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7. Fibres

Les espèces ligneuses de zones arides offrent des possibilités considérables d'extraction des fibres pour les cordages, ficelles et objets d'artisanat. Le palmier dattier, Phoenix dactylifera, est l'une de ces espèces. On estime qu'il se trouve environ 150 millions de Phoenix dactylifera au Proche-Orient et en Afrique du Nord, qui constituent en même temps une source potentielle de fibres pour la fabrication du papier.

Borassus aethiopium et Hyphaene thebaica fournissent des fibres à partir des pétioles des feuilles pilonnés; les fibres sont séparées à la main et servent à fabriquer des cordes, des ficelles ou des fibres brutes pour l'emballage et pour la fabrication d'articles ménagers et d'objets d'artisanat.

En Amérique latine, Yucca carnerosana, Agave lechuguilla et Agave sisalana sont d'importants producteurs de fibres en zones arides. Agave sisalana, produisant le sisal et une plante non ligneuse de la famille des Amarillydaceae, plantée dans les zones arides du Brésil à raison d'environ 5000 plants à l'hectare qui donnent environ 30 feuilles par plant et par an. La fibre de sisal séchée, environ 66% du poids des feuilles vertes, est utilisée principalement pour la fabrication de ficelles et aussi de cordes et d'objets d'artisanat (par exemple, le macramé). Elle est aussi excellente pour fabriquer des papiers d'imprimerie fins, papier à bible, papier à cigarette, billets de banque et sachets de thé. On peut la mélanger à d'autres pâtes pour le papier journal, les papiers d'emballage et le papier de toilette.

En Inde, les fibres sont produites à partir de l'intérieur de l'écorce de la plante grimpante Bauhinia vahlii (cordes à usage domestique); l'écorce des plantes arbustives de zone aride Calotropis gigantea, C. procera ssp. hamiltonii et leptadenia pyrotechnica donnent aussi des fibres utiles pour la ficelle à tresser et les filets.

La sparte ou alpha, Lygeum spartum et stipa tenacissima, constituent des ressources importantes de fibres en Afrique du Nord, qui donnent 0,2 à 0,7 tonnes à l'hectare pour une industrie papetière qui absorbe environ 250000 tonnes de pâte par an. Elles fournissent aussi des matières premières pour les objets d'artisanat tels que paniers, nattes et paravents. Le papier fabriqué à partir de la sparte est lisse, sa surface est douce et il possède d'excellentes qualités pour l'imprimerie, en particulier pour les illustrations et la couleur, et une grande stabilité dimensionnelle.

8. Usages médicinaux

Quatre-vingts pour cent peut-être des populations rurales du monde se soignent au moyen de plantes médicinales. Une liste de plus de 400 espèces de plantes médicinales a été établie jusqu'à maintenant à partir de 64 familles de plantes à fleurs que l'on trouve dans les zones arides.

Ces plantes contiennent un grand nombre de substances chimiques et leurs effets et leurs utilisations sont très différents. La liste suivante en donne une idée:

Par exemple, la diosgénine pour les blessures et les maux d'estomac s'obtient à partir de l'Agave sisalana: les saponines stériodales et les sapogénines utiles comme vermifuges et purgatifs s'obtiennent de Banalites aegyptica; les glycosides et la calatropine, qui a une forte action cardiotonique, provient de Calotropis procera; l'alcaloïde artémitine, qui est un puissant stimulant, provient d'Artemisia absinthium; Commiphora nukul donne des astringents et des résines carminatives; Capparis decidua donne de la stachydrine cardiotonique, antiseptique et analgésique et d'autres composés; l'éphédrine, bronchodilatateur, provient de Ephedra sinica; hyoscyamine, qui produit de l'atropine pour l'ophtalmologie, provient de Duboisia leichardtii; l'astrogaline, la rutine et les glycosides cardiotoniques proviennent de Nerium oleander.

Outre les plantes citées plus haut, les premières conclusions d'une étude de plus de 100 composés tirés de plantes du désert effectuée à l'Université d'Arizona, montrent que deux plantes, Caesalpinia gilliesii et Bursera microphylla, possèdent des éléments prometteurs pour le traitement du cancer. La collecte des herbes médicinales est depuis longtemps une occupation rémunératrice pour de nombreux habitants des zones rurales et leur transformation dans la phytothérapie traditionnelle comprend des opérations simples telles que la préparation de poudre, de pilules, de lotions, de décoctions et d'extraits liquides.

En outre, la recherche, la découverte et l'analyse de produits chimiques utiles dérivés des plantes donnent également des informations importantes sur des "gabarits ou modèles chimiques" sur lesquels fonder la fabrication des dérivés artificiels, comme par exemple la production d'hormones stéroïdes à partir de la diosgénine. Les plantes des zones arides semble riches en constituants chimiques complexes et pourraient bien constituer une ressource utile pour des études plus poussées dans ce domaine.

9. Utilisation de la faune sauvage


9.1 Transformation de la viande
9.2 Préparation de peaux et de trophées


La faune sauvage a été et peut être encore l'une des plus importantes ressources des zones arides, où elle constitue un apport important de protéines pour les pasteurs et les cultivateurs sur les terres marginales, en particulier en période de sécheresse ou de maladie du bétail. La faune sauvage présente des avantages physiologiques et écologiques très nets par rapport aux espèces domestiques traditionnelles.

Dans les années les plus favorables, la viande d'animaux sauvages peut compléter le régime alimentaire de base et y ajouter de la variété.

Dans une beaucoup moins grande mesure, en certains endroits, les peaux et les trophées ont été traités par l'artisanat et l'industrie rurale locale pour répondre à la demande des touristes.

9.1 Transformation de la viande

La viande obtenue par la chasse de subsistance est soit utilisée fraîche soit conservée par séchage et/ou fumage en vue d'une consommation ultérieure. Lorsqu'on tue de grands animaux, la réduction de poids de la viande par séchage est importante étant donné la nécessité de la transporter sur la tête jusqu'au village. Après éviscération, les petits animaux sont souvent séchés et fumés entiers, les plus gros étant découpés en lanières pour faciliter le séchage.

Le fumage est aussi utilisé pour réduire les pertes dues à la décomposition. L'opération consiste habituellement à couper la viande en longues lanières que l'on expose sur des rateliers à la fumée d'un feu lent. La construction d'un four de fumage simple, à l'aide de briques de fabrication locale accroît beaucoup l'efficacité du processus de fumage et permet une certaine maîtrise de la température.

On améliore la conservation de la viande en la salant, mais malheureusement les chasseurs de subsistance peuvent rarement se permettre d'acheter du sel et s'il le peuvent, ils sont incapables d'en transporter suffisamment sur le terrain. On a essayé avec quelque succès au Mozambique un procédé de fort salage et de séchage utilisé pour produire du "charqui" en Amérique du Sud mais ce produit, bien que presque entièrement résistant aux attaques des insectes, des bactéries ou des champignons pendant des mois, s'est révélé moins attrayant pour le consommateur africain que la viande séchée et fumée ordinaire. Il nécessite en outre un long trempage dans l'eau avant consommation.

9.2 Préparation de peaux et de trophées

On prépare les peaux en les découpant de diverses façons selon l'espèce. Pour le crocodile par exemple, on retire la peau en pratiquant une fente longitudinale sur le dos, tandis que pour le zèbre cette fente est pratiquée sur le ventre. Une fois la peau retirée, on en élimine la viande et la graisse par grattage. La peau est ensuite salée et séchée à l'ombre. Le tannage est habituellement effectué par des entreprises locales et les peaux traitées servent à fabriquer de nombreux objets à base de cuir.

Les cornes et crânes utilisés comme trophées sont préparés et conservés par ébullition pour en enlever toute la viande et la graisse.

10. Lacunes et problèmes


10.1 Végétation ligneuse
10.2 Utilisation de la faune sauvage


10.1 Végétation ligneuse

La transformation et l'utilisation de la végétation forestière sont peut-être plus importantes qu'une augmentation de la production mais la transformation entraîne souvent encore beaucoup de pertes. Elle demande donc un grand effort d'amélioration pour éviter un gaspillage des ressources. Les pratiques actuelles de transformation des gommes par exemple comportent beaucoup de pertes. Une protection insuffisante des grumes et des particules de bois contre la pourriture et les insectes contribue à la dégradation de la végétation. S'agissant de l'extraction des huiles et des résines, les opérations pourraient être améliorées pour réduire les pertes. L'utilisation de produits pour la consommation domestique ou leur transformation pour la vente pourraient aussi être améliorées et développées. Des études plus poussées des espèces énergétiques et productrices de latex, leur amélioration génétique et l'amélioration de la transformation des extraits ainsi qu'une poursuite des recherches, de l'analyse et de la classification des espèces des zones arides qui produisent des composés chimiques utiles sont également nécessaires.

La gamme des produits forestiers est très vaste et il est urgent d'effectuer des recherches systématiques sur leur transformation et leur utilisation et d'améliorer la technologie pour l'artisanat rural.

Les principaux problèmes de la transformation et de l'utilisation des produits de la végétation ligneuse des terres arides découlent:

- de facteurs technologiques: la technologie traditionnelle actuelle gaspille les ressources; des recherches appliquées très poussées sont donc nécessaires pour améliorer ces pratiques traditionnelles;

- du marché: ces dernières années, de nombreuses substances pour la teinture, le tannage et les usages médicinaux ont été synthétisées. L'utilisation industrielle des arbustes sauvages en tant que matière première a par conséquent beaucoup diminué dans plusieurs pays et seules les populations locales continuent de les utiliser. On pourrait examiner la demande du marché et étudier la structure de la consommation des différents produits.

De nombreuses activités de projet potentielles pourraient être entreprises dans ce domaine, notamment:

i) une amélioration de la transformation et de l'utilisation de la végétation naturelle, y compris la conception d'outils et de petites machines convenant à la transformation des types de végétation qui existent dans les zones marginales. Des activités plus spécifiques pourraient consister entre autres en une amélioration de la technologie pour:

- la récolte de la biomasse;

- le sciage à petite échelle;

- la production de charbon de bois;

- la transformation des feuilles, graines, branches en fourrage par hachage aux fins d'ensilage;

- la production de gommes (par exemple de gomme arabique), résines, tanins à partir des arbres et arbustes;

- l'extraction de produits chimiques et pharmaceutiques, d'essences pour parfums, d'aliments riches en vitamines et en protéines, de fibres;

- le potentiel des arbustes en tant que source génétique pour la mise au point de plantes ornementales;

- la production de bois, matière première pour la fabrication de caisses, d'outils en bois, d'ustensiles domestiques et d'objets sculptés;

ii) une compilation des ouvrages existants: collecte des publications, y compris les monographies particulières sur les arbustes utiles dans toutes les régions et tous les pays;

iii) des études de marché: demande actuelle de divers produits, structure et mode de consommation

10.2 Utilisation de la faune sauvage

L'utilisation des ressources de la faune peut apporter une contribution supplémentaire utile à des programmes intégrés de lutte contre la désertification. Ces ressources ont toutefois été fortement entamées dans de nombreuses zones et si leur utilisation doit être plus largement admise et adoptée dans les zones arides, il faudrait que la recherche et le développement se concentrent sur les questions suivantes:

- mise au point de meilleurs techniques et systèmes de gestion qui permettent de tirer parti des avantages biologiques et écologiques que la faune peut offrir;

- évaluation des systèmes traditionnels d'utilisation sur le plan biologique et écologique en vue de définir des approches viables et si possible plus efficaces;

- recherche de techniques plus efficaces de séchage, de fumage et de salage et de meilleurs systèmes de stockage;

- tannage des peaux et traitement du cuir;

- fabrication d'objets (artisanat villageois);

- formation des chasseurs et artisans à des techniques améliorées de traitement, de stockage, de transformation et de conception des produits de la faune sauvage.

2.5 Politiques, institutions, aspects socio-économiques


1. Introduction
2. Les milieux arides
3. Le rôle de la foresterie
4. Orientation des politiques et de la législation
5. Orientation administrative
6. Financement
7. Recherche, vulgarisation et diffusion d'informations
8. Éducation et formation


1. Introduction

Le présent document est fondé sur des informations concrètes et sur des définitions et propositions essentielles présentées par un ou plusieurs auteurs qui ont participé à cette Consultation. Si des suggestions d'action sont présentées pour l'avenir immédiat, la lutte contre la désertification, la survie et le bien-être de la population des terres arides sont considérées dans une perspective à plus ou moins long terme Il est supposé ici que des programmes nationaux seront définis et exécutés par les divers pays dont les terres sont arides et qu'ils seront conçus selon des grandes lignes convenues. Le but de ce document est avant tout de susciter un débat sur un certain nombre d'aspects institutionnels à prendre en compte au moment de la conception et de l'exécution de programmes d'action visant au développement et à la remise en valeur des zones arides.

2. Les milieux arides


2.1 Caractéristiques écologiques
2.2 Caractéristiques sociales
2.3 Caractéristiques économiques


Les milieux arides présentent des caractéristiques particulières qui les rendent, du point de vue du développement, très différents des zones tempérées ou humides. Pour les analyser, on a considéré trois rubriques: écologique, sociale et économique.

2.1 Caractéristiques écologiques

L'un des problèmes fondamentaux du développement des zones arides et semi-arides (mis à part les zones irriguées) réside dans la difficulté de les différencier en catégories destinées à des "usages uniques". Cette difficulté tient à deux facteurs principaux: le premier est purement naturel. Étant donné que les conditions de l'environnement sont précaires et en particulier que les précipitations sont saisonnières et irrégulièrement réparties, il est difficile de faire la distinction entre "forêts", "brousses" ou "pâturages" (comme dans le cas des régions tempérées par exemple), parce que les arbres, arbustes et plantes herbacées sont étroitement mélangés et écologiquement interdépendants. Cette étroite interdépendance des diverses formes de végétation se caractérise par le fait que là où le climat est plus sec, la période végétative des plantes herbacées est de plus en plus courte à mesure que l'aridité augmente et que ces plantes se rencontrent principalement à l'abri des arbres et des arbustes. La deuxième cause de la difficulté de différencier les terres pour une mise en valeur à usage unique est d'ordre économique. En raison de l'environnement défavorable, la végétation naturelle est claire et va du bosquet à l'arbre isolé et aux buissons dispersés. De ce fait, les perspectives de développement et d'aménagement de la végétation pour la production de bois d'oeuvre sont en tant que telles non économiques. En même temps, du fait de l'irrégularité des précipitations, les rendements moyens des cultures sont non seulement faibles mais aussi sujets à de grandes fluctuations. En période de sécheresse prolongée, la végétation ligneuse est la seule à survivre et elle fournit un fourrage naturel à la fois pour le bétail et pour la faune sauvage.

Ainsi, l'aménagement forestier doit tenir compte du fait que l'homme (et son bétail) dépend d'une seule et unique terre, qu'on l'appelle forêt, espace naturel ou terrain de parcours, pour son alimentation, son bois et ses fibres et pour d'autres "services sociaux".

2.2 Caractéristiques sociales

Du point de vue social, les zones arides sont souvent habitées par des populations dont la participation au développement national est minime ou nulle ou n'a pas été encouragée. Leurs pratiques d'utilisation des terres datent d'un temps où les besoins de la population et du bétail étaient plus ou moins en équilibre avec les possibilités de ces terres; où des accords tacites entre tribus, régissant l'utilisation des ressources, avaient force de loi; où le nomade était un agro-sylvopasteur vivant d'une "production totale" et où sa gestion des ressources reposait sur des principes de conservation enseignés par l'expérience.

L'impact d'une économie monétisée, le bouleversement des coutumes traditionnelles et la croissance démographique, que n'ont pas accompagnés des ajustements correspondants des pratiques, ont complètement perturbé l'ancien équilibre. De ce fait, beaucoup des méthodes d'utilisation des terres pratiquées dans les zones arides sont maintenant nuisibles: le système de jachère céréalière pratiqué en de nombreux endroits limite à la fois la production de céréales et de bétail, le pâturage non contrôlé se traduit par des conflits entre la production animale et la survie de la végétation, les cultures spéculatives sur des écotypes fragiles sont contraires aux principes écologiques fondamentaux. Le résultat global de ces abus est l'appauvrissement de la terre et le début de la désertification qui s'accélère d'elle-même du fait des fluctuations climatiques. Parmi les effets nocifs pour les populations de ces zones arides, on peut citer la faim et l'émigration provoquées par l'échec permanent des cultures ou par la destruction massive du bétail, surtout dans les sociétés de subsistance marginale. La sécheresse persistant, les systèmes de survie des populations s'effondreront complètement. Les désastres sociaux qui en découlent sont maintenant mieux compris, car les économies nationales sont obligées d'apporter des secours aux populations victimes de la sécheresse. Certaines sociétés se sont efforcées d'intégrer leurs populations les plus éloignées et vulnérables dans l'ensemble de la communauté. Ces efforts sont efficaces surtout lorsqu'ils aident les populations des terres arides à maintenir une productivité continue dans leur hostile et sévère environnement.

L'intégration de ces populations dans le processus de développement national pose un important problème socio-économique. D'autre part, la population continue de croître dans les zones à faible précipitation, sans qu'il y ait accroissement correspondant des possibilités d'emploi non agricole.

Toute intervention dans les zones à faible pluviosité doit donc tenir compte de la nécessité de restaurer l'équilibre antérieur des relations entre les ressources et les hommes et d'intégrer les populations des terres arides dans le courant du processus de développement national.

2.3 Caractéristiques économiques

Si des progrès très sensibles ont été réalisés dans le développement agricole, forestier, animal, industriel et touristique dans les zones plus humides, il n'a pas été fait grand, chose jusqu'ici pour les zones à faible précipitation. La faible productivité de la base de ressources et la fluctuation des rendements due à l'irrégularité des précipitations ont eu tendance à décourager l'investissement et la mise au point d'intrants scientifiques pour conserver et développer la productivité des zones à faible précipitation Si le raisonnement qui préconise de donner la priorité dans la répartition des crédits de développement aux zones les plus productives peut sembler justifié en termes de critères de "bancabilité", là où ces politiques ont été adoptées, elles ont créé un cercle vicieux, car l'insuffisance d'investissements (financiers et technologiques) perpétue dans les zones à faible pluviosité une gestion rétrograde et une économie anémique fondée sur le gaspillage des ressources naturelles. Même d'un point de vue économique, la validité de cette option est douteuse. La concentration des efforts sur les zones les plus productives a le plus souvent été synonyme de concentration sur des cultures de rente, pour lesquelles les zones arides sont généralement mal adaptées La distorsion qui en résulte en termes d'insuffisance de production vivrière a eu des conséquences économiques et sociales graves en de nombreux points de la région aride. Le fait de traiter ces zones comme des "anti-priorités", et par conséquent des zones à négliger lorsqu'on établit des priorités pour le développement, a accentué, à l'intérieur du secteur rural lui-même, la disparité socio-économique entre les terres "favorables" et moins favorables et leurs populations, ce qui s'est traduit par des pressions extrêmement préjudiciables et a empêché les zones à faible pluviosité et leurs populations de contribuer davantage au progrès économique et social global et d'en bénéficier.

Il existe, d'autre part, des raisons économiques valables pour obtenir une rentabilité des investissements. Si l'on intégrait par exemple la population agricole avec l'élevage, la faiblesse des rendements des cultures pourrait être en partie compensée par le revenu des produits de l'élevage. Avec une intégration plus poussée des cultures, de l'élevage, de la foresterie, de la faune sauvage, de l'artisanat, etc., les possibilités d'investissement ont plus de chances de passer de la "marginalité" à la rentabilité.

C'est pourquoi les stratégies de développement doivent, pour des raisons physiques, économiques et sociales, tendre vers une "production totale" en encourageant d'abord l'intégration horizontale de la production (aménagement agro-sylvopastoral) puis l'intégration verticale des produits de la terre avec la transformation et la commercialisation, afin de maximiser et d'optimiser les investissements.

3. Le rôle de la foresterie

La diversité des conditions écologiques, socio-économiques et politiques des régions arides ne permet pas dé prescrire une stratégie universelle pour leur développement. Chaque sous-région et chaque zone doit être considérée dans le contexte de ses caractéristiques propres. Cela étant, lorsqu'on examine le rôle de la foresterie dans le développement de toute zone aride, on peut distinguer les éléments suivants:

- soutien aux produits agricoles par la mise en place de rideaux-abris, de brise-vent et d'arbres dispersés et par l'enrichissement du sol;

- contribution à la production animale par des méthodes sylvopastorales, en particulier par la création de "réserves" ou "banques" de fourrage sous forme d'arbres et arbustes fourragers, pour amortir les calamités dues à la sécheresse; production de bois de feu, de charbon de bois et d'autres menus produits forestiers par l'implantation de bosquets dans les villages et les exploitations;

- emploi et développement ruraux grâce à des activités d'artisanat fondées sur les matières premières végétales;

- utilisation du potentiel de la faune sauvage à la fois pour la production de protéines et pour le développement du tourisme (safaris photos et chasse).

Les planificateurs du développement et les forestiers doivent penser d'abord au rôle de la foresterie dans la création d'emplois, la fourniture d'énergie sous forme de bois de feu ou de charbon de bois, la contribution à l'accroissement des rendements des cultures vivrières et de l'élevage et, surtout, à sa participation à la conservation et à l'utilisation rationnelle du sol et des ressources en eau et à la lutte contre la désertification.

Toute opération de foresterie doit être effectuée pour la population et avec elle. Ceci implique la connaissance du régime foncier et de l'utilisation coutumière des terres et exige une administrations souple et active à vocation exclusive de service public.


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