IV. Résumé de l'évaluation

4.1 EMPRES-RO

39. Malgré les contraintes budgétaires, des résultats non négligeables ont été obtenus, sur les plans tant institutionnel et opérationnel que technique.

40. Au niveau institutionnel, l'un des résultats importants d'EMPRES-RO a été l'établissement de la CLCPRO, qui unifiera la structure institutionnelle de la lutte préventive contre le criquet pèlerin dans la région occidentale. Les pays du Maghreb ont leurs propres ULCP qui, dans l'ensemble, sont suffisamment dotées en ressources et opérationnelles. Cependant, le programme EMPRES-RO, tel qu'il est défini dans les documents de planification, n'a pas encore été lancé.

41. Sur le plan opérationnel, l'ULCP mauritanienne est devenue une organisation très efficiente pouvant être considérée comme un modèle des «meilleures pratiques». Cette ULCP conduit régulièrement des prospections complètes au sol et fournit, en temps utile, les informations ainsi recueillies à la FAO (SICP) et à la CLCPANO, ainsi qu'à d'autres parties intéressées par courrier électronique. L'ULCP est très bien organisée et consigne toutes les informations provenant de ses prospections et de sa lutte antiacridienne dans des bases de données (RAMSES et LOCDAT). Les ressources substantielles allouées par le gouvernement mauritanien servent à couvrir les salaires, les frais généraux de l'unité et certains frais de fonctionnement. La FAO finance actuellement 70 pour cent environ des frais de fonctionnement liés aux prospections.

42. Sur le plan technique, le programme s'est concentré sur l'amélioration de la technique d'application des pesticides et sur d'autres aspects des opérations de lutte. Le programme a ainsi contribué de façon non négligeable à la mise au point et à l'introduction de méthodes plus sûres, plus efficaces par rapport à leur coût et plus respectueuses de l'environnement pour les opérations de lutte antiacridienne.

4.2 EMPRES-RC

Coordination et harmonisation

43. En ce qui concerne la collaboration régionale, EMPRES-RC et la CLCPRC ont sensiblement resserré leur collaboration; ils appliquent désormais un plan de travail commun, cofinancent et organisent ensemble des activités de formation et d'autres activités liées au criquet pèlerin. La CLCPRC est aussi considérée comme l'organe approprié pour assurer la continuité des activités d'EMPRES-RC lorsque ce dernier aura pris fin. C'est pourquoi, les pays de la régions centrale qui ne sont pas encore membres de la CLCPRC sont encouragés à le devenir: en juillet 2001, Djibouti a déclaré qu'il soumettrait une demande d'adhésion, et l'Éthiopie examine attentivement cette question. L'organisation de prospections conjointes a aussi marqué des progrès: l'Égypte et le Soudan ont conduit des prospections conjointes sur leur zone frontalière et à l'intérieur des pays, avec la participation d'agents de la lutte antiacridienne venant d'autres pays.

44. EMPRES-RC a aussi pour mission d'établir un système propre à encourager et à suivre les communications entre les pays d'EMPRES-RC et avec le SICP. La facilitation des échanges d'information a commencé au début de la mise en oeuvre du programme avec la mise en place d'un réseau de communications par téléphone, télécopie et courrier électronique. Tous les pays peuvent désormais communiquer par courrier électronique.

Alerte rapide

45. Toute stratégie de prévention des criquets pèlerins doit s'appuyer sur des opérations de prospection efficaces et menées en temps utile, et notamment sur l'analyse rapide des renseignements fournis par ces prospections. Partant de ce principe, EMPRES-RC a créé le concept de programme national (PN), durant la phase I, qui condense des éléments d'alerte rapide et de lutte rapide. Le PN incarne le principe général d'EMPRES qui préconise une démarche systématique pour renforcer les capacités nationales d'alerte et de lutte rapides de ses pays membres.

46. En 1998 et 1999, l'Érythrée, le Yémen et le Soudan ont établi des PN, mais seul le Soudan a été en mesure de mener à bien son PN. Peut-être est-ce à cause des difficultés rencontrées que les PN ne semblent plus considérés comme le moyen idoine de transmettre les principes d'EMPRES - le document de mise en oeuvre du programme correspondant à la phase II ne fait allusion au PN que deux fois en passant et les PN ne sont plus du tout mentionnés ni dans les résultats, ni dans le plan de travail.

47. Les résultats attendus de la phase II sont formulés dans le descriptif de programme révisé en ces termes: «les opérations de prospection ont beaucoup gagné en qualité et en efficience». La plupart des données disponibles permettant d'évaluer les prospections d'après ces deux critères viennent de pays membres d'EMPRES-RC et du SICP. Dans ce contexte, il est intéressant de noter que la fréquence réelle des prospections menées sur le terrain diffère, dans beaucoup de pays, de la fréquence programmée. Par exemple, entre 1994 et 2000, Djibouti n'a conduit que cinq prospections, tandis qu'Oman en a effectué 20. Le plus grand nombre de prospections a été enregistré au Soudan, puis en Égypte, en Somalie, au Yémen, en Arabie Saoudite, en Érythrée et en Éthiopie.

48. En dehors du simple nombre de prospections, les autres critères importants sont la fourniture en temps utile de résultats complets au SICP. En général, les prospections effectuées dans la région centrale d'EMPRES accusent une certaine amélioration - le pourcentage moyen de rapports reçus à temps s'élevait à 61 en 1996 et à 74 en 2000 et le pourcentage de rapports complets est passé de 16 en 1996 à 47 en 2000. Toutefois les chiffres correspondant au dernier critère sont loin d'être satisfaisants et mettent en évidence un point à améliorer.

49. L'amélioration des résultats de la prospection repose sur chaque ULCP plutôt que sur EMPRES-RC - la plupart des services de protection des plantes semblent fonctionner sans plan national de prospection (à l'exception du Soudan qui a dressé ce plan dans le cadre de son PN), de sorte que les opérations de prospection s'appuient davantage sur des décisions ad hoc que sur une base rationnelle. En ce qui concerne les compétences techniques, la plupart des personnes participant aux prospections dans les pays membres d'EMPRES-RC ont suivi au moins un cours de formation et EMPRES-RC a généralement été en mesure de fournir le matériel nécessaire aux prospections, notamment les instruments de GPS et les outils de terrain. De plus, EMPRES-RC a entamé des essais de technologies et de méthodes perfectionnées, telles que l'enregistrement de données du GPS sur des ordinateurs de type palm et la radiotransmission en haute fréquence des résultats de la prospection obtenus sur le terrain au siège de l'ULCP.

50. Les doutes qui pèsent sur l'avenir du logiciel RAMSES, mis au point par le NRI et introduit dans la région avec la collaboration d'EMPRES-RC, sont préoccupants et la réduction des dépenses appliquée récemment au NRI touche les experts de RAMSES. Plusieurs programmes de formation prévus au NRI ont dû être annulés et l'avenir est incertain.

51. La proposition que les ULCP utilisent des images satellites pour identifier les zones de végétation verte dans les aires de reproduction habituelles s'est avérée impraticable, du fait semble-t-il du peu de fiabilité de ces images pour la détection de zones à très faible densité (<10 pour cent) de végétation verte. Le Service de la protection des plantes envisage de créer un poste à plein temps de recherche en télédétection au sein du SICP, si l'Union européenne s'engage par un accord de principe à financer EMPRES-RO. Dans l'attente de cette décision, la mise au point de cette technologie se fait avec l'aide d'experts recrutés à court terme.

Intervention/lutte rapides

52. Le plan de travail d'EMPRES-RC est largement axé sur l'amélioration des campagnes de lutte antiacridienne, notamment par une formation aux techniques d'application, l'évaluation de l'impact, les nouvelles méthodes et les aspects relatifs à la sécurité et à l'environnement.

53. EMPRES-RC estime que la planification des interventions d'urgence constitue un aspect capital de la prévention des infestations acridiennes. Les ULCP de chaque pays doivent non seulement préparer des plans qui couvrent toutes les éventualités possibles entre les situations de rémission et les situations d'invasion, mais aussi s'assurer que les dispositifs d'application de ces plans sont opérationnels et réévalués régulièrement. Cependant, le Soudan a été le seul pays à dresser des plans d'urgence pour les saisons de reproduction estivale et hivernale de 2001. La planification des interventions d'urgence est un exercice complexe et minutieux, les institutions de contrepartie devant se préparer à faire face à un scénario peu probable, mais possible, avec au moins une certaine chance de réussite. L'un des aspects à développer est la capacité de préparer des plans méthodiques pour une situation d'infestation donnée et de mettre en place tous les éléments requis à cette fin. L'acquisition de cette compétence fondamentale figure parmi les objectifs du séminaire prévu sur la gestion et la planification des campagnes. Ensuite, un séminaire régional sur la planification des interventions d'urgence, en cours de préparation, devrait avoir lieu en 2002; on a choisi un consultant et ébauché un programme provisoire. Certains pays d'EMPRES-RC ont déjà dressé leur plan d'urgence et préparent des directives.

Recherche/amélioration des stratégies

54. Le descriptif de programme révisé d'EMPRES-RC prévoyait «d'améliorer la stratégie de prévention des situations d'urgence acridienne grâce à l'évaluation de l'efficacité, de l'efficience et du caractère écosympathique des méthodes actuelles et des nouvelles technologies. Le programme introduira une procédure permettant d'analyser et d'évaluer les méthodes et stratégies actuelles de prospection et de lutte, en établissant des priorités de recherche et en recommandant l'adoption de stratégies modifiées.»

55. Les stratégies de lutte antiacridienne peuvent être améliorées en deux étapes, comme suit:

    1. Premièrement, expérimenter et mettre au point de nouvelles techniques de lutte telles que les biopesticides ou la pulvérisation en barrière. Ces essais doivent impérativement être menés sur des populations de criquets pèlerins.
    2. Deuxièmement, suivant une démarche plus stratégique, utiliser, par exemple, des modèles pour simuler des campagnes et analyser les résultats de différentes stratégies de lutte.

56. Ces dernières années, la région centrale n'a pas été infestée par d'importantes populations grégaires, si bien que les essais de nouvelles techniques de lutte n'ont guère avancé. Un projet de document de travail sur la lutte préventive, préparé récemment, fournit des informations de référence utiles. Les préparatifs de l'atelier sur la simulation des campagnes qui devrait se tenir début 2002 sont en voie d'achèvement.

57. EMPRES-RC a aussi pour mission de récolter des données destinées à une analyse coût-avantage complète des facteurs économiques et sociaux de la lutte antiacridienne. Cette analyse devrait aider les pays touchés, les donateurs et les organisations concernées à concevoir des systèmes de lutte antiacridienne efficaces par rapport à leur coût.

58. Le descriptif de programme de la phase II préconisait «la poursuite des analyses économiques pertinentes et l'établissement d'un processus d'analyse et d'évaluation des dernières données disponibles et de l'expérience acquise avec les diverses méthodes et procédures se rapportant aux stratégies». On lit dans le même document qu' «il est nécessaire d'instaurer un mécanisme...permettant d'étudier comment [les analyses économiques] peuvent concourir à améliorer les stratégies et fournissant un retour d'information sous la forme d'avis d'experts et de recommandations». La réunion sur les aspects économiques liés au criquet pèlerin, organisée par la FAO en 2000, a conclu à la nécessité de réaliser des analyses socio-économiques plus détaillées et d'autres études.

59. Les résultats des études supplémentaires proposées auraient besoin d'être interprétés, car la plupart des recherches sont menées par des collaborateurs d'EMPRES et ni EMPRES-RC, ni la FAO n'interviennent en général dans ces travaux pour les orienter ou les coordonner. Ainsi, des études économiques entreprises durant la première phase d'EMPRES-RC ont-elles mis en doute les avantages économiques des prospections et de la lutte antiacridienne, tandis qu'on n'a pas encore entrepris, ou tout au moins pas encore publié, d'études qui s'intéresseraient aux préoccupations probablement plus diversifiées des décideurs et des agriculteurs dans les pays affectés par le criquet pèlerin.

60. Pour favoriser la mise au point de méthodes de lutte moins préjudiciables à l'environnement, EMPRES-RC et le projet de fonds fiduciaire en Mauritanie ont entamé des activités en vue de tester sur le terrain des biopesticides tels que le métarhizium, des régulateurs de croissance des insectes et le phénylacétonitrile semi-chimique, et de conduire des essais destinés à accroître l'efficacité de la pulvérisation afin de diminuer les quantités de produits chimiques appliqués. Toutefois, l'absence de populations de criquets pèlerins suffisamment denses n'a pas permis d'éprouver de nouvelles méthodes à grande échelle en conditions réelles.

Formation

61. Bien que la formation ne soit pas l'un des buts originels d'EMPRES (et ne fasse pas, à proprement parler, partie des objectifs du programme), les activités de la phase II d'EMPRES-RC se sont articulées autour de la formation. Au cours de la mise en oeuvre du programme, on s'est aperçu qu'il était plus difficile d'articuler les aspects conceptuels de la formation que de dispenser un cours de formation. Dès le début, EMPRES-RC a reconnu l'importance des concepts pédagogiques dans les activités de formation et la nécessité d'établir un cadre conceptuel. Néanmoins, le programme n'a pas aussi bien réussi à appliquer une démarche plus systématique à la formation. Apparemment, cela tient, entre autres, à la lenteur avec laquelle les programmes nationaux (dont l'évaluation des besoins en formation est un élément fondamental) ont été élaborés et aux contraintes budgétaires affectant le NRI, qui se sont répercutées sur la rédaction du manuel de formation.

62. Afin d'assurer la coordination et la compatibilité des opérations de lutte antiacridienne, les chargés de liaison avec EMPRES et le personnel de la FAO s'emploient actuellement à définir des critères de formation et notamment le niveau des connaissances et du savoir-faire technique que les agents de la lutte antiacridienne doivent avoir acquis au terme d'un cours de formation donné. EMPRES-RC, la CLCPRC et l'OLCP-EA adopteront des critères harmonisés. Pour appuyer l'harmonisation, un manuel de formation exhaustif couvrant les méthodes de prospection améliorées, l'évaluation des populations, les opérations de lutte et l'organisation de la formation devrait paraître en 2002; ce manuel servira à former des formateurs et à organiser des activités de formation aux niveaux local et national. Là encore des questions de partage des coûts entre le NRI et EMPRES-RC ont retardé les travaux.

4.3 SONDAGE SUR EMPRES

63. Les pays des régions centrales et occidentales d'EMPRES, les collaborateurs et les donateurs ont été invités, par un bref questionnaire, à exprimer leur opinion au sujet d'EMPRES et à formuler des propositions concernant les priorités futures.

64. Sur les 17 pays membres en développement contactés, 11 ont répondu, ainsi qu'une des deux organisations régionales de lutte antiacridienne et quatre des dix donateurs/collaborateurs.

65. Les résultats du sondage indiquent qu'EMPRES a généralement bonne presse. Il est cependant difficile de tirer des conclusions générales compte tenu de la diversité des circonstances dans lesquelles se trouvent les sondés. Les principaux aspects positifs perçus par les pays d'EMPRES-RC sont l'amélioration des compétences grâce à la formation et à l'aide apportée par les experts; le perfectionnement des mécanismes d'échange d'informations et l'amélioration de la coordination entre les ULCP sont également appréciés. En revanche, les sondés déplorent surtout qu'EMPRES-RC ne puisse satisfaire à toutes les demandes de matériel (bien qu'ils se soient généralement félicités de l'aide reçue pour les instruments de communication et le matériel de prospection), que certains besoins en formation ne soient pas couverts et que les recherches entreprises soient insuffisantes ou n'aient pas encore produit de résultats intéressants.

66. Les réponses des pays d'EMPRES-RO (où le programme d'EMPRES proprement dit n'a pas encore démarré) reflètent l'inégalité des capacités opérationnelles de chaque ULCP. Les pays du Sahel font généralement remarquer qu'ils n'ont pas les moyens d'organiser des campagnes complètes de prospection et de lutte et qu'ils attendent avec intérêt le lancement du programme EMPRES-RO, tablant notamment sur le fait qu'il pourrait améliorer la collaboration régionale et la circulation de l'information.

67. Les donateurs et les collaborateurs apprécient EMPRES en tant que cadre facilitant la coordination des activités et leur permettant d'accéder aux ULCP des pays touchés par le criquet pèlerin. Certaines réponses font état des difficultés rencontrées avec les procédures administratives de la FAO et d'autres suggèrent d'intensifier la circulation des informations relatives aux activités d'EMPRES. Dans ces deux cas, les sondés estiment qu'EMPRES ne met pas suffisamment en avant les avantages d'une gestion préventive des infestations acridiennes.

V. Conclusions et recommandations1

5.1 AVENIR DU PROGRAMME EMPRES-CP

68. La réalisation des objectifs de la phase II d'EMPRES-RC est généralement en bonne voie et ce programme a en particulier développé sensiblement les compétences des agents de la lutte antiacridienne par le biais d'une série de cours de formation. Cependant, pour diverses raisons, l'avancement de la phase II est inégal selon les pays. D'une part, les progrès remarquables accomplis au Soudan démontrent l'efficacité de l'approche d'EMPRES et les améliorations que ce dernier est susceptible d'apporter s'il est fermement soutenu à l'échelon national. D'autre part, dans les pays où la mise en oeuvre du programme a été beaucoup plus lente, cette lenteur a souvent été due, pour une bonne part, à des facteurs de risque externes, tels que les conflits régionaux ou des flambées inattendues de fièvre de la vallée du Rift. Dans le cas du Yémen, les retards ont aussi été provoqués par des facteurs internes, tels que les écarts entre les crédits budgétaires et les dépenses réelles, et la délégation du pouvoir administratif/politique aux autorités locales.

69. Finalement, l'avenir à plus long terme d'EMPRES-RC et le prolongement du programme jusqu'à la phase III dépendront du degré de réalisation des objectifs de la phase II et des sommes engagées par les donateurs. EMPRES-RC doit s'assurer que les indicateurs de performance sont axés sur les résultats, afin de permettre, chaque fois que possible, une mesure quantitative.

70. L'avenir d'EMPRES-RO est plus précaire. Aucun donateur n'a signé à ce jour d'engagement financier ferme en faveur du programme. Les raisons de cet état de choses sont floues. Les pays de la région orientale (Afghanistan, Inde, République islamique d'Iran et Pakistan) ont participé à certaines activités d'EMPRES dans les régions occidentale et centrale. En outre, la FAO (AGPP) envisage de faire financer par des donateurs certaines activités d'EMPRES dans la région, notamment celles liées à la modernisation de la prospection, à la lutte et à la formation.

5.2 GESTION DU PROGRAMME

71. La gestion d'EMPRES-RC est complexe: le personnel est dispersé, les communications sont parfois laborieuses et le financement est loin d'être simple; dans ces circonstances, il est beaucoup plus compliqué de gérer et de coordonner le programme efficacement.

72. La gestion et l'administration générales du programme se sont considérablement améliorées dans la région centrale - la mission d'évaluation menée en 1999 avait relevé cet aspect parmi les points particulièrement préoccupants. Les éléments signalant cette évolution sont l'implication active du personnel d'EMPRES-RC et des chargés de liaison avec EMPRES dans la mise en oeuvre de la phase II, l'amélioration des communications internes entre EMPRES-RC et les responsables de la FAO, l'adoption d'une démarche structurée pour la planification et la notification des travaux et l'amélioration générale du suivi et de la notification des résultats obtenus. EMPRES-RC et la CLCPRC se comprennent beaucoup mieux, comme l'atteste le nombre croissant d'activités cofinancées.

73. L'association plus étroite du personnel d'EMPRES-RC à la prise de décisions concernant le programme a aussi contribué à rendre la gestion plus efficace et efficiente. Toutefois, certaines décisions se rapportant à des aspects importants de la gestion n'ont pas été optimales. Parmi les erreurs de gestion, citons le fait que le coordinateur par intérim a dû attendre 18 mois avant d'être nommé coordinateur du programme et la lenteur de la réaction aux difficultés rencontrées par le programme au Yémen.

74. La FAO et EMPRES-RC devraient suivre attentivement l'évolution du programme dans les pays où celui-ci accuse un retard. Si les retards persistent, il faudrait les signaler à des fonctionnaires de rang plus élevé à la FAO et au Comité consultatif d'EMPRES-RC, afin que ceux-ci puissent trouver des solutions avec les autorités concernées.

75. L'assistance technique d'AGPP est limitée quant à sa fréquence, à sa durée et à la fourniture de conseils techniques. De fait, le nombre d'activités non liées à EMPRES auxquelles le personnel d'AGPP doit prendre part, les contraintes budgétaires et la limitation des effectifs, empêchent le Service de la protection des plantes de mettre ses compétences au service d'un suivi et d'un appui techniques intensifs.

76. La FAO devrait envisager de réviser le mandat actuel du poste de technicien et d'en créer un supplémentaire pour appuyer la mise en oeuvre des activités d'EMPRES-RC. Si EMPRES-RO est lancé, la Division de la production végétale et de la protection des plantes (AGP) devra vérifier si AGPP dispose d'un personnel suffisant pour gérer et administrer efficacement deux grands projets régionaux sur le terrain, tout en continuant à mener ses activités habituelles. Dans le même contexte, il conviendrait que la FAO envisage de faire appel à des experts extérieurs pour renforcer le suivi technique des activités locales d'EMPRES.

5.3 RELATIONS ENTRE EMPRES ET SES DONATEURS

77. Le financement d'EMPRES pose deux problèmes liés, d'une part, au manque d'intérêt que suscite le financement d'EMPRES-RO auprès des donateurs et, d'autre part, aux activités bilatérales mises en oeuvre sous l'égide d'EMPRES.

78. S'agissant du premier point, seuls les États-Unis et la France ont indiqué qu'ils pourraient financer EMPRES-RO (le projet de fonds fiduciaire soutenu par la Norvège depuis 1996 est considéré comme une contribution à EMPRES-RO, mais son avenir au-delà de 2002 n'est pas assuré. Les États-Unis appuient deux petits projets d'assistance aux pays de la région occidentale). Les raisons pour lesquelles EMPRES-RO ne suscite pas un grand intérêt chez les donateurs potentiels n'ont pas été élucidées.

79. S'agissant du second point, plusieurs activités bilatérales, essentiellement liées à la recherche, sont conduites dans le cadre d'EMPRES-RC (il s'agit notamment de recherches sur l'environnement au Soudan et d'études économiques menées par les universités de Göteborg et de Hanovre). Dans certains cas, les activités bilatérales ne correspondent pas forcément aux objectifs de base d'EMPRES. La mission a estimé que le bien-fondé de ces activités n'avait pas été assez débattu avec la FAO, de même que la possibilité de modifier les propositions originales afin de les rapprocher des activités d'EMPRES-RC.

80. La FAO devrait s'entretenir avec les donateurs afin d'élucider les raisons pour lesquelles ils semblent répugner à financer les activités d'EMPRES-RO. La FAO et EMPRES-RC devraient aussi évaluer plus en détail les activités de recherche bilatérale proposées au titre d'EMPRES-RC et, s'il y a lieu, se concerter avec les agences bilatérales pour s'assurer que ces activités cadrent avec les objectifs de base d'EMRES-RC.

5.4 COUVERTURE D'EMPRES

81. La plupart des ULCP font partie de services de la protection des plantes et ne se limitent pas à la lutte antiacridienne. Récemment, l'absence de populations denses de criquets pèlerins a favorisé cette situation et les ULCP, ainsi que certains donateurs/collaborateurs, apprécieraient de voir s'ouvrir le champ d'EMPRES à d'autres ravageurs des plantes importants.

82. Les pays d'Asie du Sud-Ouest où sévit le criquet pèlerin (Afghanistan, Inde, République islamique d'Iran et Pakistan) se sont montrés désireux de prendre une part plus active au programme EMPRES et la Commission d'Asie du Sud-Ouest a indiqué, à sa réunion de septembre 2000, qu'elle projetait d'entreprendre plusieurs activités semblables à bien des égards à celles d'EMPRES. La FAO (AGPP) recherche en ce moment des donateurs susceptibles de financer des travaux dans la région.

83. La FAO devrait envisager d'élargir le mandat d'EMPRES-CP de façon à y inclure d'autres ravageurs des végétaux et d'autres régions touchées par le criquet pèlerin.

5.5 AVANTAGES ÉCONOMIQUES DE LA LUTTE ANTIACRIDIENNE

84. L'un des aspects importants des travaux d'EMPRES est leur contribution au débat sur les justifications économiques et sociales des stratégies préventives en matière de lutte antiacridienne, les critères socio-économiques étant essentiels aux yeux des décideurs des pays en développement et des organismes donateurs. Si les décideurs des pays victimes du criquet pèlerin dans lesquels s'est rendue la mission semblent privilégier l'approche préventive (autrement dit, maintenir les stratégies de lutte actuelles, tout en les affinant et en les ciblant davantage), certaines études économiques conduites au cours de la dernière décennie tendent à écarter l'approche préventive, la jugeant trop coûteuse et pas assez respectueuse de l'environnement. En revanche, d'autres stratégies sont privilégiées, comme des régimes d'assurance et/ou des versements au titre de l'aide sociale et des indemnités, mais ces stratégies sont purement théoriques et n'ont jamais été mises en oeuvre dans aucun pays touché par le criquet pèlerin. Parallèlement, les études économiques examinées par la mission montrent que les données pertinentes manquent pour évaluer avec exactitude les coûts et les avantages réels des campagnes et que les données disponibles sont parfois contradictoires.

85. Les conclusions tirées jusqu'à présent ne font pas encore l'unanimité: les études commandées ou inspirées par EMPRES n'ont pas réussi à rapprocher les personnes qui pratiquent la lutte antiacridienne sur le terrain et les décideurs des pays victimes du criquet pèlerin, d'une part, et les économistes universitaires, d'autre part. Les premiers font valoir que les infestations ont des conséquences sociales et politiques désastreuses et que les autres stratégies d'intervention proposées n'ont pas été essayées sur le terrain, tandis que les seconds arguent du maigre rendement de la prévention (surtout dans les pays qui produisent des denrées à faible valeur économique) comparativement aux méthodes de lutte classiques.

86. À cet égard, il est intéressant de noter que les études et les synthèses examinées dans le contexte d'EMPRES ne se réfèrent pas à la Commission australienne de lutte antiacridienne (APLC), dont les opérations atteindraient un rapport avantage-coût compris entre 23/1 et 29/1. Il semble également que, malgré le choix déclaré des pouvoirs publics d'accorder une priorité élevée à la lutte antiacridienne, les études économiques réalisées dans le cadre d'EMPRES n'aient jamais été soumises aux économistes ou aux fonctionnaires chargés de la planification aux ministères de l'agriculture, de l'aménagement ou des finances. Certains craignent que le fait d'avoir négligé de consulter les personnes compétentes et de parvenir à un consensus ait une influence néfaste sur certaines décisions des donateurs, si les avantages économiques sont mis en doute, même si les autres stratégies n'ont pas été mises à l'épreuve et que la décision de ne prendre aucune mesure préventive risque en fin de compte de coûter cher aux donateurs.

87. Il conviendrait d'entamer des recherches sur les avantages économiques de la lutte préventive contre le criquet pèlerin, sur les implications politiques et sociales des attaques de criquets et sur les moyens de lutter contre ces ravageurs et de réparer les dégâts qu'ils causent.

5.6 PROGRAMMES NATIONAUX

88. Les programmes nationaux (PN) ont été introduits au cours de la phase I d'EMPRES. L'élaboration d'un PN consiste à analyser les principaux aspects du système de gestion de la lutte antiacridienne d'un pays et à concevoir des plans et des stratégies d'action. Les PN sont considérés comme un outil analytique précieux pour ce qui est d'améliorer les procédures de prospection et de lutte et comme un mécanisme propre à favoriser la prise en charge du processus d'EMPRES par les pays eux-mêmes. Malgré l'importance attribuée aux PN durant la phase I, ceux-ci ne sont pratiquement plus mentionnés dans le document de mise en oeuvre de la phase II du programme, ni dans le plan de travail. Il semblerait que l'élaboration des PN stagne en Érythrée, au Yémen et en Arabie saoudite. Le Soudan a préparé et met en oeuvre son PN, tandis que l'Éthiopie a entamé des travaux concernant certains volets du PN. Le Yémen a déclaré récemment qu'il réactiverait son PN.

89. Les programmes nationaux (PN) sont considérés comme un outil important et EMPRES-RC devrait redoubler d'efforts pour aider les pays à élaborer et mettre en oeuvre leur PN.

5.7 RECHERCHE

90. Dans l'ensemble, des progrès sensibles ont été enregistrés dans plusieurs champs de recherche. Le projet de fonds fiduciaire FAO/Norvège exécuté en Mauritanie sous l'égide d'EMPRES-RO a produit des résultats utiles sur le plan opérationnel, qui ont été relevés par une évaluation indépendante effectuée récemment. La synergie entre ce projet et l'ULCP mauritanienne s'est avérée très productive.

91. Le mécanisme de subvention de la recherche établi dans le cadre d'EMPRES-RC attire de plus en plus de propositions émanant des institutions de la région. Bien qu'il soit encore trop tôt pour évaluer les résultats de ces recherches, le mécanisme suscite l'intérêt et renforce les compétences à l'échelle régionale. Sa viabilité à long terme n'est pas acquise, les propositions de recherche s'étendant sur une période dépassant la phase II d'EMPRES-RC en cours. Son financement à long terme dépendra probablement de la CLCPRC.

92. La région a connu une période calme en ce sens qu'elle n'a pas reçu la visite de populations grégaires de criquets pèlerins; il n'a donc pas été possible de mener des recherches opérationnelles, telles que des essais d'application de pesticides et d'amélioration des méthodes de prospection. Si les populations de criquets pèlerins augmentent sensiblement, il y a fort à parier qu'EMPRES-RC et les ULCP nationales feront l'objet de nombreuses pressions concurrentes, voire conflictuelles, exercées par des personnes qui leur demandent d'essayer divers pesticides et d'entreprendre différentes études écologiques.

93. EMPRES-RC, la CLCPRC et la FAO devraient se pencher sur la viabilité à long terme du mécanisme de subvention de la recherche. Il conviendrait aussi que la FAO et EMPRES-RC créent des dispositifs de recherche en situation d'urgence et établissent des priorités afin de faciliter la recherche sur le terrain en cas d'infestation des régions centrale et occidentale par des populations de criquets pèlerins. On aurait avantage à examiner les activités de recherche et les programmes de formation susceptibles d'être organisés conjointement par EMPRES-RO et EMPRES-RC, afin d'assurer une utilisation efficace des ressources, d'harmoniser les démarches et de généraliser les échanges d'idées.

5.8 FORMATION

94. L'élaboration de la stratégie générale de formation, axée sur la formation de formateurs de haut niveau, qualifiés pour dispenser des cours de formation nationaux, continue à bien progresser. Les responsables d'EMPRES-RC sont conscients de la nécessité de consolider les acquis obtenus jusqu'à présent et d'améliorer les systèmes de suivi et d'évaluation de l'impact de la formation. Durant la phase II, la formation s'attache davantage à soutenir l'effort national de formation, afin d'assurer sa viabilité à long terme, tant en ce qui concerne les ressources humaines que son financement. La création d'un cours de troisième cycle à l'Université de Khartoum est opportune; elle devrait contribuer à accroître les compétences en matière de gestion de la lutte antiacridienne dans la région.

95. Les réponses au questionnaire et les entretiens menés par la mission confirment que la formation dispensée par EMPRES a aidé les ULCP à développer leur capacité et que plusieurs pays stratégiques souhaitent vivement commencer à se lancer dans la formation.

5.9 RAMSES

96. La récente contraction du personnel du NRI affecté à la base de données RAMSES risque de se répercuter sur EMPRES. Si les anciens employés du NRI pourront vraisemblablement travailler directement pour la FAO comme consultants en formation sur RAMSES, les questions liées à l'assistance technique actuelle de NRI à RAMSES ne sont pas encore résolues. Il est presque certain que RAMSES réclamera des modules supplémentaires, tels qu'une interface pour l'ULCP mauritanienne qui permettrait à RAMSES d'utiliser les données de LOCDAT. De même, il sera probablement nécessaire de créer un module de gestion pour contrôler les informations concernant la campagne.

97. Dès que le NRI se sera prononcé sur l'assistance technique qu'il compte fournir ultérieurement, il pourrait être utile que les responsables d'EMPRES commencent à préparer un exposé de la situation qui servirait à orienter les discussions sur l'utilisation future du Système de reconnaissance et de gestion de l'environnement de Schistocera (RAMSES), notamment sur l'éventuelle création de modules supplémentaires. Le document précité devrait, si possible, fournir une estimation des coûts.

5.10 TÉLÉDÉTECTION

98. La fiabilité de l'utilisation des images satellites pour identifier les zones de végétation verte dans les aires de reproduction habituelles du criquet pèlerin, lors des prospections au sol ou aériennes, n'est pas démontrée. C'est la capacité de détecter des zones à faible densité de végétation verte avec un degré de confiance suffisant qui semble poser un problème technique. Comme nombre de zones habituelles de reproduction du criquet pèlerin se caractérisent par une végétation clairsemée, ce paramètre est capital. De plus, on manque de données de vérification au sol pour évaluer les limites des images satellites.

99. La FAO devrait faire en sorte que le Service d'information sur le criquet pèlerin (SICP) reçoive des données techniques supplémentaires, de façon à pouvoir fournir des images satellites à certains pays et mener des prospections de vérification au sol. Les résultats devraient être analysés et consignés sous la forme d'un guide sur les avantages et les limites de l'utilisation des images satellites dans la planification de la prospection des criquets.

5.11 ACCÈS AUX INFORMATIONS SUR EMPRES

100. Le site web de l'AGPP (SICP) fournit beaucoup d'informations sur les activités d'EMPRES, notamment divers rapports et le programme des activités à venir. En outre, ce site contient des liens utiles avec d'autres organisations participant à la lutte ou à la recherche antiacridiennes. Le site web du projet FAO/Norvège devrait s'ouvrir prochainement.

101. Il est possible d'accroître la participation des pays de la région orientale à certaines activités d'EMPRES, telles que la formation et l'accès aux informations sur la recherche, en particulier par la création de sites web d'EMPRES supplémentaires, comme le prévoit le projet FAO/Norvège.

5.12 ÉCHANGES D'INFORMATION

102. Le réseau de communication d'EMPRES est encore centré sur la FAO/SICP (la CLCPRC formant le deuxième nœud d'information); l'échange parallèle d'informations entre ULCP de pays membres reste une exception. Cette situation devrait préoccuper autant les ULCP que les responsables d'EMPRES-RC, les ULCP manquant d'initiative, semble-t-il, pour ce qui est d'établir des contacts réguliers avec leurs homologues d'autres pays. Les progrès des technologies de la communication dans la région devraient faciliter le transfert de plus gros fichiers ou la création de sites web par les ULCP - une bonne raison pour revoir l'utilisation pratique des technologies modernes de l'information et les politiques régissant l'échange d'informations entre les pays d'EMPRES-RC.

103. L'échange d'informations entre les régions occidentale et centrale n'est pas sans rapport avec ce qui précède. L'ULCP mauritanienne a amélioré de façon notable la technologie d'application des pesticides, mais cette avancée est pratiquement méconnue de ses ULCP partenaires dans la région centrale. Dans le sens inverse, l'ULCP mauritanienne (et donc probablement d'autres ULCP de la région occidentale) n'a reçu que des informations sporadiques sur les évolutions survenues dans la région centrale.

104. Les sites web sont très utiles à la diffusion des résultats d'EMPRES. Il conviendrait d'envisager l'ouverture d'un site web commun (CLCPRC/EMPRES-RC), surtout depuis le récent regroupement du personnel de direction au Caire. La FAO pourrait aussi diffuser du matériel didactique, via Internet, en plus des informations, résultats et rapports qu'elle fait déjà paraître par ce biais.

 

Annexe 1

OBSERVATIONS FORMULÉES PAR LE GROUPE D'EXPERTS

105. Le groupe d'experts externe2 s'est réuni du 9 au 12 décembre 2001 à Rome pour examiner le rapport d'évaluation d'EMPRES (volet sur le criquet pèlerin) et formuler des observations sur ce rapport. Les observations du groupe d'experts sur cette évaluation et sur le programme d'EMPRES (criquet pèlerin) sont récapitulées ci-après.

Qualité de l'évaluation

106. L'équipe a conduit l'exercice d'évaluation avec toute la rigueur analytique nécessaire et traité toutes les questions importantes comme il convient, sans en négliger aucune, tandis que les résultats et les conclusions attestent que l'équipe a fait preuve de jugement dans ses appréciations.

107. Des circonstances imprévues et les conditions régnant dans certains pays membres d'EMPRES ont restreint la couverture géographique de l'évaluation; ces facteurs, s'ajoutant aux contraintes temporelles, n'ont pas permis à l'équipe de s'entretenir de façon approfondie avec chaque partie prenante. Ces limites ont cependant été en partie compensées par l'envoi judicieux de questionnaires. Si cette évaluation est intervenue à un stade trop précoce de la phase II d'EMPRES-CP pour livrer des informations susceptibles d'appuyer les négociations sur le financement ultérieur, elle a permis, en revanche, d'étudier les réponses des pays membres et du siège de la FAO aux recommandations émises lors de l'évaluation précédente, conduite en 1999, et d'évaluer les progrès accomplis par les pays membres, d'après des critères liés au programme plutôt qu'aux pays.

Conclusions et recommandations de l'évaluation

108. Le groupe d'experts souscrit, dans l'ensemble, aux conclusions et recommandations, et fait remarquer ce qui suit:

    1. EMPRES-CP repose sur un concept solide, du point de vue technique, économique, stratégique et politique, qui demande à être appliqué avec toute la diligence et l'énergie possibles.
    2. EMPRES-RC a réussi, en tant que premier programme opérationnel, à mettre en place tous les éléments essentiels des systèmes de prévention des situations d'urgence. Les compétences spécialisées, les techniques, l'aptitude des techniciens, les instruments et le matériel, l'information et les services de communication, et le tissage de réseaux dans la région ont été améliorés et le secrétariat de la CLCPRC est déjà à pied d'oeuvre. EMPRES-RC a donc réussi sa mission et il est probable qu'avec un appui extérieur adéquat EMPRES-RO obtiendra les mêmes résultats, tout comme EMPRES-RE (EMPRES-région orientale), le moment venu.
    3. Il est urgent de mobiliser les donateurs pour financer les programmes de la région occidentale et de la région orientale. La démarche des donateurs tendant à suivre une orientation thématique, notamment avec l'instauration récente d'un fonds fiduciaire mondial à la FAO, il serait pertinent de rechercher le dispositif de financement qui convienne le mieux à ce programme. Comme le programme est censé être mis en oeuvre dans plusieurs régions (centrale, occidentale et orientale) avec des activités différentes suivant les régions, on pourrait envisager un double système de financement dans lequel les activités fondamentales, principalement normatives, d'EMPRES seraient financées par un «fonds commun» (budget du Programme ordinaire de la FAO et fonds fiduciaire alimenté par des contributions complémentaires des donateurs bilatéraux), tandis que les activités proprement régionales seraient essentiellement soutenues par des donateurs bilatéraux et une assistance technique de la FAO.
    4. Le manque de personnel au siège de la FAO et sur le terrain est un aspect critique, notamment à l'égard de la fourniture d'une assistance technique adéquate au programme et du suivi technique sur le terrain; le groupe d'experts appuie les recommandations sans réserve.
    5. Le programme de formation des formateurs représente un élément essentiel de la mise en place de capacités et les experts reconnaissent la nécessité de suivre les effets de la formation. De plus, il souligne la nécessité d'évaluer le niveau des formateurs et d'appliquer une stratégie à plus long terme visant à conserver et développer les compétences spécialisées à tous les niveaux appropriés. Les experts voient la création d'un cours de troisième cycle à l'Université de Khartoum, parrainé par la CLCPRC et EMPRES-RC, comme une initiative porteuse, méritant d'être répétée ailleurs dans les régions, et approuvent résolument le projet de publication de manuels de formation. Les programmes de formation menés conjointement par les régions centrale et occidentale devraient déboucher sur une utilisation plus efficiente des ressources et sur l'harmonisation des méthodes et des normes de formation.
    6. L'information et sa diffusion composent un paramètre important et les experts adhèrent à la recommandation d'actualiser le site web et de diffuser en temps utile des informations sur ce site. Il convient d'enrichir le site web d'EMPRES et d'y inclure des liens vers d'autres sites web pertinents du pays et d'aider les pays à créer et gérer des sites web nationaux contenant des informations thématiques.
    7. Il est essentiel de tenir compte des aspects économiques afin de concevoir et d'appliquer durablement les stratégies les plus efficientes en matière de prévention des situations d'urgence provoquées par le criquet - le programme devrait être plus actif à cet égard. Jusqu'à présent, la plupart des études ont été conduites par des universités, surtout de manière ad hoc, et sans avoir bénéficié des conseils que le programme EMPRES aurait pu leur apporter au sujet de la nature de toutes les questions à prendre en considération dans ce type d'étude. Il appartient à EMPRES d'examiner et d'évaluer toutes les études pertinentes et de commander des études plus exhaustives lorsqu'il passera de la gestion de crise à la gestion des risques.
    8. La mise en oeuvre d'EMPRES incombant principalement aux ULCP des pays, sa réussite repose sur les programmes nationaux (PN). La mission d'évaluation a le sentiment que les PN ont été mis de côté au cours de la phase II d'EMPRES-RC, mais le personnel de l'AGPP estime qu'il s'agit plutôt d'une négligence que d'une action délibérée. De l'avis du groupe d'experts, il faut non seulement rappeler l'importance des PN, mais aussi leur accorder plus d'attention que par le passé, étant donné qu'ils conditionnent la réussite de la mise en oeuvre et la viabilité des progrès accomplis dans le cadre d'EMPRES. Dans chaque pays membre, les responsables du PN doivent étudier la meilleure manière de renforcer et de maintenir la capacité de lutte antiacridienne dans leur contexte organisationnel et politique national. Une démarche de type «taille unique» sapera l'efficacité de la mise en oeuvre.
    9. La recherche fait partie intégrante du programme, y compris en vue de promouvoir des technologies et méthodes améliorées - en particulier l'utilisation de biopesticides par souci écologique. Les recherches requises pour couvrir toutes ces questions dépassent le mandat d'EMPRES, aussi la FAO doit-elle se tourner davantage vers le plaidoyer afin de faire connaître la nature des recherches nécessaires et encourager les organismes de recherche compétents à répondre à son appel et/ou favoriser des projets financés par des contributions extérieures, en particulier des recherches régionales conjointes.

Autres suggestions pour l'avenir

109. Les experts insistent sur le fait que si le programme peut avoir avantage à commander l'étude exhaustive et approfondie qui lui permettrait de justifier directement sa mise en oeuvre du point de vue économique, il importe de noter que les avantages socio-économiques, en particulier la prévention de la famine, des souffrances humaines, de l'indigence et de la pauvreté et le maintien d'une stabilité politique et de l'ordre sont indispensables au développement durable des pays membres d'EMPRES. La contribution potentielle d'EMPRES au bien public dans son sens le plus large ne peut s'évaluer sur le seul plan économique.

110. L'une des questions qui se pose, une fois qu'on a constaté que le programme a contribué substantiellement à la création de capacités de prévention des situations d'urgence acridienne dans les pays membres, se rapporte à la meilleure façon de conserver et de renforcer ces capacités durant les périodes de rémission qui caractérisent cette espèce. L'expérience acquise ailleurs tend pratiquement à démontrer que si ces capacités ne sont pas entretenues de façon à demeurer prêtes à intervenir, elles perdent de leur efficacité et les compétences et la motivation du personnel se dégradent. On sait également par expérience que l'efficience opérationnelle d'unités spécialisées, telles que les services de prévention des situations d'urgence acridienne, peut être entretenue par une mesure de prudence consistant à réaffecter temporairement ces services à d'autres opérations de lutte contre des ravageurs sévissant dans les mêmes pays que le criquet pèlerin (par exemple, d'autres espèces de criquets, la chenille de la leucanie, le quélea et des sauterelles).

111. La décision de limiter initialement la portée du programme au criquet pèlerin a été prudente: le programme s'est concentré sur les points critiques de la zone de rémission du principal ravageur migrateur et, mettant le concept qui le sous-tend à l'épreuve de la pratique (la plus dure), a fourni la démonstration de son bon fonctionnement dans les contextes variables et contrastés des pays membres. Toutefois, l'état d'avancement actuel de sa mise en oeuvre laisse supposer que la diversification des espèces ciblées par le programme pourrait rendre ce dernier encore plus productif et bénéfique pour ses pays membres. En les appliquant non seulement au criquet pèlerin, mais aussi à d'autres ravageurs transfrontières, on tirerait un profit optimal des exercices de planification des dispositifs d'urgence, y compris l'alerte rapide, l'intervention rapide, la formation, la recherche et la coordination, qui ont été consolidés par le programme.

112. L'élargissement du programme à d'autres espèces que le criquet pèlerin non seulement ne modifierait en rien son concept ou sa mise en oeuvre, mais aurait plutôt tendance à développer le concept. L'expansion est une étape logique de la mise en oeuvre du programme EMPRES qui contribuerait réellement à faire d'EMPRES la meilleure stratégie possible pour la gestion des ravageurs transfrontières et la prévention des situations d'urgence provoquées par les parasites. Les experts s'accordent à dire que les autres parasites sur lesquels le programme EMPRES pourrait porter à l'avenir sont, par ordre de gravité de leur infestation: les espèces de criquets d'Asie centrale (migrateur, marocain et italien); b) le criquet nomade; c) la chenille de la leucanie; d) le quélea; et e) les sauterelles. Il semblerait que le moment opportun pour étendre le programme à d'autres espèces soit le démarrage de la phase III du programme, prévu en 2004. La réaffectation temporaire de la capacité de lutte contre le criquet pèlerin à des exercices de prévention ne devrait pas, ou guère, augmenter les coûts. Cette extension consistera essentiellement à appliquer (avec les adaptations requises) les capacités de planification et de gestion de la prévention des situations d'urgence acridienne à d'autres espèces de parasites.

 

Annexe 2

RÉACTION DES RESPONSABLES DU PROGRAMME
(DÉPARTEMENT DE L'AGRICULTURE)

113. Les responsables notent avec satisfaction que le concept d'EMPRES fait l'unanimité et que personne ne conteste la réussite du programme dans la région centrale. Ils sont également satisfaits de constater que l'évaluation a été conduite selon une méthode fiable comportant la consultation, dans toute la mesure possible, des parties prenantes.

114. Les responsables reconnaissent que le budget actuel d'EMPRES est limité, ce qui restreint la supervision technique et ralentit l'extension du programme au-delà de la région centrale. La poursuite du financement par les donateurs étant loin d'être assurée après 2003, les responsables recherchent d'autres annonces de contributions pour compléter les ressources que l'Organisation alloue à ce programme.

115. Les responsables reconnaissent qu'EMPRES-RC manque de personnel et ne peut effectuer suffisamment de tâches techniques, en particulier sur le terrain. Si ces compétences techniques étaient disponibles au niveau local, il serait beaucoup moins nécessaire de faire appel à l'assistance technique du siège (AGPP). Quoi qu'il en soit, l'AGPP ne peut dispenser des conseils techniques spécialisés sur tous les aspects, compte tenu du nombre et de la diversité des activités couvertes par le programme. EMPRES-RC doit donc se tourner vers des consultants experts, selon les besoins, et dans la limite des ressources disponibles, conformément au programme de travail et budget 2002-2003. Les responsables acceptent aussi la recommandation selon laquelle, lorsque EMPRES-RO deviendra un programme de terrain à part entière, le siège devra engager des agents supplémentaires pour fournir la supervision technique nécessaire.

116. Les responsables reconnaissent que les facteurs économiques jouent un rôle important dans la conception et l'application durable de stratégies efficientes pour la prévention des situations d'urgence acridienne. Les responsables notent que les études socio-économiques détaillées sur la lutte contre d'autres ennemis des plantes, même non migrateurs, sont très rares et très onéreuses. Ils considèrent que l'attention accordée en ce moment aux aspects économiques des attaques de criquet pèlerins, y compris à leurs répercussions sociologiques, combinée aux études conduites par EMPRES-RC et, bilatéralement, par plusieurs organismes, suffit. À cet égard, ils font remarquer que durant les périodes où les populations de criquets pèlerins sont très clairsemées, le nombre d'études socioéconomiques pouvant être menées est limité. Lorsque la prochaine invasion de criquets pèlerins se produira, il sera indispensable de récolter des données sur les dégâts occasionnés aux cultures et aux pâturages et sur leurs incidences sociologiques. Les responsables rejoignent totalement le groupe d'experts lorsque celui-ci déclare que la contribution potentielle d'EMPRES au bien public dans son sens le plus large ne peut s'évaluer sur le seul plan économique.

117. Les responsables estiment que la poursuite des recherches menées par EMPRES sur les moyens de réduire sensiblement le coût de la lutte antiacridienne serait d'une très grande utilité.

118. Les responsables prennent acte des observations sur l'échange d'informations formulées par la mission d'évaluation et par le groupe d'experts. Ils conviennent que la diffusion de l'information mérite une plus grande attention et que le site web d'EMPRES doit être enrichi.

119. Les responsables reconnaissent l'importance de la recherche. Ils approuvent les recommandations de la mission d'évaluation sur la viabilité à long terme du plan de subvention de la recherche. Ils observent que l'appui à long terme des programmes de recherche s'est effectivement révélé très difficile et qu'ils étudient les moyens d'affermir cet appui.

120. La suggestion du groupe d'experts de réaffecter les services de prévention des situations d'urgence acridienne d'EMPRES à d'autres parasites transfrontières doit être examinée avec la plus grande prudence. Plusieurs services ont aussi une fonction à remplir durant les périodes de rémission, tandis que d'autres peuvent n'être mobilisés que durant les périodes de résurgence et d'invasion. EMPRES-CP a pour objectif de doter chaque pays de moyens durables de surveiller les populations de criquets dans le cadre d'un système d'alerte rapide. Toute tentative de réaffecter ces ressources durant les périodes calmes risque d'affaiblir la capacité d'alerte rapide et de permettre à des foyers d'infestation non détectés de s'étendre. L'histoire ne manque pas d'exemples à cet égard, dont la dernière grande infestation survenue en 1986. Par ailleurs, les ressources allouées à l'intervention durant les phases de recrudescence et d'infestation devraient être identifiées dans les plans d'urgence des pays, mais peuvent être réaffectées en partie ou en totalité durant les périodes de rémission.

121. Les responsables notent que l'extension d'EMPRES peut se faire selon trois axes. Premièrement, l'extension géographique d'EMPRES-CP, de façon qu'il couvre plus complètement la région occidentale et inclue la région orientale. Deuxièmement, dans certains pays couverts par EMPRES-CP, l'élargissement du programme à d'autres migrateurs nuisibles comme d'autres espèces de criquets, la chenille de la leucanie et les quéleas (oiseaux). Troisièmement, l'extension d'EMPRES à d'autres espèces migratrices peut aussi embrasser d'autres régions géographiques que celles qui sont visées actuellement par EMPRES. Les deux premiers axes ont été examinés par la mission d'évaluation et le troisième a été débattu par le groupe d'experts. Tout comme le groupe d'experts, les responsables estiment très souhaitable qu'à l'avenir, le programme englobe d'autres espèces migratrices peuplant d'autres zones géographiques. Les responsables considèrent qu'il faudrait, en priorité, coordonner et améliorer la gestion des espèces de criquet en Asie centrale, en particulier en Afghanistan, en y introduisant notamment des méthodes de lutte intégrée contre les ennemis des cultures plus respectueuses de l'environnement. L'observation des experts selon laquelle l'élargissement du programme à d'autres espèces n'entraînerait pas de dépenses supplémentaires notables vaut pour les pays dans lesquels EMPRES agit déjà ou pour d'autres pays qui luttent activement contre le criquet pèlerin. Mais elle ne s'appliquera pas nécessairement aux criquets d'Asie centrale, par exemple. En outre, un élargissement ne peut être mené à bien sans ressources supplémentaires pour financer les postes techniques requis au siège et les activités sur le terrain.

 

Sigles

AGP

Division de la production végétale et de la protection des plantes (FAO)

AGPP

Service de la protection des plantes (FAO)

APLC

Commission australienne de lutte antiacridienne (Australian Plague Locust Commission)

APO

Cadre associé (FAO)

CCT

Comité consultatif technique

CLCP

Comité de lutte contre le criquet pèlerin

CLCPANO

Commission de lutte contre le criquet pèlerin en Afrique du Nord-Ouest (FAO)

CLCPRC

Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région centrale (FAO)

CLCPRO

Commission de lutte contre le criquet pèlerin dans la région occidentale (FAO)

CLE

Chargé de liaison avec EMPRES

EMPRES

Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (FAO)

EMPRES-CP

EMPRES criquet pèlerin

EMPRES-RC

EMPRES région centrale

EMPRES-RO

EMPRES région occidentale

FAO

Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture

FRN

Fonctionnaire recruté sur le plan national

GPS

Système de géopositionnement par satellite

GTZ

Office allemand de coopération technique

ICIPE

Centre international sur la physiologie et l’écologie des insectes, Nairobi

LOCDAT

Base de données sur le criquet pèlerin (GTZ)

NRI

Natural Resources Institute (Royaume-Uni)

OLCP-EA

Organisation de lutte contre le criquet pèlerin dans l’Est africain

PCT

Programme de coopération technique

PN

Programme national

RAMSES

Système de reconnaissance et de gestion de l’environnement de Schistocerca (gestion des données du Système d’information géographique et outil d’aide à la prise de décisions créé par le NRI en collaboration avec la FAO)

RNE

Région du Proche-Orient

SICP

Service d’information sur le criquet pèlerin (FAO)

UE

Union européenne

ULCP

Unité (nationale) de lutte contre le criquet pèlerin

UNV

Programme des volontaires des Nations Unies

USAID

Agence des États-Unis pour le développement international

 

____________________________

1 Les recommandations sont libellées en italiques.

2 Le groupe d'experts externe se composait des personnes suivantes: Dr Graeme Hamilton (Australie), Directeur de la Commission australienne de lutte antiacridienne (APLC), Canberra; Dr Roger Price (Afrique du Sud), Directeur de la division du criquet pèlerin à l'Institut de recherches sur la protection des plantes, Pretoria; Dr Mohamed Zehni (Jamahiriya arabe de Lybie), ex-Directeur à la retraite de l'AGP et de l'ancienne Division du développement de la recherche et de la technologie (AGR); professeur Tecwyn Jones (Royaume-Uni), Université du Pays de Galles et ex-directeur adjoint du NRI, Ministère du développement international (DFID); Dr Tayeb Ameziane El Hassani (Maroc), Professeur d'agronomie et Directeur de l'observatoire national de la sécheresse; Dr Mohammed M. El Hannan (Soudan), Sous-Secrétaire du Ministère de l'agriculture et de la foresterie; Professeur Hermann Waibel (Allemagne), Université de Hanovre.

 


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