 à 23,8 Kg en 2007/08. Les faibles prix actuels devraient encourager une demande supplémentaire et entraîner également une substitution du SHTF par le sucre, compte tenu des prix élevés du maïs. La consommation de sucre dans les pays en développement devrait s’accroître de 2,9 pour cent pour s’établir à 107,6 millions de tonnes, soutenue par la croissance du revenu par habitant et par celle de la population. La consommation de sucre en Chine devrait atteindre 13,5 millions de tonnes, en hausse de 3,7 pour cent par rapport à 2006/07, sous l’impulsion d’une expansion continue de l’utilisation du sucre dans les industries alimentaire et des boissons. De même, la consommation de sucre d’une année sur l’autre est attendue en hausse en Inde, stimulée par de faibles prix. La consommation de sucre devrait également augmenter en Amérique latine et aux Caraïbes, où elle pourrait atteindre 27,9 millions de tonnes, en hausse de 2,9 pour cent par rapport à 2006/07. L’essentiel de cette croissance est imputable au Brésil et au Mexique où l’utilisation est estimée à 11,4 millions de tonnes et 5,6 millions de tonnes respectivement. La consommation de sucre prévue d’une année sur l’autre devrait être relativement stable dans les pays développés, en particulier dans l’Union européenne, en République de Corée et aux États-Unis. Les taux de croissance sur ces marchés sont limités considérant une utilisation par habitant déjà élevée, de près de 36 Kg, une lente croissance de la population et des préoccupations de nature diététique.

COMMERCE

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Le commerce mondial du sucre devrait se contracter du fait d’une faible demande d’importations

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Le commerce mondial du sucre devrait atteindre 45,4 millions de tonnes en 2007/08 (octobre/septembre), niveau légèrement inférieur à celui estimé pour 2006/07. Les perspectives du commerce sont fortement aléatoires à ce stade compte tenu des nombreuses incertitudes liées au résultat final du cycle de production pour 2007/08. Cependant, le ralentissement attendu des échanges refléterait une plus faible demande d’importations suite à une croissance de la production dans les pays importateurs traditionnels. En ce qui concerne l’ Europe, les importations de la Fédération de Russie, le plus important importateur de sucre du monde, devraient décliner de 1,7 pour cent, pour s’établir à 3,5 millions de tonnes, car elle est en passe d’appliquer un droit d’importation saisonnier beaucoup plus élevé en 2008, soit 240 dollars EU. Les achats par le Bélarus et l’ Ukraine devraient également chuter, principalement du fait de larges stocks disponibles, tandis que les importations totales de l’UE des 27 sont prévues à 3,2 millions de tonnes, pratiquement au même niveau que celui des importations de 2006/07 par l’UE des 25. En ce qui concerne l’ Asie, en raison des résultats positifs obtenus pour la production en général, les livraisons de sucre vers la Chine devraient descendre à 1,2 million de tonnes, en baisse par rapport aux 2,1 millions de tonnes de 2006/07. De la même façon, les expéditions prévues vers le Pakistan et la République de Corée devraient se resserrer, tandis que celles vers l’ Indonésie et la Malaisie pourraient augmenter. En ce qui concerne le reste du monde, les livraisons vers les États-Unis sont prévues à 1,9 million de tonnes, 135 000 tonnes de plus que lors de la campagne précédente, tandis que les importations prévues en Afrique devraient connaître un ultérieur essor du fait d’une forte demande intérieure. La dépréciation du dollar EU par rapport à certaines monnaies pourrait également stimuler les importations vers le continent.

En raison d’une plus ample production dans les pays exportateurs, les disponibilités exportables devraient être conséquentes en 2007/08. Cependant, la concurrence entre les pays exportateurs sera probablement féroce dans la perspective d’une plus faible demande des pays importateurs traditionnels. En ce qui concerne l’Amérique latine et les Caraïbes, le Brésil, le plus grand exportateur du monde, devrait expédier 20,8 millions de tonnes, environ 2,6 pour cent de plus qu’en 2006/07. En Asie, les exportations totales prévues devraient dépasser les 13,4 millions de tonnes, soit une hausse de 37 pour cent par rapport à l’an dernier. En Inde, les exportations pourraient atteindre les 4,5 millions de tonnes, sous l’impulsion d’une large demande et de la récente décision du gouvernement de lever tous les contrôles sur le commerce du sucre, y compris une interdiction sur les exportations. Une forte production intérieure pourrait aussi encourager des augmentations des ventes de la Thaïlande, avec des expéditions qui devraient atteindre 4,8 millions de tonnes, principalement destinées aux marchés de l’ Asie. Compte tenu de la flambée des taux de fret, le régime des échanges devrait être en effet fortement influencé cette année par la distance entre les fournisseurs et les marchés des pays importateurs.


1.  221 dollars EU par tonne.

2.  Les chiffres relatifs à la production mondiale correspondent au sucre centrifugé dérivé de la canne à sucre ou de la betterave à sucre, exprimé en équivalent brut. Les données se réfèrent à la campagne qui s’étend d’octobre à septembre.

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