SYSTEME MONDIAL D'INFORMATION ET D'ALERTE RAPIDE SUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE DE LA FAO
PROGRAMME ALIMENTAIRE MONDIAL

RAPPORT  SPÉCIAL

MISSION FAO/PAM D'ÉVALUATION DES RÉCOLTES ET DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

16 novembre 2010

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Faits saillants

  • RPDC, en comprenant les estimations concernant les récoltes de la campagne principale de 2010 et les prévisions relatives aux récoltes du début de campagne 2011, le volume de denrées alimentaires de base produit par les coopératives agricoles, les parcelles individuelles sur les terrains en pente et les jardins potagers devrait se monter au total à 5,33 millions de tonnes en 2010/11. Ce chiffre représente une augmentation d'environ 3 pour cent par rapport à 2009/10. Après conversion du paddy en riz usiné, la production totale s'élève à 4,48 millions de tonnes.
  • Une augmentation considérable de la production était attendue en raison d'une certaine amélioration en ce qui concerne la disponibilité d'engrais, de pesticides, de tracteurs en état de marche, de diesel et d'électricité. Ces attentes ont toutefois été déçues du fait de quelques phénomènes météorologiques défavorables.
  • L'hiver 2009/10 a été anormalement rude et long, d'où un faible taux de survie du blé d'hiver et des retards dans les semis des cultures de printemps et le repiquage du paddy de la campagne principale. En outre, des tempêtes de pluie anormalement violentes se sont abattues sur la plupart du pays à la fin août et au début septembre, ce qui a provoqué des inondations localisées, des pertes de cultures et des dégâts aux canaux d'irrigation et aux barrages.
  • En dépit d'une récolte relativement bonne, la mission estimant au total les besoins de l'utilisation à 5,35 millions de tonnes en équivalent céréales (riz en équivalent usiné), il faudrait importer 867 000 tonnes pour la campagne commerciale 2010/11 (novembre/octobre).
  • Selon le Ministère de l'agriculture, il est prévu d'importer par voie commerciale 325 000 tonnes pour la prochaine campagne commerciale. Ce volume semble cadrer avec les importations commerciales effectuées l'année précédente. Ainsi, la mission estime que le déficit vivrier non couvert pour la campagne commerciale 2010/11 s'élèvera à 542 000 tonnes.
  • En 2009/10, un grand nombre de ménages non agricoles à faible revenu ont eu beaucoup de mal à couvrir leurs besoins alimentaires, car les céréales fournies au titre du système de distribution publique n'ont représenté en moyenne que la moitié environ des besoins journaliers en calorie. Ce déficit n'a probablement pas été entièrement comblé par d'autres aliments, du fait du faible pouvoir d'achat de ces ménages.
  • En dépit de l'important déficit global des approvisionnements vivriers, les programmes d'alimentation complémentaire destinés aux enfants et aux femmes ainsi que les programmes pour la survie de l'enfant qui sont en place ont contribué à la réduction des taux de malnutrition.
  • Étant donné que la situation globale de la production vivrière ne devrait pas s'améliorer de manière significative en 2010/11, la mission recommande que la communauté internationale fournisse une aide alimentaire à environ 5 millions de personnes parmi les plus vulnérables (y compris les groupes ayant des besoins particuliers: enfants, femmes enceintes, mères allaitantes et personnes âgées isolées, ainsi que les populations tributaires du système de distribution publique dans les régions montagneuses où la malnutrition est élevée), sous forme de 305 000 tonnes de céréales.
  • Les importations commerciales qui sont prévues et l'aide alimentaire recommandée ne couvrent pas totalement les besoins, un déficit de 237 000 tonnes de céréales restant à couvrir. La mission insiste sur le fait qu'il est essentiel de combler ce déficit pour garantir une alimentation suffisante. Si le gouvernement n'est pas en mesure de couvrir les besoins en important davantage, les institutions internationales et les donateurs bilatéraux peuvent contribuer aux efforts en ce sens.
  • Par ailleurs, il faudrait veiller à fournir du soja et d'autres légumineuses dans le cadre de l'aide alimentaire, pour un régime alimentaire plus nutritif.
  • Aux fins d'améliorer la sécurité alimentaire à court et moyen termes, la mission recommande également qu'un appui soit fourni aux niveaux national et international dans les domaines suivants: i) installations de stockage des pommes de terre et de séchage des céréales, pour réduire les pertes et améliorer la salubrité des aliments, ii) amélioration de la production de produits riches en protéines, tels que légumineuses et poisson (d'élevage), et iii) aide générale à la production des jardins potagers privés.

VUE D'ENSEMBLE

Une mission FAO/PAM d'évaluation des récoltes et de la sécurité alimentaire s'est rendue en RPDC à la demande du gouvernement du 21 septembre au 2 octobre, afin d'estimer les récoltes de la campagne principale de 2010, d'établir des prévisions concernant le volume des récoltes d'hiver et de printemps de 2011 et d'évaluer les besoins d'importations céréalières pour la campagne commerciale 2010/11 (novembre/octobre), y compris l'aide alimentaire nécessaire.

Sur les dix provinces que compte le pays, la mission s'est rendue dans les 7 qui assurent normalement environ 90 pour cent de la production céréalière intérieure, à savoir: Pyongyan Nord, Pyongan Sud, Hwanghae Nord, Hwanghae Sud, Hamgyong Nord, Hamgyong Sud et Kangwon. Le gouvernement a communiqué à la mission des chiffres officiels concernant la superficie cultivée et la production, ainsi que d'autres renseignements pertinents. La mission a passé en revue ces estimations et, si nécessaire, les a ajustées à la lumière d'entretiens avec des fonctionnaires et des responsables des coopératives agricoles, d'observation des cultures sur pied et engrangées et d'une évaluation des données sur la pluviosité et la végétation obtenues par télédétection. La mission a en outre rendu visite à des ménages en zone rurale et urbaine dans la totalité des provinces sélectionnées, ainsi qu'à des écoles, des crèches, des hôpitaux, des centres de distribution publique et à certaines installations de stockage des céréales au niveau des comtés. Elle s'est entretenue avec du personnel des institutions des Nations Unies, des unités d'appui aux projets de l'UE, des missions diplomatiques sur place, des ONG et des fonctionnaires au niveau central, dans les provinces et dans les comtés.

Une amélioration de l'offre d'intrants étant en perspective pour la campagne agricole 2009/10, le Ministère de l'agriculture avait initialement prévu un accroissement considérable de la production agricole par rapport à 2008/09. Malheureusement, les mauvaises conditions météorologiques ont annulé les bienfaits de cette plus large disponibilité d'intrants et la production n'a enregistré en 2010 qu'une augmentation minime par rapport à 2009. L'hiver 2009/10 a été anormalement froid, ce qui fait que le taux de survie du blé d'hiver a souvent été faible, de 60 pour cent dans certains cas. L'hiver a en outre été anormalement long, ce qui a retardé de jusqu'à trois semaines les semis de printemps et les repiquages en vue de la campagne principale. À la fin mai, des pluies torrentielles se sont abattues sur la plupart du pays, ce qui a provoqué de graves inondations en certains endroits. Après avoir connu un temps chaud bénéfique pendant trois mois environ, le pays a été de nouveau frappé par des tempêtes de pluie à la fin août et au début septembre, ce qui a entraîné de nouvelles inondations localisées et endommagé les cultures, en particulier le maïs à un moment où il aurait dû être prêt à récolter. Le fleuve Yalu a débordé et inondé la plupart des terres dans la zone de Sinuiju. Plusieurs autres régions, en particulier sur la côte est, ont elles aussi été touchées. Du fait de ces divers événements, le maïs récolté à la fin septembre et une partie du paddy étaient de mauvaise qualité et présentaient une forte teneur en humidité. À la fin septembre, de vastes champs de paddy étaient encore gorgés d'eau.

En ce qui concerne les intrants, la disponibilité de semences, d'engrais, de pesticides et de désherbants reste un problème, malgré une nette amélioration cette année par rapport à l'an dernier. De même, le degré de mécanisation agricole est extrêmement bas, mais cette année davantage de tracteurs étaient en état de marche et l'approvisionnement en diesel était moins limité que les années précédentes. Outre qu'elle a facilité la préparation des sols, l'amélioration des disponibilités de diesel a permis d'acheminer vers les fermes de plus grandes quantités de chaux vive et d'engrais et de mener promptement les travaux de remise en état après les phénomènes météorologiques défavorables. L'alimentation en électricité, qui est essentielle pour l'irrigation sur les fermes qui dépendent de pompes, a été en général meilleure cette année, selon les rapports.

La superficie cultivée s'est légèrement accrue cette année en RPDC, avec une expansion progressive des doubles récoltes. Le blé d'hiver cède toutefois rapidement la place aux pommes de terre précoces, dont le rendement est en général supérieur, alors que le taux de survie du blé d'hiver est souvent faible. Le stockage des semences de pommes de terre demeure toutefois un problème, et les pertes sont élevées pendant les mois d'hiver.

Une delphacide potentiellement très destructrice infeste de nouveau le paddy après une quarantaine d'années d'absence. L'infestation a toutefois été enrayée de manière satisfaisante cette année.

En ce qui concerne 2010 par rapport à 2009, la mission estime que la production de paddy a augmenté d'environ 4 pour cent, tandis que celle de maïs a reculé de manière minime. La superficie sous soja a considérablement progressé cette année, mais les rendements ayant baissé, la production n'est qu'en légère hausse par rapport à l'an dernier. Si l'on comprend les prévisions concernant les récoltes du début de campagne 2011, le volume de denrées alimentaires de base (paddy, autres céréales, soja et pommes de terre en équivalent céréales) produit par les coopératives agricoles, les parcelles individuelles sur les terrains en pente et les jardins potagers devrait se monter au total à 5,33 millions de tonnes en 2010/11. Ce chiffre représenterait une augmentation d'environ 163 000 tonnes (soit 3 pour cent) par rapport à 2009/10. Après conversion du paddy en riz usiné et prise en compte des besoins d'utilisation pour l'année, les besoins d'importation sont estimés à 867 000 tonnes de céréales, ce qui correspond plus ou moins au déficit structurel que connaît habituellement le pays.

Le système de distribution publique mis en place par le gouvernement fournit des céréales à la population dans l'ensemble du pays, en apportant des ajustements chaque mois pour garantir que les disponibilités intérieures suffisent à couvrir les besoins jusqu'à la prochaine récolte. En 2009/10, les rations de céréales distribuées aux ménages non agricoles ont représenté en moyenne 65 pour cent de la ration cible, assurant environ 50 pour cent des besoins énergétiques.

Au cours de la mission, il est apparu que les installations de stockage des céréales étaient vides. Le maïs distribué en octobre provenait de la récolte en cours. Faute d'installations de séchage adéquates, le maïs présentait une forte teneur en humidité et en contaminants et était de mauvaise qualité.

Le déficit céréalier global pour la campagne commerciale 2010/11 (novembre/octobre) est inchangé par rapport aux années précédentes. Il est donc probable que les ménages continueront de recevoir, par l'intermédiaire du système de distribution publique, des rations de céréales bien inférieures à leurs besoins; la majorité de la population restera donc sous-alimentée, jusqu'à ce que le déficit soit entièrement comblé par des importations commerciales ou l'aide alimentaire. Cette insuffisance persistante de la consommation est très préoccupante et n'est pas tenable sur plusieurs années. Dans le futur, le moindre choc pourrait avoir de graves répercussions et serait difficile à maîtriser s'il n'est pas remédié de manière efficace à ces déficits chroniques.

Outre l'aide alimentaire préconisée, la mission recommande au gouvernement et à la communauté internationale d'appuyer certains secteurs agricoles clés de manière à contribuer à l'amélioration de la sécurité alimentaire à court et moyen termes.

Le présent rapport a été établi par Kisan Gunjal et Swithun Goodbody de la FAO et Joyce Kanyangwa Luma et Rita Bhatia du PAM, sous la responsabilité des secrétariats de la FAO et du PAM à partir d’informations officielles et officieuses. La situation pouvant évoluer rapidement, prière de s’adresser aux personnes indiquées ci-après pour un complément d’informations le cas échéant.

Liliana Balbi
conomiste principal, EST-SMIAR,
Division du commerce et des marchés, FAO

Télécopie: 0039-06-5705-4495
Courriel: [email protected]

Kenro Oshidari
Directeur régional, PAM
Télécopie: 0066-26554413
Courriel: [email protected]

Veuillez noter qu’il est possible d’obtenir le présent Rapport spécial sur le site Internet de la FAO (www.fao.org) à l'adresse suivante: http://www.fao.org/giews//

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