juin 2008 | ||
Perspectives de l'alimentation | ||
Analyse des marchés mondiaux | ||
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CÉRÉALES SECONDAIRES
La forte demande, associée aux incertitudes qui règnent sur les récoltes de cette année, continue à ce jour de pousser les prix vers le haut. La hausse des prix de l’énergie et la baisse constante du dollar E.-U. ont également appuyé cette évolution. Le prix de la plupart des céréales secondaires, en fonction de leur type et de leur origine, s'est fortement accru ces derniers mois, gagnant jusqu'à 45 à 65 pour cent par rapport à la même époque l'an dernier. Les prix internationaux du maïs ont commencé à monter à partir de février, battant à plusieurs reprises tous les records enregistrés jusqu’ici. Le maïs américain (Numéro 2 jaune, Golfe) affichait 247 USD la tonne en avril, en progression de 20 pour cent par rapport au début de l'année. À la mi-mai, les prix du maïs des États-Unis avoisinaient 240 USD la tonne, soit un repli par rapport à avril, mais toujours 50 pour cent (80 USD la tonne) de plus qu'à la même époque l'an dernier. La fermeté des prix du maïs s'explique essentiellement par la contraction des disponibilités. Aux États-Unis, principal producteur et exportateur mondial, le recul des superficies ensemencées signalé cette année, associé au temps froid et humide qui a ralenti les semis, a encore joué en faveur du maïs et des prix des autres céréales fourragères en avril et au début mai. Sur les autres marchés, les prix de l' orge fourragère ont augmenté d'environ 45 pour cent par rapport à leur niveau de l'an dernier. Les perspectives favorables concernant la récolte de cette année ont exercé une pression sur les prix de l'orge, et la situation généralement tendue sur les marchés devrait se poursuivre tant que les estimations concernant la production ne sont pas plus fermes. Les prix du sorgho ont augmenté d'environ 60 pour cent par rapport à l'an dernier, sous l'effet de la forte demande d'importation et des achats record de l’Union européenne. L'évolution des prix sur le marché à terme a également fait écho à la situation qui prévaut sur les marchés au comptant, la contraction des disponibilités de maïs et la robustesse de la demande attendues faisant grimper les prix. À la mi-mai, le contrat négocié au Chicago Board of Trade (CBOT) portant échéance en décembre 2008 était coté 244 USD la tonne environ, soit quelque 60 pour cent (environ 90 USD) de plus qu'à la même époque en 2007. Compte tenu des prévisions actuelles concernant l'offre et la demande pour la nouvelle campagne, les prix devraient rester élevés. Tandis que dans une certaine mesure, les disponibilités plus abondantes de blé risquent de freiner la demande de céréales secondaires et d'exercer une pression à la baisse sur les prix tout au long de la campagne, la situation reste porteuse et des gains sont encore envisageables, en particulier si la production de 2008 recule par rapport aux attentes actuelles. En ce qui concerne la demande, le facteur le plus important sera probablement le volume de maïs consommé par les États-Unis dans le secteur de l'éthanol.
Tableau 3. Aperçu général du marché des céréales secondaires
* janvier-avril 2008
Alors que les premières grandes récoltes de céréales secondaires de 2008 sont actuellement rentrées dans plusieurs pays du monde, les prévisions de la FAO établissent la production mondiale de céréales secondaires à 1088,6 millions de tonnes, niveau record qui marque une légère hausse (1,6 pour cent) par rapport au record mondial enregistré l'an dernier. Après une croissance exceptionnelle en 2007, la production de maïs devrait rester pratiquement inchangée en 2008 pour s'établir à 779,6 millions de tonnes. Les récoltes plus abondantes déjà engrangées dans l'hémisphère Sud et un redressement de la production en Europe devraient compenser le recul de la production aux États-Unis. En Amérique du Sud, la récolte de la campagne principale est en cours et la production devrait passer à un nouveau niveau record d'environ 89 millions de tonnes suite à l'expansion des superficies en Argentine et au Brésil, les plus gros producteurs de la région, en réaction à la hausse des cours mondiaux. En Afrique australe, en dépit des conditions météorologiques moins qu'idéales qui ont régné tout au long de la campagne (pluies tardives à l'époque des semis, inondations puis retour à un temps trop sec en certains endroits), les perspectives globales concernant les principales céréales secondaires sont jugées bonnes, en particulier en Afrique du Sud touchée par la sécheresse l'an dernier. Dans l'hémisphère Nord, le gros des céréales secondaires les plus importantes de 2008 sera mis en terre au cours des prochaines semaines. Aux États-Unis, un recul de 8 pour cent de la superficie consacrée au maïs est prévu après les semis exceptionnels de l'an dernier; néanmoins, elle devrait rester à un niveau très élevé par rapport au passé récent, du fait de la forte demande et des prix élevés. Toutefois, du fait des retards importants de semis enregistrés fin avril et début mai en raison du temps humide, il faudra compter fortement sur un temps plus sec pendant le reste de la campagne de semis pour couvrir la surface prévue. À supposer que les producteurs puissent achever les semis prévus dans les délais habituels, la récolte devrait avoisiner 308 millions de tonnes en 2008, soit quelque 7 pour cent de moins que l'an dernier.
En Europe, la production de maïs devrait se redresser nettement par rapport au niveau réduit par la sécheresse enregistré l'an dernier dans certains des principaux pays producteurs de l’est de la région, tels que la Hongrie, la Roumanie et l' Ukraine. En Asie, la récolte de maïs devrait rester pratiquement inchangée cette année par rapport au bon niveau de l'an dernier (207 millions de tonnes). La production de la Chine, qui est de loin le plus gros producteur de la région, devrait rester nettement au-dessus de la moyenne des cinq dernières années (149 millions de tonnes). S'agissant de l' orge, qui est la deuxième céréale secondaire, la production devrait nettement augmenter en 2008 - à savoir de quelque 10 pour cent - pour s’établir à près de 148 millions de tonnes. En Europe, la production devrait gagner 12 pour cent, hausse considérable qui s’explique par l’expansion des semis dans plusieurs pays, mais également par la reprise des rendements après le mauvais temps qui a sévi par endroits l'an dernier. Dans l’ Union européenne, comme pour le blé, l’abandon de la mise hors culture obligatoire d’une partie des terres pour la campagne agricole en cours a facilité l'expansion des superficies cultivées, similaire à celle constatée pour les semis de blé. En Amérique du Nord, toutefois, la superficie exploitée en orge au Canada devrait diminuer en faveur d’une progression des superficies sous blé, mais la production pourrait augmenter aux États-Unis. Parmi les autres grands pays producteurs d'orge dans le monde, des récoltes plus abondantes sont aussi attendues en Afrique du Nord où les conditions météorologiques se sont améliorées après la sécheresse de l'an dernier, ainsi qu'en Australie où l'on prévoit des semis importants si les pluies arrivent en quantités suffisantes et au bon moment. La production mondiale de sorgho de 2008 devrait atteindre, selon les prévisions, quelque 64 millions de tonnes, soit 2,4 pour cent de plus que la récolte de l'an dernier. Cette augmentation est attribuable à des récoltes plus abondantes dans la plupart des grands pays producteurs de sorgho, à l'exception des États-Unis, où les semis devraient reculer.
Les échanges (exportations) de céréales secondaires devraient accuser un net ralentissement en 2008/09 (juillet/juin) et tomber à 111,5 millions de tonnes, soit une baisse de 13 millions de tonnes (9 pour cent) par rapport aux exportations estimatives de 2007/08. Cette perspective représente un renversement quasi complet de la situation observée en 2007/08, époque à laquelle la croissance des exportations de maïs et de sorgho avaient porté les échanges de céréales secondaires à un volume record. Les échanges internationaux de maïs et de sorgho devraient retrouver des niveaux plus normaux au cours de la nouvelle campagne, ce qui sera principalement le fait de l’ Union européenne. Tandis qu'en 2007/08 l’Union européenne a eu recours à des importations record de céréales secondaires, principalement en provenance du Brésil et des États-Unis, pour compenser son déficit en céréales fourragères dû à la réduction des disponibilités intérieures de blé, la reprise attendue de sa production de blé pendant cette campagne la rend moins tributaire des importations au cours de la nouvelle campagne. Le commerce mondial de maïs en 2008/09 devrait s’établir à 85 millions de tonnes, soit presque 12,5 millions de tonnes de moins que le sommet atteint en 2007/08. Le commerce mondial du sorgho devrait tomber à environ 7 millions de tonnes, soit 2 millions de tonnes de moins que le volume estimatif exporté en 2007/08. Toutefois, les échanges d' orge devraient augmenter d'environ 3 millions de tonnes pour passer à 16,5 millions de tonnes. Cette progression s'explique par l'augmentation des disponibilités exportables de l’ Australie, de l’ Union européenne, de la Fédération de Russie et de l' Ukraine, qui ensemble devraient nettement compenser le déclin enregistré au Canada et au Kazakhstan. Le volume des échanges d' avoine et de seigle ne devraient guère changer par rapport à l'an dernier et se maintenir respectivement à 2 millions de tonnes et 500 000 tonnes.
À l'échelle régionale, en Europe, comme il a été déjà mentionné, les importations devraient fortement chuter en raison de la diminution des achats de l’ Union européenne, pour tomber à 8 millions de tonnes, soit un niveau inférieur au sommet de 12 millions de tonnes atteint en 2007/08. L'Asie représente de loin le marché le plus important pour les céréales secondaires, et les importations totales des pays de ce continent devraient encore grimper de 2 millions de tonnes pour atteindre un volume record de plus de 60 millions de tonnes en 2008/09, soit presque 55 pour cent des échanges internationaux. Le gros de l'augmentation prévue devrait concerner la République islamique d'Iran, l’ Arabie saoudite et la République arabe syrienne, du fait essentiellement de la réduction de leur production intérieure qui est prévue en 2008. Les importations devraient également augmenter en République de Corée suite à la forte demande de fourrage. En Afrique, les importations totales devraient reculer d'un million de tonnes pour passer à 16 millions de tonnes en 2008/09. Au Maroc, une reprise de la production par rapport à l'an dernier, où les récoltes d'orge avaient souffert de la sécheresse, devrait faire baisser les importations. En outre, l'attente d'une récolte de maïs exceptionnelle en Afrique du Sud devrait aider le pays à réduire ses importations et à reprendre sa place de grand exportateur de maïs au niveau régional. Toutefois, au Kenya, un fléchissement probable de la production de maïs cette année pourrait faire doubler les importations. Les importations ne devraient guère changer dans la plupart des autres pays d'Afrique. En Amérique latine et dans les Caraïbes, les importations totales devraient, selon les prévisions, diminuer de près de 2 millions de tonnes pour passer à 23 millions de tonnes environ en 2008/09. Les importations de maïs du Mexique devraient fléchir d'un million de tonnes en raison de la croissance attendue de la production intérieure. Les importations du Brésil pourraient diminuer de moitié car l'on attend une récolte de maïs record cette année. Les importations de la plupart des autres pays de la région devraient rester inchangées par rapport à 2007/08. La réduction attendue de la demande d'importation mondiale devrait atténuer l'impact de la contraction sensible des disponibilités exportables. Parmi les principaux exportateurs, la chute de la production de maïs aux États-Unis, associée à la hausse prévue de l'utilisation intérieure, provoquera une diminution d'environ 13 millions de tonnes des exportations. Les exportations de l' Argentine devraient également baisser, essentiellement du fait du ralentissement de la production. Toutefois les expéditions en provenance de l’ Australie et de l’ Ukraine devraient doubler en raison de l'expansion des cultures, tandis que l'on s'attend également à un accroissement des disponibilités exportables en Afrique du Sud. Le Brésil retrouvera à nouveau sa place parmi les plus grands exportateurs mondiaux de maïs au cours de la nouvelle campagne. Les exportations de maïs en provenance de Chine (continentale) devraient rester stationnaires par rapport au niveau estimatif de 2007/08.
L'utilisation mondiale de céréales secondaires devrait atteindre 1 096 millions de tonnes en 2008/09, en hausse de 2,3 pour cent (soit 24 millions de tonnes environ) par rapport à la campagne précédente, et plus que la moyenne des 10 dernières années pour la deuxième campagne consécutive. Cette expansion sera essentiellement due au développement considérable de l' utilisation industrielle. Comme au cours des campagnes précédentes, l'utilisation accrue du maïs pour la production d'éthanol est à l'origine de la progression de l'utilisation industrielle de toutes les céréales, et l'essentiel de cette croissance concerne les États-Unis. L'utilisation totale de céréales pour la production d'éthanol en 2007/08 est estimé à environ 98 millions de tonnes, en hausse de 27 millions de tonnes (soit 40 pour cent) par rapport à la campagne précédente. Le maïs représente l'essentiel de cette utilisation, avec 92 millions de tonnes dont quelque 79 millions de tonnes sont utilisées aux États-Unis seulement. Compte tenu des dernières prévisions (9 mai 2008) du Département de l'agriculture des États-Unis (USDA), l'utilisation de maïs pour la production d'éthanol aux États-Unis augmentera pour passer à 101,6 millions de tonnes en 2008/09, soit près de 25 millions de tonnes de plus qu'en 2007/08 et pratiquement le double du volume enregistré en 2006/2007.
Selon les prévisions, l'utilisation totale des céréales secondaires destinées à l'alimentation animale devrait reculer légèrement par rapport au record estimatif de 2007/08, pour tomber à 630 millions de tonnes environ. Les volumes plus importants de blé, en particulier dans l’Union européenne, et les disponibilités croissantes de drêches de distillerie aux États-Unis devraient compenser la réduction des disponibilités de céréales secondaires telles que le maïs pour les rations alimentaires pour animaux. La consommation alimentaire mondiale de céréales secondaires devrait atteindre 185 millions de tonnes, soit un gain de 1,4 pour cent (2,5 millions de tonnes) par rapport à 2007/08, et un chiffre proche de la tendance. Le gros de la croissance est attendu en Afrique, plus particulièrement au Malawi et au Nigéria, mais la consommation alimentaire de céréales secondaires devrait également progresser dans quelques pays d'Asie et d'Amérique du Sud.
Compte tenu des prévisions préliminaires concernant la production de 2008 et l'utilisation en 2008/09, les stocks mondiaux de céréales secondaires à la clôture des campagnes de 2009, pourraient perdre jusqu'à 7 pour cent (11 millions de tonnes) par rapport à leur niveau d'ouverture, pour tomber à 148 millions de tonnes. À ce niveau, le rapport stocks-utilisation mondiale de céréales secondaires devrait s'effondrer pour se situer à 13,6 pour cent à peine, soit environ un point de pourcentage en moins par rapport au faible niveau précédent de 2007/08. Le recul des stocks mondiaux en 2008/09, et la chute du rapport stocks-utilisation dépendent étroitement l'un et l'autre de l'offre et de la demande de maïs aux États-Unis. Alors que la production de maïs des États-Unis devrait reculer de 24 millions de tonnes en 2008, l'utilisation intérieure totale ne cesse d'augmenter. Bien que l'on s'attende à une diminution des exportations des États-Unis en 2008/09, il faudra encore considérablement puiser sur les réserves pour répondre à la demande prévue. Les réserves totales de céréales secondaires aux États-Unis devraient tomber à environ 23 millions de tonnes, soit 16 millions de tonnes de moins que leurs niveaux d'ouverture et le plus bas niveau depuis le milieu des années 1990, où elles atteignaient à peine plus de 14 millions de tonnes.
Le recul prévu des réserves détenues aux États-Unis ne devrait être que partiellement compensé par l'augmentation des stocks des autres grands pays exportateurs. Des réserves légèrement plus abondantes sont actuellement prévues en Argentine, en Australie et dans l’ Union européenne tandis que la réduction de la production de maïs prévue au Canada devrait faire reculer les stocks dans ce pays. En outre, le rapport entre les stocks détenus par les grands exportateurs et l'utilisation totale (consommation intérieure plus exportations) devrait reculer au cours de la nouvelle campagne, pour tomber à 9,6 pour cent, soit 2 points de pourcentage de moins qu'en 2007/08, et bien au-dessous des 15 pour cent enregistrés au début de la décennie. Ailleurs, les perspectives de récolte favorables au Brésil, en Afrique du Sud, et en Ukraine devraient permettre de reconstituer les stocks dans ces pays. Les stocks de la Chine devraient également augmenter si les attentes concernant la production se concrétisent. |
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