COFI:AQ/1/2002/5





COMITÉ DES PÊCHES

SOUS-COMITÉ DE L'AQUACULTURE

Première session

Beijing (Chine), 18-22 avril 2002

AMÉLIORER LA COMMUNICATION DE DONNÉES SUR LA SITUATION ET LES TENDANCES DU DÉVELOPPEMENT AQUACOLE

RÉSUMÉ

1. Compte tenu de la contribution croissante de l'aquaculture aux objectifs nutritionnels, économiques et sociaux, il est de plus en plus nécessaire de disposer d'une palette plus étendue de données numériques de bonne qualité et d'autres informations qui mesurent et décrivent les tendances du secteur ainsi que de statistiques pour en suivre l'évolution, aux fins de l'élaboration de politiques et de la gestion du secteur. La demande accrue de données et l'attention internationale grandissante accordée aux questions de gestion de l'aquaculture et de la pêche en général ont révélé certaines lacunes dans les données existantes. Le présent document analyse l'importance des informations, des données et des statistiques pour le développement et l'aménagement de l'aquaculture et fournit un aperçu des travaux réalisés par la FAO en matière d'informations et de données aquacoles. Il attire l'attention du Sous-Comité sur l'importance d'améliorer les données et les statistiques aquacoles ainsi que les normes de collecte et invite le Sous-Comité à fournir orientations et conseils pour les activités futures.

GÉNÉRALITÉS

2. Ces dernières années, la demande de données et d'informations fiables concernant les pêches et l'aquaculture a fortement augmenté, ce qui s'explique par la nécessité de concevoir et de suivre l'application de politiques rationnelles qui garantissent l'exploitation et l'aménagement durables des ressources aquatiques, compte tenu du déficit probable de l'offre nécessaire pour répondre à une demande mondiale soutenue de poissons.

3. Vu le peu de ressources vivantes marines et d'eau douce sous-exploitées et la stagnation des rendements provenant de nombreux stocks naturels d'importance commerciale, tout le monde reconnaît de plus en plus la contribution de l'aquaculture en tant que fournisseur d'aliments et source d'avantages sociaux et économiques, notamment dans les pays à faibles revenus et à déficit vivrier (PFRDV) (voir également le document portant la cote COFI:AQ/I/2002/2).

4. Tout examen des tendances actuelles et de l'offre future de poissons doit tenir compte séparément de la contribution réelle et potentielle qu'apportent l'aquaculture et les pêches de capture pour satisfaire la demande de poissons émanant d'une population mondiale qui devrait, au cours des vingt prochaines années, augmenter en moyenne de 0,9 à 1,2 pour cent par an (c'est-à-dire de 69 à 77 millions de personnes chaque année).

5. Une base d'informations fiables et de bonne qualité concernant les deux composantes de l'offre de poisson est indispensable pour que les pays satisfassent les normes nationales et internationales en matière de développement durable, de conservation et de protection de l'environnement. Une telle base d'informations permettrait de suivre de façon appropriée l'évolution des pêches de capture et de l'aquaculture, de fournir des indicateurs de durabilité convenables qui pourront être établis à partir de données brutes et de mettre à disposition une gamme plus complexe de données n'ayant pas seulement un caractère biologique pour tenir compte de l'influence des facteurs sociaux et économiques et de leur interaction.

6. Dans une période de changement dynamique, les statistiques sont d'autant plus nécessaires en tant que base servant à décrire la situation du secteur et à surveiller les nouvelles tendances, aux fins de l'élaboration des politiques, de l'aménagement du secteur et pour satisfaire les divers besoins d'informations du public en général. La demande croissante de données et l'attention internationale grandissante portée aux questions halieutiques en général ont révélé les carences de certaines données nationales et internationales. La collecte de données sur l'aquaculture distinctes de celles concernant les pêches est une tentative relativement nouvelle dans de nombreuses parties du monde. L'importance croissante de l'aquaculture exige de se pencher davantage sur certains aspects de la collecte de données et de la communication fiable de ces données. La coopération régionale et internationale est nécessaire pour hisser la collecte de données à la hauteur de normes statistiques appropriées, favoriser une communication harmonisée des données pour le secteur, éviter le chevauchement d'efforts et garantir la disponibilité de statistiques fiables comme le demande un nombre croissant d'usagers.

IMPORTANCE DE LA COMMUNICATION DE DONNÉES SUR LA SITUATION ET LES TENDANCES DU DÉVELOPPEMENT AQUACOLE

7. L'aquaculture est devenue un système de production d'aliments qui se développe rapidement et régulièrement dans un nombre croissant de pays. En 1999, 33 millions de tonnes métriques (mtm) de poissons, crustacés et mollusques, d'une valeur de 49 milliards de dollars E.-U. et plus de 9 millions de tonnes métriques de plantes aquatiques, d'une valeur de 6 milliards de dollars E.-U. ont été produits. La part la plus importante de la production (80 pour cent) est actuellement le fait des PFRDV aux fins de la consommation domestique et des exportations. On estime que la valeur du commerce des produits halieutiques d'élevage a représenté près d'un quart des 53 milliards de dollars E.-U. d'exportations mondiales de poissons en 1999. On s'attend que le secteur continue d'apporter sa contribution à la sécurité alimentaire et à la réalisation des objectifs économiques et sociaux nationaux. La pratique de l'élevage de certaines espèces s'étend désormais au monde entier, que ce soit dans un environnement côtier ou à l'intérieur des terres et l'élevage d'organismes aquatiques se développe rapidement grâce à la diversification des espèces élevées dans des milieux aquatiques surveillés et aux types d'interventions humaines dans ces processus. En 1999, 180 pays produisaient par le biais de méthodes aquacoles des quantités commerciales de plus de 350 espèces (voir également le document portant la cote COFI:AQ/I/2002/2).

8. Bien que l'on ait recours à des approches et à des traditions nationales différentes pour distinguer l'aquaculture des pêches de capture, ce sont deux activités reconnaissables séparément qui utilisent des processus de production distincts pour approvisionner des segments des mêmes marchés. Elles se font également souvent concurrence pour les mêmes intrants. Par ailleurs, elles dépendent l'une de l'autre pour certaines pratiques, telles que l'élevage jusqu'à une taille commerciale d'alevins et de juvéniles sauvages ou le restockage des masses d'eaux naturelles avec des juvéniles produits en écloserie. L'aquaculture de certaines espèces aquatiques à valeur élevée nécessite de plus en plus de tourteaux qui sont produits essentiellement à partir de petits poissons marins pélagiques.

9. Les possibilités intersectorielles et l'utilisation conjointe avec l'agriculture et les pêches de capture de ressources naturelles, telles que la terre et l'eau, ainsi que d'autres intrants, tels que les engrais et les ingrédients alimentaires, exigent une base de données et d'informations fiables aux fins de l'aménagement et du développement. S'il est important de surveiller l'évolution dans le temps, il est essentiel de garantir la comparabilité des informations sur l'aquaculture avec celles concernant la pêche et l'agriculture, notamment dans les domaines d'interaction. C'est dans les systèmes d'élevage marins côtiers et en eau saumâtre que l'interaction avec la pêche est la plus forte, alors que l'interaction avec l'agriculture concerne davantage l'aquaculture intérieure d'espèces d'eau douce.

10. L'élaboration de politiques sur l'aquaculture et l'aménagement de ce secteur est un processus interdisciplinaire dynamique qui subit des influences biologiques, environnementales, économiques, sociales et institutionnelles, dont le résultat combiné donne forme aux activités qui en dépendent et à leurs résultats dans le temps. La collecte, la compilation, l'analyse et la présentation de données fiables concernant les réalisations actuelles aux plans local, national, régional et mondial sont essentielles pour suivre la structure, la production et la performance du secteur aquacole. Elles facilitent également la définition d'indicateurs durables qui fournissent eux-mêmes des preuves de l'impact positif de bonnes politiques.

11. Pour de nombreux pays, la production aquacole représente une source importante de revenus en devises. À mesure que le secteur devient plus compétitif, de nombreuses questions commerciales apparaissent; les pays tenteront de protéger leur marché traditionnel tout en se développant sur de nouveaux marchés. Des réglementations environnementales complexes s'appliquent aux producteurs aquacoles, notamment dans de nombreux pays développés, qui sont les plus gros consommateurs de certaines espèces d'élevage à haute valeur. Les groupes de pression écologiques demandent de plus en plus de garanties sur l'utilisation de méthodes d'élevage durables des produits aquatiques. Les consommateurs s'inquiètent de plus en plus de l'impact environnemental de certaines méthodes aquacoles.

12. La nécessité de recueillir des données et des informations sur l'aquaculture et l'obligation de les communiquer sont mentionnées dans le Code de conduite pour une pêche responsable1 et certaines exigences en matière de données sont à nouveau précisées dans les Directives techniques de la FAO.2 Le Code reconnaît que des données fiables et opportunes sont nécessaires pour que les autorités compétentes des gouvernements nationaux s'acquittent efficacement de leurs responsabilités globales en matière de promotion du développement de pratiques aquacoles durables et respectueuses de l'environnement qui soient bien intégrées aux développements rural, agricole et côtier. Des données et des informations sont indispensables pour sensibiliser davantage le grand public aux avantages qu'apporte l'aquaculture pour améliorer l'offre alimentaire et la création de revenus et stimuler la recherche et l'intérêt économique.
13. Des études sur la situation et les tendances font partie du mandat de la FAO et le rôle de chef de file qu'elle joue pour améliorer au plan mondial les données et informations concernant la pêche et l'aquaculture, tant du point de vue de la qualité que du volume, est reconnu. La FAO s'est efforcée de mettre à disposition de ses États Membres et de la communauté internationale des informations plus fiables sur l'aquaculture et la pêche qui soient facilement et librement accessibles grâce à un système utilisant des technologies modernes. Si la disponibilité de données par l'intermédiaire de l'Internet élargit la communauté d'usagers de données et leur exigence en matière de clarté et de qualité des informations, on s'inquiète encore de la qualité inégale des données nationales.

PROCÉDURES EXISTANTES PERMETTANT DE SUIVRE ET DE COMMUNIQUER LES INFORMATIONS ET LES STATISTIQUES SUR LA PRODUCTION AQUACOLE MONDIALE

14. Depuis plus de 15 ans, la FAO encourage la communication de statistiques de la production aquacole, identifiées séparément dans le total de la production halieutique totale. Elle a encouragé aussi l'amélioration de la qualité et de la comparabilité des données grâce à l'adoption de normes statistiques internationales pour la collecte et la communication. Se conformer à ces normes facilite la comparabilité entre pays des données aquacoles et au sein du secteur halieutique et permet de mieux suivre l'évolution des deux composantes de l'offre.

15. Actuellement, la FAO recueille, compile, évalue, analyse et diffuse des statistiques annuelles sur la production aquacole mondiale du point de vue des quantités et de la valeur. Un questionnaire permettant de communiquer ces statistiques au niveau national a été élaboré en consultation avec des experts régionaux. Grâce à ce mécanisme de communication, les pays font connaître à la FAO les chiffres de la production en poids et en valeur de leur aquaculture en eau de mer, en eau saumâtre et en eau douce, et fournissent également des informations sur les systèmes d'élevage et le repeuplement des zones naturelles.

16. On peut considérer la transition de la pêche à l'aquaculture comme un continuum d'interventions humaines de plus en plus nombreuses, qu'il s'agisse de la simple capture d'un stock sauvage dans son environnement naturel à l'élevage de poissons dans un environnement complètement contrôlé par l'homme. Séparer les deux activités comporte des éléments de subjectivité. Initialement, la FAO s'est efforcée de formuler et de faire accepter une définition pratique de l'aquaculture, qui serait à la fois acceptable et permanente au plan international pour la collecte de données. La définition statistique qui avait été décidée en consultation avec les organismes de pêche internationaux et différents experts3 a été utilisée pour scinder la production mondiale en deux composantes distinctes, l'une englobant les captures des stocks naturels et l'autre la récolte dans des environnements contrôlés. Le processus a été long et doit être encore amélioré. Il est reconnu que certains pourraient rencontrer des difficultés à appliquer la définition convenue pour classer certains types d'activités dans la catégorie aquaculture ou pêche et inclure ou exclure la production de ces secteurs dans les statistiques globales.
17. Afin de garantir une comparabilité totale avec les pêches de capture, la FAO utilise pour stocker ces données les mêmes classifications par espèce, systèmes de codage et formats d'enregistrement que pour les captures et les quantités nominales débarquées. La base de données actuelle sur la production aquacole de la FAO qui donne les chiffres annuels à partir de 1970 est organisée selon les pays, trois types d'environnements aquatiques et plus de 350 espèces/produits d'importance commerciale.
18. La classification récente des activités des écloseries et des fermes aquacoles dans une catégorie distincte de celle de la pêche dans la Classification internationale type, par industrie, de toutes les branches d'activité économique (ISIC-Rév.3) de l'ONU est un grand pas en avant.4 Les classifications macro-économiques recommandées au plan international, qui servent de cadre à plusieurs autres collectes de données économiques et sociales, contribueront une fois intégrées dans les programmes nationaux à améliorer l'harmonisation conceptuelle, la comparabilité et la compatibilité des données. Cela permettra que pour l'application de programmes nationaux les statistiques de l'aquaculture soient traitées de façon concordante avec les autres données économiques et également qu'elles soient harmonisées dans les systèmes statistiques nationaux.
19. Des séminaires et des ateliers nationaux, régionaux et internationaux ont été organisés dans le but de favoriser les méthodes garantissant la comparabilité, la fiabilité et la continuité des données par le biais de concepts et de classifications harmonisés et d'enquêtes normalisées5. Reconnaissant les similarités existant entre agriculture et aquaculture, par exemple en matière de gestion des exploitations ou de cultures agro-aquatiques intégrées, la FAO a recommandé d'élargir la portée des recensements agricoles afin d'y inclure la collecte d'informations structurelles sur l'aquaculture.6

ENTRAVES AU SUIVI DU DÉVELOPPEMENT AQUACOLE MONDIAL

20. Comme pour d'autres activités économiques, les obstacles historiques qui entravent la communication de données et le suivi des tendances sont de caractère institutionnel et technique et ont des dimensions nationales, régionales et mondiales. Ce sont notamment l'importance relative de l'activité par rapport à l'économie nationale, les divers types d'administration nationale, la terminologie peu claire et non harmonisée utilisée, le manque de précision et le caractère incomplet des données recueillies au niveau national, souvent à l'aide de systèmes qui n'évoluent pas assez vite pour répondre aux exigences d'informations de pratiques se développant rapidement.

21. Si dans plusieurs pays, l'élevage d'organismes aquatiques est une activité traditionnelle pratiquée depuis des siècles, l'aquaculture est en revanche un secteur assez nouveau. À l'inverse de la pêche des captures, le suivi séparé de l'aquaculture est relativement nouveau dans la plupart des pays et souvent les systèmes de collecte des données sont bien moins rodés que ceux utilisés pour les pêches de capture. C'est pourquoi des normes et des pratiques internationales dans les méthodes et les programmes de collecte de données et la gestion de données doivent encore être mises au point et testées.

22. Dans les pays où les données sur l'aquaculture sont systématiquement recueillies à l'aide de méthodes bien définies, il peut y avoir une distinction nette entre données sur la mariculture (culture dans les eaux de mer côtières) et celles concernant l'élevage en eau saumâtre et en eau douce, étant donné que la mariculture est souvent évaluée avec les pêches de capture et que les données sont de qualité comparable. Les autres écarts concernent le suivi des opérations extensives par rapport aux opérations intensives, et les activités industrielles par rapport aux activités commerciales ou familiales. Il est probable que certains segments de la production aquacole ne sont pas inclus dans les enquêtes nationales en raison du caractère fragmenté des unités de production. Un grand nombre de petites unités dispersées dans des zones rurales, par exemple les ménages pratiquant l'agriculture et l'aquaculture intégrée à des fins commerciales mais à petite échelle et pour la consommation des membres du ménage, risquent d'être d'un point de vue logistique difficiles à atteindre et la collecte d'informations et de données beaucoup plus coûteuse. Malgré la contribution importante de systèmes semi-commerciaux de ce type à la sécurité alimentaire, à la nutrition humaine et à l'éradication de la pauvreté dans de nombreuses zones rurales, le fait qu'elles génèrent une valeur économique peu importante est la raison pour laquelle elles ne sont souvent pas prises en compte dans les enquêtes.

23. La base de données mondiale de la FAO pâtit du peu d'attention que certains pays accordent à la précision et à l'opportunité des données qu'ils communiquent. Au début des années 90, environ 60 pour cent des pays contactés n'ont pas soumis de données sur leur production aquacole à la FAO. Après quelques améliorations (le chiffre tombe à seulement 40 pour cent de pays en 1997), en 1998 et en 1999 le pourcentage des pays défaillants est repassé à environ 45 pour cent. La moitié des pays qui ont communiqué des informations n'ont fourni aucune indication sur la production en fonction des différentes méthodes. Souvent dans les données, les grandes quantités de poissons d'élevage ne sont pas identifiées en fonction de l'espèce et elles sont soit indiquées de façon générique à un niveau taxonomique supérieur, soit incluses dans une vaste catégorie appelée "divers". En 1999, la quantité de poissons signalée dans une catégorie générique représentait 11 pour cent de la production aquacole mondiale, alors qu'elle était de 7 pour cent en 1970 et 1980. Cette pratique est habituelle dans les pêches de capture où elle peut se justifier par le fait que les pêcheurs ont l'habitude de ne trier au débarquement que les espèces ayant une importance commerciale. Elle est moins justifiable dans l'aquaculture où les éleveurs décident des espèces qu'ils vont élever et de la quantité qu'ils vont récolter et ont donc la possibilité de donner des données correctes sur la production par espèces.

24. La qualité des données au plan international dépend en fin de compte des normes et attitudes adoptées en matière de communication de données au niveau national. On s'inquiète de plus en plus du fait que les données de certains gros producteurs aquacoles sont de moins en moins fiables et il faut donc accorder davantage d'attention à l'amélioration de la qualité des données. La FAO a organisé des séminaires régionaux et nationaux pour identifier les carences méthodologiques et la manière dont elles pourraient être corrigées.

25. Pour améliorer le système de communication de données sur l'aquaculture, la FAO a pour objectif immédiat de fournir sous la forme d'une base de données des informations concernant les unités de production aquacole (surface hydrique utilisée à des fins d'élevage, nombre de nasses, d'enclos, d'étangs, de bassins, de réservoirs, etc.) et le type de culture, outre les statistiques existantes sur les quantités produites et le prix par kilogramme selon les espèces et l'environnement aquatiques. Le manque de données communiquées et la qualité douteuse des données historiques sont les raisons pour lesquelles cela n'a pas été fait plus tôt. Il faut s'efforcer également de mettre au point des concepts, des définitions et une terminologie harmonisés.

26. Maintenant surtout que l'aquaculture est considérée par de nombreux pays comme une nouvelle possibilité économique d'améliorer les moyens de subsistance ruraux et d'éradiquer la pauvreté (voir également le document portant la cote COFI:AQ/I/2002/3), des données socio-économiques traduisant l'importance et l'ampleur des pratiques aquacoles rurales adoptées par ces communautés sont nécessaires pour améliorer la planification et l'aménagement. Des avantages peuvent résulter soit de l'amélioration quantitative et qualitative (étant donné que le poisson contribue à l'apport en protéines et que son profil nutritif est supérieur à celui d'autres protéines animales) de l'offre de denrées dont disposent les ménages, de la création d'emplois et de revenus ainsi que d'une plus grande disponibilité de poissons bon marché sur les marchés locaux. Le nombre de personnes rurales concernées, leurs moyens de subsistance, des données socio-culturelles pertinentes et la contribution de l'aquaculture rurale aux moyens d'existence de ces communautés sont parmi les variables pour lesquelles des données et des informations sont nécessaires aux fins de l'aménagement participatif intégré et du développement de la production communautaire pour la consommation locale.

SUGGESTIONS PERMETTANT D'AMÉLIORER LE SUIVI DE L'AQUACULTURE

27. Des statistiques sur l'aquaculture sont demandées par un large éventail d'usagers de données, notamment les gouvernements, les chercheurs, les aquaculteurs, les banques, les industries travaillant pour le secteur alimentaire, l'alimentation animale et la santé, les organisations non gouvernementales (ONG) (notamment celles qui s'occupent de la sécurité alimentaire, du développement et de la planification), les écologistes et le public en général.

28. Les Directives techniques de la FAO, no 5 (« Développement de l'aquaculture ») reconnaissent que, en particulier au cours d'une période de croissance de l'aquaculture, les États, en collaboration avec les autres parties intéressées, devraient se doter de moyens appropriés pour assurer le suivi des activités aquacoles relevant de leur compétence ainsi que pour faciliter la formulation de politiques et la planification du développement grâce à la collecte d'informations et de données relatives aux pratiques aquacoles adoptées et à la production réalisée, aux résultats économiques obtenus et aux effets positifs et négatifs de l'aquaculture sur les autres activités.

29. Bien que le besoin de données statistiques sur lesquelles fonder les études en matière de planification, d'aménagement et d'évaluation, soit reconnue internationalement, cette question n'a pas été traitée de façon satisfaisante dans de nombreux pays. Les gouvernements nationaux sont encouragés à mettre au point des systèmes de suivi de l'aquaculture et de communication de données. Il ne faut pas que ces initiatives soient isolées mais coordonnées avec le développement, l'aménagement et la planification de l'aquaculture tant au niveau central que sur le terrain.

30. Outre les statistiques de production, il faut des statistiques sur les aspects structurels du secteur, tels que superficies cultivées, types de systèmes de production et leur capacité, utilisation des ressources (terre, eau, composants alimentaires, semences, etc.) et emploi dans le secteur aquacole et les services qui en dépendent. De même, il y a une demande croissante forte d'informations sur la demande nationale et internationale de produits aquacoles, y compris les habitudes de consommation, le prix des produits, les échanges, les possibilités commerciales et les données socio-économiques nécessaires pour suivre l'aquaculture rurale. Il faudrait au minimum recueillir et communiquer les données ci-après:

31. La collaboration avec les aquaculteurs, et entre eux, avec leurs associations, leurs fournisseurs d'intrants, les transformateurs de produits et les négociants ainsi que d'autres initiatives privées s'occupant du secteur aquacole devrait être renforcée afin d'améliorer l'acquisition de données ainsi que la compilation, l'analyse, l'interprétation, la diffusion et l'utilisation appropriées des informations et des données.

32. L'échange d'informations concernant l'aquaculture entre diverses organisations et autorités sectorielles, qu'elles soient entièrement ou en partie concernées par les aspects du développement aquacole, peut être facilité par la création de liens institutionnels appropriés. Comme le préconisent les Directives techniques relatives au développement de l'aquaculture élaborées aux fins de l'application du Code de conduite pour une pêche responsable, les États, en collaboration avec les organismes régionaux et internationaux appropriés dont ils font partie, devraient échanger les données pertinentes pour faciliter un suivi régional et mondial des progrès et des problèmes, l'élaboration de politiques et l'établissement de prévisions des opportunités et des besoins.

33. Étant donné que le secteur se caractérise souvent par une grande diversité des principales espèces élevées, une intensité d'élevage qui varie d'un environnement à l'autre et des types différents de systèmes d'élevage dans les pays, il faudrait identifier les méthodes convenant le mieux à la collecte de données pour chaque sous-secteur/filière de l'industrie.

34. En principe, les techniques statistiques permettant d'évaluer la production d'exploitations à forte utilisation de capital pourraient être les mêmes que celles dont se servent les pays pour estimer la production d'autres industries alimentaires et autres. Les méthodes de collecte de données pour les grandes entreprises commerciales seraient basées sur la communication directe de données par les opérateurs (comme cela se fait pour les pêches industrielles) tandis que pour les petites/moyennes exploitations, elles seraient basées sur l'échantillonnage. Les responsables de grandes exploitations pourraient très facilement remplir des questionnaires élaborés avec les informations tirées de leurs livres comptables; toutefois, il faudra préserver la confidentialité pour que les responsables n'aient pas besoin de se préoccuper de l'assujettissement à l'impôt.

35. La question des données est plus complexe lorsqu'il s'agit des activités de petites unités, et notamment d'unités rurales dont la production vise à la fois des objectifs de subsistance et commerciaux. Il y a des incidences pour tous les types de données, non seulement pour la production mais également pour l'emploi et les revenus financiers. Pour un dénombrement et une évaluation précis des petites et moyennes unités, l'échantillonnage est probablement la solution qui convient le mieux. Pour les évaluations effectuées sur la base d'échantillons, il faudra définir des unités statistiques (par exemple, unité de superficie géographique, ou correspondant à l'exploitation, comme dans l'agriculture). On pourra choisir des nomenclatures par types (par exemple, écloseries, nurseries, etc.) ou par zones (basses terres, zones humides) ou une combinaison entre échantillonnage de zones et de types.

36. Comme les ressources humaines et financières permettant de développer le suivi de l'aquaculture et la communication de données sur le secteur sont en général insuffisantes, les pays devraient utiliser au maximum les données disponibles existantes pour satisfaire les besoins d'usagers multiples. Dans plusieurs économies en développement, le développement du secteur aquacole est étroitement lié aux activités agricoles et au développement rural. La priorité devra être accordée au renforcement des systèmes nationaux étant donné qu'ils répondent en principe aux besoins du pays.

37. La couverture des statistiques sur l'aquaculture doit être améliorée et la qualité des données vérifiée à l'aide de systèmes de validation efficaces. Il faut évaluer la portée des données recueillies compte tenu de l'évolution des besoins en matières de données, tant pour la production que pour la planification, et de l'évolution des techniques de production. Les pays devraient envisager de créer un mécanisme national de coordination multidisciplinaire pour concevoir et surveiller de façon continue des programmes de statistiques aquacoles au plan national et local.

38. Les services nationaux de statistiques sur les pêches devraient concevoir des programmes statistiques intégrés afin d'optimaliser l'utilisation de ressources logistiques et humaines limitées, éviter le chevauchement d'activités et éviter la diffusion de statistiques contradictoires. Dans le cas de l'aquaculture rurale, on fera une utilisation optimale des enquêtes agricoles.

39. Pour permettre l'aménagement et la planification efficaces de l'aquaculture, il faudrait disposer d'informations statistiques et non statistiques claires, accompagnées d'explications analytiques et présentées sous forme de séries chronologiques pertinentes et fiables. Afin de produire de telles informations, les institutions et experts compétents devraient participer au processus d'analyse.

40. Le développement des capacités du personnel chargé des statistiques à différents niveaux, notamment la formation de ceux qui recueillent les données de base, devra être encouragé. Les pays peuvent envisager à cette fin d'utiliser les arrangements existants, tels que la coopération technique entre pays en développement de la FAO (CTPD) et le Programme de coopération technique (PCT). Des ateliers régionaux se sont également avérés être un moyen efficace et utile de renforcer les capacités.

41. Les travaux visant à harmoniser les concepts et la terminologie sur l'aquaculture devraient se poursuivre et il faudrait élargir les systèmes de collecte de données à des activités visant des pratiques particulières (par exemple, capture, amélioration, élevage) pour garantir l'homogénéité et éviter que des données ne soient comptabilisées deux fois ou pas du tout. Il faudrait également des systèmes qui permettent le transfert électronique des données entre les pays et la FAO.

42. La communauté des donateurs devrait accroître son aide financière et technique dans le domaine des statistiques sur les pêches et l'aquaculture pour renforcer les capacités nationales d'utilisation des méthodes statistiques acceptables pour la collecte, le traitement, le stockage, l'analyse et la diffusion de statistiques sur les pêches et l'aquaculture. Les systèmes devraient produire des données représentatives de bonne qualité, en temps opportun et à intervalles réguliers.

MESURES PROPOSÉES AU SOUS-COMITÉ

43. Le Sous-Comité est invité à examiner l'approche proposée et à fournir un avis sur l'ordre de priorité des mesures à prendre afin d'améliorer l'ensemble des informations sur la situation et l'évolution de l'aquaculture mondiale et la communication des informations, en particulier:

  1. harmoniser et normaliser les statistiques et les concepts aquacoles;
  2. se mettre d'accord sur les moyens d'améliorer la qualité des statistiques sur l'aquaculture et sur le rôle de la FAO dans cette entreprise;
  3. identifier des mécanismes efficaces pour créer et tenir à jour des dispositifs permettant de générer, de partager et d'utiliser données et informations;
  4. veiller que les pays s'engagent à recueillir des statistiques fiables pour leurs propres besoins de réglementation et de planification et qu'ils les soumettent à la FAO.

1 FAO.1995. Code de conduite pour une pêche responsable. Rome. FAO, 46 p.

http://www.fao.org/fi/agreem/codecond/ficonde.asp

2 Département des pêches de la FAO. 1997. Développement aquacole. FAO Directives techniques pour une pêche responsable No 5. Rome, FAO, 55 p.

3 À des fins statistiques, la FAO définit l'aquaculture comme étant la culture d'organismes aquatiques, y compris poissons, mollusques, crustacés et plantes aquatiques. Le terme « culture » implique une quelconque forme d'interventions dans le processus d'élevage en vue d'améliorer la production, telle que l'empoissonnement à intervalle régulier, l'alimentation, la protection contre les prédateurs, etc. La culture implique également la propriété individuelle ou juridique du stock en élevage.

4 En mars 2001, le Sous-groupe technique du Groupe d'experts sur les classifications internationales a approuvé la scission de la classe existante 0500 (Pêche, aquaculture et activités de services connexes) en deux nouvelles catégories 0501 (Pêche) et 0502 (Aquaculture).

5 Voir par exemple « SEAFDEC/FAO Expert Consultation on Variables and Terminology for Aquaculture Monitoring In Asia » Bangkok, 13-16 septembre 1999, Volumes 1 et 2, Bangkok (Thaïlande), mai 2000.

6 Atelier Office national thaïlandais de la statistique /FAO sur le recensement agricole 2000 (statisitiques aquqcoles), 28 février - 3 mars 2000, Songkla (Thaïlande).